Publié sur Censored News
27 mars 2015
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

DÉCLARATION DE JANET ALKIRE, PRÉSIDENTE TRIBALE DE LA RÉSERVE SIOUX DE STANDING ROCK

En tant que Présidente de la tribu Sioux de Standing Rock, je suis offensée par le verdict du jury contre Greenpeace, dans l’affaire de la plainte SLAPP [Strategic Lawsuit Against Public Participation, plaintes portées par des individus ou des entités pour dissuader leurs critiques de continuer de leur faire de la publicité négative] d’Energy Transfer contre Greenpeace. Nous attendions mieux des juges et des jurés du Dakota du Nord, voisins de nos communautés.

Les arguments d’Energy Transfer dans cette affaire sont ridicules. Ils ont totalement manqué de respect pour la Tribu Sioux de Standing Rock, nos ancêtres et notre jeunesse, qui avait lancé le mouvement en 2016 pour protéger notre eau d’une fuite de pétrole du DAPL. Ni Greenpeace, ni personne d’autre n’a payé ni persuadé Standing Rock de s’opposer au DAPL.

Nos jeunes et nos anciens nous ont pressés de protéger notre eau et Uŋčí Makhá (Grand-Mère la Terre). C’est ce qui est arrivé et continue de se produire. L’histoire mensongère et intéressée d’Energy Transfer, selon laquelle Greenpeace manipulait Standing Rock pour nous pousser à protester contre le DAPL, est condescendante et manque de respect pour notre peuple.

Nous savons que beaucoup de résidents du Comté de Morton soutiennent l’industrie pétrolière, même des compagnies d’oléoducs extérieures à l’état du Dakota du Nord, comme Energy Transfer. Mais nous sommes vos voisins, et vous ne devriez pas être abusés si facilement. Energy Transfer ne nous connait pas. Ils ne savent pas qui nous sommes – une Nation Autochtone qui a survécu à toutes les attaques parce que nos ancêtres étaient avec nous.

Greenpeace n’a pas manipulé Standing Rock, mais Energy Transfer a manipulé le Comté de Morton. Le DAPL traverse notre territoire aborigène selon les Traités, sur des centaines de kilomètres.

Nos ancêtres occupaient ce territoire des milliers d’années avant que le Dakota du Nord existe. Les terres entre la rivière Heart et le Fleuve Missouri sont nos terres non-cédées selon les Traités de Fort Laramie de 1868 et 1851. Nos territoires d’origine s’étendent à l’est jusqu’à la rivière James et au-delà. C’est une vérité historique. Si Greenpeace peut être responsable de dire la vérité sur les droits de la Nation Sioux selon les Traités, nous avons tous de gros problèmes.

La construction de Fort Rice sur notre frontière nord, en 1864, était une violation des Traités de Fort Laramie. Ça exigeait que notre tribu soit vigilante. Personne ne devrait être surpris qu’on trouve des membres de sociétés de guerriers enterrés dans cette zone, près du trajet de l’oléoduc.

Et n’insultez pas nos experts culturels, qui possèdent une sagesse sur ces questions, dont la plupart des résidents du Comté de Morton ou les bureaucrates de la Société Historique de l’État ne savent absolument rien. Energy Transfer et ses avocats devraient avoir honte. Et chaque membre du jury du Dakota du Nord devrait être mieux informé.

Lorsqu’il s’agit de la violence excessive de la police et de la société de sécurité privée contre des manifestations généralement pacifiques, à Cannon Ball, croyez vos yeux. Les scènes de chiens menaçant les membres de la tribu rappellent la violence des suprémacistes blancs dans le sud profond, dans les années 1950 et 1960, mais là, c’était dans le Dakota du Nord, à notre époque. C’était dans les organes d’information et sur l’internet.

Beaucoup de manifestants étaient des vétérans Autochtones des forces armées des États-Unis. Energy Transfer a utilisé des chiens d’attaque contre des manifestants pacifiques et des héros de guerre. Mais le jury a choisi d’être du côté d’une société de sécurité étrangère à l’état, sans licence, avec des chiens d’attaques, plutôt que de celui de vétérans du Dakota du Nord qui soutenaient Standing Rock.

Une compagnie pétrolière du Texas est venue dans le Dakota du Nord, et ses avocats et sa machine de propagande inventent des histoires selon lesquelles la tribu Sioux de Standing Rock et ses soutiens ont menti, et que la pauvre compagnie d’oléoducs, plus riche de 1000 milliards de dollars qu’en 2016, quand ça a commencé, devrait recevoir quelques millions de plus d’organisations à but non-lucratif. C’est typique des menteurs – ils accusent toujours tous les autres de mentir. Le procès de Greenpeace était sous le sceau du secret.

La Cour n’a pas publié de transcription. Les documents obtenus par Greenpeace sur le dossier de sécurité désastreux d’Energy Transfer sont protégés par une ordonnance de confidentialité et ne sont pas à la disposition du public. Le juge a fait preuve de tant de préjugés en faveur d’Energy Transfer qu’une équipe internationale d’avocats des droits humains s’est sentie obligée de surveiller le procès. L’un d’eux a déclaré « Au cours de mes six décennies de pratique juridique, je n’ai jamais été témoin d’un procès aussi injuste que celui contre Greenpeace qui vient de se terminer dans les tribunaux du Dakota du Nord. »

Standing Rock a essayé d’obtenir plus de transparence sur le DAPL. Notre expérience avec le Corps des Ingénieurs de l’Armée et Energy Transfer, montre que tous les documents liés à la sécurité de l’oléoduc DAPL ont été fortement expurgés et gardés secrets. Qu’est-ce qu’ils cachent ? Et pourquoi le tribunal du Dakota du Nord n’a pas autorisé Greenpeace à évoquer ces questions au procès ?

Le DAPL est un oléoduc dangereux. Il traverse nos terres ancestrales et non-cédées selon les Traités. Energy Transfer a détruit des restes humains de la tribu identifiés par nos experts culturels, et a commis des violences contre notre peuple. C’est l’histoire que le Dakota du Nord et le Comté de Morton doivent prendre en compte. Avec ce verdict contre Greenpeace, ce jour semble être moins que jamais prêt d’arriver.

LE CONSTRUCTEUR D’OLÉODUCS ENERGY TRANSFER ATTAQUE GREENPEACE, (PAR ERREUR ?) ET LE TRIBUNAL DU DAKOTA DU NORD DÉCIDE EN FAVEUR DU POLLUEUR.

Christine Prat
21 mars 2025

Cette histoire loufoque n’est malheureusement qu’un exemple. Depuis que les dirigeants occidentaux, en Amérique et en Europe, ont balayé les problèmes environnementaux, les entreprises extractivistes se ruent sur ce qui reste de la planète pour devenir encore plus riches avant la fin du monde.

La France, devenue guerrière du jour au lendemain, réclame du nucléaire, pour l’énergie, mais aussi pour entasser des armes. Le nucléaire a été déclaré « énergie verte ». Tant qu’il n’y a pas d’accident. (La terre ne pourrait probablement pas survivre à un autre Fukushima). Mais les gens qui vivent à proximité de mines d’uranium savent que le nucléaire est catastrophique, pour toujours : les mines abandonnées restent radioactives. On sait qu’AREVA a détruit le territoire Touareg du nord du Niger, on sait moins qu’il y a des mines d’uranium abandonnées dans le Limousin.

Maintenant, on se rue sur les « terres rares » pour produire des batteries électriques supposées « propres ». Là encore, les mines ne le sont pas. Les habitants de pays d’Amérique Latine qui ont déjà des mines de lithium ont de gros problèmes. Aux U.S.A., des Autochtones se battent depuis plusieurs années contre une énorme mine de lithium, pour laquelle leur paysage et un site funéraire ont explosé. Les mines amènent toujours de la pollution d’énergies fossiles. Il faut utiliser des engins qui consomment beaucoup de carburant pour creuser, puis construire une route pour transporter le minerai – dans des camions au diesel – il faut une usine d’acide sulfurique et, pour toutes les mines, utiliser de forts taux d’arsenic et autres poisons. (En France, la mine de lithium sera dans l’Allier et l’usine d’acide sulfurique à Montluçon). En Serbie, le projet de mine géante est déjà bien avancé, et est confié à la très douteuse firme anglo-australienne Rio Tinto.

Je précise aussi que je ne suis pas fan de Greenpeace, mais dans ce cas, ce n’est pas la question.

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Les énergies fossiles sont également relancées. Cet article concerne une compagnie, Energy Transfer du Texas, fondée en 1996, qui construit des oléoducs, des gazoducs, des terminaux pétroliers, et se charge du transport. Il y a déjà eu une fuite d’une portion de l’oléoduc dont il est ici question. C’est particulièrement grave quand il s’agit de pétrole de gaz de schistes ou de sables bitumineux, beaucoup plus lourd et plus polluant que le pétrole « classique ». (En France, il y en a sous la Seine-et-Marne et l’est de Paris, certains veulent l’exploiter).

Pour ces raisons, les Autochtones Lakota et Dakota (« Sioux ») de la Réserve de Standing Rock, Dakota du Nord, se sont révoltés pendant l’été 2016 jusqu’en février 2017, pour tenter d’empêcher l’extension de l’oléoduc DAPL (Dakota Access Pipe-Line). Outre que le DAPL empiète sur leur territoire, il doit aussi passer sous le fleuve Missouri, qui fournit de l’eau à des millions de gens en aval.

Des jeunes de Standing Rock se sont soulevés en avril 2016 et ont été rejoints au cours de l’été par des Autochtones et écologistes d’un peu partout en Amérique du Nord, mais aussi de l’étranger. De nombreux camps ont été érigés. Le plus anar était le Red Warrior Camp. Il y avait aussi un camp pour les trans et non-hétéro, les Lakotas n’étant malheureusement pas tous tolérants, contrairement aux peuples matrilinéaires comme les Navajos. Et d’autres camps, pour d’autres communautés. Une Autochtone, La Donna Brave Bull Allard, avait prêté le terrain hérité de sa famille pour y installer un camp. Les flics l’ont empêchée de rentrer chez elle et attaqué le camp bien qu’il se trouve sur une propriété privée.

La compagnie a réagi avec une brutalité extrême. Elle a loué les services d’une firme de sécurité privée – qui n’avait pas le droit d’exercer dans le Dakota du Nord – qui a commis de nombreuses exactions. Le 3 septembre 2016 a sans doute été l’une des pires journées, au cours de laquelle la firme de sécurité a lâché des chiens sur la foule.

La célèbre journaliste alternative Amy Goodman filmait en direct. Elle a été arrêtée, mais trop tard, nous avions déjà suivi le direct. Elle a été relâchée, contrairement à beaucoup d’Autochtones, y compris des femmes âgées, connues et respectées, qui ont été arrêtées, ont reçu un numéro sur le bras (!) et ont été détenues dans des conditions inacceptables. Il y a eu aussi beaucoup de blessés, certains grièvement.

Quand l’hiver a commencé, ils ont abondamment arrosé les gens avec des canons à eau, alors qu’il gelait. Les plus résistants ont supporté le froid intense jusqu’en février 2017, où ils ont dû admettre qu’ils avaient perdu la partie.

Beaucoup de participants ont été poursuivis, certains emprisonnés pendant des mois.

Récemment, nous avons appris que la firme Energy Transfer avait porté plainte contre Greenpeace pour les dégâts occasionnés à l’époque. L’affaire est passée au tribunal ce mois-ci. Des journalistes suivaient le procès. Il est apparu que des décisions reprochées à Greenpeace avaient en fait été prises par Earth Justice, une asso Autochtone. Nous avons d’abord rigolé et pensé que la firme ne s’en tirerait pas, si elle confondait les organisations qu’elle voulait poursuivre. Des activistes ayant participé à la lutte, ont déclaré qu’ils ne savaient même pas que des membres de Greenpeace étaient présents. En fait, c’était des membres locaux qui y étaient à titre individuel.

Mais le Dakota du Nord – capitale Bismarck – n’est pas connu pour être un état progressiste. Et Greenpeace a été condamné à payer plus de 660 millions de dollars de dommages à Energy Transfer. Là, on peut se demander si c’est par erreur que la firme a confondu Greenpeace et Earth Justice. Si ses représentants savaient que le tribunal était de leur côté, ils ont probablement pensé que Greenpeace pouvait payer beaucoup plus (même si l’organisation risque de faire faillite et disparaitre). De toutes façons, les dirigeants de Earth Justice et le président de la Réserve de Standing Rock avaient dit depuis longtemps qu’ils ne dirigeaient pas la lutte, les jeunes ayant échappé à leur autorité.

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Sources :

Sur le procès, Mary Steurer, dans le North Dakota Monitor, 17 mars 2025 (et plusieurs autres article sur le même site)
Le verdict, Mary Steurer, North Dakota Monitor, 19 mars 2025, également publié sur Censored News
Le Guardian du 19 mars 2025

Lithium dans l’Allier
Lithium en Serbie, Rio Tinto

Articles de 2016 et 2017:

Tous les articles traduits en français à l’époque
Si vous n’avez pas le temps de tout lire:
Red Warrior Camp
Le retrait, par Indigenous Action, 11 décembre 2016
Article de Klee Benally, 28 octobre 2016
L’Approbation, par Amy Goodman, Democracy Now, 8 février 2017
Un article d’Indigenous Environmental Network

Si vous avez, ou pouvez vous procurer, le livre de Klee Benally, “Pas de Capitulation Spirituelle”, voir le chapitre 5, consacré à Standing Rock, en particulier les aspects critiquables.

Christine Prat, CSIA-Nitassinan
28 janvier 2025
(Mise à jour le 30 janvier 2025)

Depuis des décennies, une mine d’uranium près du Grand Canyon du Colorado est combattue par la population locale et plusieurs Tribus Autochtones. La mine, dite « du Canyon » a été récemment rebaptisée « Pinyon Plain », mais elle est toujours au-dessus du Grand Canyon.

Les premiers menacés sont les Havasupai dont la Réserve est située au fond du Canyon. La mine se trouve au-dessus d’une nappe phréatique et menace directement les sources d’eau qui alimentent la Réserve en eau potable. La Réserve Havasupai n’est accessible qu’en hélicoptère – à moins d’escalader 25 km de la paroi du canyon, pour arriver à un endroit où il n’y a ni route ni transports réguliers. On peut imaginer leur situation, si l’eau potable est contaminée et qu’ils doivent aller chercher de l’eau au commerce le plus « proche ». L’hélicoptère est moins cher pour les Havasupai que pour les visiteurs, mais resterait inabordable pour aller chercher de l’eau régulièrement.

Obama avait décrété un moratoire de 20 ans pour les nouvelles mines d’uranium. Trump l’a révoqué immédiatement, en 2017, mais de toutes façons, l’entreprise a toujours clamé avoir obtenu l’autorisation avant le moratoire.

En 2017, nous nous y sommes rendus avec Klee Benally, et avons constaté qu’il y avait des activités, quoique le responsable sur place nous ait dit qu’ils n’extrayaient pas d’uranium. À l’époque, ils extrayaient l’eau du puits de mine et lâchaient la vapeur dans l’environnement. L’extraction d’uranium a commencé début 2024.

Une fois l’uranium extrait, il faut le transporter à l’usine de traitement de White Mesa. Le trajet de transport prévu est également combattu depuis des années par les riverains. Ce trajet menace surtout la Nation Navajo. En 2017, nous sommes également allés, avec Klee Benally, en Utah. Nous avons emprunté cette route.

À l’allée, nous nous sommes arrêtés à Cameron, où nous avons constaté un niveau de radioactivité supérieur à la limite permise. Puis nous nous sommes arrêtés à Tuba City, où nous avons parlé avec Vanessa Brown des dégâts déjà survenus et de ceux à craindre du transport projeté.

En Utah, nous avons rencontré Yolanda Badback, Ute de la Réserve de Ute Mountain, proche de l’usine de traitement. Elle était désespérée. Dans une interview (voir vidéo plus bas), elle m’a décrit tous les graves problèmes de santé auxquels les Utes de la Réserve étaient déjà confrontés. Elle suppliait les autorités de fermer l’usine. Cependant, en février 2018, l’autorisation de l’usine a été prolongée.

Au retour, nous nous sommes arrêtés à l’usine de White Mesa, puis à la décharge de ses déchets près de Mexican Hat.

Ce n’était pas la première fois que nous prenions les routes fédérales 89 et 160, qui conduisent à Monument Valley et d’autres lieux très touristiques, et sont des artères principales de la Réserve (Nation) Navajo.

Déjà à l’époque, des activistes, parmi lesquels nos amis Klee Benally et Leona Morgan, avaient fondé l’association « Haul No » (Non au Transport). Cela fait donc pas mal d’années que le trajet projeté est dénoncé et catégoriquement refusé par ceux qui risquent d’en être affectés.

Les camions qui transportent de l’uranium sont banalisés et pas spécialement protégés. Les communautés sur le long du trajet craignent des accidents. Il y a beaucoup de circulation sur ces routes.

Selon un article publié le 27 janvier 2025 dans l’Arizona Mirror, des tronçons de ces routes sont extrêmement dangereux, surtout l’hiver quand il y a de la neige ou du verglas. La route fédérale 89 est déjà surnommée « la 89 tueuse ». Le Grand Canyon Trust, qui combat la mine et le trajet depuis longtemps, est cité dans l’article de l’Arizona Mirror disant que « Les segments les plus risqués du trajet sont de 240% à 700% plus dangereux que la moyenne des routes des États-Unis, en termes d’accidents graves par mile (1,6 km) ». Le Grand Canyon Trust a analysé les données d’accidents mortels le long du trajet. Josh O’Brien, du Grand Canyon Trust, a dit dans une interview pour l’Arizona Mirror que le nombre d’accidents mortels sur la route fédérale 160 à l’est du Tuba City, étaient « le triple de ce à quoi on pouvait s’attendre » et que ce n’était « pas vraisemblable que ce soit dû au hasard » mais plutôt au fait que ces routes soient plus dangereuses. Ce n’est pas nouveau pour les gens de la région qui connaissent bien ces routes – et leurs dangers – mais l’étude du Grand Canyon Trust soutient avec des statistiques ce que la population locale sait déjà. O’Brien dit que « cinq tronçons de tout le trajet présentent ce risque très élevé. »

Quatre des tronçons les plus dangereux sont dans la Nation Navajo.

Selon l’Arizona Mirror, l’analyse est limitée, n’ayant pris en compte que les accidents mortels et principalement la portion de trajet située en Arizona.

Le projet de transport d’uranium toujours à l’arrêt

Le transport d’uranium de la mine est actuellement à l’arrêt, pendant que les négociations continuent entre le gouvernement de la Nation Navajo et la compagnie Energy Fuels, suite à un transport surprise en juillet dernier. Le gouvernement Navajo a pris des mesures d’urgence pour empêcher d’autres transports de minerai dans son territoire. Un représentant d’Energy Fuels déclare que les discussions entre l’entreprise et le gouvernement Navajo se déroulent extrêmement bien et qu’il s’attend à un accord qui bénéficiera aux deux parties. Les dirigeants Navajo officiels ont souvent pu être corrompus, au cours de l’histoire… Le représentant d’Energy Fuels affirme que des mesures de sécurité exceptionnelles – bien supérieures à ce que la loi exige – seront prises. Donc, pas question de changer de trajet.

L’Arizona Mirror dit avoir contacté les dirigeants de la Nation Navajo à de multiples reprises, mais n’avoir jamais eu de réponse. En août 2024, les autorités Navajo avaient modifié la Loi sur le Transport de Substances Radioactives et tout ce qui y est associé.

La Gouverneuse Démocrate d’Arizona Katie Hobbs a déclaré que les problèmes entre le gouvernement Navajo et Energy Fuels étaient dus à un manque de communication et qu’ils avaient été résolus.

Cependant, d’autres demandes ont été faites, en particulier des appels de la Tribu Havasupai, du procureur général d’Arizona et de la Gouverneuse Katie Hobbs au nom du Service des Forêts, à effectuer une nouvelle étude d’impact environnemental de la mine, la précédente datant de 1986 et étant beaucoup trop ancienne. Katie Hobbs a fait la demande en septembre 2024, alors que les Havasupai la réclame depuis des années.

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Aujourd’hui, 30 janvier, le transport a été autorisé par le Président Navajo Buu Nygren.

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Dans l’esprit de Klee Benally, pour continuer son combat.

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Yolanda Badback, 2017

En 2016, lorsque des Protecteurs de l’Eau ont résisté à la construction de l’oléoduc DAPL, la compagnie Energy Transfer a fait appel à des mercenaires de la société privée TigerSwan pour faire le sale boulot de répression. Des milliers de pages de fichiers sur TigerSwan sont actuellement l’objet d’une bataille juridique, le propriétaire du DAPL s’opposant à la diffusion par The Intercept de ces documents pourtant publics. Certaines fuites ont été transmises à l’Intercept. L’article ci-dessous est en partie issu de ces fuites.

Christine Prat

DES PALESTINIENS AYANT SOUTENU LES PROTECTEURS DE L’EAU À STANDING ROCK ONT ÉTÉ CIBLÉS PAR LES MERCENAIRES DE TIGERSWAN

Par Brenda Norrell
Censored News
13 avril 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Quand des Palestiniens ont rejoint le soutien aux protecteurs de l’eau de Standing Rock, en 2016, les mercenaires de TigerSwan les ont ciblés, selon des fichiers divulgués à l’Intercept.

Actuellement, dans le Dakota du Nord, il y a, dans les documents de TigerSwan, des Palestiniens qui ont été victimes de profilage racial et d’autres visés et harcelés par les mercenaires de l’oléoduc.

Aujourd’hui, 16 000 pages de fichiers d’espionnage de TigerSwan sur Standing Rock, font l’objet d’une bataille juridique devant la Cour Suprême du Dakota du Nord. Un tribunal de district a jugé que ces documents étaient publics et ordonné leur diffusion. La compagnie de l’oléoduc s’est précipitée vers une Cour plus haute pour garder ces documents secrets.

Energy Transfer, propriétaire du Dakota Access Pipeline, combat First Look Media, propriétaire de The Intercept, dans cette coûteuse bataille légale pour que ces documents restent secrets.

On sait déjà que les mercenaires de TigerSwan, engagés par l’oléoduc, ont employé un langage incendiaire quand ils ciblaient les Palestiniens à Standing Rock et les mettaient en danger.

TigerSwan fournissait la surveillance aux forces de l’ordre militarisées à Standing Rock.

Un activiste Palestinien-Américain signalé dans les rapports, a été choqué d’entendre son nom dans ce contexte.

« En tant que peuple Autochtone, les Palestiniens sont solidaires de tous les autres peuples Autochtones et soutiennent leur droit à la terre, l’eau et la souveraineté » dit-il à l’Intercept.

« Insinuer que notre foi assumée est un drapeau rouge pour des tactiques terroristes est un exemple de plus d’ignorance délibérée et des tentatives continuelles de l’establishment pour criminaliser les protestations non-violentes et justifier la violence contre elles. »

Maintenant, la Cour Suprême du Dakota du Nord doit décider si elle doit rendre public les 16 000 documents que TigerSwan a remis au conseil de régulation du Dakota du Nord, après que le conseil ait jugé que TigerSwan avait travaillé dans le Dakota du Nord sans licence.

Les enjeux sont élevés pour Energy Transfer, propriétaire de l’oléoduc, qui a employé les mercenaires.

En septembre 2016, Nadya Tannous était présente à Standing Rock, avec les Protecteurs de l’Eau, et a réfléchi au pouvoir de cette solidarité et à son futur.

« Le feu du conseil est à l’entrée principale du Camp Oceti Sakowin, bordé de rangées de drapeaux représentant beaucoup des Nations Autochtones venues pour soutenir Standing Rock » écrit N. Tannous dans son article pour Mondoweiss, Des Palestiniens Se Joignent aux Sioux pour Protester contre le Dakota Access Pipeline.

« Au bout d’une rangée, il y a le drapeau Palestinien. Sa vue me remplit également de joie et de tristesse, parce que ça confirme deux choses auxquelles j’ai réfléchi en faisant la longue route de la Californie au Dakota du Nord : la première pensée est que le pouvoir de la résistance collective contre la cupidité et le colonialisme de peuplement est une force puissante.

« Cette pensée était incarnée dans ma joie de voir une représentation de volonté par des frères Palestiniens jusque là invisibles, venus prendre position contre des pouvoirs destructifs.

« La seconde pensée était incarnée dans la tristesse, car, si la lutte pour la protection de l’eau, de la culture, de la terre, de l’héritage et des moyens de vivre est vraiment reflétée à Standing Rock et en Palestine, la lutte à venir est à la fois vaste et sans compromis » écrit N. Tannous.

Le Mouvement de la Jeunesse Palestinienne disait dans sa déclaration de soutien aux Protecteurs de l’Eau de Standing Rock : « Nous condamnons toutes les formes de violence d’état contre nos frères des Premières Nations et notons que la sape de leur souveraineté et de leurs moyens d’existence fait partie de la dialectique permanente du colonialisme de peuplement internationalement. »

« Depuis l’arrivée de colons à Turtle Island, les Premières Nations ont résisté au génocide et au déplacement. Du vol de terre aux réserves, des pensionnats aux massacres, l’état a fait tout ce qui était en son pouvoir pour éradiquer les peuples des Premières Nations. Cependant, ils sont toujours avec nous aujourd’hui et ils continuent à résister. Protéger leur terre, leur peuple et les générations futures du DAPL est un testament de leur force et de leur résilience. »

Aujourd’hui, de braves cœurs partout dans le monde se lèvent en solidarité avec les Protecteurs de l’Eau de Standing Rock et avec la Palestine.

L’article de Nadya Tannous Palestinians join Standing Rock Sioux to Protest Dakota Access Pipeline (2016)
https://mondoweiss.net/2016/palestinians-standing-pipeline/