Reprise de l’extraction d’uranium sur des terres sacrées, près du Grand Canyon du Colorado, menace l’eau et l’existence même des Havasupai

Par Brenda Norrell
Censored News
12 janvier 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Les Havasupai disent que leurs pires craintes se réalisent, maintenant qu’Energy Fuels extrait de l’uranium radioactif, violent leur site sacré, et menacent leur eau, ce qui compromet leur existence.

Le Conseil Tribal Havasupai dit, « C’est les cœurs lourds que nous devons reconnaitre que notre plus grande peur se réalise. »

« Malgré des décennies d’opposition active et sans relâche, Energy Fuels, une compagnie minière étrangère qui ne cherche que le profit, a agi uniquement dans son propre intérêt et extrait de l’uranium toxique de la Mine de Pinyon Plain (ex-Mine du Canyon), profanant l’un de nos sites les plus sacrés et compromettant l’existence de la Tribu Havasupai. »

Le Conseil Tribal Havasupai dit que les Supai, Gardiens du Grand Canyon, luttent pour protéger leur terre ancestrale. La Mine Pinyon Plain se trouve au-dessus de la nappe phréatique dont dépendent les Supai pour l’eau. Energy Fuels a déjà contaminé une des deux nappes phréatiques en creusant le puit de la mine.

Voir la Déclaration officielle du Conseil Tribal.

Photo Haul No!

Haul No! avait prévenu que si Energy Fuels allait effectivement transporter du minerai d’uranium – du nord de l’Arizona à l’usine de traitement White Mesa dans le sud-est de l’Utah, et passer à travers la Nation Navajo – ça violerait la loi Navajo. Ce transport dangereux ferait courir des risques aux Diné tout le long du trajet.

Energy Fuels a l’intention de faire passer jusqu’à 12 camions par jour, transportant chacun 30 tonnes d’uranium de la mine à l’usine.

« Energy Fuels n’a pas d’obligation légale de signaliser les camions. Le minerai ne sera couvert que de toiles cirées. On n’a pas trouvé d’entité responsable pour intervenir en cas d’urgence, agir légalement ou nettoyer » dit Haul No!

« Ça enfreint la loi de la Nation Navajo qui interdit le transport de nouvel uranium à travers le territoire Diné. »

« L’Usine de Traitement de White Mesa appartient à et est gérée par Energy Fuels, et c’est la seule usine des soi-disant Etats-Unis qui a une licence pour traiter du minerai d’uranium »

Le nouveau classement comme monument – Monument National de Baaj Nwaavjo l’tah Kukveni – a empêché près de 600 concessions d’être développées comme mines. Cependant, le classement n’a pas arrêté la Mine du Canyon, qui a été conçue sous la Loi Minière de 1872.

Depuis la Guerre Froide, alors que les terres des Shoshones de l’Ouest étaient utilisées pour le Site de Test de la bombe atomique du Nevada, les terres des Navajos et des Pueblos étaient utilisées pour extraire de l’uranium. Les mineurs étaient envoyés à la mort sans combinaisons de protection, et les terres des Pueblos étaient utilisées pour expérimenter la bombe, dans le nord du Nouveau-Mexique. Le gouvernement des États-Unis a utilisé les Autochtones et leurs terres comme sacrifiables.

Aujourd’hui, l’horrible héritage continue, avec des déchets radioactifs éparpillés dans la Nation Navajo, la nouvelle extraction par Energy Fuels en terre Havasupai qui menace leur eau, et l’usine de traitement d’Energy Fuels qui rejette des déchets radioactifs en terre Ute, dans le sud-ouest de l’Utah.

Les terres Autochtones du Sud-ouest ont été choisies pour les essais nucléaires et le stockage les plus mortels, et utilisées comme décharges des déchets radioactifs, par le gouvernement des États-Unis et ses corporations.

Les Utes de White Mesa en Utah: l’uranium de l’usine de traitement d’Energie Transfer nous empoisonne

La marche spirituelle et le rassemblement des Utes de Ute Mountain a appelé à arrêter l’usine de traitement d’uranium qui empoisonne la terre, l’eau et l’air, dans le sud-est de l’Utah, dans la région de Four Corners, le 14 octobre 2023.

L’usine de White Mesa, dirigée par Energy Fuels, apporte des déchets radioactifs d’autres pays, après avoir déjà stocké des déchets nucléaires trop dangereux pour rester sur le Site de Test du Nevada.

Le Président Ute de Ute Mountain Manuel Heart, dit que l’usine de traitement d’uranium n’est pas seulement un problème Ute, et que les ressources doivent être protégées pour le futur. « Nous voulons avoir des ressources pour le futur de nos enfants et petits-enfants qui ne sont pas encore là. »

« Les montagnes sont notre pays. Nous y avons été placés par notre Créateur pour prendre soin des montagnes partout, jusqu’à cette région » dit le Président Heart.

Voir le message urgent publié par Haul No! le 9 janvier 2024

Voir aussi vidéo sous-titrée en français, d’une interview de 2017 de Yolanda Badback, Ute de Ute Mountain

URANIUW, HAUL NO! DÉCLARATION DES HAVASUPAI: LA MENACE EST RÉELLE

Déclaration de la Tribu Havasupai Concernant Energy Fuels

Le 11 janvier 2023, les Havasupai ont publié cette déclaration sur le démarrage de l’extraction d’uranium à la mine de Pinyon Plain. Ils expriment leur douleur et leur détermination sans faille de fermer cette mine. La Mine de Pinyon Plain menace leur seule source d’eau.

Haul No! soutient nos parents Havasupai, les Gardiens du Grand Canyon.

Nous disons Haul No! [Pas de transport!] Protégez le territoire et tous nos parents du transport d’uranium et de l’exposition aux radiations !

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COMMUNIQUÉ DE PRESSE
CONSEIL TRIBAL HAVASUPAI
P.O. Box 10 • Supai, Arizona 86435
(928) 448-2731 • Fax (928) 448-2551
CONTACT : ABBIE S. FINK
afink@hmapr.com / 602-957-8881

11 janvier 2024

PINYON MINE : DÉCLARATION HAVASUPAI

Déclaration de la Tribu Havasupai au sujet d’Energy Fuels (12-1-2024)

C’est le cœur lourd que nous devons reconnaitre que notre plus grande peur est devenue réalité. Malgré des décennies d’opposition active et sans relâche, Energy Fuels, une compagnie minière étrangère qui ne cherche que le profit, a agi uniquement dans son propre intérêt et extrait de l’uranium toxique de la Mine de Pinyon Plain (ex-Mine du Canyon), profanant l’un de nos sites les plus sacrés et compromettant l’existence de la Tribu Havasupai.

En tant que Gardiens du Grand Canyon, nous, les Havasuw ‘Baaja, la Tribu Havasupai, nous sommes opposés à l’extraction d’uranium dans et autour de notre Réserve et du Grand Canyon depuis des temps immémoriaux. Nous faisons cela pour protéger notre peuple, notre terre, notre eau, notre passé, notre présent et notre futur. Et cependant, en dépit de l’assistance et de la défense historique et actuelle de nombreux alliés, et d’innombrables lettres, coups de téléphone et demandes personnelles, nos requêtes urgentes d’arrêter cette action qui menace la vie, ont été ignorées.

L’unique source d’eau de notre communauté tribale est alimentée par des nappes phréatiques, qui sont malheureusement situées directement sous la Mine Pinyon Plain. Le Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona et l’EPA fédérale prétendent qu’il n’y a pas de danger pour nous, qu’aucun effet néfaste ne viendra chez nous de cette source d’énergie supposée « verte ». Mais comment peuvent-ils affirmer cela avec une telle assurance, alors qu’Energy Fuels a déjà contaminé une des deux nappes aquifères en creusant le puit de mine, ce qui a fait qu’à l’époque, la compagnie a vaporisé de l’eau toxique dans l’air, qui a été étalée par les vents sur les plantes et animaux précieux. Toute une série de problèmes inconnus et nouveaux vont se présenter quand la compagnie commencera à transporter l’uranium par voie terrestre.

C’est un problème qui n’affecte pas seulement notre lointaine Tribu. En fait, des millions de gens seront maintenant forcés de passer près d’une mine d’uranium active sur leur route allant au majestueux Grand Canyon du Colorado. Tous les êtres devraient pouvoir connaitre librement cette merveille naturelle sans risquer leur vie. Honte à Energy Fuels, et à tous ceux qui n’ont pas assez de courage pour faire ce qui est juste et nécessaire.

Nous n’abandonnerons pas. Nous le devons à nos ancêtres, nos enfants, et les générations à venir. Nous continuerons le combat.

    Photo Brenda Norrell

 

Une petite victoire pour la résistance aux mines d’uranium. La Cour Suprême maintient le moratoire de 20 ans décrété par Obama. Cependant, 20 ans ne représentent pas grand-chose quand il s’agit de radiations qui seront là pour des milliers d’années. De plus, ça ne concerne pas la Mine du Canyon, (sur la photo) qui a été creusée sur la base d’une autorisation datant de 1986 – sans tenir compte des nouvelles connaissances et mesures réalitsées depuis. La mine est prête à être exploitée depuis avril 2018, si ça n’a pas encore commencé, c’est parce que le cours de l’uranium est trop bas.

Christine Prat

 

 

Centre pour la Diversité Biologique

Communiqué de presse, 1er octobre 2018

Contacts:

Abbie Fink, Relations Publiques, afink@HMAPR.com, pour la Tribu Havasupai
Ted Zukoski, Earthjustice, tzukoski@earthjustice.org
Roger Clark, Grand Canyon Trust, rclark@grandcanyontrust.org
Taylor McKinnon, Centre pour la Diversité Biologique, tmckinnon@biologicaldiversity.org
Sandy Bahr, Sierra Club, sandy.bahr@sierraclub.org
Kevin Dahl, National Parks Conservation Association, kdahl@npca.org

Publié sur Censored News
Le 1er octobre 2018
Traduction Christine Prat

 

LA COUR SUPREME DES ETATS-UNIS REFUSE D’ENTENDRE LA CONTESTATION PAR L’INDUSTRIE DU MORATOIRE SUR L’EXTRACTION D’URANIUM DANS LE GRAND CANYON

 

PARC NATIONAL DU GRAND CANYON, Arizona – La Cour Suprême des Etats-Unis a refusé ce jour d’entendre la contestation par l’industrie minière du moratoire de 20 ans contre l’ouverture de nouvelles mines d’uranium près du Grand Canyon.

L’Association Minière Nationale [National Mining Association] et l’Association Américaine pour l’Exploration et l’Extraction Minières [American Exploration and Mining Association] affirmaient que le moratoire du Ministère de l’Intérieur était inconstitutionnel. La décision d’aujourd’hui signifie que la Cour Suprême ne révisera pas la décision de décembre de la Cour d’Appel, qui rejetait les arguments de l’industrie minière et maintenait le moratoire.

La Tribu Havasupai et une coalition de groupes de protection de l’environnement, qui ont défendu le moratoire devant des tribunaux inférieurs, ont applaudi la décision.

“Les terres dans et autour du Grand Canyon ont toujours été la patrie du Peuple Havasupai” dit Muriel Coochwytewa, présidente de la Tribu. “Nos ancêtres ont vécu et sont morts parmi les sites sacrés qui couvrent ce territoire. Le retrait des industries d’extraction de minéraux est un moyen nécessaire pour protéger la terre et l’eau dont notre peuple et notre village dépendent, et nous remercions la Cour Suprême d’être tombée d’accord avec la conclusion du Tribunal du 9e Circuit – étant que nos terres et notre peuple doivent être préservés.”

“C’est un grand jour pour la région du Grand Canyon, pour le peuple Havasupai qui dépend de ses eaux sacrées, pour les gens qui aiment cette merveille du monde naturel et pour la vie sauvage dont c’est l’habitat,” dit Ted Zukoski, avocat de Earthjustice, qui s’est opposé à l’action en justice de l’industrie minière.

“La décision d’aujourd’hui claque la porte aux affirmations mensongères selon lesquelles le moratoire de 2012 était illégal,” dit Roger Clark, du Grand Canyon Trust. “En décidant de ne pas entendre l’appel de l’industrie contre le moratoire, la Cour Suprême s’est mise du côté des électeurs d’Arizona des deux partis politiques, de la Tribu Havasupai, des chasseurs et pêcheurs, des gouvernements et commerces locaux, des amateurs d’activités de plein air, et des millions de touristes qui visitent le Grand Canyon chaque année.”

“C’est une bonne nouvelle pour tous ceux à qui le Grand Canyon est cher, pour ses eaux et sa vie sauvage, et certainement pour les gens qui vivent dans et autour du Grand Canyon,” dit Sandy Bahr, directrice de la section du Grand Canyon du Sierra Club. “C’est un grand jour pour le Grand Canyon, mais notre travail, pour le protéger des mines existantes et pour soutenir le nettoyage des mines qui souillent le paysage sur les terres publiques et tribales, doit continuer.”

“Ces sites publics spectaculaires méritent une protection permanente des dangers de l’extraction d’uranium,” dit Taylor McKinnon, du Centre pour la Diversité Biologique. “Notre région souffre déjà de soixante-dix ans de pollution par les mines d’uranium. Chaque dollar dépensé pour de nouvelles mines est un dollar qui devrait servir à nettoyer ces dégâts mortels.”

“Après une investigation exhaustive et une participation publique substantielle, la première décision de l’Intérieur de protéger l’un des paysages les plus impressionnants du monde, les Havasupai, les millions de visiteurs et les usagers d’eau en aval, est tout à fait appropriée,” dit Kevin Dahl, de l’Association de Conservation des Parcs Nationaux. “Nous félicitons la Cour Suprême d’avoir maintenu le moratoire.”

Le moratoire adopté en 2012 protège les nappes aquifères et les cours d’eau qui alimentent le Fleuve Colorado et le Grand Canyon de la pollution toxique de l’extraction d’uranium et de l’épuisement de l’eau. Sans le moratoire, l’Intérieur prédisait que des centaines de sites seraient creusés et des dizaines de nouvelles mines exploitées. Cela menacerait le Grand Canyon d’une grave pollution par l’uranium et de l’épuisement critique de l’eau souterraine.

La Tribu Havasupai, le Grand Canyon Trust, le Sierra Club, le Centre pour la Diversité Biologique et l’Association de Conservation des Parcs Nationaux sont intervenus en 2013, peu après que l’industrie minière ait contesté le moratoire devant une Cour fédérale. Les groupes ont défendu le moratoire depuis, en accord avec le Ministère de l’Intérieur des gouvernements Obama et Trump.

La coalition et l’Intérieur avaient gagné en 2014, devant la Cour de District, en Arizona, le maintient du retrait de l’extraction minière. Les compagnies étaient allées en appel. En décembre, la Cour d’Appel du 9e Circuit avait maintenu le moratoire, le considérant comme constitutionnel, et décidé que la zone protégée n’était pas trop étendue, contrairement à ce que les compagnies minières avaient prétendu.

Les compagnies d’uranium n’ont plus de recours pour contester le moratoire en justice. Mais elles font pression sur le gouvernement Trump pour obtenir des subventions en demandant qu’une plus grande quantité de minerai soit extraite dans le territoire national, et que l’influence publique et la supervision par les autorités de l’extraction dans les terres publiques, soient réduites.

 

Le contexte

La pollution par l’uranium dévaste déjà le Grand Canyon et la région autour. Des projets de nouvelles mines ont déclenché des protestations, des conflits légaux et des projets de loi. Des dizaines de nouvelles mines menacent d’industrialiser des sites naturels emblématiques et sacrés, de détruire l’habitat des espèces sauvages et de polluer ou épuiser les nappes aquifères. Des scientifiques, des gouvernements tribaux et locaux, et des commerces ont déjà exprimé leur soutien aux mécanismes de protections appliqués par l’Intérieur.

Une étude du Ministère de l’Intérieur a montré que sans moratoire, 26 nouvelles mines d’uranium et 700 projets de prospection devraient être réalisés – une moyenne d’un tous les dix jours. Ces projets passeraient au bulldozer plus de 5 millions de m² et utiliseraient plus d’un milliard de litres d’eau qui alimente les sources et cours d’eau emblématiques de la région.

Le Grand Canyon, l’un des grands symboles de l’Ouest Américain, a été déclaré monument national par Theodore Roosevelt en 1908 et est devenu Parc National en 1919. Le Parc est entouré de millions de m² de terres publiques qui comprennent des zones de nature sauvage, deux monuments nationaux, des terres devant protéger des espèces menacées et des ressources culturelles, et des forêts de pins ponderosa anciens. La région du canyon est la terre ancestrale des Havasupai, de la Bande de Païutes Kaibab, des tribus Hualapai et Hopi, et de la Nation Navajo, et a été classée par l’UNESCO comme Héritage Mondial.

En 2016, la région du Grand Canyon avait attiré plus de 6 millions de touristes et d’amateurs de loisirs.

Le tourisme du Grand Canyon a fourni 904 millions de dollars aux économies locales et préservé près de 9800 emplois.

 

Le Centre pour la Diversité Biologique est une organisation de protection de l’environnement à but non-lucratif, qui a plus de 1,6 millions de membres et d’activistes en ligne, qui se consacrent à la protection des espèces menacées et des lieux sauvages.

 

Voir tous les articles traduits et publiés sur ce site depuis 2011

 

 

 

Depuis des années, des compagnies minières veulent exploiter l’uranium dans la région du Grand Canyon du Colorado et d’autres sites sacrés pour les Autochtones du Sud-ouest. De plus, l’uranium devrait être transporté jusqu’à l’usine de retraitement en Utah, dans des camions banalisés, à travers les territoires de plusieurs tribus et quelques villes et villages le long du trajet (voir carte plus bas). En ce mois de juin 2017, l’association ‘Haul No!‘ – ‘Non au Transport!’ – effectue une tournée le long du trajet, pour rendre visite aux communautés affectées. La tournée a commencé le 13 et doit se terminer le 25. Ci-dessous, traduction d’un article de Brenda Norrell et d’un communiqué de Haul No! du 6 juin expliquant les raisons de la tournée.

 

Une Compagnie Minière Canadienne Empoisonne la Montagne Ute et Menace la Terre Sacrée des Havasupai dans le Grand Canyon

Par Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Le 16 juin 2017
Traduction Christine Prat

 

La “Tournée Haul No!” dénonce et résiste en ce moment à l’extraction et au transport d’uranium sur les terres sacrées des Ute de Ute Mountain et des Havasupai, et à la menace pesant sur l’eau souterraine des Ute et celle du Grand Canyon.

Des terres sacrées sont en train d’être profanées par le traitement de l’uranium et l’eau et le sol sont menacés par le transport d’uranium à travers les territoires Ute, Navajo et Supai.

Les Ute de Ute Mountain dépendent de l’eau souterraine pour leurs puits d’eau potable.

“Aidez-nous, s’il vous plait, à fermer cette usine” dit Yolanda dans une vidéo, sur sa terre natale. “Nous n’avons pas besoin d’un supplément de ces déchets néfastes.”

Energy Fuels, du Canada, est propriétaire de l’usine White Mesa et de Canyon Mine.

Canyon Mine menace actuellement d’empoisonner les terres sacrées des Supai à Red Butte, près du Grand Canyon.

“Haul No! est une tournée de prise de conscience et d’action conduite par des Autochtones le long du trajet projeté pour le transport. Nous avons l’intention de propager la prise de conscience et de stimuler l’action pour assurer que le Grand Canyon, les sites sacrés, et nos communautés soient protégés de cette menace mortelle,” disent les organisateurs Autochtones.

La Tournée se terminera au Rassemblement Havasupai du 23 au 25 juin 2017.

 

COMMUNIQUE DE PRESSE
Mardi 6 juin 2017

Contact:
Klee Benally, (00 1 928) 380-2629, indigenousaction@gmail.com
Sarana Riggs, (00 1 928) 255- 7126, stopcanyonmine@gmail.com

 

La Tournée ‘Haul No!’ s’Oppose à l’Extraction et au Transport d’Uranium dans la région du Grand Canyon

Grand Canyon, Arizona – Etant donné qu’Energy Fuels Inc. (EFI) menace de commencer à extraire de l’uranium sur des Terres sacrées Autochtones gérées par le Service des Forêts des Etats-Unis, à seulement quelques kilomètres du Grand Canyon du Colorado, Haul No! a organisé une tournée d’action et de prise de conscience le long du trajet prévu pour le transport [de l’uranium] de Canyon Mine.

Qui: Haul No! est un groupe de bénévoles dirigé par des Autochtones en collaboration avec les communautés et les dirigeants Autochtones, des organisations écologiques et des activistes de la base qui travaillent à arrêter le colonialisme nucléaire dans le Sud-ouest.

Quoi: La Tournée Haul No! consiste aussi en conférences sur les impacts de l’extraction d’uranium sur la santé publique, la culture et l’environnement, et un atelier d’action directe. Partie de l’usine [de retraitement] d’uranium White Mesa, également dirigée par EFI, elle s’est arrêtée ou s’arrêtera dans les communautés Autochtones touchées et dans la ville de Flagstaff, et se terminera sur le site sacré de Read Butte, près de Canyon Mine.

Où et quand: Du 13 au 25 juin 2017 (voir planning plus bas)

Pourquoi: Jusqu’à 12 camions, transportant chacun 30 tonnes de minerai d’uranium hautement radioactif, doivent passer quotidiennement à travers des communautés pour la plupart de petites réserves. La Nation Havasupai a attaqué en justice le Service des Forêts des Etats-Unis pour avoir négligé d’appliquer complètement la procédure de consultation des Havasupai lors de sa Déclaration d’Impact Environnemental de Canyon Mine de 1986. On attend toujours la décision de la Cour d’Appel du 9ème Circuit.

Bien que la Nation Navajo ait interdit le transport d’uranium sur son territoire depuis 2012, EFI aurait l’autorisation de l’état d’Arizona à cause de problèmes de juridiction [Note: les routes nationales qui traversent la Réserve relèvent de la juridiction de l’état].

Une éventuelle contamination radioactive du sol, de l’eau, et de l’air par la mine Canyon Mine, l’usine White Mesa, et le transport d’uranium, toucherait le nord de l’Arizona, le sud-est de l’Utah, le Fleuve Colorado, Moenkopi Wash, la Rivière San Juan, et les terres et les ressources culturelles des peuples Havasupai, Hopi, Navajo, Ute et Paiute.

 

 

La Tournée:
La tournée Haul No! est ouverte au public et gratuite.

 

Mardi 13 juin, Bluff, Utah
Au Centre Communautaire

Mercredi 14 juin, Oljato – Monument Valley, Utah
Au Centre d’Accueil de Monument Valley

Jeudi 15 juin, Kayenta, Nation Navajo, Arizona
Mairie de Kayenta

Vendredi 16 juin, Tuba City, Nation Navajo, Arizona
A l’auditorium de Greyhills

Samedi 17 juin, Cameron, Nation Navajo, Arizona

Lundi 19 juin, Flagstaff, Arizona
Coconino Center for the Arts

Du 23 au 25 juin, Red Butte, Arizona
Rassemblement de prières Havasupai.

 

Photos & interviews sur demande.

 

Canyon Mine_ Sarah Ponticello photo

 

Communiqué de presse, 16 décembre 2015

Contacts:
Katherine Davis, Center for Biological Diversity, (801) 560-2414, kdavis@biologicaldiversity.org
Roger Clark, Grand Canyon Trust, (928) 890-7515, rclark@grandcanyontrust.org
Sandy Bahr, Sierra Club, (602) 999-5790, sandy.bahr@sierraclub.org

Du site Protect Grand Canyon, campagne du Sierra Club
16 décembre 2015
Traduction Christine Prat

PHOENIX – Des groupes de Préservation de l’Environnement ont aujourd’hui appelé l’état d’Arizona à refuser les permis de pollution de l’air à trois mines d’uranium situées à la limite du Parc National du Grand Canyon.

Dans des commentaires envoyés au Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona [ADEQ], trois groupes de préservation de l’environnement ont aussi demandé une régulation plus stricte sur l’extraction d’uranium, en se référant aux inquiétudes soulevées par la dispersion de poussière radioactive dans la ville de Flagstaff et les communautés tribales du nord de l’Arizona. Les commentaires ont été soumis pendant la période réservée aux commentaires du public, pour le projet de l’Agence visant à renouveler les permis de polluer l’air pour trois mines, sans examen, surveillance ou atténuation conformes aux exigences liées à la pollution radioactive potentielle.

Le Service a publié une note sur le projet de renouveler les permis de polluer pour les mines d’uranium (Canyon Mine, EZ Mine et Pinenut Mine) début décembre. Il n’y a pas eu d’audiences publiques pour les régions qui seront affectées par l’extraction et le transport de minerai d’uranium. Les groupes de Préservation mettent en question la pertinence de l’octroi de trois permis, y compris celui pour la Mine EZ, qui n’a pas encore reçu les permis fédéraux requis.

« L’un des permis de l’ADEQ est pour une mine d’uranium qui doit encore soumettre un plan d’opérations à un examen publique ou une approbation par le Service des Forêts des Etats-Unis », dit Roger Clark du Grand Canyon Trust. « Sans projet spécifique, pourquoi l’ADEQ accorde un permis pour la mine d’uranium EZ ? Pourquoi l’état pré-approuverait un permis de polluer pour une mine qui pourrait ne pas ouvrir avant des décennies, ou même jamais ? »

Les effets négatifs sur l’héritage culturel et les ressources en eau des mines d’uranium existantes sont bien documentés. Les Havasupai se sont longtemps opposés à la Canyon Mine, située à quelques kilomètres de Red Butte, classée comme « Propriété Culturelle Traditionnelle ». Les résultats de recherches scientifiques sur l’héritage toxique de l’extraction d’uranium dans le bassin hydrologique du Grand Canyon ont conduit le Président Obama à soustraire temporairement la zone autour du Grand Canyon à l’extraction d’uranium, en 2012.

« C’est indigne d’autoriser des compagnies minières à polluer notre air et notre eau avec de la poussière radioactive, connue pour mettre en jeu la santé humaine et la vie sauvage » dit Katie Davis, qui fait campagne pour les terres publiques au Centre pour la Diversité Biologique. « Accorder ces permis révèlerait un mépris irresponsable pour l’obligation de l’état de protéger le bien-être de ses citoyens et l’air, l’eau et la vie sauvage d’Arizona. »

Les commentaires signalent aussi la longue histoire des violations de la sécurité et les exigences de la compagnie minière, Energy Fuels, et le fait que les mines sont situées à l’intérieur du secteur protégé autour du Parc National du Grand Canyon. Des études portant sur d’autres mines d’uranium près du Grand Canyon montrent une forte probabilité de contamination des terres publiques alentours, et que le minerai d’uranium est transporté dans des camions sur des routes très fréquentées, couvert seulement par des bâches goudronnées.

« Le Sierra Club a pour vocation de protéger le Grand Canyon ainsi que la santé et le bien-être des gens d’Arizona » dit Sandy Bahr, directrice du Sierra Club du Chapitre du Grand Canyon. « Le Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona devrait se concentrer sur ces aspects importants, donc choisir la plus grande prudence et refuser d’approuver ces permis de polluer l’air aux trois mines. »

Le commentaire des groupes a également demandé une audience publique et la prolongation de la période de commentaires afin de permettre une plus grande participation du public. Le Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona indique dans son préavis publique que les commentaires du public sur les renouvellements des permis seront acceptés jusqu’au 4 janvier 2015.

Dites au Président Obama de protéger la région du Grand Canyon des mines d’uranium pour toujours.

 


Photo Indigenous Action Media / Klee Benally

 

COMMUNIQUE DE PRESSE : UN JUGE FEDERAL APPROUVE L’EXTRACTION D’URANIUM A PROXIMITE DU PARC NATIONAL DU GRAND CANYON

Publié par Indigenous Action Media
8 avril 2015
Traduction Christine Prat

Par la Tribu Havasupai, le Grand Canyon Trust, le Sierra Club & le Centre pour la Diversité Biologique

La décision autorise l’extraction sans consultation des Tribus ni mise à jour d’une étude environnementale datant de plusieurs décennies

PHOENIX, Arizona – Le Juge David Campbell, de la Cour de District des Etats-Unis, a rejeté une requête de stopper toute nouvelle extraction d’uranium à la Mine du Canyon, située à seulement 10 km de la limite sud du Parc National du Grand Canyon. La Tribu Havasupai et une coalition de groupes de conservation avaient attaqué la décision du Service des Forêts des Etats-Unis d’autoriser Energy Fuels Inc. à rouvrir la mine sans entreprendre des consultations formelles avec les tribus et sans mettre à jour une étude environnementale dépassée, datant de 1986. Sont en jeu des valeurs culturelles tribales, la vie sauvage et des espèces menacées et le risque d’empoisonnement par des déchets toxiques des nappes aquifères et des cours d’eau qui alimentent le Grand Canyon et le fleuve Colorado.

« Nous sommes très déçus par la décision du Juge Campbell dans l’affaire de la mine du Canyon » dit le Président Havasupai Rex Tilousi. « Nous pensons que la Loi sur la Préservation Historique Nationale exige que le Service des Forêts nous consulte, nous et les autres tribus concernées, avant de laisser la compagnie minière endommager Red Butte, l’une de nos possessions culturelles traditionnelles les plus sacrées. Le Conseil Tribal Havasupai se réunira cette semaine pour discuter de la possibilité de faire appel de cette décision. »

 

La décision ne protège pas la « Propriété Culturelle Traditionnelle de Red Butte », que le Service des Forêts a classé en 2010 en raison de son importance religieuse et culturelle capitale pour plusieurs tribus, spécialement les Havasupai. En tant que « propriété culturelle traditionnelle » Red Butte se qualifie pour être inscrite au Registre National des Lieus Historiques. La tribu Havasupai et les groupes de conservation ont soutenu que le Service des Forêts enfreignait la Loi sur la Préservation Historique Nationale en ne consultant pas les tribus pour déterminer comment les effets négatifs de la mine du Canyon sur Red Butte pouvaient être évités ou réduits avant d’approuver l’ouverture de la mine.

« C’est une mauvaise nouvelle pour la protection du Grand Canyon et des sites sacrés tribaux » dit Roger Clark, du Grand Canyon Trust. « Au cours des deux dernières décennies, nous avons appris comment l’extraction d’uranium peut polluer les nappes aquifères qui alimentent les sources du canyon et les Chutes Havasu. Mais le Service des Forêts a ignoré ces informations et n’a pas demandé à Energy Fuels de prendre des mesures raisonnables pour prévenir la contamination de l’eau, des sites sacrés et des terres publiques. »

Le Service des Forêts a d’abord approuvé le projet de mine près du Canyon en 1986, malgré l’opposition de la tribu Havasupai. Les prix de l’uranium se sont effondrés peu de temps après et la mine a fermé en 1990 avant d’avoir produit de l’uranium. Le Service des Forêts a autorisé la Mine du Canyon à rouvrir en 2012, sans mise à jour du projet ni d’estimations environnementales reflétant les grands changements intervenus depuis l’estimation et l’approbation précédentes. Parmi ces changements on peut citer la désignation de Red Butte comme propriété culturelle traditionnelle, la réintroduction du condor de Californie – une espèce menacée – dans la région de la Mine du Canyon, et la décision de 2012 d’interdire toute nouvelle extraction d’uranium dans une zone de plus de 4000 km² autour du Grand Canyon.

« Ce projet d’uranium pourrait hanter la région du Grand Canyon pour des décennies à venir » dit Katie Davis du Centre pour la Diversité Biologique. « L’extraction d’uranium laisse un héritage extrêmement toxique qui met en danger la santé humaine, la vie sauvage et les cours d’eau et nappes aquifères qui alimentent le Grand Canyon. C’est décevant de voir le Service des Forêts donner la priorité à l’industrie minière plutôt qu’à la protection à long terme d’un lieu emblématique comme le Grand Canyon. »

« Nous continuerons à nous battre pour protéger le Grand Canyon, ses eaux et son bassin hydrologique » dit Sandy Bahr, directrice de la Section du Grand Canyon du Sierra Club. « Le Service des Forêts devrait prendre en considération les dégâts que cette mine pourrait causer aux eaux souterraines et finalement aux eaux du Parc National du Grand Canyon. Nous sommes très déçus de ce que le juge n’ait pas été capable de le reconnaître. »

Des géologues ont prévenu que l’extraction d’uranium pourrait épuiser et contaminer les nappes aquifères qui se déversent dans le Grand Canyon et que les nettoyer serait pratiquement impossible. Une étude de l’Institut d’Etudes Géologiques des Etats-Unis de 2010 a trouvé de forts taux d’uranium dans la terre et les sources d’eau concernés par l’extraction d’uranium passée. Des études sur la connectivité des eaux souterraines du Grand Canyon publiées suite à l’approbation de la mine en 1986 a indiqué que la contamination par l’uranium pouvait infiltrer des nappes aquifères en altitude ou profondes et les ruisseaux et les sources de la région, entre autres les Chutes Havasu. Energy Fuels a l’intention de commencer à extraire de l’uranium de la Mine du Canyon à la mi-juin 2015.

Les parties civiles dans l’affaire sont la Tribu Havasupai, le Grand Canyon Trust, le Centre pour la Diversité Biologique et le Sierra Club. La coalition a 60 jours pour faire appel de la décision du Juge Campbell devant la Cour d’Appel du 9ème Circuit.

Historique

La Mine du Canyon (Canyon Mine) se trouve dans la Forêt Nationale de Kaibab, à moins de 10 km de la limite sud du Parc National du Grand Canyon. La première autorisation de la mine en 1986 a causé des protestations et des poursuites en justice de la part de la tribu Havasupai et d’autres qui s’opposaient aux impacts potentiels de l’extraction d’uranium sur les eaux souterraines, les sources, les ruisseaux et les écosystèmes de la région, et les valeurs culturelles associées à Red Butte. L’infrastructure de surface a été construite au début des années 1990, mais l’effondrement des prix de l’uranium a fait fermer la mine en 1992 avant que le puits ne soit creusé ou du minerai extrait. Des forages exploratoires ont entrainé l’eau souterraine sous le site de la mine, éliminant suivant une estimation près de 5 millions de litres d’eau par an des sources de la région qui sont alimentées par les eaux souterraines.

Un rapport de 2010 de l’Institut d’Etudes Géologiques des Etats-Unis indiquait que des échantillons d’eau prélevés sous la mine contenaient des concentrations d’uranium dissous excédant les normes de l’Agence de Protection de l’Environnement pour l’eau potable. Les eaux souterraines menacées par la mine alimentent des puits municipaux et des eaux de ruissellement et des sources dans le Grand Canyon, entre autres les Sources Havasu et le Ruisseau Havasu. Les Permis de Protection Aquifère établis pour la mine ne prévoient pas de surveiller les nappes aquifères profondes ni de plans de réhabilitation pour remédier à la contamination de ces nappes aquifères profondes. La mine, qui appartenait à l’origine à Energy Fuels Nuclear, a été achetée par Denison Mines en 1997, puis, en 2012, par Energy Fuels Resources Inc., qui exploite la mine actuellement.

 

klee-mtn-sam-minklerDemocracy NOW! (média indépendant qui émet sur le web) a enregistré son émission du vendredi 14 mars 2014, présentée et animée par Amy Goodman, à l’Université du Nord de l’Arizona, à Flagstaff. La vidéo ci-dessous (sous-titrée en français) est un extrait de l’émission. C’est une interview de Klee Benally – activiste Navajo – et de Taylor McKinnon, du Grand Canyon Trust (qui tente de préserver le Grand Canyon du Colorado), sur les dégâts causés par les mines d’uranium dans la région. Vous trouverez aussi plus bas la transcription en français de l’interview. Voir la vidéo pour des extraits d’un documentaire sur les dégâts de l’uranium dans la Réserve Navajo. Sur la question de l’uranium dans le Grand Canyon du Colorado, voir aussi l‘interview de Carletta Tilousi, Havasupai (les Havasupai vivent au fond du Grand Canyon et sont totalement dépendants des eaux qui ruissellent le long des parois).

 

Vidéo: Uranium, contamination, pollution, changement climatique en Arizona, une interview de Klee Benally et Taylor McKinnon


Voir un autre extrait de l’émission: interview d’Alex Soto sur la situation à la frontière mexicaine

 

ARIZONA : “UN LENT GENOCIDE”: L’EXTRACTION D’URANIUM LAISSE UN HERITAGE NUCLEAIRE TOXIQUE EN TERRE AUTOCHTONE

Democracy NOW ! Vendredi 14 mars 2014
Transcription par Brenda Norrell
Publiée sur Censored News
See transcription in English on Censored News

Traduction et sous-titres Christine Prat

 

Le site monumental du Grand Canyon est le théâtre d’une bataille autour de l’extraction toxique d’uranium. L’an dernier, une compagnie nommée Energy Fuels Resources a obtenu une approbation des autorités fédérales pour rouvrir une mine à 10 km de l’entrée sud très fréquentée du Grand Canyon. Une coalition d’Autochtones et de groupes écologistes ont protesté contre cette décision, disant que l’extraction d’uranium pourrait affecter les rares sources d’eau et poser de graves problèmes de santé. Les terres tribales Diné (Navajo) sont jonchées de mines d’uranium abandonnées. De 1944 à 1986, 3,9 millions de tonnes d’uranium ont été extraites ou obtenues par explosion des montagnes et des plaines de la région. Plus de 1000 mines ont été fermées, mais les compagnies minières n’ont pas enlevé de manière satisfaisante leurs tas de déchets radioactifs, ce qui a conduit à une augmentation en flèche du taux de cancers et d’autres problèmes de santé. L’émission Democracy NOW ! du 14 mars 2014 a été enregistrée à Flagstaff, Arizona, et a diffusé une interview de Taylor McKinnon, directeur de l’énergie au Grand Canyon Trust, et Klee Benally, Diné (Navajo), activiste et musicien. « C’est vraiment un lent génocide de la population, pas seulement les Autochtones de cette région, il est estimé qu’il y a plus de 10 millions de gens qui résident à moins de 80 km de mines d’uranium abandonnées », dit Klee Benally. Il a aussi décrit la lutte pour la préservation des San Francisco Peaks, une zone considérée comme sacrée par 13 tribus Autochtones, où la station de ski Snowbowl utilise des eaux usées recyclées pour faire de la neige.

 

L’HERITAGE TOXIQUE DE L’URANIUM EN TERRE AUTOCHTONE

Après avoir souhaité à Amy Goodman et son équipe la « bienvenue dans l’état raciste d’Arizona et la ville légèrement moins raciste de Flagstaff », Klee Benally a décrit la situation des Autochtones face à la colonisation énergétique de leur territoire.

« Nous faisons face à la colonisation des ressources dans cette région depuis de nombreuses années. C’est une véritable bataille – ici la géopolitique est enracinée dans le racisme. Elle est enracinée dans l’avidité des grandes compagnies à laquelle nous sommes encore confrontés jusqu’à aujourd’hui. Plus de 20 000 Diné, ou Navajo, ont été déportés de force de nos terres ancestrales à cause des activités de Peabody Coal sur Black Mesa, et il est estimé que nous avons plus de 1000 mines d’uranium abandonnées sur nos terres. En 2005, la Nation Diné , ou Navajo, a décidé d’interdire toutes les activités d’extraction d’uranium sur nos terres. Mais aujourd’hui, nous avons des représentants au Conseil Tribal qui sont en train de brader notre avenir et essaient de lever cette interdiction. Et à ce jour, nous sommes dans une situation où nous n’avons pas d’études sanitaires significatives sur les effets de l’extraction d’uranium dans notre communauté. »

« En fait je viens d’aller à Cameron, à environs 40 mn en voiture d’ici, hier, avec Taylor McKinnon, pour une conférence. Et à 15 m du siège du Chapitre – c’est l’autorité locale dans cette région – il y a une mine d’uranium abandonnée, qui a l’air d’une colline. Je veux dire, la boue radioactive ressemble à la boue ordinaire. C’est une menace invisible. Mais il y avait des jouets. Il y avait – d’après ce que j’ai compris, des signes indiquant que des enfants jouent sur cette colline, et il y a des maisons juste au pied. Mais l’un de ces rochers, quand on y a posé un compteur Geiger, çà a crevé le plafond ! Donc, ces mines d’uranium abandonnées ressemblent au reste du paysage naturel ».

« On estime qu’il y en a plus de mille sur nos territoires. Mais on estime aussi qu’il y a plus de 10 000 mines d’uranium abandonnées dans l’ensemble des Etats-Unis, essentiellement dans 15 états de l’ouest. Mais l’EPA [Agence de Protection de l’Environnement] n’a jamais fait d’inventaire sérieux de ces menaces qui sont vraiment un héritage toxique qui nous affecte encore aujourd’hui. C’est vraiment un lent génocide de la population, et pas seulement les Autochtones de cette région, il est estimé que plus de 10 millions de gens résident à moins de 80 km de mines d’uranium abandonnées. »

« L’EPA a implémenté un plan quinquennal pour le nettoyage de ces mines abandonnées. Mais en réalité, ces mines ne sont pas décontaminées. L’EPA transforme ces sites abandonnés en sites de confinement ou en décharges toxiques, dangereuses, qui laissent toujours échapper des produits toxiques dans nos conduites d’eau, qui affectent toujours nos pâturages et nos moutons etc. Et nous avons des mines abandonnées et des menaces de nouveaux projets de mines à proximité de nos sites sacrés, qui sont vitaux pour notre mode de vie, pour notre identité culturelle. Ainsi, ce qu’on nous dit – c’est l’essence de ce qu’on nous fait comprendre – c’est que les effets sur notre santé, notre bien-être et qui nous sommes sur nos terres sacrées n’est pas assez important pour effectuer une décontamination sérieuse. »

« La décontamination est un processus lent. C’est un processus complexe. Et je pense que c’est très compliqué dans le cadre de la législation actuelle de la Réserve, mais nous devons voir la réalité en face, comme je l’ai dit, il y a plus de 10 000 mines abandonnées aux Etats-Unis. Il y a des zones où les mines abandonnées ou les nouvelles mines projetées sont situées très près du territoire de notre Réserve. Elles sont sur des terres publiques ou privées, et elles laissent échapper des produits toxiques. La poussière, les particules toxiques sont amenées par le vent dans nos communautés. Et nous n’avons aucun contrôle. Nous ne pouvons pas établir de règlements. Par exemple, à Church Rock, au Nouveau-Mexique, où a eu lieu en 1979 une des plus graves fuites radioactives de l’histoire des Etats-Unis, rien de sérieux n’a encore été fait pour décontaminer. Il y a des nouveaux projets de mines à l’extérieur de nos terres tribales, mais juste à la frontière. Donc, c’est un problème complexe. De multiples administrations sont impliquées. Et ce à quoi on assiste finalement, c’est que notre futur est dirigé dans le sens des intérêts et de l’avidité des entreprises. »

Taylor McKinnon a décrit l’action du Grand Canyon Trust dans la lutte contre l’ouverture de nouvelles mines d’uranium : « Nous nous sommes surtout concentrés sur l’activité de l’industrie de l’uranium pour développer de nouvelles mines sur des terres publiques. Et depuis le milieu des années 2000, où le prix de l’uranium est monté en flèche, nous avons assisté à une résurgence des activités d’extraction d’uranium dans le nord de l’Arizona. Alors nous avons pris la tête de la poursuite en justice – avec différents partenaires tribaux, environnementaux et issus de la communauté – pour obliger le gouvernement Obama à promulguer une interdiction de toute nouvelle extraction dans le bassin aquifère du Grand Canyon. C’est entré en application en 2012. Cependant, çà ne s’appliquait pas aux vieilles mines, qui avaient été ouvertes dans les années 1980. Et nous avons vu des administrations fédérales – le Bureau de l’Aménagement du Territoire et le Service des Forêts – autoriser trois de ces mines à rouvrir, sans entreprendre de nouvelles consultations publiques ou de nouveaux rapports environnementaux. Ils se fondent sur leurs études des années 1980, et donc laissent de côté les nouvelles connaissances sur les effets potentiels des ces mines sur les eaux souterraines, les nappes aquifères qui alimentent des sources dans le Grand Canyon qui sont vitales pour la vie sauvage et sont considérées comme sacrées par les Autochtones, et qui forment, à part le fleuve Colorado, les eaux de surface pérennes du Grand Canyon. »

Voir articles précédents sur le problème de l’uranium dans le sud-ouest des U.S.A.

LES SAN FRANCISCO PEAKS

Klee Benally a brièvement résumé la lutte de plusieurs décennies, engagée par 13 tribus Autochtones et des défenseurs de l’environnement, pour protéger les Pics Sacrés San Francisco, profanés et endommagés pour le plus grand profit d’une station de ski privée.

« Dook’o’oosliid, ou Pics Sacrés San Francisco, sont sacrés pour plus de 13 Nations Autochtones. Ils sont au centre de notre survie culturelle. »

« Ils se trouvent juste à la sortie de Flagstaff, ils sont le point culminant du nord de l’Arizona. De leurs sommets, on peut voir le Grand Canyon. On peut voir un paysage si beau ! Et ils ne sont pas seulement vitaux pour nos pratiques culturelles, ils constituent une île écologique, qui abrite des espèces locales comme le séneçon jacobée [ou packera franciscana, photo Wikipédia] des San Francisco Peaks, qu’on ne trouve que sur les San Francisco Peaks et nulle part ailleurs dans le monde. »

« Actuellement – depuis 30 ans – surtout depuis les 20 dernières années, la bataille fait rage pour protéger cette montagne de l’extraction minière et du développement, et il n’est pas seulement question de charbon, d’uranium, de pétrole, de gaz naturel, mais aussi des loisirs comme ressource à extraire de ces terres sacrées. Les San Francisco Peaks sont gérés, en tant que terres publiques, par le Service des Forêts des Etats-Unis, qui actuellement les loue à une station de ski, appelée Arizona Snowbowl. »

« Et ils les ont autorisés à s’étendre dans une forêt alpine rare, abattant plus de 30 000 arbres, dont beaucoup étaient anciens. Et le côté le plus controversé de l’affaire est que la station a signé un contrat avec la Ville de Flagstaff. Les politiciens de Flagstaff ont vendu près de 700 millions de litres d’eaux usées recyclées par an, pour faire de la neige. »

« C’est considéré comme de l’eau d’égouts traitée, ou eau recyclée. Et dans ce cas, il y a des produits nocifs qui ne sont ni testés ni traités par l’EPA et sont autorisés dans cette eau, et c’est vaporisé sur notre ‘église’ sacrée. Actuellement, nous avons derrière nous plus de 10 ans de batailles juridiques qui sont allées jusqu’à la Cour Suprême, et la situation est que nous n’avons pas de protections garanties de notre liberté religieuse en tant qu’Autochtones. Et Snowbowl est devenue en 2011, la première station de ski au monde à faire de la neige constituée à 100% d’eau d’égouts recyclée. »

« Nous avions une coalition de 14 Nations Autochtones travaillant ensemble sur cette question, avec six groupes écologistes, qui avait engagé des poursuites pour défendre cette montagne sacrée sur la base de problèmes culturels et environnementaux. Mais ces actions ont échoué devant la Cour Suprême. Ce qui constitue une réaffirmation du fait qu’en tant qu’Autochtones nous n’avons pas de protection garantie de notre liberté religieuse. Et c’est la situation dans laquelle nous sommes toujours. J’ai été arrêté à de nombreuses reprises en essayant de bloquer les excavatrices sur la montagne, et il semble que ce soit le seul moyen que nous ayons de nous défendre. »

Voir de nombreux articles sur la lutte pour les San Francisco Peaks, et résumé de l’histoire de la station de ski

L’ENVIRONNEMENT, LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

Klee Benally fait remarquer que « le thème de cette émission, si je comprend bien, c’est les gagnants et les perdants dans ces luttes. Mais il n’y a pas de gagnants quand on détruit Notre Mère la Terre. Quand on détruit l’eau dont nous avons besoin pour boire, quand on détruit l’air dont nous avons besoin pour respirer, et les terres dont nous avons besoin pour nous nourrir. Et actuellement, l’EPA a fermé 22 puits dont il a été établi qu’ils contenaient des niveaux trop élevés de produits toxiques, rien que sur le territoire de la Nation Navajo. Mais beaucoup d’entre nous n’ont pas l’eau courante ; ils n’ont pas l’électricité. Cependant, nos terres ont été exploitées. Nous avons trois centrales au charbon qui polluent notre air. Nous avons ces mines d’uranium abandonnées et de nouvelles mines qui menacent la région. Nous avons la fracturation hydraulique qui menace notre terre aussi. Mais ce n’est pas seulement un problème ici. Partout où il y a une crise environnementale, il y a une crise culturelle, parce que nous sommes des gens de la Terre. C’est une crise sociale qui touche chacun à un certain degré, parce que, quand on considère le problème global du réchauffement climatique, le réchauffement climatique, d’un point de vue Autochtone, n’est qu’un symptôme du fait que nous ayons rompu l’équilibre avec notre Mère la Terre. Donc le problème est partout. »

« Nous constatons la menace de déplacement de peuples Autochtones à cause de la montée des eaux et la dépopulation de villages qui se trouvaient sur des îles. Nous voyons la menace de migrations des caribous et ce genre d’effets. Et nous voyons ces stations de ski qui pensent avoir besoin de faire de la neige parce qu’ils n’ont pas assez de neige naturelle, et ils profanent des montagnes sacrées comme celle-ci. Je veux dire – nous sommes tous Autochtones, dans ce pays, ou quelque part, sur notre Mère, la Terre. Donc ces effets nous touchent tous. »

Taylor McKinnon conclut en indiquant que « des chercheurs ont fait des projections indiquant une baisse du débit [du Colorado – NdT] pouvant aller jusqu’à 30% au cours du siècle à venir, à cause du changement climatique et d’autres facteurs. Donc, à une époque où, le Plateau du Colorado, le fleuve Colorado et ses consommateurs d’eau sont ceux qui ont le plus à perdre, il est temps que cette région fasse très attention aux choix énergétiques en train d’être faits. »