Extrait d’un article du Grand Canyon Trust
Par Amber Reimondo, Directrice de l’Énergie
18 novembre 2024
Traduction Christine Prat
En 1986, le Service des Forêts des États-Unis a approuvé un projet de mine d’uranium privée dans la Forêt Nationale de Kaibab, près du Parc National du Grand Canyon. D’après les connaissances scientifiques de l’époque, le Service des Forêts avait déterminé que la Mine du Canyon (rebaptisée plus tard Mine de Pinyon Plain) ne menaçait pas l’eau souterraine de la région du Grand Canyon, y compris la nappe phréatique profonde de Redwall-Muav, qui alimente les sources du Grand Canyon qui se jettent dans le Fleuve Colorado.
En 2012, le Service des Forêts réexamina son opinion de 1986 et déclara qu’il n’y avait pas de raison de réévaluer les effets potentiels de l’extraction d’uranium à la mine du Canyon, avec l’argument que la science et les faits sur le terrain n’avaient pas changé.
Une science dépassée
Mais au cours de la décennie suivante, les choses ont changé. En 2016, des mineurs qui creusaient ont atteint de l’eau souterraine et la compagnie a dû pomper constamment le puits depuis.
La science sur laquelle l’approbation de la mine reposait, depuis près de quatre décennies, est dépassée et doit être revue. Le procureur général d’Arizona a appelé à réviser la déclaration d’impact environnemental de 1986, maintenant dépassé, qui évaluait les risques posés par la mine pour les eaux souterraines.
Les scientifiques ont appris beaucoup sur l’eau souterraine de la région du Grand Canyon, depuis 2012. Des études indiquent que la Mine du Canyon – rebaptisée Mine de Pinyon Plain en 2020, met potentiellement en danger l’eau souterraine et les sources qui y sont associées, et les écosystèmes du Parc National du Grand Canyon. Il est temps que le Service des Forêts examine la mine de près et prenne la science en considération.
Depuis 2016, plus de 250 millions de litres d’eau ont dû être pompés du puits de mine.
Nous en avons parlé récemment avec les scientifiques Dr. Laura Crossey, Dr. Karl Karlstrom et le Dr. David Kreamer, qui étudient les eaux souterraines de la région du Grand Canyon.
Voir interview en anglais des trois scientifiques :
https://www.grandcanyontrust.org/blog/scientists-call-review-grand-canyon-uranium-mine
Vidéo d’Indigenous Action Media, 2017
photo autorisée par Carletta Tilousi, Havasupai
À la fin de la marche de prière, à Red Butte, Carletta Tilousi, Havasupai, déclara « Des moines Japonais ont prié pour la paix et les sites sacrés. Les marcheurs venaient de diverses origines, des Oglala de Pine Ridge, des membres de l’AIM de Californie, des Navajos, des Aztèques Chichimèques, des Hawaïens, des Havasupai, des Pomo de Californie et des Akwesasne de New York. » Elle a ajouté que la marche avait pu se faire grâce à un travail d’équipe, a remercié pour le soutien, et dit que cet article était pour ceux qui n’avaient pas pu se joindre à la marche.
EN MÉMOIRE DE KLEE BENALLY – QUI A COMBATTU LES MINES D’URANIUM PENDANT DES DÉCENNIES
8 OCTOBRE 2024, DES MARCHEURS PACIFISTES SONT ARRIVÉS À RED BUTTE POUR UN MONDE SANS NUCLÉAIRE
Par Brenda Norrell
Censored News
3 octobre 2024
Traduction Christine Prat
2 premières photos, Berta Benally
FLAGSTAFF, Arizona – Jones et Clayson Benally, Diné, se sont joints aux marcheurs qui avaient commencé leur voyage de Flagstaff à Red Butte, site sacré Havasupai, le mercredi 2 octobre, en une Marche de Prière pour un Monde Sans Nucléaire.
Jun San Yasuda et d’autres moines bouddhistes ont marché sur plus de 10 km en solidarité avec la lutte pour fermer la mine d’uranium de Pinyon Plain.
« Jun San, marcheur pour la paix, a parcouru des milliers de kilomètres à pied à travers l’Île de la Tortue, au cours des 46 années passées. Tout le monde est invité à cette marche de méditation pour un monde sans nucléaire » dirent les marcheurs.
En août dernier, à Santa Fe, Carletta Tilousi, Havasupai, avait demandé du soutien pour leur eau sacrée et pour Red Butte, contre la mine d’uranium de Pinyon Plain. Racontant comment elle avait grandi dans son pays, au fond du Grand Canyon du Colorado, elle dit qu’elle avait combattu depuis l’âge de 14 ans.
« Havasu Creek est une des plus vieilles nappes aquifères du Sud-ouest » dit-elle, ajoutant qu’elle coulait dans son village et créait des chutes d’eau ».
« C’est l’eau que nous essayons de protéger » dit-elle en soulignant qu’il s’agit d’une petite tribu de 597 membres.
« Nous ne savons pas quand la pollution nous atteindra, ce n’est qu’une question de temps. »
Bien que 600 baux pour l’extraction d’uranium aient été annulés, la mine d’uranium de Pinyon Plain garde son bail et extrait du minerai d’uranium.
« Cette mine est juste à côté de notre montagne sacrée, Red Butte, où commencent nos Histoires de la Création. C’est en train d’être profané » dit-elle, soulignant qu’on ne sait pas ce que l’extraction d’uranium envoie dans l’air, ni comment les plantes médicinales, le cèdre et la sauge, sont affectées.
« Notre voix s’exprime dans notre art, notre voix s’exprime dans nos chants. »
C. Tilousi appela à l’unité, à ce que tous les gens soient ensemble pour protéger les eaux.
Un corridor mortel
Une nouvelle carte du Grand Canyon Trust montre les lieux de risques d’accidents graves sur le trajet des camions radioactifs allant de la mine de Pinyon Plain à l’usine de traitement de White Mesa – mettant en danger les Havasupai, les Paiutes, les Diné, les Hopis et les Utes, au nord de l’Arizona et au sud-est de l’Utah.
La mine de Pinyon Plain et l’usine mortelle de White Mesa sont la propriété d’Energy Fuels, une compagnie canadienne, qui met des vies en danger tout le long de cette route.
L’usine de traitement d’uranium d’Energy Fuels, sur un territoire ancestral Ute, empoisonne la terre, l’eau et l’air, et importe maintenant des déchets radioactifs d’autres pays. Les déchets radioactifs qui étaient trop dangereux pour être laissés sur le Site de Tests Nucléaires du Nevada, ont été largués là-bas, empoisonnant les Utes.
Amber Reimondo, Directrice de l’Énergie pour le Grand Canyon Trust, dit « Une analyse récente des accidents mortels sur le trajet que parcourent les camions d’uranium entre la Mine du Canyon (rebaptisée Mine Pinyon Plain), près du Grand Canyon, et l’usine de traitement de l’uranium à White Mesa, montre un risque majeur sur de longues portions du trajet de près de 500 km, particulièrement dans la Nation Navajo. »
« Les portions les plus dangereuses sont entre 240% et 700% plus dangereuses qu’une portion de route moyenne aux États-Unis, en termes d’accidents mortels par mile (1,6 km) parcouru. »
« Cela signifie que tous les véhicules parcourant ces portions de route, courent un risque élevé d’accidents mortels. Energy Fuels a dit avoir l’intention d’envoyer de six à huit gros camions chargés de minerai d’uranium par jour, de la mine à son usine en Utah. » dit A. Reimondo.
L’extraction d’uranium et de lithium menace et détruit des Sites Sacrés Autochtones
Tandis que les Havasupai combattent la mine d’uranium du Grand Canyon, la Nation Hualapai juste à côté, lutte pour fermer une mine de lithium à leur Source Cérémonielle.
Les Hualapai ont déposé une plainte auprès de la Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland. La juge fédérale Diane Humetewa, Hopi, de Phoenix, a accordé un ordre restrictif temporaire pour empêcher la firme australienne Hawkstone Energy, autrement dit Arizona Lithium, de forer pour du lithium sur le Site Cérémoniel Hualapai. Le PDG de la Compagnie d’Énergie Transitionnelle Navajo a signé un accord pour opérer la destruction pour la compagnie australienne. L’entreprise tribale Navajo se trouve à Farmington, au Nouveau-Mexique.
Dans le nord du Nevada, Lithium Americas, une compagnie canadienne, creuse Peehee Mu’huh, le site d’un massacre de Paiutes, pour extraire du lithium, en violation de toutes les lois fédérales qui protègent les sites historiques et religieux Autochtones et l’environnement. Un juge fédéral a décidé en faveur de la destruction du Site du Massacre de Paiutes. La Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland a déclaré à Associated Press qu’elle soutenait la mine de lithium.
Klee Benally, Diné, était parmi les fondateurs du mouvement Haul No! qui combattait l’ouverture de la mine du Grand Canyon et le trajet mortel. Avant de passer dans le Monde de l’Esprit en décembre dernier, Klee avait partagé l’histoire de sa vie et de son travail dans son livre « Pas de Capitulation Spirituelle : Une Anarchie Autochtone en Défense du Sacré. »
La Mine d’Uranium se Prépare Près du Parc National du Grand Canyon
Le Sénat doit voter une interdiction permanente d’extraction près du Grand Canyon avant la fin du 117ème Congrès
Par le Grand Canyon Trust
Censored News
7 décembre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
PARC NATIONAL DU GRAND CANYON, Arizona – La Mine Pinyon Plain (ex Mine du Canyon) parait se préparer pour des opérations d’extraction d’uranium à moins de 16 km de la rive sud du Grand Canyon. Des centaines de nouvelles mines d’uranium pourraient, à terme, ouvrir sur les terres publiques fédérales près du Parc National du Grand Canyon, si le Sénat ne vote pas la Loi Sénatoriale 387, Loi de Protection du Grand Canyon.
Les exploitants de la mine d’uranium controversée ont récemment publié des offres d’emplois sur Craigslist, afin de recruter de nouveaux mineurs, après que le propriétaire ait annoncé un accord qui pourrait intensifier les opérations à la mine dès 2023. On a observé une intensification de l’activité à l’intérieur de la clôture de la mine.
Le Sénat n’a plus que quelques semaines pour voter la Loi de Protection du Grand Canyon, qui devrait interdire définitivement de nouvelles mines d’uranium sur plus de 400 000 hectares de terres publiques près du Grand Canyon. Le projet de loi a déjà passé deux fois à la chambre des Représentants.
Résidents depuis longtemps dans le Grand Canyon, la Tribu Havasupai, ses dirigeants et ses anciens se battent contre l’extraction d’uranium depuis des décennies.
« Il est temps d’interdire l’extraction d’uranium de façon permanente – pas seulement pour préserver l’identité culturelle de la Tribu Havasupai et notre existence en tant que Peuple Havasupai, mais pour protéger le Grand Canyon pour les générations à venir » dit le Président Thomas Siyuja Sr. « Vu les récentes activités observées derrière la clôture, il est clair que la compagnie fait des plans pour commencer ses opérations. »
Selon le Président Siyuja Sr., « La Tribu Havasupai connait les dégâts irréparables que l’extraction d’uranium peut causer. Depuis des générations, nous avons été en première ligne, travaillant continuellement pour protéger nos anciens territoires des effets négatifs de l’extraction d’uranium, qui a touché et rendu malade de façon disproportionnée, les Autochtones du Nord de l’Arizona. Le Sénat doit voter la Loi de Protection du Grand Canyon et interdire pour toujours toute nouvelle mine d’uranium sur nos terres ancestrales. »
Il y a près de 600 concessions minières actives près du Parc National du Grand Canyon. Si le Sénat ne fait rien, ces concessions pourraient devenir des mines si l’interdiction temporaire est levée ou expire.
L’extraction d’uranium a une longue histoire de pollution du sol et de l’eau, et de maladies chez les gens de la région, en particulier dans la Nation Navajo toute proche, où des centaines de mines d’uranium abandonnées doivent toujours être décontaminées. À la seule Mine Pinyon Plain, plus de 185 millions de litres d’eau souterraine contaminée par de hauts niveaux d’uranium et d’arsenic, ont été pompés du puits de la mine.
« La Mine Pinyon Plain est un exemple honteux de pourquoi la région du Grand Canyon doit être protégée en permanence de toute nouvelle extraction » dit Amber Reimondo, directrice pour l’énergie du Grand Canyon Trust. « Depuis plus de 30 ans, la Tribu Havasupai a été claire sur le mal que cause cette mine. Pourtant, les régulateurs se préoccupent toujours de quand et comment l’autoriser, plutôt que de si cette mine d’uranium devrait être autorisée ou non.
« Le fait que la Mine de Pinyon Plain ne soit qu’à quelques kilomètres du Chemin de Randonnées Pittoresque National d’Arizona est alarmant » dit Matthew Nelson, directeur exécutif de l’Association des Chemins de Randonnée d’Arizona. « Dans l’intérêt de la sécurité publique, et de l’amour de l’air, de l’eau et du sol sains pour les gens et la vie sauvage, nous appelons les décideurs à reconsidérer l’autorisation de cette mine et à interdire de nouvelles mines ici, dans le futur. Le risque pèse infiniment plus lourd que les gains. »
« La Mine du Canyon, aujourd’hui rebaptisée Pinyon Plain, n’aurait jamais dû être autorisée par le Service des Forêts, le Département de la Qualité de l’Environnement d’Arizona, et d’autres services qui l’ont permise » dit Sandy Bahr, directrice du Chapitre du Grand Canyon pour le Sierra Club. « C’est une menace grave pour les eaux et les gens du Grand Canyon et ça démontre que nous devons avoir de meilleures protections pour ces terres publiques autour du Grand Canyon. Nous sommes solidaires avec les Havasupai contre cette mine et nous soutenons la Loi de Protection du Grand Canyon. »
« Des officiels fédéraux et de l’état ont exposé les nappes phréatiques et les sources à des menaces de dégâts permanents et irréparables en approuvant la mine d’uranium Pinyon Plain » dit Taylor McKinnon du Centre pour la Diversité Biologique. « Ces risques sont inacceptables et ces approbations devraient être retirées. Le Congrès doit agir maintenant pour protéger de façon permanente la région du Grand Canyon de la dévastation d’encore plus d’extraction d’uranium. »
« L’histoire et la science sont clairs. L’extraction d’uranium va dévaster le Grand Canyon et empoisonne négligemment l’eau et la terre des Havasupai » dit le Représentant Législatif de Earth Justice, Blaine Miller-McFeeley. « Au lieu de sauvegarder les profits d’une compagnie minière, il est urgent que nous votions la Loi de Protection du Grand Canyon pour protéger en permanence ce site emblématique, ses ressources naturelles, et les gens pour qui c’est chez eux, pour les générations à venir. La Chambre a déjà agi, et il est temps que le Sénat place les intérêts des gens au-dessus de ceux des industries polluantes et vote cette loi. »
« Il est grand temps pour le Congrès de se rejoindre pour protéger l’irremplaçable paysage du bassin du Grand Canyon et toute l’eau des Havasupai des menaces de l’extractivisme » dit Michè Lozano, directeur des programmes d’Arizona pour l’Association de Conservation des Parcs Nationaux. « Voter cette loi de bon sens est essentiel pour prévenir les menaces incroyables que l’extraction d’uranium font peser sur les sources d’eau limitées du canyon qui alimentent ses ruisseaux et ses voies navigables. »
« Peu importe comment vous appelez une mine d’uranium qui traverse les rigoles, les sources et les nappes phréatiques qui fournissent de l’eau aux gens, aux plantes et aux animaux du Grand Canyon ; pour les protéger, l’héritage tragique de l’extraction d’uranium ne soit pas être répété » dit David Spence, président du conseil d’administration du Chapitre d’Arizona des Médecins pour la Responsabilité Sociale. « Seul le Congrès peut les protéger contre le développement futur de l’extraction d’uranium dans cette région sensible. »
« Les opérations de la Mine Pinyon Plain (Canyon) démontrent déjà clairement que des dommages graves pour la fourniture et la qualité de l’eau souterraine, ne peuvent pas être évités si on extrait de l’uranium près du Grand Canyon » dit Kelly Burke, directeur exécutif de Wild Arizona. « C’est pourquoi les officiels de l’état et fédéraux, tout comme le Congrès, doivent écouter les Havasupai et entreprendre une action immédiate pour la vie, conduisant à la fermeture de la mine et au vote de la Loi de Protection du Grand Canyon. »
HISTORIQUE
La Mine Pinyon Plain, connue comme Canyon Mine, est située dans une pâture, dans la Forêt Nationale de Kaibab, près de Red Butte, une propriété culturelle traditionnelle reconnue au niveau fédéral, au sud du Parc National du Grand Canyon. La zone est le territoire d’origine de la Tribu Havasupai et la mine menace la seule source d’eau potable de la Tribu. La Tribu Havasupai a mené l’opposition à la mine, depuis qu’elle a été approuvée pour la première fois dans les années 1980. Tandis que le vote de la Loi de Protection du Grand Canyon arrêterait le développement de nouvelles mines, ça ne fermerait pas les mines existantes comme la Mine Pinyon Plain. La Tribu Havasupai et ses nombreux soutiens restent décidés à faire fermer et décontaminer la mine.
Depuis plus de 30 ans, la Tribu Havasupai, qui vit au fond du Grand Canyon du Colorado, se bat contre les mines d’uranium, existantes – en particulier Canyon Mine – ou à venir, sur ses terres ancestrales, qui comprenaient aussi les rives du Canyon. Les mines situées au-dessus du canyon risquent de polluer les chutes d’eau qui constituent leur seule ressource d’eau potable. D’autres tribus et des groupes écologistes comme le Grand Canyon Trust, ont depuis rejoint la lutte. En 2012, le gouvernement Obama a prononcé un moratoire de 20 ans contre l’extraction d’uranium dans la région. Le gouvernement Trump veut bien sûr le lever, de plus les 20 ans ne suffisent pas à protéger la région et les générations futures de la pollution à l’uranium. Le Représentant Démocrate d’Arizona Raúl Grijalva a soumis une proposition de loi qui est passée à la Chambre des Représentants le 30 octobre 2019. Elle est maintenant présentée au Sénat par la Sénatrice Démocrate Kyrsten Sinema. Elle a fort peu de chances d’être adoptée par le Sénat. La Tribu Havasupai et le Grand Canyon Trust appellent les citoyens à faire pression sur leurs sénateurs pour obtenir le vote de la loi.
Christine Prat
LA NATION HAVASUPAI SOUTIENT LA LOI ‘GRAND CANYON CENTENNIAL PROTECTION ACT’
Par Amber Reimondo, Directeur du Programme Energétique
Du Grand Canyon Trust
Publié par Censored News
le 21 juillet 2020
Traduction Christine Prat
Depuis des décennies, la Tribu Havasupai – les Havasu ‘Baaja, les ‘gens des eaux bleu-vert’ – a travaillé sans relâche pour protéger les célèbres chutes de leur pays de la contamination des mines d’uranium sur les rives du Grand Canyon du Colorado, au-dessus des chutes. Ces chutes mondialement célèbres sont partout dans l’imaginaire du public, des photos de touristes sur Instagram aux vidéos de Beyoncé. Mais ce qui n’est pas aussi visible, c’est le fait que l’eau qui coule à travers Havasu Creek pour alimenter ces chutes, vient de la nappe phréatique Redwall-Muav, la seule source d’eau potable de la Tribu Havasupai. Et c’est précieux. L’eau de la nappe phréatique arrose leurs cultures et leurs vergers, abreuve leurs animaux et les gens au fond du canyon, où ils vivent depuis des temps immémoriaux.
Une proposition de loi au Sénat pour une protection permanente
La protection de l’eau est une part de la raison pour laquelle la tribu a contribué à mener la campagne couronnée de succès pour faire passer la loi à la Chambre des Représentants, pour interdire pour toujours de nouvelles concessions pour des mines autour du Grand Canyon, et la raison pour laquelle la tribu est parmi les principaux défenseurs de la Loi du Sénat S-3127, intitulée ‘Grand Canyon Centennial Protection Act’. La loi, proposée par la Sénatrice d’Arizona Kyrsten Sinema, Démocrate, protègerait plus de 4000 km² de terres publiques autour du Parc National du Grand Canyon de nouvelles mines d’uranium, pour toujours.
« Il y a trente ans, quand nous avons commencé à combattre les effets désastreux de l’extraction d’uranium sur nos territoires, nous étions seuls dans ce combat. L’annonce faite par la Sénatrice Sinema constitue un message puissant, exprimant combien il est important de protéger le Grand Canyon. Non seulement pour les Havasupai, mais pour tout le monde, et pour les générations à venir. »
– Muriel Uqualla, ex-Présidente Tribale Havasupai
Des décennies d’efforts pour défendre le Grand Canyon
Avant d’être confinés à leur Réserve, les Havasupai vivaient et faisaient de l’agriculture dans ce qui est maintenant le Parc National du Grand Canyon. Leurs terres ancestrales s’étendaient au-delà des rives du canyon, et incluaient un site sacré connu aujourd’hui sous le nom de Red Butte, et actuellement reconnu au niveau fédéral comme propriété culturelle traditionnelle. Une mine d’uranium, Canyon Mine, se trouve dans un pré en-dessous de Red Butte. La Tribu Havasupai combat cette mine depuis son ouverture, dans les années 1980. Leur lutte pour protéger non seulement Red Butte, mais toute la région du Grand Canyon, des risques de contamination posés par l’extraction d’uranium a aidé à obtenir en 2012, une interdiction temporaire du ministère de l’Intérieur des Etats-Unis, qui interdit toute nouvelle concession minière autour du canyon pendant 20 ans.
Rendre une interdiction temporaire permanente
Cette interdiction temporaire avait pour but de laisser aux scientifiques le temps d’étudier l’hydrogéologie complexe de la région du Grand Canyon, pour déterminer si c’était possible d’extraire de l’uranium en toute sécurité, étant donné que les mines de la région ont une longue histoire de pollution des sols et de l’eau, mais cette recherche a été constamment insuffisamment financée par le Congrès. Pendant ce temps, Canyon Mine, qui se trouve au-dessus de la nappe phréatique Redwall-Muav, a débordé de millions de litres d’eau polluée radioactive. Il est temps de fermer cette mine et de protéger de façon permanente les terres publiques autour du Parc National du Grand Canyon.
Tout comme la loi passée à la Chambre des Représentants en octobre 2019, la loi du Sénat rend simplement l’interdiction temporaire actuelle permanente. Elle reconnait que le Grand Canyon, pays de la Tribu Havasupai et de beaucoup d’autres tribus de la région, est trop précieux pour y creuser des mines. Et elle donne au canyon la protection qu’il mérite, une fois pour toutes.
En tant que gardiens du Grand Canyon, les Havasupai ont conduit les luttes pour interdire l’extraction d’uranium des terres publiques sur les rives du Grand Canyon. Comme beaucoup d’autres tribus de la région, entre autres la Nation Navajo et la Tribu Hopi, la Tribu Havasupai s’inquiète de la pollution du sol et de précieuses ressources en eau, ainsi que de menaces à long terme de leur culture, de la santé publique et de leur mode de vie. Cette loi sénatoriale ferait de leur but recherché depuis si longtemps, de protéger leurs terres ancestrales, une réalité.
Publié sur Censored News par Brenda Norrell le 21 juillet 2020.
L’annonce, le 4 décembre, de la décision de Trump de réduire considérablement le territoire du Monument National de Bears Ears, en Utah, a provoqué des réactions immédiates. La Tribu Indienne Ute a publié un communiqué, le Grand Canyon Trust a publié un article et annoncé sa décision de porter plainte, et des manifestations ont éclaté à Salt Lake City.
LE GRAND CANYON TRUST EXPLIQUE POURQUOI TRUMP A FAIT UNE ERREUR MONUMENTALE EN VOULANT ETRIPER LES TERRITOIRES DE BEARS EARS ET DU GRAND ESCALIER
Extrait d’un article du Grand Canyon Trust
4 décembre 2017
Publié sur Censored News
Traduction Christine Prat
L’attaque d’aujourd’hui contre Bears Ears et le Grand Escalier, vient après que le Ministre de l’Intérieur Ryan Zinke ait procédé à une revue biaisée et opaque de ces monuments, en seulement quelques mois. Dans de nombreux cas, les actions pour protéger ces lieus en les faisant classer comme monuments ont pris des années, voire des décennies.
Zinke a rendu ses recommandations définitives à la Maison Blanche le 24 août 2017, et, en un exemple extrême de la dissimulation qui a entaché toute l’opération, il a gardé ses recommandations secrètes. Le projet de recommandations a fui en septembre, mais il devait encore rendre publiques ses recommandations définitives.
Pendant son examen, Zinke a “gracié” plusieurs des 27 monuments sur la liste des cibles. Parlant de quelques monuments qu’il avait recommandé de laisser tranquilles, Zinke a dit des Canyons des Anciens “l’histoire de ce site couvre des milliers d’années, et la protection fédérale de ces objets et de leur histoire nous aidera à préserver ce site pour mille ans de plus.” Il dit aussi, à propos des Cratères de la Lune, “en tant qu’ex-géologue, je me rends compte que c’est une représentation vivante de l’histoire géologique de notre pays.” Et il dit également que le Grand Canyon-Parashant représente “l’histoire scientifique de notre terre et contient des reliques humaines et des fossiles datant de milliers d’années.”
Les Monuments Nationaux du Grand Escalier et de Bears Ears ont toutes ces qualités et plus encore. Ils sont plus qu’un record étourdissant de milliers d’années d’histoire humaine, un paysage magnifique, de la géologie et un trésor de fossiles et d’os de dinosaures. Ils sont notre héritage naturel et culturel commun. Les recommandations du Ministre Zinke et les actions du Président Trump sont tout bonnement une tentative de démolir l’héritage de leurs prédécesseurs aux dépends des générations futures.
Les Américains veulent que nos parcs et monuments soient renforcés pour les générations futures, pas étripés pour des intérêts à court terme issus des carburants fossiles et de l’uranium. 99,2% de ceux qui ont commenté durant le passage en revue des monuments nationaux l’ont dit.
NE PAS CROIRE LE BATTAGE MEDIATIQUE
Vous avez peut-être entendu des officiels du gouvernement Trump dire que ces zones, dont les protections en tant que monuments nationaux viennent d’être éviscérées, sont déjà protégées. Bien que certaines zones fassent partie des Zones d’Etude des Lieus Sauvages du Bureau d’Aménagement du Territoire, ce genre de classification n’a jamais eu pour but d’être permanent, contrairement aux monuments nationaux. Beaucoup de lieus à Bears Ears, entre autres des milliers d’hectares de forêt nationale qui ont été abattus, n’ont pas de telle protection, et sont bourrés de biens culturels irremplaçables qui sont maintenant susceptibles d’être pillés, livrés au développement de sources d’énergie et autres projets qui détruisent les sites culturels.
Afin de protéger les terres publiques de façon permanente, soit le Congrès, soit le Président doit prendre des mesures pour convertir les protections temporaires en protection permanente, comme monuments nationaux ou zones sauvages. Mais la délégation de l’Utah au Congrès s’est révélée incapable de rédiger ou de faire passer des lois qui protègeraient effectivement les terres publiques. L’Utah a toujours moins de zones sauvages classées que n’importe quel autre état de l’Ouest. Si le gouvernement Trump essaie de vous faire avaler l’idée que ces lieus sont toujours protégés, n’y croyez pas. Le Président Trump a supprimé les protections du plus vieux site artistique sur des rochers près de Bluff, du site du village le plus au nord de l’ère de Chaco en Utah, et d’innombrables autres sites culturels importants.
Sur le site du Grand Canyon Trust, on peut lire aussi:
Le Grand Canyon Trust déposera une plainte contre cet affront inacceptable à nos valeurs essentielles, à notre mission et à la loi du pays. Nous soutenons les tribus qui ont travaillé dur pour protéger Bears Ears, et nous continuerons à défendre les intérêts des Américains qui aiment les monuments nationaux, au cours de la longue bataille juridique qui s’annonce.
MANIFS A SALT LAKE CITY
Le 4 décembre, jour de l’annonce de la décision de Trump, des manifs ont éclaté à Salt Lake City. Bien entendu, les Autochtones pour qui Bears Ears est sacré sont allés manifester leur colère, mais d’autres groupes se sont affrontés à la police et ont crié des obscénités à l’égard de Trump. ABC a publié une vidéo, mais recommande la prudence, les obscénités en question étant passibles de poursuites et, en tous cas, d’interdiction sur Internet.
Ces photos, et d’autres, ont été publiées sur Censored News.
Democracy NOW! (média indépendant qui émet sur le web) a enregistré son émission du vendredi 14 mars 2014, présentée et animée par Amy Goodman, à l’Université du Nord de l’Arizona, à Flagstaff. La vidéo ci-dessous (sous-titrée en français) est un extrait de l’émission. C’est une interview de Klee Benally – activiste Navajo – et de Taylor McKinnon, du Grand Canyon Trust (qui tente de préserver le Grand Canyon du Colorado), sur les dégâts causés par les mines d’uranium dans la région. Vous trouverez aussi plus bas la transcription en français de l’interview. Voir la vidéo pour des extraits d’un documentaire sur les dégâts de l’uranium dans la Réserve Navajo. Sur la question de l’uranium dans le Grand Canyon du Colorado, voir aussi l‘interview de Carletta Tilousi, Havasupai (les Havasupai vivent au fond du Grand Canyon et sont totalement dépendants des eaux qui ruissellent le long des parois).
Vidéo: Uranium, contamination, pollution, changement climatique en Arizona, une interview de Klee Benally et Taylor McKinnon
Voir un autre extrait de l’émission: interview d’Alex Soto sur la situation à la frontière mexicaine
ARIZONA : “UN LENT GENOCIDE”: L’EXTRACTION D’URANIUM LAISSE UN HERITAGE NUCLEAIRE TOXIQUE EN TERRE AUTOCHTONE
Democracy NOW ! Vendredi 14 mars 2014
Transcription par Brenda Norrell
Publiée sur Censored News
See transcription in English on Censored News
Traduction et sous-titres Christine Prat
Le site monumental du Grand Canyon est le théâtre d’une bataille autour de l’extraction toxique d’uranium. L’an dernier, une compagnie nommée Energy Fuels Resources a obtenu une approbation des autorités fédérales pour rouvrir une mine à 10 km de l’entrée sud très fréquentée du Grand Canyon. Une coalition d’Autochtones et de groupes écologistes ont protesté contre cette décision, disant que l’extraction d’uranium pourrait affecter les rares sources d’eau et poser de graves problèmes de santé. Les terres tribales Diné (Navajo) sont jonchées de mines d’uranium abandonnées. De 1944 à 1986, 3,9 millions de tonnes d’uranium ont été extraites ou obtenues par explosion des montagnes et des plaines de la région. Plus de 1000 mines ont été fermées, mais les compagnies minières n’ont pas enlevé de manière satisfaisante leurs tas de déchets radioactifs, ce qui a conduit à une augmentation en flèche du taux de cancers et d’autres problèmes de santé. L’émission Democracy NOW ! du 14 mars 2014 a été enregistrée à Flagstaff, Arizona, et a diffusé une interview de Taylor McKinnon, directeur de l’énergie au Grand Canyon Trust, et Klee Benally, Diné (Navajo), activiste et musicien. « C’est vraiment un lent génocide de la population, pas seulement les Autochtones de cette région, il est estimé qu’il y a plus de 10 millions de gens qui résident à moins de 80 km de mines d’uranium abandonnées », dit Klee Benally. Il a aussi décrit la lutte pour la préservation des San Francisco Peaks, une zone considérée comme sacrée par 13 tribus Autochtones, où la station de ski Snowbowl utilise des eaux usées recyclées pour faire de la neige.
L’HERITAGE TOXIQUE DE L’URANIUM EN TERRE AUTOCHTONE
Après avoir souhaité à Amy Goodman et son équipe la « bienvenue dans l’état raciste d’Arizona et la ville légèrement moins raciste de Flagstaff », Klee Benally a décrit la situation des Autochtones face à la colonisation énergétique de leur territoire.
« Nous faisons face à la colonisation des ressources dans cette région depuis de nombreuses années. C’est une véritable bataille – ici la géopolitique est enracinée dans le racisme. Elle est enracinée dans l’avidité des grandes compagnies à laquelle nous sommes encore confrontés jusqu’à aujourd’hui. Plus de 20 000 Diné, ou Navajo, ont été déportés de force de nos terres ancestrales à cause des activités de Peabody Coal sur Black Mesa, et il est estimé que nous avons plus de 1000 mines d’uranium abandonnées sur nos terres. En 2005, la Nation Diné , ou Navajo, a décidé d’interdire toutes les activités d’extraction d’uranium sur nos terres. Mais aujourd’hui, nous avons des représentants au Conseil Tribal qui sont en train de brader notre avenir et essaient de lever cette interdiction. Et à ce jour, nous sommes dans une situation où nous n’avons pas d’études sanitaires significatives sur les effets de l’extraction d’uranium dans notre communauté. »
« En fait je viens d’aller à Cameron, à environs 40 mn en voiture d’ici, hier, avec Taylor McKinnon, pour une conférence. Et à 15 m du siège du Chapitre – c’est l’autorité locale dans cette région – il y a une mine d’uranium abandonnée, qui a l’air d’une colline. Je veux dire, la boue radioactive ressemble à la boue ordinaire. C’est une menace invisible. Mais il y avait des jouets. Il y avait – d’après ce que j’ai compris, des signes indiquant que des enfants jouent sur cette colline, et il y a des maisons juste au pied. Mais l’un de ces rochers, quand on y a posé un compteur Geiger, çà a crevé le plafond ! Donc, ces mines d’uranium abandonnées ressemblent au reste du paysage naturel ».
« On estime qu’il y en a plus de mille sur nos territoires. Mais on estime aussi qu’il y a plus de 10 000 mines d’uranium abandonnées dans l’ensemble des Etats-Unis, essentiellement dans 15 états de l’ouest. Mais l’EPA [Agence de Protection de l’Environnement] n’a jamais fait d’inventaire sérieux de ces menaces qui sont vraiment un héritage toxique qui nous affecte encore aujourd’hui. C’est vraiment un lent génocide de la population, et pas seulement les Autochtones de cette région, il est estimé que plus de 10 millions de gens résident à moins de 80 km de mines d’uranium abandonnées. »
« L’EPA a implémenté un plan quinquennal pour le nettoyage de ces mines abandonnées. Mais en réalité, ces mines ne sont pas décontaminées. L’EPA transforme ces sites abandonnés en sites de confinement ou en décharges toxiques, dangereuses, qui laissent toujours échapper des produits toxiques dans nos conduites d’eau, qui affectent toujours nos pâturages et nos moutons etc. Et nous avons des mines abandonnées et des menaces de nouveaux projets de mines à proximité de nos sites sacrés, qui sont vitaux pour notre mode de vie, pour notre identité culturelle. Ainsi, ce qu’on nous dit – c’est l’essence de ce qu’on nous fait comprendre – c’est que les effets sur notre santé, notre bien-être et qui nous sommes sur nos terres sacrées n’est pas assez important pour effectuer une décontamination sérieuse. »
« La décontamination est un processus lent. C’est un processus complexe. Et je pense que c’est très compliqué dans le cadre de la législation actuelle de la Réserve, mais nous devons voir la réalité en face, comme je l’ai dit, il y a plus de 10 000 mines abandonnées aux Etats-Unis. Il y a des zones où les mines abandonnées ou les nouvelles mines projetées sont situées très près du territoire de notre Réserve. Elles sont sur des terres publiques ou privées, et elles laissent échapper des produits toxiques. La poussière, les particules toxiques sont amenées par le vent dans nos communautés. Et nous n’avons aucun contrôle. Nous ne pouvons pas établir de règlements. Par exemple, à Church Rock, au Nouveau-Mexique, où a eu lieu en 1979 une des plus graves fuites radioactives de l’histoire des Etats-Unis, rien de sérieux n’a encore été fait pour décontaminer. Il y a des nouveaux projets de mines à l’extérieur de nos terres tribales, mais juste à la frontière. Donc, c’est un problème complexe. De multiples administrations sont impliquées. Et ce à quoi on assiste finalement, c’est que notre futur est dirigé dans le sens des intérêts et de l’avidité des entreprises. »
Taylor McKinnon a décrit l’action du Grand Canyon Trust dans la lutte contre l’ouverture de nouvelles mines d’uranium : « Nous nous sommes surtout concentrés sur l’activité de l’industrie de l’uranium pour développer de nouvelles mines sur des terres publiques. Et depuis le milieu des années 2000, où le prix de l’uranium est monté en flèche, nous avons assisté à une résurgence des activités d’extraction d’uranium dans le nord de l’Arizona. Alors nous avons pris la tête de la poursuite en justice – avec différents partenaires tribaux, environnementaux et issus de la communauté – pour obliger le gouvernement Obama à promulguer une interdiction de toute nouvelle extraction dans le bassin aquifère du Grand Canyon. C’est entré en application en 2012. Cependant, çà ne s’appliquait pas aux vieilles mines, qui avaient été ouvertes dans les années 1980. Et nous avons vu des administrations fédérales – le Bureau de l’Aménagement du Territoire et le Service des Forêts – autoriser trois de ces mines à rouvrir, sans entreprendre de nouvelles consultations publiques ou de nouveaux rapports environnementaux. Ils se fondent sur leurs études des années 1980, et donc laissent de côté les nouvelles connaissances sur les effets potentiels des ces mines sur les eaux souterraines, les nappes aquifères qui alimentent des sources dans le Grand Canyon qui sont vitales pour la vie sauvage et sont considérées comme sacrées par les Autochtones, et qui forment, à part le fleuve Colorado, les eaux de surface pérennes du Grand Canyon. »
Voir articles précédents sur le problème de l’uranium dans le sud-ouest des U.S.A.
LES SAN FRANCISCO PEAKS
Klee Benally a brièvement résumé la lutte de plusieurs décennies, engagée par 13 tribus Autochtones et des défenseurs de l’environnement, pour protéger les Pics Sacrés San Francisco, profanés et endommagés pour le plus grand profit d’une station de ski privée.
« Dook’o’oosliid, ou Pics Sacrés San Francisco, sont sacrés pour plus de 13 Nations Autochtones. Ils sont au centre de notre survie culturelle. »
« Ils se trouvent juste à la sortie de Flagstaff, ils sont le point culminant du nord de l’Arizona. De leurs sommets, on peut voir le Grand Canyon. On peut voir un paysage si beau ! Et ils ne sont pas seulement vitaux pour nos pratiques culturelles, ils constituent une île écologique, qui abrite des espèces locales comme le séneçon jacobée [ou packera franciscana, photo Wikipédia] des San Francisco Peaks, qu’on ne trouve que sur les San Francisco Peaks et nulle part ailleurs dans le monde. »
« Actuellement – depuis 30 ans – surtout depuis les 20 dernières années, la bataille fait rage pour protéger cette montagne de l’extraction minière et du développement, et il n’est pas seulement question de charbon, d’uranium, de pétrole, de gaz naturel, mais aussi des loisirs comme ressource à extraire de ces terres sacrées. Les San Francisco Peaks sont gérés, en tant que terres publiques, par le Service des Forêts des Etats-Unis, qui actuellement les loue à une station de ski, appelée Arizona Snowbowl. »
« Et ils les ont autorisés à s’étendre dans une forêt alpine rare, abattant plus de 30 000 arbres, dont beaucoup étaient anciens. Et le côté le plus controversé de l’affaire est que la station a signé un contrat avec la Ville de Flagstaff. Les politiciens de Flagstaff ont vendu près de 700 millions de litres d’eaux usées recyclées par an, pour faire de la neige. »
« C’est considéré comme de l’eau d’égouts traitée, ou eau recyclée. Et dans ce cas, il y a des produits nocifs qui ne sont ni testés ni traités par l’EPA et sont autorisés dans cette eau, et c’est vaporisé sur notre ‘église’ sacrée. Actuellement, nous avons derrière nous plus de 10 ans de batailles juridiques qui sont allées jusqu’à la Cour Suprême, et la situation est que nous n’avons pas de protections garanties de notre liberté religieuse en tant qu’Autochtones. Et Snowbowl est devenue en 2011, la première station de ski au monde à faire de la neige constituée à 100% d’eau d’égouts recyclée. »
« Nous avions une coalition de 14 Nations Autochtones travaillant ensemble sur cette question, avec six groupes écologistes, qui avait engagé des poursuites pour défendre cette montagne sacrée sur la base de problèmes culturels et environnementaux. Mais ces actions ont échoué devant la Cour Suprême. Ce qui constitue une réaffirmation du fait qu’en tant qu’Autochtones nous n’avons pas de protection garantie de notre liberté religieuse. Et c’est la situation dans laquelle nous sommes toujours. J’ai été arrêté à de nombreuses reprises en essayant de bloquer les excavatrices sur la montagne, et il semble que ce soit le seul moyen que nous ayons de nous défendre. »
Voir de nombreux articles sur la lutte pour les San Francisco Peaks, et résumé de l’histoire de la station de ski
L’ENVIRONNEMENT, LE CHANGEMENT CLIMATIQUE
Klee Benally fait remarquer que « le thème de cette émission, si je comprend bien, c’est les gagnants et les perdants dans ces luttes. Mais il n’y a pas de gagnants quand on détruit Notre Mère la Terre. Quand on détruit l’eau dont nous avons besoin pour boire, quand on détruit l’air dont nous avons besoin pour respirer, et les terres dont nous avons besoin pour nous nourrir. Et actuellement, l’EPA a fermé 22 puits dont il a été établi qu’ils contenaient des niveaux trop élevés de produits toxiques, rien que sur le territoire de la Nation Navajo. Mais beaucoup d’entre nous n’ont pas l’eau courante ; ils n’ont pas l’électricité. Cependant, nos terres ont été exploitées. Nous avons trois centrales au charbon qui polluent notre air. Nous avons ces mines d’uranium abandonnées et de nouvelles mines qui menacent la région. Nous avons la fracturation hydraulique qui menace notre terre aussi. Mais ce n’est pas seulement un problème ici. Partout où il y a une crise environnementale, il y a une crise culturelle, parce que nous sommes des gens de la Terre. C’est une crise sociale qui touche chacun à un certain degré, parce que, quand on considère le problème global du réchauffement climatique, le réchauffement climatique, d’un point de vue Autochtone, n’est qu’un symptôme du fait que nous ayons rompu l’équilibre avec notre Mère la Terre. Donc le problème est partout. »
« Nous constatons la menace de déplacement de peuples Autochtones à cause de la montée des eaux et la dépopulation de villages qui se trouvaient sur des îles. Nous voyons la menace de migrations des caribous et ce genre d’effets. Et nous voyons ces stations de ski qui pensent avoir besoin de faire de la neige parce qu’ils n’ont pas assez de neige naturelle, et ils profanent des montagnes sacrées comme celle-ci. Je veux dire – nous sommes tous Autochtones, dans ce pays, ou quelque part, sur notre Mère, la Terre. Donc ces effets nous touchent tous. »
Taylor McKinnon conclut en indiquant que « des chercheurs ont fait des projections indiquant une baisse du débit [du Colorado – NdT] pouvant aller jusqu’à 30% au cours du siècle à venir, à cause du changement climatique et d’autres facteurs. Donc, à une époque où, le Plateau du Colorado, le fleuve Colorado et ses consommateurs d’eau sont ceux qui ont le plus à perdre, il est temps que cette région fasse très attention aux choix énergétiques en train d’être faits. »