photo autorisée par Carletta Tilousi, Havasupai

À la fin de la marche de prière, à Red Butte, Carletta Tilousi, Havasupai, déclara « Des moines Japonais ont prié pour la paix et les sites sacrés. Les marcheurs venaient de diverses origines, des Oglala de Pine Ridge, des membres de l’AIM de Californie, des Navajos, des Aztèques Chichimèques, des Hawaïens, des Havasupai, des Pomo de Californie et des Akwesasne de New York. » Elle a ajouté que la marche avait pu se faire grâce à un travail d’équipe, a remercié pour le soutien, et dit que cet article était pour ceux qui n’avaient pas pu se joindre à la marche.

EN MÉMOIRE DE KLEE BENALLY – QUI A COMBATTU LES MINES D’URANIUM PENDANT DES DÉCENNIES


8 OCTOBRE 2024, DES MARCHEURS PACIFISTES SONT ARRIVÉS À RED BUTTE POUR UN MONDE SANS NUCLÉAIRE

Par Brenda Norrell
Censored News
3 octobre 2024
Traduction Christine Prat
2 premières photos, Berta Benally

FLAGSTAFF, Arizona – Jones et Clayson Benally, Diné, se sont joints aux marcheurs qui avaient commencé leur voyage de Flagstaff à Red Butte, site sacré Havasupai, le mercredi 2 octobre, en une Marche de Prière pour un Monde Sans Nucléaire.

Jun San Yasuda et d’autres moines bouddhistes ont marché sur plus de 10 km en solidarité avec la lutte pour fermer la mine d’uranium de Pinyon Plain.

« Jun San, marcheur pour la paix, a parcouru des milliers de kilomètres à pied à travers l’Île de la Tortue, au cours des 46 années passées. Tout le monde est invité à cette marche de méditation pour un monde sans nucléaire » dirent les marcheurs.

En août dernier, à Santa Fe, Carletta Tilousi, Havasupai, avait demandé du soutien pour leur eau sacrée et pour Red Butte, contre la mine d’uranium de Pinyon Plain. Racontant comment elle avait grandi dans son pays, au fond du Grand Canyon du Colorado, elle dit qu’elle avait combattu depuis l’âge de 14 ans.

« Havasu Creek est une des plus vieilles nappes aquifères du Sud-ouest » dit-elle, ajoutant qu’elle coulait dans son village et créait des chutes d’eau ».

« C’est l’eau que nous essayons de protéger » dit-elle en soulignant qu’il s’agit d’une petite tribu de 597 membres.

« Nous ne savons pas quand la pollution nous atteindra, ce n’est qu’une question de temps. »

Bien que 600 baux pour l’extraction d’uranium aient été annulés, la mine d’uranium de Pinyon Plain garde son bail et extrait du minerai d’uranium.

« Cette mine est juste à côté de notre montagne sacrée, Red Butte, où commencent nos Histoires de la Création. C’est en train d’être profané » dit-elle, soulignant qu’on ne sait pas ce que l’extraction d’uranium envoie dans l’air, ni comment les plantes médicinales, le cèdre et la sauge, sont affectées.

« Notre voix s’exprime dans notre art, notre voix s’exprime dans nos chants. »

C. Tilousi appela à l’unité, à ce que tous les gens soient ensemble pour protéger les eaux.

Un corridor mortel

Une nouvelle carte du Grand Canyon Trust montre les lieux de risques d’accidents graves sur le trajet des camions radioactifs allant de la mine de Pinyon Plain à l’usine de traitement de White Mesa – mettant en danger les Havasupai, les Paiutes, les Diné, les Hopis et les Utes, au nord de l’Arizona et au sud-est de l’Utah.

La mine de Pinyon Plain et l’usine mortelle de White Mesa sont la propriété d’Energy Fuels, une compagnie canadienne, qui met des vies en danger tout le long de cette route.

L’usine de traitement d’uranium d’Energy Fuels, sur un territoire ancestral Ute, empoisonne la terre, l’eau et l’air, et importe maintenant des déchets radioactifs d’autres pays. Les déchets radioactifs qui étaient trop dangereux pour être laissés sur le Site de Tests Nucléaires du Nevada, ont été largués là-bas, empoisonnant les Utes.

Amber Reimondo, Directrice de l’Énergie pour le Grand Canyon Trust, dit « Une analyse récente des accidents mortels sur le trajet que parcourent les camions d’uranium entre la Mine du Canyon (rebaptisée Mine Pinyon Plain), près du Grand Canyon, et l’usine de traitement de l’uranium à White Mesa, montre un risque majeur sur de longues portions du trajet de près de 500 km, particulièrement dans la Nation Navajo. »

« Les portions les plus dangereuses sont entre 240% et 700% plus dangereuses qu’une portion de route moyenne aux États-Unis, en termes d’accidents mortels par mile (1,6 km) parcouru. »

« Cela signifie que tous les véhicules parcourant ces portions de route, courent un risque élevé d’accidents mortels. Energy Fuels a dit avoir l’intention d’envoyer de six à huit gros camions chargés de minerai d’uranium par jour, de la mine à son usine en Utah. » dit A. Reimondo.

L’extraction d’uranium et de lithium menace et détruit des Sites Sacrés Autochtones

Tandis que les Havasupai combattent la mine d’uranium du Grand Canyon, la Nation Hualapai juste à côté, lutte pour fermer une mine de lithium à leur Source Cérémonielle.

Les Hualapai ont déposé une plainte auprès de la Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland. La juge fédérale Diane Humetewa, Hopi, de Phoenix, a accordé un ordre restrictif temporaire pour empêcher la firme australienne Hawkstone Energy, autrement dit Arizona Lithium, de forer pour du lithium sur le Site Cérémoniel Hualapai. Le PDG de la Compagnie d’Énergie Transitionnelle Navajo a signé un accord pour opérer la destruction pour la compagnie australienne. L’entreprise tribale Navajo se trouve à Farmington, au Nouveau-Mexique.

Dans le nord du Nevada, Lithium Americas, une compagnie canadienne, creuse Peehee Mu’huh, le site d’un massacre de Paiutes, pour extraire du lithium, en violation de toutes les lois fédérales qui protègent les sites historiques et religieux Autochtones et l’environnement. Un juge fédéral a décidé en faveur de la destruction du Site du Massacre de Paiutes. La Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland a déclaré à Associated Press qu’elle soutenait la mine de lithium.

Klee Benally, Diné, était parmi les fondateurs du mouvement Haul No! qui combattait l’ouverture de la mine du Grand Canyon et le trajet mortel. Avant de passer dans le Monde de l’Esprit en décembre dernier, Klee avait partagé l’histoire de sa vie et de son travail dans son livre « Pas de Capitulation Spirituelle : Une Anarchie Autochtone en Défense du Sacré. »

https://tumult.noblogs.org/commander/

Dean Barlese qui a ouvert la conférence de presse par une prière

Par Brenda Norrell
Censored News
6 décembre 2023
Traduction Christine Prat

La lutte pour protéger Peehee Mu’huh, Thacker Pass, contre une mine de lithium, relie les luttes globales d’Indonésiens non contactés qui se battent contre l’extraction de nickel, les enfants esclaves des mines de cobalt du Congo, et les batailles contre l’extraction du lithium en Serbie et en Argentine. Ils se battent contre le greenwashing (‘laver plus vert’) de la fausse solution des véhicules électriques pour le changement climatique.

La profanation du site sacré d’un massacre de Paiutes par la firme canadienne Lithium Americas, continue parce que les lois fédérales ne protègent pas les sites de massacres. De plus, un camp masculin pour les mineurs de lithium menace les communautés rurales de la Nation Paiute Shoshone de Fort McDermitt, et la ville de Winnemucca, de crimes, particulièrement le trafic sexuel.

Au cours d’une conférence de presse, mardi 5 décembre, le Président de la Colonie Indienne de Reno-Sparks, Arlan Melendez, a appelé à une nouvelle mobilisation de manifestations pacifiques pour faire prendre conscience au public de la profanation en cours du site sacré et des dégâts à l’environnement. Il a demandé du soutien du Dakota du Sud et d’ailleurs, pour mettre cette profanation en évidence.

« Nous avons perdu en justice parce que les lois favorisent l’extractivisme, surtout dans cet état [le Nevada] » dit le Président Melendez.

« Sans eau, il n’y a pas de vie », dit Dean Barlese, Paiute de Pyramid Lake, qui a offert la prière traditionnelle d’ouverture, qui honore tous les êtres créés, toute la création sacrée. « Nous enseignons ces chants de prières à nos jeunes. »

« Nos chants sont toujours là sur la terre. »

Le Président Melendez dit qu’ils s’inquiétaient des crimes que la mine allait amener dans la région de Fort McDermitt, une zone rurale, surtout les camps masculins étant donné le problème des femmes assassinées ou disparues.

Le boom du lithium est comme la ruée vers l’or, tout l’état a des dépôts de lithium, et les 28 bandes et tribus du Nevada sont certaines d’en être affectées. Déjà, des sites sacrés sont profanés par l’extraction de lithium.

Le Président Melendez dit que leur stratégie était de mobiliser les tribus afin de se faire entendre plus fort, afin que les gens comprennent la dévastation en cours.

À propos de la non-participation des États-Unis à une consultation efficace, le Président Melendez a dit que la Secrétaire de l’Intérieur était invitée à rencontrer les tribus Indiennes du Nevada, mais n’était pas venue.

La consultation était la seule occasion d’influer sur la décision finale, mais le gouvernement des États-Unis n’était pas venu rencontrer les tribus, dit-il.

« Les Tribus n’ont jamais touché un centime de l’extraction minière » dit le Président Melendez, ajoutant que la loi sur les mines devait être changée.

Michon Eben, chef de la préservation historique tribale pour la Colonie Indienne de Reno-Sparks, expliqua la signification historique de sa terre natale, et comment les bandes étaient nommées d’après la nourriture qu’elles récoltaient et leurs traditions culturelles. Eben décrivit le Massacre de Paiutes ici, lisant des témoignages historiques, et comment les gens venaient toujours ici pour prier.

Les soldats fédéraux du 1er régiment de Cavalerie du Nevada ont commis le massacre le 12 septembre 1865, à Peehee Mu’huh.

Eben dit qu’il y avait eu trois survivants, et aujourd’hui, la mine de lithium est en construction sur un site funéraire non indiqué où les victimes sont restées.

« C’est où sont nos ancêtres » dit Eben.

Eben dit aussi que le camp masculin de Winnemucca pose de graves dangers, particulièrement de trafic sexuel, à un moment où des femmes Autochtones ont disparu ou ont été assassinées partout en pays Indien.

Will Falk, un des avocats de la Colonie Indienne de Reno-Sparks, dit que les lois fédérales ne protégeaient pas les sites de massacres de l’extractivisme et que la loi fédérale sur l’extraction minière de 1872 devait être changée par le Congrès pour protéger les sites sacrés. Falk dit aussi qu’il y a plus de 1000 sites sacrés ici, dans la zone de la mine de lithium à ciel ouvert.

Selon Falk, la seule façon dont les tribus étaient autorisées à s’adresser à une cour fédérale, selon la loi, était de demander une consultation concernant les projets susceptibles de détruire des terres ancestrales. Les tribus ne peuvent pas dire au gouvernement fédéral : Non, vous ne faites pas ça ici.

Quand l’extraction a lieu sur des terres publiques, il est interdit aux Autochtones d’y aller prier pour leurs ancêtres massacrés, dit Falk.

« C’est une violation des droits humains » dit Falk, soulignant que ça s’inscrit dans le système de purification ethnique du gouvernement des États-Unis.

Falk dit que les corporations riches étaient prêtes à combattre tout changement de la loi fédérale minière de 1872, et ce changement exigera une désobéissance civile de masse.

La méthode d’extraction du lithium dépend de l’industrie des carburants fossiles et elle ne va pas sauver la planète, dit-il.

« Je ne vois pas ce qu’il y a de ‘vert’ dans le fait de faire sauter une montagne. »

Max Wilbert, qui a passé des mois sur le site, explique comment la lutte ici relie les gens avec les luttes globales contre le ‘laver plus vert’ des batteries pour véhicules électriques.

Wilbert dit que ce qui arrive à Thacker Pass, n’est pas juste une petite dispute dans un coin éloigné du monde, mais c’est une « nouvelle frontière de l’économie d’extractivisme. »

C’est le canari dans la mine de charbon.

Les Hongana Manyawa – ‘Les Gens de la Forêt’, dans leur langue – sont une des dernières tribus nomades de chasseurs-cueilleurs d’Indonésie. Ils luttent maintenant contre les dévastations causées à leur jungle par l’extraction de nickel pour les batteries de voitures électriques.

Dans la République Démocratique du Congo, des enfants dès l’âge de 4 ans sont forcés de travailler 12 heures par jour dans les « mines de l’horreur » du Congo, pour extraire du cobalt pour fabriquer des téléphones portables. Et pour cela, ils ne reçoivent que 10 centimes par jour et sont constamment menacés de violence.

En Serbie, il y a des manifestations de masse pour s’opposer au projet de Rio Tinto d’une énorme mine de lithium. En Argentine, les gens dénoncent et s’opposent à l’extraction de lithium.

Wilbert, cofondateur de Protect Thacker Pass, dit qu’il y a actuellement plus de 21000 demandes de permis pour du lithium dans le Nevada. M. Wilbert dit que les émissions des véhicules électriques polluent aussi, et que les véhicules électriques sont une distraction, pas une solution pour le changement climatique.

Thacker Pass, « Peehee Mu’huh » dans la langue Paiute, héberge des sites sacrés, des lieux de récoltes et de chasse, des sites de cérémonies, et le lieu de deux massacres d’enfants, de femmes et d’hommes Paiutes.

Le 9 novembre, la Juge Principale du District Nord du Nevada, Miranda Du, a rejeté une deuxième plainte déposée en février de cette année par la Colonie Indienne de Reno-Sparks contre le Bureau d’Aménagement du Territoire (BLM) pour avoir autorisé la mine de lithium à Thacker Pass à détruire des sites sacrés sans avoir mené jusqu’au bout une consultation avec la tribu. La Colonie Indienne de Reno-Sparks a été rejointe dans sa plainte par la Tribu Paiute de Summit Lake et la Tribu Paiute de Burns.

Le Président Melendez dit mardi qu’il n’y aurait pas d’appel de la Colonie Indienne de Reno-Sparks pour le moment, parce que ce serait inutile face aux lois actuelles, à la position de la cour fédérale et au fait que les sites sacrés seraient détruits pendant les longs délais de l’action en justice.

©Censored News

 

 



Protect Thacker Pass
21 août 2023
Publié sur Censored News
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Photos ©Protect Thacker Pass

Les protecteurs, y compris des descendants des survivants du massacre de Thacker Pass de 1865, ont été poursuivis par Lithium Nevada Corporation pour avoir défendu un site sacré.

WINNEMUCCA, Nevada – Un groupe de sept protecteurs de l’eau, poursuivis par une compagnie minière pour avoir protesté pacifiquement contre la mine de lithium de Thacker Pass, dans le Nevada, ont demandé au Tribunal de l’État de rejeter la plainte.

Leur dossier, déposé vendredi, affirme que les protestataires exerçaient leurs droits selon le Premier Amendement de s’assembler pacifiquement.

« Alors qu’un site sacré est passé au bulldozer, des opposants non-violents sont criminalisés par une compagnie minière étrangère » dit l’avocat Terry Lodge, qui représente les prévenus. « Mes clients participaient à une protestation qui est clairement protégée par la Constitution des Etats-Unis. C’est de l’avidité commerciale et de l’intimidation. »

Des analystes disent que cette affaire est similaire à ce qu’on appelle une « Plainte Stratégique Contre la Participation du Public » ou SLAPP [Strategic Lawsuit Against Public Participation], qui a pour but de réduire au silence la liberté de parole et de protester protégés par la Constitution. Ça a pour but de bannir les protecteurs de l’eau de la zone et de les forcer à payer des dommages et intérêts.

La plainte a été déposée fin mai, après un mois de protestations non-violentes sur le site de la mine de lithium dans le nord du Nevada. Thacker Pass s’appelle Peehee Mu’huh en Paiute, et c’est un site sacré pour les tribus Autochtones de la région. C’est aussi l’habitat d’espèces sauvages menacées et en danger.

« Nos ancêtres se sont battus et sont morts pour la terre de Peehee Mu’huh, » dit Dean Barlese, un ancien et chef spirituel de la Tribu Paiute de Pyramid Lake, qui est parmi les prévenus dans l’affaire. « Nous avons agi pour les générations à venir, pour protéger Notre Mère la Terre. »

Le 12 septembre 1865, des soldats fédéraux ont assassiné 31 Paiutes, hommes, femmes et enfants à Thacker Pass, pendant la « Guerre du Serpent. »

Plusieurs prévenus sont des descendants de gens qui ont été tués en 1865, entre autres Dorece Sam, dont l’ancêtre Ox Sam a pu échapper à l’attaque de la cavalerie, à cheval à travers Thacker Pass.

« Nous sommes passés à l’action pour protéger la terre, l’air et l’eau pour nos générations futures » dit Dorece Sam, membre de la Tribu Paiute-Shoshone de Fort McDermitt, et dirigeante de l’Eglise Autochtones de l’état du Nevada. « Peehee Mu’huh fait partie de notre histoire et du futur de notre peuple. Mais à quoi ressemblera ce futur, maintenant ? »

Ce massacre et d’autres facteurs culturellement importants ont fait que la mine de Thacker Pass est extrêmement controversée dans la communauté Autochtone. Des douzaines de tribus se sont prononcées contre le projet, quatre sont allées en justice. Une des poursuites, entamée par la Colonie Indienne de Reno-Sparks, la Tribu Paiute de Summit Lake, et la Tribu Paiute de Burns au début de l’année, se bat toujours au tribunal pour bloquer la mine de Thacker Pass. Le Congrès National des Indiens d’Amérique a aussi passé plusieurs résolutions contre le projet.

Mais malgré les critiques incessantes, les poursuites en justice et le lobbying de tribus ainsi que de groupes écologistes, de fermiers, de la Société de Préservation Historique de l’Etat du Nevada et du Conseil Consultatif sur la Préservation Historique, la compagnie Lithium Nevada et le Bureau de Gestion du Territoire (BLM) ont refusé d’arrêter la construction ou de changer quel qu’aspect que ce soit de la mine de Thacker Pass.

En février, le BLM a reconnu Thacker Pass comme étant éligible pour le Registre National des Lieux Historiques comme « District Traditionnel Culturel », ou comme un paysage très important pour les tribus.

Mais le jour précédent, ils avaient émis l’engagement final pour Lithium Nevada, permettant à la multinationale canadienne de commencer les opérations de minières complètes.

Comme la construction de la mine commençait, les opposants n’avaient plus d’autres options que d’exercer leur droit de pétitionner le gouvernement en protestant pacifiquement, ce qui a conduit à la poursuite en justice.

Les prévenus sont accusés, dans la plainte, de Conspiration Civile, de Nuisance, d’Effraction, d’Interférence Délictuelle avec des Relations Contractuelles, d’Interférence Délictuelle avec un Avantage Economique Potentiel, et d’Enrichissement Injuste. Ces allégations sont alarmantes pour les communautés Autochtones du Grand Bassin qui croient que leurs pratiques religieuses sont protégées par la Loi sur la Liberté Religieuse des Amérindiens de 1978 [American Indian Religious Freedom Act]. Le langage de la plainte fait naitre la peur dans les cœurs des Autochtones qui veulent prier et visiter les sites funéraires de leurs ancêtres, et dans ceux des écologistes, des naturalistes et des défenseurs de l’environnement qui espèrent protéger l’habitat crucial de Thacker Pass de la destruction.

La requête déposée vendredi indique que la Corporation Lithium Nevada n’a pas fourni de preuve pour leurs allégations que les actions des opposants incluaient de la « violence » et constituaient une « conspiration ». Elle déclare aussi que les prévenus sont « axés sur les résultats » et ont protesté à Thacker Pass avec l’intention « d’influencer les lois et règlements du gouvernement. »

« Lithium Nevada, une corporation minière qui bénéficie de la violence utilisée pour conquérir les peuples Autochtones, essaie d’intimider des protestataires pacifiques qui s’opposent à la destruction de ce site de massacre » dit Will Falk, avocat et accusé dans cette affaire. « Les gens doivent comprendre que les compagnies de lithium – comme les compagnies de charbon ou d’or – utilisent des tactiques racistes et violentes pour intimider l’opposition. »

« C’est vraiment scandaleux que nous vivions dans une société dont la Cour Suprême a accordé des droits constitutionnels à des compagnies d’extraction de ressources, ce qui rend leurs activités destructrices complètement légale et virtuellement protégées du contrôle par Nous le Peuple. Même leur droit de nous poursuivre est un droit de personne morale » dit le prévenu Paul Cienfuegos, directeur fondateur des Droits de la Communauté des Etats-Unis.

Max Wilbert, un autre prévenu dans l’affaire, dit « Extraire du lithium pour des véhicules électriques et des batteries n’est pas vert, c’est ‘laver plus vert’. Ce n’est pas vert, c’est de l’avidité. » [En anglais, « green » opposé à « greed »]

Terry Lodge dit « Les opposants ont pris une position morale sous forme de désobéissance civile. Ils ont été injustement visés par des accusations qui n’ont pas grand-chose à voir avec la vérité, et nous les défendrons vigoureusement. »

Lithium Americas Corporations, la société mère de Lithium Nevada, est copropriétaire d’un projet à Jujuy, en Argentine, où les Autochtones organisent des manifestations de masse contre la saisie et la destruction de terres et d’eau pour du lithium, depuis plusieurs mois.

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Attaqués et terrorisés par la police, leurs Plumes d’Aigle saisies, maintenant, la Secrétaire d’Etat [Ministre] à l’Intérieur, Deb Haaland, leur a brisé le cœur et mis en danger les générations futures. Le Camp Ox Sam sur le site du Massacre de Paiutes.

Par Brenda Norrell
Censored News
21 juin 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

La Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland soutient le forage dans les lieux de sépultures de Paiutes massacrés pour du lithium – et elle dit qu’elle fait le bon choix.

Selon Associated Press, Haaland, dont le service contrôle Thacker Pass, dit que, si elle soutient le droit de manifester pacifiquement, son service est pour la mine parce que « le besoin de faire avancer notre économie d’énergie verte est sans aucun doute important ».

Haaland dit à l’Associated Press que quand son service hérite d’un projet d’un gouvernement précédent, « C’est notre travail de nous assurer que nous faisons les choses selon la science et la loi. »

Cependant, l’Intérieur et un juge fédéral violent des lois fédérales qui protègent les sites religieux et les sépultures des Autochtones, les espèces menacées et leur habitat ; et l’eau souterraine.

Biden, l’Intérieur et le Bureau de Gestion du Territoire (BLM) sont responsables de la profanation et de la destruction, et de l’attaque de la police, qui ont terrorisé les Anciens et les jeunes Autochtones qui protégeaient le site funéraire où des Paiutes avaient été massacrés en 1865.

Le Service du Sheriff de Humboldt et la sécurité privée de Lithium Americas, Allied Universal, ont attaqué le Camp Ox Sam et illégalement confisqué et endommagé des Plumes d’Aigle. Ils ont terrorisé une jeune Diné (Navajo) après l’avoir arrêtée.

Maintenant, la compagnie étrangère, Lithium Americas du Canada, a déposé une plainte contre les Anciens Paiutes et Shoshones et des soutiens, pour avoir prié là-bas et protégé les sites funéraires.

Ils sont le Peuple des Danseurs Fantômes.

Le Faux Tournant Vert

Biden et la Secrétaire à l’Intérieur Haaland soutiennent Lithium Americas qui creuse dans les sites funéraires de Paiutes massacrés – bien que la compagnie étrangère soit actuellement non profitable et perde de l’argent.

Ils violent les lois qui protègent les sites funéraires Autochtones, les espèces menacées et l’eau souterraine de Thacker Pass. La compagnie canadienne utilisera-t-elle sa fortune à venir pour réparer la terre, ramener les plantes et les animaux morts et remplir la nappe phréatique ? Impossible.

La Transition Verte dans la Région de Four Corners sera conduite par l’Industrie de la Bombe Atomique

La région de Four Corners est déjà ravagée par des mines et des centrales au charbon, actuellement fermées, qui ont gravement endommagé la santé des habitants. Et il y a toujours des mines d’uranium abandonnées, mais pas toutes décontaminées. L’usine de traitement de l’uranium de White Mesa fonctionne toujours. Mettre le nucléaire dans la région, où il y a trop peu d’eau pour refroidir des réacteurs, et qui impliquerait l’ouverture de nouvelles mines d’uranium est une « solution » catastrophique. Ch. P.

Deb Haaland avait dit que le Laboratoire National de Los Alamos, Nouveau-Mexique [où furent conçues les bombes d’Hiroshima et Nagasaki] conduirait la « transition verte ». Le laboratoire entretient les armes nucléaires qui y sont entassées.

Voir l’article de Censored News du 30 août 2022.


Ox Sam Camp
Publié par Indigenous Action Media
Le 8 juin 2023
Voir aussi article de Censored News
Traduction Christine Prat

THACKER PASS, Nevada – Mercredi matin, le service du Sheriff du Comté de Humboldt, pour le compte de Lithium Nevada Corporation, a attaqué le Ox Sam Newe Momokonee Nokutun (Camp Ox Sam des Femmes Autochtones), détruisant les deux tipis de cérémonie, malmenant et confisquant des instruments et des objets, et éteignant le feu sacré allumé depuis le 11 mai, jour où l’action de prière conduite par des Grands-mères Paiutes et Shoshones a commencé.

Mercredi, une arrestation a eu lieu, sous la direction de la sécurité de Lithium Nevada. Une jeune protectrice de l’eau Diné [Navajo] a été menottée sans avertissement et chargée dans une boite noire, sans fenêtre, à l’arrière d’un pickup. « J’ai vraiment eu peur pour ma vie » dit la jeune femme. « Je ne savais pas où j’étais ni où j’allais, et je sais que MMIW [Femmes Autochtones Assassinées ou Disparues] est une réalité et je ne voulais pas être la prochaine. » Elle a été transportée à la Prison du Comté de Humboldt, où elle a été mise en accusation d’effraction criminelle et de résistance à l’arrestation, puis libérée sous caution.

Seulement quelques heures avant l’attaque, on pouvait voir les protecteurs de l’eau de Ox Sam résistant courageusement pour la deuxième fois, barrant la route à une lourde excavatrice et fermant la construction au pied du Rocher Sentinel.

Pour beaucoup de Paiutes et de Shoshones, le Rocher Sentinel est un « centre de l’univers », qui fait partie intégralement du mode de vie et des cérémonies de nombreuses Tribus du Nevada, et est aussi un site de plantes médicinales traditionnelles, d’outils et de nourriture depuis des milliers d’années. Thacker Pass est aussi le site de deux massacres de Paiutes et de Shoshones. Les dépouilles des ancêtres massacrés sont restées non-identifiées et non-enterrées depuis 1865, et sont maintenant écrasées par les bulldozers de Lithium Nevada pour un minéral connu comme « le nouvel or blanc. »

Depuis le 11 mai, malgré les nombreuses demandes des ouvriers de Lithium Nevada, le Service du Sheriff du Comté de Humboldt avait été réticent et même peu disposé à arrêter des membres du camp de prière, même après leur avoir envoyé trois avertissements pour bloquer l’accès de la Route de Pole Creek aux ouvriers de Lithium Nevada et contractants, tout en laissant passer le public.

« Nous respectons absolument votre droit de protester pacifiquement, » expliquait le Sheriff du Comté de Humboldt Sean Wilkin le 12 mai. « Nous n’avons aucun problème avec [le tipi] … Nous respectons votre droit d’être ici. »

Le 19 mai, le Sheriff est venu une seconde fois, délivrant des Ordres de Protection Temporaire de 14 jours contre plusieurs individus du camp. Les ordres avaient été accordés par le Tribunal du Comté de Humboldt pour le compte de Lithium Nevada, sur la base de déclarations sous serment pleines de déformations, d’affirmations fausses, et, selon ceux qui étaient visés, d’accusations franchement fausses des employés. Pourtant, Ox Sam Camp a continué pendant une semaine. Les tipis, le feu sacré et les prières sont restés en tout pendant vingt-sept jours de cérémonie et de résistance.

Ce qui se passait à Thacker Pass cette semaine ressemblait à Standing Rock, la Ligne 3 ou Oak Flat, comme les ouvriers de Lithium Nevada et leur équipement lourd essayaient de passer au bulldozer et de creuser leur route à travers les terres cérémonielles autour du tipi au Rocher Sentinel, et que les protecteurs de l’eau mettaient leurs corps en travers du trajet de destruction, forçant le travail à cesser en deux occasions.

Des observateurs ont déclaré que le chef de la sécurité de Lithium Nevada dirigeait les adjoints du Sheriff, indiquant où aller et quoi faire pendant l’attaque.

La propriété et le contrôle de Thacker Pass de Lithium Nevada n’existent qu`à cause d’un permis irrégulier et des approbations administratives contestables délivrés par le Bureau de Gestion du Territoire (BLM). Les officiels du BLM ont refusé de reconnaitre que Peehee Mu’huh est un site sacré pour les Nations Tribales de la région, et ont continué à minimiser et mettre en doute l’importance du double massacre en deux ans de batailles en justice.

Trois Tribus – la Colonie Indienne de Reno-Sparks, la Tribu Paiute de Summit Lake et la Tribu Paiute de Burns – sont toujours en litige en justice avec le Gouvernement Fédéral pour avoir permis la mine. Les tribus ont déposé leur réaction la plus récente à la Motion de Rejet du BLM lundi. Le BLM relève de l’Intérieur, qui est dirigé par Deb Haaland (Pueblo Laguna).

Mercredi, au moins cinq véhicules du bureau du Sheriff, plusieurs véhicules d’ouvriers de Lithium Nevada et deux camions de la sécurité sont arrivés sur le site du premier tipi, où se trouvait le feu cérémoniel, juste à côté de la Route de Pole Creek. Un campeur a été arrêté sans avertissement, et d’autres ont reçu des avertissements pour effraction et ont été autorisés à quitter la zone.

Il y a une façon correcte de démonter un tipi et un camp cérémoniel, et puis il y a la façon dont ont procédé les Sheriffs du Comté de Humboldt, pour le compte de Lithium Nevada. Les tipis ont été abattus, les mâts ont été cassés et ils ont farfouillé dans des objets et instruments cérémoniels, les ont abimés et confisqués. Des tentes vides ont été saisies dans le style d’un raid classique du SWAT [Special Weapons and Tactics, police militarisée]. Une voiture a été embarquée.

Comme ça arrive souvent quand des profits perdus conduisent à des assauts du gouvernement contre des protecteurs de l’eau pacifiques, Lithium Nevada Corporation et les Sheriffs du Comté de Humboldt ont commencé par prétendre que l’attaque avait été faite pour la sécurité des membres du camp et la santé publique.

Josephine Dick (Paiute-Shoshone de Fort McDermitt, à gauche sur la photo), une descendante de Ox Sam et une des matriarches de Ox Sam Newe Momokonee Nokutun, a fait la déclaration suivante en réaction à l’attaque :

« En tant que Vice-Présidente de l’Eglise Indienne Autochtone [Native American Indian Church – non-chrétienne] de l’Etat du Nevada, et Ancienne et membre de la Nation Tribale Paiute-Shoshone, je demande l’accès immédiat à – et la restitution de mes objets cérémoniels, entre autres mes Plumes d’Aigle et le bâton qui ont servi aux prières de mes ancêtres et au camp Ox Sam depuis le début. Il y avait aussi un tambourin cérémoniel et des herbes médicinales, comme du cèdre et du tabac, qui sont protégés par la Loi sur la Liberté Religieuse des Indiens Américains.

« De plus, je crois comprendre que les Sheriffs du Comté de Humboldt et la sécurité de Lithium Nevada ont profané deux tipis cérémoniels, toile, mâts et cordes. Le Ox Sam Newe Momokonee Nokutun a dirigé des prières et la cérémonie dans ces tipis, qui sont aussi protégés par la Loi sur la Liberté Religieuse des Indiens Américains. Quand nos propriétés cérémonielles sont rassemblées autour du feu sacré, c’est notre église. Notre église Autochtone est une cérémonie sacrée. J’exige l’accès immédiat à notre site de prière à Peehee Mu’huh et la restitution de nos objets cérémoniels confisqués.

« La profanation que les Sheriffs du Comté de Humboldt et Lithium Nevada ont dirigé en détruisant les tipis et en fourrageant dans nos objets sacrés, équivaut à saisir une bible, casser La Croix, démolir une cathédrale, manquer de respect au sacrement et refuser aux diacres et aux pasteurs l’accès à leurs lieux de culte, en violation directe de la Loi sur mes droits à la Liberté Religieuse des Indiens Américains. Cette violation de l’accès à notre église et au sol sur lequel elle se trouve est une violation de l’Ordre Exécutif 13007.

« Le lieu où le tipi a été retourné et détruit est au pied du Rocher Sentinel, un endroit où nos Paiutes-Shoshones prient depuis des temps immémoriaux. Après que nous ayons expliqué pendant deux ans que Peehee Mu’huh est sacré, le BLM de Winnemucca a finalement reconnu que Thacker Pass est un District Culturel Traditionnel, mais ils autorisent toujours sa destruction. »

Josephine et d’autres avaient l’intention de faire une déclaration en direct, devant le Bureau du Sheriff du Comté de Humboldt à Winnemucca, vendredi 9 juin après-midi, vers 13h.

Un autre guide spirituel sur les lignes de front, est Dean Barlese, de la Tribu Paiute de Pyramid Lake. Bien qu’il soit dans un fauteuil roulant, Barlese a conduit les prières sur le site le 25 avril, ce qui a conduit Lithium Nevada à arrêter la construction pendant une journée, et est revenu le 11 mai.

« Ceci n’est pas une manifestation, c’est une prière » dit Barlese. « Mais ils ont toujours peur de moi. Ils ont peur de nous, les Anciens, parce qu’ils savent que nous avons raison et qu’ils ont tort. »

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Contexte

Thacker Pass se trouve dans le Nord du Nevada, près de la frontière de l’Oregon, où Lithium Nevada Corporation est dans la première phase de construction d’une mine de lithium à ciel ouvert de 2 milliards de dollars, qui devrait être la plus grande d’Amérique du Nord.

Le lithium est essentiellement destiné à la Corporation General Motors, pour ses batteries de véhicules électriques, que la corporation a le ridicule de prétendre « verts ». Les opposants appellent cela laver plus vert et ont déclaré que « ce n’est pas vert de faire sauter une montagne. »

La Cour Suprême des Etats-Unis a donné à Lithium Nevada et toutes les autres grandes corporations privées, toute une variété de « droits » constitutionnels qui n’avaient jamais été prévus pour du business. Sans ces prétendus « droits » des entreprises, les propriétaires de la mine n’auraient jamais été autorisés à la construire.

Trois tribus Autochtones ont déposé une nouvelle plainte contre le Gouvernement Fédéral, au sujet du projet de mine de lithium à Thacker Pass de Lithium Nevada Corporation, le 16 février 2023. C’est la dernière tentative en justice des deux ans et demi de lutte contre l’extraction, le laver plus vert et les terres sacrées dans le Nord du Nevada.

Les Tribus ont notifié à la Cour d’Appel du 9ème Circuit le 19 mai, qu’ils comptaient faire appel pour leur Motion demandant une Injonction Préliminaire qui avait été rejetée par une Cour plus basse début mars. Quatre groupes écologistes qui ont perdu en justice en janvier, ont également fait appel devant la Cour d’Appel du 9ème Circuit et pensent être entendus en juin.


Ox Sam Camp
Publié par Censored News
Et Indigenous Action Media
7 juin 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

DERNIÈRES NOUVELLES : LES DEUX CAMPS ONT ÉTÉ PRIS PAS LES FLICS ET LE TIPI A ÉTÉ DÉMONTÉ PAR LE BUREAU DE GESTION DU TERRITOIRE

OROVADA, Nevada – Le 7 juin au matin, un groupe de défenseurs du territoire, Autochtones et alliés, ont bloqué de façon non-violente la construction controversée de la mine de Thacker Pass et ont fait faire demi-tour aux bulldozers.

Ça a tourné au drame quand des ouvriers ont essayé de creuser des tranchées près du Rocher Sentinel et ont été refoulés par des défenseurs du territoire qui se sont jetés entre les machines et le site.

Maintenant, ils sont arrêtés et le camp est attaqué.

Les Paiutes du Nord et les Shoshones de l’Ouest considèrent Thacker Pass comme sacré. Alors, quand ils ont appris que la zone devait devenir la plus grande mine de lithium à ciel ouvert d’Amérique du Nord, ils ont déposé des plaintes en justice, organisé des rassemblements, se sont exprimés au cours d’audiences publiques et ont organisé la communauté. Mais malgré tous leurs efforts des trois dernières années, la construction de la mine a commencé en mars.

C’est ce qui a conduit des Anciens Autochtones, leurs amis et leurs familles, des protecteurs de l’eau et leurs soutiens, à établir ce qu’ils appellent un « camp de prière et de feu cérémoniel » à Thacker Pass, le 11 mai 2023, lorsqu’ils ont monté un tipi à l’aube pour bloquer la construction d’un tuyau d’eau pour la mine. Un deuxième tipi a été érigé quelques jours plus tard, à 3,2 km à l’est, où la construction par Lithium Nevada défigure le Rocher Sentinel, un de leurs sites sacrés les plus importants.

Le Rocher Sentinel fait partie intégrale de la vision du monde et des cérémonies de nombreuses Tribus du Nevada. La zone a été le site de deux massacres de Paiutes et de Shoshones. Le premier a eu lieu au cours d’un conflit intertribal qui a donné au site son nom Paiute : Peehee Mu’huh, ou Lune Pourrie.

Le second massacre a été une attaque surprise de la Cavalerie des Etats-Unis, le 12 septembre 1865, au cours de laquelle l’Armée U.S. a tué des dizaines de personnes. L’un des rares survivants de l’attaque était un homme appelé Ox Sam.

Ce sont des descendantes de Ox Sam, des Grands-mères, qui ont formé le Ox Sam Newe Momokonee Nokotun (Camp des Femmes Autochtones), pour protéger cette terre sacrée, pour ceux qui ne sont pas encore nés, pour honorer et protéger les restes de leurs ancêtres, et conduire des cérémonies. Des protecteurs de l’eau ont été en prière sur le site pendant près d’un mois.

Le lundi, Lithium Nevada Corporation avait aussi essayé de faire une brèche dans l’espace occupé par les protecteurs de l’eau. Comme des ouvriers manœuvraient de l’équipement pour creuser des tranchées dans une vallée entre les deux tipis, des protecteurs de l’eau s’approchèrent et forcèrent pacifiquement les ouvriers et leurs excavatrices à quitter la zone.

Selon un défenseur anonyme, l’action de Lithium Nevada était « une tentative de démonstration de force, pour en finir avec notre tipi et notre camp de prière près du Rocher Sentinel. »

Des fermiers, des amateurs d’excursions et des membres du public ont été autorisés à passer sans incidents et les protecteurs de l’eau ont toujours des relations amicales avec les résidents locaux. L’opposition à la mine est très étendue dans la région, et malgré des avertissements du sheriff, il n’y avait pas eu d’arrestations.

Quatre personnes, parmi lesquelles il y avait Doreece Sam Antonio, de la réserve Paiute-Shoshone de Fort McDermitt (une descendante de Ox Sam) et Max Wilbert de Protect Thacker Pass, avaient reçu des ordres du tribunal leur interdisant les lieux. Ils attendent une convocation de la Cour de Justice du Comté de Humboldt.

« Lithium Nevada barricade les alentours du site sacré du Rocher Sentinel, pour perturber notre accès, et hier il y a eu une escalade pour justifier l’évacuation de nos camps de prière pacifiques, » dit un protecteur de l’eau anonyme du Camp Ox Sam.

« Lithium Nevada a l’intention de profaner et de passer au bulldozer les restes de nos ancêtres. Nous appelons tous les protecteurs de l’eau, tous les défenseurs du territoire, des avocats, des experts en droits humains et des représentants de Nations Tribales à venir nous soutenir. »

« Je suis menacée d’arrestation pour avoir protégé les tombes de mes ancêtres », dit Doreece Sam Antonio.

« Mon arrière-arrière-grand-père Ox Sam était l’un des survivants du massacre de Thacker Pass de 1865, qui a eu lieu ici. Les membres de sa famille ont été tués ici même, alors qu’ils s’enfuyaient devant l’Armée U.S. Ils n’ont jamais été enterrés. Ils sont toujours ici. Et maintenant ces bulldozers défoncent cet endroit. »

Un autre guide spirituel sur les lignes de front, est Dean Barlese, un dirigeant spirituel de la Tribu Paiute de Pyramid Lake. Bien qu’il soit dans un fauteuil roulant, Barlese a conduit les prières sur le site le 25 avril (ce qui a conduit Lithium Nevada à arrêter la construction pendant une journée) et est revenu le 11 mai.

« Je demande aux gens de venir à Peehee Mu’huh » dit Barlese. « Nous avons besoin de plus de gens qui prient. Je suis ici parce que j’ai des connexions avec ces lieux. Mes arrière-arrière-grands-pères se sont battus et ont versé leur sang pour ces terres. Nous défendons le sacré. L’eau est sacrée. Sans eau, il n’y a pas de vie. Et un jour, vous vous apercevrez que vous ne pouvez pas manger de l’argent. »

Le massacre de Thacker Pass de 1865 est bien connu, il y a beaucoup de sources historiques, de livres, de journaux et des histoires orales. Malgré l’évidence, mais pas surprenant, le Gouvernement Fédéral n’a pas protégé Thacker Pass, ni même ralenti la construction de la mine pour permettre de consulter les Tribus. Fin février, le Gouvernement Fédéral a reconnu les arguments selon lesquels Thacker Pass est un « District Culturel Traditionnel », éligible pour figurer dans le Registre National de Sites Historiques. Mais ça n’a pas empêché la construction de commencer.

« Ceci n’est pas une manifestation, c’est une prière » dit Barlese. « Mais ils ont toujours peur de moi. Ils ont peur de nous, les Anciens, parce qu’ils savent que nous avons raison et qu’ils ont tort. »

Ox Sam Camp – oxsamcamp sur Instagram :

Le 7 juin 2023, l’opérateur de l’équipement lourd de Lithium America nous a vus approcher, a accéléré et balancé le bras de l’excavatrice en direction des Protecteurs Autochtones qui défendaient le site sacré Paiute Shoshone connu comme le Rocher Sentinel, à Pee’hee Mu’huh (Lune Pourrie), Thacker Pass.

[…]

Cette seconde tentative de la Corporation de sauter plusieurs kilomètres pour accélérer la construction sert à justifier la suppression des camps de prière, en détruisant de grands volumes de propriétés culturelles et historiques, à la base du site sacré.

Le Camp Ox Sam représente notre droit, selon nos droits du 1er amendement, de nous rassembler sur la ligne d’approvisionnement en eau, pour empêcher que 6,5 milliards de litres d’eau ne soient volés aux tribus, aux animaux et aux fermiers locaux au cours des 40 années à venir.

Les membres de la Nation Tribale Paiute Shoshone et tous les autres protecteurs Amérindiens, ont le droit inaliénable, selon la Loi et l’Ordre Exécutif 13007 sur la Liberté de Religion des Amérindiens, de maintenir l’accès et de déterminer par nos droits d’assemblée, la prévention de toute profanation qui détruirait irrémédiablement nos sites sacrés de prière et de pratique religieuse, et d’y maintenir notre accès en empêchant sa destruction.

De plus, à part les droits humains du peuple Paiute Shoshone de déterminer ce qui doit et ne doit pas arriver sur leur territoire, le droit inaliénable de procéder à une cérémonie au pied du site sacré et dans tout Pee’hee Mu’huh, arrive à un moment où les esprits de ceux qui sont tombés au cours du massacre, et les esprits des animaux et des pouvoirs de la terre doivent être reconnus et soutenus par la prière.

Si ces droits des Autochtones d’Amérique sont violés ici, ils le sont partout ailleurs. Si ce site sacré tombe, victime d’un puits de mine à ciel ouvert, tous nos sites sacrés sont vulnérables. Si les ossements de Paiutes Shoshones sont profanés, tous les ancêtres d’Autochtones pourraient l’être.

Venez au Camp ! Amenez Deb Haaland ! Soutenez Ox Sam !

Doreece Sam, avec les papiers du bureau du Sheriff la menaçant d arrestation

Communiqué du Camp Ox Sam
Publié par Max Wilbert
25 mai 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Aujourd’hui, je partage un communiqué de presse publié par Ox Sam Newe Momokonee Nokutun (Indigenous Women’s camp), à Thacker Pass.

Max Wilbert

OROVADA, Nevada – Depuis près de deux ans et demi, des tribus et des dirigeants Amérindiens essaient d’arrêter le projet de mine de lithium à Thacker Pass, une mine à ciel ouvert qui détruira un site sacré. Mais malgré les poursuites en justice, les rassemblements, les audiences et l’organisation de la communauté, Lithium Nevada Corporation a commencé la construction de la mine sur le lieu que les Paiutes appellent « Peehee Mu’huh », ou lune pourrie.

Mais la construction ne s’est pas déroulée sans opposition.

Le 11 mai (2023), des Autochtones Paiute-Shoshone et d’autres tribus de la région, ont monté un Tipi à Thacker Pass et commencé à prier sur la piste où se construit la conduite d’eau de Lithium Nevada. Des groupes d’Autochtones et d’alliés bloquent l’accès de la circulation de véhicules à des portions du site de construction, depuis plus d’une semaine.

Parmi ceux qui sont sur le site, il y a Doreece Sam, membre de la Tribu Paiute-Shoshone de Fort McDermitt et présidente de l’Église Amérindienne de l’état du Nevada. Vendredi, le Sheriff du Comté de Humboldt lui a fait parvenir des papiers la menaçant d’arrestation si elle ne quittait pas le site.

« Je suis menacée d’arrestation parce que je protège les tombes de mes ancêtres » dit-elle. « Mon arrière-arrière-grand-père Ox Sam était l’un des survivants du massacre qui a eu lieu à Thacker Pass en 1865. Sa famille a été tuée ici-même en tentant d’échapper à l’Armée des Etats-Unis. Ils n’ont jamais été enterrés. Ils sont toujours ici. Et maintenant, ces bulldozers déchirent le lieu. »

Le camp de prière a été érigé le 11 mai et nommé Ox Sam Newe Momokonee Nokotun (« Camp de Femmes Autochtones ») en l’honneur de Ox Sam et ses descendants. Des visiteurs de tribus Autochtones et d’autres protecteurs de la terre sont entrés et sortis du site toute la semaine.

Un autre dirigeant spirituel des lignes de front, est Dean Barlese, un dirigeant spirituel de la Tribu Paiute de Pyramid Lake. Bien qu’il soit en fauteuil roulant, Barlese a conduit les prières sur le site le 25 avril (ce qui a conduit Lithium Nevada à cesser la construction pour une journée) et il y est revenu le 11 mai.

« Je demande aux gens de venir à Peehee Mu’huh » dit-il. « Nous avons besoin de plus de gens qui prient. Je suis ici parce que j’ai des connexions avec ces lieux. Mes grand-grand-grand grands-pères ont combattu et versé leur sang sur ces terres. Nous défendons le sacré. L’eau est sacrée. Sans eau, il n’y a pas de vie. Et un jour, vous vous apercevrez qu’on ne peut pas manger de l’argent. »

Josephine Dick, Mary McCloud, Elvida Crutcher, Anciennes au Camp Ox Sam transmettant des histoires orales sur le lieu.

Il y a beaucoup d’informations sur le massacre de Thacker Pass, dans des sources historiques, des livres, des journaux et des histoires orales. Malgré l’évidence, mais pas surprenant, le Gouvernement Fédéral n’a pas protégé Thacker Pass, ni même ralenti la construction de la mine pour permettre une consultation avec les Tribus. Fin février, le Gouvernement a reconnu les arguments tribaux selon lesquels Thacker Pass est un « District Culturel Traditionnel ». Mais ça n’a pas empêché la construction de commencer.

Trois autres soutiens ont également été menacés d’arrestation au cours de la semaine passée – le cofondateur de Protect Thacker Pass Max Wilbert, le directeur et fondateur de ‘Droits de la Communauté Etats-Unis’, Paul Cienfuegos, et le documentaliste et vidéographe Chuck Banner. Les trois sont blancs et ne sont pas dirigeants du Camp Ox Sam, mais ils étaient présents sur le site et ont suivi les directives des Anciens Autochtones. Le fait de s’en prendre à des non-Autochtones a conduit des observateurs à supposer que Lithium Nevada Corporation cherche à tout prix à éviter de discuter des craintes des Autochtones.

« Ceci n’est pas une manifestation, c’est une prière » dit Barlese. « Mais je leur fais toujours peur. Ils ont peur de tous les Anciens, parce qu’ils savent que nous avons raison et qu’ils ont tort. »

Jeudi, un deuxième Tipi a été monté, à quelques kilomètres du premier, et d’autres soutiens sont arrivés au Camp Ox Sam.

La construction à plein régime devant commencer en juin, le conflit entre la soi-disant « extraction verte » et les protecteurs de la terre et de l’eau pourrait ne faire que commencer.

Le contexte

Thacker Pass est situé dans le nord du Nevada, près de la frontière de l’Oregon, où Lithium Nevada Corporation est dans la première phase de construction d’une mine à ciel ouvert de 2 milliards de dollars, qui devrait être la plus grande d’Amérique du Nord. Le lithium doit principalement servir aux batteries de véhicules électriques de General Motors, ce que la compagnie nomme ridiculement « vert ». Les opposants à la mine appellent cela ‘laver plus vert’ et ont déclaré que « ce n’est pas ‘vert’ de faire sauter une montagne. »

La Cour Suprême des Etats-Unis a donné à Lithium Nevada et d’autres compagnies une série de « droits » constitutionnels qui n’avaient jamais été prévus pour servir le business. Sans ces soi-disant « droits » des entreprises, les propriétaires de la mine n’auraient jamais été autorisés à la construire.

Trois Tribus Autochtones ont déposé une nouvelle plainte contre le Gouvernement Fédéral pour la mine de lithium projetée à Thacker Pass par Lithium Nevada Corporation, le 16 février 2023. C’était le dernier acte en justice de la lutte de deux ans et demi contre la mine, le ‘laver plus vert’ et pour la terre sacrée dans le nord du Nevada.

Les Tribus ont notifié à la Cour d’Appel du 9ème Circuit le 19 mai, qu’elles avaient l’intention de faire appel pour leur Motion demandant une Injonction Préliminaire, qui avait été rejetée par un Tribunal de Première Instance début mars. Quatre groupes écologistes, qui avaient aussi perdu en janvier, ont aussi fait appel auprès de la Cour d’Appel du 9ème Circuit et devraient être entendus en juin.


Par Max Wilbert
17 février 2023
Également publié par Censored News
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Pour les lieux cités, voir carte en bas de l’article

RENO, Nevada – Trois tribus Amérindiennes ont déposé une nouvelle plainte contre le Gouvernement Fédéral à propos d’un projet de mine de lithium à Thacker Pass de la compagnie Lithium Nevada Corporation. C’est la dernière action en date de ce qui est maintenant une lutte de deux ans contre l’extractivisme, le ‘laver plus vert’ et pour les terres sacrées du Nord du Nevada.

La plainte, déposée par la Colonie Indienne de Reno-Sparks, la Tribu Paiute de Burns et la Tribu Paiute de Summit Lake à la Cour de District Fédérale jeudi soir, comprend trois principales allégations.

Premièrement, les tribus affirment que le Bureau de Gestion du Territoire (BLM) a gardé secrètes des informations cruciales du Bureau de Préservation Historique de l’état du Nevada et a menti sur la portée de la consultation tribale afin de s’assurer un acquiescement légal sur les propriétés historiques de Thacker Pass.

Deuxièmement, les tribus affirment que Lithium Nevada, avec la complicité du BLM, a menti sur l’abandon d’une série de vieux permis pour des activités minières à Thacker Pass. De plus, les tribus disent que le BLM, sans notifier les tribus ou le public, a étendu des dizaines de fois les autorisations de permis précédents, permettant à Lithium Nevada d’entreprendre des activités préliminaires à la construction d’une mine, qui endommagent les propriétés culturelles traditionnelles de Thacker Pass.

Troisièmement, la plainte avance que le BLM a menti sur une consultation avec les Tribus avant de publier leur Rapport de Décision et que l’agence a continuellement refusé d’admettre les faits historiques oraux et écrits présentés par les Tribus, concernant le caractère sacré et l’importance culturelle de Thacker Pass.

Au total, la plainte affirme que le BLM a violé la Loi sur la Politique Fédérale du Territoire, la Loi Nationale sur la Préservation Historique et la Loi de Politique Nationale Environnementale, et est aussi coupable de Rupture de Contrat.

Cette plainte vient juste une semaine après que la Juge Miranda Du ait tranché largement en faveur de Lithium Nevada et du BLM, dans une affaire précédente concernant des plaintes déposées en 2021 par des groupes environnementaux, un rancher local, et deux tribus Amérindiennes (la Colonie Indienne de Reno-Sparks et la Tribu Paiute de Burns).

Cependant, cette affaire ne portait que sur le évènements et les informations d’avant le 15 janvier 2021, jour où le BLM a publié son Rapport de Décision (ROD) – principal permis fédéral – pour le projet de mine de lithium de Thacker Pass. Les plaintes des tribus ont été restreintes par cette limite, qui a empêché des preuves cruciales d’être entendues – preuves qui figurent intégralement dans la nouvelle plainte.

La nouvelle plainte est renforcée par la participation de la Tribu Paiute de Summit Lake, une des Tribus que le BLM prétend avoir consultée avant de publier son Rapport de Décision. Summit Lake et les deux autres tribus que le BLM prétend avoir consultées (la Colonie Indienne de Winnemucca et la Tribu Paiute-Shoshone de Fort McDermitt) contestent l’assertion du BLM qu’une quelconque consultation ait eu lieu. (La Colonie Indienne de Winnemucca avait déposé pour intervenir dans l’affaire précédente, mais avait été empêchée d’y prendre part par la Juge Du, pour avoir cherché à intervenir trop tard.)

Les trois tribus considèrent Thacker Pass, ‘Peehee Mu’Huh’ en Paiute, comme sacré et comme site culturel important qui est utilisé pour cueillir des plantes comestibles et médicinales, chasser et pêcher, tenir des cérémonies, camper, et pour le mode de vie quotidien des Paiutes et Shoshones. Beaucoup d’histoires orales, transmises de génération en génération parmi les communautés Autochtones de la région, en disent long sur l’importance de cette zone.

Thacker Pass est aussi le site de deux massacres de Paiutes – l’un qui s’est produit avant la colonisation, au cours d’un raid intertribal, et le second qui a eu lieu le 12 septembre 1865, au cours duquel des troupes fédérales ont massacré entre 31 et 50 Paiutes, hommes, femmes et enfants, dans une attaque-surprise à l’aube.

Une grande partie de cette histoire a été rassemblée pour la première fois dans un rapport ethnologique extensif commandé par la Colonie Indienne de Reno-Sparks et la Tribu Paiute de Summit Lake, et intitulé « Thacker Pass/Peehee Mu’Huh : Un Monument Vivant à l’Histoire et la Culture Numu. » Les tribus ont soumis ce rapport au Département de l’Intérieur le 3 février dernier, dans le cadre d’une demande de placer le site du massacre de 1865 et tout Thacker Pass, que les tribus appellent le « District Culturel Traditionnel de Thacker Pass, dans le Registre National des Lieux Historiques. (Numu est le nom que se donnent les Paiutes du Nord.)

Arlan Melendez, Président de la Colonie Indienne de Reno-Sparks :

« Quand la décision sur l’affaire précédente a été rendue publique, la semaine dernière, nous avons dit que nous continuerions à défendre notre site sacré PeeHee Mu’Huh. Un lieu où, avant la colonisation, tous nos ancêtres Paiutes et Shoshones vivaient depuis d’innombrables générations. Et à cet endroit même, ils ont été massacrés (et jamais inhumés convenablement pour reposer) par la Cavalerie des Etats-Unis. C’est un lieu où tous les Paiutes Shoshones continuent à prier, cueillir des plantes médicinales et comestibles, à honorer nos parents non-humains, à honorer notre eau, à honorer notre mode de vie, à honorer nos ancêtres.

Nous avons un contentieux avec la plus grande mine de lithium du pays et l’expansion de plus de 40 autres concessions de lithium envisagées pour l’état du Nevada. Ils auraient dû le notifier aux Tribus plus tôt. La procédure d’attribution de permis pour Thacker Pass n’a pas été faite correctement. Le BLM prétend avoir le droit de décider à son gré qui informer et qui consulter. Ils n’ont contacté que 3 des 22 tribus qui ont des liens importants avec Thacker Pass.

L’une des premières actions du Gouvernement Biden, lorsqu’il est entré en fonctions, a été de rendre prioritaire ‘la consultation régulière, significative et solide’ avec les Tribus. Ça ne s’est pas produit pour Thacker Pass, et il faut que le Gouvernement Fédéral corrige cela. Notre histoire, notre culture, notre peuple et nos sites sacrés doivent être protégés. »

Diane Teeman, Directrice du Département de la Culture & de l’Héritage, Présidente du Conseil Tribal, Tribu Paiute de Burns :

« Thacker Pass est connu comme un lieu spirituellement puissant, à cause de la présence des dépouilles d’Ancêtres tribaux et de leurs esprits. Notre histoire orale Paiute nous dis que nous, les Paiutes, vivons dans cette région depuis avant la formation des Montagnes Cascade. Notre peuple suit les lois tribales traditionnelles non-écrites et une philosophie de la vie qui exige que nous respections toutes les autres choses vivantes, entre autres les plantes, les animaux, les minéraux, etc. Nos voies traditionnelles demandent que nous vivions en réciprocité avec toutes les autres choses et ne nous mettions jamais, en tant que faibles humains, au-dessus des autres. Pour cette raison, notre loi tribale traditionnelle non-écrite exige que nous fassions tout ce qui est en notre pouvoir pour les protéger. Seule la Tribu et ses membres peuvent parler de l’importance d’une région pour la Tribu. »

Will Falk, avocat représentant la Colonie Indienne de Reno-Sparks et la Tribu Paiute de Summit Lake :

« Le BLM a accéléré son étude du Projet de Mine de Lithium de Thacker Pass et a été si vite qu’il a commis plusieurs erreurs, entre autres ne pas avoir cité le site du massacre du 12 septembre 1865, bien qu’il soit en possession de descriptions de ce massacre dans ses propres fichiers du Bureau Général du Territoire. Les Tribus ont notifié au BLM l’importance culturelle, spirituelle et historique de Thacker Pass, mais le BLM continue à refuser d’admettre ces informations. Le fait que le BLM n’ait pas reconnu les informations que les Tribus ont fournies sur l’importance de Thacker Pass n’a pas été pris en compte par le tribunal lors de la précédente affaire. Le BLM a commis plusieurs violations de la loi fédérale depuis la première plainte déposée en 2021. Mes clients et moi-même attendons de pouvoir dénoncer les artifices que le BLM a employé contre les Tribus pour le Projet de Thacker Pass. »

Michon Eben, Agent de la Préservation Historique Tribale de la Colonie Indienne de Reno-Sparks :

« L’une des responsabilités du Gouvernement Fédéral est de déterminer si un projet de mine peut affecter négativement des propriétés historiques. Les propriétés historiques incluent les sites de massacres d’Amérindiens. Le BLM a failli à sa responsabilité envers les tribus et maintenant le lieu de repos final de nos ancêtres est en train d’être détruit à Peehee Mu’Huh. Comment se fait-il que, quand les tombes de nos ancêtres sont menacées, c’est du ‘business as usual’ ? Nous exigeons le respect mutuel pour nos parents morts et leur lieu de repos éternel. Le BLM et les archéologues non-Autochtones n’ont pas les connaissances pour déterminer si une propriété a une importance religieuse ou culturelle pour une tribu. Les tribus Amérindiennes sont les experts spécifiques de notre culture et Peehee Mu’Huh/Thacker Pass est important pour les tribus de la région et pour l’Histoire Américaine. »

Shelley Harjo, Membre de la Tribu de Fort McDermitt :

« Sommes-nous prêts à sacrifier des sites sacrés, notre santé et l’équilibre interne pour des gains économiques à court terme, alors que des compagnies gigantesques créent une richesse incommensurable, épuisent les ressources et laissent nos générations futures supporter le désordre que la mine de Thacker Pass laisserait derrière elle ? Je ne croirai jamais que ce soit la meilleure méthode pour une vie plus verte et beaucoup d’autres Autochtones dans notre région ne le croient pas non plus. Mes parents âgés qui sont allés pêcher ou cueillir des plantes médicinales à Thacker Pass ont été suivis et harcelés par la sécurité privée de Lithium Nevada, et disent maintenant qu’ils ne se sentent plus en sécurité dans leur propre terre ancestrale. C’est une tactique brutale inacceptable contre des femmes âgées par une compagnie minière étrangère qui n’a rien à faire ici. »

Max Wilbert, Protect Thacker Pass :

« Le réchauffement climatique est un problème sérieux et nous ne pouvons pas continuer à brûler des carburants fossiles, mais détruire des montagnes pour du lithium est aussi désastreux que détruire des montagnes pour du charbon. Vous ne pouvez pas faire sauter une montagne et dire que c’est ‘vert’. »

Le projet de mine de Thacker Pass est devenu emblématique de ce que les critiques appellent une transition précipitée vers « l’énergie verte » qui reproduit beaucoup des problèmes posés par l’industrie des carburants fossiles, qui conduisent à des dommages environnementaux énormes et frappent les communautés en première ligne. Les opposants de Thacker Pass disent qu’ils ne défendent pas les carburants fossiles, mais sont en faveur de la protection de la Terre. Lithium Nevada affirme que sa mine de lithium sera essentielle pour produire des batteries pour combattre le réchauffement climatique, et le gouvernement Biden avait déjà montré un certain soutien pour Thacker Pass. Les opposants au projet appellent cela « laver plus vert », et soulignent que le projet affecterait un habitat important pour la vie sauvage et créerai une pollution importante, entre autres des gaz à effet de serre. Ils disent que les voitures électriques sont dangereuses pour la planète et qu’une approche différente est nécessaire pour faire face à la crise climatique.

General Motors a récemment passé un accord d’écoulement avec Lithium Americas, la compagnie mère de Lithium Nevada, pour acheter pour 650 millions de dollars d’actions et acheter le lithium produit à Thacker Pass. Des médias ont déclaré que l’accord dépendait des résultats de la poursuite en justice précédente. Pour le moment, il n’est pas clair quel sera l’effet de la nouvelle plainte sur l’accord de General Motors.

Devant la Cour Fédérale de Reno, en janvier 2023


« Nous nous attendions à cette décision depuis quelque temps, » dit Arlan Melendez, Président de la Colonie Indienne de Reno-Sparks. « Ça ne veut pas dire que la consultation n’a pas été faite correctement, et ça ne veut pas dire que ce combat est terminé. Nous continuerons à défendre ce site sacré. »

Par la Colonie Indienne de Reno-Sparks
Contacts : Bethany Sam, Will Falk, Max Wilbert
Publié par Censored News
le 8 février 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

RENO, Nevada – Lundi [6 février 2023], la Juge Miranda Du a prononcé sa décision dans les affaires concernant Thacker Pass, entre autres la poursuite en justice de la Colonie Indienne de Reno-Sparks et de la Tribu Paiute Burns contre le Bureau de Gestion du Territoire.

La Juge Du s’est prononcée contre la Colonie Indienne de Reno-Sparks et tous les autres plaignants, à part sur un argument limité. Elle a trouvé que le Bureau de Gestion du Territoire (BLM) n’avait pas vérifié si Lithium Nevada possédait des droits valides sur les minéraux pour 527 hectares sur les 7300 que la mine devrait couvrir. La Juge a autorisé les travaux pour le reste de la mine, tandis que le BLM vérifie si Lithium Nevada possède ces droits.

« Nous nous attendions à cette décision depuis quelque temps, » dit Arlan Melendez, Président de la Colonie Indienne de Reno-Sparks. « Ça ne veut pas dire que la consultation n’a pas été faite correctement, et ça ne veut pas dire que ce combat est terminé. Nous continuerons à défendre ce site sacré. »

L’avocat de la Colonie Indienne de Reno-Sparks, Will Falk, dit au cours d’une déclaration « La loi est une tactique limitée – spécialement dans les affaires de mines sur des terres publiques, où la loi présume que les entreprises minières ont un droit d’extraction. Si nous voulons vraiment protéger Thacker Pass, nous allons devoir faire plus que des poursuites en justice et plaider au tribunal. Nous ne pouvons pas compter sur le gouvernement ou un juge pour protéger Thacker Pass. Nous devrons le faire nous-mêmes. »

Will Falk est co-fondateur de Protéger Thacker Pass, qui a dirigé un camp de protestation sur le site pendant presque toute l’année 2021.

Thacker Pass, Peehee Mu’Huh en Paiute, est un site sacré pour les tribus de la région dont les ancêtres ont vécu là depuis des milliers d’années, et y ont été massacrés au XIXème siècle. C’est aussi un habitat vital pour la vie sauvage, entre autres des antilopes d’Amérique, des tétras des armoises [grouses], des aigles royaux, des cerfs mulets et une espèce menacée d’escargots d’eau appelée Pyrg de King’s River.

Lithium Nevada affirme que sa mine de lithium sera essentielle pour produire des batteries, afin de combattre le réchauffement climatique, et le gouvernement Biden avait déjà indiqué soutenir dans une certaine mesure le projet de Thacker Pass. Les opposants au projet appellent cela « Laver plus vert », soulignant que le projet endommagerait un habitat sauvage important et créerait une pollution significative. Ils disent que les véhicules électriques sont toujours nocifs pour la planète.

Les Autochtones du Nevada, déjà décimés par plus de 1000 tests de bombes atomiques, sont maintenant menacés par la « ruée vers le lithium » déclenchée par les fausses promesses des batteries électriques. Ils veulent attirer l’attention sur leur situation. C’est particulièrement important en France, où les médias officiels ne cessent de faire croire que le Nevada est un désert quasiment inhabité.
Christine Prat

COURSE-PRIÈRE JUSQU’À WASHINGTON POUR PROTÉGER PEEHEE MU’HUH (THACKER PASS)

Par Protect PeeHee Mu’Huh (Tacker Pass)
Course-prière jusqu’à Washington D.C.
Publié par Censored News
le 16 avril 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Le 8 avril 2022, un groupe de coureurs prieurs conduits par Gary McKinney et Ky NoHeartInWar, ont quitté la région de la Nation Paiute près de Fort McDermitt, dans le nord du Nevada, à Thacker Pass (PeeHee Mu’Huh – Lune Pourrie) avec comme destination finale le Ministère de l’Intérieur et la Maison Blanche, à Washington D.C.

Le but de leur course est de faire prendre conscience à tous du projet de destruction de ce site cérémoniel et culturel, situé au cœur des Nations Paiute et Shoshone de l’Ouest. Non seulement des cérémonies ont lieu sur ce site, mais c’est aussi le lieu de multiples massacres impliquant non seulement la Cavalerie des Etats-Unis, mais aussi d’autres tribus Autochtones voisines, ce qui a conduit à ce que ce lieu devienne une terre de sépultures.

La Lithium Nevada Corporation, par l’intermédiaire du Bureau d’Aménagement du Territoire, est en passe d’obtenir cette terre pour une mine à ciel ouvert, qui doit devenir une des plus grandes mines à ciel ouvert du monde. Grâce à la Loi sur la Production de Défense, passée au début de l’année, ils ont obtenu des permis, et une approbation dans un délai adéquat, ce qui a porté un coup dévastateur aux actes juridiques conçus pour protéger notre passé, notre présent et notre avenir en tant que nation culturelle. La compagnie et les entités gouvernementales ont choisi d’ignorer la Loi de 1990 sur la Protection des Tombes Amérindiennes et de Rapatriement [NAGPRA], la Loi de Rapatriement, la Loi sur la Liberté Religieuse de 1978 promulguée par le Président Carter, et la Loi sur les Antiquités ; toutes sont conçues pour nous protéger en tant que nations souveraines.

De plus, non seulement cette compagnie cherche à détruire ce site sacré, mais elle a aussi l’intention de détruire les habitats des aigles chauves et des aigles royaux au cours de ce projet. Nous ne pouvons pas laisser faire cela sans faire prendre largement conscience de leurs intentions.

En tant que peuple culturel, c’est notre façon de tracer la voie de 7 générations derrière nous. Ceci étant dit, nous ne pouvons pas autoriser les pouvoirs gouvernementaux à empiéter sur des frontières officiellement reconnues, et c’est au peuple de préserver les lois du territoire, des traités et des accords entre ces deux nations souveraines.

C’EST UNE TERRE SACRÉE

Veuillez agréer…,

Les Coureurs Prieurs de PeeHee Mu’Huh

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projets de mines de lithium dans le sud-ouest des USA