Ox Sam Camp
Publié par Indigenous Action Media
Le 8 juin 2023
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Traduction Christine Prat
THACKER PASS, Nevada – Mercredi matin, le service du Sheriff du Comté de Humboldt, pour le compte de Lithium Nevada Corporation, a attaqué le Ox Sam Newe Momokonee Nokutun (Camp Ox Sam des Femmes Autochtones), détruisant les deux tipis de cérémonie, malmenant et confisquant des instruments et des objets, et éteignant le feu sacré allumé depuis le 11 mai, jour où l’action de prière conduite par des Grands-mères Paiutes et Shoshones a commencé.
Mercredi, une arrestation a eu lieu, sous la direction de la sécurité de Lithium Nevada. Une jeune protectrice de l’eau Diné [Navajo] a été menottée sans avertissement et chargée dans une boite noire, sans fenêtre, à l’arrière d’un pickup. « J’ai vraiment eu peur pour ma vie » dit la jeune femme. « Je ne savais pas où j’étais ni où j’allais, et je sais que MMIW [Femmes Autochtones Assassinées ou Disparues] est une réalité et je ne voulais pas être la prochaine. » Elle a été transportée à la Prison du Comté de Humboldt, où elle a été mise en accusation d’effraction criminelle et de résistance à l’arrestation, puis libérée sous caution.
Seulement quelques heures avant l’attaque, on pouvait voir les protecteurs de l’eau de Ox Sam résistant courageusement pour la deuxième fois, barrant la route à une lourde excavatrice et fermant la construction au pied du Rocher Sentinel.
Pour beaucoup de Paiutes et de Shoshones, le Rocher Sentinel est un « centre de l’univers », qui fait partie intégralement du mode de vie et des cérémonies de nombreuses Tribus du Nevada, et est aussi un site de plantes médicinales traditionnelles, d’outils et de nourriture depuis des milliers d’années. Thacker Pass est aussi le site de deux massacres de Paiutes et de Shoshones. Les dépouilles des ancêtres massacrés sont restées non-identifiées et non-enterrées depuis 1865, et sont maintenant écrasées par les bulldozers de Lithium Nevada pour un minéral connu comme « le nouvel or blanc. »
Depuis le 11 mai, malgré les nombreuses demandes des ouvriers de Lithium Nevada, le Service du Sheriff du Comté de Humboldt avait été réticent et même peu disposé à arrêter des membres du camp de prière, même après leur avoir envoyé trois avertissements pour bloquer l’accès de la Route de Pole Creek aux ouvriers de Lithium Nevada et contractants, tout en laissant passer le public.
« Nous respectons absolument votre droit de protester pacifiquement, » expliquait le Sheriff du Comté de Humboldt Sean Wilkin le 12 mai. « Nous n’avons aucun problème avec [le tipi] … Nous respectons votre droit d’être ici. »
Le 19 mai, le Sheriff est venu une seconde fois, délivrant des Ordres de Protection Temporaire de 14 jours contre plusieurs individus du camp. Les ordres avaient été accordés par le Tribunal du Comté de Humboldt pour le compte de Lithium Nevada, sur la base de déclarations sous serment pleines de déformations, d’affirmations fausses, et, selon ceux qui étaient visés, d’accusations franchement fausses des employés. Pourtant, Ox Sam Camp a continué pendant une semaine. Les tipis, le feu sacré et les prières sont restés en tout pendant vingt-sept jours de cérémonie et de résistance.
Ce qui se passait à Thacker Pass cette semaine ressemblait à Standing Rock, la Ligne 3 ou Oak Flat, comme les ouvriers de Lithium Nevada et leur équipement lourd essayaient de passer au bulldozer et de creuser leur route à travers les terres cérémonielles autour du tipi au Rocher Sentinel, et que les protecteurs de l’eau mettaient leurs corps en travers du trajet de destruction, forçant le travail à cesser en deux occasions.
Des observateurs ont déclaré que le chef de la sécurité de Lithium Nevada dirigeait les adjoints du Sheriff, indiquant où aller et quoi faire pendant l’attaque.
La propriété et le contrôle de Thacker Pass de Lithium Nevada n’existent qu`à cause d’un permis irrégulier et des approbations administratives contestables délivrés par le Bureau de Gestion du Territoire (BLM). Les officiels du BLM ont refusé de reconnaitre que Peehee Mu’huh est un site sacré pour les Nations Tribales de la région, et ont continué à minimiser et mettre en doute l’importance du double massacre en deux ans de batailles en justice.
Trois Tribus – la Colonie Indienne de Reno-Sparks, la Tribu Paiute de Summit Lake et la Tribu Paiute de Burns – sont toujours en litige en justice avec le Gouvernement Fédéral pour avoir permis la mine. Les tribus ont déposé leur réaction la plus récente à la Motion de Rejet du BLM lundi. Le BLM relève de l’Intérieur, qui est dirigé par Deb Haaland (Pueblo Laguna).
Mercredi, au moins cinq véhicules du bureau du Sheriff, plusieurs véhicules d’ouvriers de Lithium Nevada et deux camions de la sécurité sont arrivés sur le site du premier tipi, où se trouvait le feu cérémoniel, juste à côté de la Route de Pole Creek. Un campeur a été arrêté sans avertissement, et d’autres ont reçu des avertissements pour effraction et ont été autorisés à quitter la zone.
Il y a une façon correcte de démonter un tipi et un camp cérémoniel, et puis il y a la façon dont ont procédé les Sheriffs du Comté de Humboldt, pour le compte de Lithium Nevada. Les tipis ont été abattus, les mâts ont été cassés et ils ont farfouillé dans des objets et instruments cérémoniels, les ont abimés et confisqués. Des tentes vides ont été saisies dans le style d’un raid classique du SWAT [Special Weapons and Tactics, police militarisée]. Une voiture a été embarquée.
Comme ça arrive souvent quand des profits perdus conduisent à des assauts du gouvernement contre des protecteurs de l’eau pacifiques, Lithium Nevada Corporation et les Sheriffs du Comté de Humboldt ont commencé par prétendre que l’attaque avait été faite pour la sécurité des membres du camp et la santé publique.
Josephine Dick (Paiute-Shoshone de Fort McDermitt, à gauche sur la photo), une descendante de Ox Sam et une des matriarches de Ox Sam Newe Momokonee Nokutun, a fait la déclaration suivante en réaction à l’attaque :
« En tant que Vice-Présidente de l’Eglise Indienne Autochtone [Native American Indian Church – non-chrétienne] de l’Etat du Nevada, et Ancienne et membre de la Nation Tribale Paiute-Shoshone, je demande l’accès immédiat à – et la restitution de mes objets cérémoniels, entre autres mes Plumes d’Aigle et le bâton qui ont servi aux prières de mes ancêtres et au camp Ox Sam depuis le début. Il y avait aussi un tambourin cérémoniel et des herbes médicinales, comme du cèdre et du tabac, qui sont protégés par la Loi sur la Liberté Religieuse des Indiens Américains.
« De plus, je crois comprendre que les Sheriffs du Comté de Humboldt et la sécurité de Lithium Nevada ont profané deux tipis cérémoniels, toile, mâts et cordes. Le Ox Sam Newe Momokonee Nokutun a dirigé des prières et la cérémonie dans ces tipis, qui sont aussi protégés par la Loi sur la Liberté Religieuse des Indiens Américains. Quand nos propriétés cérémonielles sont rassemblées autour du feu sacré, c’est notre église. Notre église Autochtone est une cérémonie sacrée. J’exige l’accès immédiat à notre site de prière à Peehee Mu’huh et la restitution de nos objets cérémoniels confisqués.
« La profanation que les Sheriffs du Comté de Humboldt et Lithium Nevada ont dirigé en détruisant les tipis et en fourrageant dans nos objets sacrés, équivaut à saisir une bible, casser La Croix, démolir une cathédrale, manquer de respect au sacrement et refuser aux diacres et aux pasteurs l’accès à leurs lieux de culte, en violation directe de la Loi sur mes droits à la Liberté Religieuse des Indiens Américains. Cette violation de l’accès à notre église et au sol sur lequel elle se trouve est une violation de l’Ordre Exécutif 13007.
« Le lieu où le tipi a été retourné et détruit est au pied du Rocher Sentinel, un endroit où nos Paiutes-Shoshones prient depuis des temps immémoriaux. Après que nous ayons expliqué pendant deux ans que Peehee Mu’huh est sacré, le BLM de Winnemucca a finalement reconnu que Thacker Pass est un District Culturel Traditionnel, mais ils autorisent toujours sa destruction. »
Josephine et d’autres avaient l’intention de faire une déclaration en direct, devant le Bureau du Sheriff du Comté de Humboldt à Winnemucca, vendredi 9 juin après-midi, vers 13h.
Un autre guide spirituel sur les lignes de front, est Dean Barlese, de la Tribu Paiute de Pyramid Lake. Bien qu’il soit dans un fauteuil roulant, Barlese a conduit les prières sur le site le 25 avril, ce qui a conduit Lithium Nevada à arrêter la construction pendant une journée, et est revenu le 11 mai.
« Ceci n’est pas une manifestation, c’est une prière » dit Barlese. « Mais ils ont toujours peur de moi. Ils ont peur de nous, les Anciens, parce qu’ils savent que nous avons raison et qu’ils ont tort. »
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Contexte
Thacker Pass se trouve dans le Nord du Nevada, près de la frontière de l’Oregon, où Lithium Nevada Corporation est dans la première phase de construction d’une mine de lithium à ciel ouvert de 2 milliards de dollars, qui devrait être la plus grande d’Amérique du Nord.
Le lithium est essentiellement destiné à la Corporation General Motors, pour ses batteries de véhicules électriques, que la corporation a le ridicule de prétendre « verts ». Les opposants appellent cela laver plus vert et ont déclaré que « ce n’est pas vert de faire sauter une montagne. »
La Cour Suprême des Etats-Unis a donné à Lithium Nevada et toutes les autres grandes corporations privées, toute une variété de « droits » constitutionnels qui n’avaient jamais été prévus pour du business. Sans ces prétendus « droits » des entreprises, les propriétaires de la mine n’auraient jamais été autorisés à la construire.
Trois tribus Autochtones ont déposé une nouvelle plainte contre le Gouvernement Fédéral, au sujet du projet de mine de lithium à Thacker Pass de Lithium Nevada Corporation, le 16 février 2023. C’est la dernière tentative en justice des deux ans et demi de lutte contre l’extraction, le laver plus vert et les terres sacrées dans le Nord du Nevada.
Les Tribus ont notifié à la Cour d’Appel du 9ème Circuit le 19 mai, qu’ils comptaient faire appel pour leur Motion demandant une Injonction Préliminaire qui avait été rejetée par une Cour plus basse début mars. Quatre groupes écologistes qui ont perdu en justice en janvier, ont également fait appel devant la Cour d’Appel du 9ème Circuit et pensent être entendus en juin.
Ox Sam Camp
Publié par Censored News
Et Indigenous Action Media
7 juin 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
DERNIÈRES NOUVELLES : LES DEUX CAMPS ONT ÉTÉ PRIS PAS LES FLICS ET LE TIPI A ÉTÉ DÉMONTÉ PAR LE BUREAU DE GESTION DU TERRITOIRE
OROVADA, Nevada – Le 7 juin au matin, un groupe de défenseurs du territoire, Autochtones et alliés, ont bloqué de façon non-violente la construction controversée de la mine de Thacker Pass et ont fait faire demi-tour aux bulldozers.
Ça a tourné au drame quand des ouvriers ont essayé de creuser des tranchées près du Rocher Sentinel et ont été refoulés par des défenseurs du territoire qui se sont jetés entre les machines et le site.
Maintenant, ils sont arrêtés et le camp est attaqué.
Les Paiutes du Nord et les Shoshones de l’Ouest considèrent Thacker Pass comme sacré. Alors, quand ils ont appris que la zone devait devenir la plus grande mine de lithium à ciel ouvert d’Amérique du Nord, ils ont déposé des plaintes en justice, organisé des rassemblements, se sont exprimés au cours d’audiences publiques et ont organisé la communauté. Mais malgré tous leurs efforts des trois dernières années, la construction de la mine a commencé en mars.
C’est ce qui a conduit des Anciens Autochtones, leurs amis et leurs familles, des protecteurs de l’eau et leurs soutiens, à établir ce qu’ils appellent un « camp de prière et de feu cérémoniel » à Thacker Pass, le 11 mai 2023, lorsqu’ils ont monté un tipi à l’aube pour bloquer la construction d’un tuyau d’eau pour la mine. Un deuxième tipi a été érigé quelques jours plus tard, à 3,2 km à l’est, où la construction par Lithium Nevada défigure le Rocher Sentinel, un de leurs sites sacrés les plus importants.
Le Rocher Sentinel fait partie intégrale de la vision du monde et des cérémonies de nombreuses Tribus du Nevada. La zone a été le site de deux massacres de Paiutes et de Shoshones. Le premier a eu lieu au cours d’un conflit intertribal qui a donné au site son nom Paiute : Peehee Mu’huh, ou Lune Pourrie.
Le second massacre a été une attaque surprise de la Cavalerie des Etats-Unis, le 12 septembre 1865, au cours de laquelle l’Armée U.S. a tué des dizaines de personnes. L’un des rares survivants de l’attaque était un homme appelé Ox Sam.
Ce sont des descendantes de Ox Sam, des Grands-mères, qui ont formé le Ox Sam Newe Momokonee Nokotun (Camp des Femmes Autochtones), pour protéger cette terre sacrée, pour ceux qui ne sont pas encore nés, pour honorer et protéger les restes de leurs ancêtres, et conduire des cérémonies. Des protecteurs de l’eau ont été en prière sur le site pendant près d’un mois.
Le lundi, Lithium Nevada Corporation avait aussi essayé de faire une brèche dans l’espace occupé par les protecteurs de l’eau. Comme des ouvriers manœuvraient de l’équipement pour creuser des tranchées dans une vallée entre les deux tipis, des protecteurs de l’eau s’approchèrent et forcèrent pacifiquement les ouvriers et leurs excavatrices à quitter la zone.
Selon un défenseur anonyme, l’action de Lithium Nevada était « une tentative de démonstration de force, pour en finir avec notre tipi et notre camp de prière près du Rocher Sentinel. »
Des fermiers, des amateurs d’excursions et des membres du public ont été autorisés à passer sans incidents et les protecteurs de l’eau ont toujours des relations amicales avec les résidents locaux. L’opposition à la mine est très étendue dans la région, et malgré des avertissements du sheriff, il n’y avait pas eu d’arrestations.
Quatre personnes, parmi lesquelles il y avait Doreece Sam Antonio, de la réserve Paiute-Shoshone de Fort McDermitt (une descendante de Ox Sam) et Max Wilbert de Protect Thacker Pass, avaient reçu des ordres du tribunal leur interdisant les lieux. Ils attendent une convocation de la Cour de Justice du Comté de Humboldt.
« Lithium Nevada barricade les alentours du site sacré du Rocher Sentinel, pour perturber notre accès, et hier il y a eu une escalade pour justifier l’évacuation de nos camps de prière pacifiques, » dit un protecteur de l’eau anonyme du Camp Ox Sam.
« Lithium Nevada a l’intention de profaner et de passer au bulldozer les restes de nos ancêtres. Nous appelons tous les protecteurs de l’eau, tous les défenseurs du territoire, des avocats, des experts en droits humains et des représentants de Nations Tribales à venir nous soutenir. »
« Je suis menacée d’arrestation pour avoir protégé les tombes de mes ancêtres », dit Doreece Sam Antonio.
« Mon arrière-arrière-grand-père Ox Sam était l’un des survivants du massacre de Thacker Pass de 1865, qui a eu lieu ici. Les membres de sa famille ont été tués ici même, alors qu’ils s’enfuyaient devant l’Armée U.S. Ils n’ont jamais été enterrés. Ils sont toujours ici. Et maintenant ces bulldozers défoncent cet endroit. »
Un autre guide spirituel sur les lignes de front, est Dean Barlese, un dirigeant spirituel de la Tribu Paiute de Pyramid Lake. Bien qu’il soit dans un fauteuil roulant, Barlese a conduit les prières sur le site le 25 avril (ce qui a conduit Lithium Nevada à arrêter la construction pendant une journée) et est revenu le 11 mai.
« Je demande aux gens de venir à Peehee Mu’huh » dit Barlese. « Nous avons besoin de plus de gens qui prient. Je suis ici parce que j’ai des connexions avec ces lieux. Mes arrière-arrière-grands-pères se sont battus et ont versé leur sang pour ces terres. Nous défendons le sacré. L’eau est sacrée. Sans eau, il n’y a pas de vie. Et un jour, vous vous apercevrez que vous ne pouvez pas manger de l’argent. »
Le massacre de Thacker Pass de 1865 est bien connu, il y a beaucoup de sources historiques, de livres, de journaux et des histoires orales. Malgré l’évidence, mais pas surprenant, le Gouvernement Fédéral n’a pas protégé Thacker Pass, ni même ralenti la construction de la mine pour permettre de consulter les Tribus. Fin février, le Gouvernement Fédéral a reconnu les arguments selon lesquels Thacker Pass est un « District Culturel Traditionnel », éligible pour figurer dans le Registre National de Sites Historiques. Mais ça n’a pas empêché la construction de commencer.
« Ceci n’est pas une manifestation, c’est une prière » dit Barlese. « Mais ils ont toujours peur de moi. Ils ont peur de nous, les Anciens, parce qu’ils savent que nous avons raison et qu’ils ont tort. »
Ox Sam Camp – oxsamcamp sur Instagram :
Le 7 juin 2023, l’opérateur de l’équipement lourd de Lithium America nous a vus approcher, a accéléré et balancé le bras de l’excavatrice en direction des Protecteurs Autochtones qui défendaient le site sacré Paiute Shoshone connu comme le Rocher Sentinel, à Pee’hee Mu’huh (Lune Pourrie), Thacker Pass.
[…]
Cette seconde tentative de la Corporation de sauter plusieurs kilomètres pour accélérer la construction sert à justifier la suppression des camps de prière, en détruisant de grands volumes de propriétés culturelles et historiques, à la base du site sacré.
Le Camp Ox Sam représente notre droit, selon nos droits du 1er amendement, de nous rassembler sur la ligne d’approvisionnement en eau, pour empêcher que 6,5 milliards de litres d’eau ne soient volés aux tribus, aux animaux et aux fermiers locaux au cours des 40 années à venir.
Les membres de la Nation Tribale Paiute Shoshone et tous les autres protecteurs Amérindiens, ont le droit inaliénable, selon la Loi et l’Ordre Exécutif 13007 sur la Liberté de Religion des Amérindiens, de maintenir l’accès et de déterminer par nos droits d’assemblée, la prévention de toute profanation qui détruirait irrémédiablement nos sites sacrés de prière et de pratique religieuse, et d’y maintenir notre accès en empêchant sa destruction.
De plus, à part les droits humains du peuple Paiute Shoshone de déterminer ce qui doit et ne doit pas arriver sur leur territoire, le droit inaliénable de procéder à une cérémonie au pied du site sacré et dans tout Pee’hee Mu’huh, arrive à un moment où les esprits de ceux qui sont tombés au cours du massacre, et les esprits des animaux et des pouvoirs de la terre doivent être reconnus et soutenus par la prière.
Si ces droits des Autochtones d’Amérique sont violés ici, ils le sont partout ailleurs. Si ce site sacré tombe, victime d’un puits de mine à ciel ouvert, tous nos sites sacrés sont vulnérables. Si les ossements de Paiutes Shoshones sont profanés, tous les ancêtres d’Autochtones pourraient l’être.
Venez au Camp ! Amenez Deb Haaland ! Soutenez Ox Sam !
UNE PRIÈRE CONTRE LA DESTRUCTION DE LA TERRE
Une action directe conduite par des Autochtones, a bloqué la construction à la mine de lithium de Thacker Pass
Par Max Wilbert
30 avril 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Mardi [25-4-2023], j’ai participé à une action directe non-violente, conduite par des Autochtones et fondée sur la prière à Peehee Mu’huh, Thacker Pass.
Après avoir tout essayé – de poursuites en justice à des pressions sur le Bureau de Gestion du Territoire et à supplier la première Secrétaire de l’Intérieur Autochtone jamais nommée, Deb Haaland, de venir écouter leurs inquiétudes – des Paiutes ont été forcés de s’engager dans l’action directe.
Commençant à l’aube, nous sommes entrés sur le site de la mine de lithium de Thacker Pass, avons passé un point de contrôle et des stocks d’équipements, et bloqué les engins lourds avec nos corps. Cette action n’a arrêté la construction que pour une journée. Mais c’est un début susciter une résistance plus large à la mine de lithium de Thacker Pass.
Je ne l’avais pas prévu, mais j’ai fini par monter sur une excavatrice pendant l’action. Personne n’a appelé la police, et comme nous croyons que Lithium Nevada ne veut pas en faire une scène, j’ai décidé d’en faire un maximum.
L’action a été couverte par Last Real Indians (faites savoir à Matt Remle de LRI, que j’ai connu étant enfant qui a grandi à Seattle) :
(©article et photos Max Wilbert)
LA CONSTRUCTION D’UNE MINE DE LITHIUM À THACKER PASS, NEVADA, BLOQUÉE PAR UNE ACTION DIRECTE
Par Ken Cosentino
26 avril 2023
Mardi 25 avril, un groupe de protestataires a dérangé avec succès le projet de mine de lithium à Thacker Pass dans le Nevada. Parmi les membres du groupe, il y avait Dean Barlese, un Ancien de la Réserve Paiute-Shoshone de Pyramid Lake, qui nous a dit « Nous devons résister pour nos ancêtres, ils ont donné leurs vies, ils ont répandu leur sang en combattant pour de territoire. »
Si vous cherchez « Thacker Pass » sur Wikipédia, vous vous apercevrez qu’il n’y a pas d’article pour ce site d’héritage culturel important. Il y a cependant, une page fort bien tenue pour la « Mine de Lithium de Thacker Pass. » Il semble évident que les narrations autour de Thacker Pass sont dominées et contrôlées par des forces clandestines ; qui ont enterré l’importance culturelle de ce site géographique encore plus profondément que les os brisés de ceux qui y ont été massacrés.
Heureusement, un groupe d’activistes connu sous le nom de Protect Thacker Pass ont consciencieusement fait la chronique de leur opposition à l’opération de mine de lithium.
Selon leur site, « Thacker Pass est un trait physique du Comté de Humboldt, dans le Nevada, faisant partie de McDermott Caldera, à environ 95 km au nord-ouest de Winnemucca. Ça a été formé il y a plus de 16 millions d’années, c’est un territoire non cédé appartenant à des Paiutes et des Shoshones, et c’est une terre publique du Bureau de Gestion du Territoire (BLM). Le nom Paiute traditionnel de Thacker Pass est PeeHee Mu’huh, ce qui veut dire ‘lune pourrie’. Maintenant, c’est également le site projeté pour une énorme mine de lithium, qui détruirait la zone et le précieux habitat des créatures qui y vivent. »
Dorece Sam, membre de la Tribu Paiute-Shoshone de Fort McDermitt, a publié la déclaration suivante : « Hier, nous et nos alliés avons effectué une prière Paiute et Shoshone pacifique à PeeHee Mu’huh. Nous avons prié de la même façon que nos ancêtres dont les esprits et les restes sont à PeeHee Mu’huh. En tant que membre de la Tribu de Fort McDermitt et femme traditionnelle Paiute, je résiste avec, et soutiens, nos tribus parentes, comme la Tribu Paiute de Burns, la Colonie Indienne de Reno-Sparks, et la Tribu Paiute de Summit Lake, qui combattent cette mine destructrice à nos côtés. Malheureusement, le Conseil Tribal de Fort McDermitt NE REPRESENTE PAS les intérêts de la communauté de Fort McDermitt et son appartenance Tribale sur cette question. »
À propos de la dernière phrase de la déclaration de Sam, Lithium Americas Corp. a publié la réaction suivante, après les évènements d’hier : « Nous avons entendu dire qu’une poignée de manifestants étaient présent aujourd’hui sur le site du projet. Lithium Americas a toujours cherché à communiquer de façon constructive avec ses voisins sur des solutions de bon sens qui apportent un succès partagé, et nous sommes heureux d’avoir le soutien de la Tribu Shoshone et Paiute de Fort McDermitt toute proche. »
Quiconque a fait attention à l’extraction de lithium dans la forêt Amazonienne connait la destruction que ce genre d’opérations entraine sur le terrain, et en conséquence sur les populations Autochtones.
Selon la Colonie Indienne de Reno-Sparks, le projet de mine de lithium à Thacker Pass « a été autorisé sans aucune consultation des tribus Autochtones. En fait, la plupart des tribus de la région – y compris nous – ne savaient rien du projet de mine jusqu’à ce que la Déclaration Finale d’Impact Environnemental soit publiée et le Compte-rendu de Décision signé, le 15 janvier 2021. »
Au plus fort de la pandémie de COVID, alors que les réserves du Nevada étaient encore confinées, le Bureau de Gestion du Territoire a « accéléré » le processus de permis, délivrant un permis pour le projet en moins d’un an.
Thacker Pass, qui se trouve dans le cratère d’un super volcan éteint (le McDermitt Caldera), est spirituellement important pour les tribus Autochtones du Nevada, entre autres : les Paiutes du Nord, les Shoshones, les Paiutes du Sud et les Washoe.
La mine est un projet de Lithium Nevada, LLC ; une branche entièrement propriété de Lithium Americas Corp, une compagnie canadienne dont le principal actionnaire est la plus grande compagnie de lithium du monde, l’entreprise chinoise Ganfeng Lithium. »
Bucky Harjo (Paiute – Shoshone) dit « En tant que parent, j’en viens quelques fois aux larmes quand j’entend nos enfants jouer et rire toute la journée ; avec le mode de vie de nos nations, nous apprenons et nos enfants apprennent, mais pour nos grands-parents et nos arrière-grands-parents, il y a eu beaucoup de souffrance… et maintenant, nous voyons à nouveau cette souffrance, quand les multinationales minières empiètent à nouveau sur notre souveraineté, nos traditions, nos droits selon les traités et nos droits religieux. Ce moment sacré du matin a été un remède puissant et ces voix devraient toujours être entendues et non réduites au silence, ça fait partie de ce que nous devons protéger, l’harmonie à Thacker Pass, PeeHee Mu’Huh. »
Thacker Pass a été le lieu de deux massacres. Il y a beaucoup de documentation sur le deuxième, qui s’est produit pendant la Guerre du Serpent, le 12 septembre 1865, lorsque des soldats du gouvernement ont massacré [au moins] 31 hommes, femmes et enfants de la tribu Paiute. Des fragments d’os et d’autres reliques sont dispersés dans la zone prévue pour la mine, selon l’avocat de Protect Thacker Pass Will Falk.
D’après la Colonie Indienne de Reno-Sparks, le premier massacre, « qui a donné le nom Paiute de PeeHee Mu’huh (‘lune pourrie’), était un conflit intertribal, avec une autre tribu de l’ouest. » Ça avait été commis par les Indiens de Pit River du nord de la Californie et de l’Oregon.
Le BLM a, comme par hasard, ignoré ce qui est mentionné ci-dessus et qui dit que les sites éligibles pour entrer au Registre National de Lieux Historiques sont dans les limites de la zone d’extraction du lithium.
La Colonie Indienne de Reno-Sparks a été rejointe dans son opposition par la Tribu Paiute de Burns, le Congrès National des Indiens Américains, le Conseil intertribal du Nevada, la Tribu Paiute de Pyramid Lake, la Tribu Paiute de Summit Lake, un rancher local nommé Ed Bartell, Protect Thacker Pass et « un groupe communautaire composé essentiellement de membres de la Tribu Paiute-Shoshone de Fort McDermitt et de Gens de Red Mountain (Atsa Koodakuh wyh Nuwu). »
Lithium Americas Corp. est sous contrat pour vendre le lithium de Thacker Pass à General Motors pour leurs véhicules électriques. Tandis que les politiciens et les grandes compagnies affirment que les véhicules électriques sont un moyen sûr pour ralentir le changement climatique, l’évidence prouve le contraire. L’extraction de lithium pour des batteries est aussi destructrice pour l’environnement que l’extraction de charbon. Thacker Pass se trouve au-dessus de ce qui pourrait être le plus grand gisement de lithium de Turtle Island, et des milliardaires avides se lèchent les babines à l’idée de pouvoir extraire du lithium de Thacker Pass dès 2026.
Max Wilbert, de Protect Thacker Pass, dit : « Passer une montagne sacrée au bulldozer n’est pas ‘vert’. C’est une grave erreur de sacrifier la biodiversité et des sites culturels par cupidité et pour des voitures de luxe. »
Il y a de l’argent sale derrière la transition verte
Par Max Wilbert
22 avril 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Je m’appelle Max Wilbert, co-auteur de Bright Green Lies, fondateur de Protéger Thacker Pass, et organisateur d’une communauté bio-centrée. J’utilise ce site pour partager des stratégies et explorer des domaines comme la durabilité, l’effondrement, l’empire, la résistance, l’activisme, le greenwashing [laver plus vert] et la justice. Merci de me lire.
Un criminel qui glisse quelques billets à un officier de police et repart libre. Un homme d’affaires qui achète un politicien avec une valise d’argent liquide. Nous concevons souvent la corruption dans ces termes évidents, et comme quelque chose qui se produit dans les pays pauvres, ailleurs.
Mais la corruption se présente souvent différemment.
Aux Etats-Unis, où je vis, la corruption est courante. Elle est aussi presque légale.
En fait, l’argent sale est devenu partie intégrante du tissus politique de notre nation. Ça a été normalisé, institutionalisé et même régulé. Et pourtant, les effets de cette corruption sont aussi insidieux et destructifs que les pots-de-vin les plus voyants.
La corruption est quelque chose de pourri dans notre système politique, et elle s’étend.
Cet article concerne la corruption américaine, mais l’histoire sera racontée en examinant une compagnie minière canadienne appelée Lithium Americas, qui travaille aux Etats-Unis par l’intermédiaire d’une succursale entièrement possédée par les Etats-Unis, Lithium Nevada Corporation.
Depuis deux ans et demi, je lutte contre Lithium Nevada pour l’empêcher de détruire Thacker Pass – un site crucial de biodiversité et un site sacré pour des Autochtones, site connu comme Peehee Mu’Huh dans la langue Paiute, qui se trouve dans le nord du Nevada, juste à côté de la frontière avec l’Oregon. Lithium Nevada, comme vous l’avez probablement deviné, veut transformer ce lieu en une mine de lithium à ciel ouvert.
C’est un lieu spécial. Thacker Pass abrite le tétra des armoises [sorte de sauge] en voie de disparition, l’antilope d’Amérique [seule et dernière représentante des antilocapridés], le cerf mulet et des aigles royaux. C’est un corridor de migration et un refuge climatique. C’est le bassin hydrologique des communautés locales et le site de deux massacres de Paiutes, dont celui du 12 septembre 1865, au cours duquel des soldats de l’Armée Américaine ont tué entre 30 et 50 hommes, femmes, enfants et vieillards, dans une attaque surprise à l’aube. Il a été reconnu par le Gouvernement Fédéral comme « District Culturel Traditionnel », un paysage d’une importance exceptionnelle pour l’histoire des Autochtones et leur identité culturelle.
Et en ce moment même, pendant que vous lisez ceci, c’est en train d’être détruit par une compagnie corrompue et un gouvernement corrompu. Des bulldozers roulent dessus, et des buissons de plusieurs siècles, des vestiges de milliers d’années et les vies de précieuses créatures du désert sont écrasés sous le métal.
Comment est-ce possible ? Comment, dans une démocratie où les gens ont le droit de protester, de se faire entendre, de commenter, de faire des pétitions, d’engager des poursuites en justice, comment est-il possible de voir un tel déni de justice ? Et, plus largement, comment est-il possible que notre système de gouvernement soit incapable de faire quelque chose face à la catastrophe écologique à laquelle nous sommes confrontés : la 6ème extinction de masse de la vie sur Terre ?
Une partie de la réponse est la corruption, que nous pouvons diviser en cinq catégories : le lobbying, la rédaction des lois, la politique de la « porte tournante », les contributions aux frais de campagnes, et la corruption de la communauté. Examinons-les l’une après l’autre, en utilisant Lithium Americas et Thacker Pass comme exemple.
Le lobbying : Comment les Grandes Compagnies y Gagnent un Accès Disproportionné Aux Élus
Le lobbying est fondé sur un principe simple : les officiels du gouvernement devraient écouter leurs électeurs.
Transparency International définit le lobbying comme « Toute activité entreprise pour influencer un gouvernement ou la politique et les décisions d’une institution en faveur d’une cause ou d’un résultat spécifique. »
« Même lorsqu’elles sont autorisées par la loi, » disent-ils, « ces actions peuvent devenir perturbatrices [nuisibles à la démocratie et la justice] si des niveaux d’influence hors de proportion existent – de la part de compagnies, d’associations, d’organisations et d’individus. »
Le lobbying d’aujourd’hui n’est pas la simple pratique de gens s’adressant à leurs élus. En fait, c’est une industrie à 3,73 milliards de dollars, étroitement régulée, dominée par des initiés et les plus grandes compagnies, mûrie par la corruption de la « porte tournante » et soutenue par au moins 3 ou 4 milliards de dollars de « lobbying de l’ombre » qui n’est ni régulé ni révélé au public de quelque manière que ce soit.
La régulation du lobbying est essentielle pour son propre fonctionnement en tant que méthode de corruption. Comme dit Ben Price, Directeur Organisationnel National au Fonds de Défense Juridique Environnementale de la Communauté, « la régulation n’est pas vraiment un moyen de réduire la corruption, mais plutôt, les règles légalisent la corruption en en définissant les limites au-delà desquelles elle ne serait plus permise. »
« Ce faisant, » ajoute-t-il, « le principal effet des règles est de protéger les dessous-de-table de la responsabilité légale en légalisant assez pour servir les buts des influenceurs législatifs des grandes compagnies. »
Comme la publicité, les grandes compagnies utilisent le lobbying parce que ça marche.
Des études ont montré que dépenser plus d’argent en lobbying et contributions aux campagnes électorales résultaient en des réductions immédiates d’impôts fédéraux, d’impôts d’état et en plus de contrats fédéraux. Une analyse, étudiant seulement les 200 compagnies les plus « actives politiquement », a découvert qu’elles avaient dépensé 58 milliards de dollars en lobbying auprès du gouvernement fédéral et en « contributions aux campagnes » entre 2007 et 2012, mais avaient reçu 4400 milliards en subventions fédérales, contrats, et autre soutien pendant la même période. C’est un retour sur investissement de 7580%.
Une autre étude a découvert un retour encore plus grand : « en moyenne, pour chaque dollar dépensé pour influencer la politique, les compagnies les plus actives politiquement ont reçu 760 dollars du gouvernement » – un profit de 76000%.
Les Grandes Compagnies Écrivent Nos Lois
Les grandes compagnies utilisent des lobbyistes parce que leur richesse leur permet d’avoir un accès disproportionné au gouvernement, ce qui signifie qu’ils peuvent établir des relations avec des politiciens et leurs équipes, influencer la politique, échanger des idées et même écrire la législation. Ils peuvent aussi corrompre des juges, comme le récent scandale autour de Clarence Thomas l’a montré. Mais ça va plus loin. Comme le note un rapport de la NPR [Radio Publique Nationale], « Il semble évident que les lobbyistes influencent la législation. Mais il est peut-être moins évident qu’ils écrivent souvent les lois – même mot à mot. »
Nos lois sont écrites par les grandes compagnies.
Ce n’est pas seulement un problème fédéral. Une enquête de USA Today de 2012 révéla que plus de 10 000 propositions de lois introduites dans les 50 états sur une période de 8 ans avaient été « presqu’entièrement copiées de textes écrits par des intérêts spéciaux. » Le rapport dit aussi que leur enquête avait détecté ces textes en utilisant des techniques automatisées, et que « le nombre réel est probablement bien plus élevé. »
Nos politiciens écrivent rarement des lois. En fait, les grandes entreprises et les lobbyistes écrivent des lois ; le Congrès vend les lois au public ; puis les lobbyistes paient leurs membres du Congrès en contributions à leurs campagnes, aux Comités d’Action Politique [Super PAC] et aux possibilités d’emplois dans la politique de la « porte tournante. »
La « Porte Tournante »
Un autre moyen de corruption devenu endémique dans le gouvernement de Etats-Unis est ce qu’on appelle la « porte tournante. »
La porte tournante fait référence à une pratique courante chez les employés des grandes compagnies, qui quittent leur emploi pour travailler au gouvernement, et vice versa. Il est tout à fait courant pour des employés du gouvernement et des élus de quitter ou terminer leurs mandats et d’obtenir immédiatement des emplois dans les industries qu’ils sont supposés réguler.
Pourquoi, demandez-vous ? L’Argent. Comme le dit un titre de presse « quand un membre du Congrès devient lobbyiste, il a, en moyenne, 1452% d’augmentation.
À l’occasion, on trouvera des histoires de lobbyistes que se sont fourvoyés dans la corruption pure et simple – Jack Abramoff, par exemple – mais ces histoires sont rares, pas parce que la corruption n’est pas courante, mais parce qu’il faut vraiment violer une loi en tant que compagnie : elle a écrit les lois. Et elle l’a fait délibérément pour rendre sa corruption et son influence sur les campagnes électorales légales.
Dès 2016, environ la moitié des Sénateurs et un tiers des Représentants sont devenus lobbyistes pour toucher leurs chèques. C’est aussi courant chez les Démocrates que chez les Républicains.
Les Activités de Lobby de Lithium Nevada Corp. (au moins celles que nous connaissons)
Lithium Nevada a dépensé au moins 310 000 dollars en lobbying depuis 2016, par l’intermédiaire d’une compagnie de lobby appelée Harbinger Strategies.
Harbinger est « une firme de premier plan pour le gouvernement fédéral et les affaires politiques » qui a été fondée par, et employé des ex aides au Congrès et opérateurs politiques Républicains de haut niveau. Ils sont parmi les principaux lobbyistes à Washington D.C.et ont gagné au total 10,9 millions de dollars en 2021, d’une liste de clients parmi lesquels se trouvaient l’industrie aérienne, les grandes banques et firmes d’investissements, des compagnies minières, de biotechnologie, le complexe militaro-industriel, Facebook, des services d’électricité, General Electric, et l’industrie du pétrole et du gaz.
« Nous utilisons notre expérience d’anciens membres éminents des équipes des Principaux Dirigeants au Congrès et de l’Exécutif pour placer nos clients à la table où les décisions sont prises, » écrivent-ils sur leur site. Ils ajoutent : « [Harbinger est] fondé sur la conviction que chaque client mérite un partenaire expert des questions législatives » – un « modèle de boutique » – qu’ils utilisent pour une raison simple : ça donne des résultats. »
Dans l’état du Nevada, Lithium Nevada Corporation a loué au moins 4 lobbyistes depuis 2017, de deux firmes : Argentum Partners, une firme de communications pour tous services stratégiques… avec une équipe de lobbyistes avides, énergiques et expérimentés, » et Ferrato Corporation, « une firme bipartisane pour tous services d’affaires publiques. »
En particulier, parmi les lobbyistes d’Argentum pour Lithium Nevada, on trouve Mike Draper, qui « était à la tête des relations et des affaires publiques pour la planification, l’autorisation, la construction et l’ouverture du Gazoduc Ruby, le plus grand gazoduc d’Amérique du Nord. » Des Tribus et des écologistes se sont farouchement battus contre le gazoduc Ruby en 2009 et 2010.
Contributions aux Campagnes Électorales
Une autre technique de légalisation de la corruption sont les « contributions aux campagnes », également nommées dons aux politiciens candidats.
Beaucoup de pays dans le monde ont mis des limites strictes à la somme d’argent que les gens peuvent donner aux candidats, ou ont même des campagnes politiques financées par le gouvernement, ce qui supprime presqu’entièrement l’influence de l’argent. Les Etats-Unis ne font pas partie de ces pays.
Les élus aux Etats-Unis ont désespérément besoin d’argent. Le Sénateur moyen doit trouver 14 000 dollars par jour, juste pour rester en place – et cela dès qu’il a été élu une fois. C’est aussi vrai pour les Démocrates que pour les Républicains, raison pour laquelle les grandes compagnies, directement ou par l’intermédiaire de leurs lobbyistes ou employés, misent généralement sur les deux en donnant aux deux partis politiques.
Par exemple, Jonathan Evans, PDG de Lithium Americas Corporation, a donné au moins 10 250 dollars aux candidats entre 2021 et 2022, parmi lesquels Catherine Cortez Mastow (Sénatrice Démocrate du Nevada) et Mark Amodei (Gouverneur Républicain du Nevada). George Ireland, Président de Lithium Americas, a donné au moins 19800 dollars à des candidats depuis 2011, dont 500 dollars pour la campagne de Trump et 6600 à John Hickenlooper. Les données de OpenSecret.org montrent que 7 autres employés, membres du Conseil d’Administration et parties associées ont donné au moins 10819 dollars de plus aux candidats entre 2018 et 2022.
Ces montants ne comprennent pas les contributions BEAUCOUP plus importantes, données par des employés et des membres de la famille de Harbinger Strategies, qui ont donné 392 842 dollars aux candidats pour la seule élection de 2020.
Beaucoup de ces gens donnent un montant équivalent à la limite légale, ce qui implique que si la limite était plus haute, ils donneraient plus – et peut-être essaieraient de trouver des moyens pour contourner les limites des contributions par l’intermédiaire des « Super PACs » et d’autres techniques d’argent caché.
Souvenez-vous que moins d’1,5% des Américains ont donné plus de 200 dollars aux candidats ou aux partis au cours de n’importe quelle année. C’est le domaine des riches.
Les Dessous de Table
L’argent de Lithium Americas est bien employé.
Dans ce qui semble être une contrepartie pour leur lobbying et leurs contributions aux campagnes, Lithium Americas Corporation a obtenu 8 637 357 dollars en réductions d’impôts de l’état du Nevada, entre autres un abattement partiel de taxes sur les ventes de 5 millions, un abattement de l’impôt sur la propriété de 3,3 millions et environ 225000 dollars d’abattements sur la taxe sur la masse salariale. Cet argent n’est plus disponible pour les écoles, la santé, les services sociaux, l’assistance aux petites entreprises, les programmes environnementaux, etc.
Par le Gouvernement Fédéral, Lithium Nevada a reçu un prêt du “Programme de Prêt pour la Fabrication de Véhicules à la Technologie Avancée » (ATVM) du Département de l’Energie, qui couvrira probablement « jusqu’à 75% des coûts de construction à Thacker Pass.
Ce programme de prêts offre des conditions extrêmement favorables équivalant à une subvention de 3 milliards de dollars US.
Selon une estimation très prudente, pour des dons de, disons, 400 000 dollars en lobbying et contributions des employés aux campagnes électorales, Lithium Americas peut espérer un retour sur investissement de 2100 % – et cela sans même considérer l’énorme valeur financière du prêt ATVM.
Corruption au niveau local
La corruption politique va souvent de pair avec la corruption au niveau local.
Le projet de Lithium Americas de détruire Thacker Pass a créé une sérieuse opposition dans la communauté de fermiers et ranchers des zones rurales les plus proches de Thacker Pass, parmi les habitants de la ville proche de Winnemucca, de la part de groupes écologistes préoccupés par les effets sur la vie sauvage, les plantes, l’air et l’eau, et parmi les Tribus Autochtones inquiètes pour leurs sites sacrés et culturellement importants, leurs animaux et leurs plantes médicinales.
La réaction était prévisible. Dans son livre Unearthing Justice : How to Protect Your Community From The Mining Industry, la militante anti-extractivisme Joan Kuyek décrit les mythes incessamment répétés par Lithium Americas et presque toutes les compagnies minières :
- « La mine créera des centaines d’emplois et enrichira les gouvernements. »
- « La mine peut enrichir les membres de la communauté et résoudre leurs problèmes sociaux et économiques. »
- « Les techniques modernes assureront que la mine n’endommagera pas l’eau, l’air ou la vie sauvage. »
Quand ces mythes se révèlent faux, ils recourent à la corruption légalisée. À Thacker Pass, ça prend la forme d’un paiement par Lithium Americas d’une nouvelle école pour la communauté de Orovada, et la signature d’un accord avec un Membre d’un Conseil Tribal local pour la construction d’un centre culturel. Un membre de la tribu, mon amie Shelley Harjo, a répondu : « La promesse de quelques bâtiments et d’un centre culturel ne peuvent l’emporter sur la responsabilité que nous avons envers les ancêtres d’avant nous, ni nos obligations envers ceux encore à naître après nous. » Un autre dirigeant Tribal de la région dit des compagnies minières « Ils profitent de notre pauvreté. »
Cette pauvreté donne un puissant moyen de pression aux compagnies minières. Dans la communauté de Fort McDermitt, les rumeurs de corruption sont courantes.
L’Implication de Lithium America dans des Violations des Droits Humains Outremer
Lithium Americas a des relations d’affaires et personnelles qui recoupent celles de la compagnie Ganfeng Lithium (la plus grande compagnie de lithium au monde), propriété de l’Etat Chinois. En fait, Ganfeng et Lithium Americas sont copropriétaires d’une compagnie minière de lithium en Argentine, appelée Minera Exar.
Le projet minier de Minera Exar est situé dans les Andes, dans le « triangle du lithium », une région aride près des frontières du Chili et de la Bolivie. Au cours des années depuis lesquelles Minera Exar a des activités dans la région, elle a – comme d’autres compagnies d’extraction de lithium dans la même zone – été critiquée pour de graves violations des droits humains et de l’environnement.
Le Washington Post, en enquêtant sur ces violations, écrivit :
« Les compagnies minières ont extrait depuis des années des milliards de dollars de lithium de la région d’Atacama… Mais les Atacama pauvres n’ont pas vu beaucoup de ces richesses… une compagnie de lithium, une entreprise commune Canadienne-Chilienne appelée Minera Exar, a passé des accords avec six communautés aborigènes pour ouvrir une nouvelle mine. L’opération devrait rapporter environ 250 millions par ans en ventes, tandis que chaque communauté recevra un paiement annuel – de 9000 à 60000 dollars – pour des droits étendus sur la surface et l’eau.
L’article ajoute :
« Yolanda Cruz, une dirigeante du village en Argentine, dit qu’elle avait signé [les accords de bénéfices de la communauté avec Minera Exar], mais que maintenant, elle le regrette. À l’époque, elle appréciait la possibilité de créer des emplois pour son village. Mais maintenant, elle s’inquiète, ‘nous allons nous retrouver sans rien’, dit-elle. ‘Le fait est que les compagnies nous mentent – c’est la réalité. Et parfois nous nous contentons de ne rien dire’ dit-elle. ‘Nous ne disons rien mais nous serons ceux qui en pâtirons quand le temps aura passé.’ »
Pendant ce temps, Ganfeng Lithium a annoncé récemment des projets de mines pour les métaux de batteries dans la région de Xinjiang, en Chine, où le Gouvernement Chinois détient et emprisonnent des Ouïghours et d’autres Musulmans pour des travaux forcés et de l’endoctrinement dans des camps.
Gaspillage de Fonds Gouvernementaux
On nous dit que le principal objectif de l’extraction de lithium à Thacker Pass est de réduire l’émission de gaz à effets de serre. C’est un mensonge de plus, un nouveau type de laver plus vert pour les grandes compagnies, qui devient de plus en plus commun. En fait, de nombreuses analyses montrent qu’en réalité, les réductions d’émissions par le passage aux véhicules électriques sont mineures.
La production d’un seul véhicule électrique produit des émissions de gaz à effets de serre – en moyenne 9 tonnes. Cette moyenne s’élève à mesure que la taille des véhicules électriques augmente fortement. Plus ont produit de véhicules électriques, plus il y a d’émissions de gaz à effets de serre. Ainsi, alors que les véhicules électriques réduisent les émissions, comparés aux véhicules à essence, les plus gros véhicules électriques ne les réduisent pas beaucoup. Une analyse du Centre Interdisciplinaire Pour la Justice Environnementale dit que l’électrification des véhicules aux Etats-Unis ne réduira les émissions au niveau national que de 6%.
De plus, la production de lithium à Thacker Pass exigera 700 000 tonnes par an de produits du raffinement du pétrole – du souffre, peut-être largement fourni par les Sables Bitumineux d’Alberta. Tandis que Thacker Pass reçoit des milliards en subventions du gouvernement, les émissions de carbone continuent à augmenter.
Le militant écologiste Paul Hawken, autre exemple, ne met pas les véhicules électriques dans ses 10 meilleures solutions pour le climat. En fait, c’est la 24ème de sa liste, avec dix fois moins d’effet que de réduire le gaspillage alimentaire, près de six fois moins d’effet que l’élimination de l’utilisation de réfrigérants, qui sont de puissants gaz à effets de serre, et derrière des solutions comme la restauration des forêts tropicales (environ 5 fois plus efficace que les véhicules électriques) et la protection des tourbières (plus de 2 fois plus efficace).
La corruption et le gaspillage vont la main dans la main. Les données montrent clairement que si notre but est de réduire les émissions de gaz à effets de serre, donner des subventions pour la mine de lithium de Thacker Pass n’est pas un bon usage des fonds gouvernementaux. C’est du gaspillage.
Si on veut vraiment donner des fonds gouvernementaux pour arrêter efficacement le réchauffement climatique, donner de l’argent aux industries minières est exactement ce qu’il ne faut pas faire.
Plutôt, commencez par les droits des femmes, l’éducation des filles, et rendez disponibles la contraception et le planning familial. Commencez par des initiatives de relocalisation économique. Commencez par isoler les logements convenablement, ce qui pourrait avoir le plus grand effet immédiat sur l’impact du carbone. Commencez par des initiatives de réduction de la demande.
Cessez de gaspiller l’argent des contribuables en subventions pour des entreprises de destruction de la Terre, et commencez par des actions qui comptent vraiment.
La Banalité du Mal
La corruption de Lithium Americas me rappelle ce que la philosophe politique Hannah Arendt appelait « La Banalité du Mal. » À propos d’Eichmann, un officier Nazi qui fut l’un des principaux organisateurs de l’Holocauste, Arendt explique qu’Eichmann ne ressentait pas la culpabilité ; en fait, il n’avait jamais pensé que ce qu’il faisait pouvait être mal : « Il faisait son ‘devoir’… ; il n’obéissait pas seulement aux ordres, il obéissait aussi à la ‘loi’. »
[…]
Lithium Americas n’extermine pas les gens, ce n’est même pas la « pire » des compagnies minières. Ils peuvent même avoir agi entièrement dans les limites de la loi. Et pourtant, ils sont complices d’un génocide culturel, de la destruction écologique pour des gains personnels, et, ce qui pourrait être un crime encore plus grand contre le futur : faire passer pour verte et positive leur destruction, créant ainsi plus d’incitations financières et politiques pour d’avantage de cette folie.
Ils croient que ce qu’ils font est bien et ils « suivent les règles. »
Et Maintenant ?
La corruption à Thacker Pass n’est pas unique. Le lobbying, les contributions aux campagnes électorales, le ‘laver plus vert’, et les pots-de-vin à la communauté sont courants aux Etats-Unis et dans la plupart des pays du monde. Je crois qu’il est vraisemblable qu’il y ait encore plus de corruption dont nous ne savons rien. Peut-être qu’il y a vraiment des échanges de valises pleines de billets. Nous ne pouvons que faire des conjectures. Et, cet article n’a même pas commencé à parler de la complicité du gouvernement dans la violation des lois, la corruption et les violations éthiques à Thacker Pass – une histoire, par certains aspects, encore plus sordide.
Tout cela explique en partie pourquoi les analyses universitaires des Etats-Unis tendent à montrer la « domination de l’élite économique » plutôt qu’une vraie démocratie électorale ou du pluralisme. Les riches dirigent notre pays (et le reste du monde). Notre gouvernement est corrompu, les multinationales sont omniprésentes, et notre monde est détruit.
Pour beaucoup, la situation dans laquelle nous nous trouvons est paralysante. Que pouvons-nous faire face à cela ?
Quand j’ai commencé à protéger Thacker Pass et établi un camp de protestation sur le site où la mine doit être creusée, en plein hiver 2021, je n’avais pas d’illusions. Je savais que les tribunaux n’allaient pas nous sauver. Rappelez-vous, les lois ont été écrites par les grandes entreprises. Je savais que les commentaires publics ne marcheraient pas ; les règles sont écrites pour favoriser les intérêts des grandes entreprises. Je savais que le gouvernement ne serait d’aucune aide, vu que les politiciens sont pour la plupart achetés et payés. Je savais même que les façons standard de protester ne seraient probablement pas efficaces, vu les tactiques de répression et les stratégies de diviser-pour-régner qui ont été depuis des siècles celles des grandes entreprises et des colonisateurs.
En tant que société, nous nous trouvons au cœur de la 6ème extinction de masse, d’une catastrophe climatique et apparemment, d’un dépassement terminal. Et, comme mouvement écologiste, malgré notre action courageuse et inspirée, nous avons été insuffisants.
C’est pourquoi, depuis des années, j’appelle à une révolution écologique – une transformation fondamentale de la société – et m’organise pour faire qu’elle se produise.
Que vous pensiez que c’est nécessaire ou non, nous sommes tous d’accord sur le fait que ce que nous faisons ne marche pas. Je n’ai pas toutes les réponses. Mais je sais qu’il est temps d’aller plus loin.
Christine Prat, CSIA-Nitassinan
13 novembre 2022
Photos Max Wilbert
Les photos de la région de Thacker Pass sont de ©Max Wilbert et sont utilisées avec sa permission. Utilisation commerciale interdite, diffusion du message fortement encouragée.
Les médias publics français ne parlent que rarement des Autochtones d’Amérique du Nord, et toujours au passé : ils ont été exterminés, c’est triste mais on n’y peut rien. Lorsqu’ils doivent parler des plus de 1000 tests de bombes atomiques dans le Nevada, ils précisent que c’est dans un désert inhabité ! À seulement quelques dizaines de kilomètres de la région la plus peuplée du Nevada… Evidemment, ils ne parlent jamais du projet de site d’enfouissement profond de déchets hautement radioactifs, au même endroit, ça rappelle trop Bure. Même chose pour le projet de mine de lithium à Thacker Pass, dans le nord du Nevada, la France veut en creuser dans le Massif Central.
Hélas, j’ai remarqué que même les Français qui s’intéressent aux Autochtones d’Amérique du Nord, s’intéressaient beaucoup moins aux menaces de mines de lithium qu’aux autres problèmes. Croient-ils ce que dit France-Culture ? Ou comptent-ils déjà acquérir un véhicule électrique et préfèrent ne pas savoir que ça pollue autant que les voitures à essence ?
Les mines de lithium polluent et détruisent l’environnement. Le lithium est en soi toxique, et l’extraction de quelque minerai que ce soit se fait en utilisant des produits dangereux. L’extraction du lithium et le traitement du minerai exigent l’utilisation de milliards de litres d’eau – dont une partie reste polluée pour au moins 300 ans – et ça laissera un tas de déchets gigantesque, selon un article du New York Times de 2021. Le fonctionnement de la mine devrait brûler plus de 98000 litres de diesel par jour. Ça exige aussi la construction de routes pour le transport, l’utilisation de camions au diesel, etc. C’est autant de territoire détruit pour une faune et une flore rares et menacées. L’article du New York Times dit : « Les voitures électriques et l’énergie renouvelable pourraient ne pas être aussi vertes qu’elles paraissent. La production de matériaux comme le lithium, le cobalt et le nickel, qui sont essentiels pour ces technologies, est souvent désastreuse pour le sol, l’eau, la vie sauvage et les gens. »
Thacker Pass est un site sacré et historique pour les Paiutes de la région, en 1865 la Cavalerie y a commis un massacre. Les compagnies explorent la région depuis 2007 et maintenant, l’autorisation du projet est accélérée. Les habitants n’ont pas été consultés convenablement. Des Autochtones, des groupes écologistes et un rancher de la région sont allés en justice. Ils ont besoin de soutien. Faire connaître le problème au maximum est déjà un moyen de pression. Pour plus de détails sur Thacker Pass et les mines de lithium, voir l’article de Max Wilbert, écologiste, auteur et photographe, traduit en français sur ce site.
Autochtones du Nevada menacés par la « ruée vers le lithium » déclenchée par de fausses promesses d’énergie “verte”.
UNE VIOLATION DES DROITS DES AUTOCHTONES
DES PROCÉDURES ARCHÉOLOGIQUES COMMENCENT À THACKER PASS
LES ANCÊTRES ET DES SITES SACRÉS DANS LA LIGNE DE TIRS
Contact: Reno Sparks Indian Colony https://www.facebook.com/rsictribe ou l’avocat Will Falkhttps://www.facebook.com/willfalk35
Censored News
18 avril 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
OROVADA, NEVADA, 18 avril 2022 – Des processus archéologiques ont commencé sur le site projeté pour la mine de lithium de Thacker Pass cette semaine, ce que la Colonie Indienne de Reno-Sparks (RSIC) dit être une violation des droits des Autochtones.
« Ces procédures profanent le lieu de repos de nos ancêtres, en violation de la Loi sur la Protection et le Rapatriement des Tombes Autochtones [NAGPRA], » dit Michon R. Eben, Officier Tribal de la Préservation Historique pour la Colonie Indienne de Reno-Sparks. « Le Gouvernement Fédéral devrait avoir honte de l’absence de consultation de gouvernement à gouvernement par le BLM [Bureau de l’Aménagement du Territoire] de Winnemucca et le Groupe de Recherche Anthropologique du Far West, Inc. »
Thacker Pass a été le site, en 1865, d’un massacre de Paiutes par des militaires des Etats-Unis.
Dans une lettre envoyée par la Tribu à la firme archéologique qui dirige les excavations, Groupe de Recherche Anthropologique du Far West, Inc., la RSIC exige que « (la firme) arrête immédiatement les forages archéologiques projetés et refuse de participer à la profanation de Thacker Pass au profit de la cupidité des grandes compagnies. »
La mine de lithium de Thacker Pass est devenue un scandale international en janvier de l’an dernier, quand les protestations ont commencé sur le site de la mine. Des écologistes, des tribus, des ranchers ont porté plainte contre le projet de mine devant un tribunal fédéral, alléguant des violations de diverses lois fédérales, et demandant des investigations du Congrès sur l’affaire. Le projet a été « accéléré » sous le gouvernement Trump.
Le président de la colonie, Arlan Melendez demande : « Comment vous sentiriez-vous si vos proches étaient massacrés dans une zone sacrée de prières, sans pouvoir tourner la page sur leur mort, pour le profit tiré d’une terre volée, et que maintenant vos terres ancestrales sacrées étaient déracinées sans consultation fédérale adéquate, pour le profit de la plus grande mine de lithium d’Amérique ? Le processus de consultation avec les nations tribales doit être maintenu. »
« C’est un combat pour la justice, un combat pour la planète, et un combat pour ce qui est bien » dit Will Falk, un avocat de la RSIC. « Nous avons besoin de l’aide de tous pour mettre fin à cette profanation. »
RÉSUMÉ D’UNE LETTRE DE 7 PAGES :
La Colonie Indienne de Reno-Sparks (RSIC) a précisé dans une lettre sa perception des excavations contraires aux principes projetées, que le Groupe de Recherche Anthropologique du Far West, Inc. (Far-Western) entreprend actuellement sur une Propriété Culturelle Traditionnelle des peuples Paiute et Shoshone, Thacker Pass. Ces procédures archéologiques comprennent l’excavation de ressources culturelles Autochtones, d’objets sacrés, et la perturbation de lieu de repos d’ancêtres Paiutes massacrés le 12 septembre 1865 par la Cavalerie du Nevada.
Le Projet de Mine de Lithium de Thacker Pass est la mine de lithium la plus vaste et la plus complexe du pays. Le projet est devenu un scandale international en janvier de l’an dernier, quand les protestations ont commencé sur le site de la mine. Des écologistes, des tribus, des ranchers ont porté plainte contre le projet de mine devant un tribunal fédéral, alléguant des violations de diverses lois fédérales, et demandant des investigations du Congrès sur l’affaire. Le projet a été « accéléré » sous le gouvernement Trump.
Si nous ne tenons pas les agences fédérales, les compagnies minières et les firmes archéologiques pour responsables de leurs pratiques pour le profit contraires à l’éthique, nous verrons le Nevada devenir un terrain vague poubelle et une perpétuelle exploitation de la culture des peuples Autochtones pour de futures mines de lithium. Tous les travaux entrepris au niveau fédéral, y compris les projets de mines, doivent inclure les tribus reconnues fédéralement au cours de tout le processus.
Le BLM a manqué à ses responsabilités selon la Loi Nationale de Politique Environnementale (NEPA), la Loi de Protection de de Rapatriement des Tombes Autochtones (NAGPRA), la Loi de Protection des Ressources Archéologiques (ARPA) et la Loi Nationale de Préservation Historique (NHPA). Le BLM n’a pas donné aux tribus qui accordent une importance culturelle et religieuse à Thacker Pass, une possibilité raisonnable d’exprimer les inquiétudes concernant les sites culturels Autochtones, de donner des conseils sur l’identification et l’évaluation de l’importance traditionnelle religieuse et culturelle, de préciser leurs points de vue sur les effets du Projet de Mine de Lithium de Thacker Pass sur ces sites Autochtones, ni de participer à la résolution d’effets négatifs, exigée par la NHPA. Le BLM et Far Western n’ont pas inclus dans leurs rapports, le massacre du 12 septembre 1865. Il y a plus de 100 massacres mentionnés dans le Grand Bassin, de 1864 à 1868. C’est l’Histoire Américaine. C’est l’Histoire du Nevada. Les Paiutes sont importants, pas seulement pour les reliques sur et dans le sol, qui pourraient donner des informations et des succès universitaires aux archéologues.
Prendre ces reliques et perturber les sites funéraires constitue un chapitre honteux de plus dans une longue histoire de colons essayant de détruire ou de commettre un génocide contre l’histoire et la culture des Autochtones.
Dans la lettre, la RSIC rappelle à Far Western les principes éthiques de l’archéologie et le Code de Standards Professionnels de l’Institut Archéologique d’Amérique. La RSIC rappelle également à Far Western que par l’excavation de Thacker Pass, ils démontreront que de gros contrats, de l’argent et des papiers universitaires sont plus importants pour leur organisation que de concevoir l’archéologie de façon morale et de respecter les inquiétudes légitimes d’une Tribu reconnue fédéralement, quant à la profanation de ses modes de vie ancestraux, y compris ses sites sacrés.
La RSIC demande à Far Western de prendre toutes ces objections en considération et de reconnaitre sérieusement qu’il est nécessaire de revoir la relation entre l’Archéologie et les Peuples Autochtones.
L’aspect central est que les firmes archéologiques fondent leur travail et leur science sur la moralité et l’éthique, plutôt que sur l’extractivisme de projets accélérés qui affectent pour toujours les ancêtres, les sites sacrés et le savoir des Autochtones. La RSIC demande que Far Western (et toute autre firme archéologique qui pourrait participer à des excavations non scrupuleuses) d’arrêter immédiatement les fouilles et de refuser de participer à la profanation de Thacker Pass au profit de la cupidité des grandes entreprises.
Article, photo ©Censored News, publié avec autorisation.