Dean Barlese qui a ouvert la conférence de presse par une prière
Par Brenda Norrell
Censored News
6 décembre 2023
Traduction Christine Prat
La lutte pour protéger Peehee Mu’huh, Thacker Pass, contre une mine de lithium, relie les luttes globales d’Indonésiens non contactés qui se battent contre l’extraction de nickel, les enfants esclaves des mines de cobalt du Congo, et les batailles contre l’extraction du lithium en Serbie et en Argentine. Ils se battent contre le greenwashing (‘laver plus vert’) de la fausse solution des véhicules électriques pour le changement climatique.
La profanation du site sacré d’un massacre de Paiutes par la firme canadienne Lithium Americas, continue parce que les lois fédérales ne protègent pas les sites de massacres. De plus, un camp masculin pour les mineurs de lithium menace les communautés rurales de la Nation Paiute Shoshone de Fort McDermitt, et la ville de Winnemucca, de crimes, particulièrement le trafic sexuel.
Au cours d’une conférence de presse, mardi 5 décembre, le Président de la Colonie Indienne de Reno-Sparks, Arlan Melendez, a appelé à une nouvelle mobilisation de manifestations pacifiques pour faire prendre conscience au public de la profanation en cours du site sacré et des dégâts à l’environnement. Il a demandé du soutien du Dakota du Sud et d’ailleurs, pour mettre cette profanation en évidence.
« Nous avons perdu en justice parce que les lois favorisent l’extractivisme, surtout dans cet état [le Nevada] » dit le Président Melendez.
« Sans eau, il n’y a pas de vie », dit Dean Barlese, Paiute de Pyramid Lake, qui a offert la prière traditionnelle d’ouverture, qui honore tous les êtres créés, toute la création sacrée. « Nous enseignons ces chants de prières à nos jeunes. »
« Nos chants sont toujours là sur la terre. »
Le Président Melendez dit qu’ils s’inquiétaient des crimes que la mine allait amener dans la région de Fort McDermitt, une zone rurale, surtout les camps masculins étant donné le problème des femmes assassinées ou disparues.
Le boom du lithium est comme la ruée vers l’or, tout l’état a des dépôts de lithium, et les 28 bandes et tribus du Nevada sont certaines d’en être affectées. Déjà, des sites sacrés sont profanés par l’extraction de lithium.
Le Président Melendez dit que leur stratégie était de mobiliser les tribus afin de se faire entendre plus fort, afin que les gens comprennent la dévastation en cours.
À propos de la non-participation des États-Unis à une consultation efficace, le Président Melendez a dit que la Secrétaire de l’Intérieur était invitée à rencontrer les tribus Indiennes du Nevada, mais n’était pas venue.
La consultation était la seule occasion d’influer sur la décision finale, mais le gouvernement des États-Unis n’était pas venu rencontrer les tribus, dit-il.
« Les Tribus n’ont jamais touché un centime de l’extraction minière » dit le Président Melendez, ajoutant que la loi sur les mines devait être changée.
Michon Eben, chef de la préservation historique tribale pour la Colonie Indienne de Reno-Sparks, expliqua la signification historique de sa terre natale, et comment les bandes étaient nommées d’après la nourriture qu’elles récoltaient et leurs traditions culturelles. Eben décrivit le Massacre de Paiutes ici, lisant des témoignages historiques, et comment les gens venaient toujours ici pour prier.
Les soldats fédéraux du 1er régiment de Cavalerie du Nevada ont commis le massacre le 12 septembre 1865, à Peehee Mu’huh.
Eben dit qu’il y avait eu trois survivants, et aujourd’hui, la mine de lithium est en construction sur un site funéraire non indiqué où les victimes sont restées.
« C’est où sont nos ancêtres » dit Eben.
Eben dit aussi que le camp masculin de Winnemucca pose de graves dangers, particulièrement de trafic sexuel, à un moment où des femmes Autochtones ont disparu ou ont été assassinées partout en pays Indien.
Will Falk, un des avocats de la Colonie Indienne de Reno-Sparks, dit que les lois fédérales ne protégeaient pas les sites de massacres de l’extractivisme et que la loi fédérale sur l’extraction minière de 1872 devait être changée par le Congrès pour protéger les sites sacrés. Falk dit aussi qu’il y a plus de 1000 sites sacrés ici, dans la zone de la mine de lithium à ciel ouvert.
Selon Falk, la seule façon dont les tribus étaient autorisées à s’adresser à une cour fédérale, selon la loi, était de demander une consultation concernant les projets susceptibles de détruire des terres ancestrales. Les tribus ne peuvent pas dire au gouvernement fédéral : Non, vous ne faites pas ça ici.
Quand l’extraction a lieu sur des terres publiques, il est interdit aux Autochtones d’y aller prier pour leurs ancêtres massacrés, dit Falk.
« C’est une violation des droits humains » dit Falk, soulignant que ça s’inscrit dans le système de purification ethnique du gouvernement des États-Unis.
Falk dit que les corporations riches étaient prêtes à combattre tout changement de la loi fédérale minière de 1872, et ce changement exigera une désobéissance civile de masse.
La méthode d’extraction du lithium dépend de l’industrie des carburants fossiles et elle ne va pas sauver la planète, dit-il.
« Je ne vois pas ce qu’il y a de ‘vert’ dans le fait de faire sauter une montagne. »
Max Wilbert, qui a passé des mois sur le site, explique comment la lutte ici relie les gens avec les luttes globales contre le ‘laver plus vert’ des batteries pour véhicules électriques.
Wilbert dit que ce qui arrive à Thacker Pass, n’est pas juste une petite dispute dans un coin éloigné du monde, mais c’est une « nouvelle frontière de l’économie d’extractivisme. »
C’est le canari dans la mine de charbon.
Les Hongana Manyawa – ‘Les Gens de la Forêt’, dans leur langue – sont une des dernières tribus nomades de chasseurs-cueilleurs d’Indonésie. Ils luttent maintenant contre les dévastations causées à leur jungle par l’extraction de nickel pour les batteries de voitures électriques.
Dans la République Démocratique du Congo, des enfants dès l’âge de 4 ans sont forcés de travailler 12 heures par jour dans les « mines de l’horreur » du Congo, pour extraire du cobalt pour fabriquer des téléphones portables. Et pour cela, ils ne reçoivent que 10 centimes par jour et sont constamment menacés de violence.
En Serbie, il y a des manifestations de masse pour s’opposer au projet de Rio Tinto d’une énorme mine de lithium. En Argentine, les gens dénoncent et s’opposent à l’extraction de lithium.
Wilbert, cofondateur de Protect Thacker Pass, dit qu’il y a actuellement plus de 21000 demandes de permis pour du lithium dans le Nevada. M. Wilbert dit que les émissions des véhicules électriques polluent aussi, et que les véhicules électriques sont une distraction, pas une solution pour le changement climatique.
Thacker Pass, « Peehee Mu’huh » dans la langue Paiute, héberge des sites sacrés, des lieux de récoltes et de chasse, des sites de cérémonies, et le lieu de deux massacres d’enfants, de femmes et d’hommes Paiutes.
Le 9 novembre, la Juge Principale du District Nord du Nevada, Miranda Du, a rejeté une deuxième plainte déposée en février de cette année par la Colonie Indienne de Reno-Sparks contre le Bureau d’Aménagement du Territoire (BLM) pour avoir autorisé la mine de lithium à Thacker Pass à détruire des sites sacrés sans avoir mené jusqu’au bout une consultation avec la tribu. La Colonie Indienne de Reno-Sparks a été rejointe dans sa plainte par la Tribu Paiute de Summit Lake et la Tribu Paiute de Burns.
Le Président Melendez dit mardi qu’il n’y aurait pas d’appel de la Colonie Indienne de Reno-Sparks pour le moment, parce que ce serait inutile face aux lois actuelles, à la position de la cour fédérale et au fait que les sites sacrés seraient détruits pendant les longs délais de l’action en justice.
©Censored News
Lithium Americas Corporation essaie de se distancer des violations des droits humains de son Projet « Cauchari Oloroz »
Par Max Wilbert
12 août 2023
Photos Susi Maresca
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Je m’appelle Max Wilbert, co-auteur de Bright Green Lies, fondateur de Protect Thacker Pass, et organisateur d’une communauté bio-centrée avec Deep Green Resistance. Cette lettre d’information se concentre sur la durabilité, le dépassement écologique et le ‘laver plus vert’. Si vous voulez me suivre, vous pouvez vous inscrire. Presque tout est gratuit, et les inscriptions payantes soutiennent mon travail.
Cet article a été publié dans The Nevada Independent aujourd’hui. Les photos ont été prises par Susi Maresca.
La récente couverture médiatique de la mine de lithium de Thacker Pass dans la presse du Nevada, néglige la controverse autour de ce projet.
Lithium Americas Corporation (LAC) fait face à quatre poursuites en justice, trois camps de protestation, des barrages non-violents et des critiques dans la presse, à propos des impacts sur des sites culturels sacrés, comme le site du massacre de Thacker Pass en 1865, la destruction de l’habitat de la vie sauvage et l’utilisation de 19 millions de litres d’eau par jour. Le Nevada n’a pas connu de telle controverse à propos d’une mine depuis le Mont Tenabo et les sœurs Dann.
[Les lecteurs de notre site savent déjà que moi-même, quatre protecteurs de l’eau Autochtones et deux alliés, ainsi que l’organisation que j’ai aidé à créer – Protect Thacker Pass – sont poursuivis par Lithium Americas Corporation.]
Mais ce que la plupart des lecteurs ne savent pas, c’est que l’opposition à laquelle Lithium Americas est confronté, n’existe pas seulement dans le Nevada. Son projet de lithium en Argentine (en copropriété avec la compagnie chinoise d’Etat Ganfeng Lithium) se heurte aussi à une opposition déterminée.
Depuis plus d’un mois, des protestations conduites par des femmes autochtones ont eu lieu près de la mine de Lithium Americas de Cauchari-Olaroz. Des autochtones Kolla et Guarani disent qu’un nouveau changement de la constitution « donne le pouvoir aux propriétaires privés de les chasser… dans un contexte de conflits qui augmentent à propos des droits sur le sol en ce qui concerne l’extraction de lithium par des multinationales. »
video en Espagnol
Amnesty International et une douzaine d’organisations des droits humains ont demandé la suspension de ces nouvelles lois, notant que la police avait attaqué les manifestants avec « un usage excessif de la force, utilisant indifféremment des balles en caoutchouc, du gaz lacrymogène et de la violence physique. » Malgré la violence, les communautés ont continué à s’organiser ; la semaine dernière, une caravane de protestation de milliers de gens est arrivée à Buenos Aires.
Dans un article récent de Mark Robinson dans le Reno Gazette-Journal, un représentant de la LAC, Tim Crowley, déclare qu’ « il ignore si la compagnie a eu des problèmes de manifestations dans d’autres pays. » Je suppose que c’est un mensonge – parmi beaucoup d’autres que Crowley et Lithium Americas répètent depuis des années. Minera Exar, la compagnie écran de Lithium Americas en Argentine, a été citée dans un rapport du Centre de Ressources pour les Affaires et les Droits Humains [Business and Human Rights Resource Center] sur les compagnies minières commettant des violations des droits humains.
Extrêmement soucieux de se distancer des problèmes gênants de droits humains, de protestations, de décès de travailleurs [2 à Jujuy – NdT] et de connexion avec la Chine, qui pourraient empêcher l’accès aux fonds gouvernementaux, Lithium Americas a décidé de se diviser en deux compagnies – l’une centrée sur l’Argentine, l’autre en Amérique du Nord. C’est le script des grandes compagnies : limiter la responsabilité et protéger les profits à tout prix.
Un chercheur Argentin a dit au Washington Post « C’est comme une plaisanterie… [les compagnies minières] pensent vraiment que les autochtones sont comme des pierres sur la route. S’il y a un problème, elles doivent le dégager d’un coup de pied. » L’article du Washington Post fait observer qu’un slogan peint à la main en Argentine dit « Nous ne mangeons pas de batteries. Elles prennent l’eau, et la vie disparait. »
Les gens d’ici devraient faire attention. Le Nevada est l’état le plus sec du pays et, selon la Division des Minéraux du Nevada, on estime qu’il y a 20127 demandes de permis miniers dans l’état au 30 avril de cette année.
Pendant ce temps, un article récent du magazine Time dit : « Il y a de bonnes raisons pour les communautés des Etats-Unis d’être sceptiques à propos de projets de mines … Il y a plus de 50 000 mines abandonnées rien que dans l’ouest des Etats-Unis, dont 80% doivent encore être assainies. »
Thacker Pass implique les mêmes risques. Pendant la conférence annuelle du Réseau d’Action Minière de l’Ouest, à Reno, l’an dernier, le Professeur H. Emmerman, un hydrologue indépendant, a appelé le plan de stockage des déchets toxiques de Lithium Americas « une créativité irresponsable » non basée sur la science, et il croit qu’il y a une possibilité importante soit d’une défaillance catastrophique (comme la catastrophe du Mont Polley, en Colombie Britannique) soit d’une fuite graduelle de polluants dans la nappe phréatique pour des milliers d’années.
Et qu’en est-il du changement climatique ? Alors que Lithium Americas prétend que le lithium est nécessaire pour remédier au changement climatique, sa mine va y contribuer directement avec des milliers de tonnes d’émissions de carbone et de polluants par an, dans une atmosphère déjà surchargée. Sans compter ce qui est déjà relâché maintenant, du fait que la compagnie déchire des buissons d’armoise anciens et la délicate terre de surface.
Les véhicules électriques sont peut-être moins destructifs pour le climat que les moteurs à combustion interne, mais ils ne sont certainement pas bons pour la planète. À mesure que les véhicules électriques sont plus gros, l’économie de carbone devient moindre. Une étude a trouvé que la prolifération de SUV ne « contribuerait probablement pas à réduire les émissions des véhicules » si le lithium et d’autres matériaux essentiels sont limités (ils le sont). Entretemps, Lithium Americas a signé un accord avec General Motors, qui produit le véhicule électrique Hummer, le plus grand de tous les véhicules électriques.
Toute réduction d’émission de gaz à effet de serre par les véhicules électriques ne sera qu’une petite goutte dans un seau. L’accroissement de la taille des véhicules et de tout le secteur automobile, signifie que les émissions de gaz carbonique par les transports vont probablement continuer à augmenter.
Un vol de territoire au niveau mondial est en train de se produire. L’extractivisme commence ou s’étend au Portugal, au Royaume-Uni, en Bolivie, au Chili, en Argentine, en Australie, au Tibet et en Chine. Tous ces projets causent des dégâts et les communautés se défendent. En Serbie, par exemple, une opposition massive a empêché Rio Tinto d’extraire du lithium dans l’une des vallées agricoles les plus productives du pays.
Ce n’est pas « vert » de détruire le territoire, que ce soit pour du charbon ou du lithium. Si on veut arrêter le réchauffement climatique, changer ce qu’il y a sous le capot de nos voitures n’est pas suffisant. Réduire les émissions et sauver notre planète implique de remettre en cause notre culture de consommation et de croissance.
C’est la nouvelle vérité inconfortable.
Attaqués et terrorisés par la police, leurs Plumes d’Aigle saisies, maintenant, la Secrétaire d’Etat [Ministre] à l’Intérieur, Deb Haaland, leur a brisé le cœur et mis en danger les générations futures. Le Camp Ox Sam sur le site du Massacre de Paiutes.
Par Brenda Norrell
Censored News
21 juin 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
La Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland soutient le forage dans les lieux de sépultures de Paiutes massacrés pour du lithium – et elle dit qu’elle fait le bon choix.
Selon Associated Press, Haaland, dont le service contrôle Thacker Pass, dit que, si elle soutient le droit de manifester pacifiquement, son service est pour la mine parce que « le besoin de faire avancer notre économie d’énergie verte est sans aucun doute important ».
Haaland dit à l’Associated Press que quand son service hérite d’un projet d’un gouvernement précédent, « C’est notre travail de nous assurer que nous faisons les choses selon la science et la loi. »
Cependant, l’Intérieur et un juge fédéral violent des lois fédérales qui protègent les sites religieux et les sépultures des Autochtones, les espèces menacées et leur habitat ; et l’eau souterraine.
Biden, l’Intérieur et le Bureau de Gestion du Territoire (BLM) sont responsables de la profanation et de la destruction, et de l’attaque de la police, qui ont terrorisé les Anciens et les jeunes Autochtones qui protégeaient le site funéraire où des Paiutes avaient été massacrés en 1865.
Le Service du Sheriff de Humboldt et la sécurité privée de Lithium Americas, Allied Universal, ont attaqué le Camp Ox Sam et illégalement confisqué et endommagé des Plumes d’Aigle. Ils ont terrorisé une jeune Diné (Navajo) après l’avoir arrêtée.
Maintenant, la compagnie étrangère, Lithium Americas du Canada, a déposé une plainte contre les Anciens Paiutes et Shoshones et des soutiens, pour avoir prié là-bas et protégé les sites funéraires.
Ils sont le Peuple des Danseurs Fantômes.
Le Faux Tournant Vert
Biden et la Secrétaire à l’Intérieur Haaland soutiennent Lithium Americas qui creuse dans les sites funéraires de Paiutes massacrés – bien que la compagnie étrangère soit actuellement non profitable et perde de l’argent.
Ils violent les lois qui protègent les sites funéraires Autochtones, les espèces menacées et l’eau souterraine de Thacker Pass. La compagnie canadienne utilisera-t-elle sa fortune à venir pour réparer la terre, ramener les plantes et les animaux morts et remplir la nappe phréatique ? Impossible.
La Transition Verte dans la Région de Four Corners sera conduite par l’Industrie de la Bombe Atomique
La région de Four Corners est déjà ravagée par des mines et des centrales au charbon, actuellement fermées, qui ont gravement endommagé la santé des habitants. Et il y a toujours des mines d’uranium abandonnées, mais pas toutes décontaminées. L’usine de traitement de l’uranium de White Mesa fonctionne toujours. Mettre le nucléaire dans la région, où il y a trop peu d’eau pour refroidir des réacteurs, et qui impliquerait l’ouverture de nouvelles mines d’uranium est une « solution » catastrophique. Ch. P.
Deb Haaland avait dit que le Laboratoire National de Los Alamos, Nouveau-Mexique [où furent conçues les bombes d’Hiroshima et Nagasaki] conduirait la « transition verte ». Le laboratoire entretient les armes nucléaires qui y sont entassées.
Voir l’article de Censored News du 30 août 2022.
UNE PRIÈRE CONTRE LA DESTRUCTION DE LA TERRE
Une action directe conduite par des Autochtones, a bloqué la construction à la mine de lithium de Thacker Pass
Par Max Wilbert
30 avril 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Mardi [25-4-2023], j’ai participé à une action directe non-violente, conduite par des Autochtones et fondée sur la prière à Peehee Mu’huh, Thacker Pass.
Après avoir tout essayé – de poursuites en justice à des pressions sur le Bureau de Gestion du Territoire et à supplier la première Secrétaire de l’Intérieur Autochtone jamais nommée, Deb Haaland, de venir écouter leurs inquiétudes – des Paiutes ont été forcés de s’engager dans l’action directe.
Commençant à l’aube, nous sommes entrés sur le site de la mine de lithium de Thacker Pass, avons passé un point de contrôle et des stocks d’équipements, et bloqué les engins lourds avec nos corps. Cette action n’a arrêté la construction que pour une journée. Mais c’est un début susciter une résistance plus large à la mine de lithium de Thacker Pass.
Je ne l’avais pas prévu, mais j’ai fini par monter sur une excavatrice pendant l’action. Personne n’a appelé la police, et comme nous croyons que Lithium Nevada ne veut pas en faire une scène, j’ai décidé d’en faire un maximum.
L’action a été couverte par Last Real Indians (faites savoir à Matt Remle de LRI, que j’ai connu étant enfant qui a grandi à Seattle) :
(©article et photos Max Wilbert)
LA CONSTRUCTION D’UNE MINE DE LITHIUM À THACKER PASS, NEVADA, BLOQUÉE PAR UNE ACTION DIRECTE
Par Ken Cosentino
26 avril 2023
Mardi 25 avril, un groupe de protestataires a dérangé avec succès le projet de mine de lithium à Thacker Pass dans le Nevada. Parmi les membres du groupe, il y avait Dean Barlese, un Ancien de la Réserve Paiute-Shoshone de Pyramid Lake, qui nous a dit « Nous devons résister pour nos ancêtres, ils ont donné leurs vies, ils ont répandu leur sang en combattant pour de territoire. »
Si vous cherchez « Thacker Pass » sur Wikipédia, vous vous apercevrez qu’il n’y a pas d’article pour ce site d’héritage culturel important. Il y a cependant, une page fort bien tenue pour la « Mine de Lithium de Thacker Pass. » Il semble évident que les narrations autour de Thacker Pass sont dominées et contrôlées par des forces clandestines ; qui ont enterré l’importance culturelle de ce site géographique encore plus profondément que les os brisés de ceux qui y ont été massacrés.
Heureusement, un groupe d’activistes connu sous le nom de Protect Thacker Pass ont consciencieusement fait la chronique de leur opposition à l’opération de mine de lithium.
Selon leur site, « Thacker Pass est un trait physique du Comté de Humboldt, dans le Nevada, faisant partie de McDermott Caldera, à environ 95 km au nord-ouest de Winnemucca. Ça a été formé il y a plus de 16 millions d’années, c’est un territoire non cédé appartenant à des Paiutes et des Shoshones, et c’est une terre publique du Bureau de Gestion du Territoire (BLM). Le nom Paiute traditionnel de Thacker Pass est PeeHee Mu’huh, ce qui veut dire ‘lune pourrie’. Maintenant, c’est également le site projeté pour une énorme mine de lithium, qui détruirait la zone et le précieux habitat des créatures qui y vivent. »
Dorece Sam, membre de la Tribu Paiute-Shoshone de Fort McDermitt, a publié la déclaration suivante : « Hier, nous et nos alliés avons effectué une prière Paiute et Shoshone pacifique à PeeHee Mu’huh. Nous avons prié de la même façon que nos ancêtres dont les esprits et les restes sont à PeeHee Mu’huh. En tant que membre de la Tribu de Fort McDermitt et femme traditionnelle Paiute, je résiste avec, et soutiens, nos tribus parentes, comme la Tribu Paiute de Burns, la Colonie Indienne de Reno-Sparks, et la Tribu Paiute de Summit Lake, qui combattent cette mine destructrice à nos côtés. Malheureusement, le Conseil Tribal de Fort McDermitt NE REPRESENTE PAS les intérêts de la communauté de Fort McDermitt et son appartenance Tribale sur cette question. »
À propos de la dernière phrase de la déclaration de Sam, Lithium Americas Corp. a publié la réaction suivante, après les évènements d’hier : « Nous avons entendu dire qu’une poignée de manifestants étaient présent aujourd’hui sur le site du projet. Lithium Americas a toujours cherché à communiquer de façon constructive avec ses voisins sur des solutions de bon sens qui apportent un succès partagé, et nous sommes heureux d’avoir le soutien de la Tribu Shoshone et Paiute de Fort McDermitt toute proche. »
Quiconque a fait attention à l’extraction de lithium dans la forêt Amazonienne connait la destruction que ce genre d’opérations entraine sur le terrain, et en conséquence sur les populations Autochtones.
Selon la Colonie Indienne de Reno-Sparks, le projet de mine de lithium à Thacker Pass « a été autorisé sans aucune consultation des tribus Autochtones. En fait, la plupart des tribus de la région – y compris nous – ne savaient rien du projet de mine jusqu’à ce que la Déclaration Finale d’Impact Environnemental soit publiée et le Compte-rendu de Décision signé, le 15 janvier 2021. »
Au plus fort de la pandémie de COVID, alors que les réserves du Nevada étaient encore confinées, le Bureau de Gestion du Territoire a « accéléré » le processus de permis, délivrant un permis pour le projet en moins d’un an.
Thacker Pass, qui se trouve dans le cratère d’un super volcan éteint (le McDermitt Caldera), est spirituellement important pour les tribus Autochtones du Nevada, entre autres : les Paiutes du Nord, les Shoshones, les Paiutes du Sud et les Washoe.
La mine est un projet de Lithium Nevada, LLC ; une branche entièrement propriété de Lithium Americas Corp, une compagnie canadienne dont le principal actionnaire est la plus grande compagnie de lithium du monde, l’entreprise chinoise Ganfeng Lithium. »
Bucky Harjo (Paiute – Shoshone) dit « En tant que parent, j’en viens quelques fois aux larmes quand j’entend nos enfants jouer et rire toute la journée ; avec le mode de vie de nos nations, nous apprenons et nos enfants apprennent, mais pour nos grands-parents et nos arrière-grands-parents, il y a eu beaucoup de souffrance… et maintenant, nous voyons à nouveau cette souffrance, quand les multinationales minières empiètent à nouveau sur notre souveraineté, nos traditions, nos droits selon les traités et nos droits religieux. Ce moment sacré du matin a été un remède puissant et ces voix devraient toujours être entendues et non réduites au silence, ça fait partie de ce que nous devons protéger, l’harmonie à Thacker Pass, PeeHee Mu’Huh. »
Thacker Pass a été le lieu de deux massacres. Il y a beaucoup de documentation sur le deuxième, qui s’est produit pendant la Guerre du Serpent, le 12 septembre 1865, lorsque des soldats du gouvernement ont massacré [au moins] 31 hommes, femmes et enfants de la tribu Paiute. Des fragments d’os et d’autres reliques sont dispersés dans la zone prévue pour la mine, selon l’avocat de Protect Thacker Pass Will Falk.
D’après la Colonie Indienne de Reno-Sparks, le premier massacre, « qui a donné le nom Paiute de PeeHee Mu’huh (‘lune pourrie’), était un conflit intertribal, avec une autre tribu de l’ouest. » Ça avait été commis par les Indiens de Pit River du nord de la Californie et de l’Oregon.
Le BLM a, comme par hasard, ignoré ce qui est mentionné ci-dessus et qui dit que les sites éligibles pour entrer au Registre National de Lieux Historiques sont dans les limites de la zone d’extraction du lithium.
La Colonie Indienne de Reno-Sparks a été rejointe dans son opposition par la Tribu Paiute de Burns, le Congrès National des Indiens Américains, le Conseil intertribal du Nevada, la Tribu Paiute de Pyramid Lake, la Tribu Paiute de Summit Lake, un rancher local nommé Ed Bartell, Protect Thacker Pass et « un groupe communautaire composé essentiellement de membres de la Tribu Paiute-Shoshone de Fort McDermitt et de Gens de Red Mountain (Atsa Koodakuh wyh Nuwu). »
Lithium Americas Corp. est sous contrat pour vendre le lithium de Thacker Pass à General Motors pour leurs véhicules électriques. Tandis que les politiciens et les grandes compagnies affirment que les véhicules électriques sont un moyen sûr pour ralentir le changement climatique, l’évidence prouve le contraire. L’extraction de lithium pour des batteries est aussi destructrice pour l’environnement que l’extraction de charbon. Thacker Pass se trouve au-dessus de ce qui pourrait être le plus grand gisement de lithium de Turtle Island, et des milliardaires avides se lèchent les babines à l’idée de pouvoir extraire du lithium de Thacker Pass dès 2026.
Max Wilbert, de Protect Thacker Pass, dit : « Passer une montagne sacrée au bulldozer n’est pas ‘vert’. C’est une grave erreur de sacrifier la biodiversité et des sites culturels par cupidité et pour des voitures de luxe. »
Il y a de l’argent sale derrière la transition verte
Par Max Wilbert
22 avril 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Je m’appelle Max Wilbert, co-auteur de Bright Green Lies, fondateur de Protéger Thacker Pass, et organisateur d’une communauté bio-centrée. J’utilise ce site pour partager des stratégies et explorer des domaines comme la durabilité, l’effondrement, l’empire, la résistance, l’activisme, le greenwashing [laver plus vert] et la justice. Merci de me lire.
Un criminel qui glisse quelques billets à un officier de police et repart libre. Un homme d’affaires qui achète un politicien avec une valise d’argent liquide. Nous concevons souvent la corruption dans ces termes évidents, et comme quelque chose qui se produit dans les pays pauvres, ailleurs.
Mais la corruption se présente souvent différemment.
Aux Etats-Unis, où je vis, la corruption est courante. Elle est aussi presque légale.
En fait, l’argent sale est devenu partie intégrante du tissus politique de notre nation. Ça a été normalisé, institutionalisé et même régulé. Et pourtant, les effets de cette corruption sont aussi insidieux et destructifs que les pots-de-vin les plus voyants.
La corruption est quelque chose de pourri dans notre système politique, et elle s’étend.
Cet article concerne la corruption américaine, mais l’histoire sera racontée en examinant une compagnie minière canadienne appelée Lithium Americas, qui travaille aux Etats-Unis par l’intermédiaire d’une succursale entièrement possédée par les Etats-Unis, Lithium Nevada Corporation.
Depuis deux ans et demi, je lutte contre Lithium Nevada pour l’empêcher de détruire Thacker Pass – un site crucial de biodiversité et un site sacré pour des Autochtones, site connu comme Peehee Mu’Huh dans la langue Paiute, qui se trouve dans le nord du Nevada, juste à côté de la frontière avec l’Oregon. Lithium Nevada, comme vous l’avez probablement deviné, veut transformer ce lieu en une mine de lithium à ciel ouvert.
C’est un lieu spécial. Thacker Pass abrite le tétra des armoises [sorte de sauge] en voie de disparition, l’antilope d’Amérique [seule et dernière représentante des antilocapridés], le cerf mulet et des aigles royaux. C’est un corridor de migration et un refuge climatique. C’est le bassin hydrologique des communautés locales et le site de deux massacres de Paiutes, dont celui du 12 septembre 1865, au cours duquel des soldats de l’Armée Américaine ont tué entre 30 et 50 hommes, femmes, enfants et vieillards, dans une attaque surprise à l’aube. Il a été reconnu par le Gouvernement Fédéral comme « District Culturel Traditionnel », un paysage d’une importance exceptionnelle pour l’histoire des Autochtones et leur identité culturelle.
Et en ce moment même, pendant que vous lisez ceci, c’est en train d’être détruit par une compagnie corrompue et un gouvernement corrompu. Des bulldozers roulent dessus, et des buissons de plusieurs siècles, des vestiges de milliers d’années et les vies de précieuses créatures du désert sont écrasés sous le métal.
Comment est-ce possible ? Comment, dans une démocratie où les gens ont le droit de protester, de se faire entendre, de commenter, de faire des pétitions, d’engager des poursuites en justice, comment est-il possible de voir un tel déni de justice ? Et, plus largement, comment est-il possible que notre système de gouvernement soit incapable de faire quelque chose face à la catastrophe écologique à laquelle nous sommes confrontés : la 6ème extinction de masse de la vie sur Terre ?
Une partie de la réponse est la corruption, que nous pouvons diviser en cinq catégories : le lobbying, la rédaction des lois, la politique de la « porte tournante », les contributions aux frais de campagnes, et la corruption de la communauté. Examinons-les l’une après l’autre, en utilisant Lithium Americas et Thacker Pass comme exemple.
Le lobbying : Comment les Grandes Compagnies y Gagnent un Accès Disproportionné Aux Élus
Le lobbying est fondé sur un principe simple : les officiels du gouvernement devraient écouter leurs électeurs.
Transparency International définit le lobbying comme « Toute activité entreprise pour influencer un gouvernement ou la politique et les décisions d’une institution en faveur d’une cause ou d’un résultat spécifique. »
« Même lorsqu’elles sont autorisées par la loi, » disent-ils, « ces actions peuvent devenir perturbatrices [nuisibles à la démocratie et la justice] si des niveaux d’influence hors de proportion existent – de la part de compagnies, d’associations, d’organisations et d’individus. »
Le lobbying d’aujourd’hui n’est pas la simple pratique de gens s’adressant à leurs élus. En fait, c’est une industrie à 3,73 milliards de dollars, étroitement régulée, dominée par des initiés et les plus grandes compagnies, mûrie par la corruption de la « porte tournante » et soutenue par au moins 3 ou 4 milliards de dollars de « lobbying de l’ombre » qui n’est ni régulé ni révélé au public de quelque manière que ce soit.
La régulation du lobbying est essentielle pour son propre fonctionnement en tant que méthode de corruption. Comme dit Ben Price, Directeur Organisationnel National au Fonds de Défense Juridique Environnementale de la Communauté, « la régulation n’est pas vraiment un moyen de réduire la corruption, mais plutôt, les règles légalisent la corruption en en définissant les limites au-delà desquelles elle ne serait plus permise. »
« Ce faisant, » ajoute-t-il, « le principal effet des règles est de protéger les dessous-de-table de la responsabilité légale en légalisant assez pour servir les buts des influenceurs législatifs des grandes compagnies. »
Comme la publicité, les grandes compagnies utilisent le lobbying parce que ça marche.
Des études ont montré que dépenser plus d’argent en lobbying et contributions aux campagnes électorales résultaient en des réductions immédiates d’impôts fédéraux, d’impôts d’état et en plus de contrats fédéraux. Une analyse, étudiant seulement les 200 compagnies les plus « actives politiquement », a découvert qu’elles avaient dépensé 58 milliards de dollars en lobbying auprès du gouvernement fédéral et en « contributions aux campagnes » entre 2007 et 2012, mais avaient reçu 4400 milliards en subventions fédérales, contrats, et autre soutien pendant la même période. C’est un retour sur investissement de 7580%.
Une autre étude a découvert un retour encore plus grand : « en moyenne, pour chaque dollar dépensé pour influencer la politique, les compagnies les plus actives politiquement ont reçu 760 dollars du gouvernement » – un profit de 76000%.
Les Grandes Compagnies Écrivent Nos Lois
Les grandes compagnies utilisent des lobbyistes parce que leur richesse leur permet d’avoir un accès disproportionné au gouvernement, ce qui signifie qu’ils peuvent établir des relations avec des politiciens et leurs équipes, influencer la politique, échanger des idées et même écrire la législation. Ils peuvent aussi corrompre des juges, comme le récent scandale autour de Clarence Thomas l’a montré. Mais ça va plus loin. Comme le note un rapport de la NPR [Radio Publique Nationale], « Il semble évident que les lobbyistes influencent la législation. Mais il est peut-être moins évident qu’ils écrivent souvent les lois – même mot à mot. »
Nos lois sont écrites par les grandes compagnies.
Ce n’est pas seulement un problème fédéral. Une enquête de USA Today de 2012 révéla que plus de 10 000 propositions de lois introduites dans les 50 états sur une période de 8 ans avaient été « presqu’entièrement copiées de textes écrits par des intérêts spéciaux. » Le rapport dit aussi que leur enquête avait détecté ces textes en utilisant des techniques automatisées, et que « le nombre réel est probablement bien plus élevé. »
Nos politiciens écrivent rarement des lois. En fait, les grandes entreprises et les lobbyistes écrivent des lois ; le Congrès vend les lois au public ; puis les lobbyistes paient leurs membres du Congrès en contributions à leurs campagnes, aux Comités d’Action Politique [Super PAC] et aux possibilités d’emplois dans la politique de la « porte tournante. »
La « Porte Tournante »
Un autre moyen de corruption devenu endémique dans le gouvernement de Etats-Unis est ce qu’on appelle la « porte tournante. »
La porte tournante fait référence à une pratique courante chez les employés des grandes compagnies, qui quittent leur emploi pour travailler au gouvernement, et vice versa. Il est tout à fait courant pour des employés du gouvernement et des élus de quitter ou terminer leurs mandats et d’obtenir immédiatement des emplois dans les industries qu’ils sont supposés réguler.
Pourquoi, demandez-vous ? L’Argent. Comme le dit un titre de presse « quand un membre du Congrès devient lobbyiste, il a, en moyenne, 1452% d’augmentation.
À l’occasion, on trouvera des histoires de lobbyistes que se sont fourvoyés dans la corruption pure et simple – Jack Abramoff, par exemple – mais ces histoires sont rares, pas parce que la corruption n’est pas courante, mais parce qu’il faut vraiment violer une loi en tant que compagnie : elle a écrit les lois. Et elle l’a fait délibérément pour rendre sa corruption et son influence sur les campagnes électorales légales.
Dès 2016, environ la moitié des Sénateurs et un tiers des Représentants sont devenus lobbyistes pour toucher leurs chèques. C’est aussi courant chez les Démocrates que chez les Républicains.
Les Activités de Lobby de Lithium Nevada Corp. (au moins celles que nous connaissons)
Lithium Nevada a dépensé au moins 310 000 dollars en lobbying depuis 2016, par l’intermédiaire d’une compagnie de lobby appelée Harbinger Strategies.
Harbinger est « une firme de premier plan pour le gouvernement fédéral et les affaires politiques » qui a été fondée par, et employé des ex aides au Congrès et opérateurs politiques Républicains de haut niveau. Ils sont parmi les principaux lobbyistes à Washington D.C.et ont gagné au total 10,9 millions de dollars en 2021, d’une liste de clients parmi lesquels se trouvaient l’industrie aérienne, les grandes banques et firmes d’investissements, des compagnies minières, de biotechnologie, le complexe militaro-industriel, Facebook, des services d’électricité, General Electric, et l’industrie du pétrole et du gaz.
« Nous utilisons notre expérience d’anciens membres éminents des équipes des Principaux Dirigeants au Congrès et de l’Exécutif pour placer nos clients à la table où les décisions sont prises, » écrivent-ils sur leur site. Ils ajoutent : « [Harbinger est] fondé sur la conviction que chaque client mérite un partenaire expert des questions législatives » – un « modèle de boutique » – qu’ils utilisent pour une raison simple : ça donne des résultats. »
Dans l’état du Nevada, Lithium Nevada Corporation a loué au moins 4 lobbyistes depuis 2017, de deux firmes : Argentum Partners, une firme de communications pour tous services stratégiques… avec une équipe de lobbyistes avides, énergiques et expérimentés, » et Ferrato Corporation, « une firme bipartisane pour tous services d’affaires publiques. »
En particulier, parmi les lobbyistes d’Argentum pour Lithium Nevada, on trouve Mike Draper, qui « était à la tête des relations et des affaires publiques pour la planification, l’autorisation, la construction et l’ouverture du Gazoduc Ruby, le plus grand gazoduc d’Amérique du Nord. » Des Tribus et des écologistes se sont farouchement battus contre le gazoduc Ruby en 2009 et 2010.
Contributions aux Campagnes Électorales
Une autre technique de légalisation de la corruption sont les « contributions aux campagnes », également nommées dons aux politiciens candidats.
Beaucoup de pays dans le monde ont mis des limites strictes à la somme d’argent que les gens peuvent donner aux candidats, ou ont même des campagnes politiques financées par le gouvernement, ce qui supprime presqu’entièrement l’influence de l’argent. Les Etats-Unis ne font pas partie de ces pays.
Les élus aux Etats-Unis ont désespérément besoin d’argent. Le Sénateur moyen doit trouver 14 000 dollars par jour, juste pour rester en place – et cela dès qu’il a été élu une fois. C’est aussi vrai pour les Démocrates que pour les Républicains, raison pour laquelle les grandes compagnies, directement ou par l’intermédiaire de leurs lobbyistes ou employés, misent généralement sur les deux en donnant aux deux partis politiques.
Par exemple, Jonathan Evans, PDG de Lithium Americas Corporation, a donné au moins 10 250 dollars aux candidats entre 2021 et 2022, parmi lesquels Catherine Cortez Mastow (Sénatrice Démocrate du Nevada) et Mark Amodei (Gouverneur Républicain du Nevada). George Ireland, Président de Lithium Americas, a donné au moins 19800 dollars à des candidats depuis 2011, dont 500 dollars pour la campagne de Trump et 6600 à John Hickenlooper. Les données de OpenSecret.org montrent que 7 autres employés, membres du Conseil d’Administration et parties associées ont donné au moins 10819 dollars de plus aux candidats entre 2018 et 2022.
Ces montants ne comprennent pas les contributions BEAUCOUP plus importantes, données par des employés et des membres de la famille de Harbinger Strategies, qui ont donné 392 842 dollars aux candidats pour la seule élection de 2020.
Beaucoup de ces gens donnent un montant équivalent à la limite légale, ce qui implique que si la limite était plus haute, ils donneraient plus – et peut-être essaieraient de trouver des moyens pour contourner les limites des contributions par l’intermédiaire des « Super PACs » et d’autres techniques d’argent caché.
Souvenez-vous que moins d’1,5% des Américains ont donné plus de 200 dollars aux candidats ou aux partis au cours de n’importe quelle année. C’est le domaine des riches.
Les Dessous de Table
L’argent de Lithium Americas est bien employé.
Dans ce qui semble être une contrepartie pour leur lobbying et leurs contributions aux campagnes, Lithium Americas Corporation a obtenu 8 637 357 dollars en réductions d’impôts de l’état du Nevada, entre autres un abattement partiel de taxes sur les ventes de 5 millions, un abattement de l’impôt sur la propriété de 3,3 millions et environ 225000 dollars d’abattements sur la taxe sur la masse salariale. Cet argent n’est plus disponible pour les écoles, la santé, les services sociaux, l’assistance aux petites entreprises, les programmes environnementaux, etc.
Par le Gouvernement Fédéral, Lithium Nevada a reçu un prêt du “Programme de Prêt pour la Fabrication de Véhicules à la Technologie Avancée » (ATVM) du Département de l’Energie, qui couvrira probablement « jusqu’à 75% des coûts de construction à Thacker Pass.
Ce programme de prêts offre des conditions extrêmement favorables équivalant à une subvention de 3 milliards de dollars US.
Selon une estimation très prudente, pour des dons de, disons, 400 000 dollars en lobbying et contributions des employés aux campagnes électorales, Lithium Americas peut espérer un retour sur investissement de 2100 % – et cela sans même considérer l’énorme valeur financière du prêt ATVM.
Corruption au niveau local
La corruption politique va souvent de pair avec la corruption au niveau local.
Le projet de Lithium Americas de détruire Thacker Pass a créé une sérieuse opposition dans la communauté de fermiers et ranchers des zones rurales les plus proches de Thacker Pass, parmi les habitants de la ville proche de Winnemucca, de la part de groupes écologistes préoccupés par les effets sur la vie sauvage, les plantes, l’air et l’eau, et parmi les Tribus Autochtones inquiètes pour leurs sites sacrés et culturellement importants, leurs animaux et leurs plantes médicinales.
La réaction était prévisible. Dans son livre Unearthing Justice : How to Protect Your Community From The Mining Industry, la militante anti-extractivisme Joan Kuyek décrit les mythes incessamment répétés par Lithium Americas et presque toutes les compagnies minières :
- « La mine créera des centaines d’emplois et enrichira les gouvernements. »
- « La mine peut enrichir les membres de la communauté et résoudre leurs problèmes sociaux et économiques. »
- « Les techniques modernes assureront que la mine n’endommagera pas l’eau, l’air ou la vie sauvage. »
Quand ces mythes se révèlent faux, ils recourent à la corruption légalisée. À Thacker Pass, ça prend la forme d’un paiement par Lithium Americas d’une nouvelle école pour la communauté de Orovada, et la signature d’un accord avec un Membre d’un Conseil Tribal local pour la construction d’un centre culturel. Un membre de la tribu, mon amie Shelley Harjo, a répondu : « La promesse de quelques bâtiments et d’un centre culturel ne peuvent l’emporter sur la responsabilité que nous avons envers les ancêtres d’avant nous, ni nos obligations envers ceux encore à naître après nous. » Un autre dirigeant Tribal de la région dit des compagnies minières « Ils profitent de notre pauvreté. »
Cette pauvreté donne un puissant moyen de pression aux compagnies minières. Dans la communauté de Fort McDermitt, les rumeurs de corruption sont courantes.
L’Implication de Lithium America dans des Violations des Droits Humains Outremer
Lithium Americas a des relations d’affaires et personnelles qui recoupent celles de la compagnie Ganfeng Lithium (la plus grande compagnie de lithium au monde), propriété de l’Etat Chinois. En fait, Ganfeng et Lithium Americas sont copropriétaires d’une compagnie minière de lithium en Argentine, appelée Minera Exar.
Le projet minier de Minera Exar est situé dans les Andes, dans le « triangle du lithium », une région aride près des frontières du Chili et de la Bolivie. Au cours des années depuis lesquelles Minera Exar a des activités dans la région, elle a – comme d’autres compagnies d’extraction de lithium dans la même zone – été critiquée pour de graves violations des droits humains et de l’environnement.
Le Washington Post, en enquêtant sur ces violations, écrivit :
« Les compagnies minières ont extrait depuis des années des milliards de dollars de lithium de la région d’Atacama… Mais les Atacama pauvres n’ont pas vu beaucoup de ces richesses… une compagnie de lithium, une entreprise commune Canadienne-Chilienne appelée Minera Exar, a passé des accords avec six communautés aborigènes pour ouvrir une nouvelle mine. L’opération devrait rapporter environ 250 millions par ans en ventes, tandis que chaque communauté recevra un paiement annuel – de 9000 à 60000 dollars – pour des droits étendus sur la surface et l’eau.
L’article ajoute :
« Yolanda Cruz, une dirigeante du village en Argentine, dit qu’elle avait signé [les accords de bénéfices de la communauté avec Minera Exar], mais que maintenant, elle le regrette. À l’époque, elle appréciait la possibilité de créer des emplois pour son village. Mais maintenant, elle s’inquiète, ‘nous allons nous retrouver sans rien’, dit-elle. ‘Le fait est que les compagnies nous mentent – c’est la réalité. Et parfois nous nous contentons de ne rien dire’ dit-elle. ‘Nous ne disons rien mais nous serons ceux qui en pâtirons quand le temps aura passé.’ »
Pendant ce temps, Ganfeng Lithium a annoncé récemment des projets de mines pour les métaux de batteries dans la région de Xinjiang, en Chine, où le Gouvernement Chinois détient et emprisonnent des Ouïghours et d’autres Musulmans pour des travaux forcés et de l’endoctrinement dans des camps.
Gaspillage de Fonds Gouvernementaux
On nous dit que le principal objectif de l’extraction de lithium à Thacker Pass est de réduire l’émission de gaz à effets de serre. C’est un mensonge de plus, un nouveau type de laver plus vert pour les grandes compagnies, qui devient de plus en plus commun. En fait, de nombreuses analyses montrent qu’en réalité, les réductions d’émissions par le passage aux véhicules électriques sont mineures.
La production d’un seul véhicule électrique produit des émissions de gaz à effets de serre – en moyenne 9 tonnes. Cette moyenne s’élève à mesure que la taille des véhicules électriques augmente fortement. Plus ont produit de véhicules électriques, plus il y a d’émissions de gaz à effets de serre. Ainsi, alors que les véhicules électriques réduisent les émissions, comparés aux véhicules à essence, les plus gros véhicules électriques ne les réduisent pas beaucoup. Une analyse du Centre Interdisciplinaire Pour la Justice Environnementale dit que l’électrification des véhicules aux Etats-Unis ne réduira les émissions au niveau national que de 6%.
De plus, la production de lithium à Thacker Pass exigera 700 000 tonnes par an de produits du raffinement du pétrole – du souffre, peut-être largement fourni par les Sables Bitumineux d’Alberta. Tandis que Thacker Pass reçoit des milliards en subventions du gouvernement, les émissions de carbone continuent à augmenter.
Le militant écologiste Paul Hawken, autre exemple, ne met pas les véhicules électriques dans ses 10 meilleures solutions pour le climat. En fait, c’est la 24ème de sa liste, avec dix fois moins d’effet que de réduire le gaspillage alimentaire, près de six fois moins d’effet que l’élimination de l’utilisation de réfrigérants, qui sont de puissants gaz à effets de serre, et derrière des solutions comme la restauration des forêts tropicales (environ 5 fois plus efficace que les véhicules électriques) et la protection des tourbières (plus de 2 fois plus efficace).
La corruption et le gaspillage vont la main dans la main. Les données montrent clairement que si notre but est de réduire les émissions de gaz à effets de serre, donner des subventions pour la mine de lithium de Thacker Pass n’est pas un bon usage des fonds gouvernementaux. C’est du gaspillage.
Si on veut vraiment donner des fonds gouvernementaux pour arrêter efficacement le réchauffement climatique, donner de l’argent aux industries minières est exactement ce qu’il ne faut pas faire.
Plutôt, commencez par les droits des femmes, l’éducation des filles, et rendez disponibles la contraception et le planning familial. Commencez par des initiatives de relocalisation économique. Commencez par isoler les logements convenablement, ce qui pourrait avoir le plus grand effet immédiat sur l’impact du carbone. Commencez par des initiatives de réduction de la demande.
Cessez de gaspiller l’argent des contribuables en subventions pour des entreprises de destruction de la Terre, et commencez par des actions qui comptent vraiment.
La Banalité du Mal
La corruption de Lithium Americas me rappelle ce que la philosophe politique Hannah Arendt appelait « La Banalité du Mal. » À propos d’Eichmann, un officier Nazi qui fut l’un des principaux organisateurs de l’Holocauste, Arendt explique qu’Eichmann ne ressentait pas la culpabilité ; en fait, il n’avait jamais pensé que ce qu’il faisait pouvait être mal : « Il faisait son ‘devoir’… ; il n’obéissait pas seulement aux ordres, il obéissait aussi à la ‘loi’. »
[…]
Lithium Americas n’extermine pas les gens, ce n’est même pas la « pire » des compagnies minières. Ils peuvent même avoir agi entièrement dans les limites de la loi. Et pourtant, ils sont complices d’un génocide culturel, de la destruction écologique pour des gains personnels, et, ce qui pourrait être un crime encore plus grand contre le futur : faire passer pour verte et positive leur destruction, créant ainsi plus d’incitations financières et politiques pour d’avantage de cette folie.
Ils croient que ce qu’ils font est bien et ils « suivent les règles. »
Et Maintenant ?
La corruption à Thacker Pass n’est pas unique. Le lobbying, les contributions aux campagnes électorales, le ‘laver plus vert’, et les pots-de-vin à la communauté sont courants aux Etats-Unis et dans la plupart des pays du monde. Je crois qu’il est vraisemblable qu’il y ait encore plus de corruption dont nous ne savons rien. Peut-être qu’il y a vraiment des échanges de valises pleines de billets. Nous ne pouvons que faire des conjectures. Et, cet article n’a même pas commencé à parler de la complicité du gouvernement dans la violation des lois, la corruption et les violations éthiques à Thacker Pass – une histoire, par certains aspects, encore plus sordide.
Tout cela explique en partie pourquoi les analyses universitaires des Etats-Unis tendent à montrer la « domination de l’élite économique » plutôt qu’une vraie démocratie électorale ou du pluralisme. Les riches dirigent notre pays (et le reste du monde). Notre gouvernement est corrompu, les multinationales sont omniprésentes, et notre monde est détruit.
Pour beaucoup, la situation dans laquelle nous nous trouvons est paralysante. Que pouvons-nous faire face à cela ?
Quand j’ai commencé à protéger Thacker Pass et établi un camp de protestation sur le site où la mine doit être creusée, en plein hiver 2021, je n’avais pas d’illusions. Je savais que les tribunaux n’allaient pas nous sauver. Rappelez-vous, les lois ont été écrites par les grandes entreprises. Je savais que les commentaires publics ne marcheraient pas ; les règles sont écrites pour favoriser les intérêts des grandes entreprises. Je savais que le gouvernement ne serait d’aucune aide, vu que les politiciens sont pour la plupart achetés et payés. Je savais même que les façons standard de protester ne seraient probablement pas efficaces, vu les tactiques de répression et les stratégies de diviser-pour-régner qui ont été depuis des siècles celles des grandes entreprises et des colonisateurs.
En tant que société, nous nous trouvons au cœur de la 6ème extinction de masse, d’une catastrophe climatique et apparemment, d’un dépassement terminal. Et, comme mouvement écologiste, malgré notre action courageuse et inspirée, nous avons été insuffisants.
C’est pourquoi, depuis des années, j’appelle à une révolution écologique – une transformation fondamentale de la société – et m’organise pour faire qu’elle se produise.
Que vous pensiez que c’est nécessaire ou non, nous sommes tous d’accord sur le fait que ce que nous faisons ne marche pas. Je n’ai pas toutes les réponses. Mais je sais qu’il est temps d’aller plus loin.
- Excavation d’un grand puits à ciel ouvert long d’environ 3,7 km et au plus large de 800 m.
- Extraction de 17, 2 millions de tonnes de roche et de minerai par an (phase 2)
- La perturbation directe de 2300 hectares de surface (le projet total serait de 7260 hectares)
- Une usine d’acide sulfurique sur place – 5800 tonnes d’acide par jour pendant la phase 2
- Pomperait jusqu’à 6,4 milliards de litres d’eau par an
- Durée estimée de 41 ans et 5 ans de réparation
Christine Prat, CSIA-Nitassinan
13 novembre 2022
Photos Max Wilbert
Les photos de la région de Thacker Pass sont de ©Max Wilbert et sont utilisées avec sa permission. Utilisation commerciale interdite, diffusion du message fortement encouragée.
Les médias publics français ne parlent que rarement des Autochtones d’Amérique du Nord, et toujours au passé : ils ont été exterminés, c’est triste mais on n’y peut rien. Lorsqu’ils doivent parler des plus de 1000 tests de bombes atomiques dans le Nevada, ils précisent que c’est dans un désert inhabité ! À seulement quelques dizaines de kilomètres de la région la plus peuplée du Nevada… Evidemment, ils ne parlent jamais du projet de site d’enfouissement profond de déchets hautement radioactifs, au même endroit, ça rappelle trop Bure. Même chose pour le projet de mine de lithium à Thacker Pass, dans le nord du Nevada, la France veut en creuser dans le Massif Central.
Hélas, j’ai remarqué que même les Français qui s’intéressent aux Autochtones d’Amérique du Nord, s’intéressaient beaucoup moins aux menaces de mines de lithium qu’aux autres problèmes. Croient-ils ce que dit France-Culture ? Ou comptent-ils déjà acquérir un véhicule électrique et préfèrent ne pas savoir que ça pollue autant que les voitures à essence ?
Les mines de lithium polluent et détruisent l’environnement. Le lithium est en soi toxique, et l’extraction de quelque minerai que ce soit se fait en utilisant des produits dangereux. L’extraction du lithium et le traitement du minerai exigent l’utilisation de milliards de litres d’eau – dont une partie reste polluée pour au moins 300 ans – et ça laissera un tas de déchets gigantesque, selon un article du New York Times de 2021. Le fonctionnement de la mine devrait brûler plus de 98000 litres de diesel par jour. Ça exige aussi la construction de routes pour le transport, l’utilisation de camions au diesel, etc. C’est autant de territoire détruit pour une faune et une flore rares et menacées. L’article du New York Times dit : « Les voitures électriques et l’énergie renouvelable pourraient ne pas être aussi vertes qu’elles paraissent. La production de matériaux comme le lithium, le cobalt et le nickel, qui sont essentiels pour ces technologies, est souvent désastreuse pour le sol, l’eau, la vie sauvage et les gens. »
Thacker Pass est un site sacré et historique pour les Paiutes de la région, en 1865 la Cavalerie y a commis un massacre. Les compagnies explorent la région depuis 2007 et maintenant, l’autorisation du projet est accélérée. Les habitants n’ont pas été consultés convenablement. Des Autochtones, des groupes écologistes et un rancher de la région sont allés en justice. Ils ont besoin de soutien. Faire connaître le problème au maximum est déjà un moyen de pression. Pour plus de détails sur Thacker Pass et les mines de lithium, voir l’article de Max Wilbert, écologiste, auteur et photographe, traduit en français sur ce site.