Dean Barlese qui a ouvert la conférence de presse par une prière

Par Brenda Norrell
Censored News
6 décembre 2023
Traduction Christine Prat

La lutte pour protéger Peehee Mu’huh, Thacker Pass, contre une mine de lithium, relie les luttes globales d’Indonésiens non contactés qui se battent contre l’extraction de nickel, les enfants esclaves des mines de cobalt du Congo, et les batailles contre l’extraction du lithium en Serbie et en Argentine. Ils se battent contre le greenwashing (‘laver plus vert’) de la fausse solution des véhicules électriques pour le changement climatique.

La profanation du site sacré d’un massacre de Paiutes par la firme canadienne Lithium Americas, continue parce que les lois fédérales ne protègent pas les sites de massacres. De plus, un camp masculin pour les mineurs de lithium menace les communautés rurales de la Nation Paiute Shoshone de Fort McDermitt, et la ville de Winnemucca, de crimes, particulièrement le trafic sexuel.

Au cours d’une conférence de presse, mardi 5 décembre, le Président de la Colonie Indienne de Reno-Sparks, Arlan Melendez, a appelé à une nouvelle mobilisation de manifestations pacifiques pour faire prendre conscience au public de la profanation en cours du site sacré et des dégâts à l’environnement. Il a demandé du soutien du Dakota du Sud et d’ailleurs, pour mettre cette profanation en évidence.

« Nous avons perdu en justice parce que les lois favorisent l’extractivisme, surtout dans cet état [le Nevada] » dit le Président Melendez.

« Sans eau, il n’y a pas de vie », dit Dean Barlese, Paiute de Pyramid Lake, qui a offert la prière traditionnelle d’ouverture, qui honore tous les êtres créés, toute la création sacrée. « Nous enseignons ces chants de prières à nos jeunes. »

« Nos chants sont toujours là sur la terre. »

Le Président Melendez dit qu’ils s’inquiétaient des crimes que la mine allait amener dans la région de Fort McDermitt, une zone rurale, surtout les camps masculins étant donné le problème des femmes assassinées ou disparues.

Le boom du lithium est comme la ruée vers l’or, tout l’état a des dépôts de lithium, et les 28 bandes et tribus du Nevada sont certaines d’en être affectées. Déjà, des sites sacrés sont profanés par l’extraction de lithium.

Le Président Melendez dit que leur stratégie était de mobiliser les tribus afin de se faire entendre plus fort, afin que les gens comprennent la dévastation en cours.

À propos de la non-participation des États-Unis à une consultation efficace, le Président Melendez a dit que la Secrétaire de l’Intérieur était invitée à rencontrer les tribus Indiennes du Nevada, mais n’était pas venue.

La consultation était la seule occasion d’influer sur la décision finale, mais le gouvernement des États-Unis n’était pas venu rencontrer les tribus, dit-il.

« Les Tribus n’ont jamais touché un centime de l’extraction minière » dit le Président Melendez, ajoutant que la loi sur les mines devait être changée.

Michon Eben, chef de la préservation historique tribale pour la Colonie Indienne de Reno-Sparks, expliqua la signification historique de sa terre natale, et comment les bandes étaient nommées d’après la nourriture qu’elles récoltaient et leurs traditions culturelles. Eben décrivit le Massacre de Paiutes ici, lisant des témoignages historiques, et comment les gens venaient toujours ici pour prier.

Les soldats fédéraux du 1er régiment de Cavalerie du Nevada ont commis le massacre le 12 septembre 1865, à Peehee Mu’huh.

Eben dit qu’il y avait eu trois survivants, et aujourd’hui, la mine de lithium est en construction sur un site funéraire non indiqué où les victimes sont restées.

« C’est où sont nos ancêtres » dit Eben.

Eben dit aussi que le camp masculin de Winnemucca pose de graves dangers, particulièrement de trafic sexuel, à un moment où des femmes Autochtones ont disparu ou ont été assassinées partout en pays Indien.

Will Falk, un des avocats de la Colonie Indienne de Reno-Sparks, dit que les lois fédérales ne protégeaient pas les sites de massacres de l’extractivisme et que la loi fédérale sur l’extraction minière de 1872 devait être changée par le Congrès pour protéger les sites sacrés. Falk dit aussi qu’il y a plus de 1000 sites sacrés ici, dans la zone de la mine de lithium à ciel ouvert.

Selon Falk, la seule façon dont les tribus étaient autorisées à s’adresser à une cour fédérale, selon la loi, était de demander une consultation concernant les projets susceptibles de détruire des terres ancestrales. Les tribus ne peuvent pas dire au gouvernement fédéral : Non, vous ne faites pas ça ici.

Quand l’extraction a lieu sur des terres publiques, il est interdit aux Autochtones d’y aller prier pour leurs ancêtres massacrés, dit Falk.

« C’est une violation des droits humains » dit Falk, soulignant que ça s’inscrit dans le système de purification ethnique du gouvernement des États-Unis.

Falk dit que les corporations riches étaient prêtes à combattre tout changement de la loi fédérale minière de 1872, et ce changement exigera une désobéissance civile de masse.

La méthode d’extraction du lithium dépend de l’industrie des carburants fossiles et elle ne va pas sauver la planète, dit-il.

« Je ne vois pas ce qu’il y a de ‘vert’ dans le fait de faire sauter une montagne. »

Max Wilbert, qui a passé des mois sur le site, explique comment la lutte ici relie les gens avec les luttes globales contre le ‘laver plus vert’ des batteries pour véhicules électriques.

Wilbert dit que ce qui arrive à Thacker Pass, n’est pas juste une petite dispute dans un coin éloigné du monde, mais c’est une « nouvelle frontière de l’économie d’extractivisme. »

C’est le canari dans la mine de charbon.

Les Hongana Manyawa – ‘Les Gens de la Forêt’, dans leur langue – sont une des dernières tribus nomades de chasseurs-cueilleurs d’Indonésie. Ils luttent maintenant contre les dévastations causées à leur jungle par l’extraction de nickel pour les batteries de voitures électriques.

Dans la République Démocratique du Congo, des enfants dès l’âge de 4 ans sont forcés de travailler 12 heures par jour dans les « mines de l’horreur » du Congo, pour extraire du cobalt pour fabriquer des téléphones portables. Et pour cela, ils ne reçoivent que 10 centimes par jour et sont constamment menacés de violence.

En Serbie, il y a des manifestations de masse pour s’opposer au projet de Rio Tinto d’une énorme mine de lithium. En Argentine, les gens dénoncent et s’opposent à l’extraction de lithium.

Wilbert, cofondateur de Protect Thacker Pass, dit qu’il y a actuellement plus de 21000 demandes de permis pour du lithium dans le Nevada. M. Wilbert dit que les émissions des véhicules électriques polluent aussi, et que les véhicules électriques sont une distraction, pas une solution pour le changement climatique.

Thacker Pass, « Peehee Mu’huh » dans la langue Paiute, héberge des sites sacrés, des lieux de récoltes et de chasse, des sites de cérémonies, et le lieu de deux massacres d’enfants, de femmes et d’hommes Paiutes.

Le 9 novembre, la Juge Principale du District Nord du Nevada, Miranda Du, a rejeté une deuxième plainte déposée en février de cette année par la Colonie Indienne de Reno-Sparks contre le Bureau d’Aménagement du Territoire (BLM) pour avoir autorisé la mine de lithium à Thacker Pass à détruire des sites sacrés sans avoir mené jusqu’au bout une consultation avec la tribu. La Colonie Indienne de Reno-Sparks a été rejointe dans sa plainte par la Tribu Paiute de Summit Lake et la Tribu Paiute de Burns.

Le Président Melendez dit mardi qu’il n’y aurait pas d’appel de la Colonie Indienne de Reno-Sparks pour le moment, parce que ce serait inutile face aux lois actuelles, à la position de la cour fédérale et au fait que les sites sacrés seraient détruits pendant les longs délais de l’action en justice.

©Censored News

 

 


Par Max Wilbert
17 février 2023
Également publié par Censored News
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Pour les lieux cités, voir carte en bas de l’article

RENO, Nevada – Trois tribus Amérindiennes ont déposé une nouvelle plainte contre le Gouvernement Fédéral à propos d’un projet de mine de lithium à Thacker Pass de la compagnie Lithium Nevada Corporation. C’est la dernière action en date de ce qui est maintenant une lutte de deux ans contre l’extractivisme, le ‘laver plus vert’ et pour les terres sacrées du Nord du Nevada.

La plainte, déposée par la Colonie Indienne de Reno-Sparks, la Tribu Paiute de Burns et la Tribu Paiute de Summit Lake à la Cour de District Fédérale jeudi soir, comprend trois principales allégations.

Premièrement, les tribus affirment que le Bureau de Gestion du Territoire (BLM) a gardé secrètes des informations cruciales du Bureau de Préservation Historique de l’état du Nevada et a menti sur la portée de la consultation tribale afin de s’assurer un acquiescement légal sur les propriétés historiques de Thacker Pass.

Deuxièmement, les tribus affirment que Lithium Nevada, avec la complicité du BLM, a menti sur l’abandon d’une série de vieux permis pour des activités minières à Thacker Pass. De plus, les tribus disent que le BLM, sans notifier les tribus ou le public, a étendu des dizaines de fois les autorisations de permis précédents, permettant à Lithium Nevada d’entreprendre des activités préliminaires à la construction d’une mine, qui endommagent les propriétés culturelles traditionnelles de Thacker Pass.

Troisièmement, la plainte avance que le BLM a menti sur une consultation avec les Tribus avant de publier leur Rapport de Décision et que l’agence a continuellement refusé d’admettre les faits historiques oraux et écrits présentés par les Tribus, concernant le caractère sacré et l’importance culturelle de Thacker Pass.

Au total, la plainte affirme que le BLM a violé la Loi sur la Politique Fédérale du Territoire, la Loi Nationale sur la Préservation Historique et la Loi de Politique Nationale Environnementale, et est aussi coupable de Rupture de Contrat.

Cette plainte vient juste une semaine après que la Juge Miranda Du ait tranché largement en faveur de Lithium Nevada et du BLM, dans une affaire précédente concernant des plaintes déposées en 2021 par des groupes environnementaux, un rancher local, et deux tribus Amérindiennes (la Colonie Indienne de Reno-Sparks et la Tribu Paiute de Burns).

Cependant, cette affaire ne portait que sur le évènements et les informations d’avant le 15 janvier 2021, jour où le BLM a publié son Rapport de Décision (ROD) – principal permis fédéral – pour le projet de mine de lithium de Thacker Pass. Les plaintes des tribus ont été restreintes par cette limite, qui a empêché des preuves cruciales d’être entendues – preuves qui figurent intégralement dans la nouvelle plainte.

La nouvelle plainte est renforcée par la participation de la Tribu Paiute de Summit Lake, une des Tribus que le BLM prétend avoir consultée avant de publier son Rapport de Décision. Summit Lake et les deux autres tribus que le BLM prétend avoir consultées (la Colonie Indienne de Winnemucca et la Tribu Paiute-Shoshone de Fort McDermitt) contestent l’assertion du BLM qu’une quelconque consultation ait eu lieu. (La Colonie Indienne de Winnemucca avait déposé pour intervenir dans l’affaire précédente, mais avait été empêchée d’y prendre part par la Juge Du, pour avoir cherché à intervenir trop tard.)

Les trois tribus considèrent Thacker Pass, ‘Peehee Mu’Huh’ en Paiute, comme sacré et comme site culturel important qui est utilisé pour cueillir des plantes comestibles et médicinales, chasser et pêcher, tenir des cérémonies, camper, et pour le mode de vie quotidien des Paiutes et Shoshones. Beaucoup d’histoires orales, transmises de génération en génération parmi les communautés Autochtones de la région, en disent long sur l’importance de cette zone.

Thacker Pass est aussi le site de deux massacres de Paiutes – l’un qui s’est produit avant la colonisation, au cours d’un raid intertribal, et le second qui a eu lieu le 12 septembre 1865, au cours duquel des troupes fédérales ont massacré entre 31 et 50 Paiutes, hommes, femmes et enfants, dans une attaque-surprise à l’aube.

Une grande partie de cette histoire a été rassemblée pour la première fois dans un rapport ethnologique extensif commandé par la Colonie Indienne de Reno-Sparks et la Tribu Paiute de Summit Lake, et intitulé « Thacker Pass/Peehee Mu’Huh : Un Monument Vivant à l’Histoire et la Culture Numu. » Les tribus ont soumis ce rapport au Département de l’Intérieur le 3 février dernier, dans le cadre d’une demande de placer le site du massacre de 1865 et tout Thacker Pass, que les tribus appellent le « District Culturel Traditionnel de Thacker Pass, dans le Registre National des Lieux Historiques. (Numu est le nom que se donnent les Paiutes du Nord.)

Arlan Melendez, Président de la Colonie Indienne de Reno-Sparks :

« Quand la décision sur l’affaire précédente a été rendue publique, la semaine dernière, nous avons dit que nous continuerions à défendre notre site sacré PeeHee Mu’Huh. Un lieu où, avant la colonisation, tous nos ancêtres Paiutes et Shoshones vivaient depuis d’innombrables générations. Et à cet endroit même, ils ont été massacrés (et jamais inhumés convenablement pour reposer) par la Cavalerie des Etats-Unis. C’est un lieu où tous les Paiutes Shoshones continuent à prier, cueillir des plantes médicinales et comestibles, à honorer nos parents non-humains, à honorer notre eau, à honorer notre mode de vie, à honorer nos ancêtres.

Nous avons un contentieux avec la plus grande mine de lithium du pays et l’expansion de plus de 40 autres concessions de lithium envisagées pour l’état du Nevada. Ils auraient dû le notifier aux Tribus plus tôt. La procédure d’attribution de permis pour Thacker Pass n’a pas été faite correctement. Le BLM prétend avoir le droit de décider à son gré qui informer et qui consulter. Ils n’ont contacté que 3 des 22 tribus qui ont des liens importants avec Thacker Pass.

L’une des premières actions du Gouvernement Biden, lorsqu’il est entré en fonctions, a été de rendre prioritaire ‘la consultation régulière, significative et solide’ avec les Tribus. Ça ne s’est pas produit pour Thacker Pass, et il faut que le Gouvernement Fédéral corrige cela. Notre histoire, notre culture, notre peuple et nos sites sacrés doivent être protégés. »

Diane Teeman, Directrice du Département de la Culture & de l’Héritage, Présidente du Conseil Tribal, Tribu Paiute de Burns :

« Thacker Pass est connu comme un lieu spirituellement puissant, à cause de la présence des dépouilles d’Ancêtres tribaux et de leurs esprits. Notre histoire orale Paiute nous dis que nous, les Paiutes, vivons dans cette région depuis avant la formation des Montagnes Cascade. Notre peuple suit les lois tribales traditionnelles non-écrites et une philosophie de la vie qui exige que nous respections toutes les autres choses vivantes, entre autres les plantes, les animaux, les minéraux, etc. Nos voies traditionnelles demandent que nous vivions en réciprocité avec toutes les autres choses et ne nous mettions jamais, en tant que faibles humains, au-dessus des autres. Pour cette raison, notre loi tribale traditionnelle non-écrite exige que nous fassions tout ce qui est en notre pouvoir pour les protéger. Seule la Tribu et ses membres peuvent parler de l’importance d’une région pour la Tribu. »

Will Falk, avocat représentant la Colonie Indienne de Reno-Sparks et la Tribu Paiute de Summit Lake :

« Le BLM a accéléré son étude du Projet de Mine de Lithium de Thacker Pass et a été si vite qu’il a commis plusieurs erreurs, entre autres ne pas avoir cité le site du massacre du 12 septembre 1865, bien qu’il soit en possession de descriptions de ce massacre dans ses propres fichiers du Bureau Général du Territoire. Les Tribus ont notifié au BLM l’importance culturelle, spirituelle et historique de Thacker Pass, mais le BLM continue à refuser d’admettre ces informations. Le fait que le BLM n’ait pas reconnu les informations que les Tribus ont fournies sur l’importance de Thacker Pass n’a pas été pris en compte par le tribunal lors de la précédente affaire. Le BLM a commis plusieurs violations de la loi fédérale depuis la première plainte déposée en 2021. Mes clients et moi-même attendons de pouvoir dénoncer les artifices que le BLM a employé contre les Tribus pour le Projet de Thacker Pass. »

Michon Eben, Agent de la Préservation Historique Tribale de la Colonie Indienne de Reno-Sparks :

« L’une des responsabilités du Gouvernement Fédéral est de déterminer si un projet de mine peut affecter négativement des propriétés historiques. Les propriétés historiques incluent les sites de massacres d’Amérindiens. Le BLM a failli à sa responsabilité envers les tribus et maintenant le lieu de repos final de nos ancêtres est en train d’être détruit à Peehee Mu’Huh. Comment se fait-il que, quand les tombes de nos ancêtres sont menacées, c’est du ‘business as usual’ ? Nous exigeons le respect mutuel pour nos parents morts et leur lieu de repos éternel. Le BLM et les archéologues non-Autochtones n’ont pas les connaissances pour déterminer si une propriété a une importance religieuse ou culturelle pour une tribu. Les tribus Amérindiennes sont les experts spécifiques de notre culture et Peehee Mu’Huh/Thacker Pass est important pour les tribus de la région et pour l’Histoire Américaine. »

Shelley Harjo, Membre de la Tribu de Fort McDermitt :

« Sommes-nous prêts à sacrifier des sites sacrés, notre santé et l’équilibre interne pour des gains économiques à court terme, alors que des compagnies gigantesques créent une richesse incommensurable, épuisent les ressources et laissent nos générations futures supporter le désordre que la mine de Thacker Pass laisserait derrière elle ? Je ne croirai jamais que ce soit la meilleure méthode pour une vie plus verte et beaucoup d’autres Autochtones dans notre région ne le croient pas non plus. Mes parents âgés qui sont allés pêcher ou cueillir des plantes médicinales à Thacker Pass ont été suivis et harcelés par la sécurité privée de Lithium Nevada, et disent maintenant qu’ils ne se sentent plus en sécurité dans leur propre terre ancestrale. C’est une tactique brutale inacceptable contre des femmes âgées par une compagnie minière étrangère qui n’a rien à faire ici. »

Max Wilbert, Protect Thacker Pass :

« Le réchauffement climatique est un problème sérieux et nous ne pouvons pas continuer à brûler des carburants fossiles, mais détruire des montagnes pour du lithium est aussi désastreux que détruire des montagnes pour du charbon. Vous ne pouvez pas faire sauter une montagne et dire que c’est ‘vert’. »

Le projet de mine de Thacker Pass est devenu emblématique de ce que les critiques appellent une transition précipitée vers « l’énergie verte » qui reproduit beaucoup des problèmes posés par l’industrie des carburants fossiles, qui conduisent à des dommages environnementaux énormes et frappent les communautés en première ligne. Les opposants de Thacker Pass disent qu’ils ne défendent pas les carburants fossiles, mais sont en faveur de la protection de la Terre. Lithium Nevada affirme que sa mine de lithium sera essentielle pour produire des batteries pour combattre le réchauffement climatique, et le gouvernement Biden avait déjà montré un certain soutien pour Thacker Pass. Les opposants au projet appellent cela « laver plus vert », et soulignent que le projet affecterait un habitat important pour la vie sauvage et créerai une pollution importante, entre autres des gaz à effet de serre. Ils disent que les voitures électriques sont dangereuses pour la planète et qu’une approche différente est nécessaire pour faire face à la crise climatique.

General Motors a récemment passé un accord d’écoulement avec Lithium Americas, la compagnie mère de Lithium Nevada, pour acheter pour 650 millions de dollars d’actions et acheter le lithium produit à Thacker Pass. Des médias ont déclaré que l’accord dépendait des résultats de la poursuite en justice précédente. Pour le moment, il n’est pas clair quel sera l’effet de la nouvelle plainte sur l’accord de General Motors.



Photo Neweneen Sokopa Camp

En plus d’un projet de mine de lithium dans le Nevada, sur le Site d’un massacre de Païutes, des Anciens et des personnes handicapées ont été expulsé de chez eux, dans la Colonie Indienne de Winnemucca, en plein hiver. Ils n’ont nulle part où aller. Il avait d’abord été supposé que ces expulsions avaient lieu dans le cadre du projet de mine de lithium, mais pour l’instant, le lien n’a pas été démontré.

 Christine Prat

 

Des Paiutes et des Shoshone ont été expulsés de chez eux en plein hiver, par un conseil tribal controversé, alors que beaucoup n’ont nulle part où aller. Kyle Missourii a reçu une décharge de taser et a été arrêté quand il a essayé de rentrer chez lui, et il est maintenant en prison.

Par Brenda Norrell
Censored News
Mis à jour le 17 décembre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

WINNEMUCCA INDIAN COLONY, Nevada – Au cours d’une action particulièrement cruelle en hiver, le Conseil Tribal de Winnemucca a expulsé des Anciens Paiute et Shoshone de chez eux sans jugement, et a banni les gens de chez eux alors qu’ils n’ont nulle part où aller, dans le nord du Nevada. Les maisons et les possessions des Anciens ont été brûlées et démolies et les services coupés, selon des avocats.

« Ils vivent dans des motels, juste avant Noël, ça nous brise le cœur » dit Kyle Missourii, qui a été arrêté et tasé alors qu’il retournait chez lui, où il a grandi, dans une maison que possède sa grand-mère de 88 ans. Kyle est actuellement en prison.

La Cour Tribal de Winnemucca a tranché en faveur du Conseil Tribal controversé, sans donner aux Anciens ni aux autres résidents le bénéfice d’un procès. La Cour Tribal a ordonné que la plupart des Anciens et autres résidents quittent le vendredi 9 décembre leurs maisons, où ils vivent depuis des décennies, disent les avocats.

L’Ancien Paiute J.J. Ayer dit : « Je suis issu de sept générations d’Autochtones qui ont vécu dans la Colonie Indienne de Winnemucca. C’est mauvais de toutes manières, la plupart d’entre nous sont invalides ou âgés, sans autre foyer qu’ici, et maintenant nous sommes bannis de notre territoire. »

Les Anciens Paiute et Shoshone disent que le Conseil Tribal, dirigé par une Présidente qui ne vit pas là et a fourni des éléments incohérents affirmant être Autochtone, a fait venir une entreprise de démolition de Kingman, en Arizona, pour détruire leurs maisons.

Neweneen Sokopa Camp dit que Kyle Missourii, un résident, avait été arrêté et tasé arbitrairement en essayant de rentrer chez lui, dans la maison de sa grand-mère où il a grandi. Sa grand-mère de 88 ans vivait là depuis 40 ans.

« Il a été arrêté en rentrant chez lui, après avoir découvert que la maison de sa grand-mère avait été barricadée. »

« C’est illégal et dégoutant. Judy Rojo et son conseil bidon n’ont pas le droit d’effectuer des expulsions, encore moins d’arrêter quelqu’un pour rentrer où il a vécu depuis des générations » dit Neweneen Sokopa Camp.

Maison de la grand-mère de Kyle Missourii

Avant son arrestation, Missourii dit : « Je viens de recevoir des nouvelles aujourd’hui, qui me mettent dans une colère extrême. Ils ont de la chance que je ne sois pas à la maison en ce moment, pour des raisons familiales, mais j’y retourne demain et ils ne m’empêcheront pas d’aller à la maison de ma famille. »

« Ils commettent un crime en murant la maison de ma grand-mère sans son consentement. C’est sa résidence principale et elle est propriétaire de la maison. Ils empêchent nos ordures d’être ramassées et notre courrier d’être délivré. Quand je serai à la maison, j’enlèverai les planches et je porterai plainte officiellement. »

Au cours d’une interview à la radio, Missourii, qui vit ici depuis plus de 30 ans, dit qu’il n’avait même jamais rencontré Judy Rojo, la personne qui se fait passer pour la présidente tribale, et qui se trouve vivre en Californie. Missourii dit que les dirigeants tribaux actuels refusent de prouver qu’ils sont Autochtones.

Missourii dit qu’en même temps, ils font pression pour imposer le projet de mine de lithium à Thacker Pass, site d’un massacre de Paiutes.*

« Ça en revient toujours à l’argent » dit Missourii à la Radio Final Straw cette semaine. Il dit que la mine de lithium amènerait un camp masculin, un camp pour les travailleurs, dans la région, ce qui entrainera des violences sexuelles contre les femmes Autochtones et encore plus d’Autochtones disparus ou assassinés.

Plus tôt, Missourii avait dit que les Autochtones n’étaient pas contrôlés et manipulés par l’argent.

« La Terre prend soin de nous, et nous prenons soin d’elle. »

Missourii dit que la plupart des expulsés sont handicapés et vivent de la sécurité sociale, ou ce sont des familles avec de jeunes enfants. Dans certains cas, les possessions des gens avaient été jetées au sol.

La police du Bureau des Affaires Indiennes (BIA) empêche les gens d’aller à leurs maisons. Les Anciens sont maintenant forcés de loger dans des hôtels, ce qui est trop cher.

Avant d’être tasé et arrêté, Missourii avait écrit :

« Alors, j’ai essayé d’imaginer ce qui serait la meilleure façon d’exprimer ce qui se passe actuellement. Comme je l’avais indiqué dans le passé, les Résidents de la Colonie Indienne de Winnemucca sont engagés dans une bataille légale contre des gens qui ne sont pas de l’état [du Nevada], prétendant être des Autochtones, mais qui ont refusé d’en donner des preuves au cours de toute la bataille légale.

« Ils prétendent que les résidents sont des intrus, qu’ils n’appartiennent pas à la Colonie et ils nous disent de retourner dans notre propre réserve. J’ai le sentiment qu’une personne Autochtone n’emploierait jamais de tels mots pour s’adresser à une autre. Ça me rappelle la phrase d’un raciste disant à quelqu’un d’autre de retourner dans son pays. Ce faux Conseil a utilisé des fonds fédéraux habituellement utilisés pour aider les Autochtones à se construire une vie meilleure, mais là, ces fonds ont été utilisés pour détruire et harceler des résidents âgés.

« Ils prétendent que les résidents sont des intrus, qu’ils n’appartiennent pas à la Colonie et ils nous disent de retourner dans notre propre réserve. J’ai le sentiment qu’une personne Autochtone n’emploierait jamais de tels mots pour s’adresser à une autre. Ça me rappelle la phrase d’un raciste disant à quelqu’un d’autre de retourner dans son pays. Ce faux Conseil a utilisé des fonds fédéraux habituellement utilisés pour aider les Autochtones à se construire une vie meilleure, mais là, ces fonds ont été utilisés pour détruire et harceler des résidents âgés.

« Maintenant, ils ont un ordre de la Cour disant que les résidents d’ici doivent être partis le vendredi 9 décembre à 16h, et que si nous ne sommes pas partis, nous sommes menacés d’arrestation.

« Ils nous ont aussi imposé une amende de 100 dollars par jour, depuis décembre ça fait en gros 36 000 dollars, et un bannissement de 10 ans de la Colonie. Beaucoup de membres sont âgés et n’ont nulle part où aller, certains ne survivent que de la sécurité sociale et s’occupent de jeunes enfants. C’est l’époque de l’année où les gens se préparent pour les vacances et pour passer du temps avec leurs proches.

« Les résidents sont effrayés et se demandent ce qu’il va arriver. Une vie construite ici depuis des décennies est menacée par des gens qui ne montrent aucun respect pour les droits humains. C’est un cas de Colonisation. Ce sont des non-Autochtones qui chassent des Autochtones d’un territoire Autochtone. Je refuse d’abandonner et je continuerai ce combat, même si ça me conduit en prison pour un moment, pour avoir combattu pour rester chez moi, où j’ai été élevé dans une maison pour laquelle ma grand-mère a travaillé des années pour la payer […].

« Je suis un des derniers enfants qu’elle a logés et je ne partirai pas, quelque soient les conséquences. […]»

La Cour d’Appel Intertribale a entendu l’affaire jeudi pour stopper les expulsions

Le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau dit : « Jeudi 15 décembre 2022, le conseil a discuté d’un gel d’urgence des ordres d’expulsion et de bannissement, en plus d’une demande officielle de visiter le site, demandant que les juges visitent la Colonie pour voir eux-mêmes les conditions difficiles auxquelles sont confrontés les Anciens et les autres Résidents.

[…]

Tandis que les Anciens avaient l’ordre de quitter leurs maisons, une motion d’urgence pour geler l’ordre et un appel ont été déposé au tribunal. Ils ont été déposés par Sandra Freeman, avocate membre du Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau, représentant l’Ancien J.J. Ayer, et les motions et appel ont également été déposés par les Services Légaux du Nevada pour les résidents et les Anciens qu’ils représentent.

La Cour d’Appel Intertribale du Nevada n’avait pas encore communiqué de décision vendredi 16.

* Pour le moment, il ne semble pas que les expulsions aient un lien avec le projet de mine de lithium.

Sandra Freeman, pour le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau, Alexandra Rawlings, Avocate pour les Services Légaux du Nevada, le Projet Légal Autochtone et le Projet des Travailleurs Agricoles ont fait une déclaration :

Vendredi 2 décembre 2022, la Cour Tribale de Winnemucca a expulsé des Anciens et d’autres Résidents (certains non représentés) sans procès, a banni plusieurs personnes, et décidé en faveur du Conseil Tribal actuel controversé, sans accorder aux Anciens et aux Résidents le bénéfice d’un procès. La Cour Tribale a ordonné à la plupart des Anciens et Résidents de quitter les maisons où ils vivent depuis des décennies, vendredi 9 décembre 2022. Une motion d’urgence de gel et un appel ont été déposés par Sandra Freeman, pour le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau (WPLC), représentant l’Ancien J.J. Ayer et des motions de gel et d’appel ont été déposés par Les Services Légaux du Nevada (NLS) pour les Anciens et Résidents qu’ils représentent.

[…]

En quelques heures, durant l’audience du 9 décembre, le BIA et les agents de sécurité/construction de l’entreprise ont érigé une clôture de barbelés et barricadé l’entrée de la Colonie. Les Anciens et les Résidents (même ceux qui n’ont pas eu d’ordre d’expulsion ou de bannissement) et le public, doivent maintenant passer par un contrôle de sécurité militaire pour entrer dans la Colonie, et tous sont confrontés à la répression de la liberté d’expression et à des restrictions de la liberté d’association sur ordre de la sécurité privée. Des Anciens handicapés restés dans leurs maisons n’ont pas accès à l’aide médicale, ou à la livraison de repas, parce qu’il est interdit au public d’entrer, et la liberté de mouvement est limitée. La situation évolue rapidement et des aides juridiques supplémentaires sont nécessaires pour les Résidents non-représentés qui ont été expulsés/bannis sans jugement, et pour s’occuper des violations continuelles des droits civils des Anciens, des Résidents et des gens qui les soutiennent.