Le 11 mai, des Autochtones et des soutiens ont bloqué le chantier de la mine de lithium controversée pour la deuxième fois. Aux dernières nouvelles, ils tenaient toujours. Mais la lutte n’est pas finie : Lithium Americas attaque deux non-Indiens, afin de détourner l’attention du fait que la mine doit détruire le site d’un massacre de Paiutes.
Article écrit par Paul Cienfuegos, Directeur de Community Rights US.
Vous trouverez ci-dessous deux introductions, celle de Censored News, et celle de Max Wilbert, de Protect Thacker Pass.
N’allez pas penser que ça ne vous concerne pas parce que ça se passe loin, dans un coin perdu du Nevada. Il y a des projets de mines de ce genre partout. Paul Cienfuegos écrit qu’il y a des projets dans toutes les Amériques. Mais il y en a aussi en France : dans l’Allier – avec usine d’acide sulfurique à Montluçon, et en Alsace, sous la plus grande nappe phréatique d’Europe.
Christine Prat
Par Paul Cienfuegos, Protect Thacker Pass
Publié également par Censored News
Et Max Wilbert, de Protect Thacker Pass
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
NOUVEAU CAMP À THACKER PASS : OX SAM CAMP AT PEEHEE MU’HUH
Censored News
15 mai 2023
Les défenseurs du Site d’un Massacre de Paiutes se préparent à recevoir une injonction restrictive. Lithium Americas, du Canada, vise deux non-Indiens, afin de détourner l’attention du fait que des descendants Paiutes d’un survivant du massacre y conduisent une cérémonie et le blocage de la route.
Ox Sam Camp a fait savoir ce lundi en fin de journée, que Lithium Nevada est en train de déposer une requête pour un ordre temporaire de protection contre le harcèlement sur le chantier, contre Max Wilbert et Paul Cienfuegos, auprès de la Cour de Justice du Comté de Humboldt, Nevada.
« Le bureau du sheriff a été en communication constante avec les dirigeants de Lithium Nevada Corporation (en coulisses), tandis qu’ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour ne pas nous arrêter, bien que nous soyons un problème de taille pour leurs opérations quotidiennes. Ce qu’ils veulent, plus que tout, c’est faire passer cela pour une poignée d’écolos fanatiques blancs venus d’autres états, afin de pouvoir ridiculiser le camp dans leurs communiqués de presse. Mais la réalité, c’est que le camp est composé à 90% d’Autochtones, pour la plupart locaux, et CE SONT EUX qui le dirigent. »
Vendredi soir, ils ont appris que Max Wilbert (cofondateur de Protect Thacker Pass) et Cienfuegos étaient les seuls cités dans l’injonction restrictive temporaire, que la compagnie a mise devant un juge pendant le weekend.
« Dès que ce sera approuvé, ils essaieront de nous arrêter, Max et moi. Je suis venu préparé à risquer l’arrestation, donc tout va bien » dit Paul Cienfuegos.
« Tout ça pour soutenir la tentative désespérée de la compagnie de lier une direction blanche à l’histoire de ce camp, alors qu’en réalité, nous n’avons ni l’un ni l’autre bloqué le passage d’un employé ou d’un véhicule de la compagnie. »
Le camp se trouve actuellement au-dessus de la construction d’un courant d’eau par la compagnie. Un Tipi est en place, d’autres arrivent. Et des tentes arrivent chaque jour sur le terrain loué par le Bureau de Gestion du Territoire à la compagnie. Ou, plus précisément, sur le terrain « au-delà de la frontière du traité, étant donné que le gouvernement des Etats-Unis n’a pas de traités sur place. La seule prétention est la conquête par laquelle cette terre a été prise aux communautés locales Paiutes et Shoshones. Donc, ils ont plus de droits à être sur ce terrain que n’importe qui ou n’importe quelle corporation.
UN NOUVEAU CAMP DE PRIÈRE S’ÉRIGE À THACKER PASS
Par Max Wilbert
Ox Sam Newe Momokonee Nokotum : Camp de Femmes Autochtones
Ce qui suit est un texte écrit par Paul Cienfuegos. Je le partage, avec quelques petites corrections, pour vous tenir au courant des derniers évènement à Thacker Pass. Vous trouverez plus d’information sur le site oxsam.org.
Merci de nous lire.
Max Wilbert
Paul Cienfuegos
15 mai 2023
Jeudi dernier, le 11 mai, le nouveau camp de prière et d’action, d’importance internationale, sur le modèle de Standing Rock, à Thacker Pass, Nevada (Pee’hee Mu’huh en Paiute signifie « lune pourrie » à cause du massacre d’ancêtres Paiutes en 1865) a été lancé pour essayer de bloquer la construction de ce qui devrait devenir la plus grande mine de lithium à ciel ouvert du monde, une « solution d’énergie verte » contre les carburants fossiles, fausse et écologiquement dévastatrice. Je suis fier d’avoir joué un petit rôle dans ce camp tout juste établi, auquel, il y a seulement quelques jours, a été donné le nom approprié par les Anciennes Paiutes Shoshones qui en ont la charge : Ox Sam Newe Momokonee Nokutum. Ox Sam était l’un des rares survivants du massacre de dizaines d’Autochtones à Thacker Pass, en 1865. Et Newe Momokonee Nokutum se traduit par Camp de Femmes Autochtones et est ouvert à TOUS – Autochtones et non-Autochtones, femmes et hommes. (Prononciation de ce joli nom : New’-weh Moe-moe-koht’-nee Noh-kuh’-duhn).
Nous ne pouvons tout simplement pas nous sortir de l’urgence climatique. Et si vous ne me croyez pas, je vous invite à lire Bright Green Lies de Derrick Jensen, plein des données incontestables dont nous avons tous besoin pour arrêter de nous mentir sur le nirvana à venir des batteries électriques. Une vraie solution c’est une transition rapide vers un état stable ou une économie croissance 0 (qui est franchement impossible en régime capitaliste qui exige une croissance constante), suivie rapidement par une réduction planifiée soigneusement, massive et rapide de l’économie. Il n’y a vraiment plus d’autre option si nous voulons vraiment voir survivre les diverses espèces qui florissent sur Notre Mère la Terre.
Et quand les Gens continuent d’autoriser les multinationales à exercer leurs soi-disant « Droits Constitutionnels » – de propriété, de libre expression, d’accès aux tribunaux, etc., qui n’ont jamais été approuvés par le public dans l’histoire de notre nation – nos options sont limitées, quand Nous essayons d’arrêter ces outrages contre la terre, l’eau et les gens.
Parce que les grandes compagnies ont réellement plus de « droits » protégés par la constitution que Nous. Alors, nous devons nous attaquer à cette crise sur de nombreux fronts. (Si vous voulez en apprendre plus sur cet aspect de la crise à laquelle notre société fait face, lisez mon nouveau livre (How Dare We ? Des Pratiques Courageuses pour Regagner Notre Pouvoir de Citoyens).
Si nous pouvons arrêter la mine de Thacker Pass cette année, nous avons une chance de combattre pour arrêter les autres (dizaines?) de mines de lithium en projet dans les Amériques.
Pendant les tous premiers jours du nouveau camp, j’ai joué un rôle de soutien très important : en faisant la liaison entre les chauffeurs qui essayaient d’atteindre la mine (ouvriers, livreurs, et parfois de simples membres du public circulant sur cette route rurale) et les grand-mères en charge du camp. Je n’ai pas tenu de position dirigeante. Je n’ai pas parlé pour le camp. J’ai simplement transmis les informations entre les chauffeurs et les grand-mères, qui décidaient de qui passait et qui ne passait pas. Voilà ce qu’était mon rôle de Liaison, à l’entrée de la route, sur la vidéo ci-dessous. L’homme est l’un des superviseurs de la sécurité de la mine…
1ère partie:
2ème partie:
Ça a été pour moi effrayant et intimidant, mais ça a été aussi une expérience émouvante et puissante, et nous avons déjà arrêté des dizaines de véhicules, notre bannière flottant haut, portée par des participants au camp se tenant en travers de la route, et toujours avec les Anciens Autochtones en prière devant la bannière.
Rencontre avec trois leaders extraordinaires :
Le bureau du sheriff a été pendant des jours en communication constante avec les dirigeants de Lithium Nevada Corporation (en coulisses), faisant tout son possible pour n’arrêter aucun d’entre nous, bien que nous ayons provoqué bien du tracas pour leurs opérations quotidiennes. Ce qu’ils veulent, plus que tout, c’est de faire croire que c’est dirigé par une poignée de blancs, n’habitant pas l’état, et écolos fanatiques, afin de pouvoir se moquer du camp dans leurs communiqués de presse. Mais en réalité, le camp compte 90% d’Autochtones, la plupart locaux, et ILS sont les leaders.
Vendredi soir, nous avons découvert que Max Wilbert (cofondateur de Protect Thacker Pass) et moi-même étions les seuls nommés dans un Ordre de Restriction Temporaire (TRO), que la compagnie a présenté à un juge ce weekend. Et dès qu’il sera approuvé, ils essaieront de nous charger, Max et moi. Je suis venu prêt à risquer d’être arrêté, donc, tout va bien.
Veuillez, s’il vous plait, noter que Lithium Nevada a déposé une demande d’Ordre Temporaire pour la Protection Contre le Harcèlement sur le Lieu de Travail contre Max Wilbert et Paul Cienfuegos en fin d’après-midi, au tribunal du Comté de Humboldt, Nevada.
Tout ceci pour promouvoir la tentative désespérée de la compagnie, de relier une direction blanche à l’histoire de ce camp, alors qu’en réalité, aucun de nous deux ne s’est mis en travers de la route d’aucun employé ni de véhicule de la compagnie. Le camp se trouve actuellement au-dessus de la construction d’un courant d’eau par la compagnie. Un Tipi est en place, d’autres arrivent. Et des tentes arrivent chaque jour sur le terrain loué par le Bureau de Gestion du Territoire à la compagnie. Ou, plus précisément, sur le terrain « au-delà de la frontière du traité, étant donné que le gouvernement des Etats-Unis n’a pas de traités sur place. La seule prétention est la conquête par laquelle cette terre a été prise aux communautés locales Paiutes et Shoshones. Donc, ils ont plus de droits à être sur ce terrain que n’importe qui ou n’importe quelle corporation.

© Photo Bhie-Cie Zahn-Nahtzu
Et c’est là que VOUS intervenez ! Et quand je dis vous, je veux dire VOUS, la personne qui lit ces lignes maintenant ! S’il vous plait, partagez ces informations sur vos réseaux sociaux.
Standing Rock a débuté quand des Autochtones locaux ont pris position contre un oléoduc. D’autres Autochtones sont venus les soutenir. Puis, des mouvements écologistes non-Autochtones et des mouvements pour la justice sociale s’en sont aperçus et ont commencé à venir en masse. C’est là que les grands médias ont commencé à en parler. Et un camp de masse historique et conduit par des Autochtones était né, ce qui a secoué la conscience de la nation. Nous pouvons le faire aussi – ici, à Thacker Pass, Nevada.
Nous avons besoin de tout le monde MAINTENANT. Cette semaine. Nous avons besoin de gens. Nous avons besoin de fournitures. Nous avons besoin de soutien de médias. Nous avons besoin de fonds. Le petit groupe qui tient ce camp ne peut tout simplement pas se maintenir à moins que VOUS et des gens que VOUS connaissez soient prêts à faire QUELQUE CHOSE pour nous soutenir CETTE SEMAINE.
Je vous remercie du fond de mon cœur pour avoir lu ceci. Ce n’est PAS une campagne de plus pour un problème particulier. Le succès ou l’échec de ce mouvement pourrait avoir un impact historique sur la survie future de l’extraordinaire diversité de créatures vivant ici, sur beau et mystérieux globe que nous appelons chez-nous, qui flotte dans le noir infini de l’espace.
© 2023 Max Wilbert
PO Box 11262, Eugene, OR 97440
Traduction française d’un texte d’Indigenous Action Media
D’abord publié en avril 2021
Republié le 22 avril 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Ce système ne tombera pas en cendres de lui-même.
La ritualisation du ‘Jour de la Terre’ commercial, et, plus logiquement, les tendances actuelles de pur laver plus vert des compagnies, échouent toutes à réagir significativement en s’attaquant à la destruction environnementale et à la catastrophe climatique imminente auxquelles nous faisons face actuellement.
Le Jour de la Terre commercial est devenu un moyen de nous apaiser et nous distraire des actes de violence perpétrés chaque jour contre Notre Mère la Terre et nos communautés humaines et non-humaines.
Les mêmes corporations qui ravagent Notre Mère la Terre et exploitent ses enfants, essaient de nous vendre des styles de vie personnels lavés plus verts, comme choix de solutions « durables ».
Les corporations à-but-non-lucratif et les politiciens néo-libéraux perpétuent et défendent le système capitaliste destructeur, dans des tentatives de construire une économie « verte » avec de nouveaux arrangements verts et même « rouges ».
Nous ne souhaitons pas que l’État capitaliste, raciste, hétéro-patriarcal, colonial et policier soit « vert », notre intention est d’abolir son existence même.
Nos vies dépendent de la santé et du bien-être de notre Mère la Terre et de tous ses enfants. Nos tactiques seront de plus en plus désespérées à mesure que l’air que nous respirons sera de moins en moins pur, que l’eau que nous buvons sera de moins en moins potable, que le sol où nous plantons sera plus pollué.
La défense des sites sacrés et des terres Autochtones sont les lignes de front sur lesquelles nous luttons pour notre existence. Si nous désirons exister, nous devons continuer à défendre le sacré et libérer Notre Mère la Terre. Défendre le sacré signifie riposter pour protéger Notre Mère la Terre, c’est-à-dire son existence même.
Le réchauffement climatique est une conséquence de la guerre du colonisateur contre notre Mère la Terre.
Pour arrêter complètement ces mines, ces centrales électriques, ces barrages et ces oléoducs, nous devons aussi arrêter la machine politique et les systèmes qui les engendrent.
Nous ne pouvons pas faire durer des modes de vie non-durables.
Le Capitalisme est l’ennemi de Notre Mère la Terre.
Vous êtes la prière de vos ancêtres pour la libération de notre mère la Terre.
Il y a de l’argent sale derrière la transition verte
Par Max Wilbert
22 avril 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Je m’appelle Max Wilbert, co-auteur de Bright Green Lies, fondateur de Protéger Thacker Pass, et organisateur d’une communauté bio-centrée. J’utilise ce site pour partager des stratégies et explorer des domaines comme la durabilité, l’effondrement, l’empire, la résistance, l’activisme, le greenwashing [laver plus vert] et la justice. Merci de me lire.
Un criminel qui glisse quelques billets à un officier de police et repart libre. Un homme d’affaires qui achète un politicien avec une valise d’argent liquide. Nous concevons souvent la corruption dans ces termes évidents, et comme quelque chose qui se produit dans les pays pauvres, ailleurs.
Mais la corruption se présente souvent différemment.
Aux Etats-Unis, où je vis, la corruption est courante. Elle est aussi presque légale.
En fait, l’argent sale est devenu partie intégrante du tissus politique de notre nation. Ça a été normalisé, institutionalisé et même régulé. Et pourtant, les effets de cette corruption sont aussi insidieux et destructifs que les pots-de-vin les plus voyants.
La corruption est quelque chose de pourri dans notre système politique, et elle s’étend.
Cet article concerne la corruption américaine, mais l’histoire sera racontée en examinant une compagnie minière canadienne appelée Lithium Americas, qui travaille aux Etats-Unis par l’intermédiaire d’une succursale entièrement possédée par les Etats-Unis, Lithium Nevada Corporation.
Depuis deux ans et demi, je lutte contre Lithium Nevada pour l’empêcher de détruire Thacker Pass – un site crucial de biodiversité et un site sacré pour des Autochtones, site connu comme Peehee Mu’Huh dans la langue Paiute, qui se trouve dans le nord du Nevada, juste à côté de la frontière avec l’Oregon. Lithium Nevada, comme vous l’avez probablement deviné, veut transformer ce lieu en une mine de lithium à ciel ouvert.
C’est un lieu spécial. Thacker Pass abrite le tétra des armoises [sorte de sauge] en voie de disparition, l’antilope d’Amérique [seule et dernière représentante des antilocapridés], le cerf mulet et des aigles royaux. C’est un corridor de migration et un refuge climatique. C’est le bassin hydrologique des communautés locales et le site de deux massacres de Paiutes, dont celui du 12 septembre 1865, au cours duquel des soldats de l’Armée Américaine ont tué entre 30 et 50 hommes, femmes, enfants et vieillards, dans une attaque surprise à l’aube. Il a été reconnu par le Gouvernement Fédéral comme « District Culturel Traditionnel », un paysage d’une importance exceptionnelle pour l’histoire des Autochtones et leur identité culturelle.
Et en ce moment même, pendant que vous lisez ceci, c’est en train d’être détruit par une compagnie corrompue et un gouvernement corrompu. Des bulldozers roulent dessus, et des buissons de plusieurs siècles, des vestiges de milliers d’années et les vies de précieuses créatures du désert sont écrasés sous le métal.
Comment est-ce possible ? Comment, dans une démocratie où les gens ont le droit de protester, de se faire entendre, de commenter, de faire des pétitions, d’engager des poursuites en justice, comment est-il possible de voir un tel déni de justice ? Et, plus largement, comment est-il possible que notre système de gouvernement soit incapable de faire quelque chose face à la catastrophe écologique à laquelle nous sommes confrontés : la 6ème extinction de masse de la vie sur Terre ?
Une partie de la réponse est la corruption, que nous pouvons diviser en cinq catégories : le lobbying, la rédaction des lois, la politique de la « porte tournante », les contributions aux frais de campagnes, et la corruption de la communauté. Examinons-les l’une après l’autre, en utilisant Lithium Americas et Thacker Pass comme exemple.
Le lobbying : Comment les Grandes Compagnies y Gagnent un Accès Disproportionné Aux Élus
Le lobbying est fondé sur un principe simple : les officiels du gouvernement devraient écouter leurs électeurs.
Transparency International définit le lobbying comme « Toute activité entreprise pour influencer un gouvernement ou la politique et les décisions d’une institution en faveur d’une cause ou d’un résultat spécifique. »
« Même lorsqu’elles sont autorisées par la loi, » disent-ils, « ces actions peuvent devenir perturbatrices [nuisibles à la démocratie et la justice] si des niveaux d’influence hors de proportion existent – de la part de compagnies, d’associations, d’organisations et d’individus. »
Le lobbying d’aujourd’hui n’est pas la simple pratique de gens s’adressant à leurs élus. En fait, c’est une industrie à 3,73 milliards de dollars, étroitement régulée, dominée par des initiés et les plus grandes compagnies, mûrie par la corruption de la « porte tournante » et soutenue par au moins 3 ou 4 milliards de dollars de « lobbying de l’ombre » qui n’est ni régulé ni révélé au public de quelque manière que ce soit.
La régulation du lobbying est essentielle pour son propre fonctionnement en tant que méthode de corruption. Comme dit Ben Price, Directeur Organisationnel National au Fonds de Défense Juridique Environnementale de la Communauté, « la régulation n’est pas vraiment un moyen de réduire la corruption, mais plutôt, les règles légalisent la corruption en en définissant les limites au-delà desquelles elle ne serait plus permise. »
« Ce faisant, » ajoute-t-il, « le principal effet des règles est de protéger les dessous-de-table de la responsabilité légale en légalisant assez pour servir les buts des influenceurs législatifs des grandes compagnies. »
Comme la publicité, les grandes compagnies utilisent le lobbying parce que ça marche.
Des études ont montré que dépenser plus d’argent en lobbying et contributions aux campagnes électorales résultaient en des réductions immédiates d’impôts fédéraux, d’impôts d’état et en plus de contrats fédéraux. Une analyse, étudiant seulement les 200 compagnies les plus « actives politiquement », a découvert qu’elles avaient dépensé 58 milliards de dollars en lobbying auprès du gouvernement fédéral et en « contributions aux campagnes » entre 2007 et 2012, mais avaient reçu 4400 milliards en subventions fédérales, contrats, et autre soutien pendant la même période. C’est un retour sur investissement de 7580%.
Une autre étude a découvert un retour encore plus grand : « en moyenne, pour chaque dollar dépensé pour influencer la politique, les compagnies les plus actives politiquement ont reçu 760 dollars du gouvernement » – un profit de 76000%.
Les Grandes Compagnies Écrivent Nos Lois
Les grandes compagnies utilisent des lobbyistes parce que leur richesse leur permet d’avoir un accès disproportionné au gouvernement, ce qui signifie qu’ils peuvent établir des relations avec des politiciens et leurs équipes, influencer la politique, échanger des idées et même écrire la législation. Ils peuvent aussi corrompre des juges, comme le récent scandale autour de Clarence Thomas l’a montré. Mais ça va plus loin. Comme le note un rapport de la NPR [Radio Publique Nationale], « Il semble évident que les lobbyistes influencent la législation. Mais il est peut-être moins évident qu’ils écrivent souvent les lois – même mot à mot. »
Nos lois sont écrites par les grandes compagnies.
Ce n’est pas seulement un problème fédéral. Une enquête de USA Today de 2012 révéla que plus de 10 000 propositions de lois introduites dans les 50 états sur une période de 8 ans avaient été « presqu’entièrement copiées de textes écrits par des intérêts spéciaux. » Le rapport dit aussi que leur enquête avait détecté ces textes en utilisant des techniques automatisées, et que « le nombre réel est probablement bien plus élevé. »
Nos politiciens écrivent rarement des lois. En fait, les grandes entreprises et les lobbyistes écrivent des lois ; le Congrès vend les lois au public ; puis les lobbyistes paient leurs membres du Congrès en contributions à leurs campagnes, aux Comités d’Action Politique [Super PAC] et aux possibilités d’emplois dans la politique de la « porte tournante. »
La « Porte Tournante »
Un autre moyen de corruption devenu endémique dans le gouvernement de Etats-Unis est ce qu’on appelle la « porte tournante. »
La porte tournante fait référence à une pratique courante chez les employés des grandes compagnies, qui quittent leur emploi pour travailler au gouvernement, et vice versa. Il est tout à fait courant pour des employés du gouvernement et des élus de quitter ou terminer leurs mandats et d’obtenir immédiatement des emplois dans les industries qu’ils sont supposés réguler.
Pourquoi, demandez-vous ? L’Argent. Comme le dit un titre de presse « quand un membre du Congrès devient lobbyiste, il a, en moyenne, 1452% d’augmentation.
À l’occasion, on trouvera des histoires de lobbyistes que se sont fourvoyés dans la corruption pure et simple – Jack Abramoff, par exemple – mais ces histoires sont rares, pas parce que la corruption n’est pas courante, mais parce qu’il faut vraiment violer une loi en tant que compagnie : elle a écrit les lois. Et elle l’a fait délibérément pour rendre sa corruption et son influence sur les campagnes électorales légales.
Dès 2016, environ la moitié des Sénateurs et un tiers des Représentants sont devenus lobbyistes pour toucher leurs chèques. C’est aussi courant chez les Démocrates que chez les Républicains.
Les Activités de Lobby de Lithium Nevada Corp. (au moins celles que nous connaissons)
Lithium Nevada a dépensé au moins 310 000 dollars en lobbying depuis 2016, par l’intermédiaire d’une compagnie de lobby appelée Harbinger Strategies.
Harbinger est « une firme de premier plan pour le gouvernement fédéral et les affaires politiques » qui a été fondée par, et employé des ex aides au Congrès et opérateurs politiques Républicains de haut niveau. Ils sont parmi les principaux lobbyistes à Washington D.C.et ont gagné au total 10,9 millions de dollars en 2021, d’une liste de clients parmi lesquels se trouvaient l’industrie aérienne, les grandes banques et firmes d’investissements, des compagnies minières, de biotechnologie, le complexe militaro-industriel, Facebook, des services d’électricité, General Electric, et l’industrie du pétrole et du gaz.
« Nous utilisons notre expérience d’anciens membres éminents des équipes des Principaux Dirigeants au Congrès et de l’Exécutif pour placer nos clients à la table où les décisions sont prises, » écrivent-ils sur leur site. Ils ajoutent : « [Harbinger est] fondé sur la conviction que chaque client mérite un partenaire expert des questions législatives » – un « modèle de boutique » – qu’ils utilisent pour une raison simple : ça donne des résultats. »
Dans l’état du Nevada, Lithium Nevada Corporation a loué au moins 4 lobbyistes depuis 2017, de deux firmes : Argentum Partners, une firme de communications pour tous services stratégiques… avec une équipe de lobbyistes avides, énergiques et expérimentés, » et Ferrato Corporation, « une firme bipartisane pour tous services d’affaires publiques. »
En particulier, parmi les lobbyistes d’Argentum pour Lithium Nevada, on trouve Mike Draper, qui « était à la tête des relations et des affaires publiques pour la planification, l’autorisation, la construction et l’ouverture du Gazoduc Ruby, le plus grand gazoduc d’Amérique du Nord. » Des Tribus et des écologistes se sont farouchement battus contre le gazoduc Ruby en 2009 et 2010.
Contributions aux Campagnes Électorales
Une autre technique de légalisation de la corruption sont les « contributions aux campagnes », également nommées dons aux politiciens candidats.
Beaucoup de pays dans le monde ont mis des limites strictes à la somme d’argent que les gens peuvent donner aux candidats, ou ont même des campagnes politiques financées par le gouvernement, ce qui supprime presqu’entièrement l’influence de l’argent. Les Etats-Unis ne font pas partie de ces pays.
Les élus aux Etats-Unis ont désespérément besoin d’argent. Le Sénateur moyen doit trouver 14 000 dollars par jour, juste pour rester en place – et cela dès qu’il a été élu une fois. C’est aussi vrai pour les Démocrates que pour les Républicains, raison pour laquelle les grandes compagnies, directement ou par l’intermédiaire de leurs lobbyistes ou employés, misent généralement sur les deux en donnant aux deux partis politiques.
Par exemple, Jonathan Evans, PDG de Lithium Americas Corporation, a donné au moins 10 250 dollars aux candidats entre 2021 et 2022, parmi lesquels Catherine Cortez Mastow (Sénatrice Démocrate du Nevada) et Mark Amodei (Gouverneur Républicain du Nevada). George Ireland, Président de Lithium Americas, a donné au moins 19800 dollars à des candidats depuis 2011, dont 500 dollars pour la campagne de Trump et 6600 à John Hickenlooper. Les données de OpenSecret.org montrent que 7 autres employés, membres du Conseil d’Administration et parties associées ont donné au moins 10819 dollars de plus aux candidats entre 2018 et 2022.
Ces montants ne comprennent pas les contributions BEAUCOUP plus importantes, données par des employés et des membres de la famille de Harbinger Strategies, qui ont donné 392 842 dollars aux candidats pour la seule élection de 2020.
Beaucoup de ces gens donnent un montant équivalent à la limite légale, ce qui implique que si la limite était plus haute, ils donneraient plus – et peut-être essaieraient de trouver des moyens pour contourner les limites des contributions par l’intermédiaire des « Super PACs » et d’autres techniques d’argent caché.
Souvenez-vous que moins d’1,5% des Américains ont donné plus de 200 dollars aux candidats ou aux partis au cours de n’importe quelle année. C’est le domaine des riches.
Les Dessous de Table
L’argent de Lithium Americas est bien employé.
Dans ce qui semble être une contrepartie pour leur lobbying et leurs contributions aux campagnes, Lithium Americas Corporation a obtenu 8 637 357 dollars en réductions d’impôts de l’état du Nevada, entre autres un abattement partiel de taxes sur les ventes de 5 millions, un abattement de l’impôt sur la propriété de 3,3 millions et environ 225000 dollars d’abattements sur la taxe sur la masse salariale. Cet argent n’est plus disponible pour les écoles, la santé, les services sociaux, l’assistance aux petites entreprises, les programmes environnementaux, etc.
Par le Gouvernement Fédéral, Lithium Nevada a reçu un prêt du “Programme de Prêt pour la Fabrication de Véhicules à la Technologie Avancée » (ATVM) du Département de l’Energie, qui couvrira probablement « jusqu’à 75% des coûts de construction à Thacker Pass.
Ce programme de prêts offre des conditions extrêmement favorables équivalant à une subvention de 3 milliards de dollars US.
Selon une estimation très prudente, pour des dons de, disons, 400 000 dollars en lobbying et contributions des employés aux campagnes électorales, Lithium Americas peut espérer un retour sur investissement de 2100 % – et cela sans même considérer l’énorme valeur financière du prêt ATVM.
Corruption au niveau local
La corruption politique va souvent de pair avec la corruption au niveau local.
Le projet de Lithium Americas de détruire Thacker Pass a créé une sérieuse opposition dans la communauté de fermiers et ranchers des zones rurales les plus proches de Thacker Pass, parmi les habitants de la ville proche de Winnemucca, de la part de groupes écologistes préoccupés par les effets sur la vie sauvage, les plantes, l’air et l’eau, et parmi les Tribus Autochtones inquiètes pour leurs sites sacrés et culturellement importants, leurs animaux et leurs plantes médicinales.
La réaction était prévisible. Dans son livre Unearthing Justice : How to Protect Your Community From The Mining Industry, la militante anti-extractivisme Joan Kuyek décrit les mythes incessamment répétés par Lithium Americas et presque toutes les compagnies minières :
- « La mine créera des centaines d’emplois et enrichira les gouvernements. »
- « La mine peut enrichir les membres de la communauté et résoudre leurs problèmes sociaux et économiques. »
- « Les techniques modernes assureront que la mine n’endommagera pas l’eau, l’air ou la vie sauvage. »
Quand ces mythes se révèlent faux, ils recourent à la corruption légalisée. À Thacker Pass, ça prend la forme d’un paiement par Lithium Americas d’une nouvelle école pour la communauté de Orovada, et la signature d’un accord avec un Membre d’un Conseil Tribal local pour la construction d’un centre culturel. Un membre de la tribu, mon amie Shelley Harjo, a répondu : « La promesse de quelques bâtiments et d’un centre culturel ne peuvent l’emporter sur la responsabilité que nous avons envers les ancêtres d’avant nous, ni nos obligations envers ceux encore à naître après nous. » Un autre dirigeant Tribal de la région dit des compagnies minières « Ils profitent de notre pauvreté. »
Cette pauvreté donne un puissant moyen de pression aux compagnies minières. Dans la communauté de Fort McDermitt, les rumeurs de corruption sont courantes.
L’Implication de Lithium America dans des Violations des Droits Humains Outremer
Lithium Americas a des relations d’affaires et personnelles qui recoupent celles de la compagnie Ganfeng Lithium (la plus grande compagnie de lithium au monde), propriété de l’Etat Chinois. En fait, Ganfeng et Lithium Americas sont copropriétaires d’une compagnie minière de lithium en Argentine, appelée Minera Exar.
Le projet minier de Minera Exar est situé dans les Andes, dans le « triangle du lithium », une région aride près des frontières du Chili et de la Bolivie. Au cours des années depuis lesquelles Minera Exar a des activités dans la région, elle a – comme d’autres compagnies d’extraction de lithium dans la même zone – été critiquée pour de graves violations des droits humains et de l’environnement.
Le Washington Post, en enquêtant sur ces violations, écrivit :
« Les compagnies minières ont extrait depuis des années des milliards de dollars de lithium de la région d’Atacama… Mais les Atacama pauvres n’ont pas vu beaucoup de ces richesses… une compagnie de lithium, une entreprise commune Canadienne-Chilienne appelée Minera Exar, a passé des accords avec six communautés aborigènes pour ouvrir une nouvelle mine. L’opération devrait rapporter environ 250 millions par ans en ventes, tandis que chaque communauté recevra un paiement annuel – de 9000 à 60000 dollars – pour des droits étendus sur la surface et l’eau.
L’article ajoute :
« Yolanda Cruz, une dirigeante du village en Argentine, dit qu’elle avait signé [les accords de bénéfices de la communauté avec Minera Exar], mais que maintenant, elle le regrette. À l’époque, elle appréciait la possibilité de créer des emplois pour son village. Mais maintenant, elle s’inquiète, ‘nous allons nous retrouver sans rien’, dit-elle. ‘Le fait est que les compagnies nous mentent – c’est la réalité. Et parfois nous nous contentons de ne rien dire’ dit-elle. ‘Nous ne disons rien mais nous serons ceux qui en pâtirons quand le temps aura passé.’ »
Pendant ce temps, Ganfeng Lithium a annoncé récemment des projets de mines pour les métaux de batteries dans la région de Xinjiang, en Chine, où le Gouvernement Chinois détient et emprisonnent des Ouïghours et d’autres Musulmans pour des travaux forcés et de l’endoctrinement dans des camps.
Gaspillage de Fonds Gouvernementaux
On nous dit que le principal objectif de l’extraction de lithium à Thacker Pass est de réduire l’émission de gaz à effets de serre. C’est un mensonge de plus, un nouveau type de laver plus vert pour les grandes compagnies, qui devient de plus en plus commun. En fait, de nombreuses analyses montrent qu’en réalité, les réductions d’émissions par le passage aux véhicules électriques sont mineures.
La production d’un seul véhicule électrique produit des émissions de gaz à effets de serre – en moyenne 9 tonnes. Cette moyenne s’élève à mesure que la taille des véhicules électriques augmente fortement. Plus ont produit de véhicules électriques, plus il y a d’émissions de gaz à effets de serre. Ainsi, alors que les véhicules électriques réduisent les émissions, comparés aux véhicules à essence, les plus gros véhicules électriques ne les réduisent pas beaucoup. Une analyse du Centre Interdisciplinaire Pour la Justice Environnementale dit que l’électrification des véhicules aux Etats-Unis ne réduira les émissions au niveau national que de 6%.
De plus, la production de lithium à Thacker Pass exigera 700 000 tonnes par an de produits du raffinement du pétrole – du souffre, peut-être largement fourni par les Sables Bitumineux d’Alberta. Tandis que Thacker Pass reçoit des milliards en subventions du gouvernement, les émissions de carbone continuent à augmenter.
Le militant écologiste Paul Hawken, autre exemple, ne met pas les véhicules électriques dans ses 10 meilleures solutions pour le climat. En fait, c’est la 24ème de sa liste, avec dix fois moins d’effet que de réduire le gaspillage alimentaire, près de six fois moins d’effet que l’élimination de l’utilisation de réfrigérants, qui sont de puissants gaz à effets de serre, et derrière des solutions comme la restauration des forêts tropicales (environ 5 fois plus efficace que les véhicules électriques) et la protection des tourbières (plus de 2 fois plus efficace).
La corruption et le gaspillage vont la main dans la main. Les données montrent clairement que si notre but est de réduire les émissions de gaz à effets de serre, donner des subventions pour la mine de lithium de Thacker Pass n’est pas un bon usage des fonds gouvernementaux. C’est du gaspillage.
Si on veut vraiment donner des fonds gouvernementaux pour arrêter efficacement le réchauffement climatique, donner de l’argent aux industries minières est exactement ce qu’il ne faut pas faire.
Plutôt, commencez par les droits des femmes, l’éducation des filles, et rendez disponibles la contraception et le planning familial. Commencez par des initiatives de relocalisation économique. Commencez par isoler les logements convenablement, ce qui pourrait avoir le plus grand effet immédiat sur l’impact du carbone. Commencez par des initiatives de réduction de la demande.
Cessez de gaspiller l’argent des contribuables en subventions pour des entreprises de destruction de la Terre, et commencez par des actions qui comptent vraiment.
La Banalité du Mal
La corruption de Lithium Americas me rappelle ce que la philosophe politique Hannah Arendt appelait « La Banalité du Mal. » À propos d’Eichmann, un officier Nazi qui fut l’un des principaux organisateurs de l’Holocauste, Arendt explique qu’Eichmann ne ressentait pas la culpabilité ; en fait, il n’avait jamais pensé que ce qu’il faisait pouvait être mal : « Il faisait son ‘devoir’… ; il n’obéissait pas seulement aux ordres, il obéissait aussi à la ‘loi’. »
[…]
Lithium Americas n’extermine pas les gens, ce n’est même pas la « pire » des compagnies minières. Ils peuvent même avoir agi entièrement dans les limites de la loi. Et pourtant, ils sont complices d’un génocide culturel, de la destruction écologique pour des gains personnels, et, ce qui pourrait être un crime encore plus grand contre le futur : faire passer pour verte et positive leur destruction, créant ainsi plus d’incitations financières et politiques pour d’avantage de cette folie.
Ils croient que ce qu’ils font est bien et ils « suivent les règles. »
Et Maintenant ?
La corruption à Thacker Pass n’est pas unique. Le lobbying, les contributions aux campagnes électorales, le ‘laver plus vert’, et les pots-de-vin à la communauté sont courants aux Etats-Unis et dans la plupart des pays du monde. Je crois qu’il est vraisemblable qu’il y ait encore plus de corruption dont nous ne savons rien. Peut-être qu’il y a vraiment des échanges de valises pleines de billets. Nous ne pouvons que faire des conjectures. Et, cet article n’a même pas commencé à parler de la complicité du gouvernement dans la violation des lois, la corruption et les violations éthiques à Thacker Pass – une histoire, par certains aspects, encore plus sordide.
Tout cela explique en partie pourquoi les analyses universitaires des Etats-Unis tendent à montrer la « domination de l’élite économique » plutôt qu’une vraie démocratie électorale ou du pluralisme. Les riches dirigent notre pays (et le reste du monde). Notre gouvernement est corrompu, les multinationales sont omniprésentes, et notre monde est détruit.
Pour beaucoup, la situation dans laquelle nous nous trouvons est paralysante. Que pouvons-nous faire face à cela ?
Quand j’ai commencé à protéger Thacker Pass et établi un camp de protestation sur le site où la mine doit être creusée, en plein hiver 2021, je n’avais pas d’illusions. Je savais que les tribunaux n’allaient pas nous sauver. Rappelez-vous, les lois ont été écrites par les grandes entreprises. Je savais que les commentaires publics ne marcheraient pas ; les règles sont écrites pour favoriser les intérêts des grandes entreprises. Je savais que le gouvernement ne serait d’aucune aide, vu que les politiciens sont pour la plupart achetés et payés. Je savais même que les façons standard de protester ne seraient probablement pas efficaces, vu les tactiques de répression et les stratégies de diviser-pour-régner qui ont été depuis des siècles celles des grandes entreprises et des colonisateurs.
En tant que société, nous nous trouvons au cœur de la 6ème extinction de masse, d’une catastrophe climatique et apparemment, d’un dépassement terminal. Et, comme mouvement écologiste, malgré notre action courageuse et inspirée, nous avons été insuffisants.
C’est pourquoi, depuis des années, j’appelle à une révolution écologique – une transformation fondamentale de la société – et m’organise pour faire qu’elle se produise.
Que vous pensiez que c’est nécessaire ou non, nous sommes tous d’accord sur le fait que ce que nous faisons ne marche pas. Je n’ai pas toutes les réponses. Mais je sais qu’il est temps d’aller plus loin.
Le communiqué de la compagnie est dans un charabia encore plus illisible qu’un texte de loi. Il faut souligner cependant que la compagnie n’a pas convenablement consulté les tribus concernées, une rencontre avec quelques membres – favorables – en a tenu lieu. Et surtout, le projet comprend la construction d’une usine d’acide sulfurique et une autre usine de produits chimiques. Les batteries électriques sont le prétexte pour Laver Plus Vert! Et Thacker Pass se trouve au coeur d’une région encore sauvage, qui héberge des espèces rares et menacées.
Christine Prat
Introduction par Brenda Norrell
Communiqué de presse de Lithium Americas
Publié sur Censored News
2 mars 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Lithium Americas a organisé une réunion – baptisée ‘consultation’ – avec des Paiutes de Fort McDermitt, dans leur communauté, dans le nord du Nevada, en février dernier. Auparavant, le président tribal et des membres de sa famille avaient été reçus par Lithium Americas lors de l’ouverture d’un établissement à Reno, en 2022. Des membres de la communauté Paiute de Fort McDermitt dirent qu’on ne leur avait jamais dit qu’un accord avait été passé avec Lithium Americas par quelques membres. Des Paiutes et des Shoshones avaient protesté devant la cour fédérale en janvier, mais la cour n’a pas suspendu la mine de lithium. Trois Nations Amérindiennes ont déposé une nouvelle plainte pour l’interrompre – la Colonie Indienne de Reno-Sparks, la Tribu Paiute de Burns [Oregon] et les Paiutes de Summit Lake. Mercredi, une cour d’appel fédérale a refusé de déclarer une injonction d’urgence pour suspendre la mine de lithium, qui est soutenue comme ‘énergie verte’ par le gouvernement Biden.
Censored News
LITHIUM AMERICAS COMMENCE LA CONSTRUCTION À THACKER PASS
Communiqué de presse de Lithium Americas
2 mars 2023 – Vancouver, Canada : Lithium Americas Corp. (TSX : LAC) (NYSE : LAC) (‘Lithium Americas’ ou la ‘Compagnie’) a le plaisir d’annoncer le commencement de la construction de son projet de lithium à Thacker Pass (‘Thacker Pass’ ou le ‘Projet’), projet dont elle est propriétaire à 100%, dans le Comté de Humboldt, Nevada, suite à la réception de l’autorisation de continuer, du Bureau de Gestion du Territoire (‘BLM’).
« Commencer la construction est une étape décisive pour Thacker Pass, sur laquelle nous travaillons depuis plus d’une décennie » dit Jonathan Evans, Président et PDG. « Nous sommes enthousiastes à l’idée d’engendrer la croissance économique dans le nord du Nevada et de jouer un rôle majeur dans la fourniture nationale de lithium pour véhicules électriques. »
Thacker Pass a le but de produire 80 000 tonnes par an de carbonate de lithium pour batteries (‘Li2CO3’) en deux phases de 40 000 tonnes par an (‘Phase 1’ et ‘Phase 2’). La production de la Phase 1 devrait commencer au cours de la deuxième moitié de 2026. Le Projet devrait créer 1000 emplois pendant la construction, et 500 emplois pendant les opérations. On peut trouver plus d’informations dans le rapport technique intitulé ‘Étude de faisabilité, National Instrument 43-101 Rapport Technique pour le Projet Thacker Pass, Comté de Humboldt, Nevada, USA’ avec une date effective du 2 novembre 2022 (le ‘Rapport Technique’), classé à SEDAR dans le profil de la Compagnie le 31 janvier 2023.
AGENDA DE LA CONSTRUCTION : la construction, y compris la préparation du site, le forage géotechnique, le développement d’une canalisation d’eau et l’infrastructure associée, a commencé.
Des contrats pour les principaux travaux de terrassement ont été attribués, pour des activités qui devraient commencer dans la deuxième moitié de 2023.
Dans le Q4 2022, Bechtel Corporation a obtenu le contrat de l’ingénierie, la gestion de la passation de marchés et de la construction (‘EPCM’) pour la construction de la Phase 1 de Thacker Pass, avec le détail de l’ingénierie à venir.
Des contrats de construction importants ont été attribués, parmi lesquels Lithium Carbonate et Purification. Le contrat pour les usines chimiques de sulfate de magnésium et de carbonate de lithium ont été attribués à Aquatech International LLC (‘Aquatech’). Établi en 1981 et ayant son siège à Philadelphie, Aquatech est leader dans la technologie de purification de l’eau pour les marchés industriels et d’infrastructure, en particulier la désalinisation, le recyclage et la réutilisation de l’eau et la décharge de liquide zéro (‘ZLD’).
L’usine d’Acide Sulfurique. Le contrat pour l’ingénierie, la passation de marchés, le support à la construction, la mise en service et les services de start-up pour l’usine d’acide sulfurique, a été attribué à EXP Global Inc. (‘EXP’). Établi en 1906 et ayant son quartier général opérationnel à Chicago, EXP est leader pour le pétrole, le gaz et les produits chimiques. Le contrat pour la licence technologique, l’ingénierie et l’équipement pour maîtriser la perte de chaleur et produire de la vapeur qui finalement sera convertie en électricité sans carbone pour l’usine, a été attribué à MECS Inc. (‘MECS’) pour leur système de pointe de récupération de la chaleur.
La sélection a commencé, pour un contrat et l’ingénierie d’un Centre de Main-d’œuvre (logement pour les contractants de la construction) et un centre de transbordement dans la région de Winnemucca.
La construction à Thacker Pass a commencé, suite à une décision favorable de la Cour de District US, District du Nevada (‘Cour Fédérale) pour l’émission d’un procès-verbal de décision (‘ROD’), dans lequel la Cour Fédérale confirme que le processus d’autorisation pour Thacker Pass a été mené complètement et de manière responsable. La Cour Fédérale a refusé d’annuler le ROD et a ordonné au BLM de prendre en considération un problème relevant de la loi minière concernant la zone désignée pour le stockage de déchets et n’a pas imposé de restrictions qui pourraient impacter l’agenda de la construction. La Compagnie travaille en étroite collaboration avec le BLM pour effectuer le suivi exigé et ne s’attend pas à ce que ça influence l’agenda général de la construction.
Nord du Nevada, sud de l’Oregon, tribus concernées par la dernière poursuite en justice.
Communiqué de Presse
3 janvier 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Une compagnie qui prétend “laver plus vert” a déposé des demandes de permis pour stocker de l’eau de Black Mesa, qui en manque cruellement. La région a été dévastée par des décennies d’extraction de charbon. Il n’est pas pensable d’y pomper encore plus d’eau. Il semble que la compagnie qui a déposé des demandes de permis se fait passer pour “verte” et a son siège en France. Elle s’intitule ‘Nature and People First’ (sic) et a son siège à Paris, dans le 6ème arrondissement.
Christine Prat
ÉNERGIE HYDRAULIQUE : Des Autochtones et des écologistes pressent les régulateurs fédéraux de rejeter la demande de permis préliminaire pour un projet de stockage d’énergie hydraulique dans le Nord de l’Arizona, qui, selon eux, causerait de nouveaux dommages à une région historiquement touchée par l’extraction de charbon.
Communiqué de Presse du 3 janvier 2023
Contacts :
Nicole Horseherder, Tó Nizhóní Ání, + 1 928 675 1851, nhorseherder@gmail.com
Robyn Jackson, Diné C.A.R.E. + 1 505 862 4433, robyn.jackson@dine-care.orgTaylor McKinnon, Center for Biological Diversity, + 1 801 300 2414, tmckinnon@biologicaldiversity.org
Les Etats-Unis Sommés de Refuser d’Énormes Projets de Pompes de Stockage Visant Black Mesa
FLAGSTAFF, Arizona – Tó Nizhóní Ání [équivalent Navajo de Mni Wiconi, littéralement ‘L’Eau Sacrée Parle’], Citoyens Diné Contre la Ruine de notre Environnement [Diné C.A.R.E.], et le Centre pour la Diversité Biologique, ont déposé des motions pressant la Commission Fédérale de Régulation de l’Énergie (FERC) de refuser les demandes de permis préliminaires pour des projets de pompes de stockage, au sud-est de Kayenta, dans la Nation Navajo.
« Ces projets, monstrueusement irréalistes, ne feraient qu’ajouter aux décennies de dégâts causés par l’extraction de charbon pour les gens, le sol et les nappes phréatiques de Black Mesa » dit Nicole Horseherder, directrice exécutive de Tó Nizhóní Ání. « Demander l’approbation fédérale avant d’avoir le consentement des communautés de Black Mesa est un summum d’arrogance. Ça nous dit tout ce que nous avons besoin de savoir. »
Les traces et la demande en eau des Projets de Pompes de Stockage du nord, de l’est et du sud de Black Mesa, aggraveraient les problèmes causés par des décennies d’extraction de charbon. Les motions, déposées vendredi, disent que les projets détruiraient plus de terre, déplacerait plus de gens et d’utilisation de terres, épuiseraient encore plus les cours d’eau et les nappes phréatiques et détruiraient des sites préhistoriques et un habitat d’espèces menacées, comme la chouette mexicaine tachetée. Les candidats recherchent l’approbation des officiels fédéraux sans obtenir le consentement préalable des communautés touchées.
« Comme le charbon précédemment, ces projets exigeraient que les communautés rurales sacrifient plus de terre et d’eau, afin que l’électricité et les profits puissent être exportés dans des villes lointaines » dit Robyn Jackson, directeur intérimaire de Diné C.A.R.E. « Ce n’est pas ce que nous voulons ou dont nous avons besoin, et nous ne tolérerons pas qu’une telle histoire se répète. »
S’étendant à vol d’oiseau sur 64 km de la falaise nord-est de Black Mesa, les projets pomperaient l’eau jusqu’à des réservoirs au sommet de Black Mesa quand les prix de l’électricité sont bas, pour générer de l’électricité et des revenus en renvoyant l’eau à des réservoirs en bas du plateau quand les prix sont plus hauts. Les demandes indiquent comme sources d’eau potentielles les nappes phréatiques sous Black Mesa et les rivières Colorado [ex-fleuve] et San Juan. Les demandent ne mentionnent pas de preuves montrant la disponibilité ni les droits légaux de ces sources.
Les projets proposent huit nouveaux réservoirs sur plus de 15000 hectares, ce qui représente environ 60% de la surface actuelle du Lac Powell [lac de barrage sur le Colorado, au nord-ouest de la Nation Navajo]. Les remplir exigerait plus de 550 millions de m³ d’eau, ce qui serait une portion énorme de ce qui reste d’eau dans le fleuve Colorado. Même dans les cas les plus favorables, la perte annuelle par évaporation serait de plus de 10 millions de m³ par an, ce qui doublerait l’épuisement de la nappe phréatique causée historiquement par l’extraction de charbon.
« Ces projets reposent sur de l’eau et un consentement de la communauté, qui n’existent pas » dit Taylor McKinnon du Centre pour la Diversité Biologique. « La FERC doit bloquer l’approbation de permis préliminaires pour des gâchis causés par la spéculation sur des pompes de stockage dès maintenant. Les membres de la Commission ont tort d’ignorer l’infaisabilité évidente de ces projets et le mal potentiel que ça pourrait causer aux gens et aux eaux de Black Mesa, et aux espèces menacées de la région. »
Des décennies d’extraction de charbon ont déjà largement épuisé les nappes phréatiques et les cours d’eau et les sources qui en sortent. Le Colorado et la San Juan subissent déjà des prélèvements excessifs et leur utilisation est déjà restreinte à cause du changement climatique et de sécheresses qui épuisent leurs cours. Les nappes phréatiques et les cours d’eau fournissent de l’eau aux gens et à des espèces menacées comme le carex Navajo [plante, aussi appelée laîche] et les cyprinidés du Colorado.
Plus de 5000 personnes ont écrit à la PERC jusqu’à maintenant pour exiger le rejet des demandes de permis préliminaires.
Les spéculateurs sur l’énergie ont proposé plusieurs projets de pompes de stockage en Arizona, ces dernières années, entre autres trois projets le long du Petit Colorado près de sa confluence avec le Colorado, dans le Grand Canyon, et un projet sur la rivière San Francisco, près de la frontière entre l’Arizona et le Nouveau-Mexique. L’infaisabilité et l’opposition Tribale et publique ont fait que tous, sauf un, ont été annulés ou retirés.
Le Centre pour la Diversité Biologique est une organisation nationale pour la préservation, à but non-lucratif, comptant plus de 1,7 million de membres et des activistes en ligne qui se consacrent à la protection des espèces menacées et des lieux sauvages.
Devant la Cour Fédérale de Reno, en janvier 2023
« Nous nous attendions à cette décision depuis quelque temps, » dit Arlan Melendez, Président de la Colonie Indienne de Reno-Sparks. « Ça ne veut pas dire que la consultation n’a pas été faite correctement, et ça ne veut pas dire que ce combat est terminé. Nous continuerons à défendre ce site sacré. »
Par la Colonie Indienne de Reno-Sparks
Contacts : Bethany Sam, Will Falk, Max Wilbert
Publié par Censored News
le 8 février 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
RENO, Nevada – Lundi [6 février 2023], la Juge Miranda Du a prononcé sa décision dans les affaires concernant Thacker Pass, entre autres la poursuite en justice de la Colonie Indienne de Reno-Sparks et de la Tribu Paiute Burns contre le Bureau de Gestion du Territoire.
La Juge Du s’est prononcée contre la Colonie Indienne de Reno-Sparks et tous les autres plaignants, à part sur un argument limité. Elle a trouvé que le Bureau de Gestion du Territoire (BLM) n’avait pas vérifié si Lithium Nevada possédait des droits valides sur les minéraux pour 527 hectares sur les 7300 que la mine devrait couvrir. La Juge a autorisé les travaux pour le reste de la mine, tandis que le BLM vérifie si Lithium Nevada possède ces droits.
« Nous nous attendions à cette décision depuis quelque temps, » dit Arlan Melendez, Président de la Colonie Indienne de Reno-Sparks. « Ça ne veut pas dire que la consultation n’a pas été faite correctement, et ça ne veut pas dire que ce combat est terminé. Nous continuerons à défendre ce site sacré. »
L’avocat de la Colonie Indienne de Reno-Sparks, Will Falk, dit au cours d’une déclaration « La loi est une tactique limitée – spécialement dans les affaires de mines sur des terres publiques, où la loi présume que les entreprises minières ont un droit d’extraction. Si nous voulons vraiment protéger Thacker Pass, nous allons devoir faire plus que des poursuites en justice et plaider au tribunal. Nous ne pouvons pas compter sur le gouvernement ou un juge pour protéger Thacker Pass. Nous devrons le faire nous-mêmes. »
Will Falk est co-fondateur de Protéger Thacker Pass, qui a dirigé un camp de protestation sur le site pendant presque toute l’année 2021.
Thacker Pass, Peehee Mu’Huh en Paiute, est un site sacré pour les tribus de la région dont les ancêtres ont vécu là depuis des milliers d’années, et y ont été massacrés au XIXème siècle. C’est aussi un habitat vital pour la vie sauvage, entre autres des antilopes d’Amérique, des tétras des armoises [grouses], des aigles royaux, des cerfs mulets et une espèce menacée d’escargots d’eau appelée Pyrg de King’s River.
Lithium Nevada affirme que sa mine de lithium sera essentielle pour produire des batteries, afin de combattre le réchauffement climatique, et le gouvernement Biden avait déjà indiqué soutenir dans une certaine mesure le projet de Thacker Pass. Les opposants au projet appellent cela « Laver plus vert », soulignant que le projet endommagerait un habitat sauvage important et créerait une pollution significative. Ils disent que les véhicules électriques sont toujours nocifs pour la planète.



- Excavation d’un grand puits à ciel ouvert long d’environ 3,7 km et au plus large de 800 m.
- Extraction de 17, 2 millions de tonnes de roche et de minerai par an (phase 2)
- La perturbation directe de 2300 hectares de surface (le projet total serait de 7260 hectares)
- Une usine d’acide sulfurique sur place – 5800 tonnes d’acide par jour pendant la phase 2
- Pomperait jusqu’à 6,4 milliards de litres d’eau par an
- Durée estimée de 41 ans et 5 ans de réparation
Christine Prat, CSIA-Nitassinan
13 novembre 2022
Photos Max Wilbert
Les photos de la région de Thacker Pass sont de ©Max Wilbert et sont utilisées avec sa permission. Utilisation commerciale interdite, diffusion du message fortement encouragée.
Les médias publics français ne parlent que rarement des Autochtones d’Amérique du Nord, et toujours au passé : ils ont été exterminés, c’est triste mais on n’y peut rien. Lorsqu’ils doivent parler des plus de 1000 tests de bombes atomiques dans le Nevada, ils précisent que c’est dans un désert inhabité ! À seulement quelques dizaines de kilomètres de la région la plus peuplée du Nevada… Evidemment, ils ne parlent jamais du projet de site d’enfouissement profond de déchets hautement radioactifs, au même endroit, ça rappelle trop Bure. Même chose pour le projet de mine de lithium à Thacker Pass, dans le nord du Nevada, la France veut en creuser dans le Massif Central.
Hélas, j’ai remarqué que même les Français qui s’intéressent aux Autochtones d’Amérique du Nord, s’intéressaient beaucoup moins aux menaces de mines de lithium qu’aux autres problèmes. Croient-ils ce que dit France-Culture ? Ou comptent-ils déjà acquérir un véhicule électrique et préfèrent ne pas savoir que ça pollue autant que les voitures à essence ?
Les mines de lithium polluent et détruisent l’environnement. Le lithium est en soi toxique, et l’extraction de quelque minerai que ce soit se fait en utilisant des produits dangereux. L’extraction du lithium et le traitement du minerai exigent l’utilisation de milliards de litres d’eau – dont une partie reste polluée pour au moins 300 ans – et ça laissera un tas de déchets gigantesque, selon un article du New York Times de 2021. Le fonctionnement de la mine devrait brûler plus de 98000 litres de diesel par jour. Ça exige aussi la construction de routes pour le transport, l’utilisation de camions au diesel, etc. C’est autant de territoire détruit pour une faune et une flore rares et menacées. L’article du New York Times dit : « Les voitures électriques et l’énergie renouvelable pourraient ne pas être aussi vertes qu’elles paraissent. La production de matériaux comme le lithium, le cobalt et le nickel, qui sont essentiels pour ces technologies, est souvent désastreuse pour le sol, l’eau, la vie sauvage et les gens. »
Thacker Pass est un site sacré et historique pour les Paiutes de la région, en 1865 la Cavalerie y a commis un massacre. Les compagnies explorent la région depuis 2007 et maintenant, l’autorisation du projet est accélérée. Les habitants n’ont pas été consultés convenablement. Des Autochtones, des groupes écologistes et un rancher de la région sont allés en justice. Ils ont besoin de soutien. Faire connaître le problème au maximum est déjà un moyen de pression. Pour plus de détails sur Thacker Pass et les mines de lithium, voir l’article de Max Wilbert, écologiste, auteur et photographe, traduit en français sur ce site.
Par Indigenous Action Media
D’abord publié en avril 2021
Sur Instagram en avril 2022
Traduction Christine Prat
LA RITUALISATION D’UN JOUR DE LA TERRE MARCHAND, ET DE FAÇON SYSTÉMATIQUE, LES TENDANCES ACTUELLES DES ENTREPRISES CAPITALISTES DE LAVER PLUS VERT, ÉCHOUENT TOUTES À S’ATTAQUER DE MANIÈRE ADÉQUATE À LA DESTRUCTION DE L’ENVIRONNEMENT ET À LA CATASTROPHE CLIMATIQUE IMMINENTE AUXQUELLES NOUS SOMMES ACTUELLEMENT CONFRONTÉS.
LE JOUR DE LA TERRE MARCHAND EST DEVENU UN MOYEN DE NOUS APAISER ET DE DÉTOURNER NOTRE ATTENTION DES ACTES DE VIOLENCE PERPÉTRÉS CHAQUE JOUR CONTRE NOTRE MÈRE LA TERRE ET NOS COMMUNAUTÉS HUMAINES ET NON-HUMAINES.
LES MÊMES ENTREPRISES QUI RAVAGENT NOTRE MÈRE LA TERRE ET EXPLOITENT SES ENFANTS, TENTENT DE NOUS VENDRE UN CHOIX LAVÉ PLUS VERT DE SOLUTIONS « DURABLES » DANS NOTRE STYLE DE VIE PERSONNEL.
LES ENTREPRISES À-BUT-NON-LUCRATIF ET LES POLITICIENS NÉO-LIBÉRAUX PERPÉTUENT ET DÉFENDENT CE SYSTÈME CAPITALISTE DESTRUCTIF, DANS DES TENTATIVES DE CONSTRUIRE UNE ÉCONOMIE « VERTE » AVEC DE NOUVEAUX ARRANGEMENTS PLUS VERTS ET MÊME « ROUGES ».NOUS NE SOUHAITONS PAS QUE CET ÉTAT MARCHAND, RACISTE, HÉTÉRO-PATRIARCAL, COLONIAL ET POLICIER, SOIT « VERT », NOTRE INTENTION EST D’ABOLIR SON EXISTENCE MÊME.
NOS VIES DÉPENDENT DE LA SANTÉ ET DU BIEN-ÊTRE DE NOTRE MÈRE LA TERRE ET DE TOUS SES ENFANTS.
NOS TACTIQUES SERONT DE PLUS EN PLUS DÉSESPÉRÉES À MESURE QUE NOUS AURONS MOINS D’AIR PUR À RESPIRER, MOINS D’EAU POTABLE À BOIRE, MOINS DE TERRE SAINE POUR PLANTER.LA DÉFENSE DES SITES SACRÉS ET DES TERRES AUTOCHTONES CONSTITUE LES LIGNES DE FRONT DE NOS LUTTES POUR L’EXISTENCE. SI NOUS DÉSIRONS EXISTER, NOUS DEVONS CONTINUER À DÉFENDRE LE SACRÉ ET LIBÉRER NOTRE MÈRE LA TERRE. DÉFENDRE LE SACRÉ SIGNIFIE RIPOSTER POUR PROTÉGER NOTRE MÈRE LA TERRE, C’EST-À-DIRE L’EXISTENCE MÊME.
LE RÉCHAUFFEMENT GLOBAL EST UNE CONSÉQUENCE DE LA GUERRE DU COLONISATEUR CONTRE NOTRE MÈRE LA TERRE.
POUR EN FINIR AVEC CES MINES, CES CENTRALES ÉLECTRIQUES, CES BARRAGES ET CES OLÉODUCS, NOUS DEVONS AUSSI EN FINIR AVEC LA MACHINERIE POLITIQUE ET LES SYSTÈMES QUI LES ENGENDRENT.NOUS NE POUVONS PAS FAIRE DURER DES MODES DE VIES NON-VIABLES.
LE CAPITALISME EST L’ENNEMI DE NOTRE MÈRE LA TERRE.VOUS ÊTES LA PRIÈRE DE VOS ANCÊTRES POUR LA LIBÉRATION DE NOTRE MÈRE LA TERRE.