Dean Barlese qui a ouvert la conférence de presse par une prière
Par Brenda Norrell
Censored News
6 décembre 2023
Traduction Christine Prat
La lutte pour protéger Peehee Mu’huh, Thacker Pass, contre une mine de lithium, relie les luttes globales d’Indonésiens non contactés qui se battent contre l’extraction de nickel, les enfants esclaves des mines de cobalt du Congo, et les batailles contre l’extraction du lithium en Serbie et en Argentine. Ils se battent contre le greenwashing (‘laver plus vert’) de la fausse solution des véhicules électriques pour le changement climatique.
La profanation du site sacré d’un massacre de Paiutes par la firme canadienne Lithium Americas, continue parce que les lois fédérales ne protègent pas les sites de massacres. De plus, un camp masculin pour les mineurs de lithium menace les communautés rurales de la Nation Paiute Shoshone de Fort McDermitt, et la ville de Winnemucca, de crimes, particulièrement le trafic sexuel.
Au cours d’une conférence de presse, mardi 5 décembre, le Président de la Colonie Indienne de Reno-Sparks, Arlan Melendez, a appelé à une nouvelle mobilisation de manifestations pacifiques pour faire prendre conscience au public de la profanation en cours du site sacré et des dégâts à l’environnement. Il a demandé du soutien du Dakota du Sud et d’ailleurs, pour mettre cette profanation en évidence.
« Nous avons perdu en justice parce que les lois favorisent l’extractivisme, surtout dans cet état [le Nevada] » dit le Président Melendez.
« Sans eau, il n’y a pas de vie », dit Dean Barlese, Paiute de Pyramid Lake, qui a offert la prière traditionnelle d’ouverture, qui honore tous les êtres créés, toute la création sacrée. « Nous enseignons ces chants de prières à nos jeunes. »
« Nos chants sont toujours là sur la terre. »
Le Président Melendez dit qu’ils s’inquiétaient des crimes que la mine allait amener dans la région de Fort McDermitt, une zone rurale, surtout les camps masculins étant donné le problème des femmes assassinées ou disparues.
Le boom du lithium est comme la ruée vers l’or, tout l’état a des dépôts de lithium, et les 28 bandes et tribus du Nevada sont certaines d’en être affectées. Déjà, des sites sacrés sont profanés par l’extraction de lithium.
Le Président Melendez dit que leur stratégie était de mobiliser les tribus afin de se faire entendre plus fort, afin que les gens comprennent la dévastation en cours.
À propos de la non-participation des États-Unis à une consultation efficace, le Président Melendez a dit que la Secrétaire de l’Intérieur était invitée à rencontrer les tribus Indiennes du Nevada, mais n’était pas venue.
La consultation était la seule occasion d’influer sur la décision finale, mais le gouvernement des États-Unis n’était pas venu rencontrer les tribus, dit-il.
« Les Tribus n’ont jamais touché un centime de l’extraction minière » dit le Président Melendez, ajoutant que la loi sur les mines devait être changée.
Michon Eben, chef de la préservation historique tribale pour la Colonie Indienne de Reno-Sparks, expliqua la signification historique de sa terre natale, et comment les bandes étaient nommées d’après la nourriture qu’elles récoltaient et leurs traditions culturelles. Eben décrivit le Massacre de Paiutes ici, lisant des témoignages historiques, et comment les gens venaient toujours ici pour prier.
Les soldats fédéraux du 1er régiment de Cavalerie du Nevada ont commis le massacre le 12 septembre 1865, à Peehee Mu’huh.
Eben dit qu’il y avait eu trois survivants, et aujourd’hui, la mine de lithium est en construction sur un site funéraire non indiqué où les victimes sont restées.
« C’est où sont nos ancêtres » dit Eben.
Eben dit aussi que le camp masculin de Winnemucca pose de graves dangers, particulièrement de trafic sexuel, à un moment où des femmes Autochtones ont disparu ou ont été assassinées partout en pays Indien.
Will Falk, un des avocats de la Colonie Indienne de Reno-Sparks, dit que les lois fédérales ne protégeaient pas les sites de massacres de l’extractivisme et que la loi fédérale sur l’extraction minière de 1872 devait être changée par le Congrès pour protéger les sites sacrés. Falk dit aussi qu’il y a plus de 1000 sites sacrés ici, dans la zone de la mine de lithium à ciel ouvert.
Selon Falk, la seule façon dont les tribus étaient autorisées à s’adresser à une cour fédérale, selon la loi, était de demander une consultation concernant les projets susceptibles de détruire des terres ancestrales. Les tribus ne peuvent pas dire au gouvernement fédéral : Non, vous ne faites pas ça ici.
Quand l’extraction a lieu sur des terres publiques, il est interdit aux Autochtones d’y aller prier pour leurs ancêtres massacrés, dit Falk.
« C’est une violation des droits humains » dit Falk, soulignant que ça s’inscrit dans le système de purification ethnique du gouvernement des États-Unis.
Falk dit que les corporations riches étaient prêtes à combattre tout changement de la loi fédérale minière de 1872, et ce changement exigera une désobéissance civile de masse.
La méthode d’extraction du lithium dépend de l’industrie des carburants fossiles et elle ne va pas sauver la planète, dit-il.
« Je ne vois pas ce qu’il y a de ‘vert’ dans le fait de faire sauter une montagne. »
Max Wilbert, qui a passé des mois sur le site, explique comment la lutte ici relie les gens avec les luttes globales contre le ‘laver plus vert’ des batteries pour véhicules électriques.
Wilbert dit que ce qui arrive à Thacker Pass, n’est pas juste une petite dispute dans un coin éloigné du monde, mais c’est une « nouvelle frontière de l’économie d’extractivisme. »
C’est le canari dans la mine de charbon.
Les Hongana Manyawa – ‘Les Gens de la Forêt’, dans leur langue – sont une des dernières tribus nomades de chasseurs-cueilleurs d’Indonésie. Ils luttent maintenant contre les dévastations causées à leur jungle par l’extraction de nickel pour les batteries de voitures électriques.
Dans la République Démocratique du Congo, des enfants dès l’âge de 4 ans sont forcés de travailler 12 heures par jour dans les « mines de l’horreur » du Congo, pour extraire du cobalt pour fabriquer des téléphones portables. Et pour cela, ils ne reçoivent que 10 centimes par jour et sont constamment menacés de violence.
En Serbie, il y a des manifestations de masse pour s’opposer au projet de Rio Tinto d’une énorme mine de lithium. En Argentine, les gens dénoncent et s’opposent à l’extraction de lithium.
Wilbert, cofondateur de Protect Thacker Pass, dit qu’il y a actuellement plus de 21000 demandes de permis pour du lithium dans le Nevada. M. Wilbert dit que les émissions des véhicules électriques polluent aussi, et que les véhicules électriques sont une distraction, pas une solution pour le changement climatique.
Thacker Pass, « Peehee Mu’huh » dans la langue Paiute, héberge des sites sacrés, des lieux de récoltes et de chasse, des sites de cérémonies, et le lieu de deux massacres d’enfants, de femmes et d’hommes Paiutes.
Le 9 novembre, la Juge Principale du District Nord du Nevada, Miranda Du, a rejeté une deuxième plainte déposée en février de cette année par la Colonie Indienne de Reno-Sparks contre le Bureau d’Aménagement du Territoire (BLM) pour avoir autorisé la mine de lithium à Thacker Pass à détruire des sites sacrés sans avoir mené jusqu’au bout une consultation avec la tribu. La Colonie Indienne de Reno-Sparks a été rejointe dans sa plainte par la Tribu Paiute de Summit Lake et la Tribu Paiute de Burns.
Le Président Melendez dit mardi qu’il n’y aurait pas d’appel de la Colonie Indienne de Reno-Sparks pour le moment, parce que ce serait inutile face aux lois actuelles, à la position de la cour fédérale et au fait que les sites sacrés seraient détruits pendant les longs délais de l’action en justice.
©Censored News
Lithium Americas Corporation essaie de se distancer des violations des droits humains de son Projet « Cauchari Oloroz »
Par Max Wilbert
12 août 2023
Photos Susi Maresca
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Je m’appelle Max Wilbert, co-auteur de Bright Green Lies, fondateur de Protect Thacker Pass, et organisateur d’une communauté bio-centrée avec Deep Green Resistance. Cette lettre d’information se concentre sur la durabilité, le dépassement écologique et le ‘laver plus vert’. Si vous voulez me suivre, vous pouvez vous inscrire. Presque tout est gratuit, et les inscriptions payantes soutiennent mon travail.
Cet article a été publié dans The Nevada Independent aujourd’hui. Les photos ont été prises par Susi Maresca.
La récente couverture médiatique de la mine de lithium de Thacker Pass dans la presse du Nevada, néglige la controverse autour de ce projet.
Lithium Americas Corporation (LAC) fait face à quatre poursuites en justice, trois camps de protestation, des barrages non-violents et des critiques dans la presse, à propos des impacts sur des sites culturels sacrés, comme le site du massacre de Thacker Pass en 1865, la destruction de l’habitat de la vie sauvage et l’utilisation de 19 millions de litres d’eau par jour. Le Nevada n’a pas connu de telle controverse à propos d’une mine depuis le Mont Tenabo et les sœurs Dann.
[Les lecteurs de notre site savent déjà que moi-même, quatre protecteurs de l’eau Autochtones et deux alliés, ainsi que l’organisation que j’ai aidé à créer – Protect Thacker Pass – sont poursuivis par Lithium Americas Corporation.]
Mais ce que la plupart des lecteurs ne savent pas, c’est que l’opposition à laquelle Lithium Americas est confronté, n’existe pas seulement dans le Nevada. Son projet de lithium en Argentine (en copropriété avec la compagnie chinoise d’Etat Ganfeng Lithium) se heurte aussi à une opposition déterminée.
Depuis plus d’un mois, des protestations conduites par des femmes autochtones ont eu lieu près de la mine de Lithium Americas de Cauchari-Olaroz. Des autochtones Kolla et Guarani disent qu’un nouveau changement de la constitution « donne le pouvoir aux propriétaires privés de les chasser… dans un contexte de conflits qui augmentent à propos des droits sur le sol en ce qui concerne l’extraction de lithium par des multinationales. »
video en Espagnol
Amnesty International et une douzaine d’organisations des droits humains ont demandé la suspension de ces nouvelles lois, notant que la police avait attaqué les manifestants avec « un usage excessif de la force, utilisant indifféremment des balles en caoutchouc, du gaz lacrymogène et de la violence physique. » Malgré la violence, les communautés ont continué à s’organiser ; la semaine dernière, une caravane de protestation de milliers de gens est arrivée à Buenos Aires.
Dans un article récent de Mark Robinson dans le Reno Gazette-Journal, un représentant de la LAC, Tim Crowley, déclare qu’ « il ignore si la compagnie a eu des problèmes de manifestations dans d’autres pays. » Je suppose que c’est un mensonge – parmi beaucoup d’autres que Crowley et Lithium Americas répètent depuis des années. Minera Exar, la compagnie écran de Lithium Americas en Argentine, a été citée dans un rapport du Centre de Ressources pour les Affaires et les Droits Humains [Business and Human Rights Resource Center] sur les compagnies minières commettant des violations des droits humains.
Extrêmement soucieux de se distancer des problèmes gênants de droits humains, de protestations, de décès de travailleurs [2 à Jujuy – NdT] et de connexion avec la Chine, qui pourraient empêcher l’accès aux fonds gouvernementaux, Lithium Americas a décidé de se diviser en deux compagnies – l’une centrée sur l’Argentine, l’autre en Amérique du Nord. C’est le script des grandes compagnies : limiter la responsabilité et protéger les profits à tout prix.
Un chercheur Argentin a dit au Washington Post « C’est comme une plaisanterie… [les compagnies minières] pensent vraiment que les autochtones sont comme des pierres sur la route. S’il y a un problème, elles doivent le dégager d’un coup de pied. » L’article du Washington Post fait observer qu’un slogan peint à la main en Argentine dit « Nous ne mangeons pas de batteries. Elles prennent l’eau, et la vie disparait. »
Les gens d’ici devraient faire attention. Le Nevada est l’état le plus sec du pays et, selon la Division des Minéraux du Nevada, on estime qu’il y a 20127 demandes de permis miniers dans l’état au 30 avril de cette année.
Pendant ce temps, un article récent du magazine Time dit : « Il y a de bonnes raisons pour les communautés des Etats-Unis d’être sceptiques à propos de projets de mines … Il y a plus de 50 000 mines abandonnées rien que dans l’ouest des Etats-Unis, dont 80% doivent encore être assainies. »
Thacker Pass implique les mêmes risques. Pendant la conférence annuelle du Réseau d’Action Minière de l’Ouest, à Reno, l’an dernier, le Professeur H. Emmerman, un hydrologue indépendant, a appelé le plan de stockage des déchets toxiques de Lithium Americas « une créativité irresponsable » non basée sur la science, et il croit qu’il y a une possibilité importante soit d’une défaillance catastrophique (comme la catastrophe du Mont Polley, en Colombie Britannique) soit d’une fuite graduelle de polluants dans la nappe phréatique pour des milliers d’années.
Et qu’en est-il du changement climatique ? Alors que Lithium Americas prétend que le lithium est nécessaire pour remédier au changement climatique, sa mine va y contribuer directement avec des milliers de tonnes d’émissions de carbone et de polluants par an, dans une atmosphère déjà surchargée. Sans compter ce qui est déjà relâché maintenant, du fait que la compagnie déchire des buissons d’armoise anciens et la délicate terre de surface.
Les véhicules électriques sont peut-être moins destructifs pour le climat que les moteurs à combustion interne, mais ils ne sont certainement pas bons pour la planète. À mesure que les véhicules électriques sont plus gros, l’économie de carbone devient moindre. Une étude a trouvé que la prolifération de SUV ne « contribuerait probablement pas à réduire les émissions des véhicules » si le lithium et d’autres matériaux essentiels sont limités (ils le sont). Entretemps, Lithium Americas a signé un accord avec General Motors, qui produit le véhicule électrique Hummer, le plus grand de tous les véhicules électriques.
Toute réduction d’émission de gaz à effet de serre par les véhicules électriques ne sera qu’une petite goutte dans un seau. L’accroissement de la taille des véhicules et de tout le secteur automobile, signifie que les émissions de gaz carbonique par les transports vont probablement continuer à augmenter.
Un vol de territoire au niveau mondial est en train de se produire. L’extractivisme commence ou s’étend au Portugal, au Royaume-Uni, en Bolivie, au Chili, en Argentine, en Australie, au Tibet et en Chine. Tous ces projets causent des dégâts et les communautés se défendent. En Serbie, par exemple, une opposition massive a empêché Rio Tinto d’extraire du lithium dans l’une des vallées agricoles les plus productives du pays.
Ce n’est pas « vert » de détruire le territoire, que ce soit pour du charbon ou du lithium. Si on veut arrêter le réchauffement climatique, changer ce qu’il y a sous le capot de nos voitures n’est pas suffisant. Réduire les émissions et sauver notre planète implique de remettre en cause notre culture de consommation et de croissance.
C’est la nouvelle vérité inconfortable.
Attaqués et terrorisés par la police, leurs Plumes d’Aigle saisies, maintenant, la Secrétaire d’Etat [Ministre] à l’Intérieur, Deb Haaland, leur a brisé le cœur et mis en danger les générations futures. Le Camp Ox Sam sur le site du Massacre de Paiutes.
Par Brenda Norrell
Censored News
21 juin 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
La Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland soutient le forage dans les lieux de sépultures de Paiutes massacrés pour du lithium – et elle dit qu’elle fait le bon choix.
Selon Associated Press, Haaland, dont le service contrôle Thacker Pass, dit que, si elle soutient le droit de manifester pacifiquement, son service est pour la mine parce que « le besoin de faire avancer notre économie d’énergie verte est sans aucun doute important ».
Haaland dit à l’Associated Press que quand son service hérite d’un projet d’un gouvernement précédent, « C’est notre travail de nous assurer que nous faisons les choses selon la science et la loi. »
Cependant, l’Intérieur et un juge fédéral violent des lois fédérales qui protègent les sites religieux et les sépultures des Autochtones, les espèces menacées et leur habitat ; et l’eau souterraine.
Biden, l’Intérieur et le Bureau de Gestion du Territoire (BLM) sont responsables de la profanation et de la destruction, et de l’attaque de la police, qui ont terrorisé les Anciens et les jeunes Autochtones qui protégeaient le site funéraire où des Paiutes avaient été massacrés en 1865.
Le Service du Sheriff de Humboldt et la sécurité privée de Lithium Americas, Allied Universal, ont attaqué le Camp Ox Sam et illégalement confisqué et endommagé des Plumes d’Aigle. Ils ont terrorisé une jeune Diné (Navajo) après l’avoir arrêtée.
Maintenant, la compagnie étrangère, Lithium Americas du Canada, a déposé une plainte contre les Anciens Paiutes et Shoshones et des soutiens, pour avoir prié là-bas et protégé les sites funéraires.
Ils sont le Peuple des Danseurs Fantômes.
Le Faux Tournant Vert
Biden et la Secrétaire à l’Intérieur Haaland soutiennent Lithium Americas qui creuse dans les sites funéraires de Paiutes massacrés – bien que la compagnie étrangère soit actuellement non profitable et perde de l’argent.
Ils violent les lois qui protègent les sites funéraires Autochtones, les espèces menacées et l’eau souterraine de Thacker Pass. La compagnie canadienne utilisera-t-elle sa fortune à venir pour réparer la terre, ramener les plantes et les animaux morts et remplir la nappe phréatique ? Impossible.
La Transition Verte dans la Région de Four Corners sera conduite par l’Industrie de la Bombe Atomique
La région de Four Corners est déjà ravagée par des mines et des centrales au charbon, actuellement fermées, qui ont gravement endommagé la santé des habitants. Et il y a toujours des mines d’uranium abandonnées, mais pas toutes décontaminées. L’usine de traitement de l’uranium de White Mesa fonctionne toujours. Mettre le nucléaire dans la région, où il y a trop peu d’eau pour refroidir des réacteurs, et qui impliquerait l’ouverture de nouvelles mines d’uranium est une « solution » catastrophique. Ch. P.
Deb Haaland avait dit que le Laboratoire National de Los Alamos, Nouveau-Mexique [où furent conçues les bombes d’Hiroshima et Nagasaki] conduirait la « transition verte ». Le laboratoire entretient les armes nucléaires qui y sont entassées.
Voir l’article de Censored News du 30 août 2022.
Ox Sam Camp
Publié par Indigenous Action Media
Le 8 juin 2023
Voir aussi article de Censored News
Traduction Christine Prat
THACKER PASS, Nevada – Mercredi matin, le service du Sheriff du Comté de Humboldt, pour le compte de Lithium Nevada Corporation, a attaqué le Ox Sam Newe Momokonee Nokutun (Camp Ox Sam des Femmes Autochtones), détruisant les deux tipis de cérémonie, malmenant et confisquant des instruments et des objets, et éteignant le feu sacré allumé depuis le 11 mai, jour où l’action de prière conduite par des Grands-mères Paiutes et Shoshones a commencé.
Mercredi, une arrestation a eu lieu, sous la direction de la sécurité de Lithium Nevada. Une jeune protectrice de l’eau Diné [Navajo] a été menottée sans avertissement et chargée dans une boite noire, sans fenêtre, à l’arrière d’un pickup. « J’ai vraiment eu peur pour ma vie » dit la jeune femme. « Je ne savais pas où j’étais ni où j’allais, et je sais que MMIW [Femmes Autochtones Assassinées ou Disparues] est une réalité et je ne voulais pas être la prochaine. » Elle a été transportée à la Prison du Comté de Humboldt, où elle a été mise en accusation d’effraction criminelle et de résistance à l’arrestation, puis libérée sous caution.
Seulement quelques heures avant l’attaque, on pouvait voir les protecteurs de l’eau de Ox Sam résistant courageusement pour la deuxième fois, barrant la route à une lourde excavatrice et fermant la construction au pied du Rocher Sentinel.
Pour beaucoup de Paiutes et de Shoshones, le Rocher Sentinel est un « centre de l’univers », qui fait partie intégralement du mode de vie et des cérémonies de nombreuses Tribus du Nevada, et est aussi un site de plantes médicinales traditionnelles, d’outils et de nourriture depuis des milliers d’années. Thacker Pass est aussi le site de deux massacres de Paiutes et de Shoshones. Les dépouilles des ancêtres massacrés sont restées non-identifiées et non-enterrées depuis 1865, et sont maintenant écrasées par les bulldozers de Lithium Nevada pour un minéral connu comme « le nouvel or blanc. »
Depuis le 11 mai, malgré les nombreuses demandes des ouvriers de Lithium Nevada, le Service du Sheriff du Comté de Humboldt avait été réticent et même peu disposé à arrêter des membres du camp de prière, même après leur avoir envoyé trois avertissements pour bloquer l’accès de la Route de Pole Creek aux ouvriers de Lithium Nevada et contractants, tout en laissant passer le public.
« Nous respectons absolument votre droit de protester pacifiquement, » expliquait le Sheriff du Comté de Humboldt Sean Wilkin le 12 mai. « Nous n’avons aucun problème avec [le tipi] … Nous respectons votre droit d’être ici. »
Le 19 mai, le Sheriff est venu une seconde fois, délivrant des Ordres de Protection Temporaire de 14 jours contre plusieurs individus du camp. Les ordres avaient été accordés par le Tribunal du Comté de Humboldt pour le compte de Lithium Nevada, sur la base de déclarations sous serment pleines de déformations, d’affirmations fausses, et, selon ceux qui étaient visés, d’accusations franchement fausses des employés. Pourtant, Ox Sam Camp a continué pendant une semaine. Les tipis, le feu sacré et les prières sont restés en tout pendant vingt-sept jours de cérémonie et de résistance.
Ce qui se passait à Thacker Pass cette semaine ressemblait à Standing Rock, la Ligne 3 ou Oak Flat, comme les ouvriers de Lithium Nevada et leur équipement lourd essayaient de passer au bulldozer et de creuser leur route à travers les terres cérémonielles autour du tipi au Rocher Sentinel, et que les protecteurs de l’eau mettaient leurs corps en travers du trajet de destruction, forçant le travail à cesser en deux occasions.
Des observateurs ont déclaré que le chef de la sécurité de Lithium Nevada dirigeait les adjoints du Sheriff, indiquant où aller et quoi faire pendant l’attaque.
La propriété et le contrôle de Thacker Pass de Lithium Nevada n’existent qu`à cause d’un permis irrégulier et des approbations administratives contestables délivrés par le Bureau de Gestion du Territoire (BLM). Les officiels du BLM ont refusé de reconnaitre que Peehee Mu’huh est un site sacré pour les Nations Tribales de la région, et ont continué à minimiser et mettre en doute l’importance du double massacre en deux ans de batailles en justice.
Trois Tribus – la Colonie Indienne de Reno-Sparks, la Tribu Paiute de Summit Lake et la Tribu Paiute de Burns – sont toujours en litige en justice avec le Gouvernement Fédéral pour avoir permis la mine. Les tribus ont déposé leur réaction la plus récente à la Motion de Rejet du BLM lundi. Le BLM relève de l’Intérieur, qui est dirigé par Deb Haaland (Pueblo Laguna).
Mercredi, au moins cinq véhicules du bureau du Sheriff, plusieurs véhicules d’ouvriers de Lithium Nevada et deux camions de la sécurité sont arrivés sur le site du premier tipi, où se trouvait le feu cérémoniel, juste à côté de la Route de Pole Creek. Un campeur a été arrêté sans avertissement, et d’autres ont reçu des avertissements pour effraction et ont été autorisés à quitter la zone.
Il y a une façon correcte de démonter un tipi et un camp cérémoniel, et puis il y a la façon dont ont procédé les Sheriffs du Comté de Humboldt, pour le compte de Lithium Nevada. Les tipis ont été abattus, les mâts ont été cassés et ils ont farfouillé dans des objets et instruments cérémoniels, les ont abimés et confisqués. Des tentes vides ont été saisies dans le style d’un raid classique du SWAT [Special Weapons and Tactics, police militarisée]. Une voiture a été embarquée.
Comme ça arrive souvent quand des profits perdus conduisent à des assauts du gouvernement contre des protecteurs de l’eau pacifiques, Lithium Nevada Corporation et les Sheriffs du Comté de Humboldt ont commencé par prétendre que l’attaque avait été faite pour la sécurité des membres du camp et la santé publique.
Josephine Dick (Paiute-Shoshone de Fort McDermitt, à gauche sur la photo), une descendante de Ox Sam et une des matriarches de Ox Sam Newe Momokonee Nokutun, a fait la déclaration suivante en réaction à l’attaque :
« En tant que Vice-Présidente de l’Eglise Indienne Autochtone [Native American Indian Church – non-chrétienne] de l’Etat du Nevada, et Ancienne et membre de la Nation Tribale Paiute-Shoshone, je demande l’accès immédiat à – et la restitution de mes objets cérémoniels, entre autres mes Plumes d’Aigle et le bâton qui ont servi aux prières de mes ancêtres et au camp Ox Sam depuis le début. Il y avait aussi un tambourin cérémoniel et des herbes médicinales, comme du cèdre et du tabac, qui sont protégés par la Loi sur la Liberté Religieuse des Indiens Américains.
« De plus, je crois comprendre que les Sheriffs du Comté de Humboldt et la sécurité de Lithium Nevada ont profané deux tipis cérémoniels, toile, mâts et cordes. Le Ox Sam Newe Momokonee Nokutun a dirigé des prières et la cérémonie dans ces tipis, qui sont aussi protégés par la Loi sur la Liberté Religieuse des Indiens Américains. Quand nos propriétés cérémonielles sont rassemblées autour du feu sacré, c’est notre église. Notre église Autochtone est une cérémonie sacrée. J’exige l’accès immédiat à notre site de prière à Peehee Mu’huh et la restitution de nos objets cérémoniels confisqués.
« La profanation que les Sheriffs du Comté de Humboldt et Lithium Nevada ont dirigé en détruisant les tipis et en fourrageant dans nos objets sacrés, équivaut à saisir une bible, casser La Croix, démolir une cathédrale, manquer de respect au sacrement et refuser aux diacres et aux pasteurs l’accès à leurs lieux de culte, en violation directe de la Loi sur mes droits à la Liberté Religieuse des Indiens Américains. Cette violation de l’accès à notre église et au sol sur lequel elle se trouve est une violation de l’Ordre Exécutif 13007.
« Le lieu où le tipi a été retourné et détruit est au pied du Rocher Sentinel, un endroit où nos Paiutes-Shoshones prient depuis des temps immémoriaux. Après que nous ayons expliqué pendant deux ans que Peehee Mu’huh est sacré, le BLM de Winnemucca a finalement reconnu que Thacker Pass est un District Culturel Traditionnel, mais ils autorisent toujours sa destruction. »
Josephine et d’autres avaient l’intention de faire une déclaration en direct, devant le Bureau du Sheriff du Comté de Humboldt à Winnemucca, vendredi 9 juin après-midi, vers 13h.
Un autre guide spirituel sur les lignes de front, est Dean Barlese, de la Tribu Paiute de Pyramid Lake. Bien qu’il soit dans un fauteuil roulant, Barlese a conduit les prières sur le site le 25 avril, ce qui a conduit Lithium Nevada à arrêter la construction pendant une journée, et est revenu le 11 mai.
« Ceci n’est pas une manifestation, c’est une prière » dit Barlese. « Mais ils ont toujours peur de moi. Ils ont peur de nous, les Anciens, parce qu’ils savent que nous avons raison et qu’ils ont tort. »
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Contexte
Thacker Pass se trouve dans le Nord du Nevada, près de la frontière de l’Oregon, où Lithium Nevada Corporation est dans la première phase de construction d’une mine de lithium à ciel ouvert de 2 milliards de dollars, qui devrait être la plus grande d’Amérique du Nord.
Le lithium est essentiellement destiné à la Corporation General Motors, pour ses batteries de véhicules électriques, que la corporation a le ridicule de prétendre « verts ». Les opposants appellent cela laver plus vert et ont déclaré que « ce n’est pas vert de faire sauter une montagne. »
La Cour Suprême des Etats-Unis a donné à Lithium Nevada et toutes les autres grandes corporations privées, toute une variété de « droits » constitutionnels qui n’avaient jamais été prévus pour du business. Sans ces prétendus « droits » des entreprises, les propriétaires de la mine n’auraient jamais été autorisés à la construire.
Trois tribus Autochtones ont déposé une nouvelle plainte contre le Gouvernement Fédéral, au sujet du projet de mine de lithium à Thacker Pass de Lithium Nevada Corporation, le 16 février 2023. C’est la dernière tentative en justice des deux ans et demi de lutte contre l’extraction, le laver plus vert et les terres sacrées dans le Nord du Nevada.
Les Tribus ont notifié à la Cour d’Appel du 9ème Circuit le 19 mai, qu’ils comptaient faire appel pour leur Motion demandant une Injonction Préliminaire qui avait été rejetée par une Cour plus basse début mars. Quatre groupes écologistes qui ont perdu en justice en janvier, ont également fait appel devant la Cour d’Appel du 9ème Circuit et pensent être entendus en juin.
Ox Sam Camp
Publié par Censored News
Et Indigenous Action Media
7 juin 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
DERNIÈRES NOUVELLES : LES DEUX CAMPS ONT ÉTÉ PRIS PAS LES FLICS ET LE TIPI A ÉTÉ DÉMONTÉ PAR LE BUREAU DE GESTION DU TERRITOIRE
OROVADA, Nevada – Le 7 juin au matin, un groupe de défenseurs du territoire, Autochtones et alliés, ont bloqué de façon non-violente la construction controversée de la mine de Thacker Pass et ont fait faire demi-tour aux bulldozers.
Ça a tourné au drame quand des ouvriers ont essayé de creuser des tranchées près du Rocher Sentinel et ont été refoulés par des défenseurs du territoire qui se sont jetés entre les machines et le site.
Maintenant, ils sont arrêtés et le camp est attaqué.
Les Paiutes du Nord et les Shoshones de l’Ouest considèrent Thacker Pass comme sacré. Alors, quand ils ont appris que la zone devait devenir la plus grande mine de lithium à ciel ouvert d’Amérique du Nord, ils ont déposé des plaintes en justice, organisé des rassemblements, se sont exprimés au cours d’audiences publiques et ont organisé la communauté. Mais malgré tous leurs efforts des trois dernières années, la construction de la mine a commencé en mars.
C’est ce qui a conduit des Anciens Autochtones, leurs amis et leurs familles, des protecteurs de l’eau et leurs soutiens, à établir ce qu’ils appellent un « camp de prière et de feu cérémoniel » à Thacker Pass, le 11 mai 2023, lorsqu’ils ont monté un tipi à l’aube pour bloquer la construction d’un tuyau d’eau pour la mine. Un deuxième tipi a été érigé quelques jours plus tard, à 3,2 km à l’est, où la construction par Lithium Nevada défigure le Rocher Sentinel, un de leurs sites sacrés les plus importants.
Le Rocher Sentinel fait partie intégrale de la vision du monde et des cérémonies de nombreuses Tribus du Nevada. La zone a été le site de deux massacres de Paiutes et de Shoshones. Le premier a eu lieu au cours d’un conflit intertribal qui a donné au site son nom Paiute : Peehee Mu’huh, ou Lune Pourrie.
Le second massacre a été une attaque surprise de la Cavalerie des Etats-Unis, le 12 septembre 1865, au cours de laquelle l’Armée U.S. a tué des dizaines de personnes. L’un des rares survivants de l’attaque était un homme appelé Ox Sam.
Ce sont des descendantes de Ox Sam, des Grands-mères, qui ont formé le Ox Sam Newe Momokonee Nokotun (Camp des Femmes Autochtones), pour protéger cette terre sacrée, pour ceux qui ne sont pas encore nés, pour honorer et protéger les restes de leurs ancêtres, et conduire des cérémonies. Des protecteurs de l’eau ont été en prière sur le site pendant près d’un mois.
Le lundi, Lithium Nevada Corporation avait aussi essayé de faire une brèche dans l’espace occupé par les protecteurs de l’eau. Comme des ouvriers manœuvraient de l’équipement pour creuser des tranchées dans une vallée entre les deux tipis, des protecteurs de l’eau s’approchèrent et forcèrent pacifiquement les ouvriers et leurs excavatrices à quitter la zone.
Selon un défenseur anonyme, l’action de Lithium Nevada était « une tentative de démonstration de force, pour en finir avec notre tipi et notre camp de prière près du Rocher Sentinel. »
Des fermiers, des amateurs d’excursions et des membres du public ont été autorisés à passer sans incidents et les protecteurs de l’eau ont toujours des relations amicales avec les résidents locaux. L’opposition à la mine est très étendue dans la région, et malgré des avertissements du sheriff, il n’y avait pas eu d’arrestations.
Quatre personnes, parmi lesquelles il y avait Doreece Sam Antonio, de la réserve Paiute-Shoshone de Fort McDermitt (une descendante de Ox Sam) et Max Wilbert de Protect Thacker Pass, avaient reçu des ordres du tribunal leur interdisant les lieux. Ils attendent une convocation de la Cour de Justice du Comté de Humboldt.
« Lithium Nevada barricade les alentours du site sacré du Rocher Sentinel, pour perturber notre accès, et hier il y a eu une escalade pour justifier l’évacuation de nos camps de prière pacifiques, » dit un protecteur de l’eau anonyme du Camp Ox Sam.
« Lithium Nevada a l’intention de profaner et de passer au bulldozer les restes de nos ancêtres. Nous appelons tous les protecteurs de l’eau, tous les défenseurs du territoire, des avocats, des experts en droits humains et des représentants de Nations Tribales à venir nous soutenir. »
« Je suis menacée d’arrestation pour avoir protégé les tombes de mes ancêtres », dit Doreece Sam Antonio.
« Mon arrière-arrière-grand-père Ox Sam était l’un des survivants du massacre de Thacker Pass de 1865, qui a eu lieu ici. Les membres de sa famille ont été tués ici même, alors qu’ils s’enfuyaient devant l’Armée U.S. Ils n’ont jamais été enterrés. Ils sont toujours ici. Et maintenant ces bulldozers défoncent cet endroit. »
Un autre guide spirituel sur les lignes de front, est Dean Barlese, un dirigeant spirituel de la Tribu Paiute de Pyramid Lake. Bien qu’il soit dans un fauteuil roulant, Barlese a conduit les prières sur le site le 25 avril (ce qui a conduit Lithium Nevada à arrêter la construction pendant une journée) et est revenu le 11 mai.
« Je demande aux gens de venir à Peehee Mu’huh » dit Barlese. « Nous avons besoin de plus de gens qui prient. Je suis ici parce que j’ai des connexions avec ces lieux. Mes arrière-arrière-grands-pères se sont battus et ont versé leur sang pour ces terres. Nous défendons le sacré. L’eau est sacrée. Sans eau, il n’y a pas de vie. Et un jour, vous vous apercevrez que vous ne pouvez pas manger de l’argent. »
Le massacre de Thacker Pass de 1865 est bien connu, il y a beaucoup de sources historiques, de livres, de journaux et des histoires orales. Malgré l’évidence, mais pas surprenant, le Gouvernement Fédéral n’a pas protégé Thacker Pass, ni même ralenti la construction de la mine pour permettre de consulter les Tribus. Fin février, le Gouvernement Fédéral a reconnu les arguments selon lesquels Thacker Pass est un « District Culturel Traditionnel », éligible pour figurer dans le Registre National de Sites Historiques. Mais ça n’a pas empêché la construction de commencer.
« Ceci n’est pas une manifestation, c’est une prière » dit Barlese. « Mais ils ont toujours peur de moi. Ils ont peur de nous, les Anciens, parce qu’ils savent que nous avons raison et qu’ils ont tort. »
Ox Sam Camp – oxsamcamp sur Instagram :
Le 7 juin 2023, l’opérateur de l’équipement lourd de Lithium America nous a vus approcher, a accéléré et balancé le bras de l’excavatrice en direction des Protecteurs Autochtones qui défendaient le site sacré Paiute Shoshone connu comme le Rocher Sentinel, à Pee’hee Mu’huh (Lune Pourrie), Thacker Pass.
[…]
Cette seconde tentative de la Corporation de sauter plusieurs kilomètres pour accélérer la construction sert à justifier la suppression des camps de prière, en détruisant de grands volumes de propriétés culturelles et historiques, à la base du site sacré.
Le Camp Ox Sam représente notre droit, selon nos droits du 1er amendement, de nous rassembler sur la ligne d’approvisionnement en eau, pour empêcher que 6,5 milliards de litres d’eau ne soient volés aux tribus, aux animaux et aux fermiers locaux au cours des 40 années à venir.
Les membres de la Nation Tribale Paiute Shoshone et tous les autres protecteurs Amérindiens, ont le droit inaliénable, selon la Loi et l’Ordre Exécutif 13007 sur la Liberté de Religion des Amérindiens, de maintenir l’accès et de déterminer par nos droits d’assemblée, la prévention de toute profanation qui détruirait irrémédiablement nos sites sacrés de prière et de pratique religieuse, et d’y maintenir notre accès en empêchant sa destruction.
De plus, à part les droits humains du peuple Paiute Shoshone de déterminer ce qui doit et ne doit pas arriver sur leur territoire, le droit inaliénable de procéder à une cérémonie au pied du site sacré et dans tout Pee’hee Mu’huh, arrive à un moment où les esprits de ceux qui sont tombés au cours du massacre, et les esprits des animaux et des pouvoirs de la terre doivent être reconnus et soutenus par la prière.
Si ces droits des Autochtones d’Amérique sont violés ici, ils le sont partout ailleurs. Si ce site sacré tombe, victime d’un puits de mine à ciel ouvert, tous nos sites sacrés sont vulnérables. Si les ossements de Paiutes Shoshones sont profanés, tous les ancêtres d’Autochtones pourraient l’être.
Venez au Camp ! Amenez Deb Haaland ! Soutenez Ox Sam !
Le 11 mai, des Autochtones et des soutiens ont bloqué le chantier de la mine de lithium controversée pour la deuxième fois. Aux dernières nouvelles, ils tenaient toujours. Mais la lutte n’est pas finie : Lithium Americas attaque deux non-Indiens, afin de détourner l’attention du fait que la mine doit détruire le site d’un massacre de Paiutes.
Article écrit par Paul Cienfuegos, Directeur de Community Rights US.
Vous trouverez ci-dessous deux introductions, celle de Censored News, et celle de Max Wilbert, de Protect Thacker Pass.
N’allez pas penser que ça ne vous concerne pas parce que ça se passe loin, dans un coin perdu du Nevada. Il y a des projets de mines de ce genre partout. Paul Cienfuegos écrit qu’il y a des projets dans toutes les Amériques. Mais il y en a aussi en France : dans l’Allier – avec usine d’acide sulfurique à Montluçon, et en Alsace, sous la plus grande nappe phréatique d’Europe.
Christine Prat
Par Paul Cienfuegos, Protect Thacker Pass
Publié également par Censored News
Et Max Wilbert, de Protect Thacker Pass
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
NOUVEAU CAMP À THACKER PASS : OX SAM CAMP AT PEEHEE MU’HUH
Censored News
15 mai 2023
Les défenseurs du Site d’un Massacre de Paiutes se préparent à recevoir une injonction restrictive. Lithium Americas, du Canada, vise deux non-Indiens, afin de détourner l’attention du fait que des descendants Paiutes d’un survivant du massacre y conduisent une cérémonie et le blocage de la route.
Ox Sam Camp a fait savoir ce lundi en fin de journée, que Lithium Nevada est en train de déposer une requête pour un ordre temporaire de protection contre le harcèlement sur le chantier, contre Max Wilbert et Paul Cienfuegos, auprès de la Cour de Justice du Comté de Humboldt, Nevada.
« Le bureau du sheriff a été en communication constante avec les dirigeants de Lithium Nevada Corporation (en coulisses), tandis qu’ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour ne pas nous arrêter, bien que nous soyons un problème de taille pour leurs opérations quotidiennes. Ce qu’ils veulent, plus que tout, c’est faire passer cela pour une poignée d’écolos fanatiques blancs venus d’autres états, afin de pouvoir ridiculiser le camp dans leurs communiqués de presse. Mais la réalité, c’est que le camp est composé à 90% d’Autochtones, pour la plupart locaux, et CE SONT EUX qui le dirigent. »
Vendredi soir, ils ont appris que Max Wilbert (cofondateur de Protect Thacker Pass) et Cienfuegos étaient les seuls cités dans l’injonction restrictive temporaire, que la compagnie a mise devant un juge pendant le weekend.
« Dès que ce sera approuvé, ils essaieront de nous arrêter, Max et moi. Je suis venu préparé à risquer l’arrestation, donc tout va bien » dit Paul Cienfuegos.
« Tout ça pour soutenir la tentative désespérée de la compagnie de lier une direction blanche à l’histoire de ce camp, alors qu’en réalité, nous n’avons ni l’un ni l’autre bloqué le passage d’un employé ou d’un véhicule de la compagnie. »
Le camp se trouve actuellement au-dessus de la construction d’un courant d’eau par la compagnie. Un Tipi est en place, d’autres arrivent. Et des tentes arrivent chaque jour sur le terrain loué par le Bureau de Gestion du Territoire à la compagnie. Ou, plus précisément, sur le terrain « au-delà de la frontière du traité, étant donné que le gouvernement des Etats-Unis n’a pas de traités sur place. La seule prétention est la conquête par laquelle cette terre a été prise aux communautés locales Paiutes et Shoshones. Donc, ils ont plus de droits à être sur ce terrain que n’importe qui ou n’importe quelle corporation.
UN NOUVEAU CAMP DE PRIÈRE S’ÉRIGE À THACKER PASS
Par Max Wilbert
Ox Sam Newe Momokonee Nokotum : Camp de Femmes Autochtones
Ce qui suit est un texte écrit par Paul Cienfuegos. Je le partage, avec quelques petites corrections, pour vous tenir au courant des derniers évènement à Thacker Pass. Vous trouverez plus d’information sur le site oxsam.org.
Merci de nous lire.
Max Wilbert
Paul Cienfuegos
15 mai 2023
Jeudi dernier, le 11 mai, le nouveau camp de prière et d’action, d’importance internationale, sur le modèle de Standing Rock, à Thacker Pass, Nevada (Pee’hee Mu’huh en Paiute signifie « lune pourrie » à cause du massacre d’ancêtres Paiutes en 1865) a été lancé pour essayer de bloquer la construction de ce qui devrait devenir la plus grande mine de lithium à ciel ouvert du monde, une « solution d’énergie verte » contre les carburants fossiles, fausse et écologiquement dévastatrice. Je suis fier d’avoir joué un petit rôle dans ce camp tout juste établi, auquel, il y a seulement quelques jours, a été donné le nom approprié par les Anciennes Paiutes Shoshones qui en ont la charge : Ox Sam Newe Momokonee Nokutum. Ox Sam était l’un des rares survivants du massacre de dizaines d’Autochtones à Thacker Pass, en 1865. Et Newe Momokonee Nokutum se traduit par Camp de Femmes Autochtones et est ouvert à TOUS – Autochtones et non-Autochtones, femmes et hommes. (Prononciation de ce joli nom : New’-weh Moe-moe-koht’-nee Noh-kuh’-duhn).
Nous ne pouvons tout simplement pas nous sortir de l’urgence climatique. Et si vous ne me croyez pas, je vous invite à lire Bright Green Lies de Derrick Jensen, plein des données incontestables dont nous avons tous besoin pour arrêter de nous mentir sur le nirvana à venir des batteries électriques. Une vraie solution c’est une transition rapide vers un état stable ou une économie croissance 0 (qui est franchement impossible en régime capitaliste qui exige une croissance constante), suivie rapidement par une réduction planifiée soigneusement, massive et rapide de l’économie. Il n’y a vraiment plus d’autre option si nous voulons vraiment voir survivre les diverses espèces qui florissent sur Notre Mère la Terre.
Et quand les Gens continuent d’autoriser les multinationales à exercer leurs soi-disant « Droits Constitutionnels » – de propriété, de libre expression, d’accès aux tribunaux, etc., qui n’ont jamais été approuvés par le public dans l’histoire de notre nation – nos options sont limitées, quand Nous essayons d’arrêter ces outrages contre la terre, l’eau et les gens.
Parce que les grandes compagnies ont réellement plus de « droits » protégés par la constitution que Nous. Alors, nous devons nous attaquer à cette crise sur de nombreux fronts. (Si vous voulez en apprendre plus sur cet aspect de la crise à laquelle notre société fait face, lisez mon nouveau livre (How Dare We ? Des Pratiques Courageuses pour Regagner Notre Pouvoir de Citoyens).
Si nous pouvons arrêter la mine de Thacker Pass cette année, nous avons une chance de combattre pour arrêter les autres (dizaines?) de mines de lithium en projet dans les Amériques.
Pendant les tous premiers jours du nouveau camp, j’ai joué un rôle de soutien très important : en faisant la liaison entre les chauffeurs qui essayaient d’atteindre la mine (ouvriers, livreurs, et parfois de simples membres du public circulant sur cette route rurale) et les grand-mères en charge du camp. Je n’ai pas tenu de position dirigeante. Je n’ai pas parlé pour le camp. J’ai simplement transmis les informations entre les chauffeurs et les grand-mères, qui décidaient de qui passait et qui ne passait pas. Voilà ce qu’était mon rôle de Liaison, à l’entrée de la route, sur la vidéo ci-dessous. L’homme est l’un des superviseurs de la sécurité de la mine…
1ère partie:
2ème partie:
Ça a été pour moi effrayant et intimidant, mais ça a été aussi une expérience émouvante et puissante, et nous avons déjà arrêté des dizaines de véhicules, notre bannière flottant haut, portée par des participants au camp se tenant en travers de la route, et toujours avec les Anciens Autochtones en prière devant la bannière.
Rencontre avec trois leaders extraordinaires :
Le bureau du sheriff a été pendant des jours en communication constante avec les dirigeants de Lithium Nevada Corporation (en coulisses), faisant tout son possible pour n’arrêter aucun d’entre nous, bien que nous ayons provoqué bien du tracas pour leurs opérations quotidiennes. Ce qu’ils veulent, plus que tout, c’est de faire croire que c’est dirigé par une poignée de blancs, n’habitant pas l’état, et écolos fanatiques, afin de pouvoir se moquer du camp dans leurs communiqués de presse. Mais en réalité, le camp compte 90% d’Autochtones, la plupart locaux, et ILS sont les leaders.
Vendredi soir, nous avons découvert que Max Wilbert (cofondateur de Protect Thacker Pass) et moi-même étions les seuls nommés dans un Ordre de Restriction Temporaire (TRO), que la compagnie a présenté à un juge ce weekend. Et dès qu’il sera approuvé, ils essaieront de nous charger, Max et moi. Je suis venu prêt à risquer d’être arrêté, donc, tout va bien.
Veuillez, s’il vous plait, noter que Lithium Nevada a déposé une demande d’Ordre Temporaire pour la Protection Contre le Harcèlement sur le Lieu de Travail contre Max Wilbert et Paul Cienfuegos en fin d’après-midi, au tribunal du Comté de Humboldt, Nevada.
Tout ceci pour promouvoir la tentative désespérée de la compagnie, de relier une direction blanche à l’histoire de ce camp, alors qu’en réalité, aucun de nous deux ne s’est mis en travers de la route d’aucun employé ni de véhicule de la compagnie. Le camp se trouve actuellement au-dessus de la construction d’un courant d’eau par la compagnie. Un Tipi est en place, d’autres arrivent. Et des tentes arrivent chaque jour sur le terrain loué par le Bureau de Gestion du Territoire à la compagnie. Ou, plus précisément, sur le terrain « au-delà de la frontière du traité, étant donné que le gouvernement des Etats-Unis n’a pas de traités sur place. La seule prétention est la conquête par laquelle cette terre a été prise aux communautés locales Paiutes et Shoshones. Donc, ils ont plus de droits à être sur ce terrain que n’importe qui ou n’importe quelle corporation.
© Photo Bhie-Cie Zahn-Nahtzu
Et c’est là que VOUS intervenez ! Et quand je dis vous, je veux dire VOUS, la personne qui lit ces lignes maintenant ! S’il vous plait, partagez ces informations sur vos réseaux sociaux.
Standing Rock a débuté quand des Autochtones locaux ont pris position contre un oléoduc. D’autres Autochtones sont venus les soutenir. Puis, des mouvements écologistes non-Autochtones et des mouvements pour la justice sociale s’en sont aperçus et ont commencé à venir en masse. C’est là que les grands médias ont commencé à en parler. Et un camp de masse historique et conduit par des Autochtones était né, ce qui a secoué la conscience de la nation. Nous pouvons le faire aussi – ici, à Thacker Pass, Nevada.
Nous avons besoin de tout le monde MAINTENANT. Cette semaine. Nous avons besoin de gens. Nous avons besoin de fournitures. Nous avons besoin de soutien de médias. Nous avons besoin de fonds. Le petit groupe qui tient ce camp ne peut tout simplement pas se maintenir à moins que VOUS et des gens que VOUS connaissez soient prêts à faire QUELQUE CHOSE pour nous soutenir CETTE SEMAINE.
Je vous remercie du fond de mon cœur pour avoir lu ceci. Ce n’est PAS une campagne de plus pour un problème particulier. Le succès ou l’échec de ce mouvement pourrait avoir un impact historique sur la survie future de l’extraordinaire diversité de créatures vivant ici, sur beau et mystérieux globe que nous appelons chez-nous, qui flotte dans le noir infini de l’espace.
© 2023 Max Wilbert
PO Box 11262, Eugene, OR 97440
Traduction française d’un texte d’Indigenous Action Media
D’abord publié en avril 2021
Republié le 22 avril 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Ce système ne tombera pas en cendres de lui-même.
La ritualisation du ‘Jour de la Terre’ commercial, et, plus logiquement, les tendances actuelles de pur laver plus vert des compagnies, échouent toutes à réagir significativement en s’attaquant à la destruction environnementale et à la catastrophe climatique imminente auxquelles nous faisons face actuellement.
Le Jour de la Terre commercial est devenu un moyen de nous apaiser et nous distraire des actes de violence perpétrés chaque jour contre Notre Mère la Terre et nos communautés humaines et non-humaines.
Les mêmes corporations qui ravagent Notre Mère la Terre et exploitent ses enfants, essaient de nous vendre des styles de vie personnels lavés plus verts, comme choix de solutions « durables ».
Les corporations à-but-non-lucratif et les politiciens néo-libéraux perpétuent et défendent le système capitaliste destructeur, dans des tentatives de construire une économie « verte » avec de nouveaux arrangements verts et même « rouges ».
Nous ne souhaitons pas que l’État capitaliste, raciste, hétéro-patriarcal, colonial et policier soit « vert », notre intention est d’abolir son existence même.
Nos vies dépendent de la santé et du bien-être de notre Mère la Terre et de tous ses enfants. Nos tactiques seront de plus en plus désespérées à mesure que l’air que nous respirons sera de moins en moins pur, que l’eau que nous buvons sera de moins en moins potable, que le sol où nous plantons sera plus pollué.
La défense des sites sacrés et des terres Autochtones sont les lignes de front sur lesquelles nous luttons pour notre existence. Si nous désirons exister, nous devons continuer à défendre le sacré et libérer Notre Mère la Terre. Défendre le sacré signifie riposter pour protéger Notre Mère la Terre, c’est-à-dire son existence même.
Le réchauffement climatique est une conséquence de la guerre du colonisateur contre notre Mère la Terre.
Pour arrêter complètement ces mines, ces centrales électriques, ces barrages et ces oléoducs, nous devons aussi arrêter la machine politique et les systèmes qui les engendrent.
Nous ne pouvons pas faire durer des modes de vie non-durables.
Le Capitalisme est l’ennemi de Notre Mère la Terre.
Vous êtes la prière de vos ancêtres pour la libération de notre mère la Terre.
Il y a de l’argent sale derrière la transition verte
Par Max Wilbert
22 avril 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Je m’appelle Max Wilbert, co-auteur de Bright Green Lies, fondateur de Protéger Thacker Pass, et organisateur d’une communauté bio-centrée. J’utilise ce site pour partager des stratégies et explorer des domaines comme la durabilité, l’effondrement, l’empire, la résistance, l’activisme, le greenwashing [laver plus vert] et la justice. Merci de me lire.
Un criminel qui glisse quelques billets à un officier de police et repart libre. Un homme d’affaires qui achète un politicien avec une valise d’argent liquide. Nous concevons souvent la corruption dans ces termes évidents, et comme quelque chose qui se produit dans les pays pauvres, ailleurs.
Mais la corruption se présente souvent différemment.
Aux Etats-Unis, où je vis, la corruption est courante. Elle est aussi presque légale.
En fait, l’argent sale est devenu partie intégrante du tissus politique de notre nation. Ça a été normalisé, institutionalisé et même régulé. Et pourtant, les effets de cette corruption sont aussi insidieux et destructifs que les pots-de-vin les plus voyants.
La corruption est quelque chose de pourri dans notre système politique, et elle s’étend.
Cet article concerne la corruption américaine, mais l’histoire sera racontée en examinant une compagnie minière canadienne appelée Lithium Americas, qui travaille aux Etats-Unis par l’intermédiaire d’une succursale entièrement possédée par les Etats-Unis, Lithium Nevada Corporation.
Depuis deux ans et demi, je lutte contre Lithium Nevada pour l’empêcher de détruire Thacker Pass – un site crucial de biodiversité et un site sacré pour des Autochtones, site connu comme Peehee Mu’Huh dans la langue Paiute, qui se trouve dans le nord du Nevada, juste à côté de la frontière avec l’Oregon. Lithium Nevada, comme vous l’avez probablement deviné, veut transformer ce lieu en une mine de lithium à ciel ouvert.
C’est un lieu spécial. Thacker Pass abrite le tétra des armoises [sorte de sauge] en voie de disparition, l’antilope d’Amérique [seule et dernière représentante des antilocapridés], le cerf mulet et des aigles royaux. C’est un corridor de migration et un refuge climatique. C’est le bassin hydrologique des communautés locales et le site de deux massacres de Paiutes, dont celui du 12 septembre 1865, au cours duquel des soldats de l’Armée Américaine ont tué entre 30 et 50 hommes, femmes, enfants et vieillards, dans une attaque surprise à l’aube. Il a été reconnu par le Gouvernement Fédéral comme « District Culturel Traditionnel », un paysage d’une importance exceptionnelle pour l’histoire des Autochtones et leur identité culturelle.
Et en ce moment même, pendant que vous lisez ceci, c’est en train d’être détruit par une compagnie corrompue et un gouvernement corrompu. Des bulldozers roulent dessus, et des buissons de plusieurs siècles, des vestiges de milliers d’années et les vies de précieuses créatures du désert sont écrasés sous le métal.
Comment est-ce possible ? Comment, dans une démocratie où les gens ont le droit de protester, de se faire entendre, de commenter, de faire des pétitions, d’engager des poursuites en justice, comment est-il possible de voir un tel déni de justice ? Et, plus largement, comment est-il possible que notre système de gouvernement soit incapable de faire quelque chose face à la catastrophe écologique à laquelle nous sommes confrontés : la 6ème extinction de masse de la vie sur Terre ?
Une partie de la réponse est la corruption, que nous pouvons diviser en cinq catégories : le lobbying, la rédaction des lois, la politique de la « porte tournante », les contributions aux frais de campagnes, et la corruption de la communauté. Examinons-les l’une après l’autre, en utilisant Lithium Americas et Thacker Pass comme exemple.
Le lobbying : Comment les Grandes Compagnies y Gagnent un Accès Disproportionné Aux Élus
Le lobbying est fondé sur un principe simple : les officiels du gouvernement devraient écouter leurs électeurs.
Transparency International définit le lobbying comme « Toute activité entreprise pour influencer un gouvernement ou la politique et les décisions d’une institution en faveur d’une cause ou d’un résultat spécifique. »
« Même lorsqu’elles sont autorisées par la loi, » disent-ils, « ces actions peuvent devenir perturbatrices [nuisibles à la démocratie et la justice] si des niveaux d’influence hors de proportion existent – de la part de compagnies, d’associations, d’organisations et d’individus. »
Le lobbying d’aujourd’hui n’est pas la simple pratique de gens s’adressant à leurs élus. En fait, c’est une industrie à 3,73 milliards de dollars, étroitement régulée, dominée par des initiés et les plus grandes compagnies, mûrie par la corruption de la « porte tournante » et soutenue par au moins 3 ou 4 milliards de dollars de « lobbying de l’ombre » qui n’est ni régulé ni révélé au public de quelque manière que ce soit.
La régulation du lobbying est essentielle pour son propre fonctionnement en tant que méthode de corruption. Comme dit Ben Price, Directeur Organisationnel National au Fonds de Défense Juridique Environnementale de la Communauté, « la régulation n’est pas vraiment un moyen de réduire la corruption, mais plutôt, les règles légalisent la corruption en en définissant les limites au-delà desquelles elle ne serait plus permise. »
« Ce faisant, » ajoute-t-il, « le principal effet des règles est de protéger les dessous-de-table de la responsabilité légale en légalisant assez pour servir les buts des influenceurs législatifs des grandes compagnies. »
Comme la publicité, les grandes compagnies utilisent le lobbying parce que ça marche.
Des études ont montré que dépenser plus d’argent en lobbying et contributions aux campagnes électorales résultaient en des réductions immédiates d’impôts fédéraux, d’impôts d’état et en plus de contrats fédéraux. Une analyse, étudiant seulement les 200 compagnies les plus « actives politiquement », a découvert qu’elles avaient dépensé 58 milliards de dollars en lobbying auprès du gouvernement fédéral et en « contributions aux campagnes » entre 2007 et 2012, mais avaient reçu 4400 milliards en subventions fédérales, contrats, et autre soutien pendant la même période. C’est un retour sur investissement de 7580%.
Une autre étude a découvert un retour encore plus grand : « en moyenne, pour chaque dollar dépensé pour influencer la politique, les compagnies les plus actives politiquement ont reçu 760 dollars du gouvernement » – un profit de 76000%.
Les Grandes Compagnies Écrivent Nos Lois
Les grandes compagnies utilisent des lobbyistes parce que leur richesse leur permet d’avoir un accès disproportionné au gouvernement, ce qui signifie qu’ils peuvent établir des relations avec des politiciens et leurs équipes, influencer la politique, échanger des idées et même écrire la législation. Ils peuvent aussi corrompre des juges, comme le récent scandale autour de Clarence Thomas l’a montré. Mais ça va plus loin. Comme le note un rapport de la NPR [Radio Publique Nationale], « Il semble évident que les lobbyistes influencent la législation. Mais il est peut-être moins évident qu’ils écrivent souvent les lois – même mot à mot. »
Nos lois sont écrites par les grandes compagnies.
Ce n’est pas seulement un problème fédéral. Une enquête de USA Today de 2012 révéla que plus de 10 000 propositions de lois introduites dans les 50 états sur une période de 8 ans avaient été « presqu’entièrement copiées de textes écrits par des intérêts spéciaux. » Le rapport dit aussi que leur enquête avait détecté ces textes en utilisant des techniques automatisées, et que « le nombre réel est probablement bien plus élevé. »
Nos politiciens écrivent rarement des lois. En fait, les grandes entreprises et les lobbyistes écrivent des lois ; le Congrès vend les lois au public ; puis les lobbyistes paient leurs membres du Congrès en contributions à leurs campagnes, aux Comités d’Action Politique [Super PAC] et aux possibilités d’emplois dans la politique de la « porte tournante. »
La « Porte Tournante »
Un autre moyen de corruption devenu endémique dans le gouvernement de Etats-Unis est ce qu’on appelle la « porte tournante. »
La porte tournante fait référence à une pratique courante chez les employés des grandes compagnies, qui quittent leur emploi pour travailler au gouvernement, et vice versa. Il est tout à fait courant pour des employés du gouvernement et des élus de quitter ou terminer leurs mandats et d’obtenir immédiatement des emplois dans les industries qu’ils sont supposés réguler.
Pourquoi, demandez-vous ? L’Argent. Comme le dit un titre de presse « quand un membre du Congrès devient lobbyiste, il a, en moyenne, 1452% d’augmentation.
À l’occasion, on trouvera des histoires de lobbyistes que se sont fourvoyés dans la corruption pure et simple – Jack Abramoff, par exemple – mais ces histoires sont rares, pas parce que la corruption n’est pas courante, mais parce qu’il faut vraiment violer une loi en tant que compagnie : elle a écrit les lois. Et elle l’a fait délibérément pour rendre sa corruption et son influence sur les campagnes électorales légales.
Dès 2016, environ la moitié des Sénateurs et un tiers des Représentants sont devenus lobbyistes pour toucher leurs chèques. C’est aussi courant chez les Démocrates que chez les Républicains.
Les Activités de Lobby de Lithium Nevada Corp. (au moins celles que nous connaissons)
Lithium Nevada a dépensé au moins 310 000 dollars en lobbying depuis 2016, par l’intermédiaire d’une compagnie de lobby appelée Harbinger Strategies.
Harbinger est « une firme de premier plan pour le gouvernement fédéral et les affaires politiques » qui a été fondée par, et employé des ex aides au Congrès et opérateurs politiques Républicains de haut niveau. Ils sont parmi les principaux lobbyistes à Washington D.C.et ont gagné au total 10,9 millions de dollars en 2021, d’une liste de clients parmi lesquels se trouvaient l’industrie aérienne, les grandes banques et firmes d’investissements, des compagnies minières, de biotechnologie, le complexe militaro-industriel, Facebook, des services d’électricité, General Electric, et l’industrie du pétrole et du gaz.
« Nous utilisons notre expérience d’anciens membres éminents des équipes des Principaux Dirigeants au Congrès et de l’Exécutif pour placer nos clients à la table où les décisions sont prises, » écrivent-ils sur leur site. Ils ajoutent : « [Harbinger est] fondé sur la conviction que chaque client mérite un partenaire expert des questions législatives » – un « modèle de boutique » – qu’ils utilisent pour une raison simple : ça donne des résultats. »
Dans l’état du Nevada, Lithium Nevada Corporation a loué au moins 4 lobbyistes depuis 2017, de deux firmes : Argentum Partners, une firme de communications pour tous services stratégiques… avec une équipe de lobbyistes avides, énergiques et expérimentés, » et Ferrato Corporation, « une firme bipartisane pour tous services d’affaires publiques. »
En particulier, parmi les lobbyistes d’Argentum pour Lithium Nevada, on trouve Mike Draper, qui « était à la tête des relations et des affaires publiques pour la planification, l’autorisation, la construction et l’ouverture du Gazoduc Ruby, le plus grand gazoduc d’Amérique du Nord. » Des Tribus et des écologistes se sont farouchement battus contre le gazoduc Ruby en 2009 et 2010.
Contributions aux Campagnes Électorales
Une autre technique de légalisation de la corruption sont les « contributions aux campagnes », également nommées dons aux politiciens candidats.
Beaucoup de pays dans le monde ont mis des limites strictes à la somme d’argent que les gens peuvent donner aux candidats, ou ont même des campagnes politiques financées par le gouvernement, ce qui supprime presqu’entièrement l’influence de l’argent. Les Etats-Unis ne font pas partie de ces pays.
Les élus aux Etats-Unis ont désespérément besoin d’argent. Le Sénateur moyen doit trouver 14 000 dollars par jour, juste pour rester en place – et cela dès qu’il a été élu une fois. C’est aussi vrai pour les Démocrates que pour les Républicains, raison pour laquelle les grandes compagnies, directement ou par l’intermédiaire de leurs lobbyistes ou employés, misent généralement sur les deux en donnant aux deux partis politiques.
Par exemple, Jonathan Evans, PDG de Lithium Americas Corporation, a donné au moins 10 250 dollars aux candidats entre 2021 et 2022, parmi lesquels Catherine Cortez Mastow (Sénatrice Démocrate du Nevada) et Mark Amodei (Gouverneur Républicain du Nevada). George Ireland, Président de Lithium Americas, a donné au moins 19800 dollars à des candidats depuis 2011, dont 500 dollars pour la campagne de Trump et 6600 à John Hickenlooper. Les données de OpenSecret.org montrent que 7 autres employés, membres du Conseil d’Administration et parties associées ont donné au moins 10819 dollars de plus aux candidats entre 2018 et 2022.
Ces montants ne comprennent pas les contributions BEAUCOUP plus importantes, données par des employés et des membres de la famille de Harbinger Strategies, qui ont donné 392 842 dollars aux candidats pour la seule élection de 2020.
Beaucoup de ces gens donnent un montant équivalent à la limite légale, ce qui implique que si la limite était plus haute, ils donneraient plus – et peut-être essaieraient de trouver des moyens pour contourner les limites des contributions par l’intermédiaire des « Super PACs » et d’autres techniques d’argent caché.
Souvenez-vous que moins d’1,5% des Américains ont donné plus de 200 dollars aux candidats ou aux partis au cours de n’importe quelle année. C’est le domaine des riches.
Les Dessous de Table
L’argent de Lithium Americas est bien employé.
Dans ce qui semble être une contrepartie pour leur lobbying et leurs contributions aux campagnes, Lithium Americas Corporation a obtenu 8 637 357 dollars en réductions d’impôts de l’état du Nevada, entre autres un abattement partiel de taxes sur les ventes de 5 millions, un abattement de l’impôt sur la propriété de 3,3 millions et environ 225000 dollars d’abattements sur la taxe sur la masse salariale. Cet argent n’est plus disponible pour les écoles, la santé, les services sociaux, l’assistance aux petites entreprises, les programmes environnementaux, etc.
Par le Gouvernement Fédéral, Lithium Nevada a reçu un prêt du “Programme de Prêt pour la Fabrication de Véhicules à la Technologie Avancée » (ATVM) du Département de l’Energie, qui couvrira probablement « jusqu’à 75% des coûts de construction à Thacker Pass.
Ce programme de prêts offre des conditions extrêmement favorables équivalant à une subvention de 3 milliards de dollars US.
Selon une estimation très prudente, pour des dons de, disons, 400 000 dollars en lobbying et contributions des employés aux campagnes électorales, Lithium Americas peut espérer un retour sur investissement de 2100 % – et cela sans même considérer l’énorme valeur financière du prêt ATVM.
Corruption au niveau local
La corruption politique va souvent de pair avec la corruption au niveau local.
Le projet de Lithium Americas de détruire Thacker Pass a créé une sérieuse opposition dans la communauté de fermiers et ranchers des zones rurales les plus proches de Thacker Pass, parmi les habitants de la ville proche de Winnemucca, de la part de groupes écologistes préoccupés par les effets sur la vie sauvage, les plantes, l’air et l’eau, et parmi les Tribus Autochtones inquiètes pour leurs sites sacrés et culturellement importants, leurs animaux et leurs plantes médicinales.
La réaction était prévisible. Dans son livre Unearthing Justice : How to Protect Your Community From The Mining Industry, la militante anti-extractivisme Joan Kuyek décrit les mythes incessamment répétés par Lithium Americas et presque toutes les compagnies minières :
- « La mine créera des centaines d’emplois et enrichira les gouvernements. »
- « La mine peut enrichir les membres de la communauté et résoudre leurs problèmes sociaux et économiques. »
- « Les techniques modernes assureront que la mine n’endommagera pas l’eau, l’air ou la vie sauvage. »
Quand ces mythes se révèlent faux, ils recourent à la corruption légalisée. À Thacker Pass, ça prend la forme d’un paiement par Lithium Americas d’une nouvelle école pour la communauté de Orovada, et la signature d’un accord avec un Membre d’un Conseil Tribal local pour la construction d’un centre culturel. Un membre de la tribu, mon amie Shelley Harjo, a répondu : « La promesse de quelques bâtiments et d’un centre culturel ne peuvent l’emporter sur la responsabilité que nous avons envers les ancêtres d’avant nous, ni nos obligations envers ceux encore à naître après nous. » Un autre dirigeant Tribal de la région dit des compagnies minières « Ils profitent de notre pauvreté. »
Cette pauvreté donne un puissant moyen de pression aux compagnies minières. Dans la communauté de Fort McDermitt, les rumeurs de corruption sont courantes.
L’Implication de Lithium America dans des Violations des Droits Humains Outremer
Lithium Americas a des relations d’affaires et personnelles qui recoupent celles de la compagnie Ganfeng Lithium (la plus grande compagnie de lithium au monde), propriété de l’Etat Chinois. En fait, Ganfeng et Lithium Americas sont copropriétaires d’une compagnie minière de lithium en Argentine, appelée Minera Exar.
Le projet minier de Minera Exar est situé dans les Andes, dans le « triangle du lithium », une région aride près des frontières du Chili et de la Bolivie. Au cours des années depuis lesquelles Minera Exar a des activités dans la région, elle a – comme d’autres compagnies d’extraction de lithium dans la même zone – été critiquée pour de graves violations des droits humains et de l’environnement.
Le Washington Post, en enquêtant sur ces violations, écrivit :
« Les compagnies minières ont extrait depuis des années des milliards de dollars de lithium de la région d’Atacama… Mais les Atacama pauvres n’ont pas vu beaucoup de ces richesses… une compagnie de lithium, une entreprise commune Canadienne-Chilienne appelée Minera Exar, a passé des accords avec six communautés aborigènes pour ouvrir une nouvelle mine. L’opération devrait rapporter environ 250 millions par ans en ventes, tandis que chaque communauté recevra un paiement annuel – de 9000 à 60000 dollars – pour des droits étendus sur la surface et l’eau.
L’article ajoute :
« Yolanda Cruz, une dirigeante du village en Argentine, dit qu’elle avait signé [les accords de bénéfices de la communauté avec Minera Exar], mais que maintenant, elle le regrette. À l’époque, elle appréciait la possibilité de créer des emplois pour son village. Mais maintenant, elle s’inquiète, ‘nous allons nous retrouver sans rien’, dit-elle. ‘Le fait est que les compagnies nous mentent – c’est la réalité. Et parfois nous nous contentons de ne rien dire’ dit-elle. ‘Nous ne disons rien mais nous serons ceux qui en pâtirons quand le temps aura passé.’ »
Pendant ce temps, Ganfeng Lithium a annoncé récemment des projets de mines pour les métaux de batteries dans la région de Xinjiang, en Chine, où le Gouvernement Chinois détient et emprisonnent des Ouïghours et d’autres Musulmans pour des travaux forcés et de l’endoctrinement dans des camps.
Gaspillage de Fonds Gouvernementaux
On nous dit que le principal objectif de l’extraction de lithium à Thacker Pass est de réduire l’émission de gaz à effets de serre. C’est un mensonge de plus, un nouveau type de laver plus vert pour les grandes compagnies, qui devient de plus en plus commun. En fait, de nombreuses analyses montrent qu’en réalité, les réductions d’émissions par le passage aux véhicules électriques sont mineures.
La production d’un seul véhicule électrique produit des émissions de gaz à effets de serre – en moyenne 9 tonnes. Cette moyenne s’élève à mesure que la taille des véhicules électriques augmente fortement. Plus ont produit de véhicules électriques, plus il y a d’émissions de gaz à effets de serre. Ainsi, alors que les véhicules électriques réduisent les émissions, comparés aux véhicules à essence, les plus gros véhicules électriques ne les réduisent pas beaucoup. Une analyse du Centre Interdisciplinaire Pour la Justice Environnementale dit que l’électrification des véhicules aux Etats-Unis ne réduira les émissions au niveau national que de 6%.
De plus, la production de lithium à Thacker Pass exigera 700 000 tonnes par an de produits du raffinement du pétrole – du souffre, peut-être largement fourni par les Sables Bitumineux d’Alberta. Tandis que Thacker Pass reçoit des milliards en subventions du gouvernement, les émissions de carbone continuent à augmenter.
Le militant écologiste Paul Hawken, autre exemple, ne met pas les véhicules électriques dans ses 10 meilleures solutions pour le climat. En fait, c’est la 24ème de sa liste, avec dix fois moins d’effet que de réduire le gaspillage alimentaire, près de six fois moins d’effet que l’élimination de l’utilisation de réfrigérants, qui sont de puissants gaz à effets de serre, et derrière des solutions comme la restauration des forêts tropicales (environ 5 fois plus efficace que les véhicules électriques) et la protection des tourbières (plus de 2 fois plus efficace).
La corruption et le gaspillage vont la main dans la main. Les données montrent clairement que si notre but est de réduire les émissions de gaz à effets de serre, donner des subventions pour la mine de lithium de Thacker Pass n’est pas un bon usage des fonds gouvernementaux. C’est du gaspillage.
Si on veut vraiment donner des fonds gouvernementaux pour arrêter efficacement le réchauffement climatique, donner de l’argent aux industries minières est exactement ce qu’il ne faut pas faire.
Plutôt, commencez par les droits des femmes, l’éducation des filles, et rendez disponibles la contraception et le planning familial. Commencez par des initiatives de relocalisation économique. Commencez par isoler les logements convenablement, ce qui pourrait avoir le plus grand effet immédiat sur l’impact du carbone. Commencez par des initiatives de réduction de la demande.
Cessez de gaspiller l’argent des contribuables en subventions pour des entreprises de destruction de la Terre, et commencez par des actions qui comptent vraiment.
La Banalité du Mal
La corruption de Lithium Americas me rappelle ce que la philosophe politique Hannah Arendt appelait « La Banalité du Mal. » À propos d’Eichmann, un officier Nazi qui fut l’un des principaux organisateurs de l’Holocauste, Arendt explique qu’Eichmann ne ressentait pas la culpabilité ; en fait, il n’avait jamais pensé que ce qu’il faisait pouvait être mal : « Il faisait son ‘devoir’… ; il n’obéissait pas seulement aux ordres, il obéissait aussi à la ‘loi’. »
[…]
Lithium Americas n’extermine pas les gens, ce n’est même pas la « pire » des compagnies minières. Ils peuvent même avoir agi entièrement dans les limites de la loi. Et pourtant, ils sont complices d’un génocide culturel, de la destruction écologique pour des gains personnels, et, ce qui pourrait être un crime encore plus grand contre le futur : faire passer pour verte et positive leur destruction, créant ainsi plus d’incitations financières et politiques pour d’avantage de cette folie.
Ils croient que ce qu’ils font est bien et ils « suivent les règles. »
Et Maintenant ?
La corruption à Thacker Pass n’est pas unique. Le lobbying, les contributions aux campagnes électorales, le ‘laver plus vert’, et les pots-de-vin à la communauté sont courants aux Etats-Unis et dans la plupart des pays du monde. Je crois qu’il est vraisemblable qu’il y ait encore plus de corruption dont nous ne savons rien. Peut-être qu’il y a vraiment des échanges de valises pleines de billets. Nous ne pouvons que faire des conjectures. Et, cet article n’a même pas commencé à parler de la complicité du gouvernement dans la violation des lois, la corruption et les violations éthiques à Thacker Pass – une histoire, par certains aspects, encore plus sordide.
Tout cela explique en partie pourquoi les analyses universitaires des Etats-Unis tendent à montrer la « domination de l’élite économique » plutôt qu’une vraie démocratie électorale ou du pluralisme. Les riches dirigent notre pays (et le reste du monde). Notre gouvernement est corrompu, les multinationales sont omniprésentes, et notre monde est détruit.
Pour beaucoup, la situation dans laquelle nous nous trouvons est paralysante. Que pouvons-nous faire face à cela ?
Quand j’ai commencé à protéger Thacker Pass et établi un camp de protestation sur le site où la mine doit être creusée, en plein hiver 2021, je n’avais pas d’illusions. Je savais que les tribunaux n’allaient pas nous sauver. Rappelez-vous, les lois ont été écrites par les grandes entreprises. Je savais que les commentaires publics ne marcheraient pas ; les règles sont écrites pour favoriser les intérêts des grandes entreprises. Je savais que le gouvernement ne serait d’aucune aide, vu que les politiciens sont pour la plupart achetés et payés. Je savais même que les façons standard de protester ne seraient probablement pas efficaces, vu les tactiques de répression et les stratégies de diviser-pour-régner qui ont été depuis des siècles celles des grandes entreprises et des colonisateurs.
En tant que société, nous nous trouvons au cœur de la 6ème extinction de masse, d’une catastrophe climatique et apparemment, d’un dépassement terminal. Et, comme mouvement écologiste, malgré notre action courageuse et inspirée, nous avons été insuffisants.
C’est pourquoi, depuis des années, j’appelle à une révolution écologique – une transformation fondamentale de la société – et m’organise pour faire qu’elle se produise.
Que vous pensiez que c’est nécessaire ou non, nous sommes tous d’accord sur le fait que ce que nous faisons ne marche pas. Je n’ai pas toutes les réponses. Mais je sais qu’il est temps d’aller plus loin.
Le communiqué de la compagnie est dans un charabia encore plus illisible qu’un texte de loi. Il faut souligner cependant que la compagnie n’a pas convenablement consulté les tribus concernées, une rencontre avec quelques membres – favorables – en a tenu lieu. Et surtout, le projet comprend la construction d’une usine d’acide sulfurique et une autre usine de produits chimiques. Les batteries électriques sont le prétexte pour Laver Plus Vert! Et Thacker Pass se trouve au coeur d’une région encore sauvage, qui héberge des espèces rares et menacées.
Christine Prat
Introduction par Brenda Norrell
Communiqué de presse de Lithium Americas
Publié sur Censored News
2 mars 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Lithium Americas a organisé une réunion – baptisée ‘consultation’ – avec des Paiutes de Fort McDermitt, dans leur communauté, dans le nord du Nevada, en février dernier. Auparavant, le président tribal et des membres de sa famille avaient été reçus par Lithium Americas lors de l’ouverture d’un établissement à Reno, en 2022. Des membres de la communauté Paiute de Fort McDermitt dirent qu’on ne leur avait jamais dit qu’un accord avait été passé avec Lithium Americas par quelques membres. Des Paiutes et des Shoshones avaient protesté devant la cour fédérale en janvier, mais la cour n’a pas suspendu la mine de lithium. Trois Nations Amérindiennes ont déposé une nouvelle plainte pour l’interrompre – la Colonie Indienne de Reno-Sparks, la Tribu Paiute de Burns [Oregon] et les Paiutes de Summit Lake. Mercredi, une cour d’appel fédérale a refusé de déclarer une injonction d’urgence pour suspendre la mine de lithium, qui est soutenue comme ‘énergie verte’ par le gouvernement Biden.
Censored News
LITHIUM AMERICAS COMMENCE LA CONSTRUCTION À THACKER PASS
Communiqué de presse de Lithium Americas
2 mars 2023 – Vancouver, Canada : Lithium Americas Corp. (TSX : LAC) (NYSE : LAC) (‘Lithium Americas’ ou la ‘Compagnie’) a le plaisir d’annoncer le commencement de la construction de son projet de lithium à Thacker Pass (‘Thacker Pass’ ou le ‘Projet’), projet dont elle est propriétaire à 100%, dans le Comté de Humboldt, Nevada, suite à la réception de l’autorisation de continuer, du Bureau de Gestion du Territoire (‘BLM’).
« Commencer la construction est une étape décisive pour Thacker Pass, sur laquelle nous travaillons depuis plus d’une décennie » dit Jonathan Evans, Président et PDG. « Nous sommes enthousiastes à l’idée d’engendrer la croissance économique dans le nord du Nevada et de jouer un rôle majeur dans la fourniture nationale de lithium pour véhicules électriques. »
Thacker Pass a le but de produire 80 000 tonnes par an de carbonate de lithium pour batteries (‘Li2CO3’) en deux phases de 40 000 tonnes par an (‘Phase 1’ et ‘Phase 2’). La production de la Phase 1 devrait commencer au cours de la deuxième moitié de 2026. Le Projet devrait créer 1000 emplois pendant la construction, et 500 emplois pendant les opérations. On peut trouver plus d’informations dans le rapport technique intitulé ‘Étude de faisabilité, National Instrument 43-101 Rapport Technique pour le Projet Thacker Pass, Comté de Humboldt, Nevada, USA’ avec une date effective du 2 novembre 2022 (le ‘Rapport Technique’), classé à SEDAR dans le profil de la Compagnie le 31 janvier 2023.
AGENDA DE LA CONSTRUCTION : la construction, y compris la préparation du site, le forage géotechnique, le développement d’une canalisation d’eau et l’infrastructure associée, a commencé.
Des contrats pour les principaux travaux de terrassement ont été attribués, pour des activités qui devraient commencer dans la deuxième moitié de 2023.
Dans le Q4 2022, Bechtel Corporation a obtenu le contrat de l’ingénierie, la gestion de la passation de marchés et de la construction (‘EPCM’) pour la construction de la Phase 1 de Thacker Pass, avec le détail de l’ingénierie à venir.
Des contrats de construction importants ont été attribués, parmi lesquels Lithium Carbonate et Purification. Le contrat pour les usines chimiques de sulfate de magnésium et de carbonate de lithium ont été attribués à Aquatech International LLC (‘Aquatech’). Établi en 1981 et ayant son siège à Philadelphie, Aquatech est leader dans la technologie de purification de l’eau pour les marchés industriels et d’infrastructure, en particulier la désalinisation, le recyclage et la réutilisation de l’eau et la décharge de liquide zéro (‘ZLD’).
L’usine d’Acide Sulfurique. Le contrat pour l’ingénierie, la passation de marchés, le support à la construction, la mise en service et les services de start-up pour l’usine d’acide sulfurique, a été attribué à EXP Global Inc. (‘EXP’). Établi en 1906 et ayant son quartier général opérationnel à Chicago, EXP est leader pour le pétrole, le gaz et les produits chimiques. Le contrat pour la licence technologique, l’ingénierie et l’équipement pour maîtriser la perte de chaleur et produire de la vapeur qui finalement sera convertie en électricité sans carbone pour l’usine, a été attribué à MECS Inc. (‘MECS’) pour leur système de pointe de récupération de la chaleur.
La sélection a commencé, pour un contrat et l’ingénierie d’un Centre de Main-d’œuvre (logement pour les contractants de la construction) et un centre de transbordement dans la région de Winnemucca.
La construction à Thacker Pass a commencé, suite à une décision favorable de la Cour de District US, District du Nevada (‘Cour Fédérale) pour l’émission d’un procès-verbal de décision (‘ROD’), dans lequel la Cour Fédérale confirme que le processus d’autorisation pour Thacker Pass a été mené complètement et de manière responsable. La Cour Fédérale a refusé d’annuler le ROD et a ordonné au BLM de prendre en considération un problème relevant de la loi minière concernant la zone désignée pour le stockage de déchets et n’a pas imposé de restrictions qui pourraient impacter l’agenda de la construction. La Compagnie travaille en étroite collaboration avec le BLM pour effectuer le suivi exigé et ne s’attend pas à ce que ça influence l’agenda général de la construction.
Nord du Nevada, sud de l’Oregon, tribus concernées par la dernière poursuite en justice.