Protect Thacker Pass
21 août 2023
Publié sur Censored News
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Photos ©Protect Thacker Pass

Les protecteurs, y compris des descendants des survivants du massacre de Thacker Pass de 1865, ont été poursuivis par Lithium Nevada Corporation pour avoir défendu un site sacré.

WINNEMUCCA, Nevada – Un groupe de sept protecteurs de l’eau, poursuivis par une compagnie minière pour avoir protesté pacifiquement contre la mine de lithium de Thacker Pass, dans le Nevada, ont demandé au Tribunal de l’État de rejeter la plainte.

Leur dossier, déposé vendredi, affirme que les protestataires exerçaient leurs droits selon le Premier Amendement de s’assembler pacifiquement.

« Alors qu’un site sacré est passé au bulldozer, des opposants non-violents sont criminalisés par une compagnie minière étrangère » dit l’avocat Terry Lodge, qui représente les prévenus. « Mes clients participaient à une protestation qui est clairement protégée par la Constitution des Etats-Unis. C’est de l’avidité commerciale et de l’intimidation. »

Des analystes disent que cette affaire est similaire à ce qu’on appelle une « Plainte Stratégique Contre la Participation du Public » ou SLAPP [Strategic Lawsuit Against Public Participation], qui a pour but de réduire au silence la liberté de parole et de protester protégés par la Constitution. Ça a pour but de bannir les protecteurs de l’eau de la zone et de les forcer à payer des dommages et intérêts.

La plainte a été déposée fin mai, après un mois de protestations non-violentes sur le site de la mine de lithium dans le nord du Nevada. Thacker Pass s’appelle Peehee Mu’huh en Paiute, et c’est un site sacré pour les tribus Autochtones de la région. C’est aussi l’habitat d’espèces sauvages menacées et en danger.

« Nos ancêtres se sont battus et sont morts pour la terre de Peehee Mu’huh, » dit Dean Barlese, un ancien et chef spirituel de la Tribu Paiute de Pyramid Lake, qui est parmi les prévenus dans l’affaire. « Nous avons agi pour les générations à venir, pour protéger Notre Mère la Terre. »

Le 12 septembre 1865, des soldats fédéraux ont assassiné 31 Paiutes, hommes, femmes et enfants à Thacker Pass, pendant la « Guerre du Serpent. »

Plusieurs prévenus sont des descendants de gens qui ont été tués en 1865, entre autres Dorece Sam, dont l’ancêtre Ox Sam a pu échapper à l’attaque de la cavalerie, à cheval à travers Thacker Pass.

« Nous sommes passés à l’action pour protéger la terre, l’air et l’eau pour nos générations futures » dit Dorece Sam, membre de la Tribu Paiute-Shoshone de Fort McDermitt, et dirigeante de l’Eglise Autochtones de l’état du Nevada. « Peehee Mu’huh fait partie de notre histoire et du futur de notre peuple. Mais à quoi ressemblera ce futur, maintenant ? »

Ce massacre et d’autres facteurs culturellement importants ont fait que la mine de Thacker Pass est extrêmement controversée dans la communauté Autochtone. Des douzaines de tribus se sont prononcées contre le projet, quatre sont allées en justice. Une des poursuites, entamée par la Colonie Indienne de Reno-Sparks, la Tribu Paiute de Summit Lake, et la Tribu Paiute de Burns au début de l’année, se bat toujours au tribunal pour bloquer la mine de Thacker Pass. Le Congrès National des Indiens d’Amérique a aussi passé plusieurs résolutions contre le projet.

Mais malgré les critiques incessantes, les poursuites en justice et le lobbying de tribus ainsi que de groupes écologistes, de fermiers, de la Société de Préservation Historique de l’Etat du Nevada et du Conseil Consultatif sur la Préservation Historique, la compagnie Lithium Nevada et le Bureau de Gestion du Territoire (BLM) ont refusé d’arrêter la construction ou de changer quel qu’aspect que ce soit de la mine de Thacker Pass.

En février, le BLM a reconnu Thacker Pass comme étant éligible pour le Registre National des Lieux Historiques comme « District Traditionnel Culturel », ou comme un paysage très important pour les tribus.

Mais le jour précédent, ils avaient émis l’engagement final pour Lithium Nevada, permettant à la multinationale canadienne de commencer les opérations de minières complètes.

Comme la construction de la mine commençait, les opposants n’avaient plus d’autres options que d’exercer leur droit de pétitionner le gouvernement en protestant pacifiquement, ce qui a conduit à la poursuite en justice.

Les prévenus sont accusés, dans la plainte, de Conspiration Civile, de Nuisance, d’Effraction, d’Interférence Délictuelle avec des Relations Contractuelles, d’Interférence Délictuelle avec un Avantage Economique Potentiel, et d’Enrichissement Injuste. Ces allégations sont alarmantes pour les communautés Autochtones du Grand Bassin qui croient que leurs pratiques religieuses sont protégées par la Loi sur la Liberté Religieuse des Amérindiens de 1978 [American Indian Religious Freedom Act]. Le langage de la plainte fait naitre la peur dans les cœurs des Autochtones qui veulent prier et visiter les sites funéraires de leurs ancêtres, et dans ceux des écologistes, des naturalistes et des défenseurs de l’environnement qui espèrent protéger l’habitat crucial de Thacker Pass de la destruction.

La requête déposée vendredi indique que la Corporation Lithium Nevada n’a pas fourni de preuve pour leurs allégations que les actions des opposants incluaient de la « violence » et constituaient une « conspiration ». Elle déclare aussi que les prévenus sont « axés sur les résultats » et ont protesté à Thacker Pass avec l’intention « d’influencer les lois et règlements du gouvernement. »

« Lithium Nevada, une corporation minière qui bénéficie de la violence utilisée pour conquérir les peuples Autochtones, essaie d’intimider des protestataires pacifiques qui s’opposent à la destruction de ce site de massacre » dit Will Falk, avocat et accusé dans cette affaire. « Les gens doivent comprendre que les compagnies de lithium – comme les compagnies de charbon ou d’or – utilisent des tactiques racistes et violentes pour intimider l’opposition. »

« C’est vraiment scandaleux que nous vivions dans une société dont la Cour Suprême a accordé des droits constitutionnels à des compagnies d’extraction de ressources, ce qui rend leurs activités destructrices complètement légale et virtuellement protégées du contrôle par Nous le Peuple. Même leur droit de nous poursuivre est un droit de personne morale » dit le prévenu Paul Cienfuegos, directeur fondateur des Droits de la Communauté des Etats-Unis.

Max Wilbert, un autre prévenu dans l’affaire, dit « Extraire du lithium pour des véhicules électriques et des batteries n’est pas vert, c’est ‘laver plus vert’. Ce n’est pas vert, c’est de l’avidité. » [En anglais, « green » opposé à « greed »]

Terry Lodge dit « Les opposants ont pris une position morale sous forme de désobéissance civile. Ils ont été injustement visés par des accusations qui n’ont pas grand-chose à voir avec la vérité, et nous les défendrons vigoureusement. »

Lithium Americas Corporations, la société mère de Lithium Nevada, est copropriétaire d’un projet à Jujuy, en Argentine, où les Autochtones organisent des manifestations de masse contre la saisie et la destruction de terres et d’eau pour du lithium, depuis plusieurs mois.

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Lithium Americas Corporation essaie de se distancer des violations des droits humains de son Projet « Cauchari Oloroz »

Par Max Wilbert
12 août 2023
Photos Susi Maresca
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Je m’appelle Max Wilbert, co-auteur de Bright Green Lies, fondateur de Protect Thacker Pass, et organisateur d’une communauté bio-centrée avec Deep Green Resistance. Cette lettre d’information se concentre sur la durabilité, le dépassement écologique et le ‘laver plus vert’. Si vous voulez me suivre, vous pouvez vous inscrire. Presque tout est gratuit, et les inscriptions payantes soutiennent mon travail.

Cet article a été publié dans The Nevada Independent aujourd’hui. Les photos ont été prises par Susi Maresca.

La récente couverture médiatique de la mine de lithium de Thacker Pass dans la presse du Nevada, néglige la controverse autour de ce projet.

Lithium Americas Corporation (LAC) fait face à quatre poursuites en justice, trois camps de protestation, des barrages non-violents et des critiques dans la presse, à propos des impacts sur des sites culturels sacrés, comme le site du massacre de Thacker Pass en 1865, la destruction de l’habitat de la vie sauvage et l’utilisation de 19 millions de litres d’eau par jour. Le Nevada n’a pas connu de telle controverse à propos d’une mine depuis le Mont Tenabo et les sœurs Dann.

[Les lecteurs de notre site savent déjà que moi-même, quatre protecteurs de l’eau Autochtones et deux alliés, ainsi que l’organisation que j’ai aidé à créer – Protect Thacker Pass – sont poursuivis par Lithium Americas Corporation.]

Mais ce que la plupart des lecteurs ne savent pas, c’est que l’opposition à laquelle Lithium Americas est confronté, n’existe pas seulement dans le Nevada. Son projet de lithium en Argentine (en copropriété avec la compagnie chinoise d’Etat Ganfeng Lithium) se heurte aussi à une opposition déterminée.

Depuis plus d’un mois, des protestations conduites par des femmes autochtones ont eu lieu près de la mine de Lithium Americas de Cauchari-Olaroz. Des autochtones Kolla et Guarani disent qu’un nouveau changement de la constitution « donne le pouvoir aux propriétaires privés de les chasser… dans un contexte de conflits qui augmentent à propos des droits sur le sol en ce qui concerne l’extraction de lithium par des multinationales. »

video en Espagnol

Amnesty International et une douzaine d’organisations des droits humains ont demandé la suspension de ces nouvelles lois, notant que la police avait attaqué les manifestants avec « un usage excessif de la force, utilisant indifféremment des balles en caoutchouc, du gaz lacrymogène et de la violence physique. » Malgré la violence, les communautés ont continué à s’organiser ; la semaine dernière, une caravane de protestation de milliers de gens est arrivée à Buenos Aires.

Dans un article récent de Mark Robinson dans le Reno Gazette-Journal, un représentant de la LAC, Tim Crowley, déclare qu’ « il ignore si la compagnie a eu des problèmes de manifestations dans d’autres pays. » Je suppose que c’est un mensonge – parmi beaucoup d’autres que Crowley et Lithium Americas répètent depuis des années. Minera Exar, la compagnie écran de Lithium Americas en Argentine, a été citée dans un rapport du Centre de Ressources pour les Affaires et les Droits Humains [Business and Human Rights Resource Center] sur les compagnies minières commettant des violations des droits humains.

Extrêmement soucieux de se distancer des problèmes gênants de droits humains, de protestations, de décès de travailleurs [2 à Jujuy – NdT] et de connexion avec la Chine, qui pourraient empêcher l’accès aux fonds gouvernementaux, Lithium Americas a décidé de se diviser en deux compagnies – l’une centrée sur l’Argentine, l’autre en Amérique du Nord. C’est le script des grandes compagnies : limiter la responsabilité et protéger les profits à tout prix.

Un chercheur Argentin a dit au Washington Post « C’est comme une plaisanterie… [les compagnies minières] pensent vraiment que les autochtones sont comme des pierres sur la route. S’il y a un problème, elles doivent le dégager d’un coup de pied. » L’article du Washington Post fait observer qu’un slogan peint à la main en Argentine dit « Nous ne mangeons pas de batteries. Elles prennent l’eau, et la vie disparait. »

Les gens d’ici devraient faire attention. Le Nevada est l’état le plus sec du pays et, selon la Division des Minéraux du Nevada, on estime qu’il y a 20127 demandes de permis miniers dans l’état au 30 avril de cette année.

Pendant ce temps, un article récent du magazine Time dit : « Il y a de bonnes raisons pour les communautés des Etats-Unis d’être sceptiques à propos de projets de mines … Il y a plus de 50 000 mines abandonnées rien que dans l’ouest des Etats-Unis, dont 80% doivent encore être assainies. »

Thacker Pass implique les mêmes risques. Pendant la conférence annuelle du Réseau d’Action Minière de l’Ouest, à Reno, l’an dernier, le Professeur H. Emmerman, un hydrologue indépendant, a appelé le plan de stockage des déchets toxiques de Lithium Americas « une créativité irresponsable » non basée sur la science, et il croit qu’il y a une possibilité importante soit d’une défaillance catastrophique (comme la catastrophe du Mont Polley, en Colombie Britannique) soit d’une fuite graduelle de polluants dans la nappe phréatique pour des milliers d’années.

Et qu’en est-il du changement climatique ? Alors que Lithium Americas prétend que le lithium est nécessaire pour remédier au changement climatique, sa mine va y contribuer directement avec des milliers de tonnes d’émissions de carbone et de polluants par an, dans une atmosphère déjà surchargée. Sans compter ce qui est déjà relâché maintenant, du fait que la compagnie déchire des buissons d’armoise anciens et la délicate terre de surface.

Les véhicules électriques sont peut-être moins destructifs pour le climat que les moteurs à combustion interne, mais ils ne sont certainement pas bons pour la planète. À mesure que les véhicules électriques sont plus gros, l’économie de carbone devient moindre. Une étude a trouvé que la prolifération de SUV ne « contribuerait probablement pas à réduire les émissions des véhicules » si le lithium et d’autres matériaux essentiels sont limités (ils le sont). Entretemps, Lithium Americas a signé un accord avec General Motors, qui produit le véhicule électrique Hummer, le plus grand de tous les véhicules électriques.

Toute réduction d’émission de gaz à effet de serre par les véhicules électriques ne sera qu’une petite goutte dans un seau. L’accroissement de la taille des véhicules et de tout le secteur automobile, signifie que les émissions de gaz carbonique par les transports vont probablement continuer à augmenter.

Un vol de territoire au niveau mondial est en train de se produire. L’extractivisme commence ou s’étend au Portugal, au Royaume-Uni, en Bolivie, au Chili, en Argentine, en Australie, au Tibet et en Chine. Tous ces projets causent des dégâts et les communautés se défendent. En Serbie, par exemple, une opposition massive a empêché Rio Tinto d’extraire du lithium dans l’une des vallées agricoles les plus productives du pays.

Ce n’est pas « vert » de détruire le territoire, que ce soit pour du charbon ou du lithium. Si on veut arrêter le réchauffement climatique, changer ce qu’il y a sous le capot de nos voitures n’est pas suffisant. Réduire les émissions et sauver notre planète implique de remettre en cause notre culture de consommation et de croissance.

C’est la nouvelle vérité inconfortable.

Il y a de l’argent sale derrière la transition verte

Par Max Wilbert
22 avril 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Je m’appelle Max Wilbert, co-auteur de Bright Green Lies, fondateur de Protéger Thacker Pass, et organisateur d’une communauté bio-centrée. J’utilise ce site pour partager des stratégies et explorer des domaines comme la durabilité, l’effondrement, l’empire, la résistance, l’activisme, le greenwashing [laver plus vert] et la justice. Merci de me lire.

Un criminel qui glisse quelques billets à un officier de police et repart libre. Un homme d’affaires qui achète un politicien avec une valise d’argent liquide. Nous concevons souvent la corruption dans ces termes évidents, et comme quelque chose qui se produit dans les pays pauvres, ailleurs.

Mais la corruption se présente souvent différemment.

Aux Etats-Unis, où je vis, la corruption est courante. Elle est aussi presque légale.

En fait, l’argent sale est devenu partie intégrante du tissus politique de notre nation. Ça a été normalisé, institutionalisé et même régulé. Et pourtant, les effets de cette corruption sont aussi insidieux et destructifs que les pots-de-vin les plus voyants.

La corruption est quelque chose de pourri dans notre système politique, et elle s’étend.

Cet article concerne la corruption américaine, mais l’histoire sera racontée en examinant une compagnie minière canadienne appelée Lithium Americas, qui travaille aux Etats-Unis par l’intermédiaire d’une succursale entièrement possédée par les Etats-Unis, Lithium Nevada Corporation.

Depuis deux ans et demi, je lutte contre Lithium Nevada pour l’empêcher de détruire Thacker Pass – un site crucial de biodiversité et un site sacré pour des Autochtones, site connu comme Peehee Mu’Huh dans la langue Paiute, qui se trouve dans le nord du Nevada, juste à côté de la frontière avec l’Oregon. Lithium Nevada, comme vous l’avez probablement deviné, veut transformer ce lieu en une mine de lithium à ciel ouvert.

C’est un lieu spécial. Thacker Pass abrite le tétra des armoises [sorte de sauge] en voie de disparition, l’antilope d’Amérique [seule et dernière représentante des antilocapridés], le cerf mulet et des aigles royaux. C’est un corridor de migration et un refuge climatique. C’est le bassin hydrologique des communautés locales et le site de deux massacres de Paiutes, dont celui du 12 septembre 1865, au cours duquel des soldats de l’Armée Américaine ont tué entre 30 et 50 hommes, femmes, enfants et vieillards, dans une attaque surprise à l’aube. Il a été reconnu par le Gouvernement Fédéral comme « District Culturel Traditionnel », un paysage d’une importance exceptionnelle pour l’histoire des Autochtones et leur identité culturelle.

Et en ce moment même, pendant que vous lisez ceci, c’est en train d’être détruit par une compagnie corrompue et un gouvernement corrompu. Des bulldozers roulent dessus, et des buissons de plusieurs siècles, des vestiges de milliers d’années et les vies de précieuses créatures du désert sont écrasés sous le métal.

Comment est-ce possible ? Comment, dans une démocratie où les gens ont le droit de protester, de se faire entendre, de commenter, de faire des pétitions, d’engager des poursuites en justice, comment est-il possible de voir un tel déni de justice ? Et, plus largement, comment est-il possible que notre système de gouvernement soit incapable de faire quelque chose face à la catastrophe écologique à laquelle nous sommes confrontés : la 6ème extinction de masse de la vie sur Terre ?

Une partie de la réponse est la corruption, que nous pouvons diviser en cinq catégories : le lobbying, la rédaction des lois, la politique de la « porte tournante », les contributions aux frais de campagnes, et la corruption de la communauté. Examinons-les l’une après l’autre, en utilisant Lithium Americas et Thacker Pass comme exemple.

Le lobbying : Comment les Grandes Compagnies y Gagnent un Accès Disproportionné Aux Élus

Le lobbying est fondé sur un principe simple : les officiels du gouvernement devraient écouter leurs électeurs.

Transparency International définit le lobbying comme « Toute activité entreprise pour influencer un gouvernement ou la politique et les décisions d’une institution en faveur d’une cause ou d’un résultat spécifique. »

« Même lorsqu’elles sont autorisées par la loi, » disent-ils, « ces actions peuvent devenir perturbatrices [nuisibles à la démocratie et la justice] si des niveaux d’influence hors de proportion existent – de la part de compagnies, d’associations, d’organisations et d’individus. »

Le lobbying d’aujourd’hui n’est pas la simple pratique de gens s’adressant à leurs élus. En fait, c’est une industrie à 3,73 milliards de dollars, étroitement régulée, dominée par des initiés et les plus grandes compagnies, mûrie par la corruption de la « porte tournante » et soutenue par au moins 3 ou 4 milliards de dollars de « lobbying de l’ombre » qui n’est ni régulé ni révélé au public de quelque manière que ce soit.

La régulation du lobbying est essentielle pour son propre fonctionnement en tant que méthode de corruption. Comme dit Ben Price, Directeur Organisationnel National au Fonds de Défense Juridique Environnementale de la Communauté, « la régulation n’est pas vraiment un moyen de réduire la corruption, mais plutôt, les règles légalisent la corruption en en définissant les limites au-delà desquelles elle ne serait plus permise. »

« Ce faisant, » ajoute-t-il, « le principal effet des règles est de protéger les dessous-de-table de la responsabilité légale en légalisant assez pour servir les buts des influenceurs législatifs des grandes compagnies. »

Comme la publicité, les grandes compagnies utilisent le lobbying parce que ça marche.

Des études ont montré que dépenser plus d’argent en lobbying et contributions aux campagnes électorales résultaient en des réductions immédiates d’impôts fédéraux, d’impôts d’état et en plus de contrats fédéraux. Une analyse, étudiant seulement les 200 compagnies les plus « actives politiquement », a découvert qu’elles avaient dépensé 58 milliards de dollars en lobbying auprès du gouvernement fédéral et en « contributions aux campagnes » entre 2007 et 2012, mais avaient reçu 4400 milliards en subventions fédérales, contrats, et autre soutien pendant la même période. C’est un retour sur investissement de 7580%.

Une autre étude a découvert un retour encore plus grand : « en moyenne, pour chaque dollar dépensé pour influencer la politique, les compagnies les plus actives politiquement ont reçu 760 dollars du gouvernement » – un profit de 76000%.

Les Grandes Compagnies Écrivent Nos Lois

Les grandes compagnies utilisent des lobbyistes parce que leur richesse leur permet d’avoir un accès disproportionné au gouvernement, ce qui signifie qu’ils peuvent établir des relations avec des politiciens et leurs équipes, influencer la politique, échanger des idées et même écrire la législation. Ils peuvent aussi corrompre des juges, comme le récent scandale autour de Clarence Thomas l’a montré. Mais ça va plus loin. Comme le note un rapport de la NPR [Radio Publique Nationale], « Il semble évident que les lobbyistes influencent la législation. Mais il est peut-être moins évident qu’ils écrivent souvent les lois – même mot à mot. »

Nos lois sont écrites par les grandes compagnies.

Ce n’est pas seulement un problème fédéral. Une enquête de USA Today de 2012 révéla que plus de 10 000 propositions de lois introduites dans les 50 états sur une période de 8 ans avaient été « presqu’entièrement copiées de textes écrits par des intérêts spéciaux. » Le rapport dit aussi que leur enquête avait détecté ces textes en utilisant des techniques automatisées, et que « le nombre réel est probablement bien plus élevé. »

Nos politiciens écrivent rarement des lois. En fait, les grandes entreprises et les lobbyistes écrivent des lois ; le Congrès vend les lois au public ; puis les lobbyistes paient leurs membres du Congrès en contributions à leurs campagnes, aux Comités d’Action Politique [Super PAC] et aux possibilités d’emplois dans la politique de la « porte tournante. »

La « Porte Tournante »

Un autre moyen de corruption devenu endémique dans le gouvernement de Etats-Unis est ce qu’on appelle la « porte tournante. »

La porte tournante fait référence à une pratique courante chez les employés des grandes compagnies, qui quittent leur emploi pour travailler au gouvernement, et vice versa. Il est tout à fait courant pour des employés du gouvernement et des élus de quitter ou terminer leurs mandats et d’obtenir immédiatement des emplois dans les industries qu’ils sont supposés réguler.

Pourquoi, demandez-vous ? L’Argent. Comme le dit un titre de presse « quand un membre du Congrès devient lobbyiste, il a, en moyenne, 1452% d’augmentation.

À l’occasion, on trouvera des histoires de lobbyistes que se sont fourvoyés dans la corruption pure et simple – Jack Abramoff, par exemple – mais ces histoires sont rares, pas parce que la corruption n’est pas courante, mais parce qu’il faut vraiment violer une loi en tant que compagnie : elle a écrit les lois. Et elle l’a fait délibérément pour rendre sa corruption et son influence sur les campagnes électorales légales.

Dès 2016, environ la moitié des Sénateurs et un tiers des Représentants sont devenus lobbyistes pour toucher leurs chèques. C’est aussi courant chez les Démocrates que chez les Républicains.

Les Activités de Lobby de Lithium Nevada Corp. (au moins celles que nous connaissons)

Lithium Nevada a dépensé au moins 310 000 dollars en lobbying depuis 2016, par l’intermédiaire d’une compagnie de lobby appelée Harbinger Strategies.

Harbinger est « une firme de premier plan pour le gouvernement fédéral et les affaires politiques » qui a été fondée par, et employé des ex aides au Congrès et opérateurs politiques Républicains de haut niveau. Ils sont parmi les principaux lobbyistes à Washington D.C.et ont gagné au total 10,9 millions de dollars en 2021, d’une liste de clients parmi lesquels se trouvaient l’industrie aérienne, les grandes banques et firmes d’investissements, des compagnies minières, de biotechnologie, le complexe militaro-industriel, Facebook, des services d’électricité, General Electric, et l’industrie du pétrole et du gaz.

« Nous utilisons notre expérience d’anciens membres éminents des équipes des Principaux Dirigeants au Congrès et de l’Exécutif pour placer nos clients à la table où les décisions sont prises, » écrivent-ils sur leur site. Ils ajoutent : « [Harbinger est] fondé sur la conviction que chaque client mérite un partenaire expert des questions législatives » – un « modèle de boutique » – qu’ils utilisent pour une raison simple : ça donne des résultats. »

Dans l’état du Nevada, Lithium Nevada Corporation a loué au moins 4 lobbyistes depuis 2017, de deux firmes : Argentum Partners, une firme de communications pour tous services stratégiques… avec une équipe de lobbyistes avides, énergiques et expérimentés, » et Ferrato Corporation, « une firme bipartisane pour tous services d’affaires publiques. »

En particulier, parmi les lobbyistes d’Argentum pour Lithium Nevada, on trouve Mike Draper, qui « était à la tête des relations et des affaires publiques pour la planification, l’autorisation, la construction et l’ouverture du Gazoduc Ruby, le plus grand gazoduc d’Amérique du Nord. » Des Tribus et des écologistes se sont farouchement battus contre le gazoduc Ruby en 2009 et 2010.

Contributions aux Campagnes Électorales

Une autre technique de légalisation de la corruption sont les « contributions aux campagnes », également nommées dons aux politiciens candidats.

Beaucoup de pays dans le monde ont mis des limites strictes à la somme d’argent que les gens peuvent donner aux candidats, ou ont même des campagnes politiques financées par le gouvernement, ce qui supprime presqu’entièrement l’influence de l’argent. Les Etats-Unis ne font pas partie de ces pays.

Les élus aux Etats-Unis ont désespérément besoin d’argent. Le Sénateur moyen doit trouver 14 000 dollars par jour, juste pour rester en place – et cela dès qu’il a été élu une fois. C’est aussi vrai pour les Démocrates que pour les Républicains, raison pour laquelle les grandes compagnies, directement ou par l’intermédiaire de leurs lobbyistes ou employés, misent généralement sur les deux en donnant aux deux partis politiques.

Par exemple, Jonathan Evans, PDG de Lithium Americas Corporation, a donné au moins 10 250 dollars aux candidats entre 2021 et 2022, parmi lesquels Catherine Cortez Mastow (Sénatrice Démocrate du Nevada) et Mark Amodei (Gouverneur Républicain du Nevada). George Ireland, Président de Lithium Americas, a donné au moins 19800 dollars à des candidats depuis 2011, dont 500 dollars pour la campagne de Trump et 6600 à John Hickenlooper. Les données de OpenSecret.org montrent que 7 autres employés, membres du Conseil d’Administration et parties associées ont donné au moins 10819 dollars de plus aux candidats entre 2018 et 2022.

Ces montants ne comprennent pas les contributions BEAUCOUP plus importantes, données par des employés et des membres de la famille de Harbinger Strategies, qui ont donné 392 842 dollars aux candidats pour la seule élection de 2020.

Beaucoup de ces gens donnent un montant équivalent à la limite légale, ce qui implique que si la limite était plus haute, ils donneraient plus – et peut-être essaieraient de trouver des moyens pour contourner les limites des contributions par l’intermédiaire des « Super PACs » et d’autres techniques d’argent caché.

Souvenez-vous que moins d’1,5% des Américains ont donné plus de 200 dollars aux candidats ou aux partis au cours de n’importe quelle année. C’est le domaine des riches.

Les Dessous de Table

L’argent de Lithium Americas est bien employé.

Dans ce qui semble être une contrepartie pour leur lobbying et leurs contributions aux campagnes, Lithium Americas Corporation a obtenu 8 637 357 dollars en réductions d’impôts de l’état du Nevada, entre autres un abattement partiel de taxes sur les ventes de 5 millions, un abattement de l’impôt sur la propriété de 3,3 millions et environ 225000 dollars d’abattements sur la taxe sur la masse salariale. Cet argent n’est plus disponible pour les écoles, la santé, les services sociaux, l’assistance aux petites entreprises, les programmes environnementaux, etc.

Par le Gouvernement Fédéral, Lithium Nevada a reçu un prêt du “Programme de Prêt pour la Fabrication de Véhicules à la Technologie Avancée » (ATVM) du Département de l’Energie, qui couvrira probablement « jusqu’à 75% des coûts de construction à Thacker Pass.

Ce programme de prêts offre des conditions extrêmement favorables équivalant à une subvention de 3 milliards de dollars US.

Selon une estimation très prudente, pour des dons de, disons, 400 000 dollars en lobbying et contributions des employés aux campagnes électorales, Lithium Americas peut espérer un retour sur investissement de 2100 % – et cela sans même considérer l’énorme valeur financière du prêt ATVM.

Corruption au niveau local

La corruption politique va souvent de pair avec la corruption au niveau local.

Le projet de Lithium Americas de détruire Thacker Pass a créé une sérieuse opposition dans la communauté de fermiers et ranchers des zones rurales les plus proches de Thacker Pass, parmi les habitants de la ville proche de Winnemucca, de la part de groupes écologistes préoccupés par les effets sur la vie sauvage, les plantes, l’air et l’eau, et parmi les Tribus Autochtones inquiètes pour leurs sites sacrés et culturellement importants, leurs animaux et leurs plantes médicinales.

La réaction était prévisible. Dans son livre Unearthing Justice : How to Protect Your Community From The Mining Industry, la militante anti-extractivisme Joan Kuyek décrit les mythes incessamment répétés par Lithium Americas et presque toutes les compagnies minières :

  • « La mine créera des centaines d’emplois et enrichira les gouvernements. »
  • « La mine peut enrichir les membres de la communauté et résoudre leurs problèmes sociaux et économiques. »
  • « Les techniques modernes assureront que la mine n’endommagera pas l’eau, l’air ou la vie sauvage. »

Quand ces mythes se révèlent faux, ils recourent à la corruption légalisée. À Thacker Pass, ça prend la forme d’un paiement par Lithium Americas d’une nouvelle école pour la communauté de Orovada, et la signature d’un accord avec un Membre d’un Conseil Tribal local pour la construction d’un centre culturel. Un membre de la tribu, mon amie Shelley Harjo, a répondu : « La promesse de quelques bâtiments et d’un centre culturel ne peuvent l’emporter sur la responsabilité que nous avons envers les ancêtres d’avant nous, ni nos obligations envers ceux encore à naître après nous. » Un autre dirigeant Tribal de la région dit des compagnies minières « Ils profitent de notre pauvreté. »

Cette pauvreté donne un puissant moyen de pression aux compagnies minières. Dans la communauté de Fort McDermitt, les rumeurs de corruption sont courantes.

L’Implication de Lithium America dans des Violations des Droits Humains Outremer

Lithium Americas a des relations d’affaires et personnelles qui recoupent celles de la compagnie Ganfeng Lithium (la plus grande compagnie de lithium au monde), propriété de l’Etat Chinois. En fait, Ganfeng et Lithium Americas sont copropriétaires d’une compagnie minière de lithium en Argentine, appelée Minera Exar.

Le projet minier de Minera Exar est situé dans les Andes, dans le « triangle du lithium », une région aride près des frontières du Chili et de la Bolivie. Au cours des années depuis lesquelles Minera Exar a des activités dans la région, elle a – comme d’autres compagnies d’extraction de lithium dans la même zone – été critiquée pour de graves violations des droits humains et de l’environnement.

Le Washington Post, en enquêtant sur ces violations, écrivit :

« Les compagnies minières ont extrait depuis des années des milliards de dollars de lithium de la région d’Atacama… Mais les Atacama pauvres n’ont pas vu beaucoup de ces richesses… une compagnie de lithium, une entreprise commune Canadienne-Chilienne appelée Minera Exar, a passé des accords avec six communautés aborigènes pour ouvrir une nouvelle mine. L’opération devrait rapporter environ 250 millions par ans en ventes, tandis que chaque communauté recevra un paiement annuel – de 9000 à 60000 dollars – pour des droits étendus sur la surface et l’eau.

L’article ajoute :

« Yolanda Cruz, une dirigeante du village en Argentine, dit qu’elle avait signé [les accords de bénéfices de la communauté avec Minera Exar], mais que maintenant, elle le regrette. À l’époque, elle appréciait la possibilité de créer des emplois pour son village. Mais maintenant, elle s’inquiète, ‘nous allons nous retrouver sans rien’, dit-elle. ‘Le fait est que les compagnies nous mentent – c’est la réalité. Et parfois nous nous contentons de ne rien dire’ dit-elle. ‘Nous ne disons rien mais nous serons ceux qui en pâtirons quand le temps aura passé.’ »

Pendant ce temps, Ganfeng Lithium a annoncé récemment des projets de mines pour les métaux de batteries dans la région de Xinjiang, en Chine, où le Gouvernement Chinois détient et emprisonnent des Ouïghours et d’autres Musulmans pour des travaux forcés et de l’endoctrinement dans des camps.

Gaspillage de Fonds Gouvernementaux

On nous dit que le principal objectif de l’extraction de lithium à Thacker Pass est de réduire l’émission de gaz à effets de serre. C’est un mensonge de plus, un nouveau type de laver plus vert pour les grandes compagnies, qui devient de plus en plus commun. En fait, de nombreuses analyses montrent qu’en réalité, les réductions d’émissions par le passage aux véhicules électriques sont mineures.

La production d’un seul véhicule électrique produit des émissions de gaz à effets de serre – en moyenne 9 tonnes. Cette moyenne s’élève à mesure que la taille des véhicules électriques augmente fortement. Plus ont produit de véhicules électriques, plus il y a d’émissions de gaz à effets de serre. Ainsi, alors que les véhicules électriques réduisent les émissions, comparés aux véhicules à essence, les plus gros véhicules électriques ne les réduisent pas beaucoup. Une analyse du Centre Interdisciplinaire Pour la Justice Environnementale dit que l’électrification des véhicules aux Etats-Unis ne réduira les émissions au niveau national que de 6%.

De plus, la production de lithium à Thacker Pass exigera 700 000 tonnes par an de produits du raffinement du pétrole – du souffre, peut-être largement fourni par les Sables Bitumineux d’Alberta. Tandis que Thacker Pass reçoit des milliards en subventions du gouvernement, les émissions de carbone continuent à augmenter.

Le militant écologiste Paul Hawken, autre exemple, ne met pas les véhicules électriques dans ses 10 meilleures solutions pour le climat. En fait, c’est la 24ème de sa liste, avec dix fois moins d’effet que de réduire le gaspillage alimentaire, près de six fois moins d’effet que l’élimination de l’utilisation de réfrigérants, qui sont de puissants gaz à effets de serre, et derrière des solutions comme la restauration des forêts tropicales (environ 5 fois plus efficace que les véhicules électriques) et la protection des tourbières (plus de 2 fois plus efficace).

La corruption et le gaspillage vont la main dans la main. Les données montrent clairement que si notre but est de réduire les émissions de gaz à effets de serre, donner des subventions pour la mine de lithium de Thacker Pass n’est pas un bon usage des fonds gouvernementaux. C’est du gaspillage.

Si on veut vraiment donner des fonds gouvernementaux pour arrêter efficacement le réchauffement climatique, donner de l’argent aux industries minières est exactement ce qu’il ne faut pas faire.

Plutôt, commencez par les droits des femmes, l’éducation des filles, et rendez disponibles la contraception et le planning familial. Commencez par des initiatives de relocalisation économique. Commencez par isoler les logements convenablement, ce qui pourrait avoir le plus grand effet immédiat sur l’impact du carbone. Commencez par des initiatives de réduction de la demande.

Cessez de gaspiller l’argent des contribuables en subventions pour des entreprises de destruction de la Terre, et commencez par des actions qui comptent vraiment.

La Banalité du Mal

La corruption de Lithium Americas me rappelle ce que la philosophe politique Hannah Arendt appelait « La Banalité du Mal. » À propos d’Eichmann, un officier Nazi qui fut l’un des principaux organisateurs de l’Holocauste, Arendt explique qu’Eichmann ne ressentait pas la culpabilité ; en fait, il n’avait jamais pensé que ce qu’il faisait pouvait être mal : « Il faisait son ‘devoir’… ; il n’obéissait pas seulement aux ordres, il obéissait aussi à la ‘loi’. »

[…]

Lithium Americas n’extermine pas les gens, ce n’est même pas la « pire » des compagnies minières. Ils peuvent même avoir agi entièrement dans les limites de la loi. Et pourtant, ils sont complices d’un génocide culturel, de la destruction écologique pour des gains personnels, et, ce qui pourrait être un crime encore plus grand contre le futur : faire passer pour verte et positive leur destruction, créant ainsi plus d’incitations financières et politiques pour d’avantage de cette folie.

Ils croient que ce qu’ils font est bien et ils « suivent les règles. »

Et Maintenant ?

La corruption à Thacker Pass n’est pas unique. Le lobbying, les contributions aux campagnes électorales, le ‘laver plus vert’, et les pots-de-vin à la communauté sont courants aux Etats-Unis et dans la plupart des pays du monde. Je crois qu’il est vraisemblable qu’il y ait encore plus de corruption dont nous ne savons rien. Peut-être qu’il y a vraiment des échanges de valises pleines de billets. Nous ne pouvons que faire des conjectures. Et, cet article n’a même pas commencé à parler de la complicité du gouvernement dans la violation des lois, la corruption et les violations éthiques à Thacker Pass – une histoire, par certains aspects, encore plus sordide.

Tout cela explique en partie pourquoi les analyses universitaires des Etats-Unis tendent à montrer la « domination de l’élite économique » plutôt qu’une vraie démocratie électorale ou du pluralisme. Les riches dirigent notre pays (et le reste du monde). Notre gouvernement est corrompu, les multinationales sont omniprésentes, et notre monde est détruit.

Pour beaucoup, la situation dans laquelle nous nous trouvons est paralysante. Que pouvons-nous faire face à cela ?

Quand j’ai commencé à protéger Thacker Pass et établi un camp de protestation sur le site où la mine doit être creusée, en plein hiver 2021, je n’avais pas d’illusions. Je savais que les tribunaux n’allaient pas nous sauver. Rappelez-vous, les lois ont été écrites par les grandes entreprises. Je savais que les commentaires publics ne marcheraient pas ; les règles sont écrites pour favoriser les intérêts des grandes entreprises. Je savais que le gouvernement ne serait d’aucune aide, vu que les politiciens sont pour la plupart achetés et payés. Je savais même que les façons standard de protester ne seraient probablement pas efficaces, vu les tactiques de répression et les stratégies de diviser-pour-régner qui ont été depuis des siècles celles des grandes entreprises et des colonisateurs.

En tant que société, nous nous trouvons au cœur de la 6ème extinction de masse, d’une catastrophe climatique et apparemment, d’un dépassement terminal. Et, comme mouvement écologiste, malgré notre action courageuse et inspirée, nous avons été insuffisants.

C’est pourquoi, depuis des années, j’appelle à une révolution écologique – une transformation fondamentale de la société – et m’organise pour faire qu’elle se produise.

Que vous pensiez que c’est nécessaire ou non, nous sommes tous d’accord sur le fait que ce que nous faisons ne marche pas. Je n’ai pas toutes les réponses. Mais je sais qu’il est temps d’aller plus loin.