Lithium Americas Corporation essaie de se distancer des violations des droits humains de son Projet « Cauchari Oloroz »
Par Max Wilbert
12 août 2023
Photos Susi Maresca
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Je m’appelle Max Wilbert, co-auteur de Bright Green Lies, fondateur de Protect Thacker Pass, et organisateur d’une communauté bio-centrée avec Deep Green Resistance. Cette lettre d’information se concentre sur la durabilité, le dépassement écologique et le ‘laver plus vert’. Si vous voulez me suivre, vous pouvez vous inscrire. Presque tout est gratuit, et les inscriptions payantes soutiennent mon travail.
Cet article a été publié dans The Nevada Independent aujourd’hui. Les photos ont été prises par Susi Maresca.
La récente couverture médiatique de la mine de lithium de Thacker Pass dans la presse du Nevada, néglige la controverse autour de ce projet.
Lithium Americas Corporation (LAC) fait face à quatre poursuites en justice, trois camps de protestation, des barrages non-violents et des critiques dans la presse, à propos des impacts sur des sites culturels sacrés, comme le site du massacre de Thacker Pass en 1865, la destruction de l’habitat de la vie sauvage et l’utilisation de 19 millions de litres d’eau par jour. Le Nevada n’a pas connu de telle controverse à propos d’une mine depuis le Mont Tenabo et les sœurs Dann.
[Les lecteurs de notre site savent déjà que moi-même, quatre protecteurs de l’eau Autochtones et deux alliés, ainsi que l’organisation que j’ai aidé à créer – Protect Thacker Pass – sont poursuivis par Lithium Americas Corporation.]
Mais ce que la plupart des lecteurs ne savent pas, c’est que l’opposition à laquelle Lithium Americas est confronté, n’existe pas seulement dans le Nevada. Son projet de lithium en Argentine (en copropriété avec la compagnie chinoise d’Etat Ganfeng Lithium) se heurte aussi à une opposition déterminée.
Depuis plus d’un mois, des protestations conduites par des femmes autochtones ont eu lieu près de la mine de Lithium Americas de Cauchari-Olaroz. Des autochtones Kolla et Guarani disent qu’un nouveau changement de la constitution « donne le pouvoir aux propriétaires privés de les chasser… dans un contexte de conflits qui augmentent à propos des droits sur le sol en ce qui concerne l’extraction de lithium par des multinationales. »
video en Espagnol
Amnesty International et une douzaine d’organisations des droits humains ont demandé la suspension de ces nouvelles lois, notant que la police avait attaqué les manifestants avec « un usage excessif de la force, utilisant indifféremment des balles en caoutchouc, du gaz lacrymogène et de la violence physique. » Malgré la violence, les communautés ont continué à s’organiser ; la semaine dernière, une caravane de protestation de milliers de gens est arrivée à Buenos Aires.
Dans un article récent de Mark Robinson dans le Reno Gazette-Journal, un représentant de la LAC, Tim Crowley, déclare qu’ « il ignore si la compagnie a eu des problèmes de manifestations dans d’autres pays. » Je suppose que c’est un mensonge – parmi beaucoup d’autres que Crowley et Lithium Americas répètent depuis des années. Minera Exar, la compagnie écran de Lithium Americas en Argentine, a été citée dans un rapport du Centre de Ressources pour les Affaires et les Droits Humains [Business and Human Rights Resource Center] sur les compagnies minières commettant des violations des droits humains.
Extrêmement soucieux de se distancer des problèmes gênants de droits humains, de protestations, de décès de travailleurs [2 à Jujuy – NdT] et de connexion avec la Chine, qui pourraient empêcher l’accès aux fonds gouvernementaux, Lithium Americas a décidé de se diviser en deux compagnies – l’une centrée sur l’Argentine, l’autre en Amérique du Nord. C’est le script des grandes compagnies : limiter la responsabilité et protéger les profits à tout prix.
Un chercheur Argentin a dit au Washington Post « C’est comme une plaisanterie… [les compagnies minières] pensent vraiment que les autochtones sont comme des pierres sur la route. S’il y a un problème, elles doivent le dégager d’un coup de pied. » L’article du Washington Post fait observer qu’un slogan peint à la main en Argentine dit « Nous ne mangeons pas de batteries. Elles prennent l’eau, et la vie disparait. »
Les gens d’ici devraient faire attention. Le Nevada est l’état le plus sec du pays et, selon la Division des Minéraux du Nevada, on estime qu’il y a 20127 demandes de permis miniers dans l’état au 30 avril de cette année.
Pendant ce temps, un article récent du magazine Time dit : « Il y a de bonnes raisons pour les communautés des Etats-Unis d’être sceptiques à propos de projets de mines … Il y a plus de 50 000 mines abandonnées rien que dans l’ouest des Etats-Unis, dont 80% doivent encore être assainies. »
Thacker Pass implique les mêmes risques. Pendant la conférence annuelle du Réseau d’Action Minière de l’Ouest, à Reno, l’an dernier, le Professeur H. Emmerman, un hydrologue indépendant, a appelé le plan de stockage des déchets toxiques de Lithium Americas « une créativité irresponsable » non basée sur la science, et il croit qu’il y a une possibilité importante soit d’une défaillance catastrophique (comme la catastrophe du Mont Polley, en Colombie Britannique) soit d’une fuite graduelle de polluants dans la nappe phréatique pour des milliers d’années.
Et qu’en est-il du changement climatique ? Alors que Lithium Americas prétend que le lithium est nécessaire pour remédier au changement climatique, sa mine va y contribuer directement avec des milliers de tonnes d’émissions de carbone et de polluants par an, dans une atmosphère déjà surchargée. Sans compter ce qui est déjà relâché maintenant, du fait que la compagnie déchire des buissons d’armoise anciens et la délicate terre de surface.
Les véhicules électriques sont peut-être moins destructifs pour le climat que les moteurs à combustion interne, mais ils ne sont certainement pas bons pour la planète. À mesure que les véhicules électriques sont plus gros, l’économie de carbone devient moindre. Une étude a trouvé que la prolifération de SUV ne « contribuerait probablement pas à réduire les émissions des véhicules » si le lithium et d’autres matériaux essentiels sont limités (ils le sont). Entretemps, Lithium Americas a signé un accord avec General Motors, qui produit le véhicule électrique Hummer, le plus grand de tous les véhicules électriques.
Toute réduction d’émission de gaz à effet de serre par les véhicules électriques ne sera qu’une petite goutte dans un seau. L’accroissement de la taille des véhicules et de tout le secteur automobile, signifie que les émissions de gaz carbonique par les transports vont probablement continuer à augmenter.
Un vol de territoire au niveau mondial est en train de se produire. L’extractivisme commence ou s’étend au Portugal, au Royaume-Uni, en Bolivie, au Chili, en Argentine, en Australie, au Tibet et en Chine. Tous ces projets causent des dégâts et les communautés se défendent. En Serbie, par exemple, une opposition massive a empêché Rio Tinto d’extraire du lithium dans l’une des vallées agricoles les plus productives du pays.
Ce n’est pas « vert » de détruire le territoire, que ce soit pour du charbon ou du lithium. Si on veut arrêter le réchauffement climatique, changer ce qu’il y a sous le capot de nos voitures n’est pas suffisant. Réduire les émissions et sauver notre planète implique de remettre en cause notre culture de consommation et de croissance.
C’est la nouvelle vérité inconfortable.
UNE PRIÈRE CONTRE LA DESTRUCTION DE LA TERRE
Une action directe conduite par des Autochtones, a bloqué la construction à la mine de lithium de Thacker Pass
Par Max Wilbert
30 avril 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Mardi [25-4-2023], j’ai participé à une action directe non-violente, conduite par des Autochtones et fondée sur la prière à Peehee Mu’huh, Thacker Pass.
Après avoir tout essayé – de poursuites en justice à des pressions sur le Bureau de Gestion du Territoire et à supplier la première Secrétaire de l’Intérieur Autochtone jamais nommée, Deb Haaland, de venir écouter leurs inquiétudes – des Paiutes ont été forcés de s’engager dans l’action directe.
Commençant à l’aube, nous sommes entrés sur le site de la mine de lithium de Thacker Pass, avons passé un point de contrôle et des stocks d’équipements, et bloqué les engins lourds avec nos corps. Cette action n’a arrêté la construction que pour une journée. Mais c’est un début susciter une résistance plus large à la mine de lithium de Thacker Pass.
Je ne l’avais pas prévu, mais j’ai fini par monter sur une excavatrice pendant l’action. Personne n’a appelé la police, et comme nous croyons que Lithium Nevada ne veut pas en faire une scène, j’ai décidé d’en faire un maximum.
L’action a été couverte par Last Real Indians (faites savoir à Matt Remle de LRI, que j’ai connu étant enfant qui a grandi à Seattle) :
(©article et photos Max Wilbert)
LA CONSTRUCTION D’UNE MINE DE LITHIUM À THACKER PASS, NEVADA, BLOQUÉE PAR UNE ACTION DIRECTE
Par Ken Cosentino
26 avril 2023
Mardi 25 avril, un groupe de protestataires a dérangé avec succès le projet de mine de lithium à Thacker Pass dans le Nevada. Parmi les membres du groupe, il y avait Dean Barlese, un Ancien de la Réserve Paiute-Shoshone de Pyramid Lake, qui nous a dit « Nous devons résister pour nos ancêtres, ils ont donné leurs vies, ils ont répandu leur sang en combattant pour de territoire. »
Si vous cherchez « Thacker Pass » sur Wikipédia, vous vous apercevrez qu’il n’y a pas d’article pour ce site d’héritage culturel important. Il y a cependant, une page fort bien tenue pour la « Mine de Lithium de Thacker Pass. » Il semble évident que les narrations autour de Thacker Pass sont dominées et contrôlées par des forces clandestines ; qui ont enterré l’importance culturelle de ce site géographique encore plus profondément que les os brisés de ceux qui y ont été massacrés.
Heureusement, un groupe d’activistes connu sous le nom de Protect Thacker Pass ont consciencieusement fait la chronique de leur opposition à l’opération de mine de lithium.
Selon leur site, « Thacker Pass est un trait physique du Comté de Humboldt, dans le Nevada, faisant partie de McDermott Caldera, à environ 95 km au nord-ouest de Winnemucca. Ça a été formé il y a plus de 16 millions d’années, c’est un territoire non cédé appartenant à des Paiutes et des Shoshones, et c’est une terre publique du Bureau de Gestion du Territoire (BLM). Le nom Paiute traditionnel de Thacker Pass est PeeHee Mu’huh, ce qui veut dire ‘lune pourrie’. Maintenant, c’est également le site projeté pour une énorme mine de lithium, qui détruirait la zone et le précieux habitat des créatures qui y vivent. »
Dorece Sam, membre de la Tribu Paiute-Shoshone de Fort McDermitt, a publié la déclaration suivante : « Hier, nous et nos alliés avons effectué une prière Paiute et Shoshone pacifique à PeeHee Mu’huh. Nous avons prié de la même façon que nos ancêtres dont les esprits et les restes sont à PeeHee Mu’huh. En tant que membre de la Tribu de Fort McDermitt et femme traditionnelle Paiute, je résiste avec, et soutiens, nos tribus parentes, comme la Tribu Paiute de Burns, la Colonie Indienne de Reno-Sparks, et la Tribu Paiute de Summit Lake, qui combattent cette mine destructrice à nos côtés. Malheureusement, le Conseil Tribal de Fort McDermitt NE REPRESENTE PAS les intérêts de la communauté de Fort McDermitt et son appartenance Tribale sur cette question. »
À propos de la dernière phrase de la déclaration de Sam, Lithium Americas Corp. a publié la réaction suivante, après les évènements d’hier : « Nous avons entendu dire qu’une poignée de manifestants étaient présent aujourd’hui sur le site du projet. Lithium Americas a toujours cherché à communiquer de façon constructive avec ses voisins sur des solutions de bon sens qui apportent un succès partagé, et nous sommes heureux d’avoir le soutien de la Tribu Shoshone et Paiute de Fort McDermitt toute proche. »
Quiconque a fait attention à l’extraction de lithium dans la forêt Amazonienne connait la destruction que ce genre d’opérations entraine sur le terrain, et en conséquence sur les populations Autochtones.
Selon la Colonie Indienne de Reno-Sparks, le projet de mine de lithium à Thacker Pass « a été autorisé sans aucune consultation des tribus Autochtones. En fait, la plupart des tribus de la région – y compris nous – ne savaient rien du projet de mine jusqu’à ce que la Déclaration Finale d’Impact Environnemental soit publiée et le Compte-rendu de Décision signé, le 15 janvier 2021. »
Au plus fort de la pandémie de COVID, alors que les réserves du Nevada étaient encore confinées, le Bureau de Gestion du Territoire a « accéléré » le processus de permis, délivrant un permis pour le projet en moins d’un an.
Thacker Pass, qui se trouve dans le cratère d’un super volcan éteint (le McDermitt Caldera), est spirituellement important pour les tribus Autochtones du Nevada, entre autres : les Paiutes du Nord, les Shoshones, les Paiutes du Sud et les Washoe.
La mine est un projet de Lithium Nevada, LLC ; une branche entièrement propriété de Lithium Americas Corp, une compagnie canadienne dont le principal actionnaire est la plus grande compagnie de lithium du monde, l’entreprise chinoise Ganfeng Lithium. »
Bucky Harjo (Paiute – Shoshone) dit « En tant que parent, j’en viens quelques fois aux larmes quand j’entend nos enfants jouer et rire toute la journée ; avec le mode de vie de nos nations, nous apprenons et nos enfants apprennent, mais pour nos grands-parents et nos arrière-grands-parents, il y a eu beaucoup de souffrance… et maintenant, nous voyons à nouveau cette souffrance, quand les multinationales minières empiètent à nouveau sur notre souveraineté, nos traditions, nos droits selon les traités et nos droits religieux. Ce moment sacré du matin a été un remède puissant et ces voix devraient toujours être entendues et non réduites au silence, ça fait partie de ce que nous devons protéger, l’harmonie à Thacker Pass, PeeHee Mu’Huh. »
Thacker Pass a été le lieu de deux massacres. Il y a beaucoup de documentation sur le deuxième, qui s’est produit pendant la Guerre du Serpent, le 12 septembre 1865, lorsque des soldats du gouvernement ont massacré [au moins] 31 hommes, femmes et enfants de la tribu Paiute. Des fragments d’os et d’autres reliques sont dispersés dans la zone prévue pour la mine, selon l’avocat de Protect Thacker Pass Will Falk.
D’après la Colonie Indienne de Reno-Sparks, le premier massacre, « qui a donné le nom Paiute de PeeHee Mu’huh (‘lune pourrie’), était un conflit intertribal, avec une autre tribu de l’ouest. » Ça avait été commis par les Indiens de Pit River du nord de la Californie et de l’Oregon.
Le BLM a, comme par hasard, ignoré ce qui est mentionné ci-dessus et qui dit que les sites éligibles pour entrer au Registre National de Lieux Historiques sont dans les limites de la zone d’extraction du lithium.
La Colonie Indienne de Reno-Sparks a été rejointe dans son opposition par la Tribu Paiute de Burns, le Congrès National des Indiens Américains, le Conseil intertribal du Nevada, la Tribu Paiute de Pyramid Lake, la Tribu Paiute de Summit Lake, un rancher local nommé Ed Bartell, Protect Thacker Pass et « un groupe communautaire composé essentiellement de membres de la Tribu Paiute-Shoshone de Fort McDermitt et de Gens de Red Mountain (Atsa Koodakuh wyh Nuwu). »
Lithium Americas Corp. est sous contrat pour vendre le lithium de Thacker Pass à General Motors pour leurs véhicules électriques. Tandis que les politiciens et les grandes compagnies affirment que les véhicules électriques sont un moyen sûr pour ralentir le changement climatique, l’évidence prouve le contraire. L’extraction de lithium pour des batteries est aussi destructrice pour l’environnement que l’extraction de charbon. Thacker Pass se trouve au-dessus de ce qui pourrait être le plus grand gisement de lithium de Turtle Island, et des milliardaires avides se lèchent les babines à l’idée de pouvoir extraire du lithium de Thacker Pass dès 2026.
Max Wilbert, de Protect Thacker Pass, dit : « Passer une montagne sacrée au bulldozer n’est pas ‘vert’. C’est une grave erreur de sacrifier la biodiversité et des sites culturels par cupidité et pour des voitures de luxe. »
Par Max Wilbert
17 février 2023
Également publié par Censored News
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Pour les lieux cités, voir carte en bas de l’article
RENO, Nevada – Trois tribus Amérindiennes ont déposé une nouvelle plainte contre le Gouvernement Fédéral à propos d’un projet de mine de lithium à Thacker Pass de la compagnie Lithium Nevada Corporation. C’est la dernière action en date de ce qui est maintenant une lutte de deux ans contre l’extractivisme, le ‘laver plus vert’ et pour les terres sacrées du Nord du Nevada.
La plainte, déposée par la Colonie Indienne de Reno-Sparks, la Tribu Paiute de Burns et la Tribu Paiute de Summit Lake à la Cour de District Fédérale jeudi soir, comprend trois principales allégations.
Premièrement, les tribus affirment que le Bureau de Gestion du Territoire (BLM) a gardé secrètes des informations cruciales du Bureau de Préservation Historique de l’état du Nevada et a menti sur la portée de la consultation tribale afin de s’assurer un acquiescement légal sur les propriétés historiques de Thacker Pass.
Deuxièmement, les tribus affirment que Lithium Nevada, avec la complicité du BLM, a menti sur l’abandon d’une série de vieux permis pour des activités minières à Thacker Pass. De plus, les tribus disent que le BLM, sans notifier les tribus ou le public, a étendu des dizaines de fois les autorisations de permis précédents, permettant à Lithium Nevada d’entreprendre des activités préliminaires à la construction d’une mine, qui endommagent les propriétés culturelles traditionnelles de Thacker Pass.
Troisièmement, la plainte avance que le BLM a menti sur une consultation avec les Tribus avant de publier leur Rapport de Décision et que l’agence a continuellement refusé d’admettre les faits historiques oraux et écrits présentés par les Tribus, concernant le caractère sacré et l’importance culturelle de Thacker Pass.
Au total, la plainte affirme que le BLM a violé la Loi sur la Politique Fédérale du Territoire, la Loi Nationale sur la Préservation Historique et la Loi de Politique Nationale Environnementale, et est aussi coupable de Rupture de Contrat.
Cette plainte vient juste une semaine après que la Juge Miranda Du ait tranché largement en faveur de Lithium Nevada et du BLM, dans une affaire précédente concernant des plaintes déposées en 2021 par des groupes environnementaux, un rancher local, et deux tribus Amérindiennes (la Colonie Indienne de Reno-Sparks et la Tribu Paiute de Burns).
Cependant, cette affaire ne portait que sur le évènements et les informations d’avant le 15 janvier 2021, jour où le BLM a publié son Rapport de Décision (ROD) – principal permis fédéral – pour le projet de mine de lithium de Thacker Pass. Les plaintes des tribus ont été restreintes par cette limite, qui a empêché des preuves cruciales d’être entendues – preuves qui figurent intégralement dans la nouvelle plainte.
La nouvelle plainte est renforcée par la participation de la Tribu Paiute de Summit Lake, une des Tribus que le BLM prétend avoir consultée avant de publier son Rapport de Décision. Summit Lake et les deux autres tribus que le BLM prétend avoir consultées (la Colonie Indienne de Winnemucca et la Tribu Paiute-Shoshone de Fort McDermitt) contestent l’assertion du BLM qu’une quelconque consultation ait eu lieu. (La Colonie Indienne de Winnemucca avait déposé pour intervenir dans l’affaire précédente, mais avait été empêchée d’y prendre part par la Juge Du, pour avoir cherché à intervenir trop tard.)
Les trois tribus considèrent Thacker Pass, ‘Peehee Mu’Huh’ en Paiute, comme sacré et comme site culturel important qui est utilisé pour cueillir des plantes comestibles et médicinales, chasser et pêcher, tenir des cérémonies, camper, et pour le mode de vie quotidien des Paiutes et Shoshones. Beaucoup d’histoires orales, transmises de génération en génération parmi les communautés Autochtones de la région, en disent long sur l’importance de cette zone.
Thacker Pass est aussi le site de deux massacres de Paiutes – l’un qui s’est produit avant la colonisation, au cours d’un raid intertribal, et le second qui a eu lieu le 12 septembre 1865, au cours duquel des troupes fédérales ont massacré entre 31 et 50 Paiutes, hommes, femmes et enfants, dans une attaque-surprise à l’aube.
Une grande partie de cette histoire a été rassemblée pour la première fois dans un rapport ethnologique extensif commandé par la Colonie Indienne de Reno-Sparks et la Tribu Paiute de Summit Lake, et intitulé « Thacker Pass/Peehee Mu’Huh : Un Monument Vivant à l’Histoire et la Culture Numu. » Les tribus ont soumis ce rapport au Département de l’Intérieur le 3 février dernier, dans le cadre d’une demande de placer le site du massacre de 1865 et tout Thacker Pass, que les tribus appellent le « District Culturel Traditionnel de Thacker Pass, dans le Registre National des Lieux Historiques. (Numu est le nom que se donnent les Paiutes du Nord.)
Arlan Melendez, Président de la Colonie Indienne de Reno-Sparks :
« Quand la décision sur l’affaire précédente a été rendue publique, la semaine dernière, nous avons dit que nous continuerions à défendre notre site sacré PeeHee Mu’Huh. Un lieu où, avant la colonisation, tous nos ancêtres Paiutes et Shoshones vivaient depuis d’innombrables générations. Et à cet endroit même, ils ont été massacrés (et jamais inhumés convenablement pour reposer) par la Cavalerie des Etats-Unis. C’est un lieu où tous les Paiutes Shoshones continuent à prier, cueillir des plantes médicinales et comestibles, à honorer nos parents non-humains, à honorer notre eau, à honorer notre mode de vie, à honorer nos ancêtres.
Nous avons un contentieux avec la plus grande mine de lithium du pays et l’expansion de plus de 40 autres concessions de lithium envisagées pour l’état du Nevada. Ils auraient dû le notifier aux Tribus plus tôt. La procédure d’attribution de permis pour Thacker Pass n’a pas été faite correctement. Le BLM prétend avoir le droit de décider à son gré qui informer et qui consulter. Ils n’ont contacté que 3 des 22 tribus qui ont des liens importants avec Thacker Pass.
L’une des premières actions du Gouvernement Biden, lorsqu’il est entré en fonctions, a été de rendre prioritaire ‘la consultation régulière, significative et solide’ avec les Tribus. Ça ne s’est pas produit pour Thacker Pass, et il faut que le Gouvernement Fédéral corrige cela. Notre histoire, notre culture, notre peuple et nos sites sacrés doivent être protégés. »
Diane Teeman, Directrice du Département de la Culture & de l’Héritage, Présidente du Conseil Tribal, Tribu Paiute de Burns :
« Thacker Pass est connu comme un lieu spirituellement puissant, à cause de la présence des dépouilles d’Ancêtres tribaux et de leurs esprits. Notre histoire orale Paiute nous dis que nous, les Paiutes, vivons dans cette région depuis avant la formation des Montagnes Cascade. Notre peuple suit les lois tribales traditionnelles non-écrites et une philosophie de la vie qui exige que nous respections toutes les autres choses vivantes, entre autres les plantes, les animaux, les minéraux, etc. Nos voies traditionnelles demandent que nous vivions en réciprocité avec toutes les autres choses et ne nous mettions jamais, en tant que faibles humains, au-dessus des autres. Pour cette raison, notre loi tribale traditionnelle non-écrite exige que nous fassions tout ce qui est en notre pouvoir pour les protéger. Seule la Tribu et ses membres peuvent parler de l’importance d’une région pour la Tribu. »
Will Falk, avocat représentant la Colonie Indienne de Reno-Sparks et la Tribu Paiute de Summit Lake :
« Le BLM a accéléré son étude du Projet de Mine de Lithium de Thacker Pass et a été si vite qu’il a commis plusieurs erreurs, entre autres ne pas avoir cité le site du massacre du 12 septembre 1865, bien qu’il soit en possession de descriptions de ce massacre dans ses propres fichiers du Bureau Général du Territoire. Les Tribus ont notifié au BLM l’importance culturelle, spirituelle et historique de Thacker Pass, mais le BLM continue à refuser d’admettre ces informations. Le fait que le BLM n’ait pas reconnu les informations que les Tribus ont fournies sur l’importance de Thacker Pass n’a pas été pris en compte par le tribunal lors de la précédente affaire. Le BLM a commis plusieurs violations de la loi fédérale depuis la première plainte déposée en 2021. Mes clients et moi-même attendons de pouvoir dénoncer les artifices que le BLM a employé contre les Tribus pour le Projet de Thacker Pass. »
Michon Eben, Agent de la Préservation Historique Tribale de la Colonie Indienne de Reno-Sparks :
« L’une des responsabilités du Gouvernement Fédéral est de déterminer si un projet de mine peut affecter négativement des propriétés historiques. Les propriétés historiques incluent les sites de massacres d’Amérindiens. Le BLM a failli à sa responsabilité envers les tribus et maintenant le lieu de repos final de nos ancêtres est en train d’être détruit à Peehee Mu’Huh. Comment se fait-il que, quand les tombes de nos ancêtres sont menacées, c’est du ‘business as usual’ ? Nous exigeons le respect mutuel pour nos parents morts et leur lieu de repos éternel. Le BLM et les archéologues non-Autochtones n’ont pas les connaissances pour déterminer si une propriété a une importance religieuse ou culturelle pour une tribu. Les tribus Amérindiennes sont les experts spécifiques de notre culture et Peehee Mu’Huh/Thacker Pass est important pour les tribus de la région et pour l’Histoire Américaine. »
Shelley Harjo, Membre de la Tribu de Fort McDermitt :
« Sommes-nous prêts à sacrifier des sites sacrés, notre santé et l’équilibre interne pour des gains économiques à court terme, alors que des compagnies gigantesques créent une richesse incommensurable, épuisent les ressources et laissent nos générations futures supporter le désordre que la mine de Thacker Pass laisserait derrière elle ? Je ne croirai jamais que ce soit la meilleure méthode pour une vie plus verte et beaucoup d’autres Autochtones dans notre région ne le croient pas non plus. Mes parents âgés qui sont allés pêcher ou cueillir des plantes médicinales à Thacker Pass ont été suivis et harcelés par la sécurité privée de Lithium Nevada, et disent maintenant qu’ils ne se sentent plus en sécurité dans leur propre terre ancestrale. C’est une tactique brutale inacceptable contre des femmes âgées par une compagnie minière étrangère qui n’a rien à faire ici. »
Max Wilbert, Protect Thacker Pass :
« Le réchauffement climatique est un problème sérieux et nous ne pouvons pas continuer à brûler des carburants fossiles, mais détruire des montagnes pour du lithium est aussi désastreux que détruire des montagnes pour du charbon. Vous ne pouvez pas faire sauter une montagne et dire que c’est ‘vert’. »
Le projet de mine de Thacker Pass est devenu emblématique de ce que les critiques appellent une transition précipitée vers « l’énergie verte » qui reproduit beaucoup des problèmes posés par l’industrie des carburants fossiles, qui conduisent à des dommages environnementaux énormes et frappent les communautés en première ligne. Les opposants de Thacker Pass disent qu’ils ne défendent pas les carburants fossiles, mais sont en faveur de la protection de la Terre. Lithium Nevada affirme que sa mine de lithium sera essentielle pour produire des batteries pour combattre le réchauffement climatique, et le gouvernement Biden avait déjà montré un certain soutien pour Thacker Pass. Les opposants au projet appellent cela « laver plus vert », et soulignent que le projet affecterait un habitat important pour la vie sauvage et créerai une pollution importante, entre autres des gaz à effet de serre. Ils disent que les voitures électriques sont dangereuses pour la planète et qu’une approche différente est nécessaire pour faire face à la crise climatique.
General Motors a récemment passé un accord d’écoulement avec Lithium Americas, la compagnie mère de Lithium Nevada, pour acheter pour 650 millions de dollars d’actions et acheter le lithium produit à Thacker Pass. Des médias ont déclaré que l’accord dépendait des résultats de la poursuite en justice précédente. Pour le moment, il n’est pas clair quel sera l’effet de la nouvelle plainte sur l’accord de General Motors.
En plus d’un projet de mine de lithium dans le Nevada, sur le Site d’un massacre de Païutes, des Anciens et des personnes handicapées ont été expulsé de chez eux, dans la Colonie Indienne de Winnemucca, en plein hiver. Ils n’ont nulle part où aller. Il avait d’abord été supposé que ces expulsions avaient lieu dans le cadre du projet de mine de lithium, mais pour l’instant, le lien n’a pas été démontré.
Christine Prat
Des Paiutes et des Shoshone ont été expulsés de chez eux en plein hiver, par un conseil tribal controversé, alors que beaucoup n’ont nulle part où aller. Kyle Missourii a reçu une décharge de taser et a été arrêté quand il a essayé de rentrer chez lui, et il est maintenant en prison.
Par Brenda Norrell
Censored News
Mis à jour le 17 décembre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
WINNEMUCCA INDIAN COLONY, Nevada – Au cours d’une action particulièrement cruelle en hiver, le Conseil Tribal de Winnemucca a expulsé des Anciens Paiute et Shoshone de chez eux sans jugement, et a banni les gens de chez eux alors qu’ils n’ont nulle part où aller, dans le nord du Nevada. Les maisons et les possessions des Anciens ont été brûlées et démolies et les services coupés, selon des avocats.
« Ils vivent dans des motels, juste avant Noël, ça nous brise le cœur » dit Kyle Missourii, qui a été arrêté et tasé alors qu’il retournait chez lui, où il a grandi, dans une maison que possède sa grand-mère de 88 ans. Kyle est actuellement en prison.
La Cour Tribal de Winnemucca a tranché en faveur du Conseil Tribal controversé, sans donner aux Anciens ni aux autres résidents le bénéfice d’un procès. La Cour Tribal a ordonné que la plupart des Anciens et autres résidents quittent le vendredi 9 décembre leurs maisons, où ils vivent depuis des décennies, disent les avocats.
L’Ancien Paiute J.J. Ayer dit : « Je suis issu de sept générations d’Autochtones qui ont vécu dans la Colonie Indienne de Winnemucca. C’est mauvais de toutes manières, la plupart d’entre nous sont invalides ou âgés, sans autre foyer qu’ici, et maintenant nous sommes bannis de notre territoire. »
Les Anciens Paiute et Shoshone disent que le Conseil Tribal, dirigé par une Présidente qui ne vit pas là et a fourni des éléments incohérents affirmant être Autochtone, a fait venir une entreprise de démolition de Kingman, en Arizona, pour détruire leurs maisons.
Neweneen Sokopa Camp dit que Kyle Missourii, un résident, avait été arrêté et tasé arbitrairement en essayant de rentrer chez lui, dans la maison de sa grand-mère où il a grandi. Sa grand-mère de 88 ans vivait là depuis 40 ans.
« Il a été arrêté en rentrant chez lui, après avoir découvert que la maison de sa grand-mère avait été barricadée. »
« C’est illégal et dégoutant. Judy Rojo et son conseil bidon n’ont pas le droit d’effectuer des expulsions, encore moins d’arrêter quelqu’un pour rentrer où il a vécu depuis des générations » dit Neweneen Sokopa Camp.
Maison de la grand-mère de Kyle Missourii
Avant son arrestation, Missourii dit : « Je viens de recevoir des nouvelles aujourd’hui, qui me mettent dans une colère extrême. Ils ont de la chance que je ne sois pas à la maison en ce moment, pour des raisons familiales, mais j’y retourne demain et ils ne m’empêcheront pas d’aller à la maison de ma famille. »
« Ils commettent un crime en murant la maison de ma grand-mère sans son consentement. C’est sa résidence principale et elle est propriétaire de la maison. Ils empêchent nos ordures d’être ramassées et notre courrier d’être délivré. Quand je serai à la maison, j’enlèverai les planches et je porterai plainte officiellement. »
Au cours d’une interview à la radio, Missourii, qui vit ici depuis plus de 30 ans, dit qu’il n’avait même jamais rencontré Judy Rojo, la personne qui se fait passer pour la présidente tribale, et qui se trouve vivre en Californie. Missourii dit que les dirigeants tribaux actuels refusent de prouver qu’ils sont Autochtones.
Missourii dit qu’en même temps, ils font pression pour imposer le projet de mine de lithium à Thacker Pass, site d’un massacre de Paiutes.*
« Ça en revient toujours à l’argent » dit Missourii à la Radio Final Straw cette semaine. Il dit que la mine de lithium amènerait un camp masculin, un camp pour les travailleurs, dans la région, ce qui entrainera des violences sexuelles contre les femmes Autochtones et encore plus d’Autochtones disparus ou assassinés.
Plus tôt, Missourii avait dit que les Autochtones n’étaient pas contrôlés et manipulés par l’argent.
« La Terre prend soin de nous, et nous prenons soin d’elle. »
Missourii dit que la plupart des expulsés sont handicapés et vivent de la sécurité sociale, ou ce sont des familles avec de jeunes enfants. Dans certains cas, les possessions des gens avaient été jetées au sol.
La police du Bureau des Affaires Indiennes (BIA) empêche les gens d’aller à leurs maisons. Les Anciens sont maintenant forcés de loger dans des hôtels, ce qui est trop cher.
Avant d’être tasé et arrêté, Missourii avait écrit :
« Alors, j’ai essayé d’imaginer ce qui serait la meilleure façon d’exprimer ce qui se passe actuellement. Comme je l’avais indiqué dans le passé, les Résidents de la Colonie Indienne de Winnemucca sont engagés dans une bataille légale contre des gens qui ne sont pas de l’état [du Nevada], prétendant être des Autochtones, mais qui ont refusé d’en donner des preuves au cours de toute la bataille légale.
« Ils prétendent que les résidents sont des intrus, qu’ils n’appartiennent pas à la Colonie et ils nous disent de retourner dans notre propre réserve. J’ai le sentiment qu’une personne Autochtone n’emploierait jamais de tels mots pour s’adresser à une autre. Ça me rappelle la phrase d’un raciste disant à quelqu’un d’autre de retourner dans son pays. Ce faux Conseil a utilisé des fonds fédéraux habituellement utilisés pour aider les Autochtones à se construire une vie meilleure, mais là, ces fonds ont été utilisés pour détruire et harceler des résidents âgés.
« Ils prétendent que les résidents sont des intrus, qu’ils n’appartiennent pas à la Colonie et ils nous disent de retourner dans notre propre réserve. J’ai le sentiment qu’une personne Autochtone n’emploierait jamais de tels mots pour s’adresser à une autre. Ça me rappelle la phrase d’un raciste disant à quelqu’un d’autre de retourner dans son pays. Ce faux Conseil a utilisé des fonds fédéraux habituellement utilisés pour aider les Autochtones à se construire une vie meilleure, mais là, ces fonds ont été utilisés pour détruire et harceler des résidents âgés.
« Maintenant, ils ont un ordre de la Cour disant que les résidents d’ici doivent être partis le vendredi 9 décembre à 16h, et que si nous ne sommes pas partis, nous sommes menacés d’arrestation.
« Ils nous ont aussi imposé une amende de 100 dollars par jour, depuis décembre ça fait en gros 36 000 dollars, et un bannissement de 10 ans de la Colonie. Beaucoup de membres sont âgés et n’ont nulle part où aller, certains ne survivent que de la sécurité sociale et s’occupent de jeunes enfants. C’est l’époque de l’année où les gens se préparent pour les vacances et pour passer du temps avec leurs proches.
« Les résidents sont effrayés et se demandent ce qu’il va arriver. Une vie construite ici depuis des décennies est menacée par des gens qui ne montrent aucun respect pour les droits humains. C’est un cas de Colonisation. Ce sont des non-Autochtones qui chassent des Autochtones d’un territoire Autochtone. Je refuse d’abandonner et je continuerai ce combat, même si ça me conduit en prison pour un moment, pour avoir combattu pour rester chez moi, où j’ai été élevé dans une maison pour laquelle ma grand-mère a travaillé des années pour la payer […].
« Je suis un des derniers enfants qu’elle a logés et je ne partirai pas, quelque soient les conséquences. […]»
La Cour d’Appel Intertribale a entendu l’affaire jeudi pour stopper les expulsions
Le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau dit : « Jeudi 15 décembre 2022, le conseil a discuté d’un gel d’urgence des ordres d’expulsion et de bannissement, en plus d’une demande officielle de visiter le site, demandant que les juges visitent la Colonie pour voir eux-mêmes les conditions difficiles auxquelles sont confrontés les Anciens et les autres Résidents.
[…]
Tandis que les Anciens avaient l’ordre de quitter leurs maisons, une motion d’urgence pour geler l’ordre et un appel ont été déposé au tribunal. Ils ont été déposés par Sandra Freeman, avocate membre du Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau, représentant l’Ancien J.J. Ayer, et les motions et appel ont également été déposés par les Services Légaux du Nevada pour les résidents et les Anciens qu’ils représentent.
La Cour d’Appel Intertribale du Nevada n’avait pas encore communiqué de décision vendredi 16.
* Pour le moment, il ne semble pas que les expulsions aient un lien avec le projet de mine de lithium.
Sandra Freeman, pour le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau, Alexandra Rawlings, Avocate pour les Services Légaux du Nevada, le Projet Légal Autochtone et le Projet des Travailleurs Agricoles ont fait une déclaration :
Vendredi 2 décembre 2022, la Cour Tribale de Winnemucca a expulsé des Anciens et d’autres Résidents (certains non représentés) sans procès, a banni plusieurs personnes, et décidé en faveur du Conseil Tribal actuel controversé, sans accorder aux Anciens et aux Résidents le bénéfice d’un procès. La Cour Tribale a ordonné à la plupart des Anciens et Résidents de quitter les maisons où ils vivent depuis des décennies, vendredi 9 décembre 2022. Une motion d’urgence de gel et un appel ont été déposés par Sandra Freeman, pour le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau (WPLC), représentant l’Ancien J.J. Ayer et des motions de gel et d’appel ont été déposés par Les Services Légaux du Nevada (NLS) pour les Anciens et Résidents qu’ils représentent.
[…]
En quelques heures, durant l’audience du 9 décembre, le BIA et les agents de sécurité/construction de l’entreprise ont érigé une clôture de barbelés et barricadé l’entrée de la Colonie. Les Anciens et les Résidents (même ceux qui n’ont pas eu d’ordre d’expulsion ou de bannissement) et le public, doivent maintenant passer par un contrôle de sécurité militaire pour entrer dans la Colonie, et tous sont confrontés à la répression de la liberté d’expression et à des restrictions de la liberté d’association sur ordre de la sécurité privée. Des Anciens handicapés restés dans leurs maisons n’ont pas accès à l’aide médicale, ou à la livraison de repas, parce qu’il est interdit au public d’entrer, et la liberté de mouvement est limitée. La situation évolue rapidement et des aides juridiques supplémentaires sont nécessaires pour les Résidents non-représentés qui ont été expulsés/bannis sans jugement, et pour s’occuper des violations continuelles des droits civils des Anciens, des Résidents et des gens qui les soutiennent.
Par Shelley Barjo
Commentaire Nevada Current
Publié sur Censored News
Le 17 août 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Le projet de mine de lithium à Thacker Pass sera la pire profanation et le viol d’un site connu de massacre d’Autochtones dans notre région. Je crois que l’absence d’opposition des élus officiels de la Tribu Paiute-Shoshone de Fort McDermitt est une sérieuse injustice envers notre peuple.
Je ne peux pas ne pas réagir quand Lithium Nevada, une compagnie Canadienne, et des politiciens comme le Gouverneur Steve Sisolak, entreprennent, de façon concertée, de convaincre le public que le soutient complaisant actuel de la Tribu de Fort McDermitt pour la mine de lithium à ciel ouvert de Thacker Pass implique que la plupart des membres de la Tribu et d’autres Autochtones approuvent. Comme d’autres membres de tribus, je m’oppose à la profanation de Thacker Pass. À mon avis, ça va changer ce qui reste de mes terres ancestrales en une zone de sacrifice pour des batteries de voitures électriques. Mes terres ancestrales ne s’arrêtent pas à la limite de la réserve et je refuse de simplement voir les membres de la tribu être les pions du service de relations publiques de Lithium Nevada.
Malgré les tentatives de Lithium Nevada de dépeindre une bonne relation de voisinage avec les Autochtones en incluant des membres tribaux de Fort McDermitt dans la cérémonie d’inauguration du Centre de Développement Technique du Lithium, la réalité est bien différente. Cette mine dresse les membres de la tribu les uns contre les autres. Nations Tribales contre Nations Tribales. Des membres d’une même famille, des amis de longue date et de jeunes adultes doivent choisir un côté – pour ou contre la mine – sur la base de la propagande de viabilité économique, pour une des Tribus les plus pauvres du Nevada.
Le fait que les grandes compagnies puissent détruire le peu qui nous reste de notre histoire sur le dos de nos générations futures, avec une façade de stabilité économique, est inexcusable !
Lithium Nevada et le Bureau d’Aménagement du Territoire (BLM) affirment avoir consulté les trois tribus les plus proches (La tribu Paiute et Shoshone de Fort McDermitt, la tribu Paiute de Summit Lake, et la Colonie Indienne de Winnemucca), avant de publier le permis fédéral, le 15 janvier 2021. En avril 2021, les trois tribus ont envoyé des courriers au BLM disant qu’aucune consultation n’avait jamais eu lieu.
En fait, ma tribu, la Tribu Paiute et Shoshone de Fort McDermitt, a écrit au BLM en mai 2021 que sa décision détruisait des terres et des ressources culturelles sacrées pour Fort McDermitt, vu que la mine de Thacker Pass « a été développée et approuvée sans aucune contribution tribale ni consultation de gouvernement à gouvernement… » Ils ont aussi écrit que le projet de disposer de ressources culturelles Amérindiennes à Thacker Pass ne « reflétait en aucune manière les valeurs Tribales que nous avons de nos ressources culturelles, historiques et religieuses dans la zone de Thacker Pass, maintenant destinées à être effacées et détruites – avec l’approbation du BLM – par le Projet de Lithium Nevada. »
La Colonie Indienne de Winnemucca a été plus directe et a écrit : « Nous nous inquiétons de ce que [le projet officiel du gouvernement pour la ressource culturelle de Thacker Pass] déclare qu’une consultation a eu lieu avec la Colonie Indienne de Winnemucca début 2017 et continue à ce jour. Je crois que ce n’est pas vrai, et que le BLM n’a PAS consulté la Colonie Indienne de Winnemucca en ce qui concerne ce projet. »
En plus de Fort McDermitt, Summit Lake et la Colonie Indienne de Winnemucca, la Tribu Paiute de Burnes, la Tribu Paiute de Pyramid Lake, et la Colonie Indienne de Reno-Sparks ont aussi envoyé des lettres questionnant le BLM sur le manque de consultation tribale pour la mine de Thacker Pass.
Quand le BLM et Lithium Nevada ont refusé de ralentir le projet pour qu’une vraie consultation tribale puisse avoir lieu, en juillet 2021, la Colonie Indienne de Reno-Sparks et la Tribu Paiute de Burns ont porté plainte. En février 2022, la Colonie Indienne de Reno-Sparks et la Tribu Paiute de Burns ont été rejointes au tribunal par la Colonie Indienne de Winnemucca. Pour information, six tribus du Nevada se sont officiellement plaintes de ce que le BLM n’avait pas consulté les tribus à propos de Thacker Pass. Ça inclut ma chère Tribu Paiute Shoshone de Fort McDermitt. Bien qu’elle n’ait pas formellement exprimé son opposition, les membres désapprouvent aussi.
Le public doit comprendre à quel point ça peut être effrayant pour les tribus. Nous nous souvenons des atrocités commises par le gouvernement américain contre nous tous aussi – y compris des services gouvernementaux comme le BLM !
Il faut savoir que toutes les tribus n’ont pas la chance d’avoir une équipe de politiciens ou administrateurs professionnels, mais la plupart du temps, ce sont des membres de la communauté qui se sentent concernés et essaient simplement de faire ce qu’il y a de mieux pour leurs communautés respectives. Combattre des projets fédéraux comme la mine de Thacker Pass peut coûter cher et exiger beaucoup de travail des conseils tribaux, spécialement si ces conseils tribaux sont responsables de la gestion des affaires gouvernementales courantes de la réserve. La loi américaine ne donne pas aux tribus de droit de consentement sur des projets sur des terres publiques. Elle ne leur donne qu’un droit de consultation.
Ainsi, même quand les services du gouvernement « consultent » les tribus, ces services ne sont pas obligés de suivre les recommandations des tribus, en particulier sur des questions Autochtones importantes comme la préservation historique et des sites sacrés. Et parce que les protections légales américaines pour les sites sacrés Amérindiens sont si faibles, beaucoup de conseils tribaux se demandent : « Quel est l’intérêt de forcer les agences gouvernementales à nous écouter, alors qu’elles n’ont pas à satisfaire nos demandes ? »
Malgré l’appauvrissement que nous vivons dans les réserves, beaucoup d’entre nous, comme l’ont fait nos ancêtres massacrés avant nous, continuent de résister à l’expansion des mines sur nos terres traditionnelles, parce que nous savons que les mines polluent l’air, l’eau et le sol, et tuent des membres des tribus par des cancers. Les mines détruisent aussi des non-humains, y compris certains des nos frères et sœurs les plus sacrés comme l’aigle doré et le Tétras des armoises.
‘Symbolisme de la pire espèce’
Pour beaucoup d’entre nous, Peuples Autochtones, la destruction de la terre qui nous donne la vie, à nous et à nos générations à naître longtemps après les mines, est l’une des plus grandes atrocités des temps modernes commises contre nous. Je crois que, pour quelques maigres coups de pouce financiers, les compagnies soient prêtes à faire des milliards de la destruction de notre terre, est inacceptable et injuste !
Les tentatives de Lithium Nevada de dépeindre mon conseil tribal comme représentant tous les Autochtones est du symbolisme de la pire espèce. Il est important que les non-Autochtone comprennent que les réserves et les conseils tribaux sont des pures inventions du gouvernement américain. Les réserves ont été créées pour déporter les Autochtones sur les terres les moins désirées économiquement, alors que de plus en plus de colons arrivaient. Les conseils tribaux ont été créés par le gouvernement américain dans une tentative de fabrication d’une légitimité pour le vol systématique des terres Autochtones par le gouvernement. Avant les années 1860, il n’y avait pas d’entités comme la Tribu Paiute et Shoshone de Fort McDermitt ni de réserve de Fort McDermitt – en ces temps-là, les Autochtones n’avaient pas de frontières.
Notre histoire orale nous parle du massacre de Thacker Pass du 12 septembre 1865, et nous dit que c’est le lieu de dernier repos pour jusqu’à 70 de mes ancêtres qui ont été massacrés par des soldats fédéraux, dans le cadre de ce que les historiens appellent la Guerre du Serpent. La Guerre du Serpent a été combattue entre 1864 et 1868 par des Autochtones de la région, entre autres Paiutes et Shoshone, contre des colons et surtout des prospecteurs qui envahissaient nos terres. La Guerre du Serpent a été la plus sanglante des soi-disant « Guerres Indiennes » menées par le gouvernement américain à l’ouest du Mississippi.
Ainsi, les descendants de ceux qui ont été massacrés à Thacker Pass vivent maintenant un peu partout dans l’ouest des Etats-Unis et sont adoptés comme membres de dizaines de tribus. Alors que la tribu de Fort McDermitt comprend les descendants de ceux qui ont été tués au cours du massacre de Thacker Pass, et des descendants de ceux qui vivaient dans la région depuis des temps immémoriaux, beaucoup de ces descendants sont membres d’autres tribus disséminées dans ce grand pays. Ça inclut des membres de tribus comme la Colonie Indienne de Reno-Sparks, la Tribu Paiute de Burns, et la Colonie Indienne de Winnemucca – qui ont toutes attaqué la légalité du projet de Thacker Pass dans un tribunal fédéral.
Certains membres de tribus peuvent ne pas connaître leurs ancêtres de cette époque. Cependant, beaucoup savent toujours. Mon histoire n’est peut-être pas connue de mon voisin, et je peux ne pas connaitre leur histoire, mais c’est parce que notre histoire, en tant qu’Autochtones, a été transmise de génération en génération et de famille à famille par des histoires orales. Ce qui peut être écrit dans les livres d’histoire comme « Histoire Américaine » n’inclut pas toujours toute la vérité, mais plutôt ce qui peut être corroboré par les colons blancs ou ces « historiens » pourvus de diplômes universitaires. C’est généralement orienté et unilatéral.
Ne vous laissez pas abuser par les tactiques publicitaires de Lithium Nevada aujourd’hui. Ma réserve est pauvre et a désespérément besoin d’opportunités économiques. Beaucoup de membres de la tribu sont forcés de choisir de travailler dans les mines parce qu’ils n’ont pas d’autres options. De plus, beaucoup quittent la réserve pour trouver leurs propres solutions permanentes pour leurs familles.
Ainsi, le simple fait que la tribu de Fort McDermitt cherche des solutions économiques auprès de Lithium Nevada, ne signifie pas que la plupart des Autochtones soutiennent la profanation de Thacker Pass. Ça ne signifie même pas que la majorité des membres tribaux de Fort McDermitt la soutiennent. Tout ce que ça signifie, c’est que le conseil tribal actuel de Fort McDermitt est prêt, peut-être inconsciemment, à sacrifier la santé de la terre pour quelques emplois temporaires pour quelques membres de la tribu.
La promesse de quelques bâtiments et d’un centre culturel ne peut pas remplacer la responsabilité que nous avons vis-à-vis de nos ancêtres ni notre obligation envers ceux à naitre après nous. La pauvreté qui règne à Fort McDermitt pourrait rendre difficile de blâmer mon conseil tribal, mais si vous y réfléchissez bien, sacrifier la terre pour un peu d’argent est exactement comment nous en sommes arrivés à l’état environnemental dans lequel nous vivons actuellement.
Sommes-nous prêts à sacrifier des sites sacrés, la santé et l’équilibre interne pour des gains économiques à court terme, pendant que des compagnies géantes créent une richesse incommensurable, épuise les ressources et laisse nos générations futures supporter le désordre que la mine de Thacker Pass laisserait derrière elle ? Je ne croirai jamais que c’est le meilleur moyen de vivre plus vert, et beaucoup d’autres Autochtones dans notre région ne le croient pas non plus. Creuser la mine à ciel ouvert de Thacker Pass sur une terre sacrée ouvrira beaucoup de portes à encore plus de destruction de notre Mère la Terre.
Shelley Harjo
Shelley Harjo est membre de la Tribu Paiute Shoshone de Fort McDermitt, née et élevée dans la réserve. Elle vit actuellement à Reno et est mère de 5 enfants et fière grand-mère de deux petits-enfants. Ses enfants sont aussi membres de la tribu Paiute Shoshone de Fort McDermitt.