En plus d’un projet de mine de lithium dans le Nevada, sur le Site d’un massacre de Païutes, des Anciens et des personnes handicapées ont été expulsé de chez eux, dans la Colonie Indienne de Winnemucca, en plein hiver. Ils n’ont nulle part où aller. Il avait d’abord été supposé que ces expulsions avaient lieu dans le cadre du projet de mine de lithium, mais pour l’instant, le lien n’a pas été démontré.
Christine Prat
Des Paiutes et des Shoshone ont été expulsés de chez eux en plein hiver, par un conseil tribal controversé, alors que beaucoup n’ont nulle part où aller. Kyle Missourii a reçu une décharge de taser et a été arrêté quand il a essayé de rentrer chez lui, et il est maintenant en prison.
Par Brenda Norrell
Censored News
Mis à jour le 17 décembre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
WINNEMUCCA INDIAN COLONY, Nevada – Au cours d’une action particulièrement cruelle en hiver, le Conseil Tribal de Winnemucca a expulsé des Anciens Paiute et Shoshone de chez eux sans jugement, et a banni les gens de chez eux alors qu’ils n’ont nulle part où aller, dans le nord du Nevada. Les maisons et les possessions des Anciens ont été brûlées et démolies et les services coupés, selon des avocats.
« Ils vivent dans des motels, juste avant Noël, ça nous brise le cœur » dit Kyle Missourii, qui a été arrêté et tasé alors qu’il retournait chez lui, où il a grandi, dans une maison que possède sa grand-mère de 88 ans. Kyle est actuellement en prison.
La Cour Tribal de Winnemucca a tranché en faveur du Conseil Tribal controversé, sans donner aux Anciens ni aux autres résidents le bénéfice d’un procès. La Cour Tribal a ordonné que la plupart des Anciens et autres résidents quittent le vendredi 9 décembre leurs maisons, où ils vivent depuis des décennies, disent les avocats.
L’Ancien Paiute J.J. Ayer dit : « Je suis issu de sept générations d’Autochtones qui ont vécu dans la Colonie Indienne de Winnemucca. C’est mauvais de toutes manières, la plupart d’entre nous sont invalides ou âgés, sans autre foyer qu’ici, et maintenant nous sommes bannis de notre territoire. »
Les Anciens Paiute et Shoshone disent que le Conseil Tribal, dirigé par une Présidente qui ne vit pas là et a fourni des éléments incohérents affirmant être Autochtone, a fait venir une entreprise de démolition de Kingman, en Arizona, pour détruire leurs maisons.
Neweneen Sokopa Camp dit que Kyle Missourii, un résident, avait été arrêté et tasé arbitrairement en essayant de rentrer chez lui, dans la maison de sa grand-mère où il a grandi. Sa grand-mère de 88 ans vivait là depuis 40 ans.
« Il a été arrêté en rentrant chez lui, après avoir découvert que la maison de sa grand-mère avait été barricadée. »
« C’est illégal et dégoutant. Judy Rojo et son conseil bidon n’ont pas le droit d’effectuer des expulsions, encore moins d’arrêter quelqu’un pour rentrer où il a vécu depuis des générations » dit Neweneen Sokopa Camp.
Maison de la grand-mère de Kyle Missourii
Avant son arrestation, Missourii dit : « Je viens de recevoir des nouvelles aujourd’hui, qui me mettent dans une colère extrême. Ils ont de la chance que je ne sois pas à la maison en ce moment, pour des raisons familiales, mais j’y retourne demain et ils ne m’empêcheront pas d’aller à la maison de ma famille. »
« Ils commettent un crime en murant la maison de ma grand-mère sans son consentement. C’est sa résidence principale et elle est propriétaire de la maison. Ils empêchent nos ordures d’être ramassées et notre courrier d’être délivré. Quand je serai à la maison, j’enlèverai les planches et je porterai plainte officiellement. »
Au cours d’une interview à la radio, Missourii, qui vit ici depuis plus de 30 ans, dit qu’il n’avait même jamais rencontré Judy Rojo, la personne qui se fait passer pour la présidente tribale, et qui se trouve vivre en Californie. Missourii dit que les dirigeants tribaux actuels refusent de prouver qu’ils sont Autochtones.
Missourii dit qu’en même temps, ils font pression pour imposer le projet de mine de lithium à Thacker Pass, site d’un massacre de Paiutes.*
« Ça en revient toujours à l’argent » dit Missourii à la Radio Final Straw cette semaine. Il dit que la mine de lithium amènerait un camp masculin, un camp pour les travailleurs, dans la région, ce qui entrainera des violences sexuelles contre les femmes Autochtones et encore plus d’Autochtones disparus ou assassinés.
Plus tôt, Missourii avait dit que les Autochtones n’étaient pas contrôlés et manipulés par l’argent.
« La Terre prend soin de nous, et nous prenons soin d’elle. »
Missourii dit que la plupart des expulsés sont handicapés et vivent de la sécurité sociale, ou ce sont des familles avec de jeunes enfants. Dans certains cas, les possessions des gens avaient été jetées au sol.
La police du Bureau des Affaires Indiennes (BIA) empêche les gens d’aller à leurs maisons. Les Anciens sont maintenant forcés de loger dans des hôtels, ce qui est trop cher.
Avant d’être tasé et arrêté, Missourii avait écrit :
« Alors, j’ai essayé d’imaginer ce qui serait la meilleure façon d’exprimer ce qui se passe actuellement. Comme je l’avais indiqué dans le passé, les Résidents de la Colonie Indienne de Winnemucca sont engagés dans une bataille légale contre des gens qui ne sont pas de l’état [du Nevada], prétendant être des Autochtones, mais qui ont refusé d’en donner des preuves au cours de toute la bataille légale.
« Ils prétendent que les résidents sont des intrus, qu’ils n’appartiennent pas à la Colonie et ils nous disent de retourner dans notre propre réserve. J’ai le sentiment qu’une personne Autochtone n’emploierait jamais de tels mots pour s’adresser à une autre. Ça me rappelle la phrase d’un raciste disant à quelqu’un d’autre de retourner dans son pays. Ce faux Conseil a utilisé des fonds fédéraux habituellement utilisés pour aider les Autochtones à se construire une vie meilleure, mais là, ces fonds ont été utilisés pour détruire et harceler des résidents âgés.
« Ils prétendent que les résidents sont des intrus, qu’ils n’appartiennent pas à la Colonie et ils nous disent de retourner dans notre propre réserve. J’ai le sentiment qu’une personne Autochtone n’emploierait jamais de tels mots pour s’adresser à une autre. Ça me rappelle la phrase d’un raciste disant à quelqu’un d’autre de retourner dans son pays. Ce faux Conseil a utilisé des fonds fédéraux habituellement utilisés pour aider les Autochtones à se construire une vie meilleure, mais là, ces fonds ont été utilisés pour détruire et harceler des résidents âgés.
« Maintenant, ils ont un ordre de la Cour disant que les résidents d’ici doivent être partis le vendredi 9 décembre à 16h, et que si nous ne sommes pas partis, nous sommes menacés d’arrestation.
« Ils nous ont aussi imposé une amende de 100 dollars par jour, depuis décembre ça fait en gros 36 000 dollars, et un bannissement de 10 ans de la Colonie. Beaucoup de membres sont âgés et n’ont nulle part où aller, certains ne survivent que de la sécurité sociale et s’occupent de jeunes enfants. C’est l’époque de l’année où les gens se préparent pour les vacances et pour passer du temps avec leurs proches.
« Les résidents sont effrayés et se demandent ce qu’il va arriver. Une vie construite ici depuis des décennies est menacée par des gens qui ne montrent aucun respect pour les droits humains. C’est un cas de Colonisation. Ce sont des non-Autochtones qui chassent des Autochtones d’un territoire Autochtone. Je refuse d’abandonner et je continuerai ce combat, même si ça me conduit en prison pour un moment, pour avoir combattu pour rester chez moi, où j’ai été élevé dans une maison pour laquelle ma grand-mère a travaillé des années pour la payer […].
« Je suis un des derniers enfants qu’elle a logés et je ne partirai pas, quelque soient les conséquences. […]»
La Cour d’Appel Intertribale a entendu l’affaire jeudi pour stopper les expulsions
Le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau dit : « Jeudi 15 décembre 2022, le conseil a discuté d’un gel d’urgence des ordres d’expulsion et de bannissement, en plus d’une demande officielle de visiter le site, demandant que les juges visitent la Colonie pour voir eux-mêmes les conditions difficiles auxquelles sont confrontés les Anciens et les autres Résidents.
[…]
Tandis que les Anciens avaient l’ordre de quitter leurs maisons, une motion d’urgence pour geler l’ordre et un appel ont été déposé au tribunal. Ils ont été déposés par Sandra Freeman, avocate membre du Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau, représentant l’Ancien J.J. Ayer, et les motions et appel ont également été déposés par les Services Légaux du Nevada pour les résidents et les Anciens qu’ils représentent.
La Cour d’Appel Intertribale du Nevada n’avait pas encore communiqué de décision vendredi 16.
* Pour le moment, il ne semble pas que les expulsions aient un lien avec le projet de mine de lithium.
Sandra Freeman, pour le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau, Alexandra Rawlings, Avocate pour les Services Légaux du Nevada, le Projet Légal Autochtone et le Projet des Travailleurs Agricoles ont fait une déclaration :
Vendredi 2 décembre 2022, la Cour Tribale de Winnemucca a expulsé des Anciens et d’autres Résidents (certains non représentés) sans procès, a banni plusieurs personnes, et décidé en faveur du Conseil Tribal actuel controversé, sans accorder aux Anciens et aux Résidents le bénéfice d’un procès. La Cour Tribale a ordonné à la plupart des Anciens et Résidents de quitter les maisons où ils vivent depuis des décennies, vendredi 9 décembre 2022. Une motion d’urgence de gel et un appel ont été déposés par Sandra Freeman, pour le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau (WPLC), représentant l’Ancien J.J. Ayer et des motions de gel et d’appel ont été déposés par Les Services Légaux du Nevada (NLS) pour les Anciens et Résidents qu’ils représentent.
[…]
En quelques heures, durant l’audience du 9 décembre, le BIA et les agents de sécurité/construction de l’entreprise ont érigé une clôture de barbelés et barricadé l’entrée de la Colonie. Les Anciens et les Résidents (même ceux qui n’ont pas eu d’ordre d’expulsion ou de bannissement) et le public, doivent maintenant passer par un contrôle de sécurité militaire pour entrer dans la Colonie, et tous sont confrontés à la répression de la liberté d’expression et à des restrictions de la liberté d’association sur ordre de la sécurité privée. Des Anciens handicapés restés dans leurs maisons n’ont pas accès à l’aide médicale, ou à la livraison de repas, parce qu’il est interdit au public d’entrer, et la liberté de mouvement est limitée. La situation évolue rapidement et des aides juridiques supplémentaires sont nécessaires pour les Résidents non-représentés qui ont été expulsés/bannis sans jugement, et pour s’occuper des violations continuelles des droits civils des Anciens, des Résidents et des gens qui les soutiennent.
Par Shelley Barjo
Commentaire Nevada Current
Publié sur Censored News
Le 17 août 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Le projet de mine de lithium à Thacker Pass sera la pire profanation et le viol d’un site connu de massacre d’Autochtones dans notre région. Je crois que l’absence d’opposition des élus officiels de la Tribu Paiute-Shoshone de Fort McDermitt est une sérieuse injustice envers notre peuple.
Je ne peux pas ne pas réagir quand Lithium Nevada, une compagnie Canadienne, et des politiciens comme le Gouverneur Steve Sisolak, entreprennent, de façon concertée, de convaincre le public que le soutient complaisant actuel de la Tribu de Fort McDermitt pour la mine de lithium à ciel ouvert de Thacker Pass implique que la plupart des membres de la Tribu et d’autres Autochtones approuvent. Comme d’autres membres de tribus, je m’oppose à la profanation de Thacker Pass. À mon avis, ça va changer ce qui reste de mes terres ancestrales en une zone de sacrifice pour des batteries de voitures électriques. Mes terres ancestrales ne s’arrêtent pas à la limite de la réserve et je refuse de simplement voir les membres de la tribu être les pions du service de relations publiques de Lithium Nevada.
Malgré les tentatives de Lithium Nevada de dépeindre une bonne relation de voisinage avec les Autochtones en incluant des membres tribaux de Fort McDermitt dans la cérémonie d’inauguration du Centre de Développement Technique du Lithium, la réalité est bien différente. Cette mine dresse les membres de la tribu les uns contre les autres. Nations Tribales contre Nations Tribales. Des membres d’une même famille, des amis de longue date et de jeunes adultes doivent choisir un côté – pour ou contre la mine – sur la base de la propagande de viabilité économique, pour une des Tribus les plus pauvres du Nevada.
Le fait que les grandes compagnies puissent détruire le peu qui nous reste de notre histoire sur le dos de nos générations futures, avec une façade de stabilité économique, est inexcusable !
Lithium Nevada et le Bureau d’Aménagement du Territoire (BLM) affirment avoir consulté les trois tribus les plus proches (La tribu Paiute et Shoshone de Fort McDermitt, la tribu Paiute de Summit Lake, et la Colonie Indienne de Winnemucca), avant de publier le permis fédéral, le 15 janvier 2021. En avril 2021, les trois tribus ont envoyé des courriers au BLM disant qu’aucune consultation n’avait jamais eu lieu.
En fait, ma tribu, la Tribu Paiute et Shoshone de Fort McDermitt, a écrit au BLM en mai 2021 que sa décision détruisait des terres et des ressources culturelles sacrées pour Fort McDermitt, vu que la mine de Thacker Pass « a été développée et approuvée sans aucune contribution tribale ni consultation de gouvernement à gouvernement… » Ils ont aussi écrit que le projet de disposer de ressources culturelles Amérindiennes à Thacker Pass ne « reflétait en aucune manière les valeurs Tribales que nous avons de nos ressources culturelles, historiques et religieuses dans la zone de Thacker Pass, maintenant destinées à être effacées et détruites – avec l’approbation du BLM – par le Projet de Lithium Nevada. »
La Colonie Indienne de Winnemucca a été plus directe et a écrit : « Nous nous inquiétons de ce que [le projet officiel du gouvernement pour la ressource culturelle de Thacker Pass] déclare qu’une consultation a eu lieu avec la Colonie Indienne de Winnemucca début 2017 et continue à ce jour. Je crois que ce n’est pas vrai, et que le BLM n’a PAS consulté la Colonie Indienne de Winnemucca en ce qui concerne ce projet. »
En plus de Fort McDermitt, Summit Lake et la Colonie Indienne de Winnemucca, la Tribu Paiute de Burnes, la Tribu Paiute de Pyramid Lake, et la Colonie Indienne de Reno-Sparks ont aussi envoyé des lettres questionnant le BLM sur le manque de consultation tribale pour la mine de Thacker Pass.
Quand le BLM et Lithium Nevada ont refusé de ralentir le projet pour qu’une vraie consultation tribale puisse avoir lieu, en juillet 2021, la Colonie Indienne de Reno-Sparks et la Tribu Paiute de Burns ont porté plainte. En février 2022, la Colonie Indienne de Reno-Sparks et la Tribu Paiute de Burns ont été rejointes au tribunal par la Colonie Indienne de Winnemucca. Pour information, six tribus du Nevada se sont officiellement plaintes de ce que le BLM n’avait pas consulté les tribus à propos de Thacker Pass. Ça inclut ma chère Tribu Paiute Shoshone de Fort McDermitt. Bien qu’elle n’ait pas formellement exprimé son opposition, les membres désapprouvent aussi.
Le public doit comprendre à quel point ça peut être effrayant pour les tribus. Nous nous souvenons des atrocités commises par le gouvernement américain contre nous tous aussi – y compris des services gouvernementaux comme le BLM !
Il faut savoir que toutes les tribus n’ont pas la chance d’avoir une équipe de politiciens ou administrateurs professionnels, mais la plupart du temps, ce sont des membres de la communauté qui se sentent concernés et essaient simplement de faire ce qu’il y a de mieux pour leurs communautés respectives. Combattre des projets fédéraux comme la mine de Thacker Pass peut coûter cher et exiger beaucoup de travail des conseils tribaux, spécialement si ces conseils tribaux sont responsables de la gestion des affaires gouvernementales courantes de la réserve. La loi américaine ne donne pas aux tribus de droit de consentement sur des projets sur des terres publiques. Elle ne leur donne qu’un droit de consultation.
Ainsi, même quand les services du gouvernement « consultent » les tribus, ces services ne sont pas obligés de suivre les recommandations des tribus, en particulier sur des questions Autochtones importantes comme la préservation historique et des sites sacrés. Et parce que les protections légales américaines pour les sites sacrés Amérindiens sont si faibles, beaucoup de conseils tribaux se demandent : « Quel est l’intérêt de forcer les agences gouvernementales à nous écouter, alors qu’elles n’ont pas à satisfaire nos demandes ? »
Malgré l’appauvrissement que nous vivons dans les réserves, beaucoup d’entre nous, comme l’ont fait nos ancêtres massacrés avant nous, continuent de résister à l’expansion des mines sur nos terres traditionnelles, parce que nous savons que les mines polluent l’air, l’eau et le sol, et tuent des membres des tribus par des cancers. Les mines détruisent aussi des non-humains, y compris certains des nos frères et sœurs les plus sacrés comme l’aigle doré et le Tétras des armoises.
‘Symbolisme de la pire espèce’
Pour beaucoup d’entre nous, Peuples Autochtones, la destruction de la terre qui nous donne la vie, à nous et à nos générations à naître longtemps après les mines, est l’une des plus grandes atrocités des temps modernes commises contre nous. Je crois que, pour quelques maigres coups de pouce financiers, les compagnies soient prêtes à faire des milliards de la destruction de notre terre, est inacceptable et injuste !
Les tentatives de Lithium Nevada de dépeindre mon conseil tribal comme représentant tous les Autochtones est du symbolisme de la pire espèce. Il est important que les non-Autochtone comprennent que les réserves et les conseils tribaux sont des pures inventions du gouvernement américain. Les réserves ont été créées pour déporter les Autochtones sur les terres les moins désirées économiquement, alors que de plus en plus de colons arrivaient. Les conseils tribaux ont été créés par le gouvernement américain dans une tentative de fabrication d’une légitimité pour le vol systématique des terres Autochtones par le gouvernement. Avant les années 1860, il n’y avait pas d’entités comme la Tribu Paiute et Shoshone de Fort McDermitt ni de réserve de Fort McDermitt – en ces temps-là, les Autochtones n’avaient pas de frontières.
Notre histoire orale nous parle du massacre de Thacker Pass du 12 septembre 1865, et nous dit que c’est le lieu de dernier repos pour jusqu’à 70 de mes ancêtres qui ont été massacrés par des soldats fédéraux, dans le cadre de ce que les historiens appellent la Guerre du Serpent. La Guerre du Serpent a été combattue entre 1864 et 1868 par des Autochtones de la région, entre autres Paiutes et Shoshone, contre des colons et surtout des prospecteurs qui envahissaient nos terres. La Guerre du Serpent a été la plus sanglante des soi-disant « Guerres Indiennes » menées par le gouvernement américain à l’ouest du Mississippi.
Ainsi, les descendants de ceux qui ont été massacrés à Thacker Pass vivent maintenant un peu partout dans l’ouest des Etats-Unis et sont adoptés comme membres de dizaines de tribus. Alors que la tribu de Fort McDermitt comprend les descendants de ceux qui ont été tués au cours du massacre de Thacker Pass, et des descendants de ceux qui vivaient dans la région depuis des temps immémoriaux, beaucoup de ces descendants sont membres d’autres tribus disséminées dans ce grand pays. Ça inclut des membres de tribus comme la Colonie Indienne de Reno-Sparks, la Tribu Paiute de Burns, et la Colonie Indienne de Winnemucca – qui ont toutes attaqué la légalité du projet de Thacker Pass dans un tribunal fédéral.
Certains membres de tribus peuvent ne pas connaître leurs ancêtres de cette époque. Cependant, beaucoup savent toujours. Mon histoire n’est peut-être pas connue de mon voisin, et je peux ne pas connaitre leur histoire, mais c’est parce que notre histoire, en tant qu’Autochtones, a été transmise de génération en génération et de famille à famille par des histoires orales. Ce qui peut être écrit dans les livres d’histoire comme « Histoire Américaine » n’inclut pas toujours toute la vérité, mais plutôt ce qui peut être corroboré par les colons blancs ou ces « historiens » pourvus de diplômes universitaires. C’est généralement orienté et unilatéral.
Ne vous laissez pas abuser par les tactiques publicitaires de Lithium Nevada aujourd’hui. Ma réserve est pauvre et a désespérément besoin d’opportunités économiques. Beaucoup de membres de la tribu sont forcés de choisir de travailler dans les mines parce qu’ils n’ont pas d’autres options. De plus, beaucoup quittent la réserve pour trouver leurs propres solutions permanentes pour leurs familles.
Ainsi, le simple fait que la tribu de Fort McDermitt cherche des solutions économiques auprès de Lithium Nevada, ne signifie pas que la plupart des Autochtones soutiennent la profanation de Thacker Pass. Ça ne signifie même pas que la majorité des membres tribaux de Fort McDermitt la soutiennent. Tout ce que ça signifie, c’est que le conseil tribal actuel de Fort McDermitt est prêt, peut-être inconsciemment, à sacrifier la santé de la terre pour quelques emplois temporaires pour quelques membres de la tribu.
La promesse de quelques bâtiments et d’un centre culturel ne peut pas remplacer la responsabilité que nous avons vis-à-vis de nos ancêtres ni notre obligation envers ceux à naitre après nous. La pauvreté qui règne à Fort McDermitt pourrait rendre difficile de blâmer mon conseil tribal, mais si vous y réfléchissez bien, sacrifier la terre pour un peu d’argent est exactement comment nous en sommes arrivés à l’état environnemental dans lequel nous vivons actuellement.
Sommes-nous prêts à sacrifier des sites sacrés, la santé et l’équilibre interne pour des gains économiques à court terme, pendant que des compagnies géantes créent une richesse incommensurable, épuise les ressources et laisse nos générations futures supporter le désordre que la mine de Thacker Pass laisserait derrière elle ? Je ne croirai jamais que c’est le meilleur moyen de vivre plus vert, et beaucoup d’autres Autochtones dans notre région ne le croient pas non plus. Creuser la mine à ciel ouvert de Thacker Pass sur une terre sacrée ouvrira beaucoup de portes à encore plus de destruction de notre Mère la Terre.
Shelley Harjo
Shelley Harjo est membre de la Tribu Paiute Shoshone de Fort McDermitt, née et élevée dans la réserve. Elle vit actuellement à Reno et est mère de 5 enfants et fière grand-mère de deux petits-enfants. Ses enfants sont aussi membres de la tribu Paiute Shoshone de Fort McDermitt.