Des Australiens se ruent pour extraire du lithium d’un Site Sacré Hualapai et une entreprise Navajo a l’intention de conduire l’opération

Par Brenda Norrell
Censored News
11 avril 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

SYDNEY, Australie – En buvant un verre à l’Opéra de Sydney, des investisseurs entendent combien d’argent ils peuvent se faire en extrayant du lithium en Arizona. L’enthousiaste dirigeant du projet est heureux de leur dire que l’Arizona aime l’extraction minière, comme le montrent toutes ses mines de cuivre.

« C’est un état favorable à l’extraction minière », dit Paul Lloyd, directeur général d’Arizona Lithium, qui a son siège à Perth, en Australie. « Ils sont très favorables à la production de lithium ».

De l’autre côté du monde, les Hualapai font des prières à leur source sacrée, Ha’Kamwe’, site sacré où ils font des rites de guérison et de passage, comme la naissance et les cérémonies de puberté des jeunes femmes. C’est leur lieu de cérémonies depuis des temps immémoriaux.

Pas loin de là, Farmington, Nouveau-Mexique – une ville frontière qui a une longue histoire de crimes contre les Autochtones – est en train de devenir un nouvel épicentre pour des projets de fausse énergie verte.

La Compagnie Navajo d’Energie Transitionnelle, propriété de la Tribu, est prête à se jeter sur l’occasion, obtenir des permis, creuser et développer la mine, et empoisonner l’eau, à un jet de pierre de la source chaude sacrée des Hualapai.

Vern Lund, le PDG de la soi-disant « compagnie d’énergie transitionnelle » a signé un accord formel avec la firme Australienne Arizona Lithium en mars, qui doit lui permettre d’entrer au conseil d’administration. Lund est déjà au conseil d’administration d’une autre compagnie minière au Texas.

Le fait est que l’entreprise Navajo possède quatre mines de charbon, parmi les industries les plus polluantes du monde. Un fait que la nouvelle compagnie d’énergie verte mentionne rarement, est qu’elle pollue la région des Montagnes Rocheuses. Elle est propriétaire des mines de charbon Antelope et Cordero Rojo dans le Wyoming, la mine de charbon de Spring Creek dans le Montana et de la Mine Navajo dans la Nation Navajo.

À Sydney, Australie, où les investisseurs boivent un cocktail, Arizona Lithium a encore plus de bonnes nouvelles pour les faiseurs d’argent Australiens. Arizona Lithium doit aussi extraire du lithium dans le Saskatchewan, à la frontière du Canada avec le Dakota du Nord et le Montana.

À l’opéra de Sydney, Lloyd assure aux investisseurs qu’il y a beaucoup d’argent à se faire, parce que les revenus du pétrole et du gaz, au Saskatchewan, déclinent.

Il y a un boum du lithium en Amérique du Nord, et cela signifie des gains énormes pour les Australiens, selon Lloyd qui ne mentionne pas que sa compagnie – qui a récemment changé son nom de Hawthorne en Arizona Lithium – est dans le rouge et ne fait aucun profit actuellement.

« Il y a un énorme manque d’approvisionnements, je n’ai jamais rien vu de pareil au cours de ma carrière » dit Lloyd enthousiaste aux investisseurs.

Et en plus, ajoute Lloyd, il y a Elon Musk qui pousse le type d’extraction de Big Sandy, en Arizona, extraire du lithium de sédiments. Lloyd dit qu’il y a une demande de lithium dans tout le pays, la mine de lithium de Thacker Pass, dans le Nevada, a maintenant du financement, de GM qui promet d’investir 650 millions de dollars dans la firme canadienne Lithium Americas.

La nouvelle industrie faussement verte

Cette nouvelle industrie faussement verte ce concentre sur les batteries au lithium pour les véhicules électriques, ignorant les coûts réels de la nouvelle conspiration verte – de la mort d’enfants travaillant dans les mines de cobalt en Afrique aux batteries qui explosent, aux coûts élevés de transport et d’importation pour l’industrie des véhicules électriques.

Lloyd ne dit pas que la firme canadienne Lithium Americas creuse le Site d’un Massacre de Païutes et que Lithium Americas poursuit actuellement des Païutes et des Shoshones de l’Ouest dans un tribunal fédéral, pour avoir défendu leur site sacré où se trouvent les restes de leurs ancêtres. Lloyd ne dit pas que Lithium Americas viole toutes les lois fédérales qui protègent les sites religieux et sacrés Autochtones à Peehee Mu’huh, Thacker Pass.

Lloyd ne mentionne par la consultation obligatoire des tribus Autochtones, ni la déclaration obligatoire d’impact environnemental, parce que, comme chacun sait, la Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland et son Bureau de Gestion du Territoire, ont trouvé des moyens de fausser la consultation, d’ignorer les inquiétudes de la tribu, et d’approuver soudain les déclarations d’impact environnemental.

C’est ce qui s’est passé dans le Grand Canyon. Les Havasupai ont dit récemment à la Commission Interaméricaine des Droits Humains que l’état et les services fédéraux n’avaient pas consulté les tribus et que leurs soucis avaient été ignorés.

Maintenant, l’eau des Havasupai est menacée par la mine d’uranium Pinyon Plain qui a commencé l’extraction d’uranium en décembre 2023.

Le Département de l’Intérieur de Biden, le Bureau de Gestion du Territoire et les firmes minières étrangères n’ont pas beaucoup de soucis à se faire – parce que les juges fédéraux sont de leur côté. Les juges fédéraux ont violé toutes les lois fédérales qui protègent les sites sacrés Autochtones, et mis en danger des espèces sauvages et l’eau.

Et Lloyd n’a pas à s’inquiéter du coût pour les défenseurs, les anciens et les tribus qui sont forcés de mener des batailles en justice coûteuses, dans des cours fédérales, pour protéger leurs sites sacrés à Peehee Mu’huh dans le Nevada, à Oak Flat en Arizona, et maintenant, contre un autre faux projet vert de Haaland, dans le sud de l’Arizona, là où sont les mines de cuivre glorifiées par Lloyd.

Les Nations Tohono O’odham et Apache San Carlos ont déposé une ordonnance restrictive contre la Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland à la cour fédérale de Tucson, en mars dernier, pour empêcher ses bulldozers de détruire des sites historiques et culturels, pour faire passer des lignes de transmission pour le projet d’éoliennes SunZia.

Haaland et ses avocats dirent que leurs bulldozers n’avaient rien détruit d’important là-bas, dans les terres ancestrales des O’odham San Xavier et leurs ancêtres, les Hohokam. Dans la Vallée de San Pedro, les Apaches San Carlos cueillent leurs plantes médicinales et font des prières.

Tout près, les Apaches San Carlos continuent à défendre leur site sacré Oak Flat et livrent une bataille légale coûteuse de plus dans une cour fédérale. Ils s’opposent à la firme Australienne Rio Tinto, qui avait fait sauter 46000 ans d’histoire et de culture Aborigène d’Australie dans la caverne Juukan Gorge.

Rio Tinto a aussi admis les nombreuses agressions contre des femmes près des sites de ses opérations minières. Le plus grand nombre d’agressions sexuelles ont été commis dans ses mines d’Australie et d’Afrique du Sud, dit Rio Tinto.

La destruction d’histoire Aborigène et les nombreuses agressions sexuelles près de ses mines partout dans le monde n’ont pas empêché le gouvernement Biden de se joindre à Rio Tinto dans la poursuite fédérale contre le Bastion Apache, actuellement jugée dans une cour fédérale. Le projet de mine de cuivre sur le site cérémoniel Apache à Oak Flat détruirait aussi un ancien village O’odham proche, avec les déchets de la mine.

À l’Opéra de Sydney, Lloyd se concentre sur les tas de dollars.

« Nous sommes à la bonne place au bon moment » dit Lloyd, assurant les investisseurs Australiens qu’il y a beaucoup d’argent à se faire en extrayant du lithium en Amérique du Nord.

Arizona Lithium, d’Australie, projette, avec l’aide de l’entreprise Navajo, de forer sur trois côtés de la source des Hualapai, ce qui détruirait des sites culturels et bloquerait l’accès à l’oasis des espèces sauvages du désert.

Cette terre de tabac du désert, de cane à sucre, de cactées et de graines d’herbe comestibles, est un site cérémoniel sacré et un lieu de rassemblement pour les Hualapai depuis des temps immémoriaux.

Hualapai, avec environ 2300 membres, est l’une des plus petites tribus des États-Unis.

« Nous n’allons pas avoir de véhicules électriques » dit une Hualapai.

« Cette source est un lieu de guérison et de médecine et de bien d’autres choses. Les gens de notre peuple y sont enterrés. Il y a une tombe juste de l’autre côté de cette colline » dit le directeur des Ressources Naturelles Hualapai, Richard Powskey.

Le Hualapai Ivan Bender, gardien de la source sacrée, dit : « Pour moi, ça retient une vallée de vie vraiment, vraiment sacrée. »

Des Poursuites en Justice Contre le Forage dans le Refuge Faunique de Ash Meadows

Le Forage Menace des Dizaines d’Espèces, Entre Autres le Cyprinodon Menacé

Biden, Président des Etats-Unis – Deb Haaland, à l’Intérieur – le Train d’Enfer du BLM [Bureau de Gestion du Territoire] – Détruisent le Nevada pour l’extraction de lithium par des Corporations étrangères. Maintenant, une mine de lithium vise une zone sauvage. C’est dans le sud du Comté de Nye, le Comté où le journaliste Myron Dewey a été tué par un camion. Myron combattait le champ de tir de Fallon et l’extraction de lithium. Ash Meadows est près de Las Vegas, Nevada.

Censored News.

Par le Centre pour la Diversité Biologique
Publié par Censored News
7 juillet 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

LAS VEGAS, Nevada – Des groupes de protection de la nature ont déposé une plainte contre le Bureau de Gestion du Territoire ce jour, contre l’approbation par cette administration de forages de prospection près du Refuge Faunique National de Ash Meadows.

Rover Metals, une compagnie de prospection canadienne, a proposé de forer 30 trous sur des terres publiques, juste au nord de Ash Meadows, afin de prospecter pour une possible mine de lithium. Certains sites de forages seraient à moins de 600 mètres de sources dans le Refuge, qui constituent un habitat essentiel pour le cyprinodon menacé et d’autres espèces menacées ou locales.

« Ash Meadows est un trésor irremplaçable et c’est absolument désolant que le Bureau d’Aménagement du Territoire laisse une compagnie minière canadienne le détruire en forant » dit Patrick Donnelly, directeur du Grand Bassin au Centre pour la Diversité Biologique. « Nous faisons tout ce que nous pouvons pour sauver Ash Meadows et empêcher la mentalité du forer partout de l’administration de détruire ce refuge tant aimé pour la vie sauvage, les plantes et les animaux qui en dépendent pour survivre. »

La plainte d’aujourd’hui, déposée auprès de la Cour de District de Las Vegas, dit que le BLM a violé la loi fédérale en n’exigeant pas d’étude environnementale ou en ne consultant pas le Service des Poissons et de la Vie Sauvage des Etats-Unis sur des dégâts potentiels pour les espèces menacées. Il n’y a pas eu de commentaires publics ni de réunions publiques. La plainte demande qu’un juge impose une pause au forage et ordonne au BLM de protéger les espèces menacées et de conduire une étude environnementale.

Ash Meadows est une oasis luxuriante dans le Désert de Mojave, où des dizaines de sources forment une large zone humide. Le refuge héberge 25 espèces de poissons, de plantes, d’insectes et d’escargots qu’on ne trouve nulle part ailleurs sur Terre. Douze de ces espèces sont protégées selon la Loi sur les Espèces Menacées. Les Nations Unies ont désigné le refuge comme zone humide RAMSAR d’Importance Internationale.

« Les membres de la communauté nous ont fait savoir clairement qu’ils ne voulaient pas de mine de lithium à Ash Meadows » dit Mason Voehl, directeur exécutif de la Conservation de l’Amargosa. « Notre organisation a été fondée pour défendre la Rivière Amargosa. Nous ne nous sommes jamais associés à une plainte jusqu’à maintenant, mais nous faisons ce pas exceptionnel aujourd’hui, compte tenu de la menace exceptionnelle à laquelle Ash Meadows fait face. »

La Conservation de l’Amargosa est une voix dominante pour la conservation du bassin hydrologique de l’Amargosa, depuis sa fondation il y a près de 20 ans. Ash Meadows est l’une des oasis le long de la Rivière Amargosa, un lieu qui héberge une des plus hautes biodiversités d’Amérique du Nord.

Le groupe et les communautés locales ont envoyé une lettre au BLM, cette semaine, le pressant d’exiger une étude environnementale du projet. Ils ont aussi présenté une pétition à la Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland et à la directrice du BLM Tracy Stone-Manning, avec plus de 1200 signatures s’opposant au projet.

La plainte dit que l’approbation du projet par le BLM résulterait en « une dégradation injustifiée et indue » de ressources de terres publiques, et en des menaces potentiellement catastrophiques pour les espèces en danger.

« Nous avons besoin de lithium pour la transition hors des carburants fossiles, mais ça ne peut pas être aux dépens de la biodiversité ni de nos zones protégées les plus précieuses » dit Donnelly. « Certains lieux doivent être exclus de l’extraction de ressources, et le Refuge Faunique National de Ash Meadows est en haut de la liste. Nous engageons cette action pour sauver Ash Meadows. »

Les plaignants sont représentés par Roger Flynn, du Projet d’Action pour les Mines dans l’Ouest et les avocats du Centre.


Le Centre pour la Diversité Biologique est une organisation nationale à but non-lucratif qui compte plus de 1,7 million de membres et d’activistes engagés dans la protection des espèces menacées et des lieux sauvages.

La Conservation de l’Amargosa est une organisation à but non-lucratif du Nevada et de la Californie, s’efforçant de préserver un futur durable pour le Bassin hydrologique de l’Amargosa par la science, les soins et la promotion.

Contact :

Patrick Donnelly, Center for Biological Diversity pdonnelly@biologicaldiversity.org
Mason Voehl, Amargosa Conservancy, mason@amargosaconservancy.org


Ox Sam Camp
Publié par Censored News
Et Indigenous Action Media
7 juin 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

DERNIÈRES NOUVELLES : LES DEUX CAMPS ONT ÉTÉ PRIS PAS LES FLICS ET LE TIPI A ÉTÉ DÉMONTÉ PAR LE BUREAU DE GESTION DU TERRITOIRE

OROVADA, Nevada – Le 7 juin au matin, un groupe de défenseurs du territoire, Autochtones et alliés, ont bloqué de façon non-violente la construction controversée de la mine de Thacker Pass et ont fait faire demi-tour aux bulldozers.

Ça a tourné au drame quand des ouvriers ont essayé de creuser des tranchées près du Rocher Sentinel et ont été refoulés par des défenseurs du territoire qui se sont jetés entre les machines et le site.

Maintenant, ils sont arrêtés et le camp est attaqué.

Les Paiutes du Nord et les Shoshones de l’Ouest considèrent Thacker Pass comme sacré. Alors, quand ils ont appris que la zone devait devenir la plus grande mine de lithium à ciel ouvert d’Amérique du Nord, ils ont déposé des plaintes en justice, organisé des rassemblements, se sont exprimés au cours d’audiences publiques et ont organisé la communauté. Mais malgré tous leurs efforts des trois dernières années, la construction de la mine a commencé en mars.

C’est ce qui a conduit des Anciens Autochtones, leurs amis et leurs familles, des protecteurs de l’eau et leurs soutiens, à établir ce qu’ils appellent un « camp de prière et de feu cérémoniel » à Thacker Pass, le 11 mai 2023, lorsqu’ils ont monté un tipi à l’aube pour bloquer la construction d’un tuyau d’eau pour la mine. Un deuxième tipi a été érigé quelques jours plus tard, à 3,2 km à l’est, où la construction par Lithium Nevada défigure le Rocher Sentinel, un de leurs sites sacrés les plus importants.

Le Rocher Sentinel fait partie intégrale de la vision du monde et des cérémonies de nombreuses Tribus du Nevada. La zone a été le site de deux massacres de Paiutes et de Shoshones. Le premier a eu lieu au cours d’un conflit intertribal qui a donné au site son nom Paiute : Peehee Mu’huh, ou Lune Pourrie.

Le second massacre a été une attaque surprise de la Cavalerie des Etats-Unis, le 12 septembre 1865, au cours de laquelle l’Armée U.S. a tué des dizaines de personnes. L’un des rares survivants de l’attaque était un homme appelé Ox Sam.

Ce sont des descendantes de Ox Sam, des Grands-mères, qui ont formé le Ox Sam Newe Momokonee Nokotun (Camp des Femmes Autochtones), pour protéger cette terre sacrée, pour ceux qui ne sont pas encore nés, pour honorer et protéger les restes de leurs ancêtres, et conduire des cérémonies. Des protecteurs de l’eau ont été en prière sur le site pendant près d’un mois.

Le lundi, Lithium Nevada Corporation avait aussi essayé de faire une brèche dans l’espace occupé par les protecteurs de l’eau. Comme des ouvriers manœuvraient de l’équipement pour creuser des tranchées dans une vallée entre les deux tipis, des protecteurs de l’eau s’approchèrent et forcèrent pacifiquement les ouvriers et leurs excavatrices à quitter la zone.

Selon un défenseur anonyme, l’action de Lithium Nevada était « une tentative de démonstration de force, pour en finir avec notre tipi et notre camp de prière près du Rocher Sentinel. »

Des fermiers, des amateurs d’excursions et des membres du public ont été autorisés à passer sans incidents et les protecteurs de l’eau ont toujours des relations amicales avec les résidents locaux. L’opposition à la mine est très étendue dans la région, et malgré des avertissements du sheriff, il n’y avait pas eu d’arrestations.

Quatre personnes, parmi lesquelles il y avait Doreece Sam Antonio, de la réserve Paiute-Shoshone de Fort McDermitt (une descendante de Ox Sam) et Max Wilbert de Protect Thacker Pass, avaient reçu des ordres du tribunal leur interdisant les lieux. Ils attendent une convocation de la Cour de Justice du Comté de Humboldt.

« Lithium Nevada barricade les alentours du site sacré du Rocher Sentinel, pour perturber notre accès, et hier il y a eu une escalade pour justifier l’évacuation de nos camps de prière pacifiques, » dit un protecteur de l’eau anonyme du Camp Ox Sam.

« Lithium Nevada a l’intention de profaner et de passer au bulldozer les restes de nos ancêtres. Nous appelons tous les protecteurs de l’eau, tous les défenseurs du territoire, des avocats, des experts en droits humains et des représentants de Nations Tribales à venir nous soutenir. »

« Je suis menacée d’arrestation pour avoir protégé les tombes de mes ancêtres », dit Doreece Sam Antonio.

« Mon arrière-arrière-grand-père Ox Sam était l’un des survivants du massacre de Thacker Pass de 1865, qui a eu lieu ici. Les membres de sa famille ont été tués ici même, alors qu’ils s’enfuyaient devant l’Armée U.S. Ils n’ont jamais été enterrés. Ils sont toujours ici. Et maintenant ces bulldozers défoncent cet endroit. »

Un autre guide spirituel sur les lignes de front, est Dean Barlese, un dirigeant spirituel de la Tribu Paiute de Pyramid Lake. Bien qu’il soit dans un fauteuil roulant, Barlese a conduit les prières sur le site le 25 avril (ce qui a conduit Lithium Nevada à arrêter la construction pendant une journée) et est revenu le 11 mai.

« Je demande aux gens de venir à Peehee Mu’huh » dit Barlese. « Nous avons besoin de plus de gens qui prient. Je suis ici parce que j’ai des connexions avec ces lieux. Mes arrière-arrière-grands-pères se sont battus et ont versé leur sang pour ces terres. Nous défendons le sacré. L’eau est sacrée. Sans eau, il n’y a pas de vie. Et un jour, vous vous apercevrez que vous ne pouvez pas manger de l’argent. »

Le massacre de Thacker Pass de 1865 est bien connu, il y a beaucoup de sources historiques, de livres, de journaux et des histoires orales. Malgré l’évidence, mais pas surprenant, le Gouvernement Fédéral n’a pas protégé Thacker Pass, ni même ralenti la construction de la mine pour permettre de consulter les Tribus. Fin février, le Gouvernement Fédéral a reconnu les arguments selon lesquels Thacker Pass est un « District Culturel Traditionnel », éligible pour figurer dans le Registre National de Sites Historiques. Mais ça n’a pas empêché la construction de commencer.

« Ceci n’est pas une manifestation, c’est une prière » dit Barlese. « Mais ils ont toujours peur de moi. Ils ont peur de nous, les Anciens, parce qu’ils savent que nous avons raison et qu’ils ont tort. »

Ox Sam Camp – oxsamcamp sur Instagram :

Le 7 juin 2023, l’opérateur de l’équipement lourd de Lithium America nous a vus approcher, a accéléré et balancé le bras de l’excavatrice en direction des Protecteurs Autochtones qui défendaient le site sacré Paiute Shoshone connu comme le Rocher Sentinel, à Pee’hee Mu’huh (Lune Pourrie), Thacker Pass.

[…]

Cette seconde tentative de la Corporation de sauter plusieurs kilomètres pour accélérer la construction sert à justifier la suppression des camps de prière, en détruisant de grands volumes de propriétés culturelles et historiques, à la base du site sacré.

Le Camp Ox Sam représente notre droit, selon nos droits du 1er amendement, de nous rassembler sur la ligne d’approvisionnement en eau, pour empêcher que 6,5 milliards de litres d’eau ne soient volés aux tribus, aux animaux et aux fermiers locaux au cours des 40 années à venir.

Les membres de la Nation Tribale Paiute Shoshone et tous les autres protecteurs Amérindiens, ont le droit inaliénable, selon la Loi et l’Ordre Exécutif 13007 sur la Liberté de Religion des Amérindiens, de maintenir l’accès et de déterminer par nos droits d’assemblée, la prévention de toute profanation qui détruirait irrémédiablement nos sites sacrés de prière et de pratique religieuse, et d’y maintenir notre accès en empêchant sa destruction.

De plus, à part les droits humains du peuple Paiute Shoshone de déterminer ce qui doit et ne doit pas arriver sur leur territoire, le droit inaliénable de procéder à une cérémonie au pied du site sacré et dans tout Pee’hee Mu’huh, arrive à un moment où les esprits de ceux qui sont tombés au cours du massacre, et les esprits des animaux et des pouvoirs de la terre doivent être reconnus et soutenus par la prière.

Si ces droits des Autochtones d’Amérique sont violés ici, ils le sont partout ailleurs. Si ce site sacré tombe, victime d’un puits de mine à ciel ouvert, tous nos sites sacrés sont vulnérables. Si les ossements de Paiutes Shoshones sont profanés, tous les ancêtres d’Autochtones pourraient l’être.

Venez au Camp ! Amenez Deb Haaland ! Soutenez Ox Sam !

Il y a de l’argent sale derrière la transition verte

Par Max Wilbert
22 avril 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Je m’appelle Max Wilbert, co-auteur de Bright Green Lies, fondateur de Protéger Thacker Pass, et organisateur d’une communauté bio-centrée. J’utilise ce site pour partager des stratégies et explorer des domaines comme la durabilité, l’effondrement, l’empire, la résistance, l’activisme, le greenwashing [laver plus vert] et la justice. Merci de me lire.

Un criminel qui glisse quelques billets à un officier de police et repart libre. Un homme d’affaires qui achète un politicien avec une valise d’argent liquide. Nous concevons souvent la corruption dans ces termes évidents, et comme quelque chose qui se produit dans les pays pauvres, ailleurs.

Mais la corruption se présente souvent différemment.

Aux Etats-Unis, où je vis, la corruption est courante. Elle est aussi presque légale.

En fait, l’argent sale est devenu partie intégrante du tissus politique de notre nation. Ça a été normalisé, institutionalisé et même régulé. Et pourtant, les effets de cette corruption sont aussi insidieux et destructifs que les pots-de-vin les plus voyants.

La corruption est quelque chose de pourri dans notre système politique, et elle s’étend.

Cet article concerne la corruption américaine, mais l’histoire sera racontée en examinant une compagnie minière canadienne appelée Lithium Americas, qui travaille aux Etats-Unis par l’intermédiaire d’une succursale entièrement possédée par les Etats-Unis, Lithium Nevada Corporation.

Depuis deux ans et demi, je lutte contre Lithium Nevada pour l’empêcher de détruire Thacker Pass – un site crucial de biodiversité et un site sacré pour des Autochtones, site connu comme Peehee Mu’Huh dans la langue Paiute, qui se trouve dans le nord du Nevada, juste à côté de la frontière avec l’Oregon. Lithium Nevada, comme vous l’avez probablement deviné, veut transformer ce lieu en une mine de lithium à ciel ouvert.

C’est un lieu spécial. Thacker Pass abrite le tétra des armoises [sorte de sauge] en voie de disparition, l’antilope d’Amérique [seule et dernière représentante des antilocapridés], le cerf mulet et des aigles royaux. C’est un corridor de migration et un refuge climatique. C’est le bassin hydrologique des communautés locales et le site de deux massacres de Paiutes, dont celui du 12 septembre 1865, au cours duquel des soldats de l’Armée Américaine ont tué entre 30 et 50 hommes, femmes, enfants et vieillards, dans une attaque surprise à l’aube. Il a été reconnu par le Gouvernement Fédéral comme « District Culturel Traditionnel », un paysage d’une importance exceptionnelle pour l’histoire des Autochtones et leur identité culturelle.

Et en ce moment même, pendant que vous lisez ceci, c’est en train d’être détruit par une compagnie corrompue et un gouvernement corrompu. Des bulldozers roulent dessus, et des buissons de plusieurs siècles, des vestiges de milliers d’années et les vies de précieuses créatures du désert sont écrasés sous le métal.

Comment est-ce possible ? Comment, dans une démocratie où les gens ont le droit de protester, de se faire entendre, de commenter, de faire des pétitions, d’engager des poursuites en justice, comment est-il possible de voir un tel déni de justice ? Et, plus largement, comment est-il possible que notre système de gouvernement soit incapable de faire quelque chose face à la catastrophe écologique à laquelle nous sommes confrontés : la 6ème extinction de masse de la vie sur Terre ?

Une partie de la réponse est la corruption, que nous pouvons diviser en cinq catégories : le lobbying, la rédaction des lois, la politique de la « porte tournante », les contributions aux frais de campagnes, et la corruption de la communauté. Examinons-les l’une après l’autre, en utilisant Lithium Americas et Thacker Pass comme exemple.

Le lobbying : Comment les Grandes Compagnies y Gagnent un Accès Disproportionné Aux Élus

Le lobbying est fondé sur un principe simple : les officiels du gouvernement devraient écouter leurs électeurs.

Transparency International définit le lobbying comme « Toute activité entreprise pour influencer un gouvernement ou la politique et les décisions d’une institution en faveur d’une cause ou d’un résultat spécifique. »

« Même lorsqu’elles sont autorisées par la loi, » disent-ils, « ces actions peuvent devenir perturbatrices [nuisibles à la démocratie et la justice] si des niveaux d’influence hors de proportion existent – de la part de compagnies, d’associations, d’organisations et d’individus. »

Le lobbying d’aujourd’hui n’est pas la simple pratique de gens s’adressant à leurs élus. En fait, c’est une industrie à 3,73 milliards de dollars, étroitement régulée, dominée par des initiés et les plus grandes compagnies, mûrie par la corruption de la « porte tournante » et soutenue par au moins 3 ou 4 milliards de dollars de « lobbying de l’ombre » qui n’est ni régulé ni révélé au public de quelque manière que ce soit.

La régulation du lobbying est essentielle pour son propre fonctionnement en tant que méthode de corruption. Comme dit Ben Price, Directeur Organisationnel National au Fonds de Défense Juridique Environnementale de la Communauté, « la régulation n’est pas vraiment un moyen de réduire la corruption, mais plutôt, les règles légalisent la corruption en en définissant les limites au-delà desquelles elle ne serait plus permise. »

« Ce faisant, » ajoute-t-il, « le principal effet des règles est de protéger les dessous-de-table de la responsabilité légale en légalisant assez pour servir les buts des influenceurs législatifs des grandes compagnies. »

Comme la publicité, les grandes compagnies utilisent le lobbying parce que ça marche.

Des études ont montré que dépenser plus d’argent en lobbying et contributions aux campagnes électorales résultaient en des réductions immédiates d’impôts fédéraux, d’impôts d’état et en plus de contrats fédéraux. Une analyse, étudiant seulement les 200 compagnies les plus « actives politiquement », a découvert qu’elles avaient dépensé 58 milliards de dollars en lobbying auprès du gouvernement fédéral et en « contributions aux campagnes » entre 2007 et 2012, mais avaient reçu 4400 milliards en subventions fédérales, contrats, et autre soutien pendant la même période. C’est un retour sur investissement de 7580%.

Une autre étude a découvert un retour encore plus grand : « en moyenne, pour chaque dollar dépensé pour influencer la politique, les compagnies les plus actives politiquement ont reçu 760 dollars du gouvernement » – un profit de 76000%.

Les Grandes Compagnies Écrivent Nos Lois

Les grandes compagnies utilisent des lobbyistes parce que leur richesse leur permet d’avoir un accès disproportionné au gouvernement, ce qui signifie qu’ils peuvent établir des relations avec des politiciens et leurs équipes, influencer la politique, échanger des idées et même écrire la législation. Ils peuvent aussi corrompre des juges, comme le récent scandale autour de Clarence Thomas l’a montré. Mais ça va plus loin. Comme le note un rapport de la NPR [Radio Publique Nationale], « Il semble évident que les lobbyistes influencent la législation. Mais il est peut-être moins évident qu’ils écrivent souvent les lois – même mot à mot. »

Nos lois sont écrites par les grandes compagnies.

Ce n’est pas seulement un problème fédéral. Une enquête de USA Today de 2012 révéla que plus de 10 000 propositions de lois introduites dans les 50 états sur une période de 8 ans avaient été « presqu’entièrement copiées de textes écrits par des intérêts spéciaux. » Le rapport dit aussi que leur enquête avait détecté ces textes en utilisant des techniques automatisées, et que « le nombre réel est probablement bien plus élevé. »

Nos politiciens écrivent rarement des lois. En fait, les grandes entreprises et les lobbyistes écrivent des lois ; le Congrès vend les lois au public ; puis les lobbyistes paient leurs membres du Congrès en contributions à leurs campagnes, aux Comités d’Action Politique [Super PAC] et aux possibilités d’emplois dans la politique de la « porte tournante. »

La « Porte Tournante »

Un autre moyen de corruption devenu endémique dans le gouvernement de Etats-Unis est ce qu’on appelle la « porte tournante. »

La porte tournante fait référence à une pratique courante chez les employés des grandes compagnies, qui quittent leur emploi pour travailler au gouvernement, et vice versa. Il est tout à fait courant pour des employés du gouvernement et des élus de quitter ou terminer leurs mandats et d’obtenir immédiatement des emplois dans les industries qu’ils sont supposés réguler.

Pourquoi, demandez-vous ? L’Argent. Comme le dit un titre de presse « quand un membre du Congrès devient lobbyiste, il a, en moyenne, 1452% d’augmentation.

À l’occasion, on trouvera des histoires de lobbyistes que se sont fourvoyés dans la corruption pure et simple – Jack Abramoff, par exemple – mais ces histoires sont rares, pas parce que la corruption n’est pas courante, mais parce qu’il faut vraiment violer une loi en tant que compagnie : elle a écrit les lois. Et elle l’a fait délibérément pour rendre sa corruption et son influence sur les campagnes électorales légales.

Dès 2016, environ la moitié des Sénateurs et un tiers des Représentants sont devenus lobbyistes pour toucher leurs chèques. C’est aussi courant chez les Démocrates que chez les Républicains.

Les Activités de Lobby de Lithium Nevada Corp. (au moins celles que nous connaissons)

Lithium Nevada a dépensé au moins 310 000 dollars en lobbying depuis 2016, par l’intermédiaire d’une compagnie de lobby appelée Harbinger Strategies.

Harbinger est « une firme de premier plan pour le gouvernement fédéral et les affaires politiques » qui a été fondée par, et employé des ex aides au Congrès et opérateurs politiques Républicains de haut niveau. Ils sont parmi les principaux lobbyistes à Washington D.C.et ont gagné au total 10,9 millions de dollars en 2021, d’une liste de clients parmi lesquels se trouvaient l’industrie aérienne, les grandes banques et firmes d’investissements, des compagnies minières, de biotechnologie, le complexe militaro-industriel, Facebook, des services d’électricité, General Electric, et l’industrie du pétrole et du gaz.

« Nous utilisons notre expérience d’anciens membres éminents des équipes des Principaux Dirigeants au Congrès et de l’Exécutif pour placer nos clients à la table où les décisions sont prises, » écrivent-ils sur leur site. Ils ajoutent : « [Harbinger est] fondé sur la conviction que chaque client mérite un partenaire expert des questions législatives » – un « modèle de boutique » – qu’ils utilisent pour une raison simple : ça donne des résultats. »

Dans l’état du Nevada, Lithium Nevada Corporation a loué au moins 4 lobbyistes depuis 2017, de deux firmes : Argentum Partners, une firme de communications pour tous services stratégiques… avec une équipe de lobbyistes avides, énergiques et expérimentés, » et Ferrato Corporation, « une firme bipartisane pour tous services d’affaires publiques. »

En particulier, parmi les lobbyistes d’Argentum pour Lithium Nevada, on trouve Mike Draper, qui « était à la tête des relations et des affaires publiques pour la planification, l’autorisation, la construction et l’ouverture du Gazoduc Ruby, le plus grand gazoduc d’Amérique du Nord. » Des Tribus et des écologistes se sont farouchement battus contre le gazoduc Ruby en 2009 et 2010.

Contributions aux Campagnes Électorales

Une autre technique de légalisation de la corruption sont les « contributions aux campagnes », également nommées dons aux politiciens candidats.

Beaucoup de pays dans le monde ont mis des limites strictes à la somme d’argent que les gens peuvent donner aux candidats, ou ont même des campagnes politiques financées par le gouvernement, ce qui supprime presqu’entièrement l’influence de l’argent. Les Etats-Unis ne font pas partie de ces pays.

Les élus aux Etats-Unis ont désespérément besoin d’argent. Le Sénateur moyen doit trouver 14 000 dollars par jour, juste pour rester en place – et cela dès qu’il a été élu une fois. C’est aussi vrai pour les Démocrates que pour les Républicains, raison pour laquelle les grandes compagnies, directement ou par l’intermédiaire de leurs lobbyistes ou employés, misent généralement sur les deux en donnant aux deux partis politiques.

Par exemple, Jonathan Evans, PDG de Lithium Americas Corporation, a donné au moins 10 250 dollars aux candidats entre 2021 et 2022, parmi lesquels Catherine Cortez Mastow (Sénatrice Démocrate du Nevada) et Mark Amodei (Gouverneur Républicain du Nevada). George Ireland, Président de Lithium Americas, a donné au moins 19800 dollars à des candidats depuis 2011, dont 500 dollars pour la campagne de Trump et 6600 à John Hickenlooper. Les données de OpenSecret.org montrent que 7 autres employés, membres du Conseil d’Administration et parties associées ont donné au moins 10819 dollars de plus aux candidats entre 2018 et 2022.

Ces montants ne comprennent pas les contributions BEAUCOUP plus importantes, données par des employés et des membres de la famille de Harbinger Strategies, qui ont donné 392 842 dollars aux candidats pour la seule élection de 2020.

Beaucoup de ces gens donnent un montant équivalent à la limite légale, ce qui implique que si la limite était plus haute, ils donneraient plus – et peut-être essaieraient de trouver des moyens pour contourner les limites des contributions par l’intermédiaire des « Super PACs » et d’autres techniques d’argent caché.

Souvenez-vous que moins d’1,5% des Américains ont donné plus de 200 dollars aux candidats ou aux partis au cours de n’importe quelle année. C’est le domaine des riches.

Les Dessous de Table

L’argent de Lithium Americas est bien employé.

Dans ce qui semble être une contrepartie pour leur lobbying et leurs contributions aux campagnes, Lithium Americas Corporation a obtenu 8 637 357 dollars en réductions d’impôts de l’état du Nevada, entre autres un abattement partiel de taxes sur les ventes de 5 millions, un abattement de l’impôt sur la propriété de 3,3 millions et environ 225000 dollars d’abattements sur la taxe sur la masse salariale. Cet argent n’est plus disponible pour les écoles, la santé, les services sociaux, l’assistance aux petites entreprises, les programmes environnementaux, etc.

Par le Gouvernement Fédéral, Lithium Nevada a reçu un prêt du “Programme de Prêt pour la Fabrication de Véhicules à la Technologie Avancée » (ATVM) du Département de l’Energie, qui couvrira probablement « jusqu’à 75% des coûts de construction à Thacker Pass.

Ce programme de prêts offre des conditions extrêmement favorables équivalant à une subvention de 3 milliards de dollars US.

Selon une estimation très prudente, pour des dons de, disons, 400 000 dollars en lobbying et contributions des employés aux campagnes électorales, Lithium Americas peut espérer un retour sur investissement de 2100 % – et cela sans même considérer l’énorme valeur financière du prêt ATVM.

Corruption au niveau local

La corruption politique va souvent de pair avec la corruption au niveau local.

Le projet de Lithium Americas de détruire Thacker Pass a créé une sérieuse opposition dans la communauté de fermiers et ranchers des zones rurales les plus proches de Thacker Pass, parmi les habitants de la ville proche de Winnemucca, de la part de groupes écologistes préoccupés par les effets sur la vie sauvage, les plantes, l’air et l’eau, et parmi les Tribus Autochtones inquiètes pour leurs sites sacrés et culturellement importants, leurs animaux et leurs plantes médicinales.

La réaction était prévisible. Dans son livre Unearthing Justice : How to Protect Your Community From The Mining Industry, la militante anti-extractivisme Joan Kuyek décrit les mythes incessamment répétés par Lithium Americas et presque toutes les compagnies minières :

  • « La mine créera des centaines d’emplois et enrichira les gouvernements. »
  • « La mine peut enrichir les membres de la communauté et résoudre leurs problèmes sociaux et économiques. »
  • « Les techniques modernes assureront que la mine n’endommagera pas l’eau, l’air ou la vie sauvage. »

Quand ces mythes se révèlent faux, ils recourent à la corruption légalisée. À Thacker Pass, ça prend la forme d’un paiement par Lithium Americas d’une nouvelle école pour la communauté de Orovada, et la signature d’un accord avec un Membre d’un Conseil Tribal local pour la construction d’un centre culturel. Un membre de la tribu, mon amie Shelley Harjo, a répondu : « La promesse de quelques bâtiments et d’un centre culturel ne peuvent l’emporter sur la responsabilité que nous avons envers les ancêtres d’avant nous, ni nos obligations envers ceux encore à naître après nous. » Un autre dirigeant Tribal de la région dit des compagnies minières « Ils profitent de notre pauvreté. »

Cette pauvreté donne un puissant moyen de pression aux compagnies minières. Dans la communauté de Fort McDermitt, les rumeurs de corruption sont courantes.

L’Implication de Lithium America dans des Violations des Droits Humains Outremer

Lithium Americas a des relations d’affaires et personnelles qui recoupent celles de la compagnie Ganfeng Lithium (la plus grande compagnie de lithium au monde), propriété de l’Etat Chinois. En fait, Ganfeng et Lithium Americas sont copropriétaires d’une compagnie minière de lithium en Argentine, appelée Minera Exar.

Le projet minier de Minera Exar est situé dans les Andes, dans le « triangle du lithium », une région aride près des frontières du Chili et de la Bolivie. Au cours des années depuis lesquelles Minera Exar a des activités dans la région, elle a – comme d’autres compagnies d’extraction de lithium dans la même zone – été critiquée pour de graves violations des droits humains et de l’environnement.

Le Washington Post, en enquêtant sur ces violations, écrivit :

« Les compagnies minières ont extrait depuis des années des milliards de dollars de lithium de la région d’Atacama… Mais les Atacama pauvres n’ont pas vu beaucoup de ces richesses… une compagnie de lithium, une entreprise commune Canadienne-Chilienne appelée Minera Exar, a passé des accords avec six communautés aborigènes pour ouvrir une nouvelle mine. L’opération devrait rapporter environ 250 millions par ans en ventes, tandis que chaque communauté recevra un paiement annuel – de 9000 à 60000 dollars – pour des droits étendus sur la surface et l’eau.

L’article ajoute :

« Yolanda Cruz, une dirigeante du village en Argentine, dit qu’elle avait signé [les accords de bénéfices de la communauté avec Minera Exar], mais que maintenant, elle le regrette. À l’époque, elle appréciait la possibilité de créer des emplois pour son village. Mais maintenant, elle s’inquiète, ‘nous allons nous retrouver sans rien’, dit-elle. ‘Le fait est que les compagnies nous mentent – c’est la réalité. Et parfois nous nous contentons de ne rien dire’ dit-elle. ‘Nous ne disons rien mais nous serons ceux qui en pâtirons quand le temps aura passé.’ »

Pendant ce temps, Ganfeng Lithium a annoncé récemment des projets de mines pour les métaux de batteries dans la région de Xinjiang, en Chine, où le Gouvernement Chinois détient et emprisonnent des Ouïghours et d’autres Musulmans pour des travaux forcés et de l’endoctrinement dans des camps.

Gaspillage de Fonds Gouvernementaux

On nous dit que le principal objectif de l’extraction de lithium à Thacker Pass est de réduire l’émission de gaz à effets de serre. C’est un mensonge de plus, un nouveau type de laver plus vert pour les grandes compagnies, qui devient de plus en plus commun. En fait, de nombreuses analyses montrent qu’en réalité, les réductions d’émissions par le passage aux véhicules électriques sont mineures.

La production d’un seul véhicule électrique produit des émissions de gaz à effets de serre – en moyenne 9 tonnes. Cette moyenne s’élève à mesure que la taille des véhicules électriques augmente fortement. Plus ont produit de véhicules électriques, plus il y a d’émissions de gaz à effets de serre. Ainsi, alors que les véhicules électriques réduisent les émissions, comparés aux véhicules à essence, les plus gros véhicules électriques ne les réduisent pas beaucoup. Une analyse du Centre Interdisciplinaire Pour la Justice Environnementale dit que l’électrification des véhicules aux Etats-Unis ne réduira les émissions au niveau national que de 6%.

De plus, la production de lithium à Thacker Pass exigera 700 000 tonnes par an de produits du raffinement du pétrole – du souffre, peut-être largement fourni par les Sables Bitumineux d’Alberta. Tandis que Thacker Pass reçoit des milliards en subventions du gouvernement, les émissions de carbone continuent à augmenter.

Le militant écologiste Paul Hawken, autre exemple, ne met pas les véhicules électriques dans ses 10 meilleures solutions pour le climat. En fait, c’est la 24ème de sa liste, avec dix fois moins d’effet que de réduire le gaspillage alimentaire, près de six fois moins d’effet que l’élimination de l’utilisation de réfrigérants, qui sont de puissants gaz à effets de serre, et derrière des solutions comme la restauration des forêts tropicales (environ 5 fois plus efficace que les véhicules électriques) et la protection des tourbières (plus de 2 fois plus efficace).

La corruption et le gaspillage vont la main dans la main. Les données montrent clairement que si notre but est de réduire les émissions de gaz à effets de serre, donner des subventions pour la mine de lithium de Thacker Pass n’est pas un bon usage des fonds gouvernementaux. C’est du gaspillage.

Si on veut vraiment donner des fonds gouvernementaux pour arrêter efficacement le réchauffement climatique, donner de l’argent aux industries minières est exactement ce qu’il ne faut pas faire.

Plutôt, commencez par les droits des femmes, l’éducation des filles, et rendez disponibles la contraception et le planning familial. Commencez par des initiatives de relocalisation économique. Commencez par isoler les logements convenablement, ce qui pourrait avoir le plus grand effet immédiat sur l’impact du carbone. Commencez par des initiatives de réduction de la demande.

Cessez de gaspiller l’argent des contribuables en subventions pour des entreprises de destruction de la Terre, et commencez par des actions qui comptent vraiment.

La Banalité du Mal

La corruption de Lithium Americas me rappelle ce que la philosophe politique Hannah Arendt appelait « La Banalité du Mal. » À propos d’Eichmann, un officier Nazi qui fut l’un des principaux organisateurs de l’Holocauste, Arendt explique qu’Eichmann ne ressentait pas la culpabilité ; en fait, il n’avait jamais pensé que ce qu’il faisait pouvait être mal : « Il faisait son ‘devoir’… ; il n’obéissait pas seulement aux ordres, il obéissait aussi à la ‘loi’. »

[…]

Lithium Americas n’extermine pas les gens, ce n’est même pas la « pire » des compagnies minières. Ils peuvent même avoir agi entièrement dans les limites de la loi. Et pourtant, ils sont complices d’un génocide culturel, de la destruction écologique pour des gains personnels, et, ce qui pourrait être un crime encore plus grand contre le futur : faire passer pour verte et positive leur destruction, créant ainsi plus d’incitations financières et politiques pour d’avantage de cette folie.

Ils croient que ce qu’ils font est bien et ils « suivent les règles. »

Et Maintenant ?

La corruption à Thacker Pass n’est pas unique. Le lobbying, les contributions aux campagnes électorales, le ‘laver plus vert’, et les pots-de-vin à la communauté sont courants aux Etats-Unis et dans la plupart des pays du monde. Je crois qu’il est vraisemblable qu’il y ait encore plus de corruption dont nous ne savons rien. Peut-être qu’il y a vraiment des échanges de valises pleines de billets. Nous ne pouvons que faire des conjectures. Et, cet article n’a même pas commencé à parler de la complicité du gouvernement dans la violation des lois, la corruption et les violations éthiques à Thacker Pass – une histoire, par certains aspects, encore plus sordide.

Tout cela explique en partie pourquoi les analyses universitaires des Etats-Unis tendent à montrer la « domination de l’élite économique » plutôt qu’une vraie démocratie électorale ou du pluralisme. Les riches dirigent notre pays (et le reste du monde). Notre gouvernement est corrompu, les multinationales sont omniprésentes, et notre monde est détruit.

Pour beaucoup, la situation dans laquelle nous nous trouvons est paralysante. Que pouvons-nous faire face à cela ?

Quand j’ai commencé à protéger Thacker Pass et établi un camp de protestation sur le site où la mine doit être creusée, en plein hiver 2021, je n’avais pas d’illusions. Je savais que les tribunaux n’allaient pas nous sauver. Rappelez-vous, les lois ont été écrites par les grandes entreprises. Je savais que les commentaires publics ne marcheraient pas ; les règles sont écrites pour favoriser les intérêts des grandes entreprises. Je savais que le gouvernement ne serait d’aucune aide, vu que les politiciens sont pour la plupart achetés et payés. Je savais même que les façons standard de protester ne seraient probablement pas efficaces, vu les tactiques de répression et les stratégies de diviser-pour-régner qui ont été depuis des siècles celles des grandes entreprises et des colonisateurs.

En tant que société, nous nous trouvons au cœur de la 6ème extinction de masse, d’une catastrophe climatique et apparemment, d’un dépassement terminal. Et, comme mouvement écologiste, malgré notre action courageuse et inspirée, nous avons été insuffisants.

C’est pourquoi, depuis des années, j’appelle à une révolution écologique – une transformation fondamentale de la société – et m’organise pour faire qu’elle se produise.

Que vous pensiez que c’est nécessaire ou non, nous sommes tous d’accord sur le fait que ce que nous faisons ne marche pas. Je n’ai pas toutes les réponses. Mais je sais qu’il est temps d’aller plus loin.


Will Falk
Censored News
9 août 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

ORVADA, Nevada (9 août 2022) – Depuis plus d’un an, des tribus Indiennes du Nevada et de l’Oregon ont accusé le Bureau d’Aménagement du Territoire (BLM) de bâcler la consultation des tribus pour le projet de mine de lithium de Lithium Nevada Corp à Thacker Pass, et de ne pas prendre en considération des sites sacrés pour les Autochtones et le site d’un massacre de 1865.

Ces allégations se révèlent exactes, vu que le BLM informe maintenant les tribus de la zone de ce qu’ils ont « découvert » cinq « nouveaux » sites historiques à Thacker Pass, y compris le site du massacre. Le BLM doit maintenant légalement rouvrir la consultation tribale à propos des nouveaux sites, ce qui pourrait suspendre la construction pour des mois.

Entretemps, dans une lettre récente à la Colonie Indienne de Reno-Sparks, le Groupe de Recherche Anthropologique du Far West (Farwestern, responsable de l’étude archéologique à Thacker Pass) révèle qu’ils « étaient absolument conscients de ce terrible évènement (le massacre de 1865) dès le début de [leur] travail d’étude. »

Cependant, ni le BLM ni le Groupe du Far West n’ont inclus le massacre dans des documents publiques tels que la Déclaration d’Impact Environnemental, ce qui se révèle être une violation flagrante de la loi. Le massacre n’est devenu publique que quand la Colonie Indienne de Reno-Sparks a découvert que le BLM possédait des fichiers sur le massacre dans son propre Bureau des fichiers du Pays [General Land Office records], qui sont exigés par la loi pour étude avant d’accorder des permis pour la mine.

Les Tribus ont appelé ça une « dissimulation » et de possibles violations de la Loi sur la Protection et le Rapatriement des Tombes Autochtones, de la Loi Nationale de Préservation Historique, et de la Loi de Politique Environnementale Nationale.

Des membres des tribus ont comparé la destruction de Thacker Pass avec la destruction au bulldozer du Cimetière National d’Arlington.

« Le BLM, Far Western et Lithium Nevada étaient au courant du massacre du 12 septembre 1865, mais l’ont caché au public » dit l’avocat Will Falk, qui représente la Colonie Indienne de Reno-Sparks dans une plainte contre le BLM pour avoir autorisé la mine. « Nous soupçonnons que le BLM s’est aperçu de la controverse autour de la décision de détruire les lieux de dernier repos de dizaines de Paiutes assassinés par des soldats fédéraux, et a espéré pouvoir introduire la mine en douce avant que les tribus ou le public ne s’en aperçoivent. »

Le projet de mine à Thacker Pass couvrirait au moins 7000 hectares et les populations locales, les tribus de la région et les écologistes s’y opposent farouchement. La mine à ciel ouvert couperait les trajets de migration des antilopes d’Amérique, perturberait la reproduction de l’aigle d’or, passerait au bulldozer l’habitat du tétras des armoises [greater sage grouse] menacé, et pomperait plus de 18 millions de litres d’eau par jour. Les résidents s’inquiètent des effets de la pollution et de l’affluence de travailleurs venus d’ailleurs qui pourraient amener des drogues et des agressions sexuelles dans la communauté.

Le 12 septembre 1865, l’Armée US a lancé une attaque surprise sur un camp Paiute du Nord, à l’est de Thacker Pass, tuant entre 30 et 70 hommes, femmes, enfants et vieillards Autochtones qui s’enfuyaient vers des abris. Un survivant est connu d’après des récits écrits, et deux autres par des histoires orales. Ils ont fui vers le nord-est, plus près du site du projet de mine. Aucun soldat de l’Armée US n’a été tué.

La Colonie Indienne de Reno-Sparks, la Tribu Burns Paiute d’Oregon, et la Colonie Indienne de Winnemucca ont tous témoigné devant une cour fédérale qu’ils n’avaient jamais été consultés sur le projet de mine de Thacker Pass, en dépit de connexions culturelles, historiques et spirituelles fortes avec le site. Les tribus ont affirmé qu’à cause des manques de consultation du BLM, Lithium Nevada allait détruire des propriétés culturelles et historiques traditionnelles si la compagnie construisait la mine.

Du fait de la forte concentration d’objets archéologiques Amérindiens, de camps traditionnels, d’un ancien site de récolte d’obsidienne, de sites sacrés, et du site du massacre de 1865, la Colonie Indienne de Reno-Sparks a demandé au BLM de classer tout Thacker Pass comme district historique éligible pour être inscrit au Registre National des Sites Historiques. Cette désignation pourrait forcer le BLM à engager des consultations plus substantielles avec les tribus Indiennes et à réévaluer la zone du projet à Thacker Pass.

Les Autochtones du Nevada, déjà décimés par plus de 1000 tests de bombes atomiques, sont maintenant menacés par la « ruée vers le lithium » déclenchée par les fausses promesses des batteries électriques. Ils veulent attirer l’attention sur leur situation. C’est particulièrement important en France, où les médias officiels ne cessent de faire croire que le Nevada est un désert quasiment inhabité.
Christine Prat

COURSE-PRIÈRE JUSQU’À WASHINGTON POUR PROTÉGER PEEHEE MU’HUH (THACKER PASS)

Par Protect PeeHee Mu’Huh (Tacker Pass)
Course-prière jusqu’à Washington D.C.
Publié par Censored News
le 16 avril 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Le 8 avril 2022, un groupe de coureurs prieurs conduits par Gary McKinney et Ky NoHeartInWar, ont quitté la région de la Nation Paiute près de Fort McDermitt, dans le nord du Nevada, à Thacker Pass (PeeHee Mu’Huh – Lune Pourrie) avec comme destination finale le Ministère de l’Intérieur et la Maison Blanche, à Washington D.C.

Le but de leur course est de faire prendre conscience à tous du projet de destruction de ce site cérémoniel et culturel, situé au cœur des Nations Paiute et Shoshone de l’Ouest. Non seulement des cérémonies ont lieu sur ce site, mais c’est aussi le lieu de multiples massacres impliquant non seulement la Cavalerie des Etats-Unis, mais aussi d’autres tribus Autochtones voisines, ce qui a conduit à ce que ce lieu devienne une terre de sépultures.

La Lithium Nevada Corporation, par l’intermédiaire du Bureau d’Aménagement du Territoire, est en passe d’obtenir cette terre pour une mine à ciel ouvert, qui doit devenir une des plus grandes mines à ciel ouvert du monde. Grâce à la Loi sur la Production de Défense, passée au début de l’année, ils ont obtenu des permis, et une approbation dans un délai adéquat, ce qui a porté un coup dévastateur aux actes juridiques conçus pour protéger notre passé, notre présent et notre avenir en tant que nation culturelle. La compagnie et les entités gouvernementales ont choisi d’ignorer la Loi de 1990 sur la Protection des Tombes Amérindiennes et de Rapatriement [NAGPRA], la Loi de Rapatriement, la Loi sur la Liberté Religieuse de 1978 promulguée par le Président Carter, et la Loi sur les Antiquités ; toutes sont conçues pour nous protéger en tant que nations souveraines.

De plus, non seulement cette compagnie cherche à détruire ce site sacré, mais elle a aussi l’intention de détruire les habitats des aigles chauves et des aigles royaux au cours de ce projet. Nous ne pouvons pas laisser faire cela sans faire prendre largement conscience de leurs intentions.

En tant que peuple culturel, c’est notre façon de tracer la voie de 7 générations derrière nous. Ceci étant dit, nous ne pouvons pas autoriser les pouvoirs gouvernementaux à empiéter sur des frontières officiellement reconnues, et c’est au peuple de préserver les lois du territoire, des traités et des accords entre ces deux nations souveraines.

C’EST UNE TERRE SACRÉE

Veuillez agréer…,

Les Coureurs Prieurs de PeeHee Mu’Huh

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projets de mines de lithium dans le sud-ouest des USA


Par Brenda Norrell
Sur Censored News
14 février 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

C’est ici, dans le désert du Nevada, que les Etats-Unis veulent enterrer leurs secrets. Et ces secrets explosent ici, et laissent une trace de mort pour les Shoshone, dans leur propre pays, sur le site d’essais nucléaires.

Le désert du Nevada est le lieu où les héritages de Julian Assange, de Wikileaks, et du Paiute-Shoshone Myron Dewey se croisent.

C’est à la Base de l’Armée de l’Air de Creech, que des lanceurs d’alerte militaires chargés des drones, ont décrit les renseignements erronés et les assassinats irresponsables par des pilotes de drones, exerçant par ordinateur une surveillance partout dans le monde, et les missiles qui tuent les cibles du gouvernement américain. Les femmes et les enfants tués sont ignorés. Au moins un citoyen Américain a été assassiné de cette façon.

Myron Dewey, comme Wikileaks, a dénoncé des vérités dont personne d’autre n’aurait osé parler. À Standing Rock, Myron Dewey avait photographié la police, les agents de TigerSwan, et d’autres firmes de sécurité, autour du Dakota Access Pipeline. Myron avait filmé leurs tours d’espionnage avec son drone de vidéo. Son drone était au-dessus, quand les Protecteurs ont été attaqués avec des canons à eau et des projectiles, le 20 novembre 2016, à Standing Rock.
Photo prise par Myron Dewey à Standing Rock, en septembre 2016. ©Les ayant-droit de Myron Dewey.

La veille de son accident mortel, Myron avait filmé en direct du champ de tir de Fallon, dans son pays, au centre du Nevada. Il avait aussi prévenu du projet de mine de lithium, sur le Site d’un Massacre de Paiute, à Thacker Pass, dans le nord du Nevada.

Au moment même où il était révélé que les Etats-Unis avaient discuté le possible assassinat de Julian Assange, Myron Dewey était tué par un camion qui s’était mis sur sa voie et l’avait heurté de front, sur une piste isolée, près de la maison de sa famille, à Yomba, dans le Nevada, à l’est de Reno.

Assange et Dewey ont ouvert des fenêtres sur des mondes que les Etats-Unis ne voulaient pas seulement laisser fermées, mais les condamner et les faire disparaitre en silence.

Dewey a révélé la preuve des graves blessures infligées aux Protecteurs de l’Eau à Standing Rock, dans le Dakota du nord. Une jeune femme a eu un bras déchiré par un projectile des forces de l’ordre, deux Protecteurs Autochtones se sont fait tirer dans les yeux, et des Protecteurs de l’Eau pacifiques se sont fait tirer dessus avec des grenades lacrymogènes, des balles en caoutchouc et autres projectiles. D’autres ont été attaqués par les chiens de firmes de sécurité.

Les preuves filmées par Myron montrent des sheriffs adjoints locaux et nationaux, des policiers locaux et de l’état, et des Gardes Nationaux responsables. Myron avait photographié des espions recrutés pour l’oléoduc qui harcelaient les gens, parmi lesquels des gens de la firme TigerSwan, des mercenaires embauchés pour l’oléoduc, qui fonctionnait dans le Dakota du Nord sans licence. Myron avait photographié leurs visages et leurs véhicules.

Dans le Nevada, les traces de mort commencent avec les massacres d’Autochtones sur leurs terres ancestrales. La géographie de la mort continue avec les essais de bombes atomiques et la propagation de radiations qui ont causé des cancers, dans les territoires Shoshone.

Les traces de mort continuent maintenant avec une pression sur un ordinateur à la Base de l’Armée de l’Air de Creech. Il suffit d’une erreur d’information et d’une négligence irresponsable, pour qu’un assassinat ait lieu à l’autre bout du monde.

La mort continue d’être répandue avec l’extraction de lithium pour de fausses solutions vertes et les énormes quantités d’eau qui seront utilisées. Les produits toxiques de l’extraction détruisent la vie du monde naturel quand la terre est éventrée.

Puis il y a les bombes, le champ de tir de la Marine, dans le pays de Myron, le pays de Wovoka. Le champ de tir signifie la mort pour le monde naturel, et prépare des morts au-delà du désert du Nevada.

Les lieux cités dans l’article sont sur cette carte

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Article ©Brenda Norrell, Censored News, le contenu ne peut être utilisé sans permission écrite. Les photos sont la propriété du photographe ou de ses ayant droits.

Photo by Max Wilbert

Par Brenda Norrell
Censored News
7 septembre 2021
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Dans la course au lithium pour les batteries de voitures électriques, un juge fédéral a donné son autorisation à une compagnie de lithium, dans le nord du Nevada, pour commencer à creuser le site d’un massacre d’Autochtones à Thacker Pass.

La décision du juge, qui prend le parti de Lithium American Corp., est importante, parce qu’elle implique des violations de plusieurs lois fédérales qui protègent les sites sacrés Autochtones, et parce que le Bureau d’Aménagement du Territoire (BLM) n’a pas consulté les Autochtones.

La Juge de District Miranda Du, a rejeté la proposition des dirigeants tribaux de bloquer le forage pour permettre une étude archéologique exigée avant que la construction puisse commencer à la mine de lithium du Nevada.

La juge Du a opposé un refus à la requête des tribus d’une injonction préliminaire empêchant le creusement d’une tranchée destinée à recueillir des échantillons près de la frontière avec l’Oregon, sur le site du plus grand gisement de lithium connu aux Etats-Unis, selon la Gazette de Reno.

La juge Du a décidé, « principalement parce que les tribus n’ont pas montré qu’elles allaient probablement recourir à leur plainte selon laquelle la décision du BLM de ne pas les consulter n’était pas raisonnable ou avait été prise de mauvaise foi, n’ont pas présenté suffisamment de preuves spécifiques des dommages irréparables qui se produiront probablement si le creusement a lieu, et comme expliqué plus bas, la Cour rejettera la Motion. Cependant, cette décision ne résout pas les mérites des plaintes des Tribus. De plus, en prenant en considération la requête équitable des Tribus, la Cour ne manque pas d’accorder du crédit aux arguments d’équité et historiques plus généraux des Tribus, mais la Cour doit opérer dans le cadre des lois et règlements applicables. »

Le texte original du jugement est sur : https://www.keepandshare.com/doc18/24788/judge-du-denial-2-9-3-21-pdf-616k?da=y

Brian Oaster, membre de la Nation Choctaw d’Oklahoma, écrit, dans High Court News : « Un juge fédéral autorise des travaux d’excavation sur le site d’un massacre d’Autochtones ».

« La Colonie Indienne de Reno Sparks et les Atsa koodakuh wyh Nuwu (les Gens de Red Mountain), membres et descendants des Tribus Paiute et Shoshone de Fort McDermitt, veulent mettre un terme à l’extraction minière à Peehee mu’huh, ou Thacker Pass, site d’un massacre dans le nord du Nevada. »

« La Juge en chef de la Cour de District U.S. Mirande Du, a décidé vendredi d’autoriser le travail d’excavation à continuer pour extraire du minerai dans le Nord du Nevada, prenant parti pour la Lithium American Corp. »

« Tandis que d’autres communautés Autochtones comme la Tribu Hualapai, continuent leurs batailles contre les géants de l’énergie à propos de l’extraction de ressources, la décision de Du constitue un dangereux précédent. »

Le 12 septembre, aura lieu une commémoration en l’honneur des victimes de ce massacre.

Des Autochtones et des soutiens se rassembleront le 12 septembre pour commémorer un Massacre de 1865

Par Protect Thacker Pass

Des opposants au projet de mine de lithium de Thacker Pas, dans le nord du Nevada, se rassembleront dimanche 12 septembre, pour commémorer le massacre d’au moins 31 Paiute du Nord, le 12 septembre 1865, avec des prières et des chants.

Le rassemblement de dimanche débutera à 10h30, à « Sentinel Rock », un rocher d’une grande importance culturelle, sur la pente est de Thacker Pass, et se terminera dans les camps de protestation plus à l’ouest du col. Les opposants sont sur le site depuis janvier dernier.

« Notre commémoration est un évènement spécial, en l’honneur de nos ancêtres et de ce site sacré que nous appelons Peehee Mu’huh [le nom Paiute de Thacker Pass] », dit Daranda Hinkey, membre de la tribu des Gens de Red Mountain, l’un des groupes qui s’opposent à la mine de Thacker Pass.

« Cent cinquante-six ans après ce massacre, nous nous rassemblons pour honorer nos ancêtres comme il convient. Nous avons le sentiment qu’il est de notre responsabilité de protéger ces sites funéraires et lieux sacrés. »

Le massacre de 1865, qui fait partie de ce que l’historien Gregory Michno décrit comme « un long été de chasse aux Indiens renégats », commença quand des soldats quittèrent leur camp près de Willow Creek, moins d’1,5 km de Sentinel Rock. Le 12 septembre 1865, à une heure du matin, le 1er régiment de Cavalerie du Nevada partit pour encercler un camp voisin de Paiute du Nord, à l’ouest de Willow Creek, à Thacker Pass, mais furent découverts.

La Cavalerie est arrivée en tirant et le camp a été totalement éradiqué. Dans son livre « La Guerre Indienne la plus Meurtrière de l’Ouest », Michno écrit que le massacre a duré trois heures et s’est étendu sur plusieurs kilomètres. »

On pense que de nombreux Paiutes ont également été blessés. Un soldat de la cavalerie a été blessé, mais aucun tué. Il y eut trois survivants : deux bébés qui ont été emportés par un soldat, et un jeune homme qui s’est enfui à cheval.

Les opposants à la mine de Thacker Pass croient que le massacre a eu lieu dans les limites du projet de mine Lithium Nevada, et des documents historiques corroborent cette idée. Le Bureau d’Aménagement du Territoire et Lithium Nevada ont toujours nié qu’un massacre ait eu lieu à Thacker Pass, ce qui prouve que leur consultation des tribus a été inadéquate, que leur recherche historique sur le site a été inadéquate, et leur intention de continuer à le passer au bulldozer malgré tout.

Le massacre a eu lieu dans le contexte de la « Guerre du Serpent », un mouvement de guérilla qui officiellement a duré de 1864 à 1868, mais est arrivé après une décennie de tensions et de montée de la violence. Tout au long des années 1850s et 1860s, des colons de l’est des Etats-Unis ont débarqué en masse dans l’ouest, traversant les terres des tribus Paiutes du nord, Shoshone et Bannock, s’appropriant les sources d’eau, chassant en excès le gibier. Les colons croyaient avoir droit à la terre, alors que les Autochtones voyaient leurs actions comme un manque de respect, des effractions et des atteintes directes à leur survie. La violence était inévitable, et en 1864, la Guerre du Serpent, qui aurait fait officiellement 1762 victimes, était sur le point d’éclater.

L’idéologie derrière la Guerre du Serpent était celle de la « Destinée Manifeste », la doctrine de l’Église Catholique selon laquelle les Etats-Unis s’emparaient de la terre des Autochtones. Ça a entraîné un racisme généralisé, comme le prouve le journal Owyhee Avalanche, qui écrivait après le massacre de 1865, que le nombre de morts concernait « 31 Indiens toujours amis. »

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Honneur à nos Ancêtres – Commémoration de Peehee Mu’huh

Les ancêtres des Gens de Red Mountain ont combattu dans d’innombrables batailles, l’une datée du 12 septembre 1865, au cours de laquelle beaucoup d’Autochtones ont été brutalement massacrés par la Cavalerie des Etats-Unis près de Peehee Mu’huh.

156 ans plus tard, les Paiutes et les Shoshone honoreront leurs ancêtres comme il le faut. Ils pensent que c’est leur responsabilité de protéger ces sites funéraires et lieux sacrés.

[Suit le programme de la commémoration du 12 septembre 2021, les recommandations vestimentaires et contre le Covid].