En allant à la Foire de Shiprock [Nouveau-Mexique] Klee Benally évoquait le stockage de déchets d’uranium sur les rives de la rivière San Juan
Par Brenda Norrell
Censored News
29 août 2024
Traduction Christine Prat
SHIPROCK, Nation Navajo – Dans son livre publié peu de temps avant qu’il quitte ce monde, Klee Benally se rappelait aller à la Foire Navajo du Nord et évoquait le stockage de déchets d’uranium à Shiprock, dont personne ne parle. C’est le long de la rivière San Juan, celle qui a débordé cette semaine, huit mois après le départ de Klee.
« La Foire Navajo du Nord à Tsé Bit A’í (Shiprock, Nouveau-Mexique) existe depuis plus de cent ans », écrivait Klee dans son livre ‘Pas de Capitulation Spirituelle : Anarchie Autochtone en Défense du Sacré’. [Éditions Tumult]
Klee explique comment la Foire, chaque automne, marque le changement de saison et la récolte. Il décrit le scintillement des néons du carnaval dans les nuits froides et poussiéreuses, et les feux de genévrier.
« Toutes ces festivités ont lieu sur le Boulevard de l’Uranium, à seulement quelques kilomètres d’un énorme dépôt de déchets radioactifs de près de 43 hectares, qui contient 2,5 millions de tonnes de déchets sur le site d’une ancienne usine de traitement (à seulement 183 mètres de la Rivière San Juan) ».
Les études du stockage de déchets d’uranium de Shiprock ont montré que plus d’1,8 million de litres d’eau souterraine était contaminé par de l’uranium, du sélénium, du radium, du cadmium, des sulfates et des nitrates.
Maintenant, la Nation Navajo est à nouveau la cible de l’industrie nucléaire et l’agenda radioactif de Deb Haaland est ignoré.
Dans un discours à Farmington, la Secrétaire à l’Intérieur Haaland dit que la transition vers l’énergie verte dans la région de Four Corners sera menée par l’industrie de la bombe atomique, au Laboratoire National de Los Alamos [où furent fabriquées les bombes de Hiroshima et Nagasaki – Ndt], qui a déjà empoisonné des terres Pueblo dans le nord du Nouveau-Mexique. [Deb Haaland est elle-même Pueblo! Ndt]
On ne mentionne jamais le fait qu’il n’y a pas de moyen sûr de stocker des déchets nucléaires.
Maintenant, rajoutant une couche de tromperie, l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA) des États-Unis trompe le public. L’EPA ne décontamine pas vraiment les sites de déchets d’uranium, ni les résidus radioactifs de l’extraction d’uranium dans la Nation Navajo du temps de la Guerre Froide – elle ne fait qu’annoncer des projets et des promesses de le faire.
Eric Jantz, directeur juridique du Centre de Loi Environnementale du Nouveau-Mexique, dit en mars à la Commission Interaméricaine des Droits Humains, que l’EPA n’avait achevé aucune décontamination.
La vérité est que les gens parlent rarement du site de stockage de Shiprock parce qu’il y a tellement de déchets d’uranium répandus, et tellement de mines d’uranium non nettoyées, et des déchets étalés de Cameron à Monument Valley et dans la région de Four Corners.
Au cours des années 1990, quand je travaillais pour USA Today, j’ai parlé avec des Diné dans Red Valley et Cove, au sud de Shiprock, au pied de la montagne où je vivais. Dans chaque famille, il y avait des cancers. Dans chaque famille quelqu’un mourait du cancer, ou en était déjà mort, à cause de l’extraction d’uranium.
Une octogénaire Diné vivait dans une maison construite en pierre radioactive. Nous avions un compteur Geiger avec nous.
Gilbert Badoni, près de Shiprock, montre un poster de sa famille à un camp d’extraction d’uranium au sud du Colorado. Tous les membres de sa famille ont eu des cancers ou des maladies pulmonaires. Son père est mort du cancer. Gilbert, en bas à gauche du poster, dit que le gouvernement des États-Unis utilisait des Navajos pour travailler dans les mines d’uranium, comme cobayes. Les Navajos travaillaient dans des mines d’uranium sans aucune protection. Les femmes lavaient la poussière radioactive des vêtements, les familles mangeaient de la nourriture couverte de poussière d’uranium et mangeaient les moutons contaminés dans les chams. Photo Brenda Norrell
Aujourd’hui – après que des camions aient transporté le minerai radioactif de la mine d’uranium du Grand Canyon du Colorado, sur les terres ancestrales des Havasupai, à travers la Nation Navajo, jusqu’à l’usine de traitement mortelle en pays Ute, en Utah, comme Klee nous en avait prévenu – nous nous souvenons de Klee, et de la vie et de l’héritage qu’il nous laisse.
Klee termine son chapitre sur la Foire Navajo du Nord en prévenant :
« Ce n’était pas le pain frit ni la politique des colons qui ont ramené nos ancêtres dans les montagnes sacrées de Hwéeldi, c’était la cérémonie et l’action. Comme mes Anciens ont prévenu, « La Longue Marche ne s’est jamais terminée pour nous. »
Commander le livre de Klee
En français:
https://tumult.noblogs.org/commander/
L’Opération Clandestine des États-Unis Signifiait la Mort pour les Diné dans les Mines d’Uranium
Par Brenda Norrell
Censored News
8 novembre 2023
Traduction Christine Prat
« Ils ne nous ont pas dit que la roche était dangereuse. Ils disaient qu’ils l’utiliseraient pour faire des armes utilisées contre les Asiatiques. Mais c’est nous qui avons eu les retombées. »
C’est la voix d’une grand-mère Diné, parlant dans sa langue.
Dans cette famille Diné, il y a eu huit morts atroces. Ã l’hôpital, quand le plus jeune est mort, les docteurs ont demandé à la famille : « Est-ce que vous viviez près d’une mine, par hasard ? »
La famille raconte leur histoire dans le nouveau film, ‘Demon Mineral’, sélectionné pour le Festival International du Film sur l’Uranium 2024.
L’opération secrète et clandestine du gouvernement des États-Unis a envoyé des mineurs Diné à la mort dans des mines d’uranium dans la Nation Navajo. Le gouvernement des États-Unis savait que les radiations tueraient des Navajos, mais ne leur a pas dit, et les a envoyés dans les mines d’uranium sans aucune protection.
Des familles Diné respiraient la poussière et lavaient les vêtements couverts de poussière radioactive ramenés à la maison par les mineurs Diné. Les Diné mangeaient la nourriture qui poussait dans les champs couverts de poussière radioactive, tout comme leur bétail.
Le Dr. Tommy Rock, Diné, est le producteur du film sur les terres de Diné Bikéyah, la Nation Navajo, dans ce qui est connu comme l’Arizona, le Nouveau-Mexique et l’Utah. La bande annonce est disponible sur Vimeo
« De 1944 à 1986, près de 30 millions de tonnes de minerai d’uranium ont été extraits des terres Navajos. Aujourd’hui, les mines sont fermées, mais l’héritage de la pollution par l’uranium est toujours là, entre autres dans les plus de 500 mines d’uranium abandonnées et dans les maisons contaminées et des sources d’eau, » disent les organisateurs du Festival International du Film sur l’Uranium, basé au Brésil. Window Rock, dans la Nation Navajo était parmi les sites du festival les années précédentes.
‘Demon Mineral’, réalisé par Hadley Austin en 2023, avait été sélectionné par les Festival International du film sur l’uranium comme l’un des premiers films pour sa 13ème édition à Rio de Janeiro, à la cinémathèque du célèbre Musée d’Art Moderne (MAM Rio), du 25 mai au 1er juin 2023. Le Festival sera aux États-Unis en 2024. Le film est nominé pour une récompense au Festival International du Film Documentaire de Munich. Dans la distribution, il y a la famille Jones Benally – Jones, Clayson et Jeneda – et Leona Morgan, une Diné qui a passé sa vie à se battre contre l’extraction d’uranium dans sa région de Church Rock, au Nouveau-Mexique, dans la Nation Navajo, site de la pire fuite d’uranium de l’histoire des États-Unis.
Un regard pénétrant sur le désert radioactif dans la Réserve Navajo, qui souffre des effets de décennies d’extraction d’uranium, Demon Mineral fait un portrait accablant de l’inaction bureaucratique et de ses effets à long terme sur la vie humaine.
Ce documentaire fascinant, dirigé par Hadley Austin et produit par le Dr. Tommy Rock, utilise une série d’informations scientifiques bien documentées, associées à des archives et un tournage sur place, pour fournir une vision vivante du sacrifice déchirant des radiations omniprésentes, pour la population Autochtone d’Arizona, du Nouveau-Mexique et de l’Utah.
Avec peu de moyens pour diminuer leur souffrance – à cause de l’apathie constante de politiciens qui pourraient peut-être aider – un groupe de scientifiques, d’Anciens et d’activistes Autochtones luttent pour réparer Diné Bikéyah, la terre sacrée des Navajos, et obtenir une compensation pour leurs terres polluées. Le film révélateur ‘Demon Mineral’ est un moyen essentiel, pour ceux qui sont directement touchés par cette situation désastreuse, d’attirer l’attention sur leur détresse – Zaki Hasan
Leona Morgan à la Convention de Diné CARE, samedi 2 juin 2018, photo Brenda Norrell
LEONA MORGAN: LES ETATS-UNIS VISENT LES AUTOCHTONES ET LES PAUVRES AVEC LES DECHETS NUCLEAIRES, LE TRANSPORT ET L’EXTRACTION D’URANIUM
Intervention de Leona Morgan à la Convention de l’ONG Navajo Diné CARE, le 2 juin 2018, diffusée en direct sur Spirit Resistance Radio et transcrite par Brenda Norrell pour Censored News. (Voir article plus détaillé sur la biographie et le travail de Leona).
Article de Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Le 8 juin 2018
Traduction Christine Prat
DILKON, Nation Navajo – Leona Morgan, Diné, a passé sa vie à combattre les mines et le transport d’uranium, et la décharge de déchets. Actuellement, les Etats-Unis visent les pauvres du sud du Nouveau-Mexique pour décharger des déchets nucléaires, et l’extraction d’uranium menace à nouveau le Mont Taylor, site sacré, dans le nord du Nouveau-Mexique.
“Nous combattons tout cela” dit Leona à la Convention de Diné CARE samedi 2 juin 2018.
Leona s’est engagée dans la lutte en 2007, lorsqu’un projet de mine d’uranium à Church Rock, au Nouveau-Mexique, impliquait de transporter le minerai près de Crownpoint, où vivait sa famille.
Après une longue lutte, le projet de mine d’Uranium Resources, Inc. a été arrêté, en 2014.
“Les Etats-Unis appellent cela le cycle du combustible nucléaire,” dit Leona, en référence au vocabulaire aseptisé que les Etats-Unis utilisent pour parler du cycle mortel. “Nous sommes au bout de la ligne de front” dit-elle à propos des communautés Navajo.
Leona expliqua comment l’extraction et le traitement d’uranium aboutissent aux armes et au développement nucléaires. Elle dit que le but du colonialisme des Etats-Unis était de contrôler le reste du monde.
Entretemps, une grande partie des déchets et des armes nucléaires, ainsi que l’uranium appauvri, arrive au Nouveau-Mexique. Parmi les plus mortels, il y a le carburant irradié ou carburant usé. C’est le déchet le plus radioactif. “Ils veulent amener tous les déchets nucléaires au Nouveau-Mexique,” dit-elle.
Actuellement, Leona travaille au sein du Groupe d’Etude des Problèmes Nucléaires, à Albuquerque, et avec le groupe Haul No! de Flagstaff [Arizona]. Energy Fuels a le projet d’extraire du minerai dans le Grand Canyon du Colorado, et de le transporter, par Flagstaff et à travers la Nation Navajo, à l’usine de traitement White Mesa, Utah, en territoire Ute.
Leona dit que la Nation Navajo a des lois pour empêcher le transport d’uranium sur son territoire, mais les lois Navajo ne s’appliquent pas aux autoroutes et chemins de fer fédéraux, ce qui laisse les Diné sans protection. “Nous avons une loi contre le transport de matériaux radioactifs.”
Cherchant comment y remédier, Leona se joignit à d’autres pour aller au ministère de la Justice de la Nation Navajo. Cependant la réponse fut celle-ci: “C’est hors de notre juridiction, et nous ne pouvons rien y faire.”
Après s’être rendu compte que la Nation Navajo ne ferait rien, Leona, en compagnie d’autres personnes, alla dans les communautés. Les gens se sont engagés, les chapitres ont adopté des résolutions. La ville de Flagstaff a adopté un mémorandum, mais, encore une fois, il a fallu admettre que les lois fédérales priment sur les lois locales. “Ils ont adopté une résolution, ce qui est formidable,” dit Leona du Conseil Municipal de Flagstaff.
Puis, de bonnes nouvelles sont arrivées. Il y a trois semaines, la compagnie d’uranium a retiré la plupart de ses ouvriers et déclaré un moratoire sur l’exploitation dans le Grand Canyon. En plus de la résistance, Leona fit remarquer que le prix de l’uranium est très bas.
A l’usine de White Mesa, on décharge des déchets nucléaires très sales. “Ils brûlent des déchets à 2h du matin.”
Leona travaille aussi au Projet de Surveillance des Radiations, de Haul No!, qui organisera une séance de formation fin octobre 2018, incluant apprendre à se servir de compteurs Geiger. Etant donné qu’il y a des résidus d’uranium de l’extraction d’il y a des décennies encore disséminés dans la Nation Navajo, les compteurs Geiger peuvent être empruntés et utilisés par les habitants à volonté, pour détecter la radioactivité.
Leona souligna que les radiations causaient le plus de dégâts au plus vulnérable: l’enfant à naître, pendant la grossesse. Elle dit que même les lois qui visent à contrôler la radioactivité aux Etats-Unis sont racistes. Les lois sont fondées sur les effets de la radioactivité sur un sujet masculin blanc de 35 ans.
Maintenant, les communautés, au Nouveau-Mexique, sont à nouveau menacées par une mine qui a actuellement le statut d’attente. La firme Rio Grande Resources y extrayait du minerai d’uranium dans les années 1970-1980. Elle se trouve près de Grants, au nord-ouest du Nouveau-Mexique. La mine est ouverte, émet des radiations, et n’a pas été décontaminée.
A Grants, des gens veulent que cette mine redémarre. Leona dit qu’ils pensent que ça ramènera la grande époque de l’extraction d’uranium. Ils pensent que c’est bon pour l’économie. “Nous savons que c’est mauvais pour l’environnement.” La mine a été autorisée à reprendre le statut d’active. Cette mine devrait être décontaminée, étant près du Mont Taylor, qui est sacré pour les Navajos. Leona, en compagnies d’autres personnes, a assisté à des réunions publiques et dit à l’état du Nouveau-Mexique que cette mine devait être nettoyée.
N’ayant pas de site où déposer les déchets nucléaires hautement radioactifs, les Etats-Unis ont produit la loi sur les ‘Consolidated Interim Storage’ [sites d’Entreposage Temporaire]. Les Etats-Unis n’avaient pas trouvé de solution jusqu’aux années 1990, puis ont eu l’idée d’entreposer les déchets nucléaires sous la montagne Yucca, dans le Nevada. “Les Shoshone de l’ouest sont la nation la plus bombardée sur planète,” dit Leona, à propos du site de tests de bombes atomiques sur leurs terres ancestrales du Nevada. Les Etats-Unis n’ont pas encore de lieu où mettre les déchets hautement radioactifs, ils essaient donc de construire un site temporaire. “Ils veulent les amener au Nouveau-Mexique” dit Leona, parlant de deux sites près de Carlsbad, dans le sud du Nouveau-Mexique. Actuellement, des compagnies ont demandé des autorisations d’entreposer d’énormes quantités de déchets nucléaires, et deux d’entre elles ont demandé des autorisations pour 40 ans, pour décharger près de Carlsbad, et la durée peut en être prolongée. “Nous craignons que ça ne devienne une décharge permanente.”
Le transport de ces déchets hautement radioactifs passerait par la Nation Navajo, par chemin de fer. Actuellement, le Groupe d’Etude des Problèmes Nucléaires travaille très dur, pour collecter des signatures dans les communautés afin de s’y opposer. Ils vont au marché aux puces de Gallup et d’autres endroits pour collecter des signatures et informer les habitants.
Les Etats-Unis veulent se débarrasser des déchets nucléaires au Nouveau-Mexique, des déchets qui proviennent de la production d’électricité pour d’autres gens, ailleurs. Et quand ces décharges nucléaires dangereuses auront des problèmes, ce sont les contribuables des Etats-Unis qui paieront les frais.
Leona termina son intervention en rappelant que Tetra Tech avait déjà été dénoncé pour des infractions et un nettoyage bâclé aux Chantiers Navals de Hunters Point, en Californie, et n’aurait pas dû avoir un contrat pour transporter des matériaux radioactifs dans la Nation Navajo.
Leona faisait partie des intervenants à la Convention de Diné CARE ‘Citoyens Contre la Destruction de Notre Environnement’, pour l’ouest de la Nation Navajo, qui s’est tenue du 1er au 3 juin 2018, à Dilkon, dans la Nation Navajo.
Diné CARE fête ses 30 ans d’existence, comme organisation environnementale de base.
LA POLLUTION DE L’EAU DES NAVAJO PLUS EFFRAYANTE QUE CELLE DE FLINT (MICHIGAN)
vendredi 22 janvier 2016
L’eau des Navajo est polluée depuis longtemps par les mines de Peabody Coal sur Black Mesa, les fuites d’uranium et plus récemment l’empoisonnement des rivières Animas et San Juan par l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA). Le gouvernement des Etats-Unis savait, lorsqu’il a déplacé des Navajos dans la région de Sanders**, Arizona, que les radiations dues à la fuite d’uranium de Church Rock*, Nouveau-Mexique, empoisonneraient l’eau en s’écoulant dans le Rio Puerco. Dans la région de Four Corners [nord-est de la Réserve Navajo], trois centrales électriques au charbon polluent l’eau par ruissellement.
Censored News
A POLLUTION DE L’EAU DES NAVAJO PLUS EFFRAYANTE QUE CELLE DE FLINT
Par Robert Seals
Censored News
Photo de Louise Benally faisant un discours à Washington D.C.
Zie ook Nederlandse vertaling door Alice Holemans
Traduction Christine Prat
Mon nom est Robert Seals. J’ai suivi l’histoire de la crise de l’eau à Flint, dans le Michigan et je souhaite faire la lumière sur une autre histoire de pollution de l’eau bien plus ancienne et tout aussi effrayante que celle de Flint.
Les réserves d’eau de Black Mesa, dans la Réserve Navajo, sont détruites depuis des décennies par l’entreprise minière Peabody. L’eau des puits a été drainée pour mélanger au charbon afin de le transporter par pipeline et le reste de l’eau a été contaminée par de l’uranium qui s’écoule maintenant dans le fleuve Colorado. C’est un abrégé d’une histoire peu connue qui doit désespérément être dite. Il n’y a pas eu d’eau potable dans la Réserve depuis des décennies. Quand une ville comme Flint est en crise, tout le monde s’agite et se sent concerné. Cependant, personne ne parle de la situation tragique qui règne sur Black Mesa et personne n’est tenu pour responsable de ce camouflage. La porte-parole de Black Mesa est Louise Benally. Elle peut vous fournir toute l’histoire.
Voici une brève déclaration de Louise : « Notre eau a été touchée depuis les années 1950 jusqu’à maintenant. Lorsque divers minéraux ont été découverts dans la Réserve Navajo dans les années 1940-1950 – jusqu’à ce jour (maintenant, en 2016), l’eau souterraine a été utilisée pour extraire l’uranium. Les eaux souterraines et de surface ont été utilisées puis rejetées dans des bassins de rétention et/ou dans les eaux de surface. L’extraction de charbon sur Black Mesa a entrainé l’utilisation d’eau pour transporter le charbon sur 445 km et continue à pomper l’eau souterraine pour pousser le charbon de Black Mesa jusqu’à Laughlin, dans le Nevada. Aujourd’hui, les bassins de rétention ne sont plus surveillés sur Black Mesa et infiltrent les ruissellements jusque dans les cours d’eau de surface – et les cours supérieurs.
Il y a beaucoup de pollution dans notre Réserve, dans la plupart des régions comme dans les Nouvelles Terres de Sanders**, Arizona. Il n’y a pas d’eau que les gens puissent boire en toute sécurité. Dans le district de l’ouest, il n’y a pas eu d’eau potable saine depuis les années 1950, quand les firmes d’uranium y sont arrivées. L’eau de Black Mesa est pompée pour les opérations minières de Peabody Coal. La pollution s’infiltre maintenant dans le Fleuve Colorado. »
Je vous remercie immensément de prendre le temps de vous renseigner davantage et de dénoncer cette affreuse situation.
Sincères salutations, Robert Seals
*En 1979, une digue de terre qui retenait l’eau irradiée de la mine d’uranium de Church Rock a cédé et l’eau s’est échappée dans le Rio Puerco. C’est à ce jour la plus grande catastrophe nucléaire de l’histoire des Etats-Unis. Elle s’est produite la même année que l’accident de Three-Miles-Island, dont les médias ont beaucoup parlé, alors que pas un mot n’a été dit sur la catastrophe de Church Rock.
**Après beaucoup de péripéties, une loi de 1974 – PL 93-531 – a partagé une zone commune aux Navajos et aux Hopis, entrainant l’expulsion de milliers de Navajos et d’une centaine de Hopis. Les expulsions ont eu lieu dans les années 1980. Certains Navajos ont été relogés à Sanders, ville traversée par le Rio Puerco, en aval de Church Rock. La région était donc fortement contaminée par la fuite d’uranium. Une ‘nouvelle’ pollution à l’uranium a été découverte pendant l’été 2015, dans le puits d’eau potable d’un quartier Navajo de Sanders.
Christine Prat
Design by Indigenous Action Media
LA DESTRUCTION ECOLOGIQUE NE SIGNIFIE PAS LA SOUVERAINETE DINE (NAVAJO)
Par Klee Benally, Indigenous Action Media
18 avril 2015
Traduction Christine Prat
En 2009, Joe Shirley Jr., alors président de la Nation Navajo, a publié un communiqué de presse dans lequel il déclarait : « Comme jamais auparavant, les activistes et organisations écologistes sont parmi les pires menaces contre la souveraineté tribale, l’autodétermination, et notre quête d’indépendance. » Afin de protéger l’extraction de charbon et les intérêts des compagnies d’énergie dans la Nation Navajo, il déclarait que les militants écologistes n’étaient « pas les bienvenus » dans la réserve.
La position de Shirley semblait contraire à son travail antérieur pour protéger Dooko’osliid [San Francisco Peaks], l’une des quatre montagnes sacrées des Diné, et pour proscrire l’extraction d’uranium, tout cela ayant été accompli à cause de et aux côtés des écologistes. Mais le problème était en fait la dépendance historique de la Nation Navajo du charbon.
A l’époque, la Centrale Mojave, une centrale du Nevada qui brulait du charbon et pompait l’eau des mines à ciel ouvert de Black Mesa, avait été fermée depuis quelques années et le combat contre Desert Rock Energy, un projet d’énorme centrale au charbon dans la région de Four Corners, faisait rage. Desert Rock a finalement été fermé grâce à la résistance de la communauté, suscitée par Doodá Desert Rock. La proclamation de Shirley démontrait clairement que l’appareil politique de la Nation Navajo est responsable vis-à-vis de l’extraction de charbon et des intérêts des compagnies d’énergie plutôt que vis-à vis des Diné.
Le Président du Conseil de la Nation Navajo, Lorenzo Bates, a affirmé récemment cet engagement et a fait monter d’un cran la rhétorique et la politique antérieure par son témoignage écrit présenté au Comité du Sénat des Etats-Unis pour les Affaires Indiennes, disant que « la guerre contre le charbon est une guerre contre l’économie Navajo et notre capacité à agir en Nation souveraine. »
Bates a déclaré que l’industrie du charbon représentait « 60% des Revenus [de la Nation Navajo]. » et que « ces revenus représentent notre capacité à agir en Nation souveraine et à subvenir à nos propres besoins. »
Quelques jours avant sa déclaration, la compagnie Navajo Transitional Energy a perdu une bataille devant une cour de district, contre des groupes environnementaux, à propos d’une tentative d’expansion de la Mine Navajo, qui a récemment été rachetée à BHP et fournit en charbon la Centrale notoirement toxique de Four Corners. En 2012, le Bureau des Mines de Surface (OSM) des Etats-Unis a approuvé l’expansion de la mine, mais des groupes écologistes, entre autres Diné Care, ont engagé des poursuites, imposant une nouvelle évaluation environnementale, évaluant adéquatement les risques du mercure sur la santé publique et l’environnement. La Nation Navajo fait appel de cette décision.
Tandis que les politiciens de la Nation Navajo font pression et vont en justice en faveur de l’industrie du charbon, un nuage de près de 6500 km², flottant au-dessus de la Nation Navajo dans la région de Four Corners [point rouge sur la carte], est l’objet d’une enquête de chercheurs de la NASA qui ont déclaré : « L’origine est vraisemblablement l’extraction et le traitement du gaz, du charbon et du méthane houiller. » Le méthane est le deuxième gaz à effet de serre émis aux Etats-Unis et peut être jusqu’à 84 fois plus puissant que le gaz carbonique.
Il y a actuellement plus de 20000 puits de gaz naturel et des milliers de projets d’en ouvrir d’autres, dans et à proximité de la Nation Navajo, dans le Bassin de San Juan, une structure géologique de près de 20000 km² dans la région de Four Corners. D’après l’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis, le Bassin de San Juan a « le bassin de méthane houiller le plus productif de l’Amérique du Nord. » Rien qu’en 2007, les compagnies ont extrait environs 37000 milliards de m² de gaz naturel de la région, en faisant la plus grande source des Etats-Unis. Halliburton, ‘pionnier’ de la fracturation hydraulique en 1947, a introduit la ‘refracturation’ des puits de la région. La fracturation gaspille et pollue une énorme quantité d’eau. Un seul puits de méthane houiller peut épuiser jusqu’à 1,3 millions de litres d’eau, et un puits de gaz de schistes forant horizontalement peut épuiser jusqu’à 40 millions de litres d’eau.
Le Bassin de San Juan est aussi considéré comme « le producteur d’uranium le plus prolifique des Etats-Unis. » L’uranium est un métal lourd radioactif utilisé comme carburant dans les réacteurs nucléaires et dans la production d’armes. On estime que 25% de l’uranium accessible restant dans le pays est dans la Nation Navajo. Bien que l’extraction d’uranium soit interdite dans la réserve, les politiciens Navajo ont récemment cherché à autoriser à nouveau l’extraction dans des régions déjà contaminées par l’héritage empoisonné de l’industrie. En 2013, le Délégué du Conseil de la Nation Navajo Leonard Tsosie a proposé une résolution visant à saper l’interdiction, mais ses entreprises ont été bloquées par Diné No Nukes [Pas de Nucléaire Navajo], une organisation de base « vouée à créer une Nation Navajo débarrassée des dangers de la radioactivité et de la prolifération nucléaire. » On estime qu’il y a plus de 2000 mines d’uranium abandonnées toxiques dans et autour de la Nation Navajo. 22 puits qui fournissent de l’eau à plus de 50000 Diné ont été fermés par l’Agence de Protection de l’Environnement à cause de leur fort taux de radioactivité. Les pressions récentes pour l’énergie nucléaire considérée comme ‘énergie propre’ ont rendu la région plus vulnérable à un renouvellement de l’extraction d’uranium, y compris la lixiviation in situ (qui utilise un procédé similaire à la fracturation hydraulique) juste à côté du Mont Taylor, une autre des quatre montagnes sacrées pour les Diné.
Des politiciens de la Nation Navajo veulent nous faire croire que la dépendance de centrales extrêmement polluantes et de mines à ciel ouvert qui ont causé la déportation forcée de plus de 20000 Diné de Black Mesa et une grave dégradation de l’environnement, est de la « souveraineté ». La Nation Navajo affirme son rôle de nation domestique dépendante qui sert les Etats-Unis et les intérêts des grandes entreprises privées au prix de notre santé et de la destruction de Notre Mère la Terre. Ce n’est pas de la souveraineté, c’est une colonie économique avec une entité politique établie pour maintenir l’exploitation des ressources. D’après le site web de la Compagnie du Pétrole et du Gaz de la Nation Navajo (NNOGC), « En 1923, un gouvernement tribal Navajo a été créé à l’origine par le Bureau des Affaires Indiennes pour approuver les contrats avec les compagnies pétrolières américaines, qui désiraient ardemment entamer des opérations de forage de pétrole sur les terres Navajo. » On ne peut pas être plus explicite.
En représentant la Nation Navajo, Bates a ajouté de mauvaise grâce une tentative d’éco blanchiment dans son témoignage, en déclarant que NTEC « … a reçu le mandat d’effectuer la transition de notre Nation vers notre avenir énergétique en investissant pas moins de 10% de ses profits dans le développement d’énergie alternative et renouvelable. » Même si l’économie verte (ou plus clairement le capitalisme vert) était une étape viable pour sortir de cette folie insoutenable, pourquoi le rôle de la Nation Navajo est toujours supposé être d’exploiter l’environnement pour alimenter les profits des grandes entreprises et maintenir un mode de vie non-durable ?
Une économie verte ne rompt pas les relations coloniales avec les industries d’extractions, elle les promeut. La bataille en cours pour protéger les terres sacrées d’Oak Flat de la firme Resolution Copper est un exemple proche de nous. Le site sacré, situé en Arizona sur des terres ‘publiques’ volées à la Nation Apache San Carlos, a été privatisé par des politiciens d’Arizona pour extraire du cuivre bien que la zone ait été protégée au niveau fédéral de toute extraction de ressources depuis 1955. La page d’ouverture du site de Resolution Copper déclare : « Le cuivre extrait de la mine projetée aidera à câbler un monde en croissance rapide et à pousser la nouvelle économie verte, en fournissant de l’énergie à toutes les innovations, des éoliennes aux voitures électriques. » Des Apaches rejoints par d’autres Peuples Autochtones occupent toujours Oak Flat.
La marchandisation de la nature continuera à nous placer dans une guerre interminable contre Notre Mère la Terre. Les sites sacrés, comme les San Francisco Peaks, le Mont Taylor, la Confluence du Grand Canyon, le Mont Graham, Oak Flat, le Mont Tenabo, Yucca Mountain, Medicine Lake, Mauna Kea [Hawaï]. Hickory Grounds, Black Mesa, la Montagne du Sud, Red Butte, Bear Butte, les Black Hills et beaucoup d’autres, sont sur la ligne de front de la lutte des Peuples Autochtones pour leur survie et leur vitalité culturelle et sont des cibles directes de ces industries d’exploitation.
La destruction en gros de Notre Mère la Terre et de ses êtres vivants pour la consommation et les profits de l’énergie est anti-Autochtone et donc anti-souveraineté Autochtone.
Bates a plus l’air d’un démarcheur de l’industrie du charbon que d’un partisan de la souveraineté quand il déclare que notre ‘avenir dépend’ du charbon. Face à la catastrophe climatique globale, si nous continuons à extraire et bruler du charbon, si nous choisissons des modes de vie liés à la destruction de l’air que nous respirons, de l’eau que nous buvons et du sol dont nous produisons notre nourriture – nous n’aurons pas de futur.
Lien vers mon commentaire sur le communiqué de presse de Shirley en 2009 (en anglais) :
http://www.indigenousaction.org/democracy-unwelcome-on-navajo-and-hopi-nations/
Klee Benally, Indigenous Action Media
‘Nation Navajo’ désigne la réserve Navajo (par opposition à ‘Dinetah’, le territoire traditionnel des Diné) ou le gouvernement tribal. Ici, il s’agit du gouvernement. NdT
Par Don Yellowman, Président de Forgotten People (Gens Oubliés)
Publié par Censored News
13 novembre 2012
See original article in English
Traduction Christine Prat
Yah ah teh à tous :
Mon nom est Don Yellowman, Président de Forgotten People (Gens Oubliés), je suis Diné (Navajo), avec des Droits Inaliénables à l’Air Pur, l’Eau Pure et celui de vivre et prospérer sur nos Terres Maternelles.
Je suis là aujourd’hui pour partager avec vous la Résolution de Forgotten People sur le problème de la contamination par l’uranium de Diné Be Keh Yah (le pays des Navajos).
Je suis ici devant vous, au pied de Window Rock (un rocher percé d’un trou, dans la capitale de la réserve navajo qui porte son nom), qui symbolise notre force unifiée en tant que Diné. Je crois que nous sommes des Gens Sacrés chargés par notre Créateur d’être les Gardiens de nos territoires et de protéger notre mode de vie traditionnel.
Nous faisons face à de nombreux problèmes sur le territoire de la Nation Navajo, les gens se battent pour leurs droits à l’eau et contre les intérêts des non-Navajo sur nos ressources naturelles et nos sites sacrés.
Notre Nation Navajo soutient la production d’énergie sale qui pollue notre air, notre eau et nos terres ; et ironiquement, nous qui vivons à l’ouest de la Nation Navajo nous sommes vu refuser l’accès à l’électricité et à l’eau potable à cause de ces intérêts et politiques extérieurs (comme le ‘Gel de Bennett’ et la liste est longue) qui font obstacle à notre droit de prospérer.
Aujourd’hui, beaucoup de nos dirigeants élus sont ouverts à l’exploitation d’uranium sur le territoire de la Nation Navajo et on dit qu’ils la soutiennent.
A nos dirigeants : Ne plaçons pas le profit au dessus des gens, ni ne soyons aveuglés par l’ignorance et la cupidité ; n’oublions pas que le plus grave accident nucléaire aux Etats-Unis s’est produit sur le territoire de la Nation Navajo, lorsqu’un barrage retenant des déchets radioactifs s’est rompu, les laissant se déverser dans le Rio Puerco.
L’Histoire est condamnée à se répéter si elle est ignorée, cela s’est produit le 16 juillet 1979, à 5 heures du matin, sur le territoire Navajo, moins de 12 heures après que le Président Carter ait avancé des projets d’utiliser plus d’énergie nucléaire et de carburants fossiles. Ce matin-là plus de 1100 tonnes de déchets d’uranium se sont engouffrées à travers un barrage de boue près de Church Rock, Nouveau Mexique. Avec les déchets, près de 400 millions de litres d’eau radioactive ont traversé le barrage avant que la brèche ne soit réparée.
Pratiquement pas un mot de ce désastre n’est parvenu aux médias nationaux, et même aujourd’hui, peu de Navajos et d’Américains ont entendu parlé de cette effroyable catastrophe.
J’ai l’honneur, en tant que Président de Forgotten People, de présenter leur Résolution appelant la Nation Navajo et le Gouvernement des Etats-Unis à financer l’Assainissement de la Contamination à l’Uranium ; à respecter l’esprit du Moratoire sur l’Exploitation de Mines d’Uranium ; et à soutenir l’installation d’un Système de Surveillance des Radiations sur le territoire de la Nation Navajo.
Forgotten People appelle les Gouvernements de la Nation Navajo et des Etats-Unis à assurer que notre peuple, comme tous les peuples, a un droit inaliénable à de l’air pur, de l’eau pure et à la préservation de leurs terres sacrées.
Au cours des soixante-dix dernières années, même avant la catastrophe nucléaire de 1979 sur nos terres, en fait depuis les premiers jours où des membres de notre communauté ont commencé à travailler dans les mines d’uranium pour fabriquer les armes atomiques utilisées pour mettre un terme à la Seconde Guerre Mondiale, les gens de la Nation Navajo ont été induits en erreur, trompés et ignorés par le Gouvernement quant aux dangers auxquels ils avaient été exposés et les dégâts à venir pour nos enfants, pour l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons et les terres que nous avons travaillées et chéries depuis de nombreuses générations.
Près de 30000 d’entre nous ont déposé des requêtes auprès du Gouvernement des Etats-Unis, conformément à la loi, pour demander des indemnités et des soins pour leurs cancers et leur souffrance, pour la souffrance de nos enfants et de ceux qui ne sont pas nés à cause du vent, de l’eau et des terres empoisonnés.
Bien que l’exploitation minière ait cessé, les déchets radioactifs toxiques des mines ont été emportés par le vent et sont tombés là où il les a portés. Ces lieus incluent nos maisons, nos cours d’eau, notre nappe aquifère, nos poumons et les corps de nos enfants. Les produits toxiques resteront potentiellement mortels pour les 4,5 milliards d’années à venir et le fléau continuera jusqu’à ce nous, en tant que peuple, nous engagions à y mettre un terme.
Ce fléau nucléaire sur notre Nation est le Chernobyl Américain et ne sera ni ignoré ni marginalisé. Pour le Peuple Navajo, le combat contre le fléau n’est pas une question idéologique, c’est une question de vie ou de mort et c’est un combat que nous ne perdrons pas.
Une fois encore, nos terres sont à vendre pour du pétrole et du gaz de schistes. D’énormes richesses pour les non-autochtones, que des investisseurs avides et des grandes compagnies ne manqueront pas d’exploiter. Dans ce processus, encore une fois, nos Terres Maternelles qui entretiennent la Vie sont asservies.
Le gaz Radon, mortellement radioactif, sera émis, comme il l’était par les mines d’uranium dans les décennies passées. Notre eau sera de nouveau menacée, alors que nous devons encore nettoyer la pollution de l’exploitation précédente.
Cette fois-ci, la menace viendra des traceurs radioactifs utilisés dans la fracturation hydraulique afin que les investisseurs puissent prévoir où l’huile et le gaz de schistes couleront lorsqu’ils injecteront sous haute pression des fluides toxiques sous nos terres sacrées.
Si nous n’agissons pas maintenant, avant que des accords soient signés derrière des portes closes, au cours de discussions d’où les gens de la base sont exclus, un nouveau fléau semant la mort et la souffrance nous sera infligé, tout comme il y a 70 ans, quand le gouvernement ne pensait pas que nous avions le droit de savoir.
Nous, de Forgotten People (Nous, les Gens Oubliés) aujourd’hui et pour toujours, demandons la fin des souffrances inutiles de notre peuple. Les tromperies de nos gouvernements ne peuvent être admises plus longtemps. Nous souffrons en conséquence des politiques et des pratiques commerciales approuvées et agréées par les officiels élus de la Nation Navajo, de l’état d’Arizona et du Gouvernement Fédéral.
Nous appelons les Elus de la Nation Navajo et des Etats-Unis à mettre un terme à toutes les pratiques politiques et commerciales qui nous affectent sans avoir d’abord consulté les gens selon une procédure universelle et transparente.
Aujourd’hui « Forgotten People » a signifié officiellement à nos gouvernements que les gens savent qu’il y a une meilleure solution et sont déterminés à ce que les Diné construisent un futur viable qui apporte la justice sociale, économique et environnementale.
Les Diné ont des droits inaliénables selon les Traités, les Droits de l’Homme, les Droits Civiques et les Droits des Peuples Autochtones, non seulement d’exister mais de vivre dans la prospérité.
Il peut y avoir la Prospérité. Il peut y avoir des lendemains meilleurs pour tous. Mais ces jours ne viendront pas si nous répétons les erreurs d’hier et si nous laissons l’exploitation de nos territoires reprendre sans avoir d’abord nettoyé l’air, l’eau et les Terres Maternelles pollués.
En tant que nation et en tant que monde, nous savons qu’il est possible et nécessaire de nous protéger des vents radioactifs. Nous avons le droit d’être informés et conscients des vents empoisonnés qui peuvent nous entourer.
Les Gouvernements de la Nation Navajo et des Etats-Unis peuvent et doivent installer un réseau Populaire de Détection de la Radioactivité, similaire à celui que les gens ont demandé au Japon il y a tout juste un an suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima. Trente jours plus tard il a été répondu à leurs demandes. Ils n’ont pas eu besoin d’attendre soixante-dix ans pour obtenir les informations pouvant sauver la vie. Nous le peuple Navajo, aujourd’hui et dans l’esprit de nos anciens et pour les générations futures qui dépendent de ceux qui vivent aujourd’hui, nous n’attendrons pas un moment de plus.
Les Navajos ne sont pas étrangers au combat. Nos gens ont une longue et glorieuse tradition de service en Première Ligne dans les forces armées des Etats-Unis et nos codeurs (Code Talkers) sont responsables du résultat de la Deuxième Guerre Mondiale. N’oublions pas non plus que nos mineurs ont aidé à construire l’arsenal nucléaire qui a protégé l’Amérique d’attaques pendant la Guerre Froide.
Nous devons nous mobiliser devant ces défis comme des guerriers pour la bataille. Si nécessaire, nous irons à Washington, DC, montés sur nos chevaux. Il est impératif pour notre survie que nous le peuple Diné soyons à nouveau maîtres de notre destiné et imposions nos droits pour décider de la destinée de nos enfants.
Il doit y avoir un Système Populaire de Détection de la Radioactivité sur le territoire de la Nation Navajo et nous n’attendrons pas qu’il soit installé. Nous avons déjà commencé à collecter des fonds pour commencer nous-mêmes.
TOUTES les victimes de la contamination à l’uranium doivent avoir droit à une indemnisation selon la Loi sur l’Exposition au Rayonnement et l’Indemnisation de 1990 et ses amendements.
Le programme d’assainissement de l’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis doit continuer jusqu’à ce que le travail soit entièrement accompli, et non pas à la date d’expiration.
Le moratoire sur l’ouverture de nouvelles mines doit être maintenu jusqu’à ce que l’assainissement soit entièrement accompli.
Le Peuple doit obtenir le pouvoir d’instaurer des règles et des standards pour toute nouvelle mine sur nos terres.
Qu’il soit établi qu’en tant que peuple Diné, il nous a été accordé, non par le gouvernement mais par notre Créateur, des droits inaliénables à l’air pur, l’eau pure et la préservation des Terres Sacrées.
Que tous ceux qui cherchent à obtenir notre consentement pour avoir accès à ces précieuses ressources et à notre Mère, viennent d’abord nous trouver, nous les Diné, afin que nous puissions demander la bénédiction du Peuple.
Pour terminer, je voudrais dédier cette action à Florabell Paddock , décédée récemment. Au cours de sa vie elle a souffert, puis s’est éteinte en conséquence directe de la contamination par l’uranium près de sa maison à Black Falls.
Ake he,
Don Yellowman, Président de « Forgotten People »