Par Brenda Norrell
Censored News
9 février 2025
Traduction Christine Prat

TUBA CITY, Nation Navajo – Leona Morgan, Diné, cofondatrice de Haul No!, dit que la Nation Navajo « fait marche arrière » en autorisant le transport de minerai d’uranium à travers des communautés Diné. Ce transport de matériaux radioactifs du Grand Canyon signifie aussi qu’encore plus de déchets mortels s’entasseront dans une autre communauté Autochtone, la communauté Ute de White Mesa, en Utah.

Actuellement, avec peu ou pas d’informations sur le trajet, le gouvernement Navajo considère que les Chapitres Diné sur le trajet auront tous un plan d’urgence. Leona demanda si les communautés Diné en étaient conscientes, et si les Chapitres Navajo étaient en mesure de faire face à des urgences radioactives.

« Qui sont les Premiers Intervenants ? »

Finalement, les Diné devront affronter le Président Navajo et le Service de la Justice Navajo, dit-elle.

« Nous ne sommes pas inclus dans cet accord » dit Leona à propos de l’accord entre la Nation Navajo et Energy Fuels.

« Il n’y a pas eu de consentement libre, préalable et informé » dit Leona en citant la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones. « Les gens dans les communautés n’ont pas été consultés. »

« Comment peuvent-ils commencer le transport le 12 février, alors qu’il n’y a même pas de points de contrôle ? Nous n’avons pas de système de surveillance de l’air, » dit Leona du manque de préparation au transport radioactif dans la Nation Navajo.

 Energy Fuels a l’intention de traverser les communautés Navajo avec de six à dix camions chargés de déchets radioactifs à partir du 12 février 2025.

Leona appela les communautés à s’organiser et souligna que les Chapitres Navajo pouvaient avoir leurs propres points de contrôle.

Avec la nouvelle incitation « creusez, creusez » du Président des États-Unis, la Nation Navajo fait face à un futur incertain, dit-elle. Les États-Unis investissent dans le développement de minéraux critiques et dans l’usine d’Energy Fuels chez les Utes de White Mesa.

« Nous devons faire pression sur notre gouvernement pour qu’il fasse ce que nous voulons – pas ce que veut le gouvernement fédéral. »

« Ça va empirer, parce qu’ils pensent que le nucléaire est de l’énergie propre » dit Leona à propos des pressions pour de l’énergie alternative.

L’accord de la Nation Navajo avec Energy Fuels signifie toujours plus de déversement de déchets radioactifs dangereux dans la communauté de White Mesa. Dans l’accord, Energy Fuels déclare avoir l’intention de transporter 10 000 tonnes de matériaux de décontamination contenant de l’uranium, des mines abandonnées dans la Nation Navajo.

Leona a été élue récemment par le Conseil de la Nation Navajo pour siéger à la Commission Consultative Diné de Réhabilitation [des zones touchées par] de l’Uranium, en tant que conseillère du Président et du Conseil Navajo.

À Tuba City, samedi, Leona dit que Haul No! avait débuté en 2016, quand il a été connu que l’extraction à la mine Pinyon Plain, dans le Grand Canyon allait commencer. Maintenant commence une nouvelle bataille, étant donné que le gouvernement de la Nation Navajo a approuvé le transport d’uranium à travers les communautés Navajo jusqu’à la communauté Ute de White Mesa.

La mine d’Energy Fuels Pinyon Plain et leur usine dans le sud de l’Utah, menacent des communautés Autochtones dans toute la région.

S’adressant au Forum de la Communauté samedi, Leona dit que le trajet des camions passera par la ville de Flagstaff – puis Cameron, Tuba City, Kayenta et Mexican Water, dans la Nation Navajo – avant d’atteindre l’usine en Utah. La région faisait partie de la campagne 2017 de Haul No!, avec de l’entrainement à l’action directe et une campagne de prise de conscience, commencée à l’usine de White Mesa et informant les communautés Navajo.

Maintenant, l’usine d’uranium fonctionne depuis un an et le transport par des camions radioactifs à travers la communauté Navajo a commencé en juillet 2024. Leona expliqua comment le Président Navajo a été impliqué en juillet, en même temps que le gouverneur d’Arizona.

« Beaucoup de gens n’ont pas compris que ce n’était qu’une pause. »

« Nous savons que quand les gens savent, ils peuvent parler et faire la différence » dit Leona à ceux qui étaient rassemblés à Tuba City. Elle expliqua les récents efforts pour faire fermer la mine et obtenir une nouvelle évaluation des risques et menaces environnementaux.

Cependant, la Nation Navajo n’a pas d’autorité sur les routes fédérales qui traversent la Réserve. Elles sont sous l’autorité de l’état et du gouvernement fédéral. Ainsi, par les négociations, le gouvernement Navajo a mis des restrictions au transport et la compagnie les a acceptées. L’une des restrictions est qu’il n’y ait pas de transport entre 8h du matin et 15h, quand les enfants sont à l’école.

« Les dirigeants de la compagnie essaient de passer pour des mecs bien, disant ‘Nous sommes pour la souveraineté tribale’ – mais ils ne le sont pas » dit-elle.

La réalité est que la pause n’était que pour six mois, le temps pour la Nation Navajo de mettre ses règles en place. La Nation Navajo travaille toujours sur ces règles, et comment en mettre de nouvelles, dit-elle.

« La communauté Ute de Ute Mountain nous en veut, » dit-elle, ajoutant qu’il y aurait maintenant encore plus de déchets radioactifs transportés dans leur communauté en Utah.

« Les gens des communautés n’ont pas été consultés. »

« Les autres tribus – Havasupai, Hualapai, vont probablement nous le reprocher, nous devons faire savoir à la Nation Navajo que nous ne voulons pas de cela » dit Leona à propos du trajet à travers d’autres terres et communautés Autochtones.

Leona parla de la bataille qui avait eu lieu dans sa communauté de l’est de la Nation Navajo, quand l’Agence pour la Protection de l’Environnement des États-Unis avait divulgué son projet d’emmener les déchets radioactifs de la fuite de Church Rock, au Nouveau-Mexique, et de les transporter jusqu’à l’usine de traitement, dans la communauté Ute de White Mesa, en Utah.

« Nous avons dit ‘Non ! » Leona dit que la Nation Navajo avait déclaré, il y a quelques années, qu’elle ne déchargerait pas ses déchets radioactifs dans une autre communauté Autochtone.

« Maintenant, ils font marche arrière, ils y mettent encore plus de déchets radioactifs. »

Leona dit que le rassemblement de samedi était organisé pour entendre les idées des gens sur le transport radioactif à travers leurs communautés. Elle demanda aussi : « Est-ce que la décontamination [des mines abandonnées] a vraiment été faite ? »

« Ce n’est pas de la décontamination, » dit Leona. Elle expliqua que les terres rares étaient nécessaires pour les batteries solaires, les téléphones portables et le développement d’énergie dite de transition.

Elle dit que la compagnie Energy Fuels, se fondant sur ces besoins, projetait de collecter les déchets d’uranium et de les traiter pour répondre à ce qu’elle croit être une forte demande.

« Qu’est-ce que cela signifie ? » demanda t-elle, à propos du nouvel accord de la Nation Navajo et de l’absence de consultation des communautés Diné.

Leona mit aussi en question le fait que le gouvernement Navajo demande à chaque Chapitre de réagir d’urgence en cas de menace, ne sachant pas si tous les Chapitres avaient un plan d’urgence en cas d’accident radioactif, ni qui étaient leurs Premiers Intervenants.

« Ont-ils les informations ? » demanda Leona.

Elle dit qu’en cas d’urgence, le Premier Intervenant est le chauffeur du camion – mais qu’arriverait-il s’il en était dans l’incapacité ? Alors, le premier témoin oculaire, en principe la police Navajo.

Elle encouragea les gens concernés à s’organiser et dit « Nous sommes là pour entendre vos préoccupations. »

Leona dit son admiration pour les jeunes qui se préparent à résister, comme Biddy Roots. « Ils sont comme une réponse à mes prières. »

« Nous ne sommes pas inclus dans cet accord. »

« Ça va être pire parce qu’ils pensent que le nucléaire est de l’énergie propre. » Elle indiqua aussi que des membres du Conseil Navajo soutenaient un nouveau gazoduc pour de l’hydrogène et l’exploitation de pétrole et de gaz.

Leona souligna qu’une nouvelle solution pour les déchets radioactifs dans la Nation Navajo n’est pas du tout une solution.

Et elle dit que le nouveau site d’enfouissement de Red Rock, au Nouveau-Mexique, à la frontière de la Nation Navajo, est salué comme étant « hors de la réserve », à moins de 10 km à l’est de Thoreau.

« Des parents y vivent encore, pour moi c’est toujours en pays Indien. »

L’accord Navajo avec Energy Fuels signifie encore plus de décharge radioactive dans la communauté Ute de White Mesa

La Nation Navajo n’est qu’une des communautés Autochtones en danger. La mine d’uranium Pinyon Plain, au sud du Grand Canyon, est creusée dans les terres ancestrales des Havasupai. La source d’eau de Supai est menacée et de la poussière radioactive se répand sur leurs plantes et dans l’air qu’ils respirent.

Les Supai, Paiutes, Hualapai, Diné, Hopi et Utes vivent près du trajet de transport.

Energy Fuels a annoncé l’accord avec la Nation Navajo le 29 janvier 2025.

Les Utes de White Mesa ont témoigné devant la Commission Interaméricaine des Droits Humains à Washington en 2024, expliquant que les Utes sont malades de dizaines d’années de pollution radioactive dans leur communauté. Et maintenant, Energy Fuels y amène des déchets radioactifs du Japon et d’Europe.

Anferny Badback, Ute de Ute Mountain, de White Mesa, a témoigné devant la Commission Interaméricaine des Droits Humains à Washington que l’usine de traitement d’uranium d’Energy Fuels avait pollué l’eau souterraine, les plantes, les oiseaux, la vie sauvage et l’air dans sa communauté du sud de l’Utah.

Les jeunes ont de l’asthme, les Utes doivent acheter de l’eau en bouteille.

« Nous voulons que l’usine ferme » dit-il à la Commission.

L’Agence pour la Protection de l’Environnement des États-Unis trompe le public en annonçant la décontamination de mines abandonnées

Les Havasupai, Diné, Utes, Arapahos et Lakotas ont témoigné devant la Commission le 28 février 2024 d’un racisme environnemental.

L’Agence pour la Protection de l’Environnement ne nettoie pas les déchets radioactifs laissés par l’extraction d’uranium de la Guerre Froide – elle ne fait qu’annoncer des projets de nettoyage. Il y a 524 sites de mines qui attendent toujours d’être décontaminés dans la Nation Navajo.

Voir aussi : « L’accord sur le transport d’uranium déshonore l’héritage de Klee Benally 


Les Autochtones du Nevada ont souffert du nucléaire depuis des décennies. D’abord, les tests de bombes atomiques, qui ont eu lieu de 1951 à 1992, faisant de la Nation Shoshone, majoritaire dans la région, la Nation la plus bombardée au monde. Depuis 1987, les autorités des Etats-Unis ont essayé de créer un site d’enfouissement profond (type Bure) des déchets les plus radioactifs des USA à proximité du site de tests de bombes atomiques. Depuis 1994, les Shoshone luttent contre ce projet.

Christine Prat


Native Community Action Council [Conseil pour l’Action de la Communauté Autochtone] P.O. Box 46301, Las Vegas, NV 89114 21 septembre 2022 Contact : Ian Zabarte

Le Conseil pour l’Action de la Communauté Autochtone (NCAC) ne prend pas position dans la plainte déposée par le Nevada à la Commission de Régulation Nucléaire (NRC – Nuclear Regulatory Commission) pour redémarrer le processus de Yucca Mountain. En tant que partie représentée au Conseil d’Agrément de Sécurité Atomique pour la NRC, le NCAC n’a fait qu’une objection de propriété, une exigence du 10 CFR 60.121, pour protéger la Nation d’Indiens Shoshone et les habitants. Yucca Mountain est à l’intérieur des territoires des Bandes Occidentales de la Nation d’Indiens Shoshone, définis par le Traité de Ruby Valley de 1863 (Consolidated Treaty Series 127-1863).

Le membre du NCAC Joe Kennedy a déclaré, « Arrêter [le projet] Yucca Mountain est ce qu’il faut faire pour protéger les Shoshone de l’Ouest, tous les habitants et la vie autour de Yucca Mountain du risque de radiations posé par des déchets nucléaires hautement radioactifs. »

En 1987, le Congrès des Etats-Unis a trouvé que Yucca Mountain était le seul site pouvant être caractérisé comme site géologique d’enfouissement profond de déchets nucléaires hautement radioactifs. Les Bandes Occidentales de la Nation d’Indiens Shoshone ont résisté aux actions coordonnées dirigées par le Département de l’Energie, le Bureau d’Aménagement du Territoire, l’Agence de Protection de l’Environnement, le Département des Transports, et l’agence d’agrément de permis, la NRC, pour infliger des conditions dangereuses au peuple Shoshone, évidentes pour des matériaux radioactifs.

Selon Ian Zabarte, Secrétaire du Conseil pour l’Action de la Communauté Autochtone, « la propriété n’est pas une chose. C’est une relation entre des gens par rapport aux choses. Les droits de propriété Shoshone à Yucca Mountain sont protégés par le traité et l’Article 6 de la Constitution des Etats-Unis. Le titre des Shoshone de l’Ouest n’est pas aboli.»

Le Nevada veut mettre un terme aux projets fédéraux ratés de décharge de déchets nucléaires 20 septembre 2022

Ce jour, le Gouverneur du Nevada Steve Sisolak et l’Agence du Nevada pour les Projets Nucléaires ont annoncé la déposition d’une nouvelle motion légale pour mettre un terme aux projets fédéraux de construire une décharge pour les déchets les plus radioactifs du pays à Yucca Mountain, à 100 km* au nord-ouest des zones peuplées du Comté de Clark.

«Il est temps de prendre des leçons de l’expérience de Yucca Mountain et de les confronter à la réalité,» dit le Gouverneur Sisolak.

«Les habitants du Nevada ne veulent pas prendre part à une expérience dangereuse. Yucca Mountain ne doit pas devenir une décharge nationale pour les déchets dangereux» dit le membre du Congrès Steven Horsford (NV-04). «Il est plus que temps de conclure le débat sur Yucca Mountain et de protéger les résidents de mon district et de tout l’état.»

«Depuis des années, nous avons dû combattre pour assurer que le Nevada ne devienne pas la décharge de la nation pour les déchets nucléaires», dit la Représentante Susie Lee (NV-03).

*Yucca Mountain est à un peu plus de 100 km de l’agglomération de Las Vegas, par une petite route sinueuse. La radioactivité ne suit pas la route, mais le vent. Et à environs 70 km – toujours par la petite route sinueuse – il y a des communautés plus petites, comme à Indian Springs ou Pahrump. Le site est très proche de la frontière entre le Nevada et la Californie, et les Autochtones de l’autre côté de la limite se plaignent également des effets de la radioactivité.

La région affectée:

Le site, avec les 7 volcans actifs au pied de Yucca Mountain:

NON ! PAS DE DECHETS RADIOACTIFS ! LE TEXAS ET LE NOUVEAU-MEXIQUE NE SONT PAS DES TERRAINS VAGUES !

Par Ian Zabarte, Shoshone de l’Ouest
Publié sur Censored News
Traduction Christine Prat
9 juin 2019

Le projet de transporter les déchets des réacteurs nucléaires de tout le pays dans la région du Texas / Nouveau-Mexique, devrait être arrêté immédiatement, vu les risques de contamination radioactive résultant de fuites, d’accidents ou d’attaques terroristes. Notre santé, notre sol et nos nappes phréatiques seraient menacés si des déchets contenant du plutonium et de l’uranium étaient transportés, à raison de 10 000 transports pendant 20 ans. Une personne se trouvant à proximité des déchets mourrait en une semaine.

Déverser des déchets radioactifs sur une population majoritairement hispanique, avec peu de ressources pour se défendre, serait une injustice écologique extrême. Les habitants de l’ouest du Texas et du Nouveau-Mexique ne bénéficient pas de l’électricité produite par les réacteurs nucléaires d’autres états, et ne méritent pas d’en être envahis.

Les Spécialistes du Contrôle des Déchets (WCS) ont déjà demandé une licence à la Commission de Régulation Nucléaire pour entreposer des déchets hautement radioactifs pendant 40 ans dans leur site à la frontière du Texas et du Nouveau-Mexique. [Voir carte ci-dessous]

Le gouvernement fédéral sait que personne ne veut de déchets radioactifs, et il a donc cherché des communautés “volontaires” pour les accepter.

Avec cette idée derrière la tête, le Ministère de l’Energie des Etats-Unis a tenu huit réunions “basées sur le consentement” en divers endroits du pays, mais ne sont pas venus au Texas ni au Nouveau-Mexique, des états considérés comme le degré zéro pour les déchets radioactifs. Ils ont fait croire aux autres communautés que le Texas et le Nouveau-Mexique acceptaient les déchets radioactifs, se fondant sur un vote des Commissaires du Comté d’Andrews, au Texas. La vérité est que beaucoup de gens du Comté d’Andres sont opposés au projet, mais ils n’ont jamais eu l’occasion de voter. Il faudrait qu’ils puissent le faire.

Il n’y a pas besoin de consolider les déchets radioactifs pour les entreposer. Ils peuvent rester où ils sont, ou près de l’endroit où ils sont produits. La Commission de Régulation Nucléaire avait dit auparavant que l’option la moins risquée était de garder les déchets où ils sont.

Audience sur l’Energie et le Commerce des déchets nucléaire, 13 juin 2019 : NWPA 2019, HR2699 [proposition de loi de la Chambre des Représentants], priorité des Déchets HR2995 [idem], Loi sur l’Entreposage du Fuel Nucléaire HR3136 [ibidem].

Photo de la présentation de Leona Morgan, activiste anti-nucléaire, Diné du Nouveau-Mexique

 

Le Nouveau-Mexique est déjà ravagé par le nucléaire (mines, centrales, stocks d’armes, déchets). La firme Holtec a déposé une demande de licence pour ouvrir un site “temporaire” (ce qui signifie entre 20 et 120 ans) de stockage de déchets de centrales commerciales de tous les Etats-Unis. Comme vous pouvez voir sur la carte, il y a déjà dans la région, le WIPP ou Waste Isolation Pilot Plant, qui a dû fermer en 2014 à cause de problèmes et a rouvert en janvier 2017. Le nouveau site de stockage devrait être aménagé à proximité du WIPP.

Christine Prat

PUBLIC CITIZEN S’OPPOSE A UNE DEMANDE DE LICENCE POUR UN SITE DE DECHETS NUCLEAIRES

Par Public Citizen
14 septembre 2018
Egalement publié sur Censored News
Traduction Christine Prat

Les habitants du Nouveau-Mexique ne veulent pas de déchets hautement radioactifs chez eux

HOBBS, Nouveau-Mexique – Une proposition de stockage de tonnes de déchets nucléaires de réacteurs commerciaux de tous les Etats-Unis, à Hobbs, Nouveau-Mexique, déclenche une opposition féroce de la part de dizaines de milliers d’habitants, d’activistes et d’officiels, a annoncé Public Citizen ce jour, en déposant une requête d’intervention contre la demande de licence de la firme Holtec International auprès de la Commission de Régulation Nucléaire (NRC) des Etats-Unis.

Des membres de Public Citizen et des soutiens ont envoyé plus de 10 000 commentaires s’opposant á la demande de licence de Holtec, dans le cadre d’une campagne plus large, qui a récolté plus de 25 000 commentaires d’opposants. Durant toute la procédure, la Commission de Régulation Nucléaire a marginalisé les voix des habitants et n’a pas pris en compte convenablement les inquiétudes locales.

Lon Burnam, un ex-Représentant de Fort Worth, au Texas, s’est joint à l’intervention en tant que membre de Public Citizen. M. Burnam, qui habite à environs 1,5 km d’un trajet de transport par rail, dit: “Le projet de transport de ces déchets hautement radioactifs et dangereux, présente des risques majeurs, comme des fuites dans les fûts, des actions terroristes dans les zones urbaines, sans parler de l’inadaptation et de nombreux problèmes de sécurité de notre système de transports.”

La demande de licence de Holtec International refuse d’admettre la possibilité d’un accident durant le transport des matériaux nucléaires, qui devrait se faire par rail à travers les Etats-Unis. Chaque wagon contiendra plus de matériau nucléaire que la bombe lâchée sur Nagasaki pendant la IIème Guerre Mondiale. Les trajets de transport des déchets jusqu’au Nouveau-Mexique traversent les Etats-Unis en tous sens, exposant des gens un peu partout au risque de radiation. Au Nouveau-Mexique, un accident touchant un seul wagon pourrait mettre quiconque, dans un rayon de 80 km, en danger d’être exposé à des radiations. Le dossier de Holtec affirme qu’un accident n’est pas possible, alors que la Commission de Régulation Nucléaire estime qu’un accident de train transportant des déchets nucléaires, se produira en moyenne une fois sur mille voyages.

Petuuche Gilbert, de la Tribu Indienne Acoma, membre de Public Citizen et activiste anti-nucléaire, déclare: “Je vis dans la Réserve Indienne Acoma. Toutes les heures, des trains passent près de ma maison et un jour ils pourraient amener des déchets nucléaires de l’ouest. Notre gouvernement tribal serait le premier à réagir et à nous prévenir. Les déchets de carburant nucléaire usagé sont extrêmement dangereux, et je ne veux pas qu’ils traversent notre territoire, ni qu’ils soient entreposés au Nouveau-Mexique.”

“La Commission de Régulation n’a pas écouté le public,” dit Adrian Shelley, directeur du Bureau du Texas de Public Citizen. “S’ils l’avaient fait, ils sauraient que les habitants du Nouveau-Mexique et les gens le long des trajets de transport, ne soutiennent pas le projet. Par cette intervention, nous amplifierons leurs voix.”

Photos ©Christine Prat

Leona Morgan, Diné, photo Censored News

 

Par Ramona Blaber, du Sierra Club
Publié sur Censored News
17 mai 2018
Traduction Christine Prat

 

Des réunions publiques supplémentaires sont prévues, à cause de l’inquiétude croissante due au projet de site de déchets nucléaires hautement radioactifs

Contacts:
Karen Hadden, SEED Coalition
Rose Gardner, Alliance for Environmental Strategies
Leona Morgan, Nuclear Issues Study Group
Pat Cardona, Sierra Club Rio Grande Chapter
Angel Amaya, Press Officer, Public Citizen’s Texas Office

 

L’inquiétude croissante dans tout l’état, à propos des risques posés par un site de déchets hautement radioactifs et l’opposition du public à l’installation projetée dans le sud-est du Nouveau Mexique, ont conduit à ajouter deux réunions publiques de la Commission de Régulation du Nucléaire [NRC – Nuclear Regulatory Commission] et à l’extension du délai pour les commentaires publics du 29 mai au 30 juillet.

Les réunions sont prévues à Gallup et Albuquerque. De plus, le Comité Intérimaire pour les Matériaux Dangereux et Radioactifs du Nouveau Mexique devait se réunir le 18 mai pour examiner les impacts du projet dans l’état. Ce dangereux projet de déchets radioactifs est aussi devenu une question importante dans la campagne électorale pour le poste de gouverneur.

La firme Holtec International veut ouvrir un entrepôt de déchets supposé “temporaire”, pour les déchets hautement radioactifs mortels de la nation, sur un site situé entre Hobbs et Carlsbad, au Nouveau Mexique. Mais il y a fort peu de chances que les déchets soient à nouveau déplacés, vu qu’il n’y a plus de volonté politique de créer un site permanent ni de fonds pour le faire. La compagnie a l’intention de transporter 10 000 silos de barres combustibles de réacteurs irradiées de tout le pays et de les entreposer juste sous la surface du sol et en partie au-dessus. Ça représente plus de déchets que tous les réacteurs nucléaires des Etats-Unis ont produit jusqu’à maintenant.

“Nous ne voulons pas être le dépotoir nucléaire de la nation. L’opposition s’accroît dans tout l’état. A une réunion récente de la NRC, les opposants au projet étaient beaucoup plus nombreux que ceux qui étaient pour: 133 contre 49” dit Rose Gardner de Eunice, membre fondatrice de l’Alliance pour les Stratégies Environnementales. Mme Gardner a assisté à toutes les réunions récentes de la NRC à propos du projet de Holtec, la première par téléphone, les trois autres au Nouveau Mexique.

  • Le 25 avril, la NRC s’est réunie à son siège, dans le Maryland et a rassemblé des commentaires publics par webinar et call-in. Les 23 personnes qui se sont exprimées étaient toutes opposées à la demande de Holtec.
  • Le 30 avril, la NRC a tenu une réunion à Roswell. Plus de 95 personnes ont y ont assisté, la salle était pleine et les portes ont dû être fermées, ce qui a empêché plus de gens d’y assister. Parmi ceux qui se sont exprimés, 45 étaient opposés au projet, 7 étaient pour, et un était neutre.
  • Le 1er mai, à la réunion de la NRC à Hobbs, 33 personnes ont exprimé leur opposition au projet de Holtec. Seulement 14 personnes étaient pour, parmi elles des porte-parole de Holtec et de leur partenaire, Eddy-Lea Energy Alliance LLC.
  • A la dernière réunion, le 3 mai à Carlsbad, 32 résidents ont exprimé leur opposition et 28 ont dit être en faveur du projet. Parmi les partisans du projet, il y avait des employés de la compagnie et d’autres personnes qui devraient en profiter économiquement.

Dans une déclaration du 7 mai, dans “Holtec Highlights”, la compagnie n’a pas mentionné le fait que les partisans du projet étaient en minorité dans les quatre réunions publiques de la NRC.

“Ceux qui conspirent pour construire cet entrepôt de déchets ont travaillé derrière des portes verrouillées depuis des années” dit Leona Morgan co-fondatrice du Groupe d’Etude des Questions Nucléaires [Nuclear Issues Study Group]. “Notre organisation travaille pour informer le public, par des présentations, en utilisant les médias sociaux et en parlant à chacun personnellement lors d’évènements dans les communautés. Une immense majorité de gens ne savent rien de ce projet ni du transport possible à travers leurs communautés. Maintenir les gens dans le noir est la seule façon de faire avancer le projet. Dès que les gens en entendent parler, non seulement ils sont choqués, mais ils veulent en savoir plus. Beaucoup veulent s’engager pour aider à l’empêcher.” A la réunion de la NRC à Carlsbad, Leona Morgan a apporté plus de 1300 lettres d’opposition au projet, signées par des résidents d’un peu partout dans l’état.

“Ce dépôt de déchets nucléaires hautement radioactifs peut signifier la fin de l’eau potable, la terre et les récoltes, la vie sauvage, qui fournissent la nourriture des habitants du Nouveau Mexique” dit Patricia Cardona du Sierra Club du secteur de Rio Grande. “Les déchets peuvent causer des cancers, des malformations congénitales et des décès. Le Sierra Club du secteur de Rio Grande ne soutient pas le projet à cause de ses effets sur la population et du fait qu’il est malencontreusement situé près des “karst”, c’est-à-dire des cavernes, des lacs sans fond, et des puits salins, dont il a déjà été prouvé qu’il était problématique d’y entreposer des déchets dangereux et de créer les conditions d’un effondrement possible.”

En 2016, le Ministère de l’Energie a tenu huit réunions dans tout le pays, pour chercher à obtenir du consentement pour l’entreposage de ces déchets. Il n’y a pas eu de réunions au Nouveau Mexique ni au Texas. Les opposants au projet de Holtec ont dû voyager pour aller à la réunion la plus proche, à Phoenix, pour dire au Ministère de l’Energie que les résidents du Nouveau Mexique et du Texas ne consentaient pas à ce qu’on amène les déchets de réacteurs nucléaires de tout le pays dans leurs communautés, en dépit des affirmations contraires de l’administration. Les données récentes sur les nombres d’opposants et de partisans dénoncent les affirmations de l’industrie selon lesquelles les habitants du Nouveau Mexique soutiennent la proposition d’avoir chez eux un site d’entreposage “temporaire”.

Ce problème a commencé à créer des divisions en vue de la prochaine campagne électorale pour le poste de gouverneur du Nouveau Mexique. Le 10 mai, la Chambre des Représentants a voté pour la proposition de loi H.R.3053, un changement dans la politique actuelle concernant les déchets nucléaires, qui rendrait le projet de dépôt de déchets de Holtec autorisable par la loi. Les Représentants du Nouveau Mexique Ben R. Luján et Michelle Lujan Grisham ont voté contre le projet de loi, qui lèverait les obstacles pour les dépôts de déchets nucléaires temporaires, tandis que le Représentant Steve Pearce a voté pour les autoriser.

“Les réunions de Gallup et d’Albuquerque sont de grandes occasions pour ceux mis en danger par le transport de ces déchets d’élever la voix et de dire ‘Non!’ C’est important que les gens assistent aux réunions de la NRC et envoient leurs commentaires, particulièrement ceux des zones rurales le long des rails de chemin de fer” dit Petuuche Gilbert du Pueblo d’Acoma.

Sept accidents de chemin de fer graves se sont produits au Nouveau Mexique au cours des trois dernières années. D’après un rapport du Ministère de l’Energie, l’échappement d’une petite quantité de radioactivité pourrait contaminer plus de 100 km² et le nettoyage de chaque portion de 2,6 km² d’une zone urbaine pourrait coûter jusqu’à 9,5 milliards de dollars.

“Des incendies récents près des sites de déchets radioactifs existants d’Urenco et de WCS montrent à quel point ce genre de déchets est soumis au risque de catastrophes naturelles imprévisibles et de plus en plus graves au fur et à mesure que le climat change” dit Mme Gardner.

“Nous avons tout à perdre, avec ce projet d’amener les déchets les plus radioactifs de la nation au Nouveau Mexique. Les risques pour la santé, la sécurité, et le bien-être financier sont immenses, et les gens doivent agir maintenant pour bloquer cette erreur colossale qui met en danger les gens du Nouveau Mexique et ceux qui se trouvent le long de trajets de transport dans tout le pays” dit Karen Hadden, directrice de la Coalition pour une Energie et un Développement Economique Durables (SEED). La Coalition SEED travaille avec des partenaires locaux pour s’opposer à ce projet et à un autre similaire, juste de l’autre côté de la limite de l’état, dans le Comté d’Andrews, au Texas.

 

Les principales raisons de s’opposer au site de déchets de Holtec

  1. L’exposition aux radiations peut causer des cancers, des problèmes génétiques, des malformations congénitales et des décès. Une partie des déchets qui pourraient être importés resteront dangereux pour des millions d’années.
  2. C’est un train attendant de dérailler. Plus de 10 000 wagons trop lourds transporteraient des barres de combustible nucléaire irradiées jusqu’au site, ce qui prendrait au moins 20 ans. On peut prévoir qu’au moins un accident se produira. Les déchets seraient transportés sur des rails très proches du gouffre de Carlsbad.
  3. Un seul wagon transporterait autant de plutonium que la bombe de Nagasaki.
  4. Si le projet obtenait une licence, le Nouveau Mexique hebergerait vraisemblablement un site de déchets de facto permanent, pour les déchets radioactifs les plus dangereux, un site prévu pour un entreposage seulement temporaire. Dans des silos vieillissants, il est peu probable que les déchets soient déménagés un jour. Les caissons, les silos et le site lui-même ne sont pas conçus pour un entreposage à long terme. Des fuites, des lézardes pourraient se produire.
  5. Quand les silos commenceront à se détériorer ou s’ils fuient, ils devront être reconditionnés. Actuellement, il n’y a pas de cellule chaude ni d’unités de reconditionnement pour les silos détériorés dans le projet déposé par Holtec.
  6. La plupart des sites de dépôt de déchets à basse émission ont fui et les coûts de réhabilitation se sont élevés à plus d’un milliard de dollars.
  7. Le Congrès n’accordera pas les fonds adéquats s’il y a des fuites ou des accidents. Le coût du nettoyage d’une pollution radioactive pourrait être un désastre financier pour les gens du Nouveau Mexique.
  8. Les gens qui vivent près de réacteurs nucléaires existants connaissent les risques et ne veulent pas que les déchets restent près de chez eux.
  9. Pourquoi le Nouveau Mexique ou le Texas devraient-ils les prendre? Le Nouveau Mexique n’a reçu aucun profit des réacteurs nucléaires qui les ont produits. Larguer les déchets au Nouveau Mexique serait une injustice environnementale de la pire espèce.
  10. Ces déchets mortels pourraient avoir un impact économique extrêmement négatif sur les industries du pétrole et du gaz, des produits laitiers, des noix de pécan et du tourisme, qui emploient plus de 20 000 personnes dans la région. Le projet de Holtec ne promet que 55 emplois. [NdT: je traduis, mais je n’approuve pas forcément ce dernier point…]

 

Ramona Blaber

Coordinatrice des communications du Secteur de Rio Grande du Sierra Club, 505 660-5405