Ian Zabarte au Festival Cordillera

Par le Conseil Autochtone d’Action de la Communauté (Native Community Action Council)
29 juillet 2023
Publié par Censored News
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Le samedi 29 juillet 2023, le documentaire ‘DOWNWIND’ a remporté le prix du jury au Festival International du Film Cordillera, après que la première ait eu lieu à Reno, Nevada. ‘DOWNWIND’ montre les victimes exposées aux radiations par les retombées des tests d’armes nucléaires de destruction massive et leur réaction, pour attirer l’attention sur les 928 tests secrets qui ont eu lieu de 1951 à 1992.

La Commission à l’Energie Atomique des Etats-Unis, maintenant Département de l’Energie, avait appelé les gens vivant SOUS LE VENT (DOWNWIND) « un segment à faible consommation de la population » et donc, des Américains qui ne valaient pas la peine d’être protégés des conséquences néfastes des radiations des retombées de tests d’armes nucléaires.

« Nous sommes Américains et avons droit à une protection égale devant la loi, » dit Ian Zabarte, Principal des Bandes Shoshones de l’Ouest de la Nation Shoshone. Il ajoute « la terre des Amérindiens relie cette grande nation. Les Shoshones n’ont jamais été informés et n’ont jamais consenti à l’occupation et l’utilisation de notre Mère la Terre sacrée, pour tester des armes nucléaires. »


Retombées des tests nucléaires sur l’Amérique. Représentation cumulative des tests de 1951-1992. Fillipe, Alzner et al. (2023)

‘DOWNWIND’ est un film qui documente les effets des retombées des armes nucléaires sur les Américains, contrairement au film ‘Oppenheimer’ centré sur le test de la bombe nucléaire du Projet Manhattan, Trinity. Les Etats-Unis ont effectué 928 tests d’armes nucléaires, y compris l’expérimentation des radiations sur des humains, comme le Projet 4.1 sur les habitants des îles Marshall.

‘DOWNWIND’ est l’histoire qui n’est pas racontée dans ‘Oppenheimer’ sur les effets et les réactions des Américains qui vivent SOUS LE VENT des tests de bombes nucléaires. « La Nation Shoshone est la nation la plus bombardée au monde » dit le Principal Ian Zabarte.

Native Community Action Council, P.O. Box 46301, Las Vegas, NV 89114, Reno, Nevada

Voir ‘DOWNWIND’:
https://filmfreeway.com/DOWNWIND565

Photo Bad Bear, Shoshone, Longue Marche de 2013, près de Fallon


Par Brenda Norrell
Censored News
31 janvier 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Le Département de la Défense [=ministère] détient des milliers de dépouilles d’Autochtones, dont quatre à la base de Fallon, sur le site de bombardement de la Marine. Des Autochtones d’Hawaï luttent pour qu’on leur rende leurs ancêtres, tandis que de nouvelles informations dénoncent les pilleurs de tombes et les restes d’Autochtones détenus dans des bases militaires.

La Défense a les restes de quatre Autochtones pris sur le territoire de la Base Aéronautique de la Marine, à Fallon, dans le Nevada. C’est la base militaire qui doit être agrandie par le Congrès et le Président Biden qui ont approuvé la loi de dépenses de la Défense pour 2023.

C’est l’expansion que le journaliste Paiute Myron Dewey essayait d’arrêter lorsqu’il est mort. Le jour avant son décès, Myron Dewey avait filmé en direct sur le champ de tir, pour prévenir de la continuation du génocide, par les Navy Seals [Opérations Spéciales de la Marine] qui bombardent sur une terre sacrée. En même temps, la délégation au Congrès du Nevada poussait à l’expansion.

Dewey – qui était sur le champ de tir la veille de sa mort dans un accident sur une piste isolée près de Yomba – décrivait la destruction du sacré par l’extraction minière et le champ de tir, mettant en garde contre l’expansion du terrain militaire et du projet de mine de lithium sur le site d’un massacre de Paiutes à Thacker Pass.

« Je suis un survivant d’un génocide de masse dans tous les Etats-Unis. »

« Le Nevada est devenu une poubelle pour les militaires » dit Ruth Danner de Winnemucca, dans le Nevada. La réaction de Ruth Danner à propos du champ de tirs figure dans les plus de 1900 pages de la Déclaration Finale d’Impact Environnemental, avec une opposition considérable à l’expansion.

Ian Zabarte, qui représente les Shoshone de l’Ouest, dit que le champ de tirs (bombardements) empiète sur une terre qui n’appartient pas aux Etats-Unis et viole le Traité de Ruby Valley.

Les dirigeants Paiutes s’opposent aussi à l’expansion, qui a été approuvée en décembre 2022 par le gouvernement des Etats-Unis. Avant, la Nation Paiute-Shoshone de Fallon avait passé des années dans les tribunaux et avait combattu le Musée d’Etat du Nevada et le BLM [Bureau de Gestion du Territoire] pour demander le retour des dépouilles de leurs ancêtres et les objets qui leur appartenaient, trouvés à Spirit Cave, et datant de 10 000 ans.

Des leucémies infantiles dans la région de Fallon avaient suscité des inquiétudes à propos de fuites de carburant de jets, en 2003. L’enquête de la santé publique avait révélé que du napalm y était brûlé.

« Pourquoi la Défense détient-elle tant de restes humains de peuples Autochtones ? »

Le Département de la Défense des Etats-Unis détient des milliers de restes d’Autochtones, entre autres 1605 dépouilles d’Autochtones Hawaïens du Comté de Honolulu à Hawaï, résultant de pillages de tombes, de chasseurs de récompenses, de collections de musées, d’expériences racistes et de développement de ressources que les Hawaïens Autochtones n’ont jamais approuvé.

Cette question conduit à la lutte que les Autochtones Hawaïens mènent pour qu’on rende leurs parents. Des notes du Registre Fédéral indiquent les noms de pilleurs de tombes, et de ceux qui ont pillé les tombes au nom de la science.

Les notes du Registre Fédéral donnent les noms d’individus, comme le propriétaire d’une plantation de cane à sure à Hawaï, qui avait été marchand pendant la ruée vers l’or génocidaire en Californie. Il y a une longue liste de pilleurs de tombes du Nouveau-Mexique, qui volaient pour des musées. La nouvelle base de données de ProPublica révèle que de certaines terres qui sont maintenant des bases militaires, des ancêtres Autochtones ont été volés, dans l’état de Washington, du Nevada et en Caroline du Nord.

La Défense a aussi 548 restes d’Autochtones pris dans le Comté de Venture, en Californie.

La Défense détient aussi des restes de Pueblos. Dans le Comté de Sandoval, au Nouveau-Mexique, où vivent 12 des 19 Pueblos, les restes de 233 ancêtres ont été mis à disposition pour être rendus.

Cependant, la Défense détient toujours 1800 restes d’Autochtones pris dans tous les Etats-Unis, qui ne sont pas disponibles pour être rendus, comme l’exige la Loi sur la Protection et le Rapatriement des Tombes Autochtones.

Bien que la Défense ait mis des centaines de restes, pris dans l’état de Washington, l’Oregon et l’Oklahoma – à la disposition des Nations Indiennes pour les rendre, des restes d’ancêtres dans le sud-ouest, de la Floride au Texas et sur la côte est, ne sont pas disponibles pour être rendus.

Les bases militaires ont déplacé des ancêtres

Au camp des Marines Camp Lejeune en Caroline du Nord, 214 restes d’Autochtones ont été saisis et non rendus. À la Station Aéronavale de Whidbey Island et au Détachement de Port Hadlock dans le nord-ouest de l’état de Washington, des ancêtres Autochtones ont été déplacés. Quinze dépouilles de Whidbey et six de Port Hadlock sont disponibles pour être rendues.

Nettoyage ethnique et génocide dans le Comté de Shasta

Dans le nord de la Californie, la Défense a pris sept dépouilles dans le Comté de Shasta et ne les rend pas. En tout, la Défense a pris les restes de 700 ancêtres Autochtones en Californie.

Au cours d’une marche commémorant le génocide, le nettoyage ethnique et les marches forcées des gens de Pit River dans le Comté de Shasta, Danita Quinn dit : « Quelques fois, les esprits sont pris au piège ou ‘coincés’ dans des lieux, pour ainsi dire. Tenir ces cérémonies aide à les renvoyer à un endroit de paix. » Voir un article de Kelda Britton sur l’histoire des Autochtones de Shasta.

Les Autochtones Hawaïens luttent pour le retour de leurs ancêtres

Des décennies après que des scientifiques racistes aient pillé leurs tombes, des milliers de cadavres d’Autochtones Hawaïens sont toujours dans des bunkers militaires, selon le San Francisco Gate.

Beaucoup de restes d’ancêtres ont été déterrés intentionnellement par des anthropologues blancs.

Les restes d’ancêtres ont été « envoyés au Bishop Museum, où des scientifiques qui considéraient Hawaï comme un ‘laboratoire racial’ les ont étudiés pour promouvoir des pseudo-sciences, comme l’eugénisme, la prétendue ‘science’ de créer des humains ‘parfaits’ »

« Pendant des décennies, le Bishop Museum, toujours un musée d’histoire culturelle éminent, était collectionneur de iwi kupuna, beaucoup d’entre eux provenant de la Péninsule Mokapu, aujourd’hui connue comme la Base des Marines à Hawaï. Le directeur du musée a même offert des récompenses pour les restes d’Autochtones Hawaïens, faisant du pillage de tombes une course au trésor. »

« En tout, les iwi, ou leurs squelettes, de 3000 bébés, adolescents et adultes ont été volés de Mokapu et donnés au Bishop Museum de 1915 à 1993. La plupart du temps, le musée a prêté la collection à des anthropologues pour être étudiés, il y avait parmi eux des eugénistes et autres ‘scientifiques’ des races » écrit Christine Hitt dans le San Francisco Gate.

Liste de toutes les institutions qui possèdent des restes humains Autochtones en fin de l’article de Censored News


Les Autochtones du Nevada ont souffert du nucléaire depuis des décennies. D’abord, les tests de bombes atomiques, qui ont eu lieu de 1951 à 1992, faisant de la Nation Shoshone, majoritaire dans la région, la Nation la plus bombardée au monde. Depuis 1987, les autorités des Etats-Unis ont essayé de créer un site d’enfouissement profond (type Bure) des déchets les plus radioactifs des USA à proximité du site de tests de bombes atomiques. Depuis 1994, les Shoshone luttent contre ce projet.

Christine Prat


Native Community Action Council [Conseil pour l’Action de la Communauté Autochtone] P.O. Box 46301, Las Vegas, NV 89114 21 septembre 2022 Contact : Ian Zabarte

Le Conseil pour l’Action de la Communauté Autochtone (NCAC) ne prend pas position dans la plainte déposée par le Nevada à la Commission de Régulation Nucléaire (NRC – Nuclear Regulatory Commission) pour redémarrer le processus de Yucca Mountain. En tant que partie représentée au Conseil d’Agrément de Sécurité Atomique pour la NRC, le NCAC n’a fait qu’une objection de propriété, une exigence du 10 CFR 60.121, pour protéger la Nation d’Indiens Shoshone et les habitants. Yucca Mountain est à l’intérieur des territoires des Bandes Occidentales de la Nation d’Indiens Shoshone, définis par le Traité de Ruby Valley de 1863 (Consolidated Treaty Series 127-1863).

Le membre du NCAC Joe Kennedy a déclaré, « Arrêter [le projet] Yucca Mountain est ce qu’il faut faire pour protéger les Shoshone de l’Ouest, tous les habitants et la vie autour de Yucca Mountain du risque de radiations posé par des déchets nucléaires hautement radioactifs. »

En 1987, le Congrès des Etats-Unis a trouvé que Yucca Mountain était le seul site pouvant être caractérisé comme site géologique d’enfouissement profond de déchets nucléaires hautement radioactifs. Les Bandes Occidentales de la Nation d’Indiens Shoshone ont résisté aux actions coordonnées dirigées par le Département de l’Energie, le Bureau d’Aménagement du Territoire, l’Agence de Protection de l’Environnement, le Département des Transports, et l’agence d’agrément de permis, la NRC, pour infliger des conditions dangereuses au peuple Shoshone, évidentes pour des matériaux radioactifs.

Selon Ian Zabarte, Secrétaire du Conseil pour l’Action de la Communauté Autochtone, « la propriété n’est pas une chose. C’est une relation entre des gens par rapport aux choses. Les droits de propriété Shoshone à Yucca Mountain sont protégés par le traité et l’Article 6 de la Constitution des Etats-Unis. Le titre des Shoshone de l’Ouest n’est pas aboli.»

Le Nevada veut mettre un terme aux projets fédéraux ratés de décharge de déchets nucléaires 20 septembre 2022

Ce jour, le Gouverneur du Nevada Steve Sisolak et l’Agence du Nevada pour les Projets Nucléaires ont annoncé la déposition d’une nouvelle motion légale pour mettre un terme aux projets fédéraux de construire une décharge pour les déchets les plus radioactifs du pays à Yucca Mountain, à 100 km* au nord-ouest des zones peuplées du Comté de Clark.

«Il est temps de prendre des leçons de l’expérience de Yucca Mountain et de les confronter à la réalité,» dit le Gouverneur Sisolak.

«Les habitants du Nevada ne veulent pas prendre part à une expérience dangereuse. Yucca Mountain ne doit pas devenir une décharge nationale pour les déchets dangereux» dit le membre du Congrès Steven Horsford (NV-04). «Il est plus que temps de conclure le débat sur Yucca Mountain et de protéger les résidents de mon district et de tout l’état.»

«Depuis des années, nous avons dû combattre pour assurer que le Nevada ne devienne pas la décharge de la nation pour les déchets nucléaires», dit la Représentante Susie Lee (NV-03).

*Yucca Mountain est à un peu plus de 100 km de l’agglomération de Las Vegas, par une petite route sinueuse. La radioactivité ne suit pas la route, mais le vent. Et à environs 70 km – toujours par la petite route sinueuse – il y a des communautés plus petites, comme à Indian Springs ou Pahrump. Le site est très proche de la frontière entre le Nevada et la Californie, et les Autochtones de l’autre côté de la limite se plaignent également des effets de la radioactivité.

La région affectée:

Le site, avec les 7 volcans actifs au pied de Yucca Mountain:

Par le Comité d’Action de la Communauté Autochtone
nativecommunityactioncouncil@gmail.com
Publié sur Censored News
22 janvier 2021
Traduction Christine Prat

LAS VEGAS, Nevada – Le Conseil d’Action de la Communauté Autochtone célèbre l’entrée en vigueur du Traité sur la Prohibition des Armes Nucléaires, en se rassemblant à Las Vegas devant la Cour Fédérale, pour porter des banderoles affirmant l’entrée en vigueur du Traité.

Le traité a été approuvé par les 193 membres de l’Assemblée Générale des Nations-Unis le 7 juillet 2017, par un vote de 122 pour, les Pays-Bas s’étant opposés et Singapore abstenu. Les cinq puissances nucléaires et quatre pays connus pour ou supposés avoir des armes nucléaires – l’Inde, le Pakistan, la Corée du Nord et Israël – avaient boycotté les négociations et le vote sur le traité, tout comme beaucoup de leurs alliés.

Le peuple Shoshone voit le traité comme un pas positif conduisant à la réparation, pour les 900 tests d’armes nucléaires à l’air libre et souterraines qui ont émis des radiations sur les terres de la Nation d’Indiens Shoshone.

« Nous sommes tous sous-le-vent, » déclara Ian Zabarte, Secrétaire du Conseil d’Action de la Communauté Autochtone. M. Zabarte travaille depuis des décennies à faire stopper les tests d’armes nucléaires effectués en secret, et enquêter sur les conséquences sur la santé de l’exposition aux radiations de son peuple et de son pays.

Son but est de mettre fin au besoin d’armes nucléaires, d’atténuer les impacts sur le peuple Shoshone et le territoire, et empêcher que Yucca Mountain ne soit transformée en site d’enfouissement de déchets nucléaires hautement radioactifs.

Le Conseil d’Action de la Communauté Autochtone est partie dans l’attribution d’une licence, la seule qui affirme en avoir la propriété. Après avoir dépensé 15 milliards de dollars, le Département de l’Energie ne peut pas prouver de droits de propriété sur Yucca Mountain, en dépit des graphiques du Bureau d’Aménagement du Territoire, parce que le Traité de Ruby Valley a le contrôle, selon la Constitution des Etats-Unis, Article 6, Section 2, c’est-à-dire la clause de suprématie d’un traité.

La propriété des Shoshone persiste toujours.

« Notre relation à la terre et à l’eau pure du Grand Bassin est notre identité » dit M. Zabarte.

Les tests d’armes nucléaires destructrices ont laissé le sol vulnérable et détruit la flore et la faune délicate, permettant à des espèces de plantes nuisibles et invasives de prendre leur place.

M. Zabarte fut acquitté pour avoir capturé des chevaux Indiens dont les Etats-Unis clament qu’ils sont « sauvages » selon la définition du Congrès dans la Loi sur les Chevaux Sauvages et les Ânes de 1971.
« Nous avons agi par nécessité, pour protéger nos chevaux de la destruction du pâturage causée par les tests d’armes nucléaires. »

Le Bureau d’Aménagement du Territoire blâme le bétail des Shoshone pour la destruction du sol.

Les dirigeants Shoshone étaient présents sur le Site de Sécurité Nationale du Nevada à 14h, pour brandir des banderoles et faire prendre consciences aux travailleurs du site que leur travail est illégal.

Plus de 900 essais nucléaires ont été effectués dans le territoire Shoshone, dans le Nevada, aux Etats-Unis. Les habitants en subissent encore les conséquences.

Par Ian Zabarte
Sur Censored News
D’abord publié dans Al Jazeera
29 août 2020
Traduction Christine Prat

Vous ne savez jamais ce qui vous tue quand c’est fait en secret.

J’ai vu mon oncle souffrir d’un horrible cancer qui dévorait sa gorge, et mon grand-père mourir d’une maladie auto-immune connue pour être causée par l’exposition à des radiations. Ils ont dit qu’il avait fait une crise cardiaque, mais quand votre peau tombe, le stress fait pression sur votre cœur.

Beaucoup de mes cousins sont morts. L’an dernier, mon cousin, qui a environ 50 ans, a eu un défibrillateur placé dans sa poitrine. Maintenant, sa fille, une enfant en bas âge, a aussi des problèmes cardiaques. A peu près à la même époque, un autre cousin m’a dit que sa mère avait un cancer. Et une semaine plus tard, il a appris qu’il en avait un aussi.

Il y a quelques mois, un ancien d’ici est décédé d’une forme rare de tumeur au cerveau.

Chaque famille est affectée. Nous avons eu des retards mentaux et physiques, des leucémies, des enfants leucémiques, et toutes sortes de cancers.

Le complexe militaro-industriel

Je suis le chef de file [en anglais ‘Principal Man’] des bandes de l’ouest de la Nation Indienne Shoshone – la nation la plus bombardée sur terre. Notre pays couvre environ 104 000 km², de l’ouest de Las Vegas, dans le Nevada, jusqu’à la Rivière Snake, dans l’Idaho, y compris une bande large de 563 km dans le Grand Bassin. Il y a approximativement de 25 000 à 30 000 descendants directs de Shoshone, mais les Etats-Unis réduisent beaucoup le nombre en se fondant sur un ‘quota de sang’ (un pourcentage d’ancêtres).

Nous avons été sur ce territoire depuis au moins 10 000 ans.

Notre relation avec les Etats-Unis se fonde sur le Traité de Ruby Valley, signé en 1863. Selon le traité, les Shoshone continuent de posséder le territoire, mais nous avons été d’accord pour que, en échange de 5000 dollars par an pendant 20 ans, payés en bétail et autres marchandises, les Etats-Unis puissent établir des postes militaires sur nos terres, que US mail et des compagnies de télégraphe puissent continuer à y opérer le télégraphe et des lignes de diligences, qu’une ligne de chemin de fer puisse les traverser, que les Etats-Unis puissent y creuser des mines.

Mais juste avant la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, nous avons commencé à être débordés par le complexe militaro-industriel des Etats-Unis, de façons que nous commençons seulement maintenant à comprendre.

Retombées nucléaires

En 1951, en violation du traité, les Etats-Unis ont établi les Terrains d’Essais du Nevada (qui seraient connus plus tard comme le Site de Tests du Nevada et s’appellent maintenant le Site de Sécurité Nationale du Nevada) en territoire Shoshone, et ont commencé à tester des armes nucléaires – sans notre consentement, sans même que nous le sachions. Nous soupçonnons que des scientifiques Nazi, amenés par les Etats-Unis dans le cadre de l’Opération Paperclip – pour aider les Etats-Unis à développer des armes nucléaires – étaient impliqués.

Le 27 janvier 1951, le premier test nucléaire a eu lieu sur notre territoire, une bombe d’1 kilotonne larguée d’un avion sur le site.

Pendant les 40 années suivantes, c’est devenu le premier site de tests pour les armes nucléaires américaines. Environ 928 tests nucléaires ont eu lieu en territoire Shoshone – 100 dans l’atmosphère et plus de 800 souterrains.

Lorsque les Etats-Unis ont largué une bombe atomique sur Hiroshima en 1945, 13 kilotonnes de retombées nucléaires ont arrosé la ville. D’après une étude de 2009 parue dans le Nevada Law Journal, entre 1951 et 1992, les tests effectués sur nos terres ont causé 620 kilotonnes de retombées nucléaires.

Je suis né en 1964, un an après que les tests nucléaires à l’air libre aient été interdits. Mais les Etats-Unis ont continué à tester des armes de destruction massive sous notre territoire presque toutes les trois semaines jusqu’en 1992.

Les habitants sous le vent

Les retombées de ces tests ont couvert un large territoire, mais ce sont les communautés Autochtones vivant sous le vent par rapport au site qui étaient les plus exposées – parce que nous consommions des animaux et des plantes sauvages, buvions du lait contaminé, vivions de terres contaminées. Pour les Autochtones adultes, le risque d’exposition a été prouvé être 15 fois plus élevé que pour les autres Américains, pour les jeunes ça va jusqu’à 30 fois, et pour les bébés, de l’état de fétus à 2 ans, ça peut aller jusqu’à 50 fois.

Les retombées ont tué la flore et la faune délicate, créant une énorme vulnérabilité dans des milliers de km² de territoire Shoshone. Les pins, que nous utilisons pour la nourriture et le chauffage, étaient exposés, les plantes que nous utilisons comme nourriture et comme médicaments étaient exposées, les animaux que nous mangeons étaient exposés. Nous étions exposés. Résultat, nous avons regardé nos gens mourir. Certains des plus forts défenseurs de notre territoire, sont partis, comme ça.

Mais nous devons protéger notre terre et notre peuple. Notre identité c’est le territoire. Notre identité c’est l’eau pure venue du sol, qui coule depuis des millions, des dizaines de millions, des centaines de millions d’années. Nous considérons cette eau pure comme un médicament. Les gens ont besoin de cette eau pure pour guérir.

Mais ce que nous voyons, c’est que les Etats-Unis négocient pour l’industrie nucléaire, négocient pour l’industrie minière, détruisent notre propriété pour le profit.

Nous ne pouvons plus supporter d’autres risques, que ce soit les tests d’armes nucléaires ou les cendres de charbon ou les forages pétroliers, ni aucune source de radiation.

Les marteaux et les clous

Nous commençons à comprendre ce qui nous est arrivé. Pendant plus de 50 ans, nous avons souffert de ce tueur silencieux et la culture du secret du gouvernement des Etats-Unis a gardé ce silence. Mais nous avons besoin de secours.

Dans les autres parties du monde où il y a eu des catastrophes ou des tests nucléaires – entre autres au Kazakhstan, au Japon, et même à Tchernobyl – il y a des registres de santé pour suivre ceux qui ont été exposés, même si les chiffres sont artificiellement abaissés dans certains pays. Nous n’avons pas cela aux Etats-Unis. Nous n’avons pas cela pour les Autochtones vivant sous le vent. Nous avons besoin de ce genre de tests. Nous avons besoin de registres de santé. Nous avons besoin de contrôle. Nous ne pouvons pas attendre plus longtemps que les disparités de santé qui nous affectent soient identifiées.

Nous devons combattre les Etats-Unis pour leur faire comprendre nos besoins de santé de base.

Nous avons réussi à obtenir des documents déclassifiés dans les années 1990. Mais ils font près de deux millions de pages. Essayer de tout comprendre est décourageant. Nous n’avons aucun financement et nous n’avons pas le soutien des Etats-Unis pour que ce travail soit fait. Alors, nous devons le faire nous-mêmes tout en souffrant de cette crise sanitaire permanente. Et pendant ce temps, les activités militaires continuent sur notre territoire.

Nous continuons à souffrir et à vivre avec la conscience que les radiations sont là, dans le sol, dans nos plantes, dans nos animaux, dans notre peuple.

Tuer les Shoshone n’a jamais fait partie du traité que nous avons signé. Notre peuple ne se serait jamais engagé dans quelque chose qui mènerait à notre propre destruction.

Notre coutume est de partager, mais quand on n’a qu’un marteau, tout sert de clou, et c’est ce que les militaires Américains ont fait, frapper les Shoshone avec des bombes.

Le point de vue exprimé dans cet article est celui de l’auteur et ne reflète pas nécessairement les choix éditoriaux de Al Jazeera.

SOURCE : Al Jazeera News

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