Ian Zabarte au Festival Cordillera

Par le Conseil Autochtone d’Action de la Communauté (Native Community Action Council)
29 juillet 2023
Publié par Censored News
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Le samedi 29 juillet 2023, le documentaire ‘DOWNWIND’ a remporté le prix du jury au Festival International du Film Cordillera, après que la première ait eu lieu à Reno, Nevada. ‘DOWNWIND’ montre les victimes exposées aux radiations par les retombées des tests d’armes nucléaires de destruction massive et leur réaction, pour attirer l’attention sur les 928 tests secrets qui ont eu lieu de 1951 à 1992.

La Commission à l’Energie Atomique des Etats-Unis, maintenant Département de l’Energie, avait appelé les gens vivant SOUS LE VENT (DOWNWIND) « un segment à faible consommation de la population » et donc, des Américains qui ne valaient pas la peine d’être protégés des conséquences néfastes des radiations des retombées de tests d’armes nucléaires.

« Nous sommes Américains et avons droit à une protection égale devant la loi, » dit Ian Zabarte, Principal des Bandes Shoshones de l’Ouest de la Nation Shoshone. Il ajoute « la terre des Amérindiens relie cette grande nation. Les Shoshones n’ont jamais été informés et n’ont jamais consenti à l’occupation et l’utilisation de notre Mère la Terre sacrée, pour tester des armes nucléaires. »


Retombées des tests nucléaires sur l’Amérique. Représentation cumulative des tests de 1951-1992. Fillipe, Alzner et al. (2023)

‘DOWNWIND’ est un film qui documente les effets des retombées des armes nucléaires sur les Américains, contrairement au film ‘Oppenheimer’ centré sur le test de la bombe nucléaire du Projet Manhattan, Trinity. Les Etats-Unis ont effectué 928 tests d’armes nucléaires, y compris l’expérimentation des radiations sur des humains, comme le Projet 4.1 sur les habitants des îles Marshall.

‘DOWNWIND’ est l’histoire qui n’est pas racontée dans ‘Oppenheimer’ sur les effets et les réactions des Américains qui vivent SOUS LE VENT des tests de bombes nucléaires. « La Nation Shoshone est la nation la plus bombardée au monde » dit le Principal Ian Zabarte.

Native Community Action Council, P.O. Box 46301, Las Vegas, NV 89114, Reno, Nevada

Voir ‘DOWNWIND’:
https://filmfreeway.com/DOWNWIND565

Les Shoshones de l’Ouest sont la nation la plus bombardée au monde : plus de 1000 tests atomiques, Américains et Britanniques, ont eu lieu sur leur territoire, au pied de Yucca Mountain, dans le Nevada, où il est aussi question de créer un site d’enfouissement profond pour les déchets hautement radioactifs.

Par Ian Zabarte
Principal Man des Bandes de Shoshones de l’Ouest
Publié par Censored News
Le 14 juin 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Notre pays s’étend du Désert de Mojave, dans le sud, à la Rivière Snake dans le Nord, territoire défini par le Traité de Ruby Valley, le seul traité ratifié en Californie et dans le Nevada, pleinement en vigueur. Nous avons fait des commentaires complets auprès des services fédéraux, protesté avec des dizaines de milliers de gens et déposé des plaintes en justice, au cours de nombreuses décennies, pour s’attaquer au mal, aux risques et aux menaces posés par les armes nucléaires, les déchets nucléaires et l’uranium – qui affectent le peuple Shoshone de façon démesurée.

Nous aimons nos chevaux.

Le Bureau de Gestion du Territoire, relevant du Ministère de l’Intérieur des Etats-Unis, a accusé le bétail des Shoshones de l’Ouest de la destruction des terres causée par les tests d’armes nucléaires de l’époque, a confisqué nos troupeaux, ce qui a détruit notre économie d’éleveurs, garantis par le traité comme « chasseurs et éleveurs. »

Le peuple Shoshone porte un fardeau hors de proportions de risques d’exposition aux radiations amenées par le vent du Site secret de la Sécurité Nationale dans le Nevada, où l’on projette un site d’enfouissement de déchets nucléaires à Yucca Mountain.

Nous avons le seul contentieux de propriété à Yucca Mountain enregistré à la Commission de Régulation Nucléaire dans le registre 63-001. Le Ministère de l’Énergie occupe et utilise la propriété des Shoshones de l’Ouest, mais ne peut cependant pas prouver la propriété exigée pour une licence 10 CFR 60.121, parce que le titre des Indiens Shoshones de l’Ouest n’a toujours pas expiré.

Il n’y a pas eu d’action du Congrès pour limiter ou terminer le droit Indien à plus de 120 000 km² propriété des Bandes de l’Ouest de la Nation d’Indiens Shoshones. Le traité est un instrument pour la justice.

Il faut que le Président crée un territoire Shoshone selon l’article 6 du Traité de Ruby Valley, afin que nous ayons un lieu sûr pour vivre, grandir et nous développer. Nous avons besoin de projets financés par le gouvernement fédéral pour prouver notre droit de propriété.

En 1990, le Ministère de l’Énergie a créé un « tri culturel » employé pour démanteler nos façons de vivre en relation avec Yucca Mountain. Le tri culturel est défini comme « le choix forcé de prendre une décision par un groupe ethnique pour un projet de développement. »

Ce qui caractérise le tri culturel, c’est qu’il est imposé aux Autochtones pour le développement.

Le schéma et la pratique du Ministère de l’Énergie et des services coordonnés infligent des conditions qui ont pour but la destruction des Bandes de l’Ouest de la Nation d’Indiens Shoshones, en violant les normes péremptoires de la Loi Internationale et la Loi de 1988 – 18 USC 1091 – GENOCIDE. https://www.law.cornell.edu/uscode/text/18/1091

L’origine est importante.

Les Shoshones doivent être suivis individuellement pour les conséquences sur leur santé. Nous avons besoin de la collaboration des services fédéraux, du financement de la recherche, de surveillance et de registres pour les Shoshones sous le vent.

Dans le Comté d’Andrews, au Texas, l’entreprise Holtec a la licence pour des déchets hautement radioactifs de réacteurs commerciaux. Les déchets envoyés au Texas seront bloqués et abandonnés là-bas sans règlements environnementaux solides, parce que le site de Yucca Mountain n’aura pas de licence.

Enfin, les armes nucléaires sont illégales selon la loi internationale, le Traité sur la Prohibition des Armes Nucléaires, qui est en vigueur depuis le 22 janvier 2021. Nous pouvons protéger notre environnement, notre Mère la Terre, en mettant fin à l’obsession des armes nucléaires de destruction massive et en rejoignant le Traité actuellement devant le Congrès comme H. Res 77.

Le Conseil pour la Justice Environnementale de la Maison Blanche [WHEJAC] devait tenir une réunion publique à Phoenix, Arizona, du 13 au 15 juin.

Le Conseil pour la Justice Environnementale de la Maison Blanche

La Charte du WHEJAC déclare que le comité de conseil fournira un avis et des recommandations indépendants au Président du Conseil sur la Qualité de l’Environnement et au Conseil Interinstitutionnel de la Maison Blanche sur la façon de renforcer l’action du Gouvernement Fédéral pour se préoccuper de l’injustice environnementale présente et historique, entre autres des recommandations pour mettre à jour l’Ordre Exécutif 12898. Le WHEJAC donnera des avis et recommandations sur de larges questions intersectorielles relatives, mais non limitées, aux problèmes de justice environnementale, de réduction de la pollution, de l’énergie, d’atténuation du changement climatique et de résilience, de santé environnementale et d’iniquité raciale. Les actions du WHEJAC devront inclure un large éventail de questions stratégiques, scientifiques, technologiques, règlementaires, d’engagement de la communauté et économiques concernant la justice environnementale.

Vidéo de 2017, sous-titres français:

Et aussi:


Les Autochtones du Nevada ont souffert du nucléaire depuis des décennies. D’abord, les tests de bombes atomiques, qui ont eu lieu de 1951 à 1992, faisant de la Nation Shoshone, majoritaire dans la région, la Nation la plus bombardée au monde. Depuis 1987, les autorités des Etats-Unis ont essayé de créer un site d’enfouissement profond (type Bure) des déchets les plus radioactifs des USA à proximité du site de tests de bombes atomiques. Depuis 1994, les Shoshone luttent contre ce projet.

Christine Prat


Native Community Action Council [Conseil pour l’Action de la Communauté Autochtone] P.O. Box 46301, Las Vegas, NV 89114 21 septembre 2022 Contact : Ian Zabarte

Le Conseil pour l’Action de la Communauté Autochtone (NCAC) ne prend pas position dans la plainte déposée par le Nevada à la Commission de Régulation Nucléaire (NRC – Nuclear Regulatory Commission) pour redémarrer le processus de Yucca Mountain. En tant que partie représentée au Conseil d’Agrément de Sécurité Atomique pour la NRC, le NCAC n’a fait qu’une objection de propriété, une exigence du 10 CFR 60.121, pour protéger la Nation d’Indiens Shoshone et les habitants. Yucca Mountain est à l’intérieur des territoires des Bandes Occidentales de la Nation d’Indiens Shoshone, définis par le Traité de Ruby Valley de 1863 (Consolidated Treaty Series 127-1863).

Le membre du NCAC Joe Kennedy a déclaré, « Arrêter [le projet] Yucca Mountain est ce qu’il faut faire pour protéger les Shoshone de l’Ouest, tous les habitants et la vie autour de Yucca Mountain du risque de radiations posé par des déchets nucléaires hautement radioactifs. »

En 1987, le Congrès des Etats-Unis a trouvé que Yucca Mountain était le seul site pouvant être caractérisé comme site géologique d’enfouissement profond de déchets nucléaires hautement radioactifs. Les Bandes Occidentales de la Nation d’Indiens Shoshone ont résisté aux actions coordonnées dirigées par le Département de l’Energie, le Bureau d’Aménagement du Territoire, l’Agence de Protection de l’Environnement, le Département des Transports, et l’agence d’agrément de permis, la NRC, pour infliger des conditions dangereuses au peuple Shoshone, évidentes pour des matériaux radioactifs.

Selon Ian Zabarte, Secrétaire du Conseil pour l’Action de la Communauté Autochtone, « la propriété n’est pas une chose. C’est une relation entre des gens par rapport aux choses. Les droits de propriété Shoshone à Yucca Mountain sont protégés par le traité et l’Article 6 de la Constitution des Etats-Unis. Le titre des Shoshone de l’Ouest n’est pas aboli.»

Le Nevada veut mettre un terme aux projets fédéraux ratés de décharge de déchets nucléaires 20 septembre 2022

Ce jour, le Gouverneur du Nevada Steve Sisolak et l’Agence du Nevada pour les Projets Nucléaires ont annoncé la déposition d’une nouvelle motion légale pour mettre un terme aux projets fédéraux de construire une décharge pour les déchets les plus radioactifs du pays à Yucca Mountain, à 100 km* au nord-ouest des zones peuplées du Comté de Clark.

«Il est temps de prendre des leçons de l’expérience de Yucca Mountain et de les confronter à la réalité,» dit le Gouverneur Sisolak.

«Les habitants du Nevada ne veulent pas prendre part à une expérience dangereuse. Yucca Mountain ne doit pas devenir une décharge nationale pour les déchets dangereux» dit le membre du Congrès Steven Horsford (NV-04). «Il est plus que temps de conclure le débat sur Yucca Mountain et de protéger les résidents de mon district et de tout l’état.»

«Depuis des années, nous avons dû combattre pour assurer que le Nevada ne devienne pas la décharge de la nation pour les déchets nucléaires», dit la Représentante Susie Lee (NV-03).

*Yucca Mountain est à un peu plus de 100 km de l’agglomération de Las Vegas, par une petite route sinueuse. La radioactivité ne suit pas la route, mais le vent. Et à environs 70 km – toujours par la petite route sinueuse – il y a des communautés plus petites, comme à Indian Springs ou Pahrump. Le site est très proche de la frontière entre le Nevada et la Californie, et les Autochtones de l’autre côté de la limite se plaignent également des effets de la radioactivité.

La région affectée:

Le site, avec les 7 volcans actifs au pied de Yucca Mountain:

Plus de 900 essais nucléaires ont été effectués dans le territoire Shoshone, dans le Nevada, aux Etats-Unis. Les habitants en subissent encore les conséquences.

Par Ian Zabarte
Sur Censored News
D’abord publié dans Al Jazeera
29 août 2020
Traduction Christine Prat

Vous ne savez jamais ce qui vous tue quand c’est fait en secret.

J’ai vu mon oncle souffrir d’un horrible cancer qui dévorait sa gorge, et mon grand-père mourir d’une maladie auto-immune connue pour être causée par l’exposition à des radiations. Ils ont dit qu’il avait fait une crise cardiaque, mais quand votre peau tombe, le stress fait pression sur votre cœur.

Beaucoup de mes cousins sont morts. L’an dernier, mon cousin, qui a environ 50 ans, a eu un défibrillateur placé dans sa poitrine. Maintenant, sa fille, une enfant en bas âge, a aussi des problèmes cardiaques. A peu près à la même époque, un autre cousin m’a dit que sa mère avait un cancer. Et une semaine plus tard, il a appris qu’il en avait un aussi.

Il y a quelques mois, un ancien d’ici est décédé d’une forme rare de tumeur au cerveau.

Chaque famille est affectée. Nous avons eu des retards mentaux et physiques, des leucémies, des enfants leucémiques, et toutes sortes de cancers.

Le complexe militaro-industriel

Je suis le chef de file [en anglais ‘Principal Man’] des bandes de l’ouest de la Nation Indienne Shoshone – la nation la plus bombardée sur terre. Notre pays couvre environ 104 000 km², de l’ouest de Las Vegas, dans le Nevada, jusqu’à la Rivière Snake, dans l’Idaho, y compris une bande large de 563 km dans le Grand Bassin. Il y a approximativement de 25 000 à 30 000 descendants directs de Shoshone, mais les Etats-Unis réduisent beaucoup le nombre en se fondant sur un ‘quota de sang’ (un pourcentage d’ancêtres).

Nous avons été sur ce territoire depuis au moins 10 000 ans.

Notre relation avec les Etats-Unis se fonde sur le Traité de Ruby Valley, signé en 1863. Selon le traité, les Shoshone continuent de posséder le territoire, mais nous avons été d’accord pour que, en échange de 5000 dollars par an pendant 20 ans, payés en bétail et autres marchandises, les Etats-Unis puissent établir des postes militaires sur nos terres, que US mail et des compagnies de télégraphe puissent continuer à y opérer le télégraphe et des lignes de diligences, qu’une ligne de chemin de fer puisse les traverser, que les Etats-Unis puissent y creuser des mines.

Mais juste avant la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, nous avons commencé à être débordés par le complexe militaro-industriel des Etats-Unis, de façons que nous commençons seulement maintenant à comprendre.

Retombées nucléaires

En 1951, en violation du traité, les Etats-Unis ont établi les Terrains d’Essais du Nevada (qui seraient connus plus tard comme le Site de Tests du Nevada et s’appellent maintenant le Site de Sécurité Nationale du Nevada) en territoire Shoshone, et ont commencé à tester des armes nucléaires – sans notre consentement, sans même que nous le sachions. Nous soupçonnons que des scientifiques Nazi, amenés par les Etats-Unis dans le cadre de l’Opération Paperclip – pour aider les Etats-Unis à développer des armes nucléaires – étaient impliqués.

Le 27 janvier 1951, le premier test nucléaire a eu lieu sur notre territoire, une bombe d’1 kilotonne larguée d’un avion sur le site.

Pendant les 40 années suivantes, c’est devenu le premier site de tests pour les armes nucléaires américaines. Environ 928 tests nucléaires ont eu lieu en territoire Shoshone – 100 dans l’atmosphère et plus de 800 souterrains.

Lorsque les Etats-Unis ont largué une bombe atomique sur Hiroshima en 1945, 13 kilotonnes de retombées nucléaires ont arrosé la ville. D’après une étude de 2009 parue dans le Nevada Law Journal, entre 1951 et 1992, les tests effectués sur nos terres ont causé 620 kilotonnes de retombées nucléaires.

Je suis né en 1964, un an après que les tests nucléaires à l’air libre aient été interdits. Mais les Etats-Unis ont continué à tester des armes de destruction massive sous notre territoire presque toutes les trois semaines jusqu’en 1992.

Les habitants sous le vent

Les retombées de ces tests ont couvert un large territoire, mais ce sont les communautés Autochtones vivant sous le vent par rapport au site qui étaient les plus exposées – parce que nous consommions des animaux et des plantes sauvages, buvions du lait contaminé, vivions de terres contaminées. Pour les Autochtones adultes, le risque d’exposition a été prouvé être 15 fois plus élevé que pour les autres Américains, pour les jeunes ça va jusqu’à 30 fois, et pour les bébés, de l’état de fétus à 2 ans, ça peut aller jusqu’à 50 fois.

Les retombées ont tué la flore et la faune délicate, créant une énorme vulnérabilité dans des milliers de km² de territoire Shoshone. Les pins, que nous utilisons pour la nourriture et le chauffage, étaient exposés, les plantes que nous utilisons comme nourriture et comme médicaments étaient exposées, les animaux que nous mangeons étaient exposés. Nous étions exposés. Résultat, nous avons regardé nos gens mourir. Certains des plus forts défenseurs de notre territoire, sont partis, comme ça.

Mais nous devons protéger notre terre et notre peuple. Notre identité c’est le territoire. Notre identité c’est l’eau pure venue du sol, qui coule depuis des millions, des dizaines de millions, des centaines de millions d’années. Nous considérons cette eau pure comme un médicament. Les gens ont besoin de cette eau pure pour guérir.

Mais ce que nous voyons, c’est que les Etats-Unis négocient pour l’industrie nucléaire, négocient pour l’industrie minière, détruisent notre propriété pour le profit.

Nous ne pouvons plus supporter d’autres risques, que ce soit les tests d’armes nucléaires ou les cendres de charbon ou les forages pétroliers, ni aucune source de radiation.

Les marteaux et les clous

Nous commençons à comprendre ce qui nous est arrivé. Pendant plus de 50 ans, nous avons souffert de ce tueur silencieux et la culture du secret du gouvernement des Etats-Unis a gardé ce silence. Mais nous avons besoin de secours.

Dans les autres parties du monde où il y a eu des catastrophes ou des tests nucléaires – entre autres au Kazakhstan, au Japon, et même à Tchernobyl – il y a des registres de santé pour suivre ceux qui ont été exposés, même si les chiffres sont artificiellement abaissés dans certains pays. Nous n’avons pas cela aux Etats-Unis. Nous n’avons pas cela pour les Autochtones vivant sous le vent. Nous avons besoin de ce genre de tests. Nous avons besoin de registres de santé. Nous avons besoin de contrôle. Nous ne pouvons pas attendre plus longtemps que les disparités de santé qui nous affectent soient identifiées.

Nous devons combattre les Etats-Unis pour leur faire comprendre nos besoins de santé de base.

Nous avons réussi à obtenir des documents déclassifiés dans les années 1990. Mais ils font près de deux millions de pages. Essayer de tout comprendre est décourageant. Nous n’avons aucun financement et nous n’avons pas le soutien des Etats-Unis pour que ce travail soit fait. Alors, nous devons le faire nous-mêmes tout en souffrant de cette crise sanitaire permanente. Et pendant ce temps, les activités militaires continuent sur notre territoire.

Nous continuons à souffrir et à vivre avec la conscience que les radiations sont là, dans le sol, dans nos plantes, dans nos animaux, dans notre peuple.

Tuer les Shoshone n’a jamais fait partie du traité que nous avons signé. Notre peuple ne se serait jamais engagé dans quelque chose qui mènerait à notre propre destruction.

Notre coutume est de partager, mais quand on n’a qu’un marteau, tout sert de clou, et c’est ce que les militaires Américains ont fait, frapper les Shoshone avec des bombes.

Le point de vue exprimé dans cet article est celui de l’auteur et ne reflète pas nécessairement les choix éditoriaux de Al Jazeera.

SOURCE : Al Jazeera News

Cliquer sur les cartes pour les voir en format lisisble. Photo titre, Censored News, autres photos Christine Prat

NUCLEAR TESTS: SHOSHONE AND POLYNESIAN LEADERS PROSECUTE THE U.S. AND FRANCE FOR GENOCIDE

Christine Prat
March 15th, 2019
En Français

Nuclear tests have caused and are still causing many deaths and making lands uninhabitable. Many peoples in the world have been victims of ‘tests’ carried out without their consents. This article has been inspired by the stories told by Moëtai Brotherson, a member of the French Parliament from Tahiti (Paris, October 2018), and Ian Zabarte, Principal Man of the Western Shoshone Bands from Nevada (Las Vegas, September 2017). They both have decided to prosecute the French and US governments respectively, to have the consequences of nuclear tests officially recognized as genocide. Mr. Zabarte tries to have the genocide of his people recognized by the UN, Mr. Brotherson filed a complaint with the International Court of Justice. Mr. Brotherson is the only member of Parliament who is an independentist activist.
American nuclear tests in Nevada started in January 1951. The very first bomb had exploded in New Mexico – in an unpopulated area, according to official media, but not far from the Mescalero Apache Reservation – on July 16th, 1945, only a few weeks before dropping the bombs on Hiroshima and Nagasaki. They also started with nuclear tests on Bikini, in the Marshall Islands, in 1946. Strangely enough, instead of causing protests and fear, it mainly gave a name to a new fashionable bath suit and to a silly popular song. Before the first test, the US authorities evacuated the Native population of Bikini, claiming that they could return soon. Bikini is still uninhabitable right now. In Nevada, tests did not take place “in the Desert”, as media still claim, but in Shoshone territory. Over 1000 bombs have exploded there, between January 1951 and September 1992. Of course, the Shoshone population has been decimated. Further, the Mercury test site is hardly 70 miles (115 km) from Las Vegas (there is also a Paiute reservation between Las Vegas and Mercury).
The French nuclear tests started in Reggane, Algeria, Tuareg Territory, from 1960 to 1961. Four atmospheric tests happened there. From 1961 to 1966, 13 underground tests took place in In Ecker, also in Tuareg Territory. Algeria became independent in 1962. The French managed to get in the Treaty that they could go on with nuclear tests until 1967. Thus, as soon as 1966, they started to explode nuclear bombs in ‘French’ Polynesia, in Mururoa and Fangataufa. From 1966 to 1974, 46 atmospheric ‘tests’ were carried out, and from 1975 to 1996, 147 bombs were exploded under Mururoa and Fangataufa.
Major media still fail to report about the damages caused to Indigenous Peoples and their territories. Even nowadays, many decades later, they only mention White victims, or otherwise claim that nuclear tests were carried out in ‘deserts’. In a rather recent historical program, a French public radio – France Culture – claimed that the Trinity bomb – the first nuclear test ever – took place in the New Mexico Desert, “an uninhabited region”; that the US tests have been carried out in the Nevada “Desert”; that the French nuclear tests in Reggane, Algeria, did cause health problems and death among French militaries and their families, drafted soldiers (which is indeed shocking) and traders who followed the militaries, but they still don’t say a word about the Indigenous Tuareg population in Reggane and In Ecker whose territory it is.
It has been a bit different for “French” Polynesia. Protesters immediately expressed support for the Indigenous population. The reason might be that nuclear tests in Polynesia started during the Vietnam War, when all peace activists in the world were in the streets demonstrating to support the Vietnamese people and were thus conscious of the existence and plight of Indigenous Peoples. A poster, widely spread in the late 1960’s, showed an image of Death with the hair and flowers of a Polynesian woman. However, it was not enough to make them stop the tests, repeated complaints by New Zealand probably had more effect. The attitude of the media is still obviously racist.


Mr. Zabarte is also struggling against a project of deep burial site for nuclear waste, under Yucca Mountain, sacred for the Shoshone, situated on a volcanic region, and quite close to the Mercury nuclear test site. He has also been supporting the Timbisha people, a Shoshone people, living on the other side of the mountain range, in California, also very close to the tests site and also plagued by radioactivity. Mr. Zabarte is also supporting their case at the U.N. by showing that it all happened on unceded territory according to the Treaties. The Shoshone, as many other Indigenous Peoples in the US and Canada, never ceded their territories and are still “sovereign”. The United States never respected a single Treaty signed with Indigenous Peoples.

Mr. Brotherson reminded us that “French” Polynesia, just as Kanaky (“French New-Caledonia”), was on top of the first list of the United Nations of territories to be decolonized, established in 1946. In 1963, Polynesia has been illegally removed from the list following a request by the French Ministry of Foreign Affairs. In 2003, France took the opportunity of changes in its Constitution to replace the word “Peoples” by “populations”, concerning its overseas colonies – which it does not recognize as colonies, but as French “provinces”. This allowed France to sign the UN Declaration of Indigenous Peoples Rights, without respecting it, as “there are no Indigenous Peoples in French territories”!

Both Peoples have been devastated by nuclear activities. Mr. Zabarte said he owed his life to his mother who moved to San Francisco as soon as she became pregnant. When they went back to Shoshone territory, years later, Mr. Zabarte was shocked to find out that he had no more family, all his cousins had died. The whole territory of “French” Polynesia is impacted by radioactivity. Many people died of cancer, now people are still suffering of diseases, birth defects and very negative impacts on their environment, their fauna and their flora.

The genocide is still going on. Do whatever you can to support their efforts to have it recognized by the world!


ESSAIS NUCLEAIRES: DEUX DIRIGEANTS AUTOCHTONES, UN SHOSHONE ET UN POLYNESIEN, ENGAGENT DES POURSUITES CONTRE LES ETATS-UNIS ET LA FRANCE POUR GENOCIDE

Christine Prat
15 mars 2019
In English

Les essais nucléaires ont causé, et continuent de causer, de nombreux décès et ont rendu des territoires inhabitables. Beaucoup de peuples dans le monde ont été victimes “d’essais” effectués sans leur consentement. Cet article a été inspiré par les récits de Moëtai Brotherson, député de Tahiti (Paris, Octobre 2018), et de Ian Zabarte, dirigeant des Bandes Shoshone de l’Ouest, dans le Nevada (Las Vegas, septembre 2017). Ils ont tous deux décidé de poursuivre, respectivement, l’Etat français et les Etats-Unis, afin que les conséquences des essais nucléaires de ces deux Etats soient reconnus comme génocides. M. Zabarte essai d’obtenir la reconnaissance du génocide de son peuple par les Nations Unies, M. Brotherson a déposé une plainte pour génocide auprès de la Cour de Justice Internationale. M. Brotherson est le seul député membre d’un parti indépendantiste.

Les essais nucléaires américains dans le Nevada ont commencé en janvier 1951. La toute première bombe avait explosé au Nouveau-Mexique – dans une zone “non peuplée”, selon les grands médias, mais pas loin du tout de la Réserve Apache Mescalero – le 16 juillet 1945, seulement quelques semaines avant que les bombes soient larguées sur Hiroshima et Nagasaki. Les Etats-Unis ont aussi procédé à des essais nucléaires à Bikini, dans les Iles Marshall, dès 1946. Curieusement, au lieu de provoquer la peur et la contestation, les essais de Bikini ont lancé la mode d’un type de maillot de bain et une stupide chanson populaire. Les Etats-Unis avaient évacué la population Autochtone de Bikini, promettant aux gens qu’ils pourraient rentrer bientôt. A l’heure actuelle, Bikini est toujours inhabitable. Dans le Nevada, les essais n’ont pas eu lieu “dans le désert”, comme le prétendent toujours les médias, mais en territoire Shoshone. Plus de 1000 bombes y ont explosé, entre janvier 1951 et septembre 1992 – faisant de la Nation Shoshone la Nation la plus bombardée de l’histoire. Bien entendu, la population Shoshone a été décimée. Le site d’essais de Mercury est situé à environ 115 km de Las Vegas (il y a aussi une Réserve Païute entre Las Vegas et Mercury).
Les essais nucléaires français ont commencé à Reggane, en Algérie, en territoire Touareg, de 1960 à 1961. Quatre essais atmosphériques y ont eu lieu. De 1961 à 1966, 13 essais souterrains ont eu lieu à In Ecker, également en territoire Touareg. L’Algérie est devenue indépendante en 1962. Les Français ont réussi à mettre dans le Traité de paix l’autorisation de continuer leurs essais nucléaires jusqu’en 1967. Donc, dès 1966, ils ont commencé à faire leurs essais en Polynésie “française”, à Mururoa et Fangataufa. De 1966 à 1974, 46 essais atmosphériques ont eu lieu, et de 1975 à 1996, 147 bombes ont explosé sous Mururoa et Fangataufa.
Les médias dominants ne parlent jamais des dégâts causés aux Peuples Autochtones et à leurs territoires. Même aujourd’hui, des décennies plus tard, ils ne mentionnent que les victimes ‘Blanches’, ou s’il n’y en a pas, prétendent toujours que les essais nucléaires ont eu lieu dans des ‘déserts’. Dans une émission historique relativement récente, France Culture a prétendu que la bombe de Trinity – le premier essai nucléaire jamais réalisé – avait eu lieu dans le Désert du Nouveau-Mexique, une “région inhabitée”; que les essais américains avaient eu lieu dans le “désert” du Nevada; que les essais nucléaires français à Reggane, en Algérie, avaient causé des décès et des maladies chez les militaires français et leurs familles, chez des jeunes appelés (ce qui est effectivement choquant), et chez des commerçants installés à Reggane pour nourrir tout ce monde, mais ils ne disent toujours pas un mot de la population Touareg Autochtone de Reggane et In Ecker, bien que ce soit leur territoire.

Ça a été un peu différent pour la Polynésie. Les opposants ont immédiatement manifesté leur soutien à la population Autochtone. C’est peut-être parce que les essais en Polynésie ont commencé en pleine guerre du Vietnam, alors que tous les pacifistes du monde étaient dans les rues pour soutenir les Vietnamiens et étaient donc conscients de l’existence et des souffrances des Peuples Autochtones. Une affiche largement distribuée à la fin des années 60, représentait la Mort avec les cheveux et les colliers de fleurs d’une Polynésienne. Cependant, ça n’a pas suffi pour obliger la France à arrêter les essais, les plaintes répétées de la Nouvelle Zélande ont probablement eu plus d’effet. L’attitude des médias est toujours indubitablement raciste.


M. Zabarte se bat aussi contre un projet de site d’enfouissement profond de déchets nucléaires (comme à Bure), sous la montagne Yucca, sacrée pour les Shoshone, située dans une région volcanique, et très proche du site d’essais de Mercury. Depuis notre rencontre, il a aussi soutenu les Timbisha, un peuple Shoshone qui vit de l’autre côté de la chaîne de montagnes, en Californie, mais très proche du site d’essais et également touché par la radioactivité. M. Zabarte se bat pour leur cause aux Nations Unies, essentiellement en montrant que tout cela se produit en territoire non-cédé selon les Traités. Les Shoshone, comme beaucoup d’autres Peuples Autochtones aux Etats-Unis et au Canada, n’ont jamais cédé leurs territoires et sont toujours “souverains”. Les Etats-Unis n’ont jamais respecté un seul Traité signé avec les Autochtones.

M. Brotherson nous rappelle que la Polynésie “Française”, tout comme la Kanaky (“Nouvelle Calédonie”), était en tête de la liste des Nations Unies établie en 1946, de territoires à décoloniser. En 1963, la Polynésie a été retirée illégalement de la liste, suite à une demande du Ministère de Affaires Etrangères français. En 2003, la France a saisi l’occasion d’un changement constitutionnel pour remplacer le mot “Peuples” par “populations”, pour ses territoires d’Outremer. Cela a permis à la France de signer la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, sans la respecter, vu qu’ “il n’y a pas de Peuples Autochtones en France”!


Les deux Peuples, Shoshone et Polynésien, ont été ravagés par les activités nucléaires. M. Zabarte m’a dit qu’il devait sa vie à sa mère, qui a déménagé à San Francisco dès qu’elle a été enceinte. Lorsqu’ils sont retournés chez eux des années plus tard, M. Zabarte a été choqué d’apprendre qu’il n’avait plus de famille, que tous ses cousins étaient morts de cancers. Tout le territoire de Polynésie “Française” est touché par la radioactivité. Beaucoup de gens sont morts de cancers, actuellement beaucoup souffrent encore de diverses maladies, de malformations congénitales, et de l’impact désastreux de la radioactivité sur l’environnement, la faune et la flore.

Le génocide n’est pas terminé. Les effets du nucléaire portent sur des centaines, des milliers d’années. Alors, faites ce que vous pouvez pour soutenir leurs luttes pour que ce soit reconnu officiellement par le monde entier!