Les Shoshones de l’Ouest sont la nation la plus bombardée au monde : plus de 1000 tests atomiques, Américains et Britanniques, ont eu lieu sur leur territoire, au pied de Yucca Mountain, dans le Nevada, où il est aussi question de créer un site d’enfouissement profond pour les déchets hautement radioactifs.

Par Ian Zabarte
Principal Man des Bandes de Shoshones de l’Ouest
Publié par Censored News
Le 14 juin 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Notre pays s’étend du Désert de Mojave, dans le sud, à la Rivière Snake dans le Nord, territoire défini par le Traité de Ruby Valley, le seul traité ratifié en Californie et dans le Nevada, pleinement en vigueur. Nous avons fait des commentaires complets auprès des services fédéraux, protesté avec des dizaines de milliers de gens et déposé des plaintes en justice, au cours de nombreuses décennies, pour s’attaquer au mal, aux risques et aux menaces posés par les armes nucléaires, les déchets nucléaires et l’uranium – qui affectent le peuple Shoshone de façon démesurée.

Nous aimons nos chevaux.

Le Bureau de Gestion du Territoire, relevant du Ministère de l’Intérieur des Etats-Unis, a accusé le bétail des Shoshones de l’Ouest de la destruction des terres causée par les tests d’armes nucléaires de l’époque, a confisqué nos troupeaux, ce qui a détruit notre économie d’éleveurs, garantis par le traité comme « chasseurs et éleveurs. »

Le peuple Shoshone porte un fardeau hors de proportions de risques d’exposition aux radiations amenées par le vent du Site secret de la Sécurité Nationale dans le Nevada, où l’on projette un site d’enfouissement de déchets nucléaires à Yucca Mountain.

Nous avons le seul contentieux de propriété à Yucca Mountain enregistré à la Commission de Régulation Nucléaire dans le registre 63-001. Le Ministère de l’Énergie occupe et utilise la propriété des Shoshones de l’Ouest, mais ne peut cependant pas prouver la propriété exigée pour une licence 10 CFR 60.121, parce que le titre des Indiens Shoshones de l’Ouest n’a toujours pas expiré.

Il n’y a pas eu d’action du Congrès pour limiter ou terminer le droit Indien à plus de 120 000 km² propriété des Bandes de l’Ouest de la Nation d’Indiens Shoshones. Le traité est un instrument pour la justice.

Il faut que le Président crée un territoire Shoshone selon l’article 6 du Traité de Ruby Valley, afin que nous ayons un lieu sûr pour vivre, grandir et nous développer. Nous avons besoin de projets financés par le gouvernement fédéral pour prouver notre droit de propriété.

En 1990, le Ministère de l’Énergie a créé un « tri culturel » employé pour démanteler nos façons de vivre en relation avec Yucca Mountain. Le tri culturel est défini comme « le choix forcé de prendre une décision par un groupe ethnique pour un projet de développement. »

Ce qui caractérise le tri culturel, c’est qu’il est imposé aux Autochtones pour le développement.

Le schéma et la pratique du Ministère de l’Énergie et des services coordonnés infligent des conditions qui ont pour but la destruction des Bandes de l’Ouest de la Nation d’Indiens Shoshones, en violant les normes péremptoires de la Loi Internationale et la Loi de 1988 – 18 USC 1091 – GENOCIDE. https://www.law.cornell.edu/uscode/text/18/1091

L’origine est importante.

Les Shoshones doivent être suivis individuellement pour les conséquences sur leur santé. Nous avons besoin de la collaboration des services fédéraux, du financement de la recherche, de surveillance et de registres pour les Shoshones sous le vent.

Dans le Comté d’Andrews, au Texas, l’entreprise Holtec a la licence pour des déchets hautement radioactifs de réacteurs commerciaux. Les déchets envoyés au Texas seront bloqués et abandonnés là-bas sans règlements environnementaux solides, parce que le site de Yucca Mountain n’aura pas de licence.

Enfin, les armes nucléaires sont illégales selon la loi internationale, le Traité sur la Prohibition des Armes Nucléaires, qui est en vigueur depuis le 22 janvier 2021. Nous pouvons protéger notre environnement, notre Mère la Terre, en mettant fin à l’obsession des armes nucléaires de destruction massive et en rejoignant le Traité actuellement devant le Congrès comme H. Res 77.

Le Conseil pour la Justice Environnementale de la Maison Blanche [WHEJAC] devait tenir une réunion publique à Phoenix, Arizona, du 13 au 15 juin.

Le Conseil pour la Justice Environnementale de la Maison Blanche

La Charte du WHEJAC déclare que le comité de conseil fournira un avis et des recommandations indépendants au Président du Conseil sur la Qualité de l’Environnement et au Conseil Interinstitutionnel de la Maison Blanche sur la façon de renforcer l’action du Gouvernement Fédéral pour se préoccuper de l’injustice environnementale présente et historique, entre autres des recommandations pour mettre à jour l’Ordre Exécutif 12898. Le WHEJAC donnera des avis et recommandations sur de larges questions intersectorielles relatives, mais non limitées, aux problèmes de justice environnementale, de réduction de la pollution, de l’énergie, d’atténuation du changement climatique et de résilience, de santé environnementale et d’iniquité raciale. Les actions du WHEJAC devront inclure un large éventail de questions stratégiques, scientifiques, technologiques, règlementaires, d’engagement de la communauté et économiques concernant la justice environnementale.

Vidéo de 2017, sous-titres français:

Et aussi:

 

MEDIAS, RACISME ET GENOCIDE, LETTRE D’UN SHOSHONE

Lettre de Ian Zabarte, Shoshone de l’Ouest, au Las Vegas Review Journal, publiée sur Censored News, le 29 janvier 2019.
Traduction et photos Christine Prat

M. Ian Zabarte
P.O. Box 46301
Las Vegas, NV 89114

 

Le 29 janvier 2019
Au Las Vegas Review Journal
P.O. Box 70
Las Vegas, NV 89125

 

Sujet: Racisme et complicité de génocide.

Cher M. Ramirez,

Hier, 28 janvier 2019, le Las Vegas Review Journal a publié une caricature de propagande aux dépens des Amérindiens, utilisant le stéréotype de l’Indien alcoolique. Le racisme est une insulte, peu importe si les médias en font une représentation plus ou moins humoristique.

Le Las Vegas Review Journal s’est montré en dessous de tout, en tant que Quatrième Pouvoir, en faisant des reportages tronqués, en ne présentant qu’un côté des questions qui touchent les Autochtones ou en ne mentionnant pas la vérité ou le point de vue Autochtone. Il y a une véritable et pervasive violation de la confiance dans la façon dont les médias s’abstiennent de dire toute la vérité sur les questions concernant les Autochtones. C’est de leur part un mauvais service rendu à l’ouverture d’esprit, la liberté de l’information et la démocratie. Le peuple Shoshone cherche la compréhension et la réconciliation, et se fait insulter par le Las Vegas Review Journal. Une injure similaire a été mentionnée dans un texte soumis récemment à la Convention Internationale des Nations Unies sur les Droits Civils et Politiques, comme étant de la propagande en faveur du génocide.

Le problème est que les préjugés et le racisme des médias tuent des Indiens. En 1850, la Californie a adopté une Loi pour la Protection et la Gouvernance des Indiens, qui autorisait les chasseurs d’Indiens à ramener des mains coupées et des scalps pour $25, et à réduire en esclavage les Indiens trouvés sans travail. Les esclaves restaient en captivité jusqu’à ce qu’ils montrent aux mineurs où se trouvait l’or, comme dans le cas d’un Shoshone torturé pour indiquer où était situé l’or à Rhyolite. Tuer des Indiens était courant et 60% des Shoshone de Californie ont été tués à l’intérieur de notre territoire selon le traité, parce qu’ils n’étaient pas être blancs. La loi n’a été abolie complètement qu’en 1967. Avant qu’un quelconque colon ou mineur ne voie un Indien, la propagande des médias était là.

Aujourd’hui, les médias ne parlent pas de l’exposition des Amérindiens aux retombées radioactives des tests nucléaires secrets des Etats-Unis et du Royaume-Uni, et des risques hors de proportion que ça représentait. Les Shoshone ne peuvent supporter un accroissement des risques d’où qu’ils viennent, entre autres la reprise des tests d’Armes de Destruction Massive par les Etats-Unis et le Royaume-Uni, les déchets de plutonium du Site de Savanna River ou d’uranium appauvri, le projet de site d’enfouissement de déchets hautement radioactifs à Yucca Mountain, l’uranium des cendres de charbon ou les radiations émises par la fracturation hydraulique.

Nous devrions tous être indignés par le génocide. Au-delà des pratiques historiques des Etats-Unis pouvant être qualifiées de génocidaires, les Shoshone accusent les Etats-Unis de violation de la Convention des Nations Unies pour la Prévention et la Punition du Génocide, dans leur récente proposition à la Convention des Nations Unies sur les Droits Civils et Politiques. Le génocide est un crime aux Etats-Unis depuis 1988 (18 USC 1091) et il n’y a pas de statut limitatif. En 1990, le Ministère de l’Energie des Etats-Unis a créé le Protocol d’Etude de Ressource Culturelle de Yucca Mountain, de “triage culturel” défini comme “le choix forcé de décision par un groupe ethnique d’un projet de développement.” Triage est un mot d’origine française qui signifie trier ou sélectionner selon la qualité. Normalement, il est utilisé en cas d’inondations, de famine, de catastrophe naturelle ou de guerre déclarée. Il n’y a pas d’inondations, ni de famine, ni de catastrophe naturelle, et la paix règne toujours selon le traité. Les Shoshone font face à l’intention délibérée des Etats-Unis de démanteler la façon de vivre du peuple Shoshone au bénéfice des Etats-Unis et au profit de l’industrie nucléaire. Ceci constitue le seuil minimum du génocide selon la Convention des Nations Unies et les lois des Etats-Unis sur le crime de génocide. Le motif des Etats-Unis est de dépouiller le peuple Shoshone de sa propriété. L’intention de commettre un génocide relève de la culture du secret, parce que nous ne saurons jamais ce qui tue les Indiens en secret. Les préjugés des médias n’aident pas à protéger le peuple Shoshone en fournissant des informations objectives sur l’importance de tout cela pour les Autochtones, pour entreprendre des actions de protection.

Nous prions le Las Vegas Review Journal d’arrêter d’attiser les flammes de la haine et de l’intolérance. Nous sommes tous responsables contre tout génocide.

Cordialement,

Ian Zabarte, Principal Man
Bandes de l’ouest de la Nation Indienne Shoshone