Par Indigenous Action
4 avril 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Le 30 mars 2023, une déclaration a été publiée par les services administratifs de la Ville-Etat du Vatican, condamnant les « actes de violence, d’oppression, d’injustice sociale et d’esclavage, y compris ceux commis contre les Autochtones. » L’Eglise Catholique a déclaré qu’elle « … répudiait tous ces concepts qui ne reconnaissaient pas les droits humains inhérents des Peuples Autochtones, y compris ce qui est maintenant connu comme ‘doctrine de la découverte’ légale et politique. »

Nous avons l’habitude des supercheries de l’église, cette « répudiation » n’est pas une exception.

Les mots de l’Eglise Catholique ne sont qu’une tentative de limiter les dégâts et de minimiser leur héritage génocidaire, tout en obscurcissant ses profits encore tirés de la perpétuation de la violence coloniale.

En 1493, la Bulle Papale « Inter Caetera », fut prononcée par le Pape Alexandre VI. Le document établissait la « Doctrine de la Découverte » et était crucial pour la stratégie de christianisation de l’Espagne, afin de s’assurer le « droit exclusif » de réduire les Peuples Autochtones en esclavage et de s’emparer des terres envahies par C. Colomb l’année précédente. Ce décret exprimait clairement la menace du Pape d’assimiler de force les Peuples Autochtones au Catholicisme afin de renforcer l’ « Empire Chrétien. » Cette doctrine de « civilisation » a conduit à des générations successives de guerres de génocide et d’écocide menées par les colonisateurs européens contre les vies, les terres, l’esprit des Autochtones et le monde vivant de tous les êtres apparentés. « La Destinée Manifeste », l’intensification de l’invasion des terres Autochtones aux soi-disant Etats-Unis, était inspirée et ratifiée par cette « Doctrine » religieuse.

En 1823, la « Doctrine de la Découverte » fut inscrite dans la loi des Etats-Unis pour nier les droits à la terre des Peuples Autochtones, dans une affaire devant la Cour Suprême, Johnson v. McIntosh. Au cours d’une décision unanime, le Juge en chef John Marshall écrivit que les nations Chrétiennes européennes avaient assumé le contrôle complet des terres de l’ « Amérique » pendant l’ « Âge de la Découverte. » Et en déclarant leur « indépendance » de la Couronne d’Angleterre en 1776, il nota que les Etats-Unis avaient en fait et donc par la loi, hérité l’autorité de ces terres de la Grande Bretagne, en dépit de l’occupation par les Autochtones, qui étaient des païens… » Selon cette décision, les Peuples Autochtones n’avaient aucun droit comme nations indépendantes, mais seulement comme locataires ou résidents des Etats-Unis sur leurs propres terres. La Bulle Papale inter caetera était inscrite dans la loi des Etats-Unis et continue d’être la base de la domination coloniale légale sur la vie Autochtone.

La Doctrine de la Découverte est contestée depuis longtemps par les Peuples Autochtones. Depuis les années 1970, de nombreuses délégations se sont rendues au Vatican et exigé la répudiation. Dans le territoire occupé d’Hawaï, une cérémonie annuelle au cours de laquelle la Bulle Inter Caetera est brûlée, se tient depuis 1997.

En réaction à la répudiation de l’Eglise Catholique, des organisations Autochtones ont critiqué la déclaration et exprimé l’exigence que l’Eglise Catholique assume sa « responsabilité. » Deborah Parker, Présidente de la Coalition Nationale Amérindienne pour la Guérison des Pensionnats, a déclaré : « Tandis que la décision du Vatican de renoncer à la Doctrine de la Découverte est celle qu’il fallait prendre, elle minimise le rôle de l’Eglise et sa responsabilité pour le mal causé aux Autochtones. Elle ne change pas le fait que les opinions de l’Eglise ont donné la permission aux colonisateurs de prendre les terres des Autochtones et de les assimiler… Nous exigeons plus de transparence, entre autres l’accès aux documents des pensionnats Indiens, qu’elle a refusé de nous communiquer. Nous exigeons que l’Eglise rende aux Nations Tribales les terres sur lesquelles elle a géré les pensionnats Indiens. Nous exigeons que l’Eglise soutienne la Proposition de Loi Vérité et Guérison, qui établirait une commission fédérale et effectuerait une enquête complète des politiques d’assimilation des pensionnats Indiens aux Etats-Unis. Et nous exigeons que l’Eglise respecte la souveraineté Tribale et les manières d’être des Autochtones. »

La découverte de 215 restes d’enfants Autochtones en 2021, dans une fosse commune d’une école résidentielle au « Canada », a déclenché une colère collective Autochtone face à l’héritage violent de l’éducation coloniale forcée. La stratégie des pensionnats ou écoles résidentielles, comme elles sont appelées au soi-disant Canada, faisait partie d’une guerre politique, religieuse et idéologique contre les Peuples Autochtones, qui visait les enfants.

En 2007, après des décennies de demandes de réparations au soi-disant Canada, un accord a été trouvé, dans le cadre du plus grand recours collectif auquel le gouvernement colonial ait jamais été confronté. L’accord comprenait le paiement d’une « expérience commune » de 10 000 dollars à environ 90 000 personnes qui avaient survécu aux écoles résidentielles, avec en plus 3000 dollars pour chaque année pendant laquelle ils avaient été retenus dans les écoles. Environ 200 millions de dollars ont été alloués aux programmes de guérison et d’éducation. Dans le cadre de cet accord, l’Eglise Catholique a payé 50 millions de dollars et a offert de payer 30 millions de plus.

Un groupe appelé la Commission Vérité sur le Génocide au « Canada », qui a accusé les écoles résidentielles d’être responsables de la mort et de la disparition de milliers d’enfants Autochtones, a rejeté l’accord et déclaré « Ce pot-de-vin, ce bâillon légal est présenté comme une ‘résolution’ définitive des plaintes des survivants des écoles résidentielles, comme si des crimes innommables comme les stérilisations de masse, les tortures et les meurtres rituels pouvaient être résolus par, ou réductibles à une question d’argent… »

Le 1er avril 2022, le Pape s’est excusé pour le rôle de l’Eglise Catholique dans l’assimilation violente par les écoles résidentielles « canadiennes ». Dans une déclaration écrite, le Pape a reconnu le « manque de respect » colonial et l’assimilation forcée et dit : « Pour la conduite déplorable de ces membres de l’Eglise Catholique, je demande le pardon de Dieu et je veux vous dire de tout mon cœur : je suis absolument désolé. Et je me joins à mes frères, les évêques canadiens, pour vous demander pardon. »

Dans la récente déclaration de répudiation, l’Eglise Catholique a eu l’audace de dire qu’alors que tant de Catholiques « … avaient donné leur vie pour défendre la dignité des peuples [Autochtones]… De nombreux Chrétiens avaient commis des actes démoniaques contre des Autochtones, ce pourquoi des Papes récents avaient demandé pardon à de nombreuses occasions… Comme le Pape François l’a souligné, leurs souffrances constituent une sommation puissante d’abandonner la mentalité de colonisateur et d’avancer avec eux côte à côte, dans le respect mutuel et le dialogue, et de reconnaitre les droits et les valeurs culturelles de tous les individus et de tous les peuples. À cet égard, l’Eglise s’est engagée à accompagner les Autochtones et à appuyer les efforts visant à promouvoir la réconciliation et la guérison. »

Ils ont déclaré cette absurdité : « … l’Eglise s’est engagée à accompagner les Autochtones et à appuyer les efforts visant à promouvoir la réconciliation et la guérison. »

Mais nous entendons toujours des mensonges théocratiques de la part de religieux autoritaires et dogmatiques qui crachent toujours leurs textes tout en assassinant au nom de leur dieu.

Nous ne souhaitons pas être « accompagnés » par l’église pour guérir. C’est dans son ombre que nos traumatismes et blessures continuent. Nous refusons que notre agresseur nous tienne la main et essaie de définir les termes selon lesquels nous pourrions « guérir ». Des déclarations de remords historiques ne changent rien si les systèmes de domination coloniale et d’exploitation persistent.

L’Eglise demande directement pardon, « Ce n’est que justice de reconnaitre ces erreurs, d’admettre les terribles effets des politiques d’assimilation et la douleur ressentie par les Autochtones, et de demander pardon. »

À ceci nous déclarons que nous emmerdons leur pardon. Comment osent-ils demander « pardon » alors qu’ils sont sur un trône payé par le vol de richesses, de terres, de vies et de ressources partout dans le monde ? Nous attendons le jour où leurs murs d’effondreront autour d’eux et les empires construits par leurs idéaux ne seront plus que des cendres fumantes et des ruines.

La Chrétienté dans son ensemble est depuis longtemps l’institution primaire de la violence coloniale hétéropatriarcale qui a perpétué les féminicides pendant « l’inquisition ». Le Malleus Maleficarum et la précédente Bulle Papale Summis Desiderantes Affectibus ont été explicitement utilisés pour diaboliser et assassiner les « sorcières païennes » Autochtones dans toute l’Europe. La doctrine était la base de l’inquisition suprémaciste blanche génocidaire, pour éliminer les Juifs, les Musulmans, les Roms et les cultures locales d’Europe, tandis qu’ils se préparaient à détruire et coloniser les terres autochtones en Afrique et dans les soi-disant Amériques.

L’histoire de leur foi est écrite dans le sang. Ils ne peuvent pas vraiment répudier la Doctrine de la Découverte, parce que c’est la fondation de leur « civilisation ». La civilisation chrétienne a toujours été une guerre spirituelle de domination de Notre Mère la Terre. Pour chaque massacre d’Autochtones, une croix. Dans chaque bureau d’enfant de pensionnat, une bible. Dans presque tous les bateaux d’esclaves d’Afrique, un Chrétien dévot à la barre.

Nous ne parlons pas du colonialisme au passé.

La domination et l’annihilation systématiques des Peuples Autochtones et de leurs modes de vie, des femmes et des queers au « nom de Dieu » continue partout dans le monde. La Doctrine de la Découverte alimente le travail missionnaire actuel de Catholiques et d’autres sectes Chrétiennes qui tentent de convertir violemment des Peuples Autochtones partout dans le monde. Ils tirent leurs tactiques d’évangélisation des pratiques que l’Eglise Catholique a développées pendant l’inquisition et les conquêtes coloniales. Il n’y a pas de différence entre les projets actuels évangélistes, Mormons, témoins de Jéhovah ou autres projets missionnaires qui envahissent l’Afrique, « l’Amérique » du Sud et les réserves. Toutes les dénominations de chrétiens missionnaires font partie de l’héritage de la doctrine qui continue à approuver l’assimilation forcée de Peuples Autochtones jusqu’à aujourd’hui.

C’est aussi l’héritage auquel se rallient les nationalistes suprémacistes blancs chrétiens pour le maintenir dans tous les Etats-Unis. Ils essaient d’enterrer la violence historique en attaquant le spectre de la « Théorie Critique de la Race », tout en continuant à déshumaniser les queers et à attaquer l’autonomie physique des femmes. La façade de condamnation et d’accusation de la victimisation à grande échelle ne suffit pas pour échapper aux conséquences d’une histoire de génocide, d’esclavage et d’écocide.

L’Eglise Catholique essaie de réécrire l’histoire et de se distancer de son rôle et de sa responsabilité dans la violence à grande échelle perpétrée partout dans le monde contre la Terre et la vie.

La déclaration récente dit : « La ‘Doctrine de la Découverte ne fait pas partie des enseignements de l’Eglise Catholique. La recherche historique démontre clairement que les documents des papes en question, écrits dans une période historique spécifique et liés à des questions politiques, n’ont jamais été considérés comme des expressions de la foi Catholique… ces documents ont été manipulés pour des fins politiques par des pouvoirs coloniaux concurrents, afin de justifier les actes immoraux contre les Autochtones qui ont été commis alors, sans opposition des autorités ecclésiastiques. »

En dépit des protestations des Autochtones, le Pape François a canonisé Junipero Serra en 2015. En 1769, Serra fonda la première des 21 missions en soi-disant « Californie ». Sous la conduite de Serra, des dizaines de milliers d’Autochtones ont été réduits en esclavage et brutalisés. Quand des statues racistes ont été démolies pendant les émeutes pour George Floyd, en 2020, des statues de Junipero Serra (au moins 7 ont été abattues et décapitées), de Christophe Colomb et d’autres monuments coloniaux ont aussi été détruits. En soi-disant Californie, 5 personnes ont été accusées de crimes pour le rôle supposé dans la mise à bas du monument de Serra (Pour les soutenir : https://linktr.ee/Decolonizers_Defense ).

De Po’pay à Toypurina, des ancêtres Autochtones ont brûlé leurs missions et tué leurs missionnaires pour défendre Notre Mère la Terre et tout ce qui vit. Quand toujours plus de cadavres d’enfants Autochtones ont été trouvés dans des fosses communes des écoles résidentielles au soi-disant Canada, il a été fait état de 68 églises chrétiennes vandalisées, beaucoup par des incendies allumés par la colère et la vengeance Autochtones.

Aucune excuse ne sera jamais assez. Des excuses ne suffisent pas, une dette est due sous tellement de formes qu’on ne voit pas comment nous pourrions jamais la réclamer. Tandis que beaucoup demandent des réparations, nous devons les contrer : nous ne cherchons aucune forme de paiement ou de récompense autre que la ruine de ces institutions et ces idéaux de domination, de contrôle et d’exploitation. Nous n’adressons pas de demande à ce que nous cherchons à abolir. Comme les sites sacrés sont toujours attaqués et les blessures intergénérationnelles restent ouvertes, nous continuons à résister aux héritages extrêmement brutaux et continuels de la violence religieuse coloniale. Leur répudiation arrive avec plus de 500 ans de retard. Nous cherchons l’abolition et la vengeance.

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Voir l’article précédent : https://chrisp.lautre.net/wpblog/?p=6430

Lecture recommandée :

Une Contre-Histoire des Etats-Unis, Roxanne Dunbar-Ortiz

 

Shiprock, vers 1914


Par Duane ‘Chili’ Yazzie
Publié par Censored News
Le 28 janvier 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Il y a deux concepts de relation à la terre, l’un est la croyance que quelqu’un peut posséder la terre, par on ne sait quelle logique, avec un morceau de papier ‘prouvant’ la propriété d’une terre. Les titres, les permis et les baux sont fondés sur la loi américaine.

Les racines du gouvernement Navajo et les lois qui concernent la relation à la terre datent de 1923, quand le gouvernement fédéral nous a imposé un mode de gouvernance étranger, avec d’étranges idées de propriété de la terre. Le nouveau gouvernement a été formé afin qu’un bail puisse être donné à un pétrolier, pour développer l’exploitation de pétrole dans la région de Shiprock. Nous n’avons pas consenti à être gouvernés par ce système étranger ; il nous a été imposé.

Le vénéré Traité de 1868 a été signé avec des X par nos dirigeants Tribaux, afin que les gens puissent rentrer chez eux [Voir l’histoire de la déportation des Navajos, de 1864 à 1868 – NdT]. On se demandera toujours si nos Chefs connaissaient et comprenaient la langue et les buts du Traité. Toutefois, le Traité a été signé, et l’imposition de concepts étrangers de relation avec la terre, est venue avec. Nos ancêtres étaient perplexes, se demandant comment quelqu’un pouvait être propriétaire d’une terre avec des limites physiques.

En 1848, l’Espagne a été repoussée vers l’intérieur du Mexique, cédant des terres qu’elle avait réclamées, du sud-ouest des Etats-Unis au nord-ouest. Comment l’Espagne en était-elle arrivée à penser qu’elle était ‘propriétaire’ de toutes ces terres ? En 1493, après que Colomb soit retourné en Espagne, le Pape a fait cadeau à l’Espagne de toute l’Hémisphère Ouest. Ceci autorisait et « rendait légal » la Grande Intrusion et la Doctrine de la Découverte. La loi américaine moderne continue certains principes de la Doctrine de la Découverte, et ainsi, la valide. À quel point tout ceci peut être légal ou moral, si nous, les propriétaires d’origine, n’avions rien à dire ? Dans ce contexte étranger de relation à la terre, la terre nous a été volée.

L’autre concept est l’Appartenance à la Terre, qui est enraciné dans nos commencement aborigènes ; nous avons été faits comme enfant de notre Mère la Terre et du Père Grand Créateur ; cette relation intrinsèque reste une réalité sacrée et spirituelle. Dans cette conception, la terre n’est pas une marchandise qui peut être ‘possédée’. Notre concept, c’est l’appartenance ; ‘nous appartenons à la Terre et la Terre nous appartient’, comme une mère et un enfant appartiennent l’un à l’autre. Ce lien, cette réalité, ne peuvent être brisés ou changés, quelque soient les circonstances. Les enfants volés, dans notre histoire Autochtone, appartenaient toujours à leur mère de naissance, quelque soient les centaines de kilomètres où ils avaient été conduits, les enfants et leurs mères s’appartiennent, pour toujours.

La réalité de, nous appartenons à notre Mère la Terre et la Terre Mère nous appartient, n’est pas changée par la loi Navajo ou américaine. Ce n’est pas possible. C’est notre conception, notre croyance. La personne ou le gouvernement qui pense autrement et agit pour s’introduire dans cette relation et blesser notre Mère la Terre, a tort. Nous, les Protecteurs de l’Eau et les Défenseurs de la Terre n’avons pas tort quand nous défendons notre Mère la Terre. Notre position est absolue.

©chiliyazzie

 


Par Chili Yazzie, Diné
Publié sur Censored News
10 novembre 2020
Traduction Christine Prat

Dans son rapport à la Reine Isabella et au Roi Ferdinand, Christophe Colomb écrivait: « Ces gens sont si dociles, si pacifiques, que je jure à vos Majestés qu’il n’y a pas de meilleure nation au monde. Ils aiment leurs voisins comme eux-mêmes, et ils parlent toujours d’une manière douce et aimable, accompagnée d’un sourire; et bien que ce soit vrai qu’ils sont nus, leurs manières sont polies et dignes d’éloge.» Il décrivait les Arawak et les Tainos des Caraïbes ; cette description aurait généralement pu s’appliquer à tous les Peuples Autochtones de l’hémisphère occidental.

Il commença par rafler des Autochtones pour le marché d’esclave en Espagne. Leur capture préférée était celle de jeunes filles, entre 10 et 13 ans, comme esclaves sexuelles. Et il revint encore et encore, pour mériter la distinction de premier marchand d’esclaves d’Amérique. Tandis que Colomb étendait ses cruels exploits, toute résistance était vite écrasée, ils coupaient les jambes et les bras des indigènes qui résistaient et les brûlait vifs. Avec ces atrocités, il a créé le précédent pour ses successeurs sous tous les drapeaux de l’impérialisme.

En 1455, le Pape publia des bulles déclarant que les gens de couleur devaient être vaincus et toutes leurs possessions saisies ; en 1493, le Pape fit ‘cadeau’ de l’hémisphère occidental à l’Espagne. Ces décisions papales ont évolué en ce qu’on appelle la Doctrine de la Découverte, qui fut, et est toujours, l’autorisation et la justification pour les nouveaux venus de s’enrichir par tous les moyens, amorçant le plus grand vol de terres et le plus grand génocide de l’histoire. La Doctrine de la Découverte est inhumaine, immorale et illégale, c’est une violation impudente des droits humains. Inexplicablement, c’est resté un principe de la loi américaine.

La richesse personnelle était une des intentions dans la formation de l’Amérique. Les pères fondateurs (de riches blancs propriétaires d’esclaves) ont créé un gouvernement qui bénéficierait à leur statut de minorité de 1%. Si le slogan de liberté, justice et prospérité pour tous avait été vrai, les femmes, les travailleurs, les pauvres et les gens de couleur n’auraient pas eu à se battre et à mourir pour leurs droits avant que la constitution ne soit amendée. Cependant, les injustices continuent.

La violence est commise de façon exponentielle contre la terre et les gens de bien. La violence est exigée par ceux qui se bagarrent férocement pour plus de richesse et pour avoir ou garder le pouvoir. L’appel à l’équité et la justice raciales se heurte à une force brute. Il y a beaucoup de déséquilibre en Amérique. L’Amérique est en danger de s’effondrer comme « grande civilisation » à cause des conditions d’avidité et de préjugé suprématiste blanc à son fondement, intentionnels ou naïfs. C’est le tort fondateur de l’Amérique.

Le Créateur Tout-Puissant a mis l’humanité sur cette terre, avec pour tous des instructions communes pour y vivre. Les principes fondamentaux étant d’honorer la création et d’avoir de la compassion. La description de Colomb des peuples Autochtones Caribéens corrobore le fait que les peuples Autochtones sont restés fidèles à ces instructions, même jusque dans ces temps modernes. Le seul véritable espoir pour une vraie grandeur de l’Amérique serait d’honorer et de vivre les instructions premières du Créateur, faites intentionnellement pour tout le genre humain.

Chili Yazzie

Shiprock, Nation Navajo, Nouveau-Mexique

The Shiprock, le rocher qui a donné son nom à la ville

Le Président Donald Trump a l’intention d’aller s’afficher au Mont Rushmore le 3 juillet, pour célébrer ‘Jour de l’Indépendance’ (Fête Nationale des Etats-Unis qui a lieu le 4 juillet), ce qui provoque la colère des Autochtones, qui voient le monument comme une profanation d’une terre volée par la violence pour rendre hommage à des dirigeants hostiles aux Autochtones. Le monument a été conçu en 1920 comme attraction touristique, pendant l’engouement de l’époque pour faire de la route pendant les vacances. L’historien du Dakota du Sud Duane Robinson recruta Borglum, un membre du Ku Klux Klan [pour sculpter le rocher].

L’hypocrisie des présidents qui contemplent la vallée du haut des Black Hills, comme s’ils étaient les champions de la loi et l’ordre, est un véritable chaudron de sorcière de haine. – Steve Melendez, Président du Musée du Génocide des Indiens d’Amérique.

‘LE MONT RUSHMORE : UN GENOCIDE GRAVE DANS LA PIERRE’, PAR LE MUSEE DU GENOCIDE DES INDIENS D’AMERIQUE

Par Steve Melendez, Paiute, Colonie Indienne de Reno-Sparks
Président du Musée du Génocide des Indiens d’Amérique
Publié par Censored News
le 28 juin 2020

Traduction Christine Prat

La Mine d’Or Homestake, à Lead, dans le Dakota du Sud, a été exploitée pendant 125 ans et produit 41 million d’onces de Troie (72,6 milliards de dollars au cours actuel de l’or, 1771 dollars l’once). Tandis que George Hearst et ses partenaires consolidaient leur propriété sur la mine et les concessions aux alentours, il achetait des journaux à Deadwood, à proximité. Pour influencer davantage l’opinion publique, sur l’accaparement de l’or de la Réserve, ils vendirent des actions et les firent coter à la Bourse de New York. Lors de l’offre publique en 1879, les actions devinrent une des listes d’actions les plus longues de l’histoire de la Bourse de New York. Le fils de George, William Randolph Hearst, achèterait plus tard le San Francisco Examiner tandis qu’il était en train de devenir un magnat de la presse et l’un des hommes les plus riches d’Amérique. Le fils de l’homme qui vola une mine d’or, fut dénoncé dans le film Citizen Kane.

Au cours de l’été 1874, le Lieutenant-Colonel George Armstrong Custer fut envoyé dans les Black Hills par le Général Phillip Sheridan pour chercher de l’or. C’était en violation directe du Traité de Fort Laramie de 1868. Aujourd’hui, il y a une grande photo de Custer et son entourage arrivant dans les Black Hills, à la mine. La légende de la photo dit qu’après la découverte de l’or, de nombreux mineurs vinrent dans les Black Hills au mépris de l’armée et des Indiens, mais oublie de mentionner que l’armée de Custer violait le Traité de 1868. La légende ne rappelle pas non plus aux visiteurs de la mine que l’article 6 de la Constitution des Etats-Unis appelle un traité la loi suprême du pays.

Custer est arrivé dans les Black Hills avec 1000 soldats, plus de 100 chariots, 2 ou 3 mitrailleuses Gatling, un canon, un orchestre de 16 cuivres sur des chevaux blancs, et deux prospecteurs experts en or. Le 30 juillet 1874, Custer envoya une dépêche à Fort Laramie disant « de l’or a été trouvé dans des quantités rentables. J’ai sur ma table 40 ou 50 petites pépites d’or pur. Elles sont à peu près de la taille d’une tête d’épingle. Et la plupart trouvées aujourd’hui dans une seule pelleté de terre. » Aujourd’hui, dans la région où l’or alluvial (or charrié par les cours d’eau de la montagne) a été trouvé, il y a la ville de Custer, dans le Dakota du Sud. L’information probablement la plus importante, absente de la photo de Custer à la mine, est ce que le Président des Etats-Unis dit au Congrès l’année suivante. « …La Découverte d’or dans les Black Hills, une portion de la Réserve Sioux, a eu pour effet de produire une importante immigration de mineurs à cet endroit. Jusqu’à maintenant, l’effort pour protéger les droits selon le traité des Indiens sur cette zone avait été réussi, mais l’année prochaine il y aura certainement une forte augmentation d’une telle immigration. Les négociations pour obtenir le renoncement des champs aurifères ont échoué, il sera nécessaire que le Congrès adopte des mesures pour minimiser les problèmes issus des causes citées. Le Secrétaire à l’Intérieur suggère que les fournitures actuellement accordées pour l’entretient de ce peuple, n’étant plus obligatoires selon de le Traité de 1868, mais simplement gratuites, puissent être données ou retenues à sa discrétion. » Le message intégral du Président Ulysses S. Grant peut être trouvé dans les Messages et Papiers des Présidents, Volume 9, page 4306.

Le fait que le Président Grant ait pu suggérer qu’une politique de famine soit mise en œuvre peut être difficile à croire pour la plupart des Américains, mais l’attitude de ce jour peut être retrouvée dans les paroles d’un autre Président dont l’effigie est gravée à 65 km au sud de la Mine Homestake sur le Mont Rushmore.

« La plus juste de toutes les guerres est une guerre contre des sauvages. Le rude colon qui repousse le sauvage du territoire crée une dette envers lui pour toute l’humanité civilisée. Américain et Indien, Boer et Zulu, Cosaque et Tartare, Néo-Zélandais et Maori – dans chaque cas, le vainqueur, bien que beaucoup de ses actes soient horribles, pose les fondations profondes de la future grandeur d’un peuple puissant. Les conséquences des luttes pour le territoire entre des nations civilisées paraissent minimes en comparaison. Vu à l’échelle du Temps, c’est un tout petit moment que la Lorraine soit Allemande ou Française, que les villes du nord de l’Adriatique rendent hommage à l’Empereur d’Autriche ou à un roi Italien ; mais c’est d’une importance incalculable que l’Amérique, l’Australie et la Sibérie échappent aux mains de leurs propriétaires aborigènes rouges, noirs et jaunes, et deviennent l’héritage des races mondiales dominantes. » La Conquête de l’Ouest, Vol. 4, Les Guerres Indiennes, Page 56, par Theodore Roosevelt.

Si jamais vous avez l’occasion de visiter le site de la fosse commune du Massacre de Wounded Knee, vous devez vous demander pourquoi c’est arrivé. C’est le 7ème de Cavalerie qui la fait, ainsi, l’Américain moyen est conduit à croire que c’était une vengeance pour la fin de Custer à Little Big Horn. Mais connaitre les paroles du Président Grant au Congrès, c’est savoir que l’or était dans la Réserve Sioux et que Custer était là en violation du Traité de Fort Laramie de 1868. Et connaitre les paroles du Président Grant au Congrès, c’est savoir qu’il a appelé l’Amérique à affamer les Indiens pour les chasser de leurs terres. Quand le Président des Etats-Unis appelle ouvertement à la destruction délibérée et systématique d’un peuple, quelles autres conclusions peuvent être tirées ? Si jamais vous visitez le site du charnier de Wounded Knee, dans la Réserve de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud, vous pouvez savoir, au-delà du doute, que les hommes, femmes et enfants jetés dans cette fosse, étaient victimes de génocide.

L’attitude génocidaire se perpétue jusqu’à aujourd’hui. Ça existe dans la fondation secrète de la loi Américaine. Légalement, ça s’appelle la Décision de la Cour Suprême de 1823 dans l’affaire Johnson contre M’Intosh. En 1990 ça a été écrit en anglais clair. C’est si insensé que ça ne résiste pas à la lumière du jour, mais c’est pourquoi ça a été gardé secret pendant si longtemps. Lors de la Commémoration des 500 ans de la « découverte » de l’Amérique par Christophe Colomb, le Dictionnaire Juridique de Black a imprimé la définition légale de la « Doctrine de la Découverte ». Cette loi coloniale raciste est l’accomplissement du souhait de Theodore Roosevelt que, « …l’Amérique, l’Australie et la Sibérie échappent aux mains de leurs propriétaires aborigènes rouges, noirs et jaunes, et deviennent l’héritage des races mondiales dominantes. »

La définition imprimée par le Dictionnaire Juridique de Black en 1990 ne figure pas dans les éditions suivantes. Elle dit :

« Découverte. Loi internationale. En tant que fondement de l’affirmation de la propriété ou la souveraineté nationale, la découverte est le fait de trouver un pays, un continent ou une île jusque là inconnus, ou connus précédemment par ses seuls habitants non civilisés. »

C’est l’injustice que vivent les Autochtones tous les jours, dans le Dakota du Sud. Bien qu’ils aient vécu sur le territoire depuis des temps immémoriaux, la loi de l’homme blanc dit qu’ils ont perdu leur titre sur leur territoire quand Colomb l’a découvert. L’hypocrisie de ces Présidents qui regardent maintenant du haut des Black Hills, comme s’ils étaient les champions de la loi et l’ordre, est un véritable chaudron de sorcière de haine.

Steve Melendez
Président du Musée du Génocide des Indiens d’Amérique
Paiute, de la Colonie Indienne de Reno-Sparks

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Par Steve Melendez, Paiute de Pyramid Lake,
Président du Musée du Génocide Amérindien indmuseum@yahoo.com
31 mars 2016
Publié sur Censored News
Ook in het Nederlands vertaald door Alice Holemans
Traduction française Christine Prat

 

 

 

 

Liberté et Justice pour Tous sauf les Indiens

 

J’ai eu un jour une conversation avec mon frère, dans laquelle nous nous demandions pourquoi, semblait-il, que chaque fois que des Indiens essayaient d’aller en justice contre le gouvernement, ils perdaient. J’ai alors dit que j’avais lu un livre de Bob Woodward intitulé The Brethren [Les Frères] dans lequel il disait : « Rehnquist n’avait que du mépris pour les affaires concernant des Indiens… Ne laissant jamais passer une occasion, Rehnquist retournait une décision en faveur des Indiens en une décision indiquant que dans la plupart des affaires de justice, ils perdraient. Ça a balayé des décennies de décisions de Douglas. » Le Juge William H. Rehnquist devait plus tard devenir Président de la Cour Suprême.

On en vient à se demander s’il y a une culture en Amérique qui tolère la discrimination raciale contre les Indiens. Et on a la surprise de découvrir que cette culture de l’injustice est en fait inscrite dans la loi! Le Dictionnaire Juridique de Black en donne la définition: « Découverte – Droit International: En tant que fondement pour toute affirmation de propriété nationale ou de souveraineté, la découverte est le fait de trouver un pays, un continent, ou une île jusque là inconnu, ou jusque là connu seulement de ses habitants non-civilisés. »

columbus wantedChacun peut se rendre compte du ridicule et de l’injustice d’un tel état d’esprit. Le 24 septembre 1992, un Chippewa, Adam Nordwall, est descendu d’un avion à Rome et pris possession de l’Italie « selon le droit de la découverte. » « Quel droit avait Christophe Colomb de découvrir l’Amérique alors qu’elle était déjà habitée depuis des milliers d’années? » demanda t-il.

Cette « Doctrine de la Découverte » prétend que dès qu’il a planté son drapeau dans le sol, l’homme blanc possède tout. Si vous voulez savoir pourquoi les Indiens perdront toujours devant les tribunaux Américains, c’est parce que, quand c’est fait au détriment des Indiens, ce n’est pas de la fraude ou du vol, ça s’appelle Doctrine de la Découverte. Pour comprendre comment ça s’est compliqué et raffiné, vous devez connaître l’histoire.

Dans les années 1870, le gouvernement s’est emparé des Black Hills parce que de l’or y avait été découvert. C’est presque comme dans le film Avatar, largement inspiré par cette époque odieuse de l’histoire de l’Amérique. Le gouvernement s’en est emparé en violation du Traité de Fort Laramie de 1868. A l’époque, le Président Grant, devant une session plénière du Congrès, a dit: « La découverte d’or dans les Black Hills, une portion de la Réserve Sioux… » Puis il a suggéré une vieille recette pour provoquer la guerre – la famine. Il a ajouté: « Le Ministre de l’Intérieur suggère que l’approvisionnement nécessaire à la subsistance de ces gens, n’étant plus obligatoire selon le Traité de 1868, mais seulement un don gratuit, peut être fourni ou refusé selon son bon vouloir. »

Etant donné que les Indiens n’étaient pas citoyens avant 1924, les Sioux ont essayé pendant tout ce temps de faire valoir leurs droits selon le traité devant un tribunal Américain. En 1920, les Sioux ont présenté leur plainte devant la Cour des Réclamations. La Cour des Réclamations a fait traîner l’affaire pendant dix-neuf ans et l’a finalement rejetée en 1942. Pendant que la Cour utilisait ses tactiques de retardement avec les Sioux, le Ministre de l’Intérieur Harold Ickes [photo Library of Congress] essayait de trouver un moyen de circonvenir le traité. Il trouva sa solution dans le Rapport Final de la Commission des Réclamations Indiennes. « En 1934 et au début de 1935, les partisans d’une Cour Indienne ont déposé deux nouveaux projets de loi pour établir une Cour des Réclamations Indienne. Les deux projets ont été ignorés… Le Ministre de l’Intérieur Harold Ickes s’est prononcé contre et a appelé à l’attention des Sénateurs un projet présenté récemment à la Chambre pour créer une Commission des Réclamations Indiennes au lieu d’une cour, ce qu’il considérait comme étant préférable. Avec l’introduction en mars 1935, de la loi HR 6655, une loi destinée à créer une Commission des Réclamations Indiennes, l’intention législative de régler les Réclamations Indiennes s’est déplacée irréversiblement de la considération d’une forme juridique à celle d’une commission. Entretemps, le Congrès et le Ministre de l’Intérieur avaient le sentiment qu’une commission plutôt qu’une procédure adverse pouvait plus facilement ‘couper’ le cordon rouge… »

La nature diabolique de ce que Harold Ickes préparait pour les Indiens est dans les mots « une commission plutôt qu’une procédure adverse ». Il dit que « la commission proposée devait être composée de trois commissaires nommés par le Président… » Ce qu’a fait Harold Ickes a été d’établir le parfait appareil pour appliquer la Doctrine de la Découverte (l’homme blanc possède tout). Le mot-clé ici est ‘réclamation’. La définition légale de ‘réclamation’ est ‘divers types de liens qui peuvent être opposés’ contre le titre de quelqu’un d’autre. Quand les Sioux ont à nouveau déposé une plainte auprès de la Commission des Réclamations Indiennes en 1950, les Indiens reconnaissaient en fait la propriété juridique du gouvernement. Etant donné qu’il n’y avait aucun autre recours, les Sioux n’ont jamais eu de chance d’accéder à un tribunal.

Les Indiens ne peuvent jamais gagner parce que le Ministre de l’Intérieur, Harold Ickes, a truqué le système il y a longtemps, en 1935. Quand il s’agissait de dire une chose et de signifier son contraire, le langage de la Commission des Réclamations Indiennes était presque satanique dans son hypocrisie. Il a dit: « Le projet de loi en soi ne fournit pas de jugement sur toute réclamation Indienne. » Il a aussi suggéré qu’ils éliminent les mots ‘accorded prima facie weight’ [poids prima facie accordé], ce qui signifie que la commission ne rechercherait pas de faits avérés vrais. Ça signifiait que les Commissaires pouvaient ignorer des faits comme celui que les Indiens avaient vécu là depuis des millénaires, ou celui qu’ils avaient signé un traité. Pour les Indiens, la Commission n’avait aucun poids, mais l’opinion de trois cowboys était une toute autre affaire. Quand la Loi sur la Commission des Réclamations Indiennes est passée, en 1946, le texte incluait les termes suivants: « Quand le rapport de la Commission, déterminant si un quelconque plaignant est fondé à se voir restituer [ce qu’il réclame] a été déposé au Congrès, un tel rapport a le même statut de jugement final que celui de la Cour des Réclamations… le paiement pour toute réclamation… libérera totalement les Etats-Unis de toutes réclamations ou demandes ayant trait aux questions impliquées dans la controverse. »

Les Shoshone de l’Ouest qui, après tant d’années, essaient toujours de voir honoré leur Traité de Ruby Valley de 1863, sont allés aux Nations Unies, où des officiels des Etats-Unis ont admis que les Etats-Unis se fondaient sur la Doctrine de la Découverte.

Le 6 août 2001 il a été demandé aux représentants officiels des Etats-Unis:

« Quelle est la position des Etats-Unis sur leur traité de 1863 avec la tribu Shoshone? Les Etats-Unis font-ils preuve de discrimination quant au respect des droits de propriété de la tribu, entre autres en s’appropriant les terres de la tribu et en autorisant l’utilisation de ces terres pour stocker des matériaux radioactifs? »

Réponse: « Tout comme dans le cas des Shoshone, beaucoup de réclamations de terres tribales Autochtones sont fondées sur un titre aborigène qui crée des droits de propriété aux tribus, contre des tiers ou des états. La doctrine du titre [de propriété] aborigène est une doctrine créée juridiquement, enracinée dans des concepts coloniaux de propriété issus de réclamations contradictoires entre les colons Européens et les Autochtones sur une terre à faible densité de population, du fait de la nature migratoire de certains modes de vie tribaux. Les réclamations ont pour la première fois été prises en considération dans la décision de la Cour Suprême des Etats-Unis dans l’affaire Johnson contre McIntosh, 21 U.S. (8 Wheat.) 543, 574 (1823), qui affirmait qu’en conséquence de la découverte Européenne, les Autochtones avaient un droit d’occupation et de possession, mais que les droits tribaux de complète souveraineté étaient nécessairement amoindris par le principe selon lequel la découverte donne un droit exclusif à ceux qui l’ont faite. En conséquence, la capacité des tribus à vendre ou accorder la propriété était assujettie à l’approbation de [l’Etat] souverain. »

Quand vous vous rendez compte que la Commission des Réclamations Indiennes était fondée sur la Doctrine de la Découverte et que vous pensez à tout ce qu’elle contient de retord, de détours et de faux-semblants, vous ne pouvez vous empêcher d’admirer leur génie purement démoniaque. C’est quasiment comme si le Ministère de l’Intérieur était géré par l’Antéchrist.

Nous pouvons remercier Carrie Dann et son combat, qui, tout comme celui des Lakota, se réfère à un traité pour dévoiler les sombres arrangements et la perfidie du gouvernement des Etats-Unis vis-à-vis des Autochtones. Les gens qui pensent bien l’honoreront et en tireront des enseignements. Si la regrettée Elouise Cobell avait appris ce qu’il fallait de Carrie Dann, elle aurait su ce qui allait arriver. Elle a porté plainte contre le gouvernement pour le non-paiement de redevances depuis plus d’un siècle. Le gouvernement a joué son air habituel de tactiques de retardement pendant treize ans. Pendant treize ans ils ont utilisé la défense de l’Immunité de l’instance Souveraine (le roi ne peut rien faire de mal et donc ne peut pas être poursuivi) alors qu’ils laissaient tranquillement le Congrès changer les normes requises pour les recours collectifs en justice [ces class actions qui n’existent toujours pas en France – NdT]. Ils ont tranquillement obtenu du Congrès d’attribuer des compensations financières qui en revenaient à donner des centimes pour un million. Puis, à la vitesse de l’éclair, le gouvernement a renoncé à son immunité souveraine, mis de l’argent sur la table et, en abattant le marteau du Congrès, a paru dire « Et pan, ça y’est! » Elouise a obtenu deux millions, certains 500 dollars et la plupart n’ont rien eu.

 

Maintenant, une catégorie de gens qui ont appris de Carrie Dann sont les Premières Nations du Canada. Quand le gouvernement Canadien a fait passer la loi C-45, qui cassait tous les traités, les Autochtones ont non seulement déclenché leurs actions Idle No More, mais ils sont aussi allés directement aux Nations Unies. Leur argument était le suivant: Nous avons un traité, ce qui constitue un contrat international et si un contrat est rompu, selon la loi, la propriété retourne au propriétaire d’origine. De Carrie Dann, de plus en plus de gens apprennent que des traités ne peuvent qu’être perdus dans un système légal fondé sur la loi coloniale.

Steve Melendez