COMMUNIQUÉ INUVIALUIT SUR LA VISITE DU PAPE
Publié par Censored News
Le 22 juillet 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Wikipédia:
Les Inuvialuit (singulier Inuvialuk ; le vrai peuple1
) ou les Inuits de l’Ouest canadien sont des Inuits qui vivent dans la région de l’Arctique de l’Ouest canadien. Comme tous les autres Inuits, ils sont des descendants des Thulé qui ont migré vers l’est depuis l’Alaska2.
Leur patrie – la région désignée des Inuvialuit – couvre la zone côtière de l’océan Arctique à partir de la frontière de l’Alaska, à l’est jusqu’à la mer de Beaufort et au-delà du golfe d’Amundsen, qui comprend certaines des îles de la partie occidentale de l’archipel Arctique, ainsi que la communauté intérieure d’Aklavik et une partie du Yukon3. Le territoire a été délimité en 1984 par la Convention définitive des Inuvialuit4.

COMMUNIQUÉ INUVIALUIT SUR LA VISITE DU PAPE

22 juillet 2022

La Corporation Régionale Inuvialuit (IRC) a décliné respectueusement une invitation a participer à la visite du Pape à Iqaluit le 29 juillet 2022, étant donné qu’il n’est toujours pas clair si des excuses officielles seront faites ou pas.

L’Église Catholique Romaine a dirigé trois écoles résidentielles [pensionnats] dans la Région de Colonisation Inuvialuit (ISR). Les Inuvialuit continuent de porter le fardeau du traumatisme intergénérationnel causé par les écoles résidentielles et n’oublieront jamais les atrocités.

La Corporation Régionale Inuvialuit reconnait la visite du Pape, mais tant qu’il n’y aura pas de déclaration claire de l’Église Catholique Romaine s’engageant à se préoccuper des torts passés, l’IRC s’abstiendra de toute implication (tandis que l’Église continue de retenir tout paiement de réparations, en dépit de promesses faites dans l’Accord de Règlement de l’École Résidentielle Indienne).

L’IRC espèrerait aussi un engagement de l’Église à travailler avec les Inuvialuit et l’IRC à une véritable démarche de réconciliation.

Nous comprenons que certains Inuvialuit assisterons aux évènements faisant partie de la visite du Pape. Bien que ne participant pas elle-même, l’IRC souhaite la guérison aux survivants Inuvialuit et leurs familles pour la suite de leur voyage.

En notre absence, l’IRC invite le Saint Siège et la Conférence Canadienne des Evêques Catholique (CCCB) à réfléchir à leur rôle dans la colonisation du Inuvialuit Nunangat.

Voir aussi [en anglais] Inuit Calls for Justice, Action in Private Encounter with Pope Francis

Contact : communications@inuvialuit.com

À propos de la Corporation Régionale Inuvialuit

Établie en 1984 pour gérer l’accord défini dans l’Accord Final Inuvialuit (IFA), la Corporation Régionale Inuvialuit (IRC) représente les intérêts collectifs des Inuvialuit dans et au-delà de la Région de Colonisation Inuvialuit (ISR). L’IRC travaille continuellement à l’amélioration du bien-être économique, social et culturel des Inuvialuit, par l’application de l’IFA et par tous autres moyens disponibles.

Restes d’enfants retrouvés aux abords d’écoles catholiques:

Voir aussi [en anglais] dans la presse canadienne, les méfaits dans les écoles résidentielles et la tournée du Pape

« Ce ne sera pas facile pour Peter Irniq, un survivant de l’école résidentielle, de rencontrer le Pape François à Iqaluit, la semaine prochaine. Ça sera effrayant » dit Irniq, qui a été abusé sexuellement par une religieuse à l’âge de 11 ans, comme élève de l’école de Chesterfield Inlet, dans ce qui est maintenant le Nunavut. Par le National Observer.


9 octobre 2021, Journée Annuelle de Solidarité du CSIA, vidéo-conférence

 

English
41ème Journée de Solidarité du CSIA-Nitassinan
9 octobre 2021
Intervention de
Taneyulime Ludwina Pisili,
Kali’na de Guyane
Transcription et photos Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Bonjour à tous, merci d’être venus ici. Je me présente : Taneyulime, Kali’na de Guyane, présidente de l’association Aukae, qui participe au développement de la culture Kali’na. Normalement, j’avais un intervenant aujourd’hui, malheureusement, je suis sincèrement désolée, ce sont les inconvénients du direct. Il y a eu de gros orages hier en Guyane, il y a très peu de réseau, c’est mal installé, mal géré, et malheureusement, nous avons du mal à joindre nos intervenants. Mais je vais quand même continuer sur le problème des ‘Homes Indiens’ et vous en parler un peu aujourd’hui.

Donc, aujourd’hui, nous allons parler des ‘homes Indiens’. Vous en avez peut-être entendu parler, ça fait écho à l’actualité des pensionnats canadiens. Il faut savoir qu’en ‘France’ aussi, il y a eu des pensionnats faits pour les Amérindiens, qui contribuaient à l’assimilation des populations Autochtones en Guyane française, pour devenir de ‘bons Français’. Une chose qui initialement était faite pour pallier au déficit scolaire. Il y avait énormément de jeunes Autochtones qui ne pouvaient pas aller à l’école du fait de l’environnement, nous sommes en Amazonie, il y a des villages très éloignés, et nous sommes une population qui n’est pas sédentaire à la base et qui bouge beaucoup, beaucoup n’étaient pas scolarisés. Pour pallier à ça, au milieu du XXème siècle, ont été mis en place les ‘homes Indiens’. Il faut savoir que ces ‘homes Indiens’ ont existé de 1949 à 2012, mais ce processus d’assimilation et donc ces pensionnats, ces écoles existent depuis le XVIIème siècle, depuis même l’arrivée des colons au XVème siècle, mais surtout depuis le XVIIème siècle, à l’époque des Jésuites.

Il y avait un désir d’éduquer les populations Autochtones, surtout les Kali’na parce qu’ils étaient principalement sur le littoral. [Elle montre une carte de la Guyane] Ici, il y a une grande ligne qui la découpe en deux, le littoral au-dessus, et tout ce qui est forêt amazonienne, qui est aujourd’hui Parc Amazonien. En dessous, vous avez les populations Wayãpi, Wayana, et depuis peu, une population Autochtone du Brésil qui émigre chez nous, on comprendra pourquoi, vu la situation actuelle au Brésil et toutes les problématiques, ils se réfugient sur des terres françaises. Et, en haut, sur le littoral, vous avez la population Kali’na, Arawak et Teko. Donc six populations Autochtones, trente autrefois, au début de la colonisation, et vous comprendrez tout de suite qu’il y a eu un gros déficit de population, moi je parlerais de génocide humain et par la suite un génocide culturel.

Les Jésuites ont voulu éduquer les populations Autochtones, puisque le Pape avait décidé qu’on ne pouvait pas coloniser les nouvelles terres, mais qu’on pouvait les évangéliser. Donc, on va essayer de leur inculquer la bonne parole chrétienne, la bonne parole catholique, entre autres, et leur enseigner tout ce qui concerne la religion catholique. Ces Jésuites, dans un premier temps, au XVIIème siècle, vont venir comme sauveurs, parce que, déjà, ils vont nous sauver de notre sauvagerie et de notre manque d’éducation. Mais aussi, grâce aux écoles qu’ils vont créer, de nombreux Kali’na vont échapper à l’esclavage. Très souvent, on parle de l’esclavage de la population africaine, des déportés d’Afrique, mais NOUS avons aussi connu l’esclavage. Ne l’oublions pas et rappelons-le, et surtout, disons-le, dénonçons-le, parce que c’est très important. Souvent, les chasseurs d’Indiens ont kidnappé les populations Autochtones pour les emmener vers les îles ou pour les asservir sur place, en Guyane. Nous étions très éloignés de l’Europe à l’époque, encore plus qu’aujourd’hui bien que nous le soyons encore, ils ont profité de cette situation pour nous kidnapper, nous arracher à nos terres, pour nous emmener sur les îles et nous traiter en esclaves. Ceux qui n’ont pas été enchaînés ont pu aller dans ces écoles, pour être éduqués, pour apprendre à lire et à écrire le français, mais aussi pour apprendre certaines techniques médicinales et la chirurgie pour pallier aussi à ce manque de personnes qu’il y avait à l’époque sur les terres et pouvoir aider les populations de colons qui manquaient alors – et encore aujourd’hui – d’hôpitaux, de services capables de les soigner.

Tout ça va exister, à peu près, jusqu’à la fin du XVIIème siècle, juste un peu avant la Révolution. Donc, ces Jésuites-là, ce serait un peu la ‘bonne période’ des pensionnats Autochtones. Ensuite il y aura les ‘réductions’, qu’il y avait souvent au Paraguay, des pensionnats très violents, ou l’assimilation est violente, dure et radicale. Après cela, il y aura un grand vide. De toutes façons, c’est simple, nous, les populations Autochtones, n’avons jamais été la priorité. Jusqu’à aujourd’hui, nous ne le sommes pas, nous ne l’étions déjà pas à l’époque, nous l’avons été très brièvement, comme nous l’avons vu, à l’époque où les Jésuites étaient là, mais après il y a eu un désintérêt total de l’administration française pour nous. On le voit d’ailleurs dans l’histoire, 1969, c’est seulement que nous avons le droit, le devoir, si je puis dire, de devenir Français, sur les papiers, administrativement. C’est très, très tard, par rapport aux pays voisins.

Il va y avoir une grande pause dans l’histoire, on va totalement se désintéresser de nous, et nous allons être décimés de façon ‘microbienne’ – est-ce que c’est vrai, je ne sais pas, je n’étais pas là – mais apparemment les maladies nous ont décimés. Je pense qu’il y a eu un petit massacre, mais c’est mon opinion personnelle.

Au milieu du XXème siècle, il y a eu la départementalisation de la France. Donc, on s’inquiète enfin de la Guyane et des populations Autochtones. Et on constate effectivement que tous ces travaux d’assimilation et d’évangélisation n’ont pas vraiment fonctionné sur la population Autochtone de Guyane, surtout chez les Kali’na. Vous ne le savez peut-être pas, mais nous sommes de grands guerriers et nous nous sommes battus très longtemps. Donc, on a du mal à nous assimiler. On a du mal aussi parce que nous bougeons beaucoup. Nous avons tendance à nous déplacer, donc les personnes qui dirigent ce pays vont chercher des solutions pour pallier à ça et comment éduquer ces Autochtones qui se déplacent relativement souvent, qui ne vont pas à l’école, et qui se déscolarisent, même quand ils vont à l’école, assez tôt, puisque les mariages sont précoces et leurs familles ont besoin de les avoir auprès d’elles pour l’agriculture, la pêche, etc., pour subvenir aux besoins de la famille.

Alors il y a eu deux étapes. Il y a eu une première étape où les sœurs sont venues, au début du milieu du XXème siècle. Ça s’appelait ‘orphelinats’, mais en fait c’était clairement des écoles. Ce sont des endroits où on prenait les Autochtones, pour les y emmener, mais en les éloignant de leurs familles qu’ils avaient encore. Je ne sais pas si le terme ‘orphelinat’ est approprié, mais en tous cas c’est comme ça qu’on leur a dit ‘on vous emmène à l’orphelinat, parce que, on ne peut pas vous laisser comme cela, au fin fond de la forêt, près des fleuves, etc. Mais c’est le terme que les personnes qui ont vécu là-bas ont donné. Et c’est comme cela qu’ils en parlaient : « J’ai été à l’orphelinat ». Alors que ces gens avaient encore leurs parents. On les a arrachés à leur famille. Ce n’était pas des orphelinats, c’est le terme que ces sœurs donnaient pour pouvoir prendre ces enfants à leurs familles, mais ces enfants avaient toujours une famille. Peut-être que c’était des parents qui étaient partis à la chasse, ou partis à la mer ou en forêt. Mais ils avaient toujours leurs parents, on les a effectivement arrachés à leurs parents très tôt, puisqu’on a demandé au clergé, et principalement aux sœurs qui étaient là à l’époque, de les prendre entre 6 et 15 ans. C’est ce qui était demandé par décret, mais ce n’est pas ce qui était fait en réalité. Du fait que, pour eux, à 6 ans ils étaient déjà trop grands, pas assez malléables, pas faciles à endoctriner. Donc, en fait, on les a pris à leurs parents et éloignés d’eux, de 4 à 16 ans. Le plus tôt possible était le mieux, plus ils sont jeunes, plus on les assimile.

Donc, au tout début, ce sont des écoles de sœurs ou de frères, mais ce ne sont pas encore des ‘homes Indiens’. Ça va être officialisé en 1964, mais on sait d’après les archives que la réalité est autre, ça existait dès 1949. Il y en a eu cinq, principalement sur le littoral. Comme je disais, par décret c’était entre 6 et 15 ans, mais en réalité entre 4 et 16 ans, pour, soi-disant, protéger les jeunes filles, éviter qu’elles ne soient mariées trop tôt, aussi pour leur apprendre un maximum de choses et qu’elles n’oublient pas les bonnes pratiques catholiques, puisqu’on se rendait compte des échecs multiples des siècles précédents, où les Kali’na revenaient à leurs coutumes traditionnelles. Donc, il y avait des ‘homes’ féminins, gérés par les sœurs, et des ‘homes’ masculins, gérés par des frères spiritains. Tout cela va durer officiellement jusqu’en 1980, mais nos frères Wayãpi et Wayana vont connaître ça jusqu’en 2012, quand on a commencé à entendre des dénonciations de ces instituts, qui demandent aux Kali’na – et tout autre Peuple Autochtone – de ne pas parler leur langue maternelle, d’être mal nourris, comparé à leur village, alors qu’on prétendait les sauver, les protéger, et surtout d’être éloignés très fortement de leurs familles, qu’ils ne peuvent aller voir qu’une ou deux fois par an, et ils ne laissaient pas les parents venir voir leurs enfants.

Ces institutions étaient faites pour les populations Autochtones de Guyane ‘Française’. Aujourd’hui, je fais témoigner un Autochtone du Surinam, car le clergé ne s’arrêtait pas aux frontières, ils allaient sur les terres du Surinam et sur les terres brésiliennes pour prendre des enfants qui n’étaient pas ‘de l’état français’, pour les mettre aussi dans ces homes indiens. Ils y étaient battus, frappés, mis sur des dalles… Enfin, ce sont des choses dont vous pourriez dire qu’elles existaient aussi ‘chez nous’, dans la France hexagonale à cette époque-là. Ce sont des choses que les gens d’après-guerre pourraient raconter aussi. Effectivement, c’est sûr. Mais ce sont des choses qu’il faut souligner et ne pas oublier. Arracher un enfant à ses parents qu’il ne peut voir que deux fois par an, ne pas le nourrir convenablement, ne pas lui laisser accès à ce que les prêtres ont accès, la télé, les jeux, lui interdire de parler sa langue maternelle avec ses camarades, l’autoriser seulement à parler le français quand il est arraché de Surinam où il venait d’écoles où on parlait le néerlandais, c’est quand même très compliqué, c’est frustrant. Comme dans beaucoup de pensionnats de ce type-là, il y a aussi des sévices autres que psychologiques, physiques et parfois sexuels, comme dans beaucoup d’histoires des pensionnats du clergé. Malheureusement, nous n’avons pas de témoignage de cette personne, mais j’espère qu’un autre jour vous pourrez la voir, et nous avons son récit à Aukae, donc nous pourrons le diffuser. Je trouve que c’est important, aujourd’hui de vous parler de cela. [Elle montre une carte] Vous pouvez voir les différents ‘homes indiens’ de Guyane, il y en avait principalement cinq, mais vous en voyez d’autres encore.

Je ne suis peut-être pas la meilleure personne, ne l’ayant pas vécu, pour partager ce que ça pouvait être émotionnellement éprouvant d’être dans ces ‘homes’, mais je le dénonce. Ça existait aussi en France. Ça a existé de 1949 à 2012, mais ça a existé pendant des siècles aussi, puisque c’est depuis l’arrivée des colons qu’on essaie d’arrêter les sauvages sans éducation, qu’on essaie de les éduquer sous des prétextes multiples, mais au final, on ne leur donne pas les mêmes possibilités qu’à d’autres personnes. En les maltraitant et en créant cette assimilation, il y a eu énormément de frustrations au sein des populations Autochtones. Là, par contre, c’est mon témoignage, il y a des gens qui, après ces ‘homes’, n’ont pas voulu apprendre à leurs enfants à parler Kali’na, par exemple – je suis Kali’na, donc je me permets d’en parler – il y a des gens qui n’ont pas voulu apprendre à leurs enfants à parler leur langue maternelle, parce qu’ils avaient honte ! Il y a des gens, jusqu’à aujourd’hui, qui sont traumatisés, qui n’en parlent plus, ces gens-là sont traumatisés même s’ils n’en parlent pas. Aujourd’hui, heureusement, nous sommes dans une réappropriation culturelle. [Elle montre deux photos de pensionnats d’autrefois]. On voit bien des jeunes filles Kali’na en costume traditionnel, qui ont été arrachées à leurs familles, et là on voit comment on les a assimilées en les obligeant à mettre des vêtements ‘civilisés’.

Je remercie les personnes comme Ludovic Pierre, qui est à l’origine du collectif Makan, qui depuis plus d’un an réunit des jeunes militants comme moi, comme mon amie Taina qui est dans la salle, et comme mon autre amie qui n’est pas là, mais qui peut-être nous entend, et est une artiste Kali’na. Il y a un désir, pour répondre à ces ‘homes indiens’ aujourd’hui, de réappropriation identitaire, mais aussi culturelle, avec la réappropriation des arts, de la langue et de notre histoire, aussi. Notre histoire est très souvent effacée, vous n’entendrez jamais parler de l’esclavage des Amérindiens en Guyane, ou peut-être depuis très peu. Mais on n’en parle pas, nous ne sommes pas reconnus, ce sont avant tout les Afro-descendants et pas nous.

Encore aujourd’hui, beaucoup de choses sont remises en question, dans l’art ou dans d’autres domaines, même la musique. Comme si, finalement, ces milliers d’années que nous avons passées sur ces terres n’avaient servi à rien, n’avaient laissé aucune trace. Donc aujourd’hui, nous essayons de rétablir la vérité et nous essayons de montrer que nous sommes encore vivants et fiers d’être ici, fiers d’être sur ces terres, et nous les protégeons de toutes les manières possibles. Nous participons à des contre-congrès, comme des COP, par exemple, ou différents séminaires. Nous avons aussi de jeunes artistes, nous en présenterons une aujourd’hui, Clarisse Da Silva, qui participe aussi à cet activisme via l’art. Et donc je remercie tous ces jeunes, tous ces gens qui dénoncent au quotidien, qui parlent de la réalité des choses, et merci à vous aussi de nous écouter.

J’ai parlé de la réappropriation culturelle, identitaire, mais aussi des terres. Car je sais que vous savez, peut-être, qu’on parle beaucoup de l’environnement, et que chez nous aussi on souffre beaucoup, la terre souffre, et ce sont nos terres, celles de nos ancêtres. Même si nous avons du mal à nous la réapproprier, ça reste quand même la terre de nos ancêtres. Nos ancêtres sont enterrés dans ces terres, ils ont laissé des sépultures, ils ont laissé des vestiges. Il faut la protéger. Je dénonce aussi toutes ces grosses multinationales qui sont en train d’installer des mines à ciel ouvert et de nombreuses grosses centrales électriques qui nuisent à notre écosystème.

On parle du génocide humain qui est ignoré, du génocide culturel dont je vous ai parlé un peu, et aussi l’écocide, de nos jours, mais ça regarde tout un chacun, tout le monde ici, puisque nous vivons tous sur la même planète et malheureusement, elle va mal. Rien ne va plus, nous venons d’Amazonie et le poumon de la terre, actuellement, rejette beaucoup plus de CO2 qu’il n’en absorbe. Il faut faire quelque chose, il faut se réveiller.

Notre association lutte pour la protection de l’environnement mais aussi pour le rayonnement des arts et de la culture Kali’na. Alors n’hésitez pas à donner quelque chose pour continuer nos projets. Merci.

https://www.helloasso.com/associations/au-kae

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Les 6 populations Autochtones de Guyane ‘Française’:
Kali’na; Lokono (ou Arawak); Palikur; Teko (ou Émerillon); Wayãpi; Wayana
Cliquer pour plus d’infos sur Wikipédia

 

Les Nations Unies devaient entendre les violations des droits humains aux Etats-Unis lundi 11 mai : décès dus à la police, enlèvement d’enfants Autochtones, cancers des régions d’extraction de charbon et d’uranium, violence contre les immigrants à la frontière, emprisonnements non justifiés, espionnage, torture et assassinats.

 

Brenda Norrell
Censored News
8 mai 2015
Traduction Christine Prat

Les violations des droits humains par les Etats-Unis devaient être examinées le 11 mai 2015, devant le Conseil des Droits Humains des Nations Unies à Genève. Les meurtres de Noirs désarmés par des agents de police, COINTELPRO, et la libération de Leonard Peltier et Mumia Abu Jamal figuraient à l’agenda.

La discrimination raciale et les emprisonnements injustifiés sont en tête de la liste des violations des droits humains par les Etats-Unis. Le retrait d’enfants Autochtones de leurs foyers et la mort due à la pollution de l’environnement, particulièrement en ce qui concerne les Autochtones du Sud-ouest, font aussi partie des crimes contre les droits humains aux Etats-Unis.

Le fait que les Etats-Unis continuent de financer Israël, qui applique l’Apartheid en Palestine, fait partie des violations des droits humains. Comme on pouvait s’y attendre, les Etats-Unis ont déjà essayé de défendre leur emploi de l’espionnage, de la torture et des assassinats ciblés.

Prenant l’initiative, le Réseau des Droits Humains des Etats-Unis, a appelé, dans sa déclaration pour l’Examen Périodique Universel de lundi, à la libération des prisonniers politiques Leonard Peltier et Mumia Abu Jamal.

« Plus de 20 activiste pour la justice raciale et sociale et des défenseurs des droits humains languissent dans des prisons dans tous les Etats-Unis. Ces prisonniers politiques sont des activistes de l’ère de COINTELPRO [COunter INTELligence PROgram, Programme de Contre Espionnage, une ancienne branche du FBI – NdT] et de la lutte pour les Droits Civiques, qui furent persécutés pour leurs convictions et actions politiques. Ils sont maintenant indigents, âgés, infirmes et ont droit à une assistance immédiate. Les Recommandations 92.94, 92.153 et 92.154 de l’Examen Périodique Universel appellent le gouvernement des Etats-Unis à ‘mettre un terme à la discrimination contre les personnes d’origine Africaine ;’et à ‘libérer tous ses prisonniers politiques … entre autres Leonard Peltier et Mumia Abu Jamal. »

Le Réseau des Droits Humains des Etats-Unis souligne le racisme environnemental, qui a résulté en de nombreux décès parmi les pauvres des Etats-Unis. L’exemple cité est le Nouveau-Mexique, où les centrales au charbon, l’extraction d’uranium et les essais atomiques empoisonnent la région et frappent les communautés Autochtones et Chicano. Les centrales au charbon et l’extraction d’uranium empoisonnent la Nation Navajo, tandis que les Pueblos souffrent de l’héritage mortel des mines d’uranium et des essais atomiques.

Le Réseau des Droits Humains déclare : « A travers tous les Etats-Unis, les communautés de couleur et les Peuples Autochtones sont exposés à la pollution de l’environnement de façon disproportionnée. Au Nouveau-Mexique, par exemple, ils souffrent d’effets sur la santé – surtout du cancer – de manière disproportionnée à cause de la pollution causée par les activités industrielles et minières (y compris l’extraction et le traitement de l’uranium), et cependant, beaucoup se voient refuser un recours légal effectif. »

Sur la question des droits humains au niveau mondial, le Réseau des Droits Humains des Etats-Unis souligne que les Etats-Unis continuent à financer Israël, en dépit des atrocités en train d’être commises par Israël en Palestine.

« Depuis 2010, Israël est de loin le principal bénéficiaire de l’assistance militaire des Etats-Unis. L’assistance militaire à Israël, et l’impunité de longue date des crimes contre les droits humains représentent l’échec des Etats-Unis à appliquer totalement la Loi Internationale Humanitaire et les mesures de responsabilisation relevant des Lois Américaines Leahy. »

Le Département d’Etat Américain minimise les violations

Entretemps, selon ce que Russel Means, Lakota, appelait souvent « un nouveau numéro de chien et poney », le Département d’Etat Américain a déjà fait une déclaration minimisant ses violations des droits humains.

Dans la réaction du Département d’Etat, il n’est pas fait mention des assassinats par drones des Etats-Unis. Les Etats-Unis ont peu de choses à dire pour leur défense sur l’espionnage de leurs propres citoyens (ce que la Cour d’Appel des Etats-Unis vient de déclarer illégal) ou l’espionnage des dirigeants et citoyens du reste du monde.

Si ce n’était pas tragique, la réaction des Etats-Unis sur ses activités d’espionnage prêterait à rire.

La réponse du Département d’Etat est brève : « Voir les commentaires généraux. Nous ne collectons des informations sur nos citoyens qu’en conformité avec la législation des Etats-Unis et leurs obligations internationales. »

Recommandation 142 : En finir avec les assassinats ciblés commis par des agents sous contrat et la privatisation des conflits par l’utilisation de compagnies militaires privées.
Position des Etats-Unis : Voir les commentaires généraux. Nos agents sous contrat ne sont pas autorisés à s’engager dans des hostilités directes ou des opérations offensives ou à commettre des assassinats. Tout comme le personnel du gouvernement des Etats-Unis, les agents sous contrat ne peuvent utiliser la force que conformément à nos obligations légales, internationales et intérieures. Nous avons exprimé notre soutien au Code International de Conduite pour les Fournisseurs de Services de Sécurité Privés.

Comme on pouvait s’y attendre, le Département d’Etat Américain nie avoir violé les Conventions de Genève en utilisant la torture à grande échelle, des disparitions et des assassinats ciblés. De plus, les Etats-Unis nient leur rôle dans la violence contre les migrants aux frontières et les plans de prisons-pour-le-profit concernant des immigrants. Les Etats-Unis n’assument aucune responsabilité dans la militarisation de la frontière Américaine, ni ne confessent que la Sécurité Intérieure Américaine a choisi la firme de défense Israélienne Elbit Systems pour construire cette année des tours d’espionnage à la frontière de l’Arizona, y compris sur le territoire de la Nation Tohono O’odham.

Le Haut Commissaire des Nations Unies énumère certaines violations des Droits Autochtones

Cependant, dans son résumé pour l’Examen, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les Droits Humains a énuméré des violations des droits humains par les Etats-Unis – comme indiquées par ceux que les Nations Unies présentent comme « parties intéressées » [JS dans son rapport].

Le retrait d’enfants Autochtones à leurs foyers fait partie des violations des droits humains actuels énumérés. Cela fait suite à des générations de maltraitance, de torture et de meurtres d’enfants Autochtones kidnappés par des agents des Etats-Unis et placés de force dans des pensionnats, laissant des enfants disparus, des familles éclatées et des générations de traumatisme. [Photo ci-contre: les enfants jamais revenus du pensionnat de Carlisle, photo Brenda Norrell]. Les pensionnats ont aussi militarisé les enfants Autochtones, qui par la suite rejoignaient les forces armées des Etats-Unis en grand nombre, et servaient dans cette force militaire Américaine responsable du génocide des Autochtones.

Actuellement, le retrait des enfants Autochtones à leurs familles par les services sociaux et autres agents de l’autorité Américaine, en violation de la loi, est combattu par les Lakota, dans les Dakota du Nord et du Sud, et par d’autres Autochtones partout aux Etats-Unis.

Dans son rapport, le Haut Commissaire déclare : « JS10 déclare que les enfants Autochtones sont retirés à leurs familles et leurs communautés à des taux disproportionnés, comparés aux autres enfants et une fois retirés, ils souffrent souvent de dommages psychologiques, économiques et culturels. »

Un des crimes largement ignorés par les médias aux Etats-Unis est la recherche médicale sur des gens de couleur sans qu’ils le sachent. Quel genre de recherche menait Johns Hopkins à l’hôpital de Fort Defiance [dans la Réserve Navajo – NdT] en Arizona, et ailleurs, pendant toutes ces années ? Beaucoup de Navajo qui y sont allés ne parlaient pas anglais et faisaient confiance aux médecins et aux traducteurs qui prenaient les décisions pour eux. Johns Hopkins est poursuivi pour avoir contaminé des Guatémaltèques avec des MST.

En plus, le Service de Santé Indien a-t-il pris de l’ADN sans que les patients Amérindiens le sachent ? (Une jeune Autochtone a été distinguée pour avoir réussi à créer un kit d’ADN pour le SSI).

C’est un fait connu que le Service de Santé Indien stérilisait systématiquement les femmes Autochtones aux Etats-Unis, surtout dans les années 1970, comme il a été dit dans la vidéo de Censored News de l’interview de Jean Whitehorse, Diné, au rassemblement de l’AIM Ouest. De vastes enquêtes sont en train de révéler comment des enfants Autochtones dans des pensionnats au Canada ont été utilisés secrètement pour des expériences médicales et psychologiques. On sait moins de choses sur ces expériences dans les pensionnats et hôpitaux des Etats-Unis. Voir vidéo de l’interview de Jean Whitehorse.

Dans le rapport sur les Etats-Unis du Haut Commissaire, des violations des droits humains « de minorités et de peuples Autochtones » sont énumérées :

JS46 a indiqué que l’Alaska et Hawaii étaient des états de peuples reconnus par la loi des nations et la loi internationale comme nations, demandant l’auto-détermination et l’auto-gouvernance. D’après JS46, les Etats-Unis ont présenté des rapports trompeurs pour dissimuler les violations de la Charte des Nations Unies et la loi internationale. 250 87. Tout en reconnaissant les efforts faits par le Gouvernement ces dernières années pour faire avancer les droits des peuples Autochtones, JS5 a noté avec inquiétude que les peuples Autochtones, y compris les Amérindiens, les Autochtones d’Alaska et les peuples Autochtones d’Hawaii, étaient toujours confrontés à des défis importants liés à la discrimination historique, à des actes d’oppression et des politiques gouvernementales inadéquates. 251. JS5 a recommandé au Gouvernement d’adopter des mesures pour protéger efficacement les sites sacrés des peuples Autochtones contre l’exploitation et la dégradation de l’environnement. 252. JS19 a fait des recommandations similaires. 253 88. JS48 a demandé que le Groupe de Travail de l EPU recommande que les Etats-Unis appliquent complètement la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, sans chercher à réduire les droits inhérents des Peuples Autochtones à l’auto-détermination, au consentement libre, préalable et informé, les droits sur les terres, territoires et ressources traditionnellement possédés, occupés et utilisés, les droits culturels et les sites sacrés. 254. JS44 a fait des remarques similaires et recommandé de protéger les paysages à caractère culturel et zones sacrées des peuples Autochtones et que A/HRC/WG.6/22/USA/3 11 assure que des consultations aient lieu avec les communautés affectées par le développement de projets et l’exploitation des ressources naturelles. 255. JS42 a fait une recommandation similaire. 256 89. JS26 a déclaré que le principe de consentement libre, préalable et informé en ce qui concerne les Peuples Autochtones, devait avoir une place centrale dans les politiques intérieure et étrangère. Les sites sacrés doivent être protégés dans tout le pays. 257 90. JS40 a souligné que le retour des terres traditionnelles et des ressources naturelles était un but primordial pour la Nation Nipmuc et la Tribu Chappaquiddick Wampanoag. 258. Les membres des tribus sont continuellement attaqués dans leur droit de chasser et pêcher sans licence. Dans certains cas, çà a conduit à l’arrestation de membres des tribus. 259. WSNC a recommandé que le Gouvernement réagisse à ses demandes de négociations sur les droits des traités et du sol. 260 91. JS45 a indiqué que les Etats-Unis continuent à prendre des décisions unilatérales pour extraire des ressources (or, uranium, charbon, bois, eau, etc.) et à exécuter des projets de développement qui ont des effets dévastateurs sur les zones sacrées, y compris les eaux et autres ressources. 261 92. JS48 a demandé que le Groupe de Travail de l’EPU recommande que les Etats-Unis reconsidèrent leur rejet, lors de son premier examen de l’EPU, de la recommandation 92.154262 concernant la fin de l’incarcération de l’activiste Indien Leonard Peltier. 263 93. JS42 a demandé que le Groupe de Travail de l’EPU recommande que les Etats-Unis s’engagent dans un processus de paix avec les Peuples Autochtones en leur accordant un accès sûr à la terre, l’eau et l’éducation et la sécurité contre la violence. 264.

A part les Etats-Unis, le Conseil des Droits de l’Homme examinera aussi les droits humains en Belarus, au Liberia, au Malawi, en Mongolie, au Panama, aux Maldives, à Andorre, en Bulgarie, au Honduras, aux Iles Marshall, en Croatie, en Jamaïque et en Libye, durant la 22ème session, du 4 au 15 mai 2015.