‘Personne ne peut briser l’esprit d’un Danseur du Soleil’

Par Brenda Norrell
Censored News
12 juillet 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

GENÈVE – Les mots de Leonard Peltier ont conclu la session d’une semaine du Mécanisme d’Experts sur les Droits des Peuples Autochtones des Nations Unies, à Genève, ce matin.

« Je ne pouvais pas m’imaginer que cinquante ans plus tard je serai enterré dans un cauchemar d’enfermement. J’ai été choisi pour être le sacrifice qui devait couvrir les crimes commis contre notre peuple » dit Peltier dans un message à la session des Nations Unies.

Parlant d’un autre cycle autour du soleil, Peltier dit « Je suis toujours là ».

« Le temps m’a encore arraché une année de plus » dit Peltier de la cage de béton et d’acier où il est emprisonné.

« Je suis en fait enfermé depuis 60 ans » dit Peltier. « Je pourrais quitter ce monde dans une boite réfrigérée, c’est la dure vérité. Mais j’ai mis tout mon cœur et mon âme à rendre notre monde meilleur ».

Peltier dit qu’il peut imaginer ce qui se passe en dehors de ces murs, et peut voir le réveil de l’ancienne fierté Autochtone qui lui réchauffe le cœur.

Il a évoqué les Guerriers Spirituels qui combattent le racisme, l’oppression et l’avidité.

« Personne ne peut briser l’Esprit d’un Danseur du Soleil. Parce que je ne leur ai jamais abandonné mon intégrité. Je reste intact ».

« Souvenez-vous de qui vous êtes, même s’ils viennent pour votre terre, votre eau, votre famille ».

« Nous sommes les enfants de notre Mère la Terre » dit-il.

« Je désire ardemment tourner mon visage vers le ciel. Dans cette cage, on me refuse ce plaisir simple. Je suis en prison, mais dans mon esprit, je reste comme quand je suis né, un Esprit Autochtone libre. C’est ce qui me permet de rire, de continuer à rire ».

« Ces murs ne peuvent pas retenir mon rire ni mon espoir » dit Peltier, ajoutant que ceux qui travaillent toute la journée pour sa libération lui donnent de l’espoir.

« J’espère respirer à l’air libre avant de mourir ».

« L’espoir est dur à maintenir, mais personne n’est assez fort pour me le prendre ».

« Je vous aime. J’espère pour vous. Je prie pour vous. La prière est plus qu’un cri adressé au Créateur qui se déroule dans votre tête, la prière est une action. C’est ce que disent les grands-pères et les grands-mères ».

Une personne qui parle, une personne qui chante, une personne qui danse, le combat continue avec l’autodétermination.

« Notre combat continuera » dit Peltier.

Le message de Peltier, transmis par sa fille, a été lu avant les prières de clôture, ce matin à la session du Mécanisme d’Experts sur les Droits des Peuples Autochtones, à Genève.

Maintenant, le Mécanisme d’Experts envoie les recommandations des Peuples Autochtones du monde au Conseil des Droits Humains des Nations Unies.

Les recommandations, qui ont été lues ce matin, incluent l’application de la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones ; la nécessité de maintenir les droits des Peuples Autochtones pendant la transition énergétique verte ; la nécessité de protéger les Peuples Autochtones de la militarisation, et le besoin de protection des défenseurs de la terre menacés par les grandes entreprises, en particulier les femmes Autochtones.

Au cours de la session, des menaces et du harcèlement contre plusieurs Autochtones qui faisaient leurs déclarations, ont été signalés, ce que le Mécanisme d’Experts a dit prendre au sérieux. Plus de 100 participants n’ont pas pu faire leurs déclarations à cause du grand nombre de personnes présentes. Ces déclarations seront mises sur le site web.

 

Les Etats-Unis et le Canada en Tête des Violateurs des Droits Autochtones : Extractivisme, Militarisation et Pensionnats

Par Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Et Indybay
1er août 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

GENÈVE – Les Etats-Unis et le Canada sont parmi les pays qui violent les droits humains des Peuples Autochtones, des compagnies minières basées aux Etats-Unis et au Canada ont un lien avec les assassinats d’Autochtones partout dans le monde, dirent les Autochtones au Mécanisme d’Experts sur les Droits des Peuples Autochtones.

Les Etats-Unis sont responsables de l’accélération des crimes contre l’humanité, avec ses guerres incessantes qui causent la mort de millions d’innocents, mais qui profitent aux fabricants d’armes.

Le Canada a une longue histoire de crimes contre les Autochtones, entre autres le mandat accordé aux églises d’enlever les enfants Autochtones à leurs familles et de les institutionaliser dans des écoles résidentielles, ce qui a causé des agressions, des tortures et des meurtres, et a traumatisé des générations. Le Pape a confirmé en 2022 que l’Église Catholique était responsable de génocide des Autochtones. Actuellement, les Mères Mohawk à Montréal contrôlent les fouilles de tombes à l’Université McGill, un site de torture de la CIA.

Au cours du témoignage devant les Nations Unies à Genève en juillet, des Autochtones du Pérou ont dit qu’ils se faisaient tirer dessus à partir d’hélicoptères de l’armée, sous les ordres du Président, alors qu’ils manifestaient pour protéger leurs terres d’extractivisme et d’abattage illégaux. Les Etats-Unis ont déployé des soldats pour soutenir le coup d’état et servir contre le mouvement conduit par des femmes Autochtones.

Actuellement, aux Etats-Unis, des terres Autochtones sont attaquées par des compagnies minières, dans le cadre de la campagne trompeuse de ‘laver plus vert’ pour l’extraction de lithium pour les batteries des voitures électriques. Le site d’un Massacre de Paiutes dans le nord du Nevada est creusé par une compagnie étrangère, Lithium Americas du Canada, en violation des lois fédérales qui protègent les sites funéraires et religieux des Autochtones, ainsi que les espèces menacées et protégées, et l’eau souterraine. La Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland dit qu’elle soutient la mine de lithium qui est en train de détruire le site funéraire non indiqué de Paiutes massacrés à Peehee Mu’huh, ou Thacker Pass.

Les Black Hills sacrées sont menacées par des compagnies minières, qui menacent aussi les sources d’eau, dit Wakinyan LaPointe, Sicangu Lakota de Rosebud, dans le Dakota du Sud, représentant de l’AIM Ouest, aux Nations Unies.

« Nos Black Hills sacrées sont menacées de destruction par des multinationales minières et n’ont pas de mesures préventives de l’état » dit LaPointe au Mécanisme d’Experts des Nations Unies, qui rapporte au Conseil des Nations Unies pour les Droits Humains.

« Il n’y a pas de plus grand violateur des droits tribaux que le Département de la Justice des Etats-Unis » dit Lisa White Pipe, Lakota, membre Sicangu du conseil de Rosebud, représentant la Coalition de Grandes Tribus, présidée par la Nation Blackfeet.

Lisa White Pipe dit que le gouvernement des Etats-Unis ne se pliait pas aux Traités et ne protégeait pas les Autochtones. Une assistance technique est nécessaire pour guérir de l’assimilation et des pensionnats, et il faut plus de ressources pour la réconciliation et la sécurité publique.

Lisa White Pipe dit que les Etats-Unis devaient rendre les terres confisquées pour les pensionnats, y compris la terre utilisée pour le Pensionnat Indien de Rapid City, dans le Dakota du Sud.

« Les Etats-Unis n’ont pas remédié à la dépossession massive de nos terres Indiennes causée par la Politique de Pensionnats Indiens, bien qu’il y ait des lois fédérales écrites qui exigent le retour de ces terres. Le Pensionnat Indien de Rapid City est un exemple parmi des centaines, financés et approuvés par les Etats-Unis. Nous appelons les Etats-Unis à effectuer ces restitutions de terres maintenant. »

Le gouvernement Biden a maintenant rejoint la firme étrangère Rio Tinto pour combattre le Bastion Apache devant un tribunal fédéral. Rio Tinto a le projet de creuser une mine de cuivre dévastatrice sur le site cérémoniel Apache d’Oak Flat. La décharge pour les déchets devrait se situer tout près, dans un village ancestral O’odham.

Rio Tinto – qui a fait exploser 46000 ans d’enseignements Aborigènes sacrés en Australie – a été forcé d’admettre des viols à grande échelle dans ses mines d’Australie et d’Afrique du Sud.

LE GENOCIDE DES PENSIONNATS ET LA VIOLENCE SEXUELLE DE L’INDUSTRIE PÉTROLIÈRE

Ruth Ann Buffalo, Mandan et Hidatsa, décrit la violence sexuelle exercée par l’industrie pétrolière dans le Dakota du Nord, et les effets permanents du génocide perpétré par les pensionnats. Parlant de la violence environnementale, elle dit aussi que les agents de sécurité privés qui travaillent pour les grandes compagnies étaient responsables de violence sexuelle, d’exploitation et de trafic.

R.A. Buffalo dit que chez elle, à Fort Berthold dans le Dakota du Nord, le développement de l’industrie du pétrole avait proliféré depuis 2010. Des agents de firmes de sécurité privées et de milices, employés par des compagnies comme Exxon Mobil et Conoco Philips, sont complices et souvent impliqués dans la violence sexuelle, l’exploitation, le trafic et la disparition de femmes et de filles Autochtones. « Le pouvoir économique des compagnies pour lesquelles ils travaillent font que leurs actions sont souvent commises en toute impunité. »

L’oppression militaire des Etats-Unis a été décrite par des Chagossiens qui ont été chassés de leur île dans l’Océan Indien.
« Maintenant, nous vivons une vie qui n’est pas la nôtre » dit Bernadette Dugasse, Chagossienne, aux Nations Unies. Ses compatriotes vivaient une vie de poésie et de chansons, avant que leur île ne soit réquisitionnée pour une base militaire des Etats-Unis, avec l’aide Britannique.

[Les Chagossiens sont des descendants d’esclaves Africains de la France amenés dans les îles Chagos, dont ils ont été chassés dans les années 1960 par le gouvernement Britannique, afin de permettre aux USA d’y établir une base militaire. La plupart vivent actuellement à l’Île Maurice ou au Royaume-Uni. NdT].

Un représentant de l’AIM Ouest décrit la militarisation de la frontière US/Mexique, soulignant la violence exercée par les forces de l’ordre locales, de l’état et fédérales, entre autres des kidnappings et des meurtres.

Raymond Mattia, Tohono O’odham, s’est fait tirer dessus à 9 reprises par des agents de la Patrouille des Frontières US et est décédé devant sa porte. Des enfants Autochtones meurent dans les prisons de la Patrouille des Frontières US.

Le nombre des tours de surveillance du gouvernement des Etats-Unis à la frontière US/Mexique augmente aussi, dit le représentant de l’AIM Ouest, en parlant des tours fixes construites par la firme Israélienne Elbit Systems. 11 de ces tours sont en territoire Tohono O’odham. Les tours Israéliennes fournissent une surveillance en direct à la Patrouille des Frontières.

Les pays les plus mortels pour les défenseurs des droits humains sont le Honduras, le Pérou, le Mexique, le Guatemala, le Brésil, les Philippines et la Colombie, selon un rapport de l’Internationale des Droits des Peuples Autochtones. L’extractivisme et l’agrobusiness sont le plus fréquemment liés à ces attaques, et les Etats-Unis et le Canada sont parmi les pays les plus responsables.

La majorité des compagnies impliquées dans les violations des droits humains et les assassinats d’Autochtones sont basées au Honduras, au Guatemala, au Canada, aux USA, au Mexique et en Chine, dans cet ordre, dit l’Internationale des Droits des Peuples Autochtones dans sa documentation présentée aux Nations Unies.


Femmes Autochtones sauvagement attaquées au Pérou. ©Photo Voices in Movement.

©Censored News