Par Brenda Norrell
Censored News
3 avril 2023
Traduction Christine Prat

 

CHURCH ROCK, Nouveau-Mexique – Une firme canadienne a fait des forages de test pour de nouvelles mines d’uranium à Church Rock, en décembre [2022]. C’est le site de la plus grande fuite radioactive des Etats-Unis, qui continue d’empoisonner la région étant donné que la radioactivité dans le lit du Rio Puerco coule vers l’ouest.

NuFuels, une branche de Laramide Resources de Toronto, dit avoir forer sept trous pour les nouveaux projets de mines d’uranium in-situ. Le site est à la frontière des communautés de la Nation Navajo de Church Rock et Crownpoint, au Nouveau-Mexique, à environ 16 km au nord-est de Gallup, N.M. NuFuels a commencé à forer en décembre et effectue maintenant une évaluation économique des mines projetées, dit Laramide.

« Ce projet est autorisé pour une usine de traitement 1,36 millions de kilos de yellowcake, » écrit Mining online à propos du site de Crownpoint. Il ajoute que Laramide a l’intention de forer pour de l’oxide d’uranium à Church Rock.
Dans une déclaration choquante, la Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland a annoncé à Farmington, Nouveau-Mexique, que l’industrie de la bombe atomique conduirait à la transition vers une économie verte dans la région de Four Corner. Le Laboratoire National de Los Alamos, responsable pour les tests et l’entretien de l’arsenal nucléaire dans le nord du Nouveau-Mexique, dirigera la Réaction Rapide des Etats-Unis, une soi-disant transition énergétique dans la région de Four Corner [région la plus polluée des Etats-Unis].

Immédiatement après la déclaration, le gouvernement de la Nation Navajo a annoncé la construction d’un nouveau système de voies ferrées pour des chargements lourds, de la région de Church Rock à celle de Shiprock, au Nouveau-Mexique. Le chemin de fer passerait par Red Valley et la région de Cove, où les Diné furent envoyés à la mort pour extraire de l’uranium sans vêtements de protection, pendant la Guerre Froide. Dans les années 1990, chaque famille Diné de la région avait des membres atteints de cancer.

Les décès par cancer chez les Diné ont continué pendant des décennies, chez les mineurs et leurs familles qui consommaient de la nourriture couverte de poussière radioactive et la viande de bestiaux contaminés, lavaient à la main les vêtements des mineurs, et construisaient leurs maisons avec des pierres radioactives. Les Etats-Unis connaissaient les dangers de la radioactivité mais ne l’ont jamais dit aux mineurs Diné.

Aujourd’hui, il y a toujours des déchets radioactifs des mines d’uranium éparpillés dans la Nation Navajo. Les Etats-Unis n’ont pas cessé de tromper le public avec des promesses de décontamination.

À Toronto, Laramide a annoncé viser la région Navajo et les terres d’Aborigènes d’Australie pour de nouvelles mines d’uranium.

Marc Henderson, Président de Laramide Resources, dit que le forage à Church Rock et Crownpoint avait commencé en décembre.

« Pendant toute la durée de la récession du marché de l’uranium, nous avons maintenu et rehaussé notre base d’actifs, ainsi que l’essentiel de notre capacité technique et cette stratégie a payé, nous permettant maintenant de faire repartir nos plans de développement pour plusieurs des Actifs U.S. de la compagnie » dit Henderson.

La nouvelle exploitation d’uranium de Laramide concerne aussi des Aborigènes en Australie. Laramide a terminé deux programmes de forage du Projet Westmoreland, à Queensland, Australie, et on attend les résultats d’essais pour les deux, dit-il.

« Nous avons aussi achevé un ILUA (accord d’utilisation de territoire Autochtone) et un accord annexe avec la Corporation Gangalidda et Garawa Aborigène avec Titre Autochtone, pour le projet d’uranium de Westmoreland.

Laramide dit avoir passé un contrat avec la Corporation SLR International, à Denver, Colorado, pour compléter une évaluation préliminaire du Projet d’Uranium de Laramide à Crownpoint/Church Rock, au Nouveau-Mexique.

La fuite de Church Rock s’est produite le 16 juillet 1979, lorsque la digue du bassin de déchets de l’usine de traitement d’uranium de United Nuclear Corporation’s tailings à Church Rock s’est rompue. L’accident est toujours la plus grande fuite de matériau radioactif de l’histoire des Etats-Unis, la quantité de radioactivité libérée étant plus importante qu’au cours de l’accident de Three Mile Island, trois mois plus tôt.

Aujourd’hui, les déchets radioactifs de la fuite de Church Rock continuent de couler dans le Rio Puerco vers Flagstaff, en Arizona.

 

Shiprock, vers 1914


Par Duane ‘Chili’ Yazzie
Publié par Censored News
Le 28 janvier 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Il y a deux concepts de relation à la terre, l’un est la croyance que quelqu’un peut posséder la terre, par on ne sait quelle logique, avec un morceau de papier ‘prouvant’ la propriété d’une terre. Les titres, les permis et les baux sont fondés sur la loi américaine.

Les racines du gouvernement Navajo et les lois qui concernent la relation à la terre datent de 1923, quand le gouvernement fédéral nous a imposé un mode de gouvernance étranger, avec d’étranges idées de propriété de la terre. Le nouveau gouvernement a été formé afin qu’un bail puisse être donné à un pétrolier, pour développer l’exploitation de pétrole dans la région de Shiprock. Nous n’avons pas consenti à être gouvernés par ce système étranger ; il nous a été imposé.

Le vénéré Traité de 1868 a été signé avec des X par nos dirigeants Tribaux, afin que les gens puissent rentrer chez eux [Voir l’histoire de la déportation des Navajos, de 1864 à 1868 – NdT]. On se demandera toujours si nos Chefs connaissaient et comprenaient la langue et les buts du Traité. Toutefois, le Traité a été signé, et l’imposition de concepts étrangers de relation avec la terre, est venue avec. Nos ancêtres étaient perplexes, se demandant comment quelqu’un pouvait être propriétaire d’une terre avec des limites physiques.

En 1848, l’Espagne a été repoussée vers l’intérieur du Mexique, cédant des terres qu’elle avait réclamées, du sud-ouest des Etats-Unis au nord-ouest. Comment l’Espagne en était-elle arrivée à penser qu’elle était ‘propriétaire’ de toutes ces terres ? En 1493, après que Colomb soit retourné en Espagne, le Pape a fait cadeau à l’Espagne de toute l’Hémisphère Ouest. Ceci autorisait et « rendait légal » la Grande Intrusion et la Doctrine de la Découverte. La loi américaine moderne continue certains principes de la Doctrine de la Découverte, et ainsi, la valide. À quel point tout ceci peut être légal ou moral, si nous, les propriétaires d’origine, n’avions rien à dire ? Dans ce contexte étranger de relation à la terre, la terre nous a été volée.

L’autre concept est l’Appartenance à la Terre, qui est enraciné dans nos commencement aborigènes ; nous avons été faits comme enfant de notre Mère la Terre et du Père Grand Créateur ; cette relation intrinsèque reste une réalité sacrée et spirituelle. Dans cette conception, la terre n’est pas une marchandise qui peut être ‘possédée’. Notre concept, c’est l’appartenance ; ‘nous appartenons à la Terre et la Terre nous appartient’, comme une mère et un enfant appartiennent l’un à l’autre. Ce lien, cette réalité, ne peuvent être brisés ou changés, quelque soient les circonstances. Les enfants volés, dans notre histoire Autochtone, appartenaient toujours à leur mère de naissance, quelque soient les centaines de kilomètres où ils avaient été conduits, les enfants et leurs mères s’appartiennent, pour toujours.

La réalité de, nous appartenons à notre Mère la Terre et la Terre Mère nous appartient, n’est pas changée par la loi Navajo ou américaine. Ce n’est pas possible. C’est notre conception, notre croyance. La personne ou le gouvernement qui pense autrement et agit pour s’introduire dans cette relation et blesser notre Mère la Terre, a tort. Nous, les Protecteurs de l’Eau et les Défenseurs de la Terre n’avons pas tort quand nous défendons notre Mère la Terre. Notre position est absolue.

©chiliyazzie