Shiprock, vers 1914


Par Duane ‘Chili’ Yazzie
Publié par Censored News
Le 28 janvier 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Il y a deux concepts de relation à la terre, l’un est la croyance que quelqu’un peut posséder la terre, par on ne sait quelle logique, avec un morceau de papier ‘prouvant’ la propriété d’une terre. Les titres, les permis et les baux sont fondés sur la loi américaine.

Les racines du gouvernement Navajo et les lois qui concernent la relation à la terre datent de 1923, quand le gouvernement fédéral nous a imposé un mode de gouvernance étranger, avec d’étranges idées de propriété de la terre. Le nouveau gouvernement a été formé afin qu’un bail puisse être donné à un pétrolier, pour développer l’exploitation de pétrole dans la région de Shiprock. Nous n’avons pas consenti à être gouvernés par ce système étranger ; il nous a été imposé.

Le vénéré Traité de 1868 a été signé avec des X par nos dirigeants Tribaux, afin que les gens puissent rentrer chez eux [Voir l’histoire de la déportation des Navajos, de 1864 à 1868 – NdT]. On se demandera toujours si nos Chefs connaissaient et comprenaient la langue et les buts du Traité. Toutefois, le Traité a été signé, et l’imposition de concepts étrangers de relation avec la terre, est venue avec. Nos ancêtres étaient perplexes, se demandant comment quelqu’un pouvait être propriétaire d’une terre avec des limites physiques.

En 1848, l’Espagne a été repoussée vers l’intérieur du Mexique, cédant des terres qu’elle avait réclamées, du sud-ouest des Etats-Unis au nord-ouest. Comment l’Espagne en était-elle arrivée à penser qu’elle était ‘propriétaire’ de toutes ces terres ? En 1493, après que Colomb soit retourné en Espagne, le Pape a fait cadeau à l’Espagne de toute l’Hémisphère Ouest. Ceci autorisait et « rendait légal » la Grande Intrusion et la Doctrine de la Découverte. La loi américaine moderne continue certains principes de la Doctrine de la Découverte, et ainsi, la valide. À quel point tout ceci peut être légal ou moral, si nous, les propriétaires d’origine, n’avions rien à dire ? Dans ce contexte étranger de relation à la terre, la terre nous a été volée.

L’autre concept est l’Appartenance à la Terre, qui est enraciné dans nos commencement aborigènes ; nous avons été faits comme enfant de notre Mère la Terre et du Père Grand Créateur ; cette relation intrinsèque reste une réalité sacrée et spirituelle. Dans cette conception, la terre n’est pas une marchandise qui peut être ‘possédée’. Notre concept, c’est l’appartenance ; ‘nous appartenons à la Terre et la Terre nous appartient’, comme une mère et un enfant appartiennent l’un à l’autre. Ce lien, cette réalité, ne peuvent être brisés ou changés, quelque soient les circonstances. Les enfants volés, dans notre histoire Autochtone, appartenaient toujours à leur mère de naissance, quelque soient les centaines de kilomètres où ils avaient été conduits, les enfants et leurs mères s’appartiennent, pour toujours.

La réalité de, nous appartenons à notre Mère la Terre et la Terre Mère nous appartient, n’est pas changée par la loi Navajo ou américaine. Ce n’est pas possible. C’est notre conception, notre croyance. La personne ou le gouvernement qui pense autrement et agit pour s’introduire dans cette relation et blesser notre Mère la Terre, a tort. Nous, les Protecteurs de l’Eau et les Défenseurs de la Terre n’avons pas tort quand nous défendons notre Mère la Terre. Notre position est absolue.

©chiliyazzie

 


Par Duane ‘Chili’ Yazzie
Publié par Censored News
Le 3 janvier 2022
Traduction Christine Prat

Le Coronavirus19 échappe à l’identification et la saisie. Les efforts acharnés de la science n’ont pas permis de trouver l’origine ou la cause du virus. C’est l’histoire de limitations imposées depuis longtemps par la science et la médecine occidentale. Il y a peut-être une explication pas si compliquée, mais avec un contenu complexe.

Avant la pandémie, l’humanité avait de graves problèmes. La crise climatique étouffait la vie sur la planète, la tension raciale entre une minorité de blancs et les gens de couleur était horrible. Maintenant, alors que le monde lutte pour sortir de la pandémie, ces problèmes sont passés d’un stade critique à celui d’un danger imminent. La crise climatique est accablante, l’industrie extractiviste, avec la complicité de la plupart des gouvernements, continue avec obstination et de manière exponentielle à faire ce qu’elle fait toujours : faire toujours plus d’argent sans se soucier des dévastations environnementales et humaines qu’elle laisse derrière elle.

Dans toute l’Amérique, le zèle de la suprématie blanche fait des métastases, brandissant impudemment le drapeau du racisme, du néocapitalisme libéral, des conspirations, de la politique mesquine à travers tout le pays. Les très convoités Etats-Unis sont radicalement polarisés. Les blancs font imploser leur gouvernement et leur société. Certains, qui n’avaient jamais imaginé avoir des inclinaisons de « suprémaciste blanc », se retrouvent alignés sur, ou ayant des sympathies pour l’agenda et la rhétorique de la suprématie blanche. Ça doit être génétique, entretemps ; la notion de supériorité blanche est enracinée dans de l’histoire ancienne.

Même quand sa peau éclate, la Terre est vivante, son essence spirituelle continue de battre. Elle pourrait mourir ou elle pourrait vivre ; l’espèce humaine décide de son sort. Cette réalité est insondable, d’importance nulle pour la majorité des blancs, en particulier ceux persuadés de la suprématie blanche. Ils mettent en péril le futur des petits-enfants.

Le virus du COVID est un phénomène de la nature. C’est un organisme vivant ; ça vit de mort.

Tout être vivant se défend quand il est menacé de blessure ou de mort. La Terre se bat pour sa vie, elle y engage toutes ses défenses. Le virus parait être un mécanisme de défense de la Terre. Si cela est vrai, c’est le sens commun de penser que la gravité du virus sera proportionnelle à la gravité des blessures infligées à la Terre et de l’extrémisme de la blessure perpétrée par l’inhumanité de la haine.

Une mère protège et défend instinctivement ses enfants. La Terre Mère défend ses enfants qui croient en la vérité et veulent vivre étant ce qu’ils sont supposés être. La Terre se rebelle contre l’exploitation extrême de l’entité qui est son corps et la répression brutale dont ses enfants sont victimes. Le message de la Terre est clair, mais le monde n’entend pas.

©chiliyazzie