Un projet de fracturation hydraulique et de pipeline menace actuellement une partie de la Réserve Navajo – qui n’a vraiment pas besoin de ça, vu l’exploitation catastrophique de ressources minières et la pollution qui s’ensuit. En principe, aux Etats-Unis, le public a le droit de faire des commentaires sur les projets qui les concernent. Les autorités responsables organisent des réunions publiques pour cela. A Shiprock – victime de la fuite d’une mine d’or en 2015 – le Bureau d’Aménagement du Territoire de Farmington a bien organisé une réunion, mais refusé les commentaires des représentants Autochtones. La fracturation hydraulique cause des dégâts partout. Dans ce cas, le projet menace l’eau – enfin ce qu’il en reste – de la partie est de la Réserve Navajo, mais aussi toute la région de Chaco, y compris le Canyon de Chaco, site archéologique unique.
Christine Prat
Diffusé le 10 novembre par Rebecca Sobel
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Egalement publié sur Censored News
Traduction Christine Prat
10 novembre 2016
SHIPROCK, Nouveau Mexique – Ce jour, lors de la première réunion préliminaire – il devrait y en avoir huit – les officiels du Bureau d’Aménagement du Territoire (BLM) et du Bureau des Affaires Indiennes (BIA) ont plaqué les membres de la communauté qui essayaient de donner un commentaire public. La réunion a été tenue au Siège du Chapitre de Shiprock, le BLM tenait les tables d’information réparties autour de la salle communautaire, et ont invité le public présent à exprimer des commentaires publiques à l’une de leurs nombreuses tables.
Le Président du Chapitre de Shiprock, Chili Yazzie, a salué sa communauté et informé les gens de ce qu’il n’avait eu aucune consultation préalable avec les officiels du BLM ou du BIA, a part l’organisation du planning pour l’utilisation de la salle de réunion du Chapitre. Il invitait des membres du Chapitre à exprimer leurs commentaires devant la communauté, quand le directeur du Bureau Régional de Farmington, Richard Fields, a fait savoir à M. Yazzie que des commentaires publics sous cette forme ne seraient pas acceptés. Après avoir expliqué la culture des réunions communautaires du Chapitre, M. Yazzie donna le micro à une jeune femme qui raconta son expérience de vivre à proximité de 4 puits de fracturation, tandis que les officiels du BLM ramassaient leur matériel et quittaient la pièce. Quinze minutes plus tard, la police de la Nation Navajo entrait.
La réunion préliminaire de Huerfano est prévue pour 15h, cet après-midi, et nous verrons si ça continue suivant le planning. A part ça, il est évident que le BLM ne se contente pas d’autoriser l’industrie du pétrole et du gaz à traiter de manière cavalière les communautés Navajos, cette dernière tentative d’impliquer le public par des réunions préliminaires au siège des chapitres ne fait que se payer de mots – le BLM a démontré qu’il ne prendrait en considération les voix Autochtones qu’à ses propres conditions. Si les Autochtones ne se plient pas aux ordres du BLM – même sur leur propre territoire – l’agence fédérale fera la sourde oreille.
Ci-dessous, quelques déclarations de personnes présentes à la réunion préliminaire.
« Depuis beaucoup trop longtemps, nous avons été manipulés et nous sommes fait faire la leçon par le gouvernement fédéral et ses institutions sur la façon de nous conduire et de réagir à leurs règles. Il faut qu’un jour nous cessions d’autoriser ce genre d’intrusion sur nos propres terres. Nous devons faire des commentaires accepables, dans les discussions sur leurs demandes, qu’ils veulent présenter comme accords mutuels sur les buts et comment ça se déroulera. Il doit y avoir une reconnaissance et du respect pour nos modes de vie et nos façons d’être sur nos propres territoires. S’ils ne nous respectent pas, ils ne sont pas les bienvenus ici.
Nous ne les avons pas invités. Ils se sont invités. C’est notre territoire, donc au moins une partie de ce projet public devrait se conformer à notre avis. »
– Duane ‘Chili’ Yazzie, Président du Chapitre de Shirock, chili_yazzie@hotmail.com
« Ces officiels des institutions ne vivent qu’à 40 km d’ici et ils sont en pays Navajo. On pourrait croire qu’ils consulteraient les officiels locaux avant de tenir des réunions dans nos Sièges de Chapitre. Ça en dit long sur leurs intentions et la façon dont ils opèrent. »
– Lori Goodman, Directrice Exécutive, Diné C.A.R.E., lgoodman89@gmail.com
« Je soutiens le 1er Amendement [1er Amendement de la Constitution des Etats-Unis, qui garantit la liberté d’expression] et c’était une invitation ouverte de la part des deux partis, au sujet de la fracturation hydraulique dans nos territoires. Mais, dès qu’un membre de notre communauté a voulu exprimer nos inquiétudes justifiées, le BLM a fermé la discussion. Ça vous montre l’état d’esprit du BIA et du BLM. Dès qu’ils pensent être dans un environnement qui échappe à leur contrôle, ils y mettent un terme. Quoi de plus dangereux qu’un Autochtone exprimant les droits de sa communauté et sa souveraineté ?
C’est la première fois que j’ai pu voir à quel point la région est un échiquier, quand il s’agit de pâturages, et de l’eau et des puits que les gens utilisent. C’est la première fois que j’ai vu la carte de ces pipelines pour le pétrole issu de la fracturation. Les pipelines vont fuir. C’est un danger pour la communauté. Nous comprenons que ça va créer des emplois, mais nous devons mettre la limite quelque part et dire que c’est plus qu’assez. La seule occasion de le dire est que le BLM et le BIA soient là pour écouter, mais ils refusent. »
– Chuck Haven, habitant de la région, signal99haven@gmail.com
« Le fait que le Président du Chapitre ait demandé à ce que les commentaires publics soient oraux et que le BLM ait ignoré sa demande, est un manque de respect. Ça a commencé, par le simple fait que nous avions demandé un changement de date parce que la réunion était prévue pour le 12 novembre, le Jour de Fête des Jemez et que donc la plupart des résidents des Chapitres de Counselor et de Nageezi y seraient. Et maintenant, nous demandons si, les officiels fédéraux ayant quitté la réunion, ils ont violé leurs propres lois? Précédemment, ils ont dit qu’ils ne pouvaient pas changer la date des réunions de Counselor et Nageezi à cause de leurs propres lois exigeant la mention dans le registre fédéral. Mais est-ce que leurs lois n’exigent pas qu’ils tiennent effectivement les réunions qu’ils ont programmées ? Nous avons encore des habitants Navajo qui veulent indubitablement faire des commentaires, mais maintenant que le BLM est parti, ce n’est plus possible. »
– Daniel Tso, ex-Délégué du Conseil de Torreon, detso49@yahoo.com
« Je suis venu ici pour m’opposer à la fracturation hydraulique à cause de la préservation culturelle. Des promesses sont brisées. Des sites sacrés et des moyens de vivre sont piétinés. Je le vois dans le Dakota du Nord, et je le vois ici aussi. Ça brise nos cœurs. »