Par Red Warrior Society
Publié par Censored News
25 novembre 2023
Photos ©Lakota Media Project
Traduction Christine Prat
En tant que Lakota, d’Oceti Sakowin [Conseil des Sept Feux, ou ‘Sioux’], nous sommes solidaires avec les Palestiniens. Nous connaissons trop bien la lutte pour l’autodétermination et le combat pour conserver des terres qui sont depuis longtemps liées à notre mode de vie, notre langue, nos cérémonies et le sang de notre peuple.
Nous connaissons depuis trop longtemps la lutte de communautés, pour garder leur identité et leurs liens avec les terres prises de force, et les gens tués au cours du combat pour leur vie. Nous avons vu le sang de notre peuple versé dans nos terres sacrées, les terres où on a fait pousser des fruits, les terres que vous avez arrosées pour vos oliviers depuis des générations. Nous voyons votre combat continu pour vos modes de vie, pour vos enfants, pour votre avenir et pour votre identité.
Bien que nous ne soyons pas physiquement avec vous, là-bas, nous voyons que l’oppresseur continue de vous couper du sang vital de l’océan. Pourtant, ils ne peuvent pas entamer la grandeur que voit le monde entier.
Le peuple d’Oceti Sakowin vous envoie des encouragements pour continuer votre lutte incessante pour la liberté. Nous continuerons à partager votre lutte, nous continuerons à boycotter, désinvestir, sanctionner et éduquer ceux qui n’en sont pas conscients.
Comme nous avons dû reconnaitre les composants suivants de l’occupation et de l’oppression, c’est important de créer ces liens au milieu des dynamiques de pouvoir des colonisateurs et du patriarcat, qui continuent à perpétuer ces dynamiques contre lesquelles notre communauté lutte toujours.
La limitation de mouvement. La limitation de nourriture et d’eau. Le vol des terres, de l’eau et des ressources par l’oppresseur. La négation de l’humanité essentielle. La limitation de l’accès au travail, à l’éducation supérieure et aux soins médicaux. Le manque d’accès à la représentation dans les institutions légales, les tribunaux et les prisons. Ils bombardent des ambulances, des hôpitaux et des écoles, ce qui ne devrait pas être autorisé au cours d’une guerre, mais ils le font quand même.
Pour les jeunes, entendre et voir ce qui se passe à Gaza, c’est, pour toute une génération, faire face aux conséquences d’actions qu’ils n’ont pas commises. Les enfants pensent à leur futur, mais ils pourraient ne pas en avoir.
Nous devons nous souvenir, qu’il y a des siècles, le but militaire des États-Unis était d’éradiquer les communautés Autochtones, et leurs modes de vie, en établissant le Bureau des Affaires Indiennes en 1823. Deux siècles plus tard, les États-Unis financent les forces armées Israéliennes pour éradiquer les Palestiniens. Le génocide est mal et c’est inacceptable.
Nous ne gagnerons jamais si nous n’arrivons pas à comprendre que nous avons des choses en commun : le dogme du colonialisme de peuplement et le besoin de droits humains pour tous les peuples Autochtones du monde. Nous sommes une famille avec une grande diversité. Quand nos anciens ont résisté à Wounded Knee en 1973, et aussi quand nos jeunes se sont rassemblés par milliers pour bloquer le DAPL en 2016, qui a montré de la solidarité ? Les Palestiniens.
Aujourd’hui nous sommes avec toi, Palestine. Notre action est notre prière. Des rives de la crique de Wounded Knee, des terres d’O’yuhpe, nous déclarons notre solidarité avec la Palestine.
Solidairement,
Red Warrior Society
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LONGUE MARCHE 2019: “NOUS CONTINUERONS”, D’ALCATRAZ A WASHINGTON
La première Longue Marche a eu lieu en 1978, pour commémorer l’occupation de l’Ile d’Alcatraz, dans la Baie de San Francisco, par des membres de l’AIM en 1969. Depuis, plusieurs Longues Marches ont eu lieu, pour attirer l’attention sur les problèmes qui touchent les Autochtones. Celle de cette année, du 11 février au 15 juillet, se propose de traiter de problèmes qui n’affectent pas seulement les Autochtones d’Amérique du Nord, mais tous les Peuples Autochtones. Si la France n’est pas citée parmi les pays qui enfreignent gravement les Droits des Autochtones, c’est parce que la France a supprimé, en 2003, le terme “Peuples” de sa Constitution, pour le remplacer par “populations”. Elle a donc pu signer la Déclaration des Nations Unis sur les Droits des Peuples Autochtones sans les respecter, étant donné qu’il n’y a plus de Peuples Autochtones en France. Cependant, les problèmes cités dans la déclaration ci-dessous s’appliquent totalement aux Peuples Autochtones de Guyane, de Polynésie et de Nouvelle-Calédonie.
Christine Prat
Communiqué de Presse du 6 février
Projet en 11 points publié sur Censored News
Le 7 février 2019
Traduction Christine Prat
Longue Marche 2019, communiqué de presse du 6 février
La ‘Longue Marche: Nous Continuerons’ a été entreprise pour s’attaquer aux principales menaces pesant sur les Amérindiens et les Peuples et Nations Autochtones. C’est une Marche spirituelle pour tous les Peuples Autochtones et nos alliés. En 1978, la [première] Longue Marche a été organisée comme moyen d’affronter 11 projets de loi anti-Indiens au Congrès, entre autres un projet de loi visant à abroger tous les traités avec les Indiens. En 2019, nous sommes à nouveau confrontés à de graves menaces pour nos enfants, nos femmes, nos terres, nos eaux, notre souveraineté et même notre Savoir Autochtone.
Le 11 février, nous commencerons par une Cérémonie sur l’Ile d’Alcatraz, dans la Baie de San Francisco, pour commencer notre Marche spirituelle jusqu’au Monument de Washington, à Washington D.C. Nous avons identifié 11 domaines que nous devons affirmer, défendre et enseigner. Ce sont:
- Soutenir et Protéger les Enfants Indiens
- Honorer les Femmes Autochtones
- Renforcer la Souveraineté Inhérente et Autochtone
- Créer une Convention de l’Environnement
- Faire annuler la Loi 280 et la Doctrine des Pleins Pouvoirs
- Nettoyage et Protection de la Terre, des Eaux et de l’Air
- Traités, Territoires et Responsabilités Coutumières
- Renforcer et Affirmer la Liberté Spirituelle et Protéger les Sites Sacrés
- Protéger le Savoir Autochtone
- Soutenir une Transition Juste
- Affronter l’Abus d’Alcool et Autres Drogues
En route, nous voulons être informés de problèmes qui peuvent entrer dans ces onze thèmes. Nous voulons aussi encourager ceux qui ont participé à des Marches précédents à communiquer leur histoire, et écouter les communautés le long du trajet, qui ont aussi leurs propres histoires à raconter.
En arrivant à Washington, D.C., nous organiserons des discussions sur ces problèmes, dans l’intention de trouver des bases communes sur lesquelles les diverses Nations et organisations des Peuples Autochtones peuvent être d’accord. Nous espérons que ces discussions se produiront dans beaucoup de lieux à la fois, avec des actions décentralisées, et que nous en formerons un réseau ensemble, en plus du Manifeste de la Longue Marche. A cause des menaces importantes pesant sur nos Peuples, beaucoup de nos actions sont des réactions à ce que les états-nation et les grandes compagnies nous font. Ces importantes actions défensives ont joué un rôle majeur pour préserver ce que nous avons encore. Notre espoir, en trouvant des bases communes à certains de ces problèmes, est de pouvoir nous engager dans une pensée stratégique et une coordination entre nous tous. Peu importe les obstacles, peu importe les attaques pouvant se produire, peu importe à quel point les choses peuvent être difficiles… Nous Continuerons.
LONGUE MARCHE 2019: LE PLAN EN 11 POINTS
1) Soutenir les Enfants Indiens : la Loi sur le Bien-Etre des Enfants Indiens est censée protéger les enfants Indiens contre la possibilité d’être emmenés de force loin de leurs Nations. Elle a récemment été jugée anticonstitutionnelle dans l’affaire Braken v. Zinke. La décision était fondée sur les droits de l’état, ignorant la souveraineté tribale, et considérant le statut des Indiens comme étant seulement racial, et non pas fondé sur la relation légale/politique entre les Nations Indiennes et le gouvernement des Etats-Unis. Si c’est approuvé par la Cour Suprême, les enfants Indiens seront un gibier facile pour les états en collusion avec agences d’adoption privées, pour kidnapper légalement des enfants Indiens. Les bases de cette décision ouvriraient aussi les portes à une nouvelle ère de “Termination”* [au sens ‘Terminator’], qui annihilerait la Souveraineté Tribale. De plus, 14 000 enfants sont détenus dans des camps de prisonniers à la frontière sud des Etats-Unis, la plupart d’entre eux étant Autochtone. Ces enfants sont oubliés, et il faut beaucoup de pression pour que ce crime contre l’humanité soit stoppé.
2) Honorer les Femmes Autochtones : Le respect et la protection de Notre Mère la Terre est un principe commun aux Peuples et Nations Autochtones. Les Femmes Autochtones ont toujours été en première ligne et au cœur de chaque lutte pour protéger nos terres, nos eaux, les familles et les nations sur ce plan. Cependant, les femmes Autochtones sont toujours marginalisées et soumises aux maltraitances, au viol et au meurtre. En tant que nations Autochtones, nous avons le devoir de changer activement cet état de fait. Il ne peut pas y avoir de protection de Notre Mère la Terre s’il n’y a pas de protection des Femmes Autochtones. Collectivement, nous devons créer et développer des façons d’honorer les Femmes Autochtones en faisant en sorte que les hommes prennent la responsabilité de mettre fin aux maltraitances et au viol dans nos communautés, et en amenant devant la justice ceux qui commettent ces crimes.
3) Renforcer la Souveraineté Inhérente et Autochtone : Les états-nations, y compris les Etats-Unis, sapent la souveraineté inhérente et l’autonomie en réduisant l’autonomie à rien d’autre que la gestion de nos affaires. La structure d’entreprise ou celle de municipalité sont les seules structures que nous pouvons choisir. Ce n’est rien d’autre que la ‘Termination*’ [‘Liquidation’] sous diverses formes. Les états-nation d’Australie, du Canada, de Nouvelle-Zélande et des Etats-Unis ont formé une alliance appelée CANZUS qui coordonne une politique commune pour atteindre ce but. Nous réaffirmons notre détermination au maintien de notre souveraineté inhérente et notre autonomie en tant que Nations Autochtones, sous une forme qui inclut nos propres lois, valeurs, coutumes et traditions. La Souveraineté Autochtone n’est pas définie par des lois, des règles et règlements non-Autochtones ; ni par le développement économique, une “bonne gouvernance”, ou des structures d’entreprise. Ces éléments sont peut-être pragmatiques, mais ils ne nous définissent pas. Nous soutenons aussi plus spécifiquement la souveraineté tribale, et la relation entre les Nations Indiennes et les Etats-Unis comme une relation de nation à nation, pas seulement de gouvernement à gouvernement, décrite à tort. Tout ceci est sous-tendu par une longue histoire de relation bilatérale, biculturelle, fondée non pas sur l’égalité, mais sur des principes d’équité. Cela signifie que la relation reconnaît chacune des parties comme étant de même statut, mais en maintenant leurs identités distinctes. Les idéaux Autochtones sur la souveraineté ne concernent pas seulement le pouvoir et le contrôle, mais aussi la responsabilité et le respect. Ceci implique des obligations pour les citoyens d’une Nation Autochtone de mettre en pratique des responsabilités traditionnelles et coutumières, enracinées dans le Savoir Autochtone, et incluant la protection de nos relations respectives avec nos terres, nos eaux, les animaux et les plantes. Ce concept de Souveraineté Autochtone a été gravement mis au défi par une longue histoire de ‘destinée manifeste’, de génocide, et de perte. Il est essentiel pour nous, Nations Autochtones, de réaffirmer activement la pratique de la Souveraineté Autochtone d’une part, et de mener des combats légaux et politiques d’autre part.
4) Créer une Convention de l’Environnement : En tant que Peuples Autochtones, nous avons la responsabilité d’être les gardiens de l’environnement. Cette responsabilité s’applique à toutes nos nations Autochtones respectives, quelques soient les politiques et les lois de l’état-nation. Nous nous engageons donc à obtenir la création d’une Convention de la Protection de l’Environnement, soumise à l’approbation des Nations Autochtones, qui établisse des standards minimaux concernant tout développement dans les bassins aquifères et les territoires traditionnels autour de nos Nations respectives.
5) Faire annuler la Loi 280 et Renverser la Doctrine des Pleins Pouvoirs : La Loi 280 est une relique de l’époque de la “Termination*” [“Liquidation”] des années 1950. Elle attribue la juridiction criminelle et civile sur certaines Nations Indiennes à certains états. Nous soutenons l’annulation de cette loi et l’obtention de ressources appropriées pour effectuer la transition vers le retour à la juridiction de la Nation Indienne. La Doctrine des Pleins Pouvoirs est un héritage du racisme juridique établi par une décision de justice appelée US v. Kagama (1886). Selon cette doctrine, le Congrès a une autorité unilatérale sur les Nations Indiennes. La Loi Dawes de Distribution des terres, les politiques de “Termination”*, et toutes les autres lois du Congrès contre les Nations Indiennes depuis lors, ont été adoptées selon la Doctrine des Pleins Pouvoirs, et les Nations Indiennes ne peuvent donc pas contester légalement la constitutionalité de ces lois. La reconnaissance de la souveraineté Indienne n’existe littéralement que selon les caprices du Congrès. En ces temps que nous vivons, c’est particulièrement inquiétant. Nous sommes déterminés à affirmer notre souveraineté en dépit de toute action du Congrès qui serait autrement inconstitutionnelle, et à développer des stratégies pour renverser cette doctrine raciste.
6) Nettoyage et Protection de la Terre, des Eaux et de l’Air : Les territoires Indiens ont longtemps été considérés comme des dépotoirs par diverses entreprises et administrations gouvernementales. Par exemple, l’un des pires accidents nucléaires des Etats-Unis a été la rupture d’un bassin contenant des déchets de traitement d’uranium à Churchrock, dans la Nation Navajo, en 1979. 38 ans plus tard, la zone n’a toujours pas été nettoyée convenablement, et les gens et le bétail sont toujours exposés à l’eau contaminée. Nous admettons que 500 millions ont été alloués au nettoyage de certains dégâts causés par l’extraction d’uranium dans la Nation Navajo, mais nous craignons sérieusement que ces fonds et d’autres destinés à d’autres nettoyages de l’environnement, ne soient supprimés sous le gouvernement actuel. De plus, le racisme environnemental, inhérent à l’insuffisance des fonds et de la reconnaissance des dommages à l’environnement qui frappent les Peuples Autochtones, doit être définitivement éradiqué. Nous demandons la création d’un Super Fonds pour remédier à la négligence historique de tous les états-nations, pour nettoyer nos terres et nos eaux, et mettre en œuvre des politiques empêchant qu’elles ne soient à nouveau polluées.
7) Traités, Territoires et Responsabilités Coutumières : Aux Etats-Unis, l’autorité de la Nation Indienne ne s’étend pas seulement jusqu’aux frontières de la réserve, elle s’étend sur les territoires traditionnels respectifs. Ça comprend les territoires selon les traités et les territoires non-cédés pris sans consentement. Cette autorité ne s’étend pas seulement à la chasse, la pêche, la nourriture et la cueillette de plantes médicinales, mais aussi à nos sites sacrés et à la protection de nos bassins aquifères. Tout processus de consultation sera inadéquat, parce qu’en fin de compte, l’autorité ultime sera toujours aux mains de non-Indiens. Nous sommes plus que capables de comprendre et de prendre des décisions sur les questions de développement dans nos régions traditionnelles. Nous notons aussi la décision récente de la Cour Suprême du Canada, dans l’affaire Tsilhqot’in v. British Columbia 2014 SCC 22 (de 2014). Dans cette affaire, il a été reconnu que la Nation Tsilhqot’in avait prouvé avoir conservé le titre aborigène sur une large part de son territoire traditionnel et a donc été reconnue comme ayant autorité de consentement sur la coupe du bois dans cette zone. Nous affirmons que le même principe devrait être adopté aux Etats-Unis, reconnaissant l’autorité de consentement des Nations Indiennes sur des développements touchant les droits et les responsabilités de chasse et de pêche, les droits et les responsabilités sur la nourriture et la cueillette, et ceux concernant les sites sacrés et les sites Cérémoniels.
8) Renforcer et Affirmer la Liberté Spirituelle et Protéger les Sites Sacrés : Les attaques légales contre les croyances et les pratiques spirituelles Indiennes ont augmenté au cours des dernières décennies. Malgré la Loi sur la Liberté Religieuse des Amérindiens de 1978, qui exige que les administrations fédérales respectent les pratiques spirituelles Indiennes, ces mêmes administrations ignorent ou oppressent activement ces pratiques spirituelles. Par exemple, le Corps des Ingénieurs de l’Armée Américaine, en soutenant l’oléoduc DAPL, a activement soutenu le Service du Sheriff du Comté de Morton, en empêchant des Indiens de prier sur une terre supposée relever de leur juridiction. Beaucoup des actions militaires entreprises contre les Défenseurs de l’Eau, ont eu lieu dans des lieus supposés être sous juridiction fédérale et impliquaient en premier lieu la répression de la liberté religieuse. Il y a eu aussi plusieurs décisions de justice, telles l’affaire Lyng v. Northwest Indian Cemetery Protection Association (en 1988) qui ont créé une norme plus lâche pour la protection des croyances et pratiques spirituelles Indiennes selon le Premier Amendement [de la Constitution Américaine, amendement qui garantit la liberté d’expression et d’opinion]. Nous sommes déterminés à affirmer nos voies spirituelles dans nos territoires, que ce soit dans ou en dehors de la réserve, et nous considérons que c’est une responsabilité essentielle. Nous affirmerons ces responsabilités sur nos sites sacrés et Cérémoniels, en tant que faisant partie d’une pratique vivante, et non pas comme relique du passé.
9) Le Savoir Autochtone : Le Savoir Autochtone comprend nos voies spirituelles, nos langues, nos coutumes, nos valeurs traditionnelles, nos structures sociales, nos lois, nos structures politiques. Et bien qu’il soit au cœur même de qui nous sommes, il est gravement menacé. A la base, les grandes entreprises et les états-nations qui ont, pendant des générations, attaqué, sapé et minimisé le Savoir Autochtone, créent maintenant des définitions qui le reconnaissent, selon leurs conditions et dans leur contexte, comme un droit de propriété. Ce qui ne devrait jamais être défini selon les façons de penser non-Autochtones, est maintenant défini dans divers forums des Nations Unies et autres, comme manières de soutenir le développement. C’est particulièrement flagrant à propos des questions de marché du carbone et des crédits de carbone. Pour protéger le Savoir Autochtone, nous demandons une définition établie à partir d’une perspective émanant entièrement des Peuples Autochtones, qui se situe totalement en dehors de la loi de propriété. Hors d’un tel point de vue, ceux qui cherchent à imposer des projets de développement aux Peuples Autochtones devront reconnaître que le Savoir Autochtone est négativement touché par le développement et peut leur être pris avec des compensations en propriété.
10) Transition Juste : Le système économique actuel n’en fait pas assez pour résoudre les graves problèmes environnementaux comme le changement climatique. Souvent, les Nations Autochtones sont en première ligne pour mettre un terme aux projets de développement qui causent les dégâts. Une transition juste est une façon de créer des économies durables à grand échelle, qui se concentrent sur l’énergie renouvelable, et la santé et le bien-être des communautés.
11) Alcool et Autres Drogues : L’Alcool et Autres Drogues ont joué un rôle majeur dans la soumission de nos Peuples et de nos Nations. L’alcool, l’héroïne et les méthamphétamines, pour n’en citer que quelques-unes, continuent de causer des ravages. Il est nécessaire de renforcer notre détermination collective de mettre un terme à l’intoxication et aux violences qui mènent à briser les familles et les communautés.
* Il s’agit du terme “Termination”, qui qualifie la politique menée contre les Indiens dans les années 1950. Il s’agissait de supprimer les réserves – ce qui ne pouvait qu’être approuvé par les Blancs progressistes et les Européens choqués par la notion de ‘réserve’. Cependant, le but était de disséminer les Autochtones dans la société blanche, en comptant sur le fait que beaucoup d’entre eux, brutalement arrachés à leur communauté et leur façon de vivre, seraient tués par l’alcoolisme ou se suicideraient. Les survivants finiraient par être noyés dans la société américaine, les enfants étant éduqués à l’école comme des Américains moyens. Il s’agissait donc bien de génocide, et de “Termination” au sens du film “Terminator”.
Madonna Thunder Hawk, Lakota de Cheyenne River, a participé à l’Occupation d’Alcatraz [1969] et à Wounded Knee [1973]. Elle est depuis longtemps membre de l’American Indian Movement.
Madonna était parmi les Anciens de la résistance des camps de Standing Rock au Dakota Access Pipeline. Photo Dawn DeCora.
Article de Brenda Norrell
Censored News
9 janvier 2017
Traduction Christine Prat
Madonna Thunder Hawk, qui s’est exprimée en direct de Palestine, a parlé des similarités des luttes des Peuples Autochtones partout dans le monde, des Lakotas des états du Dakota, à la lutte en Palestine.
Madonna dit “Je voulais précisément participer à ce voyage. C’était important pour moi personnellement.”
Elle raconte qu’après l’affrontement de Wounded Knee [1973] avec l’armée des Etats-Unis, des soutiens de l’American Indian Movement étaient venus de Palestine et d’Irlande du Nord.
“Nous étions jeunes. Je pensais que nous étions seuls, comme toujours” dit-elle. Madonna ajoute que lorsqu’ils ont entendu parler de cette solidarité, elle a appris ce qui se passait dans d’autres parties du monde pour les Peuples Autochtones, et s’est rendu compte qu’ils n’étaient pas seuls.
Elle appris des mots comme “colonialisme”.
Exprimant sa gratitude d’être en Palestine, elle dit: “nous avons exactement les mêmes problèmes.” “Il y a un peuple qui essaie de maintenir sa base territoriale.” “Ça nous est familier, il y a seulement une différence d’échelle, un niveau différent.”
“C’était merveilleux d’aller au Camp Bédouin.” Elle explique que, comme chez elle, le vieux style de vie traditionnel a disparu, mais est toujours connu. Ils le connaissent toujours, c’est un peuple lié à une terre. Elle dit qu’il y a une mémoire ancestrale. “Nous n’avons pas besoin qu’on nous rappelle sans cesse qui nous sommes. Nous savons qui nous sommes.”
“Mon peuple avait sa base territoriale dans la vallée de la bête.” Elle dit que la dernière bataille avait été Standing Rock, et que les batailles continuent sur le plan juridique. “Nous n’avions pas d’armes” dit-elle à propos des forces venues les poursuivre. “Le système judiciaire a fait de nous des criminels.” Maintenant, les 800 personnes arrêtées à Standing Rock doivent se défendre.
Madonna dit qu’elle adressait des rapports à un groupe d’Anciens, chez elle, et devait être responsable.
Elle dit qu’elle était en train de parler avec un groupe de camarades, en Palestine. Lorsqu’on se rend sur les terres de Peuples Autochtones, c’est important de montrer du respect et de garder ses yeux et ses oreilles grand ouverts, dit-elle.
Elle dit apprécier la Voix Juive pour la Paix [Jewish Voice for Peace]. “J’apprécie d’être ici, et je vous apprécie tous.”
Madonna dit que le camp de Standing Rock, de milliers de personnes, était fantastique. Ça avait commencé avec des Autochtones venus de partout, d’Alaska jusqu’en Amérique du Sud. “En une nuit, notre camp avait triplé.” En une nuit, des jeunes gens blancs sont arrivés en masse.
Elle se souvint qu’elle était assise sur la colline et surveillait ce qui se passait. “Les pouvoirs de tout genre qui bloquaient l’autoroute.” Ainsi, la nuit, sur la seule route qui était ouverte, il y avait un flot de lumière de phares dans les deux sens.
Madonna dit qu’elle célébrait le fait d’y avoir participé et d’avoir pu voir cela arriver.
Maintenant, dans la lutte sans fin pour son peuple, elle dit ne plus voir de lumière au bout du tunnel.
“Le même contrôle des grandes compagnies privées est partout dans le monde.” Mais si vous êtes liés à une terre, vous faites partie du processus. Elle dit que les plus jeunes étaient impliqués dans la campagne de désinvestissement, les anciens sont leurs conseillers.
Lorsqu’elle a été interrogée sur le fait de prendre position, à Standing Rock, Madonna dit que son peuple prenait position automatiquement. “Quand l’appel est parvenu, ils se sont mis en route.” C’est la mémoire ancestrale, c’est un peuple lié à un territoire. Madonna raconta comment [au 19ème siècle] les bisons avaient été tués, l’écosystème avait été dérangé et les maladies étaient apparues. “C’est ce qui a conduit notre peuple aux négociations de paix.” “Le système capitaliste a toujours opéré selon le dollar.” Les Traités ont été signés de nation à nation, et ratifiés par le Congrès. “Ils sont la loi du pays.” C’était une question de survie pour le peuple, mais ce fut un vol de terres massif.
“Je suis là aujourd’hui parce que mes ancêtres ont pensé à plusieurs générations à venir.”
Les premières écoles étaient des écoles chrétiennes, et les valeurs Lakota ont été attaquées, y compris la société matriarcale. Ils ont dit aux gens que l’homme était le chef de famille et qu’il pouvait battre sa femme et ses enfants, et être sauvé le dimanche, dit Madonna. Ils ont attaqué la famille.
Les enfants étaient enlevés de force, leurs cheveux coupés, et ils étaient habillés de vêtements militaires. Ils venaient chercher les enfants avec des équipes et des diligences, puis avec des camions. L’éducation leur était imposée par la force. “Apprendre l’anglais nous a été imposé par la force.” Elle dit qu’elle avait été forcée d’apprendre l’anglais dans un internat. “On était puni si on parlait notre langue.”
Plus tard, après Wounded Knee, [les Lakotas] ont ouvert leur propre école à Rapid City, dans le Dakota du Sud. Ils voulaient que les enfants soient dans un endroit sûr. “Nous voulions surtout acquérir des connaissances.” Ce fut la première école alternative là-bas. Puis, le système scolaire a commencé à faire la même chose. “Nous avons été cooptés,” par des écoles qui pouvaient avoir les fonds pour fonctionner.
Puis, l’eau a été contaminée par l’extraction d’uranium.
Madonna dit qu’elle sait ce qu’est le génocide. Elle a parlé de la mentalité de la charité, comme faisait l’Eglise en payant les services pour les gens. “Ça affaiblit tout le monde.”
Vous pouvez écouter toute l’interview (en anglais, 50 minutes). Madonna y compare la Palestine et les Etats-Unis. Elle parle aussi de la solidarité et de comment elle a appris d’autres parties du monde qu’ils n’étaient pas seuls dans leur lutte.
https://www.facebook.com/madonna.hawk/videos/10215247079793379/
Automne 2017 (vl.0)
Corrections et contributions par
Le Collectif Indigenous Action Media et ses amis
www.indigenousaction.org
Traduction Christine Prat
DECLARATIONS, DECONNEXION ET RECUPERATION DE LA DECOLONISATION
Tandis que le rythme des déclarations, par les forces d’occupation, d’une “Journée des Peuples Autochtones” (JPA) s’accélère, nous ne pouvons nous empêcher de nous sentir déconnectés des célébrations.
A part le soulagement psychique, à quoi est-ce que ça nous avance si l’état démonte ces statues et proclame la “Journée des Peuples Autochtones”, alors que les structures et les systèmes enracinés dans la violence coloniale demeurent intacts? N’est-ce qu’une posture politique ou un artifice pour diminuer l’agitation libératrice? Nos sens sont en éveil vu que la plupart des rebaptisations de Columbus Day en JPA semblent n’être que du blanchiment d’héritage colonial.
Les statistiques sont trop connues: les Peuples Autochtones aux “Etats-Unis” sont le groupe ethnique victime du plus fort taux d’assassinats par la police, du plus fort taux d’incarcérations et de violence sexuelle, et a le plus fort taux de SDF.
Alors oui, nous avons de très bonnes raisons d’être sceptiques face à des gestes symboliques.
Nous sommes tous pour la suppression des symboles coloniaux et des mythes nationalistes, dans la mesure ou des aspects structurels comme le colonialisme et le racisme disparaissent du même mouvement. Le problème c’est que ce n’est pas le cas. Ces décrets sont vite adoptés par leurs défenseurs comme des “pas dans la bonne direction” pour les intérêts des Autochtones, cependant – et nous allons le montrer ici – ils ne servent qu’à ossifier le pouvoir colonial. Quoi d’autre pourrions-nous récolter de déclarations superficielles lâchées d’en haut par les instances gouvernantes d’occupation?
Les aspirations à la décolonisation sont embourbées dans la cosmétologie libérale de gauche, si rien de concret n’est fait pour remettre en cause la brutalité anti-Autochtone historique et toujours en cours. C’est un processus conciliatoire insidieux de récupération décolonisante, enraciné dans un changement culturel et symbolique, visant d’abord à transformer son statut social. Il n’arrive pas à affronter et à transformer le pouvoir social de façon significative.
Pour illustrer cela, presque toutes les déclarations de “Journée des Peuples Autochtones” passées récemment, utilisent le même modèle, avec des variations mineures:
Réaffirmation de “l’engagement à promouvoir le bien-être et la croissance des Amérindiens et de la communauté Autochtone du _____.” [les blancs remplacent le nom de états ayant adopté la mesure – NdT]
Reconnaissance de ce “que les Peuples Autochtones des territoires qui deviendraient plus tard les Amériques ont occupé ces territoires depuis des temps immémoriaux; et
– _____ reconnaît le fait que _____ est construit sur les terres et les villages des Peuples Autochtone de cette région, sans lesquels la construction du _____ n’aurait pas été possible; et
– Appréciant “les nombreuses contributions apportées à notre communauté par le savoir, le travail, la technologie, la science, la philosophie, les arts et la profonde contribution culturelle des Peuples Autochtones, qui a significativement formé le caractère du _____; et
– _____ a la responsabilité de s’opposer au racisme systématique envers les Autochtones aux Etats-Unis, qui perpétue le fort taux de pauvreté et les inégalités de revenus, ce qui exacerbe de façon disproportionnée les crises sanitaires, scolaires et sociales; et
– _____ favorise la réduction de l’écart d’équité pour les Peuples Autochtones par des politiques et des pratiques qui reflètent ce qu’ont vécu les Peuples Autochtones, assure un meilleur accès et une plus grande opportunité, et honore les racines, l’histoire et les contributions autochtones de notre nation; et
coetera…
Les origines de la JPA remontent à 1977, quand une délégation de Peuples Autochtones a proposé de remplacer le Columbus Day à la “Conférence Internationale sur la Discrimination Contre les Populations Autochtones dans les Amériques” des Nations Unis, en Suisse.
Le rythme s’est accéléré en juillet 1990, quand des représentants de plus de cent Nations Autochtones se sont organisés pour le “500ème anniversaire de la Résistance Indigène à l’invasion Européenne des Amériques.” Une résolution a été passée pour transformer le Colombus Day de 1992 “en une occasion de renforcer notre processus d’unité continentale et de lutte vers notre libération.”
Un an plus tard, après la constitution d’un comité appelé Résistance 500 dans les territoires occupés Ohlone aka “Berkeley, California,” le conseil municipal a été le premier des “Etats-Unis” à déclarer le 12 octobre Journée des Peuples Autochtone. La résolution appelait à une journée de “cérémonies, manifestations et discours culturels”, à la participation des écoles et à une procession informelle.
Dans les “Pays du Sud” nos parents ont suscité un avis de menace de la CIA disant que “Le comité de renseignement des Etats-Unis évalue qu’il y a une augmentation du potentiel de violence terroriste dans certains pays d’Amérique Latine, en lien avec l’observance le 12 octobre du 500ème anniversaire de l’arrivée de Colomb dans le Nouveau Monde.” Il y eu parmi les attaques, des bombes contre des cibles des Etats-Unis comme des églises, des banques et la résidence de l’ambassadeur des Etats-Unis au Chili. Le bureau international de United Press au Pérou fut libéré pour une émission de radio dénonçant l’invasion par Christophe Colomb.
En même temps, aux “Etats-Unis”, la JPA – dans le pire des cas – a absorbé les tendances à la décolonisation et les a transformées en marchés culturels annuels approuvés par les états. Avec des ONG ou des managers auto-proclamés contenant le niveau: ce n’est que pow-wow sans rage, et zéro mention de responsabilité ou de libération. La machinerie de ce genre de “célébrations” ne nous est que trop familière, comme ce “Mois du Patrimoine Amérindien” qui est déjà souligné par des danses, des ventes et une série d’autres marchandises essentialisées. Ce n’est qu’une expression du partenariat structurel et intime du capitalisme et du colonialisme, c’est la JPA (marque déposée), tous droits réservés. Un jour férié sur des terres volées.
“SE FIXER SUR L’ABOLITION D’UNE JOURNEE QUI CELEBRE LE GENOCIDE DES PEUPLES AUTOCHTONES, C’EST IGNORER LES 364 AUTRES QUI SONT TOUJOURS SOUS LE JOUG DE L’OCCUPATION ET DE L’EXPLOITATION DES VIES ET DES TERRES AUTOCHTONES.”
Amrah Salomon J., Mexicain et O’odham, déclare: “Nommer et célébrer sont des moyens importants de normaliser le génocide et le colonialisme. Nommer des lieus et des jours de célébration d’après d’horribles tueurs comme Cristoforo Colombo, est un moyen de créer l’acceptation sociale de ses crimes: viol, torture, invasion, génocide, et avoir été l’architecte de l’incarcération de masse et du commerce d’esclaves chosifiés (qui emmenait des esclaves Amérindiens en Europe et des esclaves Africains aux Amériques). Voir ces noms célébrés autour de nous suscite un profond traumatisme historique pour les Noirs et les Peuples Autochtones et fonctionne comme une forme de micro agression raciale.”
Salomon ajoute: “Alors oui, il est important de supprimer ces noms insultants de nos géographies quotidiennes, de supprimer ces jours de fêtes, et de retirer les monuments qui glorifient l’esclavage, le colonialisme et le génocide. Mais se préoccuper des représentations publiques qui glorifient la violence coloniale et raciale ne suffit pas, nous devons aussi mettre un terme aux actes constants de violence coloniale et raciale pour que ces mesures représentatives aient une quelconque importance sociale durable. Si la statue de Christophe Colomb et la célébration du génocide qu’est Thanksgiving n’existent plus, il y a toujours une myriade d’autres actes de violence coloniale qui se produisent chaque jour et auxquels il faut remédier. La rectification du colonialisme ne peut s’accomplir que par la décolonisation. La rectification du racisme ne peut s’accomplir qu’avec l’abolition de la suprématie blanche en tant qu’institution structurelle et système social, pas seulement comme pratique individuelle de fanatiques. Et la rectification de l’hétéro-patriarcat, ne peut s’accomplir que par son abolition.”
AU-DELA DE LA RECONNAISSANCE
As Charlie 2015, “Detroit, Michigan”
Sepulveda, un Tongva des territoires occupés de “Los Angeles”, déclare: “Changer Columbus Day en Journée des Peuples Autochtones, bien que correct, n’est rien de plus qu’une politique de reconnaissance. Ce n’est pas la justice. Ça ne rend pas le territoire. Ça ne fait pas progresser les Tongva vers la décolonisation ni ne renforce notre capacité à être souverains. Ça permet à L.A. de reconnaître les Autochtones sans avoir à faire quoique ce soit pour ébranler radicalement l’ordre hégémonique du colonialisme de peuplement. Désolé de faire pleuvoir sur votre parade.” Sepulveda ajoute: “Je suis reconnaissant envers ceux qui travaillent à l’abolition du Colombus Day. C’est important. Cependant, les Tongva ont désespérément besoin de plus que d’un changement de nom symbolique. Et c’est le territoire Tongva, pas un territoire ‘Indien’. – J’espère que c’était clair [dans la déclaration de la JPA]? Sinon, alors pourquoi pas? Nous sommes toujours là.”
Il est important de comprendre les politiques de reconnaissance en termes de stratégie et de tactique. Si le but est l’autonomie Autochtone, la libération du territoire, des gens et d’autres êtres, alors pourquoi demander à nos oppresseurs de simplement admettre ou reconnaître notre existence?
Glen Coulthard, Yellowknives, Dene, écrit dans son essai ‘Peuples Autochtones et Politique de Reconnaissance’ que “… les puissances coloniales ne reconnaîtrons les droits et les identités collectifs des Autochtones que dans la mesure où cette reconnaissance ne fait pas obstruction aux impératifs de l’état et du capital.” Coulthard affirme aussi, dans son livre ‘Peaux Rouges, Masques Blancs’ que “… dans des situations où le pouvoir colonial ne dépend pas uniquement de l’exercice de la violence d’état, sa reproduction repose sur la capacité à induire les Peuples Autochtones à s’identifier, implicitement ou explicitement, avec des formes de reconnaissance profondément asymétriques et non-réciproques, imposées ou accordées par l’état et la société de colons.”
Ceci ne veut pas dire que les attaques contre l’identité Autochtone sous forme de mascottes racistes, de stéréotypes dans des films et des publicités, d’appropriation ‘tendance’, etc. ne causent aucun dégât.
Comme Charles Taylor le note dans le livre ‘Multiculturalisme: En Examinant les Politiques de Reconnaissance’, “…souvent, par la méconnaissance des autres …une personne ou un groupe peut subir des dommages réels, une distorsion réelle, si les gens ou la société autour d’eux leur renvoient une image d’eux-mêmes limitatrice, humiliante ou méprisable. La non-reconnaissance ou la méconnaissance peut faire du tort, et peut être une forme d’oppression, emprisonnant l’individu dans un mode d’existence faux, tordu et réduit.”
Comprendre comment la politique de reconnaissance fonctionne peut éviter les pièges de la cooptation et ouvrir les voies d’une plus grande résistance.
Même le fait de “reconnaître les Peuples Autochtones sur les terres desquels nous vivons” désincarne les identités Autochtones. C’est extrêmement différent de soutenir et d’honorer les protocoles et les coutumes en tant que visiteur ou invité, et de seulement reconnaître leur existence. Pour mettre cela en perspective: la plupart des mouvements actuels pour instaurer la JPA trouvent leur origine dans des milieux urbains, sans engagement significatif des populations d’origine de ces territoires. Cette recolonisation perpétue l’effacement même que la JPA doit solutionner, c’est un exemple criant de violence latérale.
Coulthard souligne comment “la politique de reconnaissance dans sa forme libérale contemporaine promet de reproduire la configuration même du pouvoir d’état colonial, raciste et patriarcal que la demande de reconnaissance des peuples Autochtones a historiquement cherché à transcender.”
La déshumanisation peut être adoucie par des actions qui réaffirment l’identité Autochtone, mais nous insistons pour aller au-delà de la reconnaissance, vers ce que Frantz Fanon offre aux Damnés de la Terre: “…c’est précisément au moment où [le colonisé] réalise son humanité qu’il affute les armes avec lesquelles il assurera sa victoire.”
LIBERALISME DE GAUCHE OU LIBERATION?
Comme il a été dit que la JPA “était un pas dans la bonne direction”, nous demandons “quelle direction?” Réclamer une Journée des Peuples Autochtones comme un acte de décolonisation est un échec des assimilationnistes de gauche. Mettre un terme symboliquement à l’héritage de Colomb tout en perpétuant et en bénéficiant de la violence de la “doctrine de la découverte” n’est qu’une impasse de plus du libéralisme Autochtone. Si nous comprenons que la colonisation a toujours été la guerre, alors pourquoi menons-nous une bataille pour notre reconnaissance et notre affirmation à travers des structures de pouvoir coloniales?
Bettina Castagno, métisse Kanien’kehá:ka, déclare: “Ceux-là pensent, en toute bonne intention, qu’ils aident, mais ne savent pas que pour ces ‘jours fériés’ c’est toujours la culture dominante qui décide de ce qui doit être célébré. Ces jours deviennent finalement une célébration de consommateur capitaliste, reprenant le système de valeur des cultures rapaces dominantes, avec les valeurs et les conduites chrétiennes euro-centriques.” Castagno ajoute: “A ce jour et en cette période de l’histoire des “Etats-Unis”, non ça ne suffit pas de nous jeter un jour férié. Revisitez l’histoire: après nous avoir jeté des couvertures, de la nourriture commerciale, du poison caché dans des bouteilles d’alcool, avoir stérilisé des femmes Autochtones, empoisonné la terre avec de l’uranium, nous avoir fourgué des soins médicaux et une éducation de qualité inférieure, avoir violé les traités, volé le territoire, un simple jour férié est insultant. Nous ne sommes pas libres parce qu’on nous dit que nous sommes libres, nous ne sommes pas libres parce que c’est imprimé sur du papier, ou sur des pièces de monnaie, nous ne sommes vraiment libres que lorsqu’il n’y a pas d’entité dominante ou d’autre culture qui prend les décisions pour notre peuple, notre terre, nos médicaments, notre bétail, notre nourriture, notre eau, notre éducation et notre santé.”
Rendez-vous compte que leur constitution ne garantit toujours pas aux Peuples Autochtones la protection de la liberté religieuse relative aux sites sacrés. Les sites sacrés sont nos sanctuaires ou “monuments” dans les relations que nous avons entretenues depuis des temps immémoriaux et font intégralement partie de la continuation de notre existence. Pourtant, ils sont constamment profanés et attaqués par ces forces politiques qui aujourd’hui vilipendent des facettes sélectives de leurs transgressions passées. Les Black Hills sacrées, dans le Dakota du Sud occupé – qui célèbre le ‘Jour des Amérindiens’, pas le Columbus Day – ont été profanées par l’extraction de ressources minières et par le monument blasphématoire aux présidents génocidaires possesseurs d’esclaves, et l’American Indian Movement a férocement combattu pour elles et pour les reconquérir à de multiples reprises pendant les années 1970. Il y a des télescopes, des stations de ski, des pipelines, des mines, des gratte-ciel, et autres effigies de l’oppression qui profanent ou menacent de violer d’innombrables sites sacrés en ce moment même.
En 2015, surfant sur la vague de déclarations de JPA, la ville de Flagstaff, en Arizona, a proposé de suivre le mouvement. Etant donné leur rôle, par un contrat pour la vente de millions de litres d’eaux usées à la station de ski Arizona Snowbowl, dans la profanation des San Francisco Peaks sacrés, un groupe de gens a mis un point final à l’affaire. Le groupe a demandé: “comment cette action peut-elle bénéficier aux Autochtones plutôt que d’apaiser la culpabilité blanche?”
Ils ont publié une déclaration initiale exprimant comment “nous désirons voir le Columbus Day aboli dans tous nos territoires et pouvons voir comment d’autres sauteraient sur l’occasion de soutenir ce geste, après tout, la confiance et la guérison sont nécessaires et beaucoup d’autres communautés ont durement combattu au cours de leurs propres campagnes pour changer le nom. Peut-être qu’un processus significatif peut être avancé, incluant traiter la question du traumatisme historique du colonialisme de peuplement, qui partirait du principe que Flagstaff n’est pas une ‘ville-frontière’ mais un territoire Autochtone occupé et volé, qui annulerait immédiatement le contrat avec Snowbowl, qui mettrait un terme au profilage racial, à la violence policière, et à la criminalisation de nos frères SDF, qui protègerait Notre Mère la Terre et subviendrait à des communautés en bonne santé et justes. Un processus qui irait au-delà de la requalification de la façon dont notre oppression est reconnue et restructurerait nos relations de pouvoir vers l’abolition de la suprématie blanche, de l’hétéro-patriarcat, du capitalisme et du colonialisme de peuplement.”
Alternativement, le groupe a proposé un processus complet pour résoudre matériellement les conditions sociales et politiques causées par la politique perpétuellement anti-Autochtone poursuivie par la Ville. Alors que la base était prometteuse, le projet initial a finalement été coopté par des de-gauche qui ont laissé de côté les aspects de responsabilité et d’émancipation de la communauté. En devenant un projet libéral ‘de gauche’ servant à améliorer le fonctionnement des forces d’occupation dominantes, c’est devenu un projet de perpétuation de la violence coloniale.
Quand la ville de Phoenix déclara la JPA, Alex Soto, Tohono O’odham, dit: “Si la ville de Phoenix reconnaissait vraiment les Peuples Autochtones, elle aurait présenté une motion et passé une résolution contre la bretelle d’autoroute de la Montagne du Sud.” Alex ajoute: “La politique de reconnaissance par les colons (JPA) n’assure en rien notre existence. Au mieux, ça renforce l’idée selon laquelle nous sommes un peuple conquis. Je mettrais plutôt mon énergie à brûler la table, si des gestes d’acceptation et de respect non sincères sont offerts par les institutions coloniales. Fondamentalement, tout effort que nous mettons dans la JPA devrait au grand minimum être mis dans de vraies campagnes qui protègent notre culture Autochtone locale. Sinon, à quoi ça sert?”
Tandis que Phoenix se prépare à célébrer sa première JPA, les échos de la dynamite qui fait sauter la Montagne du Sud sacrée seront probablement noyés par les festivités.
Andrew Pedro, Akimel O’odham de Gila River, met certaines choses au point: “La Journée des Peuples Autochtones à Phoenix continue à être une façade de la résistance Autochtone. Juste au sud de Phoenix, Moadag (la Montagne du Sud) est profanée par la construction de l’extension de la bretelle 202. C’est la colonisation du 21ème siècle par l’état, mais devrions-nous tout de même être reconnaissants de ce que l’état change le nom d’un jour férié? Je pourrais être pour, si le jour férié lui-même n’était pas le but final. Le changement de nom est une victoire symbolique. Utilisez la lutte comme plateforme pour formuler des exigences pour nos sites sacrés, mais ce n’est pas ce qui se passe. Il est clair que l’organisation libérale ‘de gauche’ est l’obstacle qui empêche toute réalisation réelle de la victoire. Au lieu d’attaquer la colonisation du 21ème siècle, ils choisissent de célébrer ce que les colonisateurs leur ont donné.”
Ces menaces posées par l’infrastructure à l’existence Autochtone sont produites par les forces systémiques même qui ont poussé Colomb à commettre le génocide des Taino. Défendre ce qui est sacré n’est pas nouveau, c’est aussi vieux que la résistance à Colomb et autres envahisseurs coloniaux bien-méprisés, alors pourquoi célébrer les gestes vides de politiciens? Qu’en est-il du soutien et de la célébration des luttes incessantes pour la libération de Notre Mère la Terre?
Il faut mettre en perspective le fait que des gens se sont précipités pour soutenir la résistance #nodapl, alors qu’ils perpétuent l’annihilation de terres sacrées et des luttes pour les droits à l’eau là où ils vivent. Ça ne veut pas dire que le Lac Oahe (la confluence sacrée entre la rivière Cannonball et le fleuve Missouri) ne garantisse pas un soutien critique, mais qu’il faut se remettre dans le contexte des luttes au sens le plus large, pour défendre ce qui est sacré et protéger l’eau. La lutte anticoloniale exige de comprendre que le front est partout. Ça mesure et calcule comment le pouvoir colonial opère. Si nous ne construisons pas ces notions dans nos luttes, nous risquons d’atteindre le point final là où Idle No More a laissé sa marque. Sans un engagement significatif dans la défense des sites sacrés immédiat, en même temps que dans la lutte contre le capitalisme et le colonialisme (ajouter racisme et hétéro-patriarcat), nous risquons de connaître un futur pas tellement éloigné, où les gens conduiront leurs hybrides à travers la Montagne du Sud (site sacré juste à côté de “Phoenix, Arizona”), sur la bretelle 202, skieront sur la neige faite de merde à Arizona Snowbowl, sur les Pics sacrés, en portant des t-shirts #nodapl ou “Defend the Sacred” qu’ils auront acheté à une fête de la Journée des Peuples Autochtones quelques semaines auparavant. Ce type particulier d’activisme superficiel et de pose anticoloniale est devenu dominant après Standing Rock.
La Journée des Peuples Autochtones, en tant que processus de collusion avec les forces étatiques d’occupation, risque de devenir un rite colonial patriotique plutôt que quelque chose qui s’assimile à une libération.
ROMPRE AVEC LA POSE ANTICOLONIALE
Nous aimerions prendre un instant pour expliquer ce que nous voulons dire par “pose anticoloniale.”
Cette attitude cherche à se justifier et s’auto-légitimer avec le plus de bruit possible, quelquefois délibérément et d’autres fois par vertu, tout en noyant les voix Autochtones critiques. Habituellement, par le vacarme familier de la rhétorique qui délégitimise et dénie dans des rencontres privées de personne à personne (sans responsabilité), blanches ou universitaires (parfois les deux) ou par des déclarations en ligne (qui signifient nous allons faire ce que nous voulons de toutes façons, nous vous avons seulement ‘entendus’), ou la tactique certainement pas innocente, mais la plus utilisée, de l’ “invitation à faire part de vos soucis.” Vous voulez vraiment que nous nous présentions à votre soirée pour dire combien c’est problématique et cependant ne rien faire pour changer fonctionnellement ce que vous êtes en fait en train de faire? Il n’y a rien d’anticolonial là-dedans.
C’est le règne du fascisme d’alliance coloniale/blanche, c’est en réalité, anti-Autochtone. Cette forme de posture radicale réclame tellement sa validation qu’elle cherche agressivement ceux qui peuvent être d’accord, et quand elle les a trouvés, les objective et capitalise leur participation. Ce n’est pas une forme de solidarité, c’est de l’exploitation brutale. C’est là où la fausse alliance des colonialistes rejoint le capitalisme. En clair, la posture anticoloniale maintien la suprématie blanche et le capitalisme.
Les tentatives les plus primaires de blanchir le colonialisme anticolonial résultent en un visage rouge de façade. En l’état, il y aura toujours quelques loups pour danser et là où il y a une chance de gagner une position sociale, du pouvoir par la proximité avec les blancs, on sort pour danser avec les loups.
La pose anticoloniale prospère sur la violence latérale. Prendre des poses radicales et réduire au silence ceux qui ne sont pas d’accord, c’est comment navigue la suprématie blanche pour se perpétuer. Ça nous est familier, à nous qui sommes des Autochtones radicaux/anarchistes/anticapitalistes/antiautoritaires, vu que nous y avons déjà été assujettis et que nous recevons constamment ses coups. Bien sûr nous continuons à être confrontés au fait qu’on peut se débarrasser de nous tous les jours. Les communautés et les lieus radicaux ne sont pas des exceptions à moins d’être les nôtres, ou à moins que beaucoup de travail à long terme pour construire des relations dans le combat, pour vraiment devenir des complices et non pas des alliés, ait été fait. Et encore, à quel point cette relation a de sens ne sera jamais déterminé par des colons blancs. Jamais.
DERACINER LE COLONIALISME
Le colonialisme n’est pas un évènement statique mais une structure construite sur des idées.
Supposer que les structures du pouvoir colonial pourront plier devant des arguments moraux est un point de vue qui admet que le pouvoir colonial peut être absout, nous croyons qu’il ne le peut pas. Il doit être détruit et les conditions qui précipiteront sa chute doivent aussi être enracinées dans ces terres. En tant qu’abolitionnistes anticoloniaux, nous visons le démantèlement total et la destruction systématique de la domination coloniale et de l’exploitation de ces terres.
Nous désirons l’éradication de la géographie coloniale, et voyons que le démantèlement de la documentation historique et de l’iconographie en fait intégralement partie, mais nous affirmons que de tels gains devront être entièrement dans les mains des gens, pas de l’état.
Quand des mains Autochtones et/ou complices non autorisées et sans médiation, frappent ou brisent ces statues, ces monuments, et ces jours de reconnaissance, le mouvement vers la déstabilisation de l’emprise coloniale mortelle sur notre humanité est libéré.
Ce genre d’attaques contre les signes matériels du pouvoir colonial peuvent briser sa légitimité.
Amrah Salomon J. déclare: “L’abolition et la décolonisation, avec l’auto-détermination collective, exigent des actions concrètes. Des actions qui peuvent commencer par abattre une statue ou supprimer un jour férié, mais qui ne peuvent certainement pas s’arrêter là, vu qu’enlever un monument ne fait rien pour en finir avec les incarcérations de masse ou la brutalité policière, et la suppression d’un jour férié ne fait rien pour remédier au fait que les vies Autochtones soient sacrifiables ou à la profanation des sites sacrés. Oui, les statues racistes doivent être abattues et les fêtes racistes doivent être abolies, mais le cynique changement de nom des fêtes et des statues en une sorte de célébration de bonne conscience inclusive (les arguments en faveur de la diversité et de l’intégration sont en fait une assimilation culturelle au colonialisme de peuplement, certainement pas un profond règlement de compte avec nos politiques de différence) est autorisé par l’état parce qu’il peut être réduit à un mécanisme par lequel la société des colons autorise les actes de colonialisme et le terrorisme racial à se perpétuer tandis qu’elle se lave les mains de toute responsabilité d’y faire quelque chose. Nous rejetons cela.”
Nous pouvons et devons défier et attaquer de façon cruciale les idées et les structures de la suprématie blanche, de l’hétéro-patriarcat, du capitalisme et du colonialisme. Après tout, les gens des communautés des territoires Ute occupés à Denver et au-delà, ont combattu pendant des années pour changer le Columbus Day et mettre à bas les glorifications des conquistadors et autres colonisateurs violents, tout en organisant leurs efforts pour guérir de la souffrance du traumatisme historique et intergénérationnel.
LA LUTTE ANTICOLONIALE SIGNIFIE L’ATTAQUE
K’in Balaam dit: “Les attaques anticoloniales sont des coups décisifs qui visent à obtenir l’une de ces trois choses: 1) l’expropriation des ressources pour notre propre survie, 2) changer matériellement les conditions des relations de pouvoir et du contrôle géographique, 3) saboter et miner activement la continuité du pouvoir colonial, de ses ressources, de sa culture et de son contrôle. Bref, c’est quelque chose de mesurable, pas un simple sentiment, ni un jeu de mot représentant un accord en paroles, pas en acte, facilement oublié et laissé de côté le lendemain. Nous n’essayons pas de rejoindre le parti des colons. Ni même d’y prendre le pouvoir.”
Balaam ajoute: “Etre Anticolonialiste veut dire agir et attaquer. Ce n’est pas juste quelques photos publicitaires et des actions défensives avec des jeunes colons poussés par leur culpabilité coloniale, le temps d’un weekend aventureux de guerrier. Pour les Colonisés, la vie c’est la guerre, nous sommes sous occupation et assiégés de tous côtés en tout temps. Même le candidat complice est et a toujours été, un traître potentiel de plus. De la même façon, nous, les colonisés, avons le potentiel de collaborer à notre propre génocide. La différence ne concerne pas la position que nous adoptons. Le génocide est toujours une condition situationnelle de notre lutte et nous sommes forcés de répondre en conséquence. Nous n’avons pas de deuxième chance de faire des erreurs, parce que, fondamentalement, nous sommes une menace existentielle ou ils le sont. C’est leurs huttes ou nos tipis qui brûlent mais en tous cas, quelque chose brûle.”
Enracinée dans le génocide et l’esclavage par les mains brutales de la suprématie blanche, ses banques, ses gratte-ciel, ses statues, ses noms de rues, ses écoles, sa monnaie, et autres institutions, toutes se rejoignant dans une célébration monolithique, c’est la menace de cette violence, dont nos violateurs sont toujours capables. Parce que, comme beaucoup d’autres états-nations, les “Etats-Unis”, dans leur ensemble, sont un monument à l’héritage toujours présent de la violence coloniale d’un ordre civilisationnel global. Notre tâche est de démanteler cet ordre et d’abattre ces monuments à la violence coloniale, tels que celui appelé “Amérique”.
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SOURCES:
The History of Indigenous Peoples’ Day
https://web.archive.org/web/20150214064328/
http://www.ipdpowwow.org/IPD%20History.html
http://www.berkeleydailyplanet.com/issue/2012-09-28/article/40260
http://www.history.com/topics/exploration/columbus-day
https://www.adl.org/sites/default/files/documents/assets/pdf/education-outreach/columbus-day-or-indigenous-peoples-day.pdf
https://nsarchive.wordpress.com/2011/10/07/document-friday-1992-threat-advisory-columbus-day-in-latin-america/
The Hidden 1970s: Histories of Radicalism
Red Skins White Masks, Coulthard
Wretched of the Earth, Fanon / Les Damnés de la Terre, Frantz Fanon
Resources & links:
Decolonization is Not a Metaphor:
www.decolonization.org/index.php/des/article/view/18630
www.warriorpublications.wordpress.com
www.indigenousaction.org
www.unsettlingamerica.wordpress.com
Accomplices Not Allies
: www.indigenousaction.org/accomplices-not-allies-abolishing-the-ally-industrial-complex/ Traduction française: https://chrisp.lautre.net/wpblog/?p=2339
An Indigenous Peoples’ History of the United States
by Roxanne Dunbar-Ortiz
Columbus and Other Cannibals
by Jack D. Forbes
Neo-Colonialism, The Last Stage of Imperialism
by Kwame Nkrumah
Settlers: The Mythology of the White Proletariat
by J. Sakai
Black Skin, White Mask / Peau Noire, Masque Blanc
by Frantz Fanon
A Dying Colonialism
by Frantz Fanon
The Wretched of the Earth / Les Damnés de la Terre
by Franz Fanon
Red Skins, White Masks
Glen Coulthard
Publié par Censored News
LES DIRIGEANTS LAKOTA POUR LE TRAITE PRESSENT LES NATIONS UNIES DE PRENDRE DES MESURES CONCRETES POUR UNE APPLICATION INTERNATIONALE DES TRAITES
3ème Séminaire des Nations Unies sur les Traités, Genève, 16-17 juillet 2012
Par Owe Aku International Justice Project (oweakuinternational@me.com)
Traduction Christine Prat
9 juillet 2012
Le Projet de Justice Internationale Owe Aku (« IJP » : International Justice Project) participe – guidé par le Conseil du Traité de la Nation Sioux des Black Hills, conduit par le Chef Oliver Red Cloud – au 3ème Séminaire sur les Traités, à l’Office du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme du Département des Affaires Economiques et Sociales des Nations Unies. Le Chef Red Cloud a signé l’intervention personnellement. Ce 3ème Séminaire, utilisant l’étude des Nations Unies sur les Traités, Accords et Autres Arrangements Constructifs, complété par le regretté et très respecté diplomate Cubain Miguel Alfonso Martinez, est intitulé « Renforcement du Partenariat Entre les Peuples Autochtones et les Etats : Traités, Accords et Autres Arrangements Constructifs ». Il se tiendra au Siège des Nations Unies à Genève les 16 et 17 juillet 2012.
On peut lire le document du Projet de Justice Internationale Owe aku et les annotations sur : http://www.oweakuinternational.org/Owe_Aku_IJP/3rd_UN_Seminar_on_Treaties.html. Le texte de l’intervention et document de séance est signé personnellement par le Chef Red Cloud et sera transmis aux Nations Unies à Genève par le Eyapaha, ou Porte-parole pour le Conseil du Traité de la Nation Sioux des Black Hills, Alexander White Plume.
Le but initial du document de séance était, pour la Lakota Oyate [Nation Sioux], d’explorer, dans le cadre des Nations Unies, des mécanismes concrets, fondés sur des solutions créatives, pour appliquer la loi internationale sur les traités. Des sanctions, des pressions diplomatiques et des poursuites devant les Cours internationales ont été suggérées. Lakota Oyate est prête à affronter l’arrogance coloniale et à suggérer que la violation de la loi internationale par les Etats-Unis n’est pas différente, par exemple, de la violation de la loi internationale par l’Iran. Nous invitons les Peuples et Nations Autochtones, qu’ils aient ou non des traités, ainsi que les nations membres ayant un sens de la justice, à nous rejoindre dans cette lutte.
Le Conseil du Traité de la Nation Sioux des Black Hills est l’instance gouvernementale traditionnelle de la Nation Lakota, aussi nommée parfois Lakota Oyate ou Nation Sioux (« Sioux » est le terme colonial – inventé par les Français – NdT). Tant historiquement qu’à l’époque contemporaine, la Lakota Oyate a fourni une bonne part de la résistance la plus dure à l’acharnement du gouvernement des Etats-Unis à nier notre souveraineté intrinsèque et à envahir et coloniser illégalement notre peuple, notre territoire et nos ressources. Nous n’avons jamais été vaincus militairement par les Etats-Unis et en 1868 ils ont été obligés de signer un traité, de nation à nation, avec la Lakota Oyate. Le traité est pleinement légal et a force de loi d’après la Constitution des Etats-Unis, une décision de la Cour Suprême et l’étude des Nations Unies sur les Traités, Accords et Autres Arrangements Constructifs.
Kent Lebsock, Directeur
Owe Aku International Justice Project for Lakota Treaty Justice & Advocacy
oweakuinternational@me.com
646-233-4406
646-395-1617 (fax)
on the web at www.oweakuinternational.org