Par Red Warrior Society
Publié par Censored News
25 novembre 2023
Photos ©Lakota Media Project
Traduction Christine Prat

En tant que Lakota, d’Oceti Sakowin [Conseil des Sept Feux, ou ‘Sioux’], nous sommes solidaires avec les Palestiniens. Nous connaissons trop bien la lutte pour l’autodétermination et le combat pour conserver des terres qui sont depuis longtemps liées à notre mode de vie, notre langue, nos cérémonies et le sang de notre peuple.

Nous connaissons depuis trop longtemps la lutte de communautés, pour garder leur identité et leurs liens avec les terres prises de force, et les gens tués au cours du combat pour leur vie. Nous avons vu le sang de notre peuple versé dans nos terres sacrées, les terres où on a fait pousser des fruits, les terres que vous avez arrosées pour vos oliviers depuis des générations. Nous voyons votre combat continu pour vos modes de vie, pour vos enfants, pour votre avenir et pour votre identité.

Bien que nous ne soyons pas physiquement avec vous, là-bas, nous voyons que l’oppresseur continue de vous couper du sang vital de l’océan. Pourtant, ils ne peuvent pas entamer la grandeur que voit le monde entier.

Le peuple d’Oceti Sakowin vous envoie des encouragements pour continuer votre lutte incessante pour la liberté. Nous continuerons à partager votre lutte, nous continuerons à boycotter, désinvestir, sanctionner et éduquer ceux qui n’en sont pas conscients.

Comme nous avons dû reconnaitre les composants suivants de l’occupation et de l’oppression, c’est important de créer ces liens au milieu des dynamiques de pouvoir des colonisateurs et du patriarcat, qui continuent à perpétuer ces dynamiques contre lesquelles notre communauté lutte toujours.

La limitation de mouvement. La limitation de nourriture et d’eau. Le vol des terres, de l’eau et des ressources par l’oppresseur. La négation de l’humanité essentielle. La limitation de l’accès au travail, à l’éducation supérieure et aux soins médicaux. Le manque d’accès à la représentation dans les institutions légales, les tribunaux et les prisons. Ils bombardent des ambulances, des hôpitaux et des écoles, ce qui ne devrait pas être autorisé au cours d’une guerre, mais ils le font quand même.

Pour les jeunes, entendre et voir ce qui se passe à Gaza, c’est, pour toute une génération, faire face aux conséquences d’actions qu’ils n’ont pas commises. Les enfants pensent à leur futur, mais ils pourraient ne pas en avoir.

Nous devons nous souvenir, qu’il y a des siècles, le but militaire des États-Unis était d’éradiquer les communautés Autochtones, et leurs modes de vie, en établissant le Bureau des Affaires Indiennes en 1823. Deux siècles plus tard, les États-Unis financent les forces armées Israéliennes pour éradiquer les Palestiniens. Le génocide est mal et c’est inacceptable.

Nous ne gagnerons jamais si nous n’arrivons pas à comprendre que nous avons des choses en commun : le dogme du colonialisme de peuplement et le besoin de droits humains pour tous les peuples Autochtones du monde. Nous sommes une famille avec une grande diversité. Quand nos anciens ont résisté à Wounded Knee en 1973, et aussi quand nos jeunes se sont rassemblés par milliers pour bloquer le DAPL en 2016, qui a montré de la solidarité ? Les Palestiniens.

Aujourd’hui nous sommes avec toi, Palestine. Notre action est notre prière. Des rives de la crique de Wounded Knee, des terres d’O’yuhpe, nous déclarons notre solidarité avec la Palestine.

Solidairement,

Red Warrior Society

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JEAN ROACH, LAKOTA, PARLE, A PARIS, DU ROLE DES FEMMES DANS LA LUTTE, DE LEONARD PELTIER ET DE LA PROTECTION DE L’EAU

Intervention enregistrée
Le 13 octobre 2018
Publiée
Le 22 octobre 2018
Traduction Christine Prat
In English on Censored News

La 38ème Journée de Solidarité avec les Peuples Autochtones, organisée à Paris par le Comité pour la Solidarité avec les Indiens des Amériques, le CSIA, a célébré plus de cinq siècles de luttes contre le colonialisme, le 50ème Anniversaire de l’American Indian Movement, et le 40ème Anniversaire du CSIA.

Jean Roach faisait partie des intervenants représentant l’AIM. Elle a parlé du rôle des femmes dans la lutte, de Wounded Knee, de la Protection de l’Eau et de la Terre, et surtout de Leonard Peltier, et appelé à soutenir sa libération.

Vous trouverez ci-dessous la transcription de son discours du 13 octobre 2018.

Christine Prat, CSIA

 

“Je m’appelle Jean Roach, j’appartiens à la Nation Lakota. Je vis près des Black Hills, dans le Dakota du Sud. J’aimerais remercier tous ceux qui sont venus et s’intéressent à nos combats.

Je représente un homme, Leonard Peltier, qui est en prison depuis 43 ans, ce qui fait aussi partie de la colonisation.

Quand nos familles sont attaquées, que ce fut au XVIII ème siècle ou dans les années 1970, les femmes doivent s’engager aussi. Nos enfants ont été donnés à l’adoption, emmenés de force dans des internats, où ils ont été battus, tués, assassinés. Nos hommes ont été emprisonnés, ou tués, ou les deux. Depuis le premier contact, nous avons eu de nombreuses victimes.

Ma Nation est celle des Miniconjou. Ce sont des gens de mon peuple qui ont été massacrés à Wounded Knee [29 décembre 1890]. Ça fait partie du rôle des femmes. Alors, des gens essaient de nous appeler des activistes ou des militantes, mais nous ne sommes que des mères et grand-mères. Nous protégeons les générations suivantes, ce sont nos actions en ce moment, et nous avons probablement de l’ADN de nos ancêtres qui ont été massacrés. Ainsi, quand nous parlons de Leonard Peltier, nous devons faire le lien avec le fait que son grand-père était l’un des 38 du Dakota [38 hommes pendus sur ordre de Lincoln, à Mankato, Minnesota, le 26 décembre 1862]. Pour les gens de nos générations, Leonard représente les manipulations des Etats-Unis.

Des gens parlent de prisonniers politiques, mais nous ne sommes que des Protecteurs de l’Eau. A Standing Rock, ils ont été attaqués sur la base de leurs croyances, de nos croyances en la protection de l’eau. Et ils sont aussi prisonniers politiques.

 

 

Comme je l’ai dit, Leonard Peltier est prisonnier depuis 43 ans. C’est le prisonnier politique le plus ancien du monde. Tout ce que nous demandons, c’est la justice. Et que l’histoire soit racontée et jamais oubliée. Nous voudrions que le monde international sache que nous souffrons et que nous avons toujours un prisonnier dans une prison. Et beaucoup d’autres. Jusqu’à ce qu’il soit libéré, nos Nations ne seront pas libres.

J’ai une abondante documentation sur ce dont je parle. Je demande à chacun de s’intéresser au cas de Leonard Peltier. Et je félicite tous les protecteurs de l’eau et de la Terre. Merci.”

 

 


Madonna Thunder Hawk, Lakota de Cheyenne River, a participé à l’Occupation d’Alcatraz [1969] et à Wounded Knee [1973]. Elle est depuis longtemps membre de l’American Indian Movement.
Madonna était parmi les Anciens de la résistance des camps de Standing Rock au Dakota Access Pipeline. Photo Dawn DeCora.

 


Article de Brenda Norrell
Censored News
9 janvier 2017
Traduction Christine Prat

 

Madonna Thunder Hawk, qui s’est exprimée en direct de Palestine, a parlé des similarités des luttes des Peuples Autochtones partout dans le monde, des Lakotas des états du Dakota, à la lutte en Palestine.

Madonna dit “Je voulais précisément participer à ce voyage. C’était important pour moi personnellement.”

Elle raconte qu’après l’affrontement de Wounded Knee [1973] avec l’armée des Etats-Unis, des soutiens de l’American Indian Movement étaient venus de Palestine et d’Irlande du Nord.

“Nous étions jeunes. Je pensais que nous étions seuls, comme toujours” dit-elle. Madonna ajoute que lorsqu’ils ont entendu parler de cette solidarité, elle a appris ce qui se passait dans d’autres parties du monde pour les Peuples Autochtones, et s’est rendu compte qu’ils n’étaient pas seuls.

Elle appris des mots comme “colonialisme”.

Exprimant sa gratitude d’être en Palestine, elle dit: “nous avons exactement les mêmes problèmes.” “Il y a un peuple qui essaie de maintenir sa base territoriale.” “Ça nous est familier, il y a seulement une différence d’échelle, un niveau différent.”

“C’était merveilleux d’aller au Camp Bédouin.” Elle explique que, comme chez elle, le vieux style de vie traditionnel a disparu, mais est toujours connu. Ils le connaissent toujours, c’est un peuple lié à une terre. Elle dit qu’il y a une mémoire ancestrale. “Nous n’avons pas besoin qu’on nous rappelle sans cesse qui nous sommes. Nous savons qui nous sommes.”

“Mon peuple avait sa base territoriale dans la vallée de la bête.” Elle dit que la dernière bataille avait été Standing Rock, et que les batailles continuent sur le plan juridique. “Nous n’avions pas d’armes” dit-elle à propos des forces venues les poursuivre. “Le système judiciaire a fait de nous des criminels.” Maintenant, les 800 personnes arrêtées à Standing Rock doivent se défendre.

Madonna dit qu’elle adressait des rapports à un groupe d’Anciens, chez elle, et devait être responsable.

Elle dit qu’elle était en train de parler avec un groupe de camarades, en Palestine. Lorsqu’on se rend sur les terres de Peuples Autochtones, c’est important de montrer du respect et de garder ses yeux et ses oreilles grand ouverts, dit-elle.

Elle dit apprécier la Voix Juive pour la Paix [Jewish Voice for Peace]. “J’apprécie d’être ici, et je vous apprécie tous.”

Madonna dit que le camp de Standing Rock, de milliers de personnes, était fantastique. Ça avait commencé avec des Autochtones venus de partout, d’Alaska jusqu’en Amérique du Sud. “En une nuit, notre camp avait triplé.” En une nuit, des jeunes gens blancs sont arrivés en masse.

Elle se souvint qu’elle était assise sur la colline et surveillait ce qui se passait. “Les pouvoirs de tout genre qui bloquaient l’autoroute.” Ainsi, la nuit, sur la seule route qui était ouverte, il y avait un flot de lumière de phares dans les deux sens.

Madonna dit qu’elle célébrait le fait d’y avoir participé et d’avoir pu voir cela arriver.

Maintenant, dans la lutte sans fin pour son peuple, elle dit ne plus voir de lumière au bout du tunnel.

“Le même contrôle des grandes compagnies privées est partout dans le monde.” Mais si vous êtes liés à une terre, vous faites partie du processus. Elle dit que les plus jeunes étaient impliqués dans la campagne de désinvestissement, les anciens sont leurs conseillers.

Lorsqu’elle a été interrogée sur le fait de prendre position, à Standing Rock, Madonna dit que son peuple prenait position automatiquement. “Quand l’appel est parvenu, ils se sont mis en route.” C’est la mémoire ancestrale, c’est un peuple lié à un territoire. Madonna raconta comment [au 19ème siècle] les bisons avaient été tués, l’écosystème avait été dérangé et les maladies étaient apparues. “C’est ce qui a conduit notre peuple aux négociations de paix.” “Le système capitaliste a toujours opéré selon le dollar.” Les Traités ont été signés de nation à nation, et ratifiés par le Congrès. “Ils sont la loi du pays.” C’était une question de survie pour le peuple, mais ce fut un vol de terres massif.

“Je suis là aujourd’hui parce que mes ancêtres ont pensé à plusieurs générations à venir.”

Les premières écoles étaient des écoles chrétiennes, et les valeurs Lakota ont été attaquées, y compris la société matriarcale. Ils ont dit aux gens que l’homme était le chef de famille et qu’il pouvait battre sa femme et ses enfants, et être sauvé le dimanche, dit Madonna. Ils ont attaqué la famille.

Les enfants étaient enlevés de force, leurs cheveux coupés, et ils étaient habillés de vêtements militaires. Ils venaient chercher les enfants avec des équipes et des diligences, puis avec des camions. L’éducation leur était imposée par la force. “Apprendre l’anglais nous a été imposé par la force.” Elle dit qu’elle avait été forcée d’apprendre l’anglais dans un internat. “On était puni si on parlait notre langue.”

Plus tard, après Wounded Knee, [les Lakotas] ont ouvert leur propre école à Rapid City, dans le Dakota du Sud. Ils voulaient que les enfants soient dans un endroit sûr. “Nous voulions surtout acquérir des connaissances.” Ce fut la première école alternative là-bas. Puis, le système scolaire a commencé à faire la même chose. “Nous avons été cooptés,” par des écoles qui pouvaient avoir les fonds pour fonctionner.

Puis, l’eau a été contaminée par l’extraction d’uranium.

Madonna dit qu’elle sait ce qu’est le génocide. Elle a parlé de la mentalité de la charité, comme faisait l’Eglise en payant les services pour les gens. “Ça affaiblit tout le monde.”

 

Vous pouvez écouter toute l’interview (en anglais, 50 minutes). Madonna y compare la Palestine et les Etats-Unis. Elle parle aussi de la solidarité et de comment elle a appris d’autres parties du monde qu’ils n’étaient pas seuls dans leur lutte.

https://www.facebook.com/madonna.hawk/videos/10215247079793379/