Par Indigenous Action Media
15 juin 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

L’ICWA a été adoptée en 1978, à cause de la pratique génocidaire rampante, poussée légalement par des chrétiens blancs, de retirer des enfants Autochtones de chez eux et de les placer dans des familles blanches chrétiennes. La loi a été créée pour résoudre un problème que le colonialisme avait créé. L’état colonial de peuplement ne voyait pas l’intérêt de « garder les enfants Autochtones dans leurs Tribus » jusqu’à ce qu’il soit certain que ces enfants seraient assimilés passivement à l’ordre « civilisé ».

Que des familles blanches qui volent des enfants Autochtones, devrait être un non-problème. Qu’une discussion justifie le fait de laisser les enfants Autochtones avec les gens de leur peuple ait lieu, fait partie du problème plus large de la suprématie blanche, de l’hétéronormativité et du génocide des Autochtones.

Avant que l’ICWA ne soit adoptée en 1978 :

  • 25 à 30% de tous les enfants Autochtones étaient enlevés à leurs foyers ;
  • Parmi eux, 85% étaient placés hors de leurs familles et de leurs communautés – même lorsque des membres de la famille étaient capables et désireux [de s’en charger].
  • Aujourd’hui, les familles Autochtones ont 4 fois plus de chance qu’on leur retire leurs enfants pour les placer dans des foyers ou familles d’accueil que des Blancs dans la même situation.

(Infos du site https://nicwa.org/about-icwa )

Avant 1492, les enfants Autochtones n’étaient pas volés par des prédateurs coloniaux.

Alors que l’ICWA est célébrée comme affirmation de la souveraineté Autochtone, en réalité elle affirme le pouvoir du Congrès de réguler les échanges (La Clause du Commerce) avec les Peuples Autochtones et les pleins pouvoirs sur les « affaires Indiennes ». Les pleins pouvoirs ou une autorité plénière sont un pouvoir absolu d’engager une action sur un problème particulier, sans aucune limitation.

La bataille légale autour de ICWA efface les enfants Autochtones qui ne sont pas de tribus reconnues au niveau fédéral, de communautés de la frontière, et des migrants, et ne concerne pas les problèmes de désenrôlement. Particulièrement dans la mesure où l’ICWA pose spécifiquement « des exigences qui s’appliquent à un enfant pupille de l’état, s’agissant d’un enfant Indien qui est membre ou susceptible de le devenir, d’une tribu reconnue au niveau fédéral. » L’ICWA remet en vigueur une politique de citoyenneté « Indienne » que certains gouvernements Tribaux utilisaient pour exclure les descendants métis. À part l’ICWA, le vol d’enfants se produit toujours dans le système de foyers d’accueil, où les jeunes Autochtones finiront très probablement.

Le discours autour de l’ICWA est aussi intrinsèquement cis-hétéronormatif, étant donné qu’il laisse tomber les familles queer & deux-esprits. L’ICWA définit l’enfant Indien comme « une personne non-mariée, âgée de moins de dix-huit ans et est soit (a) membre d’une tribu Indienne, soit (b) satisfait aux règles d’appartenance à une tribu Indienne et est l’enfant biologique d’un membre d’une tribu Indienne… »

Quelle justice pouvons-nous attendre d’un système colonial qui applique aussi des lois anti-Autochtones, qui sanctionnent la profanation de terres sacrées et attaquent l’autonomie corporelle ?

Nos cultures et nos communautés sont-elles si désespérées et brisées que nous en arrivons à célébrer le fait que des colonisateurs décident si nos enfants doivent être avec nous ? La « nécessité » apparente de l’ICWA démontre la fausseté des lois coloniales et la violence prédatrice de la suprématie blanche qui rode en permanence autour de nos foyers.

Que des lois coloniales soient nécessaires pour empêcher des blancs de voler purement et simplement des bébés Autochtones, est le résultat d’un problème systémique beaucoup plus profond que ce que des lois comme l’ICWA peuvent traiter.

Beaucoup de nos familles et de nos foyers sont brisés à cause de la colonisation, encore plus de lois coloniales ne vont pas les réparer.

Quelles sont les solutions enracinées culturellement et non-fondées par l’état, pour garder les enfants Autochtones dans nos familles ?

www.indigenousaction.org


Par Indigenous Action
Publié sur Facebook
21 octobre 2020
Traduction Christine Prat

En termes de spiritualité Autochtone, il n’y a rien de sacré dans l’acte de choisir qui va vous gouverner et avec quelles règles vivre sous la domination coloniale. Faire allégeance à, et perpétuer activement l’ordre politique colonial qui est fondé sur le génocide, l’esclavage et l’écocide, est en réalité une mort spirituelle pour les Peuples Autochtones. C’est une violence contre les luttes de nos ancêtres.

Historiquement, les Peuples Autochtones ont résisté aux politiques assimilationnistes des Etats-Unis, qui leur ont imposé la citoyenneté et nous ont dépouillés de notre souveraineté. Ce programme d’assimilation a été responsable des pensionnats, conçus pour saper violemment nos manières d’être, y compris nos systèmes de gouvernance culturels. Il n’y a rien de sacré dans l’institution violente de pensionnats, ni dans l’imposition de la citoyenneté US et de la gouvernance coloniale.

Dire « voter c’est sacré » sape également des décennies de luttes pour affirmer le caractère sacré et la protection de nos sites sacrés. Si on confère un caractère sacré à l’acte de déposer un bulletin dans l’urne, on renforce les affirmations des tribunaux coloniaux qui tenaient profondément les croyances Autochtones pour « des expériences émotionnelles et subjectives. » (Voir le cas de la Nation Navajo contre le Service des Forêts et autres).

La résistance Autochtone, par contre, EST sacrée. Bien que certains de nos ancêtres se sont battus pour participer à la politique coloniale (ou un siège à la table du colonisateur), ils furent beaucoup plus nombreux à se battre farouchement pour la libération par la cérémonie et la prière.

Les pratiques religieuses Autochtones ont été interdites par les Etats-Unis jusqu’en 1978. Nos cérémonies ne se sont pas arrêtées sous prétexte qu’elles étaient « illégales. » La Loi sur la Liberté Religieuse des Indiens d’Amérique a été adoptée à cause des puissants soulèvements militants qui avaient commencé à Alcatraz et ont continué avec les occupations et les actions de l’A.I.M.

Les luttes de nos ancêtres pour protéger nos terres et nos modes de vie n’étaient pas causées par un bulletin de vote. Ne confondons pas cela avec une campagne astucieuse de marketing politique, qui réifie sans critique l’autorité du colon. Les organisations à but non-lucratif reçoivent des milliers de dollars pour démarcher pour des votes. Le complexe industriel à but non-lucratif a été conçu pour réprimer et contrôler les mouvements. (Voir La Révolution Ne Sera Pas Subventionnée)

Peu importe que vous salissiez l’urne électorale, elle ne peut pas être décolonisée.

LA RÉSISTANCE AUTOCHTONE EST SACRÉE

 

Automne 2017 (vl.0)
Corrections et contributions par
Le Collectif Indigenous Action Media et ses amis
www.indigenousaction.org
Traduction Christine Prat

 

DECLARATIONS, DECONNEXION ET RECUPERATION DE LA DECOLONISATION

Tandis que le rythme des déclarations, par les forces d’occupation, d’une “Journée des Peuples Autochtones” (JPA) s’accélère, nous ne pouvons nous empêcher de nous sentir déconnectés des célébrations.

A part le soulagement psychique, à quoi est-ce que ça nous avance si l’état démonte ces statues et proclame la “Journée des Peuples Autochtones”, alors que les structures et les systèmes enracinés dans la violence coloniale demeurent intacts? N’est-ce qu’une posture politique ou un artifice pour diminuer l’agitation libératrice? Nos sens sont en éveil vu que la plupart des rebaptisations de Columbus Day en JPA semblent n’être que du blanchiment d’héritage colonial.

Les statistiques sont trop connues: les Peuples Autochtones aux “Etats-Unis” sont le groupe ethnique victime du plus fort taux d’assassinats par la police, du plus fort taux d’incarcérations et de violence sexuelle, et a le plus fort taux de SDF.

Alors oui, nous avons de très bonnes raisons d’être sceptiques face à des gestes symboliques.

Nous sommes tous pour la suppression des symboles coloniaux et des mythes nationalistes, dans la mesure ou des aspects structurels comme le colonialisme et le racisme disparaissent du même mouvement. Le problème c’est que ce n’est pas le cas. Ces décrets sont vite adoptés par leurs défenseurs comme des “pas dans la bonne direction” pour les intérêts des Autochtones, cependant – et nous allons le montrer ici – ils ne servent qu’à ossifier le pouvoir colonial. Quoi d’autre pourrions-nous récolter de déclarations superficielles lâchées d’en haut par les instances gouvernantes d’occupation?

Les aspirations à la décolonisation sont embourbées dans la cosmétologie libérale de gauche, si rien de concret n’est fait pour remettre en cause la brutalité anti-Autochtone historique et toujours en cours. C’est un processus conciliatoire insidieux de récupération décolonisante, enraciné dans un changement culturel et symbolique, visant d’abord à transformer son statut social. Il n’arrive pas à affronter et à transformer le pouvoir social de façon significative.

Pour illustrer cela, presque toutes les déclarations de “Journée des Peuples Autochtones” passées récemment, utilisent le même modèle, avec des variations mineures:

Réaffirmation de “l’engagement à promouvoir le bien-être et la croissance des Amérindiens et de la communauté Autochtone du _____.” [les blancs remplacent le nom de états ayant adopté la mesure – NdT]

Reconnaissance de ce “que les Peuples Autochtones des territoires qui deviendraient plus tard les Amériques ont occupé ces territoires depuis des temps immémoriaux; et

– _____ reconnaît le fait que _____ est construit sur les terres et les villages des Peuples Autochtone de cette région, sans lesquels la construction du _____ n’aurait pas été possible; et

– Appréciant “les nombreuses contributions apportées à notre communauté par le savoir, le travail, la technologie, la science, la philosophie, les arts et la profonde contribution culturelle des Peuples Autochtones, qui a significativement formé le caractère du _____; et

– _____ a la responsabilité de s’opposer au racisme systématique envers les Autochtones aux Etats-Unis, qui perpétue le fort taux de pauvreté et les inégalités de revenus, ce qui exacerbe de façon disproportionnée les crises sanitaires, scolaires et sociales; et

– _____ favorise la réduction de l’écart d’équité pour les Peuples Autochtones par des politiques et des pratiques qui reflètent ce qu’ont vécu les Peuples Autochtones, assure un meilleur accès et une plus grande opportunité, et honore les racines, l’histoire et les contributions autochtones de notre nation; et

coetera…

Les origines de la JPA remontent à 1977, quand une délégation de Peuples Autochtones a proposé de remplacer le Columbus Day à la “Conférence Internationale sur la Discrimination Contre les Populations Autochtones dans les Amériques” des Nations Unis, en Suisse.

Le rythme s’est accéléré en juillet 1990, quand des représentants de plus de cent Nations Autochtones se sont organisés pour le “500ème anniversaire de la Résistance Indigène à l’invasion Européenne des Amériques.” Une résolution a été passée pour transformer le Colombus Day de 1992 “en une occasion de renforcer notre processus d’unité continentale et de lutte vers notre libération.”

Un an plus tard, après la constitution d’un comité appelé Résistance 500 dans les territoires occupés Ohlone aka “Berkeley, California,” le conseil municipal a été le premier des “Etats-Unis” à déclarer le 12 octobre Journée des Peuples Autochtone. La résolution appelait à une journée de “cérémonies, manifestations et discours culturels”, à la participation des écoles et à une procession informelle.

Dans les “Pays du Sud” nos parents ont suscité un avis de menace de la CIA disant que “Le comité de renseignement des Etats-Unis évalue qu’il y a une augmentation du potentiel de violence terroriste dans certains pays d’Amérique Latine, en lien avec l’observance le 12 octobre du 500ème anniversaire de l’arrivée de Colomb dans le Nouveau Monde.” Il y eu parmi les attaques, des bombes contre des cibles des Etats-Unis comme des églises, des banques et la résidence de l’ambassadeur des Etats-Unis au Chili. Le bureau international de United Press au Pérou fut libéré pour une émission de radio dénonçant l’invasion par Christophe Colomb.

En même temps, aux “Etats-Unis”, la JPA – dans le pire des cas – a absorbé les tendances à la décolonisation et les a transformées en marchés culturels annuels approuvés par les états. Avec des ONG ou des managers auto-proclamés contenant le niveau: ce n’est que pow-wow sans rage, et zéro mention de responsabilité ou de libération. La machinerie de ce genre de “célébrations” ne nous est que trop familière, comme ce “Mois du Patrimoine Amérindien” qui est déjà souligné par des danses, des ventes et une série d’autres marchandises essentialisées. Ce n’est qu’une expression du partenariat structurel et intime du capitalisme et du colonialisme, c’est la JPA (marque déposée), tous droits réservés. Un jour férié sur des terres volées.

“SE FIXER SUR L’ABOLITION D’UNE JOURNEE QUI CELEBRE LE GENOCIDE DES PEUPLES AUTOCHTONES, C’EST IGNORER LES 364 AUTRES QUI SONT TOUJOURS SOUS LE JOUG DE L’OCCUPATION ET DE L’EXPLOITATION DES VIES ET DES TERRES AUTOCHTONES.”

Amrah Salomon J., Mexicain et O’odham, déclare: “Nommer et célébrer sont des moyens importants de normaliser le génocide et le colonialisme. Nommer des lieus et des jours de célébration d’après d’horribles tueurs comme Cristoforo Colombo, est un moyen de créer l’acceptation sociale de ses crimes: viol, torture, invasion, génocide, et avoir été l’architecte de l’incarcération de masse et du commerce d’esclaves chosifiés (qui emmenait des esclaves Amérindiens en Europe et des esclaves Africains aux Amériques). Voir ces noms célébrés autour de nous suscite un profond traumatisme historique pour les Noirs et les Peuples Autochtones et fonctionne comme une forme de micro agression raciale.”

Salomon ajoute: “Alors oui, il est important de supprimer ces noms insultants de nos géographies quotidiennes, de supprimer ces jours de fêtes, et de retirer les monuments qui glorifient l’esclavage, le colonialisme et le génocide. Mais se préoccuper des représentations publiques qui glorifient la violence coloniale et raciale ne suffit pas, nous devons aussi mettre un terme aux actes constants de violence coloniale et raciale pour que ces mesures représentatives aient une quelconque importance sociale durable. Si la statue de Christophe Colomb et la célébration du génocide qu’est Thanksgiving n’existent plus, il y a toujours une myriade d’autres actes de violence coloniale qui se produisent chaque jour et auxquels il faut remédier. La rectification du colonialisme ne peut s’accomplir que par la décolonisation. La rectification du racisme ne peut s’accomplir qu’avec l’abolition de la suprématie blanche en tant qu’institution structurelle et système social, pas seulement comme pratique individuelle de fanatiques. Et la rectification de l’hétéro-patriarcat, ne peut s’accomplir que par son abolition.”

AU-DELA DE LA RECONNAISSANCE

As Charlie 2015, “Detroit, Michigan”

Sepulveda, un Tongva des territoires occupés de “Los Angeles”, déclare: “Changer Columbus Day en Journée des Peuples Autochtones, bien que correct, n’est rien de plus qu’une politique de reconnaissance. Ce n’est pas la justice. Ça ne rend pas le territoire. Ça ne fait pas progresser les Tongva vers la décolonisation ni ne renforce notre capacité à être souverains. Ça permet à L.A. de reconnaître les Autochtones sans avoir à faire quoique ce soit pour ébranler radicalement l’ordre hégémonique du colonialisme de peuplement. Désolé de faire pleuvoir sur votre parade.” Sepulveda ajoute: “Je suis reconnaissant envers ceux qui travaillent à l’abolition du Colombus Day. C’est important. Cependant, les Tongva ont désespérément besoin de plus que d’un changement de nom symbolique. Et c’est le territoire Tongva, pas un territoire ‘Indien’. – J’espère que c’était clair [dans la déclaration de la JPA]? Sinon, alors pourquoi pas? Nous sommes toujours là.”

Il est important de comprendre les politiques de reconnaissance en termes de stratégie et de tactique. Si le but est l’autonomie Autochtone, la libération du territoire, des gens et d’autres êtres, alors pourquoi demander à nos oppresseurs de simplement admettre ou reconnaître notre existence?

Glen Coulthard, Yellowknives, Dene, écrit dans son essai ‘Peuples Autochtones et Politique de Reconnaissance’ que “… les puissances coloniales ne reconnaîtrons les droits et les identités collectifs des Autochtones que dans la mesure où cette reconnaissance ne fait pas obstruction aux impératifs de l’état et du capital.” Coulthard affirme aussi, dans son livre ‘Peaux Rouges, Masques Blancs’ que “… dans des situations où le pouvoir colonial ne dépend pas uniquement de l’exercice de la violence d’état, sa reproduction repose sur la capacité à induire les Peuples Autochtones à s’identifier, implicitement ou explicitement, avec des formes de reconnaissance profondément asymétriques et non-réciproques, imposées ou accordées par l’état et la société de colons.”

Ceci ne veut pas dire que les attaques contre l’identité Autochtone sous forme de mascottes racistes, de stéréotypes dans des films et des publicités, d’appropriation ‘tendance’, etc. ne causent aucun dégât.

Comme Charles Taylor le note dans le livre ‘Multiculturalisme: En Examinant les Politiques de Reconnaissance’, “…souvent, par la méconnaissance des autres …une personne ou un groupe peut subir des dommages réels, une distorsion réelle, si les gens ou la société autour d’eux leur renvoient une image d’eux-mêmes limitatrice, humiliante ou méprisable. La non-reconnaissance ou la méconnaissance peut faire du tort, et peut être une forme d’oppression, emprisonnant l’individu dans un mode d’existence faux, tordu et réduit.”

Comprendre comment la politique de reconnaissance fonctionne peut éviter les pièges de la cooptation et ouvrir les voies d’une plus grande résistance.

Même le fait de “reconnaître les Peuples Autochtones sur les terres desquels nous vivons” désincarne les identités Autochtones. C’est extrêmement différent de soutenir et d’honorer les protocoles et les coutumes en tant que visiteur ou invité, et de seulement reconnaître leur existence. Pour mettre cela en perspective: la plupart des mouvements actuels pour instaurer la JPA trouvent leur origine dans des milieux urbains, sans engagement significatif des populations d’origine de ces territoires. Cette recolonisation perpétue l’effacement même que la JPA doit solutionner, c’est un exemple criant de violence latérale.

Coulthard souligne comment “la politique de reconnaissance dans sa forme libérale contemporaine promet de reproduire la configuration même du pouvoir d’état colonial, raciste et patriarcal que la demande de reconnaissance des peuples Autochtones a historiquement cherché à transcender.”

La déshumanisation peut être adoucie par des actions qui réaffirment l’identité Autochtone, mais nous insistons pour aller au-delà de la reconnaissance, vers ce que Frantz Fanon offre aux Damnés de la Terre: “…c’est précisément au moment où [le colonisé] réalise son humanité qu’il affute les armes avec lesquelles il assurera sa victoire.”

LIBERALISME DE GAUCHE OU LIBERATION?

Comme il a été dit que la JPA “était un pas dans la bonne direction”, nous demandons “quelle direction?” Réclamer une Journée des Peuples Autochtones comme un acte de décolonisation est un échec des assimilationnistes de gauche. Mettre un terme symboliquement à l’héritage de Colomb tout en perpétuant et en bénéficiant de la violence de la “doctrine de la découverte” n’est qu’une impasse de plus du libéralisme Autochtone. Si nous comprenons que la colonisation a toujours été la guerre, alors pourquoi menons-nous une bataille pour notre reconnaissance et notre affirmation à travers des structures de pouvoir coloniales?

Bettina Castagno, métisse Kanien’kehá:ka, déclare: “Ceux-là pensent, en toute bonne intention, qu’ils aident, mais ne savent pas que pour ces ‘jours fériés’ c’est toujours la culture dominante qui décide de ce qui doit être célébré. Ces jours deviennent finalement une célébration de consommateur capitaliste, reprenant le système de valeur des cultures rapaces dominantes, avec les valeurs et les conduites chrétiennes euro-centriques.” Castagno ajoute: “A ce jour et en cette période de l’histoire des “Etats-Unis”, non ça ne suffit pas de nous jeter un jour férié. Revisitez l’histoire: après nous avoir jeté des couvertures, de la nourriture commerciale, du poison caché dans des bouteilles d’alcool, avoir stérilisé des femmes Autochtones, empoisonné la terre avec de l’uranium, nous avoir fourgué des soins médicaux et une éducation de qualité inférieure, avoir violé les traités, volé le territoire, un simple jour férié est insultant. Nous ne sommes pas libres parce qu’on nous dit que nous sommes libres, nous ne sommes pas libres parce que c’est imprimé sur du papier, ou sur des pièces de monnaie, nous ne sommes vraiment libres que lorsqu’il n’y a pas d’entité dominante ou d’autre culture qui prend les décisions pour notre peuple, notre terre, nos médicaments, notre bétail, notre nourriture, notre eau, notre éducation et notre santé.”

Rendez-vous compte que leur constitution ne garantit toujours pas aux Peuples Autochtones la protection de la liberté religieuse relative aux sites sacrés. Les sites sacrés sont nos sanctuaires ou “monuments” dans les relations que nous avons entretenues depuis des temps immémoriaux et font intégralement partie de la continuation de notre existence. Pourtant, ils sont constamment profanés et attaqués par ces forces politiques qui aujourd’hui vilipendent des facettes sélectives de leurs transgressions passées. Les Black Hills sacrées, dans le Dakota du Sud occupé – qui célèbre le ‘Jour des Amérindiens’, pas le Columbus Day – ont été profanées par l’extraction de ressources minières et par le monument blasphématoire aux présidents génocidaires possesseurs d’esclaves, et l’American Indian Movement a férocement combattu pour elles et pour les reconquérir à de multiples reprises pendant les années 1970. Il y a des télescopes, des stations de ski, des pipelines, des mines, des gratte-ciel, et autres effigies de l’oppression qui profanent ou menacent de violer d’innombrables sites sacrés en ce moment même.

En 2015, surfant sur la vague de déclarations de JPA, la ville de Flagstaff, en Arizona, a proposé de suivre le mouvement. Etant donné leur rôle, par un contrat pour la vente de millions de litres d’eaux usées à la station de ski Arizona Snowbowl, dans la profanation des San Francisco Peaks sacrés, un groupe de gens a mis un point final à l’affaire. Le groupe a demandé: “comment cette action peut-elle bénéficier aux Autochtones plutôt que d’apaiser la culpabilité blanche?”

Ils ont publié une déclaration initiale exprimant comment “nous désirons voir le Columbus Day aboli dans tous nos territoires et pouvons voir comment d’autres sauteraient sur l’occasion de soutenir ce geste, après tout, la confiance et la guérison sont nécessaires et beaucoup d’autres communautés ont durement combattu au cours de leurs propres campagnes pour changer le nom. Peut-être qu’un processus significatif peut être avancé, incluant traiter la question du traumatisme historique du colonialisme de peuplement, qui partirait du principe que Flagstaff n’est pas une ‘ville-frontière’ mais un territoire Autochtone occupé et volé, qui annulerait immédiatement le contrat avec Snowbowl, qui mettrait un terme au profilage racial, à la violence policière, et à la criminalisation de nos frères SDF, qui protègerait Notre Mère la Terre et subviendrait à des communautés en bonne santé et justes. Un processus qui irait au-delà de la requalification de la façon dont notre oppression est reconnue et restructurerait nos relations de pouvoir vers l’abolition de la suprématie blanche, de l’hétéro-patriarcat, du capitalisme et du colonialisme de peuplement.”

Alternativement, le groupe a proposé un processus complet pour résoudre matériellement les conditions sociales et politiques causées par la politique perpétuellement anti-Autochtone poursuivie par la Ville. Alors que la base était prometteuse, le projet initial a finalement été coopté par des de-gauche qui ont laissé de côté les aspects de responsabilité et d’émancipation de la communauté. En devenant un projet libéral ‘de gauche’ servant à améliorer le fonctionnement des forces d’occupation dominantes, c’est devenu un projet de perpétuation de la violence coloniale.

Quand la ville de Phoenix déclara la JPA, Alex Soto, Tohono O’odham, dit: “Si la ville de Phoenix reconnaissait vraiment les Peuples Autochtones, elle aurait présenté une motion et passé une résolution contre la bretelle d’autoroute de la Montagne du Sud.” Alex ajoute: “La politique de reconnaissance par les colons (JPA) n’assure en rien notre existence. Au mieux, ça renforce l’idée selon laquelle nous sommes un peuple conquis. Je mettrais plutôt mon énergie à brûler la table, si des gestes d’acceptation et de respect non sincères sont offerts par les institutions coloniales. Fondamentalement, tout effort que nous mettons dans la JPA devrait au grand minimum être mis dans de vraies campagnes qui protègent notre culture Autochtone locale. Sinon, à quoi ça sert?”

Tandis que Phoenix se prépare à célébrer sa première JPA, les échos de la dynamite qui fait sauter la Montagne du Sud sacrée seront probablement noyés par les festivités.

Andrew Pedro, Akimel O’odham de Gila River, met certaines choses au point: “La Journée des Peuples Autochtones à Phoenix continue à être une façade de la résistance Autochtone. Juste au sud de Phoenix, Moadag (la Montagne du Sud) est profanée par la construction de l’extension de la bretelle 202. C’est la colonisation du 21ème siècle par l’état, mais devrions-nous tout de même être reconnaissants de ce que l’état change le nom d’un jour férié? Je pourrais être pour, si le jour férié lui-même n’était pas le but final. Le changement de nom est une victoire symbolique. Utilisez la lutte comme plateforme pour formuler des exigences pour nos sites sacrés, mais ce n’est pas ce qui se passe. Il est clair que l’organisation libérale ‘de gauche’ est l’obstacle qui empêche toute réalisation réelle de la victoire. Au lieu d’attaquer la colonisation du 21ème siècle, ils choisissent de célébrer ce que les colonisateurs leur ont donné.”

Ces menaces posées par l’infrastructure à l’existence Autochtone sont produites par les forces systémiques même qui ont poussé Colomb à commettre le génocide des Taino. Défendre ce qui est sacré n’est pas nouveau, c’est aussi vieux que la résistance à Colomb et autres envahisseurs coloniaux bien-méprisés, alors pourquoi célébrer les gestes vides de politiciens? Qu’en est-il du soutien et de la célébration des luttes incessantes pour la libération de Notre Mère la Terre?

Il faut mettre en perspective le fait que des gens se sont précipités pour soutenir la résistance #nodapl, alors qu’ils perpétuent l’annihilation de terres sacrées et des luttes pour les droits à l’eau là où ils vivent. Ça ne veut pas dire que le Lac Oahe (la confluence sacrée entre la rivière Cannonball et le fleuve Missouri) ne garantisse pas un soutien critique, mais qu’il faut se remettre dans le contexte des luttes au sens le plus large, pour défendre ce qui est sacré et protéger l’eau. La lutte anticoloniale exige de comprendre que le front est partout. Ça mesure et calcule comment le pouvoir colonial opère. Si nous ne construisons pas ces notions dans nos luttes, nous risquons d’atteindre le point final là où Idle No More a laissé sa marque. Sans un engagement significatif dans la défense des sites sacrés immédiat, en même temps que dans la lutte contre le capitalisme et le colonialisme (ajouter racisme et hétéro-patriarcat), nous risquons de connaître un futur pas tellement éloigné, où les gens conduiront leurs hybrides à travers la Montagne du Sud (site sacré juste à côté de “Phoenix, Arizona”), sur la bretelle 202, skieront sur la neige faite de merde à Arizona Snowbowl, sur les Pics sacrés, en portant des t-shirts #nodapl ou “Defend the Sacred” qu’ils auront acheté à une fête de la Journée des Peuples Autochtones quelques semaines auparavant. Ce type particulier d’activisme superficiel et de pose anticoloniale est devenu dominant après Standing Rock.

La Journée des Peuples Autochtones, en tant que processus de collusion avec les forces étatiques d’occupation, risque de devenir un rite colonial patriotique plutôt que quelque chose qui s’assimile à une libération.

ROMPRE AVEC LA POSE ANTICOLONIALE

Nous aimerions prendre un instant pour expliquer ce que nous voulons dire par “pose anticoloniale.”

Cette attitude cherche à se justifier et s’auto-légitimer avec le plus de bruit possible, quelquefois délibérément et d’autres fois par vertu, tout en noyant les voix Autochtones critiques. Habituellement, par le vacarme familier de la rhétorique qui délégitimise et dénie dans des rencontres privées de personne à personne (sans responsabilité), blanches ou universitaires (parfois les deux) ou par des déclarations en ligne (qui signifient nous allons faire ce que nous voulons de toutes façons, nous vous avons seulement ‘entendus’), ou la tactique certainement pas innocente, mais la plus utilisée, de l’ “invitation à faire part de vos soucis.” Vous voulez vraiment que nous nous présentions à votre soirée pour dire combien c’est problématique et cependant ne rien faire pour changer fonctionnellement ce que vous êtes en fait en train de faire? Il n’y a rien d’anticolonial là-dedans.

C’est le règne du fascisme d’alliance coloniale/blanche, c’est en réalité, anti-Autochtone. Cette forme de posture radicale réclame tellement sa validation qu’elle cherche agressivement ceux qui peuvent être d’accord, et quand elle les a trouvés, les objective et capitalise leur participation. Ce n’est pas une forme de solidarité, c’est de l’exploitation brutale. C’est là où la fausse alliance des colonialistes rejoint le capitalisme. En clair, la posture anticoloniale maintien la suprématie blanche et le capitalisme.

Les tentatives les plus primaires de blanchir le colonialisme anticolonial résultent en un visage rouge de façade. En l’état, il y aura toujours quelques loups pour danser et là où il y a une chance de gagner une position sociale, du pouvoir par la proximité avec les blancs, on sort pour danser avec les loups.

La pose anticoloniale prospère sur la violence latérale. Prendre des poses radicales et réduire au silence ceux qui ne sont pas d’accord, c’est comment navigue la suprématie blanche pour se perpétuer. Ça nous est familier, à nous qui sommes des Autochtones radicaux/anarchistes/anticapitalistes/antiautoritaires, vu que nous y avons déjà été assujettis et que nous recevons constamment ses coups. Bien sûr nous continuons à être confrontés au fait qu’on peut se débarrasser de nous tous les jours. Les communautés et les lieus radicaux ne sont pas des exceptions à moins d’être les nôtres, ou à moins que beaucoup de travail à long terme pour construire des relations dans le combat, pour vraiment devenir des complices et non pas des alliés, ait été fait. Et encore, à quel point cette relation a de sens ne sera jamais déterminé par des colons blancs. Jamais.

DERACINER LE COLONIALISME

Le colonialisme n’est pas un évènement statique mais une structure construite sur des idées.

Supposer que les structures du pouvoir colonial pourront plier devant des arguments moraux est un point de vue qui admet que le pouvoir colonial peut être absout, nous croyons qu’il ne le peut pas. Il doit être détruit et les conditions qui précipiteront sa chute doivent aussi être enracinées dans ces terres. En tant qu’abolitionnistes anticoloniaux, nous visons le démantèlement total et la destruction systématique de la domination coloniale et de l’exploitation de ces terres.

Nous désirons l’éradication de la géographie coloniale, et voyons que le démantèlement de la documentation historique et de l’iconographie en fait intégralement partie, mais nous affirmons que de tels gains devront être entièrement dans les mains des gens, pas de l’état.

Quand des mains Autochtones et/ou complices non autorisées et sans médiation, frappent ou brisent ces statues, ces monuments, et ces jours de reconnaissance, le mouvement vers la déstabilisation de l’emprise coloniale mortelle sur notre humanité est libéré.

Ce genre d’attaques contre les signes matériels du pouvoir colonial peuvent briser sa légitimité.

Amrah Salomon J. déclare: “L’abolition et la décolonisation, avec l’auto-détermination collective, exigent des actions concrètes. Des actions qui peuvent commencer par abattre une statue ou supprimer un jour férié, mais qui ne peuvent certainement pas s’arrêter là, vu qu’enlever un monument ne fait rien pour en finir avec les incarcérations de masse ou la brutalité policière, et la suppression d’un jour férié ne fait rien pour remédier au fait que les vies Autochtones soient sacrifiables ou à la profanation des sites sacrés. Oui, les statues racistes doivent être abattues et les fêtes racistes doivent être abolies, mais le cynique changement de nom des fêtes et des statues en une sorte de célébration de bonne conscience inclusive (les arguments en faveur de la diversité et de l’intégration sont en fait une assimilation culturelle au colonialisme de peuplement, certainement pas un profond règlement de compte avec nos politiques de différence) est autorisé par l’état parce qu’il peut être réduit à un mécanisme par lequel la société des colons autorise les actes de colonialisme et le terrorisme racial à se perpétuer tandis qu’elle se lave les mains de toute responsabilité d’y faire quelque chose. Nous rejetons cela.”

Nous pouvons et devons défier et attaquer de façon cruciale les idées et les structures de la suprématie blanche, de l’hétéro-patriarcat, du capitalisme et du colonialisme. Après tout, les gens des communautés des territoires Ute occupés à Denver et au-delà, ont combattu pendant des années pour changer le Columbus Day et mettre à bas les glorifications des conquistadors et autres colonisateurs violents, tout en organisant leurs efforts pour guérir de la souffrance du traumatisme historique et intergénérationnel.

LA LUTTE ANTICOLONIALE SIGNIFIE L’ATTAQUE

K’in Balaam dit: “Les attaques anticoloniales sont des coups décisifs qui visent à obtenir l’une de ces trois choses: 1) l’expropriation des ressources pour notre propre survie, 2) changer matériellement les conditions des relations de pouvoir et du contrôle géographique, 3) saboter et miner activement la continuité du pouvoir colonial, de ses ressources, de sa culture et de son contrôle. Bref, c’est quelque chose de mesurable, pas un simple sentiment, ni un jeu de mot représentant un accord en paroles, pas en acte, facilement oublié et laissé de côté le lendemain. Nous n’essayons pas de rejoindre le parti des colons. Ni même d’y prendre le pouvoir.”

Balaam ajoute: “Etre Anticolonialiste veut dire agir et attaquer. Ce n’est pas juste quelques photos publicitaires et des actions défensives avec des jeunes colons poussés par leur culpabilité coloniale, le temps d’un weekend aventureux de guerrier. Pour les Colonisés, la vie c’est la guerre, nous sommes sous occupation et assiégés de tous côtés en tout temps. Même le candidat complice est et a toujours été, un traître potentiel de plus. De la même façon, nous, les colonisés, avons le potentiel de collaborer à notre propre génocide. La différence ne concerne pas la position que nous adoptons. Le génocide est toujours une condition situationnelle de notre lutte et nous sommes forcés de répondre en conséquence. Nous n’avons pas de deuxième chance de faire des erreurs, parce que, fondamentalement, nous sommes une menace existentielle ou ils le sont. C’est leurs huttes ou nos tipis qui brûlent mais en tous cas, quelque chose brûle.”

Enracinée dans le génocide et l’esclavage par les mains brutales de la suprématie blanche, ses banques, ses gratte-ciel, ses statues, ses noms de rues, ses écoles, sa monnaie, et autres institutions, toutes se rejoignant dans une célébration monolithique, c’est la menace de cette violence, dont nos violateurs sont toujours capables. Parce que, comme beaucoup d’autres états-nations, les “Etats-Unis”, dans leur ensemble, sont un monument à l’héritage toujours présent de la violence coloniale d’un ordre civilisationnel global. Notre tâche est de démanteler cet ordre et d’abattre ces monuments à la violence coloniale, tels que celui appelé “Amérique”.

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SOURCES:
The History of Indigenous Peoples’ Day
https://web.archive.org/web/20150214064328/
http://www.ipdpowwow.org/IPD%20History.html
http://www.berkeleydailyplanet.com/issue/2012-09-28/article/40260
http://www.history.com/topics/exploration/columbus-day
https://www.adl.org/sites/default/files/documents/assets/pdf/education-outreach/columbus-day-or-indigenous-peoples-day.pdf

https://nsarchive.wordpress.com/2011/10/07/document-friday-1992-threat-advisory-columbus-day-in-latin-america/
The Hidden 1970s: Histories of Radicalism
Red Skins White Masks, Coulthard
Wretched of the Earth, Fanon / Les Damnés de la Terre, Frantz Fanon

Resources & links:

Decolonization is Not a Metaphor:
www.decolonization.org/index.php/des/article/view/18630
www.warriorpublications.wordpress.com
www.indigenousaction.org
www.unsettlingamerica.wordpress.com
Accomplices Not Allies
: www.indigenousaction.org/accomplices-not-allies-abolishing-the-ally-industrial-complex/ Traduction française: https://chrisp.lautre.net/wpblog/?p=2339

An Indigenous Peoples’ History of the United States
by Roxanne Dunbar-Ortiz

Columbus and Other Cannibals
by Jack D. Forbes

Neo-Colonialism, The Last Stage of Imperialism
by Kwame Nkrumah

Settlers: The Mythology of the White Proletariat
by J. Sakai

Black Skin, White Mask / Peau Noire, Masque Blanc
by Frantz Fanon

A Dying Colonialism
by Frantz Fanon

The Wretched of the Earth / Les Damnés de la Terre
by Franz Fanon

Red Skins, White Masks
Glen Coulthard