Automne 2017 (vl.0)
Corrections et contributions par
Le Collectif Indigenous Action Media et ses amis
www.indigenousaction.org
Traduction Christine Prat
DECLARATIONS, DECONNEXION ET RECUPERATION DE LA DECOLONISATION
Tandis que le rythme des déclarations, par les forces d’occupation, d’une “Journée des Peuples Autochtones” (JPA) s’accélère, nous ne pouvons nous empêcher de nous sentir déconnectés des célébrations.
A part le soulagement psychique, à quoi est-ce que ça nous avance si l’état démonte ces statues et proclame la “Journée des Peuples Autochtones”, alors que les structures et les systèmes enracinés dans la violence coloniale demeurent intacts? N’est-ce qu’une posture politique ou un artifice pour diminuer l’agitation libératrice? Nos sens sont en éveil vu que la plupart des rebaptisations de Columbus Day en JPA semblent n’être que du blanchiment d’héritage colonial.
Les statistiques sont trop connues: les Peuples Autochtones aux “Etats-Unis” sont le groupe ethnique victime du plus fort taux d’assassinats par la police, du plus fort taux d’incarcérations et de violence sexuelle, et a le plus fort taux de SDF.
Alors oui, nous avons de très bonnes raisons d’être sceptiques face à des gestes symboliques.
Nous sommes tous pour la suppression des symboles coloniaux et des mythes nationalistes, dans la mesure ou des aspects structurels comme le colonialisme et le racisme disparaissent du même mouvement. Le problème c’est que ce n’est pas le cas. Ces décrets sont vite adoptés par leurs défenseurs comme des “pas dans la bonne direction” pour les intérêts des Autochtones, cependant – et nous allons le montrer ici – ils ne servent qu’à ossifier le pouvoir colonial. Quoi d’autre pourrions-nous récolter de déclarations superficielles lâchées d’en haut par les instances gouvernantes d’occupation?
Les aspirations à la décolonisation sont embourbées dans la cosmétologie libérale de gauche, si rien de concret n’est fait pour remettre en cause la brutalité anti-Autochtone historique et toujours en cours. C’est un processus conciliatoire insidieux de récupération décolonisante, enraciné dans un changement culturel et symbolique, visant d’abord à transformer son statut social. Il n’arrive pas à affronter et à transformer le pouvoir social de façon significative.
Pour illustrer cela, presque toutes les déclarations de “Journée des Peuples Autochtones” passées récemment, utilisent le même modèle, avec des variations mineures:
Réaffirmation de “l’engagement à promouvoir le bien-être et la croissance des Amérindiens et de la communauté Autochtone du _____.” [les blancs remplacent le nom de états ayant adopté la mesure – NdT]
Reconnaissance de ce “que les Peuples Autochtones des territoires qui deviendraient plus tard les Amériques ont occupé ces territoires depuis des temps immémoriaux; et
– _____ reconnaît le fait que _____ est construit sur les terres et les villages des Peuples Autochtone de cette région, sans lesquels la construction du _____ n’aurait pas été possible; et
– Appréciant “les nombreuses contributions apportées à notre communauté par le savoir, le travail, la technologie, la science, la philosophie, les arts et la profonde contribution culturelle des Peuples Autochtones, qui a significativement formé le caractère du _____; et
– _____ a la responsabilité de s’opposer au racisme systématique envers les Autochtones aux Etats-Unis, qui perpétue le fort taux de pauvreté et les inégalités de revenus, ce qui exacerbe de façon disproportionnée les crises sanitaires, scolaires et sociales; et
– _____ favorise la réduction de l’écart d’équité pour les Peuples Autochtones par des politiques et des pratiques qui reflètent ce qu’ont vécu les Peuples Autochtones, assure un meilleur accès et une plus grande opportunité, et honore les racines, l’histoire et les contributions autochtones de notre nation; et
coetera…
Les origines de la JPA remontent à 1977, quand une délégation de Peuples Autochtones a proposé de remplacer le Columbus Day à la “Conférence Internationale sur la Discrimination Contre les Populations Autochtones dans les Amériques” des Nations Unis, en Suisse.
Le rythme s’est accéléré en juillet 1990, quand des représentants de plus de cent Nations Autochtones se sont organisés pour le “500ème anniversaire de la Résistance Indigène à l’invasion Européenne des Amériques.” Une résolution a été passée pour transformer le Colombus Day de 1992 “en une occasion de renforcer notre processus d’unité continentale et de lutte vers notre libération.”
Un an plus tard, après la constitution d’un comité appelé Résistance 500 dans les territoires occupés Ohlone aka “Berkeley, California,” le conseil municipal a été le premier des “Etats-Unis” à déclarer le 12 octobre Journée des Peuples Autochtone. La résolution appelait à une journée de “cérémonies, manifestations et discours culturels”, à la participation des écoles et à une procession informelle.
Dans les “Pays du Sud” nos parents ont suscité un avis de menace de la CIA disant que “Le comité de renseignement des Etats-Unis évalue qu’il y a une augmentation du potentiel de violence terroriste dans certains pays d’Amérique Latine, en lien avec l’observance le 12 octobre du 500ème anniversaire de l’arrivée de Colomb dans le Nouveau Monde.” Il y eu parmi les attaques, des bombes contre des cibles des Etats-Unis comme des églises, des banques et la résidence de l’ambassadeur des Etats-Unis au Chili. Le bureau international de United Press au Pérou fut libéré pour une émission de radio dénonçant l’invasion par Christophe Colomb.
En même temps, aux “Etats-Unis”, la JPA – dans le pire des cas – a absorbé les tendances à la décolonisation et les a transformées en marchés culturels annuels approuvés par les états. Avec des ONG ou des managers auto-proclamés contenant le niveau: ce n’est que pow-wow sans rage, et zéro mention de responsabilité ou de libération. La machinerie de ce genre de “célébrations” ne nous est que trop familière, comme ce “Mois du Patrimoine Amérindien” qui est déjà souligné par des danses, des ventes et une série d’autres marchandises essentialisées. Ce n’est qu’une expression du partenariat structurel et intime du capitalisme et du colonialisme, c’est la JPA (marque déposée), tous droits réservés. Un jour férié sur des terres volées.
“SE FIXER SUR L’ABOLITION D’UNE JOURNEE QUI CELEBRE LE GENOCIDE DES PEUPLES AUTOCHTONES, C’EST IGNORER LES 364 AUTRES QUI SONT TOUJOURS SOUS LE JOUG DE L’OCCUPATION ET DE L’EXPLOITATION DES VIES ET DES TERRES AUTOCHTONES.”
Amrah Salomon J., Mexicain et O’odham, déclare: “Nommer et célébrer sont des moyens importants de normaliser le génocide et le colonialisme. Nommer des lieus et des jours de célébration d’après d’horribles tueurs comme Cristoforo Colombo, est un moyen de créer l’acceptation sociale de ses crimes: viol, torture, invasion, génocide, et avoir été l’architecte de l’incarcération de masse et du commerce d’esclaves chosifiés (qui emmenait des esclaves Amérindiens en Europe et des esclaves Africains aux Amériques). Voir ces noms célébrés autour de nous suscite un profond traumatisme historique pour les Noirs et les Peuples Autochtones et fonctionne comme une forme de micro agression raciale.”
Salomon ajoute: “Alors oui, il est important de supprimer ces noms insultants de nos géographies quotidiennes, de supprimer ces jours de fêtes, et de retirer les monuments qui glorifient l’esclavage, le colonialisme et le génocide. Mais se préoccuper des représentations publiques qui glorifient la violence coloniale et raciale ne suffit pas, nous devons aussi mettre un terme aux actes constants de violence coloniale et raciale pour que ces mesures représentatives aient une quelconque importance sociale durable. Si la statue de Christophe Colomb et la célébration du génocide qu’est Thanksgiving n’existent plus, il y a toujours une myriade d’autres actes de violence coloniale qui se produisent chaque jour et auxquels il faut remédier. La rectification du colonialisme ne peut s’accomplir que par la décolonisation. La rectification du racisme ne peut s’accomplir qu’avec l’abolition de la suprématie blanche en tant qu’institution structurelle et système social, pas seulement comme pratique individuelle de fanatiques. Et la rectification de l’hétéro-patriarcat, ne peut s’accomplir que par son abolition.”
AU-DELA DE LA RECONNAISSANCE
As Charlie 2015, “Detroit, Michigan”
Sepulveda, un Tongva des territoires occupés de “Los Angeles”, déclare: “Changer Columbus Day en Journée des Peuples Autochtones, bien que correct, n’est rien de plus qu’une politique de reconnaissance. Ce n’est pas la justice. Ça ne rend pas le territoire. Ça ne fait pas progresser les Tongva vers la décolonisation ni ne renforce notre capacité à être souverains. Ça permet à L.A. de reconnaître les Autochtones sans avoir à faire quoique ce soit pour ébranler radicalement l’ordre hégémonique du colonialisme de peuplement. Désolé de faire pleuvoir sur votre parade.” Sepulveda ajoute: “Je suis reconnaissant envers ceux qui travaillent à l’abolition du Colombus Day. C’est important. Cependant, les Tongva ont désespérément besoin de plus que d’un changement de nom symbolique. Et c’est le territoire Tongva, pas un territoire ‘Indien’. – J’espère que c’était clair [dans la déclaration de la JPA]? Sinon, alors pourquoi pas? Nous sommes toujours là.”
Il est important de comprendre les politiques de reconnaissance en termes de stratégie et de tactique. Si le but est l’autonomie Autochtone, la libération du territoire, des gens et d’autres êtres, alors pourquoi demander à nos oppresseurs de simplement admettre ou reconnaître notre existence?
Glen Coulthard, Yellowknives, Dene, écrit dans son essai ‘Peuples Autochtones et Politique de Reconnaissance’ que “… les puissances coloniales ne reconnaîtrons les droits et les identités collectifs des Autochtones que dans la mesure où cette reconnaissance ne fait pas obstruction aux impératifs de l’état et du capital.” Coulthard affirme aussi, dans son livre ‘Peaux Rouges, Masques Blancs’ que “… dans des situations où le pouvoir colonial ne dépend pas uniquement de l’exercice de la violence d’état, sa reproduction repose sur la capacité à induire les Peuples Autochtones à s’identifier, implicitement ou explicitement, avec des formes de reconnaissance profondément asymétriques et non-réciproques, imposées ou accordées par l’état et la société de colons.”
Ceci ne veut pas dire que les attaques contre l’identité Autochtone sous forme de mascottes racistes, de stéréotypes dans des films et des publicités, d’appropriation ‘tendance’, etc. ne causent aucun dégât.
Comme Charles Taylor le note dans le livre ‘Multiculturalisme: En Examinant les Politiques de Reconnaissance’, “…souvent, par la méconnaissance des autres …une personne ou un groupe peut subir des dommages réels, une distorsion réelle, si les gens ou la société autour d’eux leur renvoient une image d’eux-mêmes limitatrice, humiliante ou méprisable. La non-reconnaissance ou la méconnaissance peut faire du tort, et peut être une forme d’oppression, emprisonnant l’individu dans un mode d’existence faux, tordu et réduit.”
Comprendre comment la politique de reconnaissance fonctionne peut éviter les pièges de la cooptation et ouvrir les voies d’une plus grande résistance.
Même le fait de “reconnaître les Peuples Autochtones sur les terres desquels nous vivons” désincarne les identités Autochtones. C’est extrêmement différent de soutenir et d’honorer les protocoles et les coutumes en tant que visiteur ou invité, et de seulement reconnaître leur existence. Pour mettre cela en perspective: la plupart des mouvements actuels pour instaurer la JPA trouvent leur origine dans des milieux urbains, sans engagement significatif des populations d’origine de ces territoires. Cette recolonisation perpétue l’effacement même que la JPA doit solutionner, c’est un exemple criant de violence latérale.
Coulthard souligne comment “la politique de reconnaissance dans sa forme libérale contemporaine promet de reproduire la configuration même du pouvoir d’état colonial, raciste et patriarcal que la demande de reconnaissance des peuples Autochtones a historiquement cherché à transcender.”
La déshumanisation peut être adoucie par des actions qui réaffirment l’identité Autochtone, mais nous insistons pour aller au-delà de la reconnaissance, vers ce que Frantz Fanon offre aux Damnés de la Terre: “…c’est précisément au moment où [le colonisé] réalise son humanité qu’il affute les armes avec lesquelles il assurera sa victoire.”
LIBERALISME DE GAUCHE OU LIBERATION?
Comme il a été dit que la JPA “était un pas dans la bonne direction”, nous demandons “quelle direction?” Réclamer une Journée des Peuples Autochtones comme un acte de décolonisation est un échec des assimilationnistes de gauche. Mettre un terme symboliquement à l’héritage de Colomb tout en perpétuant et en bénéficiant de la violence de la “doctrine de la découverte” n’est qu’une impasse de plus du libéralisme Autochtone. Si nous comprenons que la colonisation a toujours été la guerre, alors pourquoi menons-nous une bataille pour notre reconnaissance et notre affirmation à travers des structures de pouvoir coloniales?
Bettina Castagno, métisse Kanien’kehá:ka, déclare: “Ceux-là pensent, en toute bonne intention, qu’ils aident, mais ne savent pas que pour ces ‘jours fériés’ c’est toujours la culture dominante qui décide de ce qui doit être célébré. Ces jours deviennent finalement une célébration de consommateur capitaliste, reprenant le système de valeur des cultures rapaces dominantes, avec les valeurs et les conduites chrétiennes euro-centriques.” Castagno ajoute: “A ce jour et en cette période de l’histoire des “Etats-Unis”, non ça ne suffit pas de nous jeter un jour férié. Revisitez l’histoire: après nous avoir jeté des couvertures, de la nourriture commerciale, du poison caché dans des bouteilles d’alcool, avoir stérilisé des femmes Autochtones, empoisonné la terre avec de l’uranium, nous avoir fourgué des soins médicaux et une éducation de qualité inférieure, avoir violé les traités, volé le territoire, un simple jour férié est insultant. Nous ne sommes pas libres parce qu’on nous dit que nous sommes libres, nous ne sommes pas libres parce que c’est imprimé sur du papier, ou sur des pièces de monnaie, nous ne sommes vraiment libres que lorsqu’il n’y a pas d’entité dominante ou d’autre culture qui prend les décisions pour notre peuple, notre terre, nos médicaments, notre bétail, notre nourriture, notre eau, notre éducation et notre santé.”
Rendez-vous compte que leur constitution ne garantit toujours pas aux Peuples Autochtones la protection de la liberté religieuse relative aux sites sacrés. Les sites sacrés sont nos sanctuaires ou “monuments” dans les relations que nous avons entretenues depuis des temps immémoriaux et font intégralement partie de la continuation de notre existence. Pourtant, ils sont constamment profanés et attaqués par ces forces politiques qui aujourd’hui vilipendent des facettes sélectives de leurs transgressions passées. Les Black Hills sacrées, dans le Dakota du Sud occupé – qui célèbre le ‘Jour des Amérindiens’, pas le Columbus Day – ont été profanées par l’extraction de ressources minières et par le monument blasphématoire aux présidents génocidaires possesseurs d’esclaves, et l’American Indian Movement a férocement combattu pour elles et pour les reconquérir à de multiples reprises pendant les années 1970. Il y a des télescopes, des stations de ski, des pipelines, des mines, des gratte-ciel, et autres effigies de l’oppression qui profanent ou menacent de violer d’innombrables sites sacrés en ce moment même.
En 2015, surfant sur la vague de déclarations de JPA, la ville de Flagstaff, en Arizona, a proposé de suivre le mouvement. Etant donné leur rôle, par un contrat pour la vente de millions de litres d’eaux usées à la station de ski Arizona Snowbowl, dans la profanation des San Francisco Peaks sacrés, un groupe de gens a mis un point final à l’affaire. Le groupe a demandé: “comment cette action peut-elle bénéficier aux Autochtones plutôt que d’apaiser la culpabilité blanche?”
Ils ont publié une déclaration initiale exprimant comment “nous désirons voir le Columbus Day aboli dans tous nos territoires et pouvons voir comment d’autres sauteraient sur l’occasion de soutenir ce geste, après tout, la confiance et la guérison sont nécessaires et beaucoup d’autres communautés ont durement combattu au cours de leurs propres campagnes pour changer le nom. Peut-être qu’un processus significatif peut être avancé, incluant traiter la question du traumatisme historique du colonialisme de peuplement, qui partirait du principe que Flagstaff n’est pas une ‘ville-frontière’ mais un territoire Autochtone occupé et volé, qui annulerait immédiatement le contrat avec Snowbowl, qui mettrait un terme au profilage racial, à la violence policière, et à la criminalisation de nos frères SDF, qui protègerait Notre Mère la Terre et subviendrait à des communautés en bonne santé et justes. Un processus qui irait au-delà de la requalification de la façon dont notre oppression est reconnue et restructurerait nos relations de pouvoir vers l’abolition de la suprématie blanche, de l’hétéro-patriarcat, du capitalisme et du colonialisme de peuplement.”
Alternativement, le groupe a proposé un processus complet pour résoudre matériellement les conditions sociales et politiques causées par la politique perpétuellement anti-Autochtone poursuivie par la Ville. Alors que la base était prometteuse, le projet initial a finalement été coopté par des de-gauche qui ont laissé de côté les aspects de responsabilité et d’émancipation de la communauté. En devenant un projet libéral ‘de gauche’ servant à améliorer le fonctionnement des forces d’occupation dominantes, c’est devenu un projet de perpétuation de la violence coloniale.
Quand la ville de Phoenix déclara la JPA, Alex Soto, Tohono O’odham, dit: “Si la ville de Phoenix reconnaissait vraiment les Peuples Autochtones, elle aurait présenté une motion et passé une résolution contre la bretelle d’autoroute de la Montagne du Sud.” Alex ajoute: “La politique de reconnaissance par les colons (JPA) n’assure en rien notre existence. Au mieux, ça renforce l’idée selon laquelle nous sommes un peuple conquis. Je mettrais plutôt mon énergie à brûler la table, si des gestes d’acceptation et de respect non sincères sont offerts par les institutions coloniales. Fondamentalement, tout effort que nous mettons dans la JPA devrait au grand minimum être mis dans de vraies campagnes qui protègent notre culture Autochtone locale. Sinon, à quoi ça sert?”
Tandis que Phoenix se prépare à célébrer sa première JPA, les échos de la dynamite qui fait sauter la Montagne du Sud sacrée seront probablement noyés par les festivités.
Andrew Pedro, Akimel O’odham de Gila River, met certaines choses au point: “La Journée des Peuples Autochtones à Phoenix continue à être une façade de la résistance Autochtone. Juste au sud de Phoenix, Moadag (la Montagne du Sud) est profanée par la construction de l’extension de la bretelle 202. C’est la colonisation du 21ème siècle par l’état, mais devrions-nous tout de même être reconnaissants de ce que l’état change le nom d’un jour férié? Je pourrais être pour, si le jour férié lui-même n’était pas le but final. Le changement de nom est une victoire symbolique. Utilisez la lutte comme plateforme pour formuler des exigences pour nos sites sacrés, mais ce n’est pas ce qui se passe. Il est clair que l’organisation libérale ‘de gauche’ est l’obstacle qui empêche toute réalisation réelle de la victoire. Au lieu d’attaquer la colonisation du 21ème siècle, ils choisissent de célébrer ce que les colonisateurs leur ont donné.”
Ces menaces posées par l’infrastructure à l’existence Autochtone sont produites par les forces systémiques même qui ont poussé Colomb à commettre le génocide des Taino. Défendre ce qui est sacré n’est pas nouveau, c’est aussi vieux que la résistance à Colomb et autres envahisseurs coloniaux bien-méprisés, alors pourquoi célébrer les gestes vides de politiciens? Qu’en est-il du soutien et de la célébration des luttes incessantes pour la libération de Notre Mère la Terre?
Il faut mettre en perspective le fait que des gens se sont précipités pour soutenir la résistance #nodapl, alors qu’ils perpétuent l’annihilation de terres sacrées et des luttes pour les droits à l’eau là où ils vivent. Ça ne veut pas dire que le Lac Oahe (la confluence sacrée entre la rivière Cannonball et le fleuve Missouri) ne garantisse pas un soutien critique, mais qu’il faut se remettre dans le contexte des luttes au sens le plus large, pour défendre ce qui est sacré et protéger l’eau. La lutte anticoloniale exige de comprendre que le front est partout. Ça mesure et calcule comment le pouvoir colonial opère. Si nous ne construisons pas ces notions dans nos luttes, nous risquons d’atteindre le point final là où Idle No More a laissé sa marque. Sans un engagement significatif dans la défense des sites sacrés immédiat, en même temps que dans la lutte contre le capitalisme et le colonialisme (ajouter racisme et hétéro-patriarcat), nous risquons de connaître un futur pas tellement éloigné, où les gens conduiront leurs hybrides à travers la Montagne du Sud (site sacré juste à côté de “Phoenix, Arizona”), sur la bretelle 202, skieront sur la neige faite de merde à Arizona Snowbowl, sur les Pics sacrés, en portant des t-shirts #nodapl ou “Defend the Sacred” qu’ils auront acheté à une fête de la Journée des Peuples Autochtones quelques semaines auparavant. Ce type particulier d’activisme superficiel et de pose anticoloniale est devenu dominant après Standing Rock.
La Journée des Peuples Autochtones, en tant que processus de collusion avec les forces étatiques d’occupation, risque de devenir un rite colonial patriotique plutôt que quelque chose qui s’assimile à une libération.
ROMPRE AVEC LA POSE ANTICOLONIALE
Nous aimerions prendre un instant pour expliquer ce que nous voulons dire par “pose anticoloniale.”
Cette attitude cherche à se justifier et s’auto-légitimer avec le plus de bruit possible, quelquefois délibérément et d’autres fois par vertu, tout en noyant les voix Autochtones critiques. Habituellement, par le vacarme familier de la rhétorique qui délégitimise et dénie dans des rencontres privées de personne à personne (sans responsabilité), blanches ou universitaires (parfois les deux) ou par des déclarations en ligne (qui signifient nous allons faire ce que nous voulons de toutes façons, nous vous avons seulement ‘entendus’), ou la tactique certainement pas innocente, mais la plus utilisée, de l’ “invitation à faire part de vos soucis.” Vous voulez vraiment que nous nous présentions à votre soirée pour dire combien c’est problématique et cependant ne rien faire pour changer fonctionnellement ce que vous êtes en fait en train de faire? Il n’y a rien d’anticolonial là-dedans.
C’est le règne du fascisme d’alliance coloniale/blanche, c’est en réalité, anti-Autochtone. Cette forme de posture radicale réclame tellement sa validation qu’elle cherche agressivement ceux qui peuvent être d’accord, et quand elle les a trouvés, les objective et capitalise leur participation. Ce n’est pas une forme de solidarité, c’est de l’exploitation brutale. C’est là où la fausse alliance des colonialistes rejoint le capitalisme. En clair, la posture anticoloniale maintien la suprématie blanche et le capitalisme.
Les tentatives les plus primaires de blanchir le colonialisme anticolonial résultent en un visage rouge de façade. En l’état, il y aura toujours quelques loups pour danser et là où il y a une chance de gagner une position sociale, du pouvoir par la proximité avec les blancs, on sort pour danser avec les loups.
La pose anticoloniale prospère sur la violence latérale. Prendre des poses radicales et réduire au silence ceux qui ne sont pas d’accord, c’est comment navigue la suprématie blanche pour se perpétuer. Ça nous est familier, à nous qui sommes des Autochtones radicaux/anarchistes/anticapitalistes/antiautoritaires, vu que nous y avons déjà été assujettis et que nous recevons constamment ses coups. Bien sûr nous continuons à être confrontés au fait qu’on peut se débarrasser de nous tous les jours. Les communautés et les lieus radicaux ne sont pas des exceptions à moins d’être les nôtres, ou à moins que beaucoup de travail à long terme pour construire des relations dans le combat, pour vraiment devenir des complices et non pas des alliés, ait été fait. Et encore, à quel point cette relation a de sens ne sera jamais déterminé par des colons blancs. Jamais.
DERACINER LE COLONIALISME
Le colonialisme n’est pas un évènement statique mais une structure construite sur des idées.
Supposer que les structures du pouvoir colonial pourront plier devant des arguments moraux est un point de vue qui admet que le pouvoir colonial peut être absout, nous croyons qu’il ne le peut pas. Il doit être détruit et les conditions qui précipiteront sa chute doivent aussi être enracinées dans ces terres. En tant qu’abolitionnistes anticoloniaux, nous visons le démantèlement total et la destruction systématique de la domination coloniale et de l’exploitation de ces terres.
Nous désirons l’éradication de la géographie coloniale, et voyons que le démantèlement de la documentation historique et de l’iconographie en fait intégralement partie, mais nous affirmons que de tels gains devront être entièrement dans les mains des gens, pas de l’état.
Quand des mains Autochtones et/ou complices non autorisées et sans médiation, frappent ou brisent ces statues, ces monuments, et ces jours de reconnaissance, le mouvement vers la déstabilisation de l’emprise coloniale mortelle sur notre humanité est libéré.
Ce genre d’attaques contre les signes matériels du pouvoir colonial peuvent briser sa légitimité.
Amrah Salomon J. déclare: “L’abolition et la décolonisation, avec l’auto-détermination collective, exigent des actions concrètes. Des actions qui peuvent commencer par abattre une statue ou supprimer un jour férié, mais qui ne peuvent certainement pas s’arrêter là, vu qu’enlever un monument ne fait rien pour en finir avec les incarcérations de masse ou la brutalité policière, et la suppression d’un jour férié ne fait rien pour remédier au fait que les vies Autochtones soient sacrifiables ou à la profanation des sites sacrés. Oui, les statues racistes doivent être abattues et les fêtes racistes doivent être abolies, mais le cynique changement de nom des fêtes et des statues en une sorte de célébration de bonne conscience inclusive (les arguments en faveur de la diversité et de l’intégration sont en fait une assimilation culturelle au colonialisme de peuplement, certainement pas un profond règlement de compte avec nos politiques de différence) est autorisé par l’état parce qu’il peut être réduit à un mécanisme par lequel la société des colons autorise les actes de colonialisme et le terrorisme racial à se perpétuer tandis qu’elle se lave les mains de toute responsabilité d’y faire quelque chose. Nous rejetons cela.”
Nous pouvons et devons défier et attaquer de façon cruciale les idées et les structures de la suprématie blanche, de l’hétéro-patriarcat, du capitalisme et du colonialisme. Après tout, les gens des communautés des territoires Ute occupés à Denver et au-delà, ont combattu pendant des années pour changer le Columbus Day et mettre à bas les glorifications des conquistadors et autres colonisateurs violents, tout en organisant leurs efforts pour guérir de la souffrance du traumatisme historique et intergénérationnel.
LA LUTTE ANTICOLONIALE SIGNIFIE L’ATTAQUE
K’in Balaam dit: “Les attaques anticoloniales sont des coups décisifs qui visent à obtenir l’une de ces trois choses: 1) l’expropriation des ressources pour notre propre survie, 2) changer matériellement les conditions des relations de pouvoir et du contrôle géographique, 3) saboter et miner activement la continuité du pouvoir colonial, de ses ressources, de sa culture et de son contrôle. Bref, c’est quelque chose de mesurable, pas un simple sentiment, ni un jeu de mot représentant un accord en paroles, pas en acte, facilement oublié et laissé de côté le lendemain. Nous n’essayons pas de rejoindre le parti des colons. Ni même d’y prendre le pouvoir.”
Balaam ajoute: “Etre Anticolonialiste veut dire agir et attaquer. Ce n’est pas juste quelques photos publicitaires et des actions défensives avec des jeunes colons poussés par leur culpabilité coloniale, le temps d’un weekend aventureux de guerrier. Pour les Colonisés, la vie c’est la guerre, nous sommes sous occupation et assiégés de tous côtés en tout temps. Même le candidat complice est et a toujours été, un traître potentiel de plus. De la même façon, nous, les colonisés, avons le potentiel de collaborer à notre propre génocide. La différence ne concerne pas la position que nous adoptons. Le génocide est toujours une condition situationnelle de notre lutte et nous sommes forcés de répondre en conséquence. Nous n’avons pas de deuxième chance de faire des erreurs, parce que, fondamentalement, nous sommes une menace existentielle ou ils le sont. C’est leurs huttes ou nos tipis qui brûlent mais en tous cas, quelque chose brûle.”
Enracinée dans le génocide et l’esclavage par les mains brutales de la suprématie blanche, ses banques, ses gratte-ciel, ses statues, ses noms de rues, ses écoles, sa monnaie, et autres institutions, toutes se rejoignant dans une célébration monolithique, c’est la menace de cette violence, dont nos violateurs sont toujours capables. Parce que, comme beaucoup d’autres états-nations, les “Etats-Unis”, dans leur ensemble, sont un monument à l’héritage toujours présent de la violence coloniale d’un ordre civilisationnel global. Notre tâche est de démanteler cet ordre et d’abattre ces monuments à la violence coloniale, tels que celui appelé “Amérique”.
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SOURCES:
The History of Indigenous Peoples’ Day
https://web.archive.org/web/20150214064328/
http://www.ipdpowwow.org/IPD%20History.html
http://www.berkeleydailyplanet.com/issue/2012-09-28/article/40260
http://www.history.com/topics/exploration/columbus-day
https://www.adl.org/sites/default/files/documents/assets/pdf/education-outreach/columbus-day-or-indigenous-peoples-day.pdf
https://nsarchive.wordpress.com/2011/10/07/document-friday-1992-threat-advisory-columbus-day-in-latin-america/
The Hidden 1970s: Histories of Radicalism
Red Skins White Masks, Coulthard
Wretched of the Earth, Fanon / Les Damnés de la Terre, Frantz Fanon
Resources & links:
Decolonization is Not a Metaphor:
www.decolonization.org/index.php/des/article/view/18630
www.warriorpublications.wordpress.com
www.indigenousaction.org
www.unsettlingamerica.wordpress.com
Accomplices Not Allies
: www.indigenousaction.org/accomplices-not-allies-abolishing-the-ally-industrial-complex/ Traduction française: https://chrisp.lautre.net/wpblog/?p=2339
An Indigenous Peoples’ History of the United States
by Roxanne Dunbar-Ortiz
Columbus and Other Cannibals
by Jack D. Forbes
Neo-Colonialism, The Last Stage of Imperialism
by Kwame Nkrumah
Settlers: The Mythology of the White Proletariat
by J. Sakai
Black Skin, White Mask / Peau Noire, Masque Blanc
by Frantz Fanon
A Dying Colonialism
by Frantz Fanon
The Wretched of the Earth / Les Damnés de la Terre
by Franz Fanon
Red Skins, White Masks
Glen Coulthard
LA COLONISATION C’EST LA GUERRE!
Par Klee Benally
Publié sur Facebook
28 octobre 2016
Traduction Christine Prat
C’est un instantané de la résistance au 21ème siècle au colonialisme des ressources. Cette lutte n’a pas commencé et ne s’arrêtera pas avec le pipeline Dakota Access.
Il y a un contexte, profondément inscrit avec des mots qui sont des cicatrices sur notre Mère. Nous pouvons les lire, c’est l’histoire de la souffrance et du traumatisme du pays.
C’est notre traumatisme.
Là où il y a de la douleur, il y a une cause. Les praticiens de la médecine traditionnelle Diné disent de rechercher ce qu’est la cause essentielle puis recommandent quelle prière ou cérémonie serait appropriée pour un patient en particulier. Dans notre culture, nous ne traitons pas les symptômes. C’est comme ça que nous guérissons.
De la même manière, il est crucial de comprendre que le réchauffement climatique est une conséquence de la guerre contre Notre Mère la Terre et que les sites sacrés sont parties intégrales pour le maintien de l’équilibre avec le monde naturel. Il y a des dimensions physiques et spirituelles dans cette guerre coloniale qui, quand nous sommes confrontés à la police, la font paraître presque sans fin.
Ce système ne comprend pas le caractère sacré de l’eau ou de la terre, à moins que ça ne rapporte. La réalité est que tant que Notre Mère la Terre sera considérée comme une marchandise, ce conflit durera.
Cela signifie que pour arrêter complètement ces oléoducs, nous devons mettre un terme à la machine politique et aux systèmes qui les engendrent.
Il est aussi crucial de comprendre que la police existe pour conserver et imposer la loi coloniale. Leur institution, qui prend ses racines dans une histoire de suprématisme blanc, n’a servi que ceux qui cherchent à profaner et exploiter la terre et l’eau sacrées. Ils assassinent les Noirs et les Basanés en toute impunité, ils protègent les entreprises qui commettent des actes de génocide et écocide culturels. Ils serrent la main des milices blanches armées ‘d’occupation’ et tirent des balles de caoutchouc, des lacrymogènes, des grenades assourdissantes, et arrêtent des Anciens en train de prier pacifiquement.
Ce système n’est pas cassé, il a été fait pour fonctionner comme cela.
La société dominante se débat pour comprendre cette lutte, mais pour que ça arrive, il faut qu’ils reconnaissent et résolvent l’écocide, le génocide, l’esclavage.
La justice environnementale et sociale ne peut pas être complètement réalisée dans le contexte du colonialisme de peuplement. Ceci signifie que la conscience anticoloniale, ou conscience de colon, doit être à l’intersection de l’analyse et de l’action concernant les terres Autochtones volées.
Quand il s’agit de luttes Autochtones historiques pour la survie, il se peut que le plus grand défi organisationnel pour l’esprit du combat #nodapl soit de s’assurer qu’il n’est pas engagé en tant qu’exception ou coopté et absorbé dans le milieu politique progressiste de l’industrie à but non-lucratif, mais comme référence à laquelle nous pouvons nous connecter, réfléchir, construire et continuer à combattre pour la libération de Notre Mère la Terre et de tous ses êtres. A travers la fumée des feux sacrés, des machines brûlées, et des barricades fumantes, nous voyons que c’est possible. Que c’est comment guérir.
#nodapl #defendthesacred #waterislife #thefrontlineiseverywhere #capitalismistheenemyofmotherearth #acab #accomplices
RASSEMBLEMENT POUR PROTEGER LE SACRE DES SABLES BITUMINEUX ET DE KEYSTONE XL
Publié sur Censored News
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Traduction Christine Prat
Appel publié par Jon Ramer le 5 janvier 2013
APPEL A UNE ACTION UNIFIEE SANS PRECEDENT
Rejoignez nous solidairement pour :
* Honorer toutes les Premières Nations Autochtones, les Tribus, les Alliés et l’Unité Durable de la Grande Nation Sioux et Commémorer le 150ième Anniversaire et Réaffirmer le Traité de Paix de 1863 de l’Ihanktonwan Oyate de l’Oceti Sakowin entre les Nations Ihanktonwan, Ponca, et Pawnee dont a été témoin le Gouvernement des Etats-Unis.
* Faire savoir au Président Obama et au Gouvernement US que l’approbation de l’oléoduc Keystone XL serait une nouvelle annulation grave du Traité du 23 janvier 1863 et peut-être d’autres traités et aurait des conséquences très regrettables. Par exemple, le 21 décembre 2012, le Conseil du Traité de la Nation Sioux des Black Hills a déclaré dans une Résolution qu’ils s’ « opposaient avec véhémence à la construction du Pipeline Keystone XL de TransCanada sur tout territoire Aborigène ou relevant d’un Traité ».
* Tenir un Grand Conseil Cérémoniel pour Affirmer un Traité International d’Unification entre les Peuples Autochtones et Tous Nos Alliés Qui Cherchent a Protéger le Sacré des Sables Bitumineux et de l’oléoduc Keystone XL. Ce Traité International se fonde sur la Déclaration Sauvez la Rivière Fraser, l’Accord sur les Droite de notre Mère la Terre, la Déclaration des Dirigeants Spirituels Autochtones et la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones.
* Etablir les Bases pour une Campagne Interdépendante Fondée Spirituellement, Centrée sur les Principes, pour une Action Unifiée Sans Précédent pour Protéger Notre Mère Sacrée la Terre.
Le Rassemblement s’est tenu du 23 au 25 janvier 2013, à :
Ihanktonwan (Territoires Yankton), Fort Randall Hôtel et Casino
Pickstown, Dakota du Sud
Etats-Unis
Un Traité y a été signé, texte en anglais : http://www.protectthesacred.org/
Contact : Faith Spotted Eagle eagletrax@hotmail.com · (605) 481-0416
Par Indigenous Action Media
24 décembre 2012
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Traduction Christine Prat
Contact : Rudy Preston
Email : info@truesnow.org
Téléphone: (00 1) 480-382-5288
Site: www.TrueSnow.org
ARIZONA SNOWBOWL COMMENCE A FAIRE DE LA NEIGE ARTIFICIELLE A PARTIR D’EAU D’EGOUT… ET C’EST JAUNE
FLAGSTAFF, Arizona (San Francisco Peaks) – Après une décennie de batailles juridiques et d’opposition de la part de groupes écologistes, de citoyens se sentant concernés et de Nations Autochtones, la station de ski Arizona Snowbowl a commencé à faire de la neige artificielle à partir d’eau recyclée des égouts de Flagstaff.
Surprise… Elle est jaune !
« Mes parents m’ont toujours dit de ne pas manger de neige jaune, c’est absolument dégoutant » dit Katie Nelson, qui vit depuis longtemps dans le Nord de l’Arizona. « Les parents diront-ils à leurs enfants qu’ils peuvent jouer dedans ? Avant, je faisais du ski et du snowboard, mais je boycott Snowbowl parce que de toute évidence ils ne se préoccupent pas de ma santé ou de l’environnement », ajoute t’elle.
Snowbowl va être la seule station de ski au monde à faire de la neige avec 100% d’eau d’égout. Ceci pose de graves problèmes à la communauté et aux groupes écologistes, vu les risques potentiels pour la santé et pour le fragile écosystème de la montagne.
« Snowbowl ignore de toute évidence la santé publique en ne respectant même pas l’obligation de mettre des pancartes indiquant que la neige artificielle est faite d’eau d’égout et ne doit pas être consommée. J’ai vérifié tout le secteur où les enfants font du ski et prennent des leçons de ski et je n’ai pas trouvé une seule pancarte d’avertissement » dit Rudy Preston, ancien membre du Réseau Activiste de Flagstaff. « Il n’y en avait pas non plus sur les remonte-pente pour les enfants » ajouta t-il.
Bien que le manager de Snowbowl JR Murray ait déclaré que l’eau d’égouts recyclée serait « plus propre que la neige tombant du ciel », la couleur jaune de leur neige indique clairement que quelque chose ne va pas.
La loi de l’état dit qu’il est illégal pour quiconque de consommer de la neige faite d’eau d’égout. Les manières d’ingérer comprennent les yeux, les oreilles, le nez, la bouche et la peau. De plus, toute « réutilisation directe » ne doit pas avoir le « potentiel d’ingestion ». Bien que la fabrication de neige soit considérée comme légale, la « réutilisation directe » d’eau d’égout recyclée comprend en fait « skier » dessus, et l’ADEQ [l’administration de la qualité de l’environnement d’Arizona] ignore ses propres lois en autorisant Snowbowl à fabriquer cette neige (Arizona Administrative Code : R-18-9-704).
« A part les risques évidents pour la santé, on aurait pu penser que le respect pour nos frères et sœurs Autochtones auraient dû suffire pour empêcher ce projet il y a des années, l’utilisation d’eau d’égout pour faire de la neige étant un affront absolu pour les Nations Autochtones qui vénèrent les Pics comme sacrés et pour ma part j’ai choisi de respecter leurs souhaits et je ne skierai plus à Arizona Snowbowl » dit Rudy Preston.
De nombreuses manifestations et prières collectives ont eu lieu depuis l’ouverture de la station Snowbowl jeudi dernier.
Le 14 novembre 2012, la Tribu Hopi a déposé une nouvelle plainte et une demande d’injonction provisoire en raison de la menace que constitue l’eau recyclée pour une plante menacée qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde que sur les deux plus hauts Pics. La Tribu Hopi demande qu’une injonction bloque les activités de fabrication de neige jusqu’à ce que des consultations avec les services ministériels responsables des Poissons et de la Vie Sauvage et de l’Agriculture aient abouti. La Cour n’a pas encore répondu.
Les eaux usées, qui sont recyclées suivant les plus haut standards de la municipalité de Flagstaff, contiennent selon des preuves scientifiques, des perturbateurs endocriniens (voir article : http://azdailysun.com/article_a53bda53-1369-5d4b-bf1f-cbce10164267.html ) et même des bactéries résistant aux antibiotiques (Voir article : http://www.rwlwater.com/antibiotic-resistant-bacteria-genes-found-in-flagstaff-water/ ). Etant donné que l’Agence de Protection de l’Environnement n’a pas de règles spécifiques concernant ces produits dans l’eau d’égout traitée, le Service des Forêts, la Ville de Flagstaff, le Service de la Qualité Environnementale d’Arizona (ADEQ), et Snowbowl continuent de dire que cette eau est « assez propre pour être bue » bien qu’il serait illégal de le faire.
Les règles de l’ADEQ autorisent l’eau recyclée A+ à contenir des matières fécales trois jour sur sept de l’échantillonnage (R 18-11-303 2a). En plus, d’après le biologiste de l’Université du Nord de l’Arizona Dr. Paul Torrence, l’eau recyclée peut aussi contenir des antibiotiques comme le triclosan et le triclocarban, qui se divisent en dioxines cancérigènes bio-accumulatives sous l’effet de la lumière du soleil.
Depuis près de dix ans, tous les problèmes environnementaux présentés devant les tribunaux par le Sierra Club, le Centre pour la Diversité Biologique, et le Réseau Activiste de Flagstaff ont été enterrés sous des subtilités juridiques et aucun tribunal n’a pris de décision sur les problèmes de réutilisation et d’ingestion. A propos d’une autre plainte déposée par les Hopi contre la légalité du contrat signé par la Ville de Flagstaff et Snowbowl, le Juge Joe Lodge a décrété que la Tribu avait attendu trop longtemps pour que le tribunal puisse se décider sur des violations claires des lois sur l’environnement de l’ADEQ.
Publié par Censored News le 9 octobre 2012
Traduction Christine Prat
Des marcheurs Navajo pour l’eau, Save the Confluence, luttent pour protéger la région encore intacte de la Confluence, à Bodaway Gap, en Arizona, où le Colorado et le Little Colorado se rejoignent. Ils ont marché jusqu’à Window Rock cette semaine pour protester contre un projet de développement touristique du lieu. Parmi ceux qui ont conduit l’attaque contre ce lieu sacré Diné, on trouve l’ex-président Navajo Albert Hale qui a démissionné à cause d’une affaire de corruption et a été nommé par le gouverneur d’Arizona à un poste législatif vacant.
Censored News
Merci à Save the Confluence de partager cette photo.
MARCHE DE SENSIBILISATION POUR SAUVER LA CONFLUENCE
Par Save the Confluence
Après avoir parcouru plus de 360 kilomètres ce weekend, la Marche de Sensibilisation pour Sauver la Confluence a atteint Window Rock.
Les marcheurs se sont brièvement installés au croisement de la Route 12 et de l’Autoroute 264, pour répondre aux coups de klaxonne de sympathie adressés par des automobilistes à la vue de leurs pancartes.
La marche, qui avait débuté samedi à la Confluence du Little Colorado et du Colorado dans le Grand Canyon, sur le territoire de la Nation Navajo, a résulté en un déferlement de soutien.
Entre autres, la Tribu Hopi a publié un communiqué de presse exprimant leur ferme opposition au Projet Escalade qui retirerait 1,7 km2 à des Navajos qui ont passé 50 ans sous la loi du Bennett Freeze, vivant dans des conditions dignes du Tiers-Monde et attendant le jour où ils pourraient reconstruire leurs maisons là-bas, et qui menacerait aussi de nombreux sites sacrés pour les Hopis, les Navajos, les Zunis et d’autres tribus.
Suivez Save the Confluence sur Facebook
http://www.facebook.com/#!/SavetheConfluence?fref=ts
Par Ahni, intercontinentalcry.org, 27 février 2012
Traduction Christine Prat
Après dix-sept mois de campagne ininterrompue pour protéger leur territoire sacré, les Wixarika ont obtenu un répit important des tribunaux fédéraux du Mexique.
A ce moment :
. Le projet d’exploiter des ressources naturelles grâce à 38 concessions minières sur le territoire sacré de Wirikuta est suspendu.
. De nouveaux permis ne peuvent être accordés tant que le problème essentiel du conflit n’est pas résolu.
Communiqué du Front de Défense du Wirikuta
LA JUSTICE ACCORDE AU PEUPLE WIXARIKA LA SUSPENSION DE L’EXPLOITATION MINIERE PAR LE PROJET LA LUZ DANS LA MUNICIPALITE DE CATORCE DE SAN LUIS POTOSI
26 février 2012 – Les tribunaux fédéraux ont accordé définitivement la suspension des violations de son territoire réclamée par le Peuple Wixarika (Huichol) afin qu’aucun permis d’exploitation ne soit accordé au projet minier La Luz, dans la municipalité de Catorce de San Luis Potosí, tant que le problème essentiel n’est pas résolu.
Etant donné l’incapacité du gouvernement Mexicain de protéger leurs droits humains et leur objectif inébranlable de protéger intégralement le territoire sacré de Wirikuta, étant donné les menaces représentées par l’agro industrie et les mines de métaux, le Peuple Wixarika a déposé en justice une injonction demandant une protection légale pour faire respecter les droits que le gouvernement Mexicain s’est engagé à protéger aux niveaux national et international.
Wirikuta, territoire sacré des Wixarika (Huichol), couvre les municipalités de Catorce, Charcas, Matehuala, Villa de Ramos, Villa de Guadalupe et Villa de la Paz dans l’Estado de San Luis Potosí et a été déclaré Site Naturel Protégé et Site Naturel Sacré en 1994 par le gouvernement de San Luis Potosí sur une surface d’environs 140000 hectares. Le gouvernement fédéral y a accordé 38 concessions pour l’exploitation de ressources minérales, mettant en danger la biodiversité, l’écosystème du Désert de Chihuahua, la qualité de l’eau, la santé de la population et le Peuple Wixarika.
Les droits territoriaux des Peuples Autochtones ne concernent pas seulement les terres sur lesquels ils sont établis, mais aussi les espaces et territoires auxquels ils ont accès traditionnellement, ce qui inclut l’habitat et ses environs, c’est-à-dire tous les éléments naturels qui forment l’écosystème.
Le Wirikuta représente dans la cosmogonie Wixarika le site où les éléments essentiels de la vie et la naissance du soleil ont été fondés, ce qui représente un élément indispensable de leur identité culturelle et de leur subsistance en tant que Peuple Indigène. Dans ce contexte, il est indispensable que le gouvernement Mexicain consulte les Wixarika et obtienne leur accord préalable, libre et informé, conformément à la loi actuelle, afin de garantir effectivement leurs droits fondamentaux.
La revendication des droits du Peuple Wixarika a été suivie par la Commission Nationale pour les Droits de l’Homme et le Bureau du Haut Commissariat pour les Droits de l’Homme des Nation Unies au Mexique, qui ont fait preuve d’intérêt et montré leur disposition à défendre le territoire sacré.
Le Front de Défense du Wirikuta – Tamatsima Wahaa (l’eau de notre frère aîné) par autorisation de Conseil Régional Wixarika pour la Défense de Wirikuta.
http://frenteendefensadewirikuta.org/