BRAS DE FER AVEC LE SERVICE DE LA QUALITE DE L’ENVIRONNEMENT : DES CITOYENS DECOUVRENT DES INFRACTIONS DANS L’EAU RECYCLEE DE SNOWBOWL
Par Under The Concrete
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27 janvier 2013
Traduction Christine Prat
Le 26 décembre 2012, deux jours après que la station de ski Arizona Snowbowl ait commencé à faire de la neige artificielle à partir d’eaux usées recyclées, des résidents inquiets, Rudy Preston et Kathleen Nelson, ont déposé une plainte, accompagnée de photographies, affirmant que Snowbowl a enfreint des lois de l’état et ne s’est pas conformé à de nombreuses conditions stipulées dans son contrat de vente d’eaux usées passé avec la ville de Flagstaff. La plainte a été déposée auprès de la ville et du Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona. Mardi 15 janvier, la Ville de Flagstaff a voté à l’unanimité l’ouverture d’une enquête approfondie sur la plainte. De même, le Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona a réagi à la plainte le 23 janvier.
Après plus de dix ans de poursuites judiciaires et de farouche résistance de la part de groupes écologistes, de citoyens inquiets et de Nations Autochtones, on aurait pu croire que le moment où les canons à neige tireraient leur premier coup serait un moment à fêter. Cependant, comme le suggère un titre récent du New York Times, « Les Pentes de Couleur Douteuse Gâchent le Lancement de la Fabrication de Neige », la neige artificielle était jaune.
Le même article dit aussi que « la couleur anormale de la neige a aggravé un conflit déjà épineux ». Tandis que le directeur général de Snowbowl, J.R. Murray, attribue la couleur à des résidus de rouille dans les tuyaux neufs qui transportent les eaux usées en haut de la montagne à partir de la station de traitement de Rio de Flag à Flagstaff, d’autres voient la manœuvre comme l’une des nombreuses manières par lesquelles la station continue de fuir ses responsabilités impliquant de respecter la loi et les conditions stipulées par son contrat avec la ville.
En bref, bien que la question de la neige jaune ait fait la une des médias locaux et nationaux, la plainte n’a rien à voir avec l’aspect de la neige. « Nous n’avons pas porté plainte parce que la neige est jaune » dit Rudy Preston, un de ceux qui ont porté plainte. « Nous l’avons fait parce que Snowbowl enfreint les termes de son contrat avec la ville ainsi que de nombreuses lois sur l’environnement. »
Finalement, Daniel Czecholinski, Inspecteur de la Qualité de l’Eau de l’ADEQ, a dit que son service « n’allait pas faire de déclaration sur des conclusions factuelles avant que le rapport d’inspection soit publié » et a ajouté « je ne vais certainement pas faire de déclaration sur la manière d’interpréter le règlement et ne pourrais le faire de toutes façons vu que je n’ai pas le règlement sous les yeux. »
Tandis que ni M. Czecholinski, ni le Directeur des Communications de l’ADEQ, Mark Shaffer, n’ont voulu, quand on leur a demandé, faire de commentaire sur les paramètres utilisés par le service pour son inspection – si des tests de qualité de l’eau seraient effectués ou si l’enquête de terrain serait le seul critère – le service a été mandaté pour publier son rapport d’inspection dans les 30 jours ouvrables. « Lorsqu’il sera finalisé » ajouta M. Czecholinski, « nous l’enverrons à tous les intéressés et à toutes les parties responsables. C’est aussi un dossier public, à ce stade. »
A la réunion du conseil municipal au cours de laquelle la plainte a été présentée, Kathleen Nelson a souligné le fait que, Snowbowl n’ayant pas de permis d’utilisation d’eaux usées délivré par l’ADEQ, l’utilisation de cette eau par la station dépend de la liste de la ville des utilisateurs nommés dans son permis. « C’est le travail de la ville de faire appliquer les termes de ce permis » dit elle. « La ville est susceptible de perdre son permis octroyé par l’ADEQ… Pour cette raison, il est important que la ville examine soigneusement ce problème… nous sommes les détenteurs du permis. »
Le contrat de vente d’eaux usées de la Ville de Flagstaff avec Snowbowl stipule : « L’utilisateur devra se conformer strictement aux exigences suivantes : Fournir et installer en quantité suffisante des panneaux indiquant ‘Neige faite à partir d’Eaux Usées Recyclées, ne pas manger de neige ni boire de la neige fondue’ ou autres avertissements similaires. De tels panneaux devront être placés de manière à être bien visibles à chaque site de réutilisation. »
La plainte affirme qu’ « aucun panneau affichant la formulation citée plus haut n’a été vu dans la station de ski. » Au lieu de cela, après des heures d’inspection du site, on a trouvé deux petits panneaux violets, à trois mètres du sol, indiquant « Afin de préserver les ressources naturelles, de l’eau recyclée est utilisée pour faire de la neige. Ne pas avaler. » A part la formulation, qui n’est pas similaire à celle mentionnée dans le contrat, les plaignants avancent l’argument selon lequel la formulation constitue une double manipulation. Premièrement, le mot « usées » est omis, ce qui minimise la menace et la légalité de l’ingestion de cette eau.
Deuxièmement, la formulation est exprimée sous la forme d’une certaine rhétorique écologique, un procédé qui n’est pas nouveau en Arizona. Cependant, considérant que des études récentes et toujours en cours ont révélé la présence de produits pharmaceutiques, d’hormones, de produits industriels et ménagers toxiques, de perturbateurs endocriniens et d’une bactérie résistant aux antibiotiques, il est clair que ceux qui ont formulé la plainte voient ceci comme une pollution travestie en préservation de la nature. Mais leurs préoccupations vont plus loin quant au discours plus général sur cette source d’eau dans l’ouest. « Les mots ‘eaux usées recyclées’ ou pire, ‘eau recyclée’ constituent un problème en soi étant donné que le terme légal pour cette eau est ‘eau d’égout traitée.’ En la rebaptisant, la Ville a réduit l’avertissement au point de lui faire perdre presque complètement son sens, » est il écrit dans le texte de la plainte.
En ce qui concerne le signalement adéquat, le contrat de la ville stipule aussi où les panneaux doivent être placés. « Ces panneaux seront placés à tous les points pouvant logiquement servir d’entrée au site de réutilisation, à l’entrée de tous les lacs et mares de chaque site de réutilisation, à toutes les sorties de pompes et à tous les robinets fournissant de l’eau usée recyclée. » La plainte indique qu’aucun panneau n’était visible dans ces zones ni aux points d’entrée, y compris au point de départ des télésièges Hart Prairie et Sunset, aux billetteries, aux entrées de l’école de ski, ni à proximité du matériel de fabrication de la neige ou du bassin de rétention.
Le problème le « plus grave » relatif à la signalisation, selon la plainte, concerne une zone où les enfants jouent et roulent dans la neige, et où il n’y a pas non plus de panneaux. « Lorsqu’on a demandé aux parents s’ils savaient de quoi la neige était faite, beaucoup ont déclaré qu’ils ne le savaient pas et ont fait une grimace de dégoût. » Cependant, comme Preston l’a clairement indiqué lors de la réunion du conseil municipal, la question de la signalisation est « la plus petite partie de [la] plainte. »
La plainte reprend un argument soulevé au tribunal en plus d’une occasion (au cours des affaires de la coalition Save the Peaks contre le Ministère de l’Agriculture et de la Tribu Hopi contre la Ville de Flagstaff), mais n’a jamais été traité directement. Le contrat ave la Ville déclare « Les Eaux Usées Recyclées fournies selon cet accord ne seront ni directement ni indirectement utilisées ou cédées pour d’autres utilisations que la fabrication de neige. » Bien que la « fabrication de neige » soit couverte par le contrat parmi les utilisations acceptables, la plainte dénonce la faiblesse du langage légal pour affirmer que skier est aussi une « réutilisation directe » de cette eau, de même « s’asseoir dans, se rouler sur ou faire du traineau sur la neige d’eaux usées recyclées. » Des activités comme la natation, le surf, le ski nautique et autres activités constituant une « immersion totale » sont interdites par la loi de l’état. La plainte plaide que le ski et les activités annexes « constituent une immersion » et « présentent une forte probabilité d’ingestion par les yeux, le nez, la bouche, les oreilles et la peau. »
Dans le même ordre d’idées, il faut prendre en considération la question de l’hygiène dans les zones de restauration. D’après la loi de l’état, « Un détenteur de permis irrigant avec de l’eau usée recyclée devra : 3. empêcher que l’eau recyclée entre en contact avec les points d’eau potable, les rafraîchisseurs d’eau ou les zones où on mange. » On ne sera pas surpris d’apprendre que, selon la plainte, « des skieurs ont été vus traînant de la neige d’eau usée traitée dans le chalet et les zones de restauration et, en plus, utilisant et touchant les robinets d’eau potable avec de l’eau usée recyclée sur leurs vêtements et leurs gants. »
Bien sûr, le problème est l’incertitude qui entoure une investigation de ces questions. Quand l’eau usée recyclée se mélange avec la neige normale, jusqu’à quel degré de dilution y-a-t-il un risque ? Considérant que certains jours la neige d’eau recyclée constitue la couche supérieure et d’autres jours est utilisée comme couche de base, comment la loi peut-elle vraiment définir des notions concrètes d’exposition ? Considérant que l’eau d’égout recyclée n’est pas une chose homogène, que les constituants qu’on y trouve changent de jour en jour, faudrait-il mettre en place des systèmes qui peuvent signaler les jours où l’eau est dangereuse ?
Un récent article de Mother Jones se sert de la question de la fabrication de neige à Snowbowl comme base pour parler de l’utilisation grandissante du recyclage des égouts, particulièrement dans le sud-ouest. « L’accroissement de la population et le changement climatique font que la pénurie d’eau devient de plus en plus pressante dans le sud-ouest. » L’article affirme que « L’Agence de Protection de l’Environnement estime que les Etats-Unis recyclent environs 8% de l’eau des égouts ; quatre états – l’Arizona, la Californie, la Floride et le Texas – en représentent 90%. »
S’adressant au Conseil Municipal de Flagstaff, Kathleen Nelson a présenté la plainte qu’elle et M. Preston ont déposée, en montrant les implications plus vastes, au-delà de Snowbowl, au-delà de l’Arizona, de l’utilisation de cette eau. « Plus nous utilisons ces eaux usées recyclées, plus il est nécessaire de s’assurer que cette utilisation se fait selon une méthode sûre et adéquate. » Peu importe jusqu’à quel point la plainte est susceptible de se heurter à des objections tatillonnes sur la formulation du contrat et de la loi, les implications dépassent de loin les détails et mettent en jeu l’empoisonnement rapide et incessant de notre environnement global. La ville de Flagstaff et les pratiques de Snowbowl ont attiré l’attention de la nation. Les décisions qui seront prises ici devraient l’être avec intention, encadrées par des idées sur la direction que nous voulons prendre – vers un futur raisonnable et durable respectant les réseaux aquifères naturels auxquels nous devons notre vie ? Ou un futur de plus en plus toxique ?
http://www.undertheconcrete.org/
Par Indigenous Action Media
24 décembre 2012
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Traduction Christine Prat
Contact : Rudy Preston
Email : info@truesnow.org
Téléphone: (00 1) 480-382-5288
Site: www.TrueSnow.org
ARIZONA SNOWBOWL COMMENCE A FAIRE DE LA NEIGE ARTIFICIELLE A PARTIR D’EAU D’EGOUT… ET C’EST JAUNE
FLAGSTAFF, Arizona (San Francisco Peaks) – Après une décennie de batailles juridiques et d’opposition de la part de groupes écologistes, de citoyens se sentant concernés et de Nations Autochtones, la station de ski Arizona Snowbowl a commencé à faire de la neige artificielle à partir d’eau recyclée des égouts de Flagstaff.
Surprise… Elle est jaune !
« Mes parents m’ont toujours dit de ne pas manger de neige jaune, c’est absolument dégoutant » dit Katie Nelson, qui vit depuis longtemps dans le Nord de l’Arizona. « Les parents diront-ils à leurs enfants qu’ils peuvent jouer dedans ? Avant, je faisais du ski et du snowboard, mais je boycott Snowbowl parce que de toute évidence ils ne se préoccupent pas de ma santé ou de l’environnement », ajoute t’elle.
Snowbowl va être la seule station de ski au monde à faire de la neige avec 100% d’eau d’égout. Ceci pose de graves problèmes à la communauté et aux groupes écologistes, vu les risques potentiels pour la santé et pour le fragile écosystème de la montagne.
« Snowbowl ignore de toute évidence la santé publique en ne respectant même pas l’obligation de mettre des pancartes indiquant que la neige artificielle est faite d’eau d’égout et ne doit pas être consommée. J’ai vérifié tout le secteur où les enfants font du ski et prennent des leçons de ski et je n’ai pas trouvé une seule pancarte d’avertissement » dit Rudy Preston, ancien membre du Réseau Activiste de Flagstaff. « Il n’y en avait pas non plus sur les remonte-pente pour les enfants » ajouta t-il.
Bien que le manager de Snowbowl JR Murray ait déclaré que l’eau d’égouts recyclée serait « plus propre que la neige tombant du ciel », la couleur jaune de leur neige indique clairement que quelque chose ne va pas.
La loi de l’état dit qu’il est illégal pour quiconque de consommer de la neige faite d’eau d’égout. Les manières d’ingérer comprennent les yeux, les oreilles, le nez, la bouche et la peau. De plus, toute « réutilisation directe » ne doit pas avoir le « potentiel d’ingestion ». Bien que la fabrication de neige soit considérée comme légale, la « réutilisation directe » d’eau d’égout recyclée comprend en fait « skier » dessus, et l’ADEQ [l’administration de la qualité de l’environnement d’Arizona] ignore ses propres lois en autorisant Snowbowl à fabriquer cette neige (Arizona Administrative Code : R-18-9-704).
« A part les risques évidents pour la santé, on aurait pu penser que le respect pour nos frères et sœurs Autochtones auraient dû suffire pour empêcher ce projet il y a des années, l’utilisation d’eau d’égout pour faire de la neige étant un affront absolu pour les Nations Autochtones qui vénèrent les Pics comme sacrés et pour ma part j’ai choisi de respecter leurs souhaits et je ne skierai plus à Arizona Snowbowl » dit Rudy Preston.
De nombreuses manifestations et prières collectives ont eu lieu depuis l’ouverture de la station Snowbowl jeudi dernier.
Le 14 novembre 2012, la Tribu Hopi a déposé une nouvelle plainte et une demande d’injonction provisoire en raison de la menace que constitue l’eau recyclée pour une plante menacée qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde que sur les deux plus hauts Pics. La Tribu Hopi demande qu’une injonction bloque les activités de fabrication de neige jusqu’à ce que des consultations avec les services ministériels responsables des Poissons et de la Vie Sauvage et de l’Agriculture aient abouti. La Cour n’a pas encore répondu.
Les eaux usées, qui sont recyclées suivant les plus haut standards de la municipalité de Flagstaff, contiennent selon des preuves scientifiques, des perturbateurs endocriniens (voir article : http://azdailysun.com/article_a53bda53-1369-5d4b-bf1f-cbce10164267.html ) et même des bactéries résistant aux antibiotiques (Voir article : http://www.rwlwater.com/antibiotic-resistant-bacteria-genes-found-in-flagstaff-water/ ). Etant donné que l’Agence de Protection de l’Environnement n’a pas de règles spécifiques concernant ces produits dans l’eau d’égout traitée, le Service des Forêts, la Ville de Flagstaff, le Service de la Qualité Environnementale d’Arizona (ADEQ), et Snowbowl continuent de dire que cette eau est « assez propre pour être bue » bien qu’il serait illégal de le faire.
Les règles de l’ADEQ autorisent l’eau recyclée A+ à contenir des matières fécales trois jour sur sept de l’échantillonnage (R 18-11-303 2a). En plus, d’après le biologiste de l’Université du Nord de l’Arizona Dr. Paul Torrence, l’eau recyclée peut aussi contenir des antibiotiques comme le triclosan et le triclocarban, qui se divisent en dioxines cancérigènes bio-accumulatives sous l’effet de la lumière du soleil.
Depuis près de dix ans, tous les problèmes environnementaux présentés devant les tribunaux par le Sierra Club, le Centre pour la Diversité Biologique, et le Réseau Activiste de Flagstaff ont été enterrés sous des subtilités juridiques et aucun tribunal n’a pris de décision sur les problèmes de réutilisation et d’ingestion. A propos d’une autre plainte déposée par les Hopi contre la légalité du contrat signé par la Ville de Flagstaff et Snowbowl, le Juge Joe Lodge a décrété que la Tribu avait attendu trop longtemps pour que le tribunal puisse se décider sur des violations claires des lois sur l’environnement de l’ADEQ.