
En novembre dernier, des Autochtones de diverses tribus se sont rendus sur l’île d’Alcatraz pour commémorer l’occupation de 1969-1970. Ils ont été accueillis par des Ohlone, les Autochtones d’Alcatraz et de la région de San Francisco.
Brenda Norrell
Censored News
27 novembre 2025
Traduction Christine Prat
La Cérémonie de l’Aube d’Alcatraz, la Commémoration de l’Occupation d’Alcatraz, a commencé avant le lever du soleil, avec des prières et l’accueil Ohlone, l’évocation des voies ancestrales et des femmes qui étaient à Alcatraz.
L’Occupation de 1969-1970 a été le fait d’Indiens de Toutes Tribus.
Après le partage de chants traditionnels et de prières, les intervenants autochtones ont parlé de l’extermination de leur peuple, qui continue aujourd’hui, et ont souligné la surveillance accrue du rassemblement, et les « yeux » pointés sur eux alors qu’ils se réunissent.
Avec des prières et des chants de Pit River, Miwok et Round Valley, Madonna Feather, elle-même de Round Valley, a parlé de la lutte pour sauver la forêt ancienne de Redwoods, des arbres à glands et de la terre ancestrale.
Des femmes et des jeunes filles Apaches combattent pour Oak Flat
Le Bastion Apache était présent pour parler de la lutte pour protéger Oak Flat d’être détruit pour une mine de cuivre à ciel ouvert. Des femmes et des jeunes Apaches veulent sauver le site sacré d’Oak Flat pour pouvoir continuer à pratiquer leurs cérémonies.
Trente-six membres du Bastion Apache avaient fait le voyage de leur pays en Arizona pour faire part de leur combat pour empêcher que le site sacré d’Oak Flat soit creusé, éventré, pour une énorme mine. Les femmes Apaches ont décrit leur combat pour protéger le site pour la Cérémonie de passage à l’âge adulte des jeunes filles Apaches.
« Nous avons pu les tenir à distance un moment, et d’effectuer la cérémonie pour ma fille », dit Sinetta Brown, Apache. « Nous avons couru, combattu, ils ont essayé de prendre l’île. Ils nous ont menacés, ils nous ont tiré dessus. »
« C’est dans notre sang, de continuer, de continuer à combattre. » Alors que leur combat continue au tribunal, S. Brown a appelé les Autochtones de Round Valley et de Californie à les soutenir.
La fille de S. Brown, la jeune Apache Lozen Brown Lopez, dit : « Ils vont essayer de détruire notre terre sacrée où notre eau sacrée sera polluée. »
« C’est où nous sommes nés et avons pris notre premier souffle » dit Lozen, qui parla aussi avec passion de ceux qui avaient souffert dans les pensionnats, ceux dont les cheveux ont été coupés et à qui il a été interdit de parler leur langue – et des filles qui luttent pour pouvoir y avoir leurs cérémonies.
« Nous connaissons notre langue, et ce que nous devons faire pour protéger nos terres sacrées » dit Lozen, au nom des jeunes filles Apaches qui se préparent à effectuer leur Cérémonie de passage à l’âge adulte à Oak Flat.
Wendsler Nosie Sr. dit qu’il était retourné au pays pour protéger Oak Flat il y a six ans, un site Saint et Sacré. Il dit que c’était un honneur d’être là et d’honorer les femmes dans ce combat.
« Aujourd’hui, nous combattons pour la Terre, notre Mère. »
« Les autres races oublient que c’est notre Mère, qu’elle nous nous nourrit. »
W. Nosie dit que les gens étaient revenus à l’essentiel, que c’était le grand plus cadeau de pouvoir, la grâce de pouvoir communiquer avec l’Esprit.
À propos des enfants, il dit que « c’est triste de voir combien d’entre eux luttent pour leur survie. »
« Tout a commencé par une prière. »
« Nous devons nous lever comme nous l’avons fait ce matin, en priant » dit W. Nosie, en remerciant pour la souffrance qui, dit-il, ne peut que rendre les gens plus forts.
« Nous devons protéger ces Lieux Sacrés. »
« Quand ce pays pleure, il est temps pour les Autochtones d’agir spirituellement. Ce pays pleure, il a montré sa faiblesse. »
« Maintenant, il est temps d’aller de l’avant. »
Le Bastion Apache a offert un chant de bénédiction.
Les Kumeyaay : Les Sons et les Graines de la Résistance
Stan Rodriguez, Kumeyaay, de San Isabel, parla des tentatives d’exterminer son peuple dans leur territoire. Les Kumeyaay vivent dans ce qu’on appelle le Comté de San Diego, en Californie, et au sud de la frontière, à Baja.
« Cette frontière a été imposée à travers le territoire Kumeyaay » dit Rodriguez, à propos de la moitié de leur territoire au sud de la frontière, à Baja.
En tant que président de l’Université DQ (Deganawidah-Quetzalcoatl), il dit que DQ, qui était sorti des cendres d’Alcatraz, voulait se relever.
« Nous ne reconnaissons pas ces frontières, nous avons nos propres territoires, notre propre terre » dit Rodriguez, parlant du riche héritage des Autochtones de Californie.
« Nous avons plus de langues, de cultures, de diversité que n’importe quel endroit du monde, à part les Papous de Nouvelle-Guinée, des centaines de langues, des centaines de nations. »
La nation Kumeyaay a survécu aux intrusions espagnoles, mexicaines, russes et américaines.
« Leur politique était d’essayer d’exterminer notre peuple » dit-il. Le premier gouverneur de Californie, Peter Burnett, avait mis leurs têtes à prix.
« Nous sommes les survivants d’un Holocauste, nous sommes toujours en vie. »
« Quand nous nous réunissons pour chanter nos chants, c’est de la résistance. Quand nous parlons notre langue, c’est de la résistance. Notre pouvoir vient de notre unité. Quand nous nous rassemblons et nous soutenons les uns les autres, personne ne peut nous arrêter. »
Avec des remerciements aux Ohlone de les avoir laissés venir, il entama des Chants du Guerrier, les chants de valeur, de persévérance et des batailles menées et gagnées.
« Nous sommes tous des guerriers, ici, nous devons nous en souvenir. »
La raison pour laquelle la terre nous a échappé est que les gens n’ont pas résisté ensemble, dit-il, mais ils peuvent en tirer des leçons.
« Nous pouvons nous rassembler comme un Carquois de Flèches qui ne peut jamais être brisé. »
Quand les gens ont été évacués de force d’Alcatraz, ils ont occupé un terrain près de Davis et Santa Rosa, dans le nord de la Californie.
« Ils ont emporté les graines d’Alcatraz avec eux, c’est devenu l’Université DQ » dit-il, invitant tous ceux qui s’étaient rassemblés à Alcatraz de se joindre à eux pour le diner et de parler d’ouvrir une nouvelle école.
Souvenirs des Premiers Jours de la Résistance
« Radio Alcatraz Libre » avec Miguel Molina sur KPFA, émet toujours en direct. Molina dit que la Radio Alcatraz Libre avait à l’origine été émise par John Trudell, pendant l’Occupation de 1969, et redémarrée par Molina et KPFA en 1992.
L’émission de ce matin a commencé quand le premier bateau est arrivé sur l’île à l’aube, avec l’interview par Molina de Jimbo Simmons, venu d’Oklahoma. Jimbo dit que la prière commencée en 1969 continue aujourd’hui, les jeunes portant la prière au niveau suivant.
« Cet esprit de résistance est ce pour quoi nous sommes ici aujourd’hui. » Jimbo dit qu’Alcatraz était le début d’un mouvement international de solidarité pour les droits des Autochtones.
Se souvenant des premiers jours de la Cérémonie du Lever du Soleil d’Alcatraz, Jimbo dit qu’il avait été difficile de trouver 150 personnes pour assister, les premiers jours. « Nous donnions nos billets pour rien. »
Jimbo se souvenait de Bill Wahpepah et des premiers jours de résistance de l’AIM [Mouvement de Résistance Indienne].
« Alcatraz était la pointe de la lance. »
L’esprit de résistance et le Feu Sacré sont la raison pour laquelle les gens sont ici, dit-il.
Tony Gonzales, de l’AIM-Ouest, parlant de « Un-Thanksgiving » [Non-Remerciements], dit que la fête célébrant « des Indiens nourrissant les pèlerins » était un mythe.
Tony dit qu’il était heureux de voir tant de jeunes aujourd’hui. Rappelant ceux qui avaient occupé l’île la première fois et les sacrifices faits pour être là, Tony dit, « Nous partageons ce lien. »
Justice Autochtone : Honorer les Femmes Guerrières Indiennes de Californie

« En ce 56ème Anniversaire de l’Occupation d’Alcatraz, nous voulons honorer les femmes Indiennes de Californie, qui protégeaient, nourrissaient et portaient le mouvement alors que le monde ne voyait rien.
« Sue Steele, Shirley Guevara, Eldy Bratt, Justine Moppin, Cecilia Pepion, Sandra Aguilar et Rosalie McKay – des femmes qui étaient là, maintenait la ligne, élevaient les enfants, faisaient la cuisine, protégeaient les gens et faisaient brûler les feux de la souveraineté. Leur direction a rendu possible le Red Power Movement [Mouvement du Pouvoir Rouge]. Leur courage continue de modeler notre lutte pour les droits des Autochtones, la sécurité et l’autodétermination aujourd’hui.
« De 1969 à maintenant, l’Occupation reste un rappel : notre survie est un acte de résistance, notre souveraineté est inhérente et notre futur est sacré. Les prières de nos anciens et de nos ancêtres sur cette île, continuent de nous protéger, de nous guider et de renforcer notre combat pour les 7 générations à venir.
« Nous sommes heureux de nous rassembler jeudi 27 novembre, pour honorer les guerrières de l’Occupation, nos anciens, et continuer le travail qu’ils avaient commencé, en défendant nos terres, nos peuples et notre droit de vivre libres, en sécurité et souverains.
« Nous rendons honneur aux femmes qui nous ont soutenus à l’époque. Nous suivons leurs pas maintenant. »
LONGUE MARCHE 2019: “NOUS CONTINUERONS”, D’ALCATRAZ A WASHINGTON
La première Longue Marche a eu lieu en 1978, pour commémorer l’occupation de l’Ile d’Alcatraz, dans la Baie de San Francisco, par des membres de l’AIM en 1969. Depuis, plusieurs Longues Marches ont eu lieu, pour attirer l’attention sur les problèmes qui touchent les Autochtones. Celle de cette année, du 11 février au 15 juillet, se propose de traiter de problèmes qui n’affectent pas seulement les Autochtones d’Amérique du Nord, mais tous les Peuples Autochtones. Si la France n’est pas citée parmi les pays qui enfreignent gravement les Droits des Autochtones, c’est parce que la France a supprimé, en 2003, le terme “Peuples” de sa Constitution, pour le remplacer par “populations”. Elle a donc pu signer la Déclaration des Nations Unis sur les Droits des Peuples Autochtones sans les respecter, étant donné qu’il n’y a plus de Peuples Autochtones en France. Cependant, les problèmes cités dans la déclaration ci-dessous s’appliquent totalement aux Peuples Autochtones de Guyane, de Polynésie et de Nouvelle-Calédonie.
Christine Prat
Communiqué de Presse du 6 février
Projet en 11 points publié sur Censored News
Le 7 février 2019
Traduction Christine Prat
Longue Marche 2019, communiqué de presse du 6 février
La ‘Longue Marche: Nous Continuerons’ a été entreprise pour s’attaquer aux principales menaces pesant sur les Amérindiens et les Peuples et Nations Autochtones. C’est une Marche spirituelle pour tous les Peuples Autochtones et nos alliés. En 1978, la [première] Longue Marche a été organisée comme moyen d’affronter 11 projets de loi anti-Indiens au Congrès, entre autres un projet de loi visant à abroger tous les traités avec les Indiens. En 2019, nous sommes à nouveau confrontés à de graves menaces pour nos enfants, nos femmes, nos terres, nos eaux, notre souveraineté et même notre Savoir Autochtone.
Le 11 février, nous commencerons par une Cérémonie sur l’Ile d’Alcatraz, dans la Baie de San Francisco, pour commencer notre Marche spirituelle jusqu’au Monument de Washington, à Washington D.C. Nous avons identifié 11 domaines que nous devons affirmer, défendre et enseigner. Ce sont:
- Soutenir et Protéger les Enfants Indiens
- Honorer les Femmes Autochtones
- Renforcer la Souveraineté Inhérente et Autochtone
- Créer une Convention de l’Environnement
- Faire annuler la Loi 280 et la Doctrine des Pleins Pouvoirs
- Nettoyage et Protection de la Terre, des Eaux et de l’Air
- Traités, Territoires et Responsabilités Coutumières
- Renforcer et Affirmer la Liberté Spirituelle et Protéger les Sites Sacrés
- Protéger le Savoir Autochtone
- Soutenir une Transition Juste
- Affronter l’Abus d’Alcool et Autres Drogues
En route, nous voulons être informés de problèmes qui peuvent entrer dans ces onze thèmes. Nous voulons aussi encourager ceux qui ont participé à des Marches précédents à communiquer leur histoire, et écouter les communautés le long du trajet, qui ont aussi leurs propres histoires à raconter.
En arrivant à Washington, D.C., nous organiserons des discussions sur ces problèmes, dans l’intention de trouver des bases communes sur lesquelles les diverses Nations et organisations des Peuples Autochtones peuvent être d’accord. Nous espérons que ces discussions se produiront dans beaucoup de lieux à la fois, avec des actions décentralisées, et que nous en formerons un réseau ensemble, en plus du Manifeste de la Longue Marche. A cause des menaces importantes pesant sur nos Peuples, beaucoup de nos actions sont des réactions à ce que les états-nation et les grandes compagnies nous font. Ces importantes actions défensives ont joué un rôle majeur pour préserver ce que nous avons encore. Notre espoir, en trouvant des bases communes à certains de ces problèmes, est de pouvoir nous engager dans une pensée stratégique et une coordination entre nous tous. Peu importe les obstacles, peu importe les attaques pouvant se produire, peu importe à quel point les choses peuvent être difficiles… Nous Continuerons.
LONGUE MARCHE 2019: LE PLAN EN 11 POINTS
1) Soutenir les Enfants Indiens : la Loi sur le Bien-Etre des Enfants Indiens est censée protéger les enfants Indiens contre la possibilité d’être emmenés de force loin de leurs Nations. Elle a récemment été jugée anticonstitutionnelle dans l’affaire Braken v. Zinke. La décision était fondée sur les droits de l’état, ignorant la souveraineté tribale, et considérant le statut des Indiens comme étant seulement racial, et non pas fondé sur la relation légale/politique entre les Nations Indiennes et le gouvernement des Etats-Unis. Si c’est approuvé par la Cour Suprême, les enfants Indiens seront un gibier facile pour les états en collusion avec agences d’adoption privées, pour kidnapper légalement des enfants Indiens. Les bases de cette décision ouvriraient aussi les portes à une nouvelle ère de “Termination”* [au sens ‘Terminator’], qui annihilerait la Souveraineté Tribale. De plus, 14 000 enfants sont détenus dans des camps de prisonniers à la frontière sud des Etats-Unis, la plupart d’entre eux étant Autochtone. Ces enfants sont oubliés, et il faut beaucoup de pression pour que ce crime contre l’humanité soit stoppé.
2) Honorer les Femmes Autochtones : Le respect et la protection de Notre Mère la Terre est un principe commun aux Peuples et Nations Autochtones. Les Femmes Autochtones ont toujours été en première ligne et au cœur de chaque lutte pour protéger nos terres, nos eaux, les familles et les nations sur ce plan. Cependant, les femmes Autochtones sont toujours marginalisées et soumises aux maltraitances, au viol et au meurtre. En tant que nations Autochtones, nous avons le devoir de changer activement cet état de fait. Il ne peut pas y avoir de protection de Notre Mère la Terre s’il n’y a pas de protection des Femmes Autochtones. Collectivement, nous devons créer et développer des façons d’honorer les Femmes Autochtones en faisant en sorte que les hommes prennent la responsabilité de mettre fin aux maltraitances et au viol dans nos communautés, et en amenant devant la justice ceux qui commettent ces crimes.
3) Renforcer la Souveraineté Inhérente et Autochtone : Les états-nations, y compris les Etats-Unis, sapent la souveraineté inhérente et l’autonomie en réduisant l’autonomie à rien d’autre que la gestion de nos affaires. La structure d’entreprise ou celle de municipalité sont les seules structures que nous pouvons choisir. Ce n’est rien d’autre que la ‘Termination*’ [‘Liquidation’] sous diverses formes. Les états-nation d’Australie, du Canada, de Nouvelle-Zélande et des Etats-Unis ont formé une alliance appelée CANZUS qui coordonne une politique commune pour atteindre ce but. Nous réaffirmons notre détermination au maintien de notre souveraineté inhérente et notre autonomie en tant que Nations Autochtones, sous une forme qui inclut nos propres lois, valeurs, coutumes et traditions. La Souveraineté Autochtone n’est pas définie par des lois, des règles et règlements non-Autochtones ; ni par le développement économique, une “bonne gouvernance”, ou des structures d’entreprise. Ces éléments sont peut-être pragmatiques, mais ils ne nous définissent pas. Nous soutenons aussi plus spécifiquement la souveraineté tribale, et la relation entre les Nations Indiennes et les Etats-Unis comme une relation de nation à nation, pas seulement de gouvernement à gouvernement, décrite à tort. Tout ceci est sous-tendu par une longue histoire de relation bilatérale, biculturelle, fondée non pas sur l’égalité, mais sur des principes d’équité. Cela signifie que la relation reconnaît chacune des parties comme étant de même statut, mais en maintenant leurs identités distinctes. Les idéaux Autochtones sur la souveraineté ne concernent pas seulement le pouvoir et le contrôle, mais aussi la responsabilité et le respect. Ceci implique des obligations pour les citoyens d’une Nation Autochtone de mettre en pratique des responsabilités traditionnelles et coutumières, enracinées dans le Savoir Autochtone, et incluant la protection de nos relations respectives avec nos terres, nos eaux, les animaux et les plantes. Ce concept de Souveraineté Autochtone a été gravement mis au défi par une longue histoire de ‘destinée manifeste’, de génocide, et de perte. Il est essentiel pour nous, Nations Autochtones, de réaffirmer activement la pratique de la Souveraineté Autochtone d’une part, et de mener des combats légaux et politiques d’autre part.
4) Créer une Convention de l’Environnement : En tant que Peuples Autochtones, nous avons la responsabilité d’être les gardiens de l’environnement. Cette responsabilité s’applique à toutes nos nations Autochtones respectives, quelques soient les politiques et les lois de l’état-nation. Nous nous engageons donc à obtenir la création d’une Convention de la Protection de l’Environnement, soumise à l’approbation des Nations Autochtones, qui établisse des standards minimaux concernant tout développement dans les bassins aquifères et les territoires traditionnels autour de nos Nations respectives.
5) Faire annuler la Loi 280 et Renverser la Doctrine des Pleins Pouvoirs : La Loi 280 est une relique de l’époque de la “Termination*” [“Liquidation”] des années 1950. Elle attribue la juridiction criminelle et civile sur certaines Nations Indiennes à certains états. Nous soutenons l’annulation de cette loi et l’obtention de ressources appropriées pour effectuer la transition vers le retour à la juridiction de la Nation Indienne. La Doctrine des Pleins Pouvoirs est un héritage du racisme juridique établi par une décision de justice appelée US v. Kagama (1886). Selon cette doctrine, le Congrès a une autorité unilatérale sur les Nations Indiennes. La Loi Dawes de Distribution des terres, les politiques de “Termination”*, et toutes les autres lois du Congrès contre les Nations Indiennes depuis lors, ont été adoptées selon la Doctrine des Pleins Pouvoirs, et les Nations Indiennes ne peuvent donc pas contester légalement la constitutionalité de ces lois. La reconnaissance de la souveraineté Indienne n’existe littéralement que selon les caprices du Congrès. En ces temps que nous vivons, c’est particulièrement inquiétant. Nous sommes déterminés à affirmer notre souveraineté en dépit de toute action du Congrès qui serait autrement inconstitutionnelle, et à développer des stratégies pour renverser cette doctrine raciste.
6) Nettoyage et Protection de la Terre, des Eaux et de l’Air : Les territoires Indiens ont longtemps été considérés comme des dépotoirs par diverses entreprises et administrations gouvernementales. Par exemple, l’un des pires accidents nucléaires des Etats-Unis a été la rupture d’un bassin contenant des déchets de traitement d’uranium à Churchrock, dans la Nation Navajo, en 1979. 38 ans plus tard, la zone n’a toujours pas été nettoyée convenablement, et les gens et le bétail sont toujours exposés à l’eau contaminée. Nous admettons que 500 millions ont été alloués au nettoyage de certains dégâts causés par l’extraction d’uranium dans la Nation Navajo, mais nous craignons sérieusement que ces fonds et d’autres destinés à d’autres nettoyages de l’environnement, ne soient supprimés sous le gouvernement actuel. De plus, le racisme environnemental, inhérent à l’insuffisance des fonds et de la reconnaissance des dommages à l’environnement qui frappent les Peuples Autochtones, doit être définitivement éradiqué. Nous demandons la création d’un Super Fonds pour remédier à la négligence historique de tous les états-nations, pour nettoyer nos terres et nos eaux, et mettre en œuvre des politiques empêchant qu’elles ne soient à nouveau polluées.
7) Traités, Territoires et Responsabilités Coutumières : Aux Etats-Unis, l’autorité de la Nation Indienne ne s’étend pas seulement jusqu’aux frontières de la réserve, elle s’étend sur les territoires traditionnels respectifs. Ça comprend les territoires selon les traités et les territoires non-cédés pris sans consentement. Cette autorité ne s’étend pas seulement à la chasse, la pêche, la nourriture et la cueillette de plantes médicinales, mais aussi à nos sites sacrés et à la protection de nos bassins aquifères. Tout processus de consultation sera inadéquat, parce qu’en fin de compte, l’autorité ultime sera toujours aux mains de non-Indiens. Nous sommes plus que capables de comprendre et de prendre des décisions sur les questions de développement dans nos régions traditionnelles. Nous notons aussi la décision récente de la Cour Suprême du Canada, dans l’affaire Tsilhqot’in v. British Columbia 2014 SCC 22 (de 2014). Dans cette affaire, il a été reconnu que la Nation Tsilhqot’in avait prouvé avoir conservé le titre aborigène sur une large part de son territoire traditionnel et a donc été reconnue comme ayant autorité de consentement sur la coupe du bois dans cette zone. Nous affirmons que le même principe devrait être adopté aux Etats-Unis, reconnaissant l’autorité de consentement des Nations Indiennes sur des développements touchant les droits et les responsabilités de chasse et de pêche, les droits et les responsabilités sur la nourriture et la cueillette, et ceux concernant les sites sacrés et les sites Cérémoniels.
8) Renforcer et Affirmer la Liberté Spirituelle et Protéger les Sites Sacrés : Les attaques légales contre les croyances et les pratiques spirituelles Indiennes ont augmenté au cours des dernières décennies. Malgré la Loi sur la Liberté Religieuse des Amérindiens de 1978, qui exige que les administrations fédérales respectent les pratiques spirituelles Indiennes, ces mêmes administrations ignorent ou oppressent activement ces pratiques spirituelles. Par exemple, le Corps des Ingénieurs de l’Armée Américaine, en soutenant l’oléoduc DAPL, a activement soutenu le Service du Sheriff du Comté de Morton, en empêchant des Indiens de prier sur une terre supposée relever de leur juridiction. Beaucoup des actions militaires entreprises contre les Défenseurs de l’Eau, ont eu lieu dans des lieus supposés être sous juridiction fédérale et impliquaient en premier lieu la répression de la liberté religieuse. Il y a eu aussi plusieurs décisions de justice, telles l’affaire Lyng v. Northwest Indian Cemetery Protection Association (en 1988) qui ont créé une norme plus lâche pour la protection des croyances et pratiques spirituelles Indiennes selon le Premier Amendement [de la Constitution Américaine, amendement qui garantit la liberté d’expression et d’opinion]. Nous sommes déterminés à affirmer nos voies spirituelles dans nos territoires, que ce soit dans ou en dehors de la réserve, et nous considérons que c’est une responsabilité essentielle. Nous affirmerons ces responsabilités sur nos sites sacrés et Cérémoniels, en tant que faisant partie d’une pratique vivante, et non pas comme relique du passé.
9) Le Savoir Autochtone : Le Savoir Autochtone comprend nos voies spirituelles, nos langues, nos coutumes, nos valeurs traditionnelles, nos structures sociales, nos lois, nos structures politiques. Et bien qu’il soit au cœur même de qui nous sommes, il est gravement menacé. A la base, les grandes entreprises et les états-nations qui ont, pendant des générations, attaqué, sapé et minimisé le Savoir Autochtone, créent maintenant des définitions qui le reconnaissent, selon leurs conditions et dans leur contexte, comme un droit de propriété. Ce qui ne devrait jamais être défini selon les façons de penser non-Autochtones, est maintenant défini dans divers forums des Nations Unies et autres, comme manières de soutenir le développement. C’est particulièrement flagrant à propos des questions de marché du carbone et des crédits de carbone. Pour protéger le Savoir Autochtone, nous demandons une définition établie à partir d’une perspective émanant entièrement des Peuples Autochtones, qui se situe totalement en dehors de la loi de propriété. Hors d’un tel point de vue, ceux qui cherchent à imposer des projets de développement aux Peuples Autochtones devront reconnaître que le Savoir Autochtone est négativement touché par le développement et peut leur être pris avec des compensations en propriété.
10) Transition Juste : Le système économique actuel n’en fait pas assez pour résoudre les graves problèmes environnementaux comme le changement climatique. Souvent, les Nations Autochtones sont en première ligne pour mettre un terme aux projets de développement qui causent les dégâts. Une transition juste est une façon de créer des économies durables à grand échelle, qui se concentrent sur l’énergie renouvelable, et la santé et le bien-être des communautés.
11) Alcool et Autres Drogues : L’Alcool et Autres Drogues ont joué un rôle majeur dans la soumission de nos Peuples et de nos Nations. L’alcool, l’héroïne et les méthamphétamines, pour n’en citer que quelques-unes, continuent de causer des ravages. Il est nécessaire de renforcer notre détermination collective de mettre un terme à l’intoxication et aux violences qui mènent à briser les familles et les communautés.
* Il s’agit du terme “Termination”, qui qualifie la politique menée contre les Indiens dans les années 1950. Il s’agissait de supprimer les réserves – ce qui ne pouvait qu’être approuvé par les Blancs progressistes et les Européens choqués par la notion de ‘réserve’. Cependant, le but était de disséminer les Autochtones dans la société blanche, en comptant sur le fait que beaucoup d’entre eux, brutalement arrachés à leur communauté et leur façon de vivre, seraient tués par l’alcoolisme ou se suicideraient. Les survivants finiraient par être noyés dans la société américaine, les enfants étant éduqués à l’école comme des Américains moyens. Il s’agissait donc bien de génocide, et de “Termination” au sens du film “Terminator”.











