Par Christine Prat
22 mars 2023

Une firme qui prétend « laver plus vert », a l’intention d’installer trois pompes de stockage d’eau sur Black Mesa, qui en manque déjà terriblement, comme le montre un très bref résumé de son histoire.

Peabody Coal, Déportation des Navajos de Big Mountain et Épuisement de l’eau

En 1882, le Président Chester A. Arthur créa, par un Ordre Exécutif, une Réserve pour les Hopis et « tels autres Indiens que le Secrétaire à l’Intérieur pourrait juger bon d’y placer. » Cette zone était connue sous le nom de Joint Use Area ou JUA. Les « autres Indiens » étaient les Navajos qui y vivaient depuis toujours. Cette situation a duré jusqu’en 1974.

Après que des géologues aient cru – à tort – que Black Mesa devait receler du pétrole, dès 1963, la compagnie charbonnière Peabody Coal a commencé à forer pour chercher du charbon. La plupart des Navajos et des Hopis étaient contre l’ouverture à la dynamite de la Terre Mère. Mais quelques dirigeants Hopi avaient besoin de l’argent que l’exploitation de charbon pourrait leur amener. Il y eut donc un conflit politique entre les dirigeants ‘modernistes’ et leurs administrés et voisins ‘traditionnels’.

En 1974, le Congrès des Etats-Unis a adopté la loi PL 93-531, qui décidait du partage de la zone jusque-là commune aux Navajos et aux Hopis, et de la déportation et ‘relocalisation’ forcée de milliers de familles Navajo de Big Mountain. La loi a été votée en plein scandale du Watergate, par conséquent, la plupart des Sénateurs et Représentants étaient absents des discussions de la loi.

Juste avant que la question de Big Mountain ne soit noyée par le scandale du Watergate, le conseiller juridique – Mormon – de la tribu Hopi, qui s’est avéré plus tard avoir été aussi le conseiller juridique de la firme Peabody Coal – fondée par des Mormons –  (qui est toujours la plus grande compagnie charbonnière du monde), et avoir travaillé pour la firme de Relations Publiques – Mormone – qui se chargeait de manipuler les médias, avait réussi à présenter l’affaire comme une guerre tribale dévastatrice entre les Hopis et les Navajos.

En fait, c’était surtout les dirigeants Hopi de l’époque, occidentalisés – et, pour certains, convertis à la religion des Mormons – intéressés par les profits rapportés par l’exploitation du charbon, qui avaient choisi Peabody, contre leurs voisins Navajos et leurs propres administrés ‘traditionnels’, qui n’apprécient pas non plus la pollution au charbon de l’air qu’ils respirent, et l’épuisement des ressources en eau déjà rare.

La situation ne s’est pas améliorée. Encore en 2014, les habitants étaient harcelés, leur bétail saisi. Bien sûr, le harcèlement avait pour but de pousser les gens à partir, étant donné que Peabody voulait s’étendre. Des Hopis, au Conseil Tribal, soutenaient Peabody, vu qu’ils avaient besoin de l’argent que çà leur procurait. Les dirigeants Navajo avaient aussi des intérêts dans l’exploitation des ressources – la mine principale était en territoire Navajo – et avaient donné leur accord pour prolonger le permis d’exploitation de Peabody de 25 ans.

Cependant, les mines de charbon ont fermé, celle de Big Mountain en 2005 et celle de Kayenta en 2019. Mais depuis, Peabody s’acharne à échapper à l’obligation de réparer les dégâts. La firme s’est déclarée en faillite à plusieurs reprises.

Les gens en ont assez d’être empoisonnés par la poussière de charbon, et de manquer d’eau à cause des quantités phénoménales qui ont été utilisées pour extraire le charbon et le transporter sous forme liquéfiée jusqu’aux centrales. La centrale située au nord-ouest de la Réserve a fermé en décembre 2020. L’une des centrales de l’est, au Nouveau-Mexique, la centrale de San Juan, située à proximité de la Réserve, devait fermer en octobre 2022. Celle de Four Corners, extrêmement polluante, située dans la Réserve, près de Shiprock, a encore deux unités en service, les trois autres ont été fermées en 2014. Mais la poussière est toujours présente, la nature défoncée. Rien n’a été réparé.

En plus, il y a au moins 1000 mines d’uranium abandonnées mais toujours radioactives, dans et autour de la Réserve Navajo, et 22 puits ont dû être fermés parce qu’ils étaient radioactifs, privant les gens de sources d’eau proches.

Et le climat de la région est désertique et il ne faut pas trop compter sur la nature pour réalimenter les nappes phréatiques et les sources.

Maintenant, une firme spécialisée dans le « Laver Plus Vert » a demandé des permis pour installer des pompes de stockage d’eau sur Black Mesa. Elle prétend s’approprier le peu d’eau qui reste dans la nappe phréatique et quelques cours d’eau pas encore complètement épuisés. Cette firme a son siège à Paris, où il est plus facile de se faire passer pour écologiste.


Par Brenda Norrell
Censored News
14 février 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

BLACK MESA, Arizona – Peabody Coal a enlevé 341 Navajo et Hopi de leurs sépultures pour extraire du charbon, un instrument de génocide, d’oppression et de déportation.

L’Université du Sud de l’Illinois a encore plusieurs millions d’objets volés à Black Mesa par Peabody Coal, certains datant de 8000 ans.

Au cours de ce tragique voyage, les ancêtres ont été envoyés à cinq musées – dans le Colorado, l’Illinois, le Massachussetts et le Nevada, et finalement au Musée du Nord de l’Arizona, à Flagstaff – avant d’être à nouveau inhumés dans leur terre natale.

Louise Benally, Diné de Big Mountain, dit « La compagnie Peabody Coal n’a aucun respect pour quoique ce soit ni qui que ce soit, il n’y a que leur avidité qui compte. » Louise Benally répondait à une interview en 2013, après la découverte du déplacement des ancêtres.

« Ils volent les âmes des ancêtres qui reposaient dans la terre. Les os doivent être laissés tranquilles » dit Louise, qui a passé sa vie à résister à Peabody Coal et à la déportation.

Le vol des ancêtres par Peabody Coal avait commencé 45 ans plus tôt sur Black Mesa.

Aujourd’hui, Nicole Horseherder, Diné, de Big Mountain, sur Black Mesa, et directrice de To Nizhóní Ani, dit que les gouvernements tribaux Navajo et Hopi ont été pris en otage.

« On n’en finit jamais de l’exploitation de la Compagnie de l’Ouest de Peabody Coal. Ils ont pris plus de 24000 hectares de terres pour la mine, ont dressé les familles les unes contre les autres, ont détruit les nappes phréatiques peu profondes et l’eau des sources*, mis en danger l’équilibre des nappes phréatiques profondes, et déterré nos ancêtres pour les envoyer dans des musées et des institutions sans notre consentement.

« C’est une honte que la Nation Navajo et la Tribu Hopi se soient laissées prendre en otage pendant 50 ans, mais les membres de la communauté Diné savent que les objets archéologiques et les restes d’ancêtres devraient être rendus pour être à nouveau enterrés » dit Nicole Horseherder à Censored News.

Nicole dit que les Diné qui vivent sur leur terre n’ont jamais été informés de la réinhumation de certains ancêtres.

« Le fait que nous n’ayons été ni informés ni consultés est un testament de la perfidie de Peabody Coal envers les communautés Navajo. Nous avons eu une relation raciste avec Peabody depuis qu’on leur a accordé des baux pour extraire du charbon. »

Depuis 1968, Peabody a déterré 200 ancêtres de leurs sépultures en creusant pour extraire du charbon de Black Mesa. D’autres ancêtres ont été retirés de leurs tombes près de Kayenta, pour faire place au chemin de fer qui transportait du charbon à la centrale de Page, selon une note de la NAGPRA [Loi sur la Protection et le Rapatriement des Tombes Autochtones].

C’était le Prescott College et l’Université du Sud de l’Illinois qui a effectué le ‘Projet Archéologique de Black Mesa’ – un euphémisme pour couvrir l’horreur d’ouvrir des tombes et de voler des ancêtres et leurs anciennes possessions. Le Prescott College a annoncé avoir fait faillite, à l’époque, selon la note de la NAGPRA qui relate en détail ces horreurs.

Vernon Masayesva, ex-président tribal Hopi, dit « je suis furieux que mes ancêtres aient été déterrés, émiettés et envoyés aux universités pour être étudiés. »

Le Guardian a publié un reportage sur la lutte pour ramener les ancêtres chez eux en 2014. Cependant, il a fallu encore cinq ans avant que les ancêtres soient réinhumés.

« Les os sont un sous-produit de l’extraction minière » dit Nicole Horseherder, une militante du groupe de base Navajo Tó Nizhóní Ání. « Ils auraient dû avoir un projet pour les réinhumer… Au lieu de cela, ils ont créé une situation qu’ils ne savent pas réparer. »

Un rapport du Corps des Ingénieurs de l’Armée décrivait les conditions déplorables dans lesquelles les ancêtres étaient conservés à l’Université du Sud de l’Illinois. On avait pénétré dans les lieux par effraction et des objets avaient disparu.

Alan Downer, un ancien responsable de la conservation pour la Nation Navajo, dit que la tribu n’avait jamais autorisé à prêter des restes à une professeure, Debra l. Martin, qui enseigne à l’Université du Nevada à Las Vegas. Il dit avoir été « choqué de découvrir » il y a environ huit ans, qu’elle avait des os depuis 1980, selon le Guardian.

Plusieurs millions d’objets archéologiques pris à Black Mesa sont toujours à l’université.

Une anthropologue de l’Université du Nord de l’Arizona, Kelley Hays-Gilpin, qui avait participé aux fouilles, écrivit avoir vu, lors d’une excavation de Peabody, des os humains écrasés par la machinerie de la mine et des ruines anciennes creusées par une pelleteuse, selon l’article du Guardian.

Ramener les ancêtres chez eux

Richard Begay, responsable de la conservation historique Navajo, et Stewart Koyiyumptewa, responsable de la conservation culturelle Hopi, ont travaillé ensemble pour ramener les ancêtres pour les réinhumer. Ils ont commencé en 2017, selon le Southern Illinoisan, un journal de l’Illinois.

Begay dit « Nous croyons que les restes spirituels de ces gens sont toujours à Black Mesa, bien qu’ils se languissent depuis longtemps.

« Nous voulions être sûrs de leur donner une sensation de paix. »

Avant la réinhumation, les objets funéraires sont restés à Carbondale (Illinois), alors que les restes humains avaient été transférés à un chercheur de l’Université du Nevada, à Las Vegas.

« Des représentants Navajo et Hopi sont allés à Las Vegas pour ramener les squelettes en Arizona. Ils sont aussi allés deux fois à Carbondale pour récupérer les objets funéraires et les ramener en Arizona. »

Les ancêtres ont été enterrés par des Navajo et Hopi, avec leurs propres cérémonies, en mai 2019, près du lieu où ils avaient été retirés, selon le Southern Illinoisan.

Roberta Blackgoat : Peabody Coal creuse le foie de Notre Mère la Terre

Roberta Blackgoat [décédée en 2002], qui a passé sa vie à lutter contre Peabody Coal et à résister à la déportation, dit « Notre Mère la Terre est comme un être humain. C’est comme si elle subissait de nombreuses opérations chirurgicales partout, et la poussière s’échappe et se dépose dans nos poumons. Ça cause le cancer et ce genre de maladies. Nos jeunes ont été envoyés au-delà des mers et utilisés pour leur langue et pour tuer des gens pour Washington. [Pendant la 2ème Guerre Mondiale, les Navajos mobilisés étaient envoyés se battre contre les Japonais. Ils ont développé un code en langue Navajo pour communiquer, les Japonais n’ont jamais réussi à le décoder. ‘Washington’ signifie le gouvernement U.S. pour les Navajos]. À part ça, nous ne sommes même pas reconnus comme des humains. Nous avons besoin d’être connus. »

« La chose la plus importante que nous avons mentionnée, dans cette région, c’est l’Autel, qui nous a été donné par les Gens Sacrés, et que les Quatre Montagnes Sacrées au milieu desquelles nous, les Diné, vivons est comme un hogan, et là où nous vivons sur Black Mesa c’est l’Autel. Et c’est précisément là qu’ils creusent le foie de Notre Mère la Terre, le charbon. Alors, nous nous battons pour protéger notre Autel, en ce moment. C’est la loi qui a été faite pour les Diné. »

« Nous ne le faisons pas seulement pour les êtres humains vivant maintenant. Nous pensons plus loin, toujours plus loin, pour les générations à venir, afin qu’ils puissent avoir une vie heureuse sur la planète. Nous voulons mettre fin à ces pollutions pour que nos jeunes puissent vivre sainement après nous. C’est comme cela que la prière et les chants sacrés ont été faits – c’est notre voie, pour un mode de vie sain. »

*Pour liquéfier le charbon et le transporter jusqu’à une centrale électrique.

Article Brenda Norrell
Censored News
Le 7 mai 2020
Une interview de Louise Benally sur First Voices Radio
Traduction Christine Prat

Mes anciens avaient l’habitude de dire ‘Ce qui est dans la Terre est ce qui maintient l’équilibre de la Terre. Si nous extrayons tout et le détruisons, l’équilibre sera perdu… La lune et la Terre vont perdre leur équilibre mutuel.’ – Louise Benally, Diné de Big Mountain.

Louise Benally, Diné de Big Mountain, a partagé les messages qui lui avaient été transmis par les anciens sur la façon dont Notre Mère la Terre a été perturbée, au cours d’une interview sur First Voices Radio, avec l’animateur Tiokasin Ghosthorse, Lakota de Cheyenne River.

« La Nature s’en occupe » dit Louise.

Citant les enseignements de ses ancêtres Diné, Louise décrit comment les minéraux dans la terre la maintiennent en équilibre. Quand ces minéraux – le charbon, l’uranium, le pétrole et le gaz – sont extraits, il y a des conséquences, dit-elle à propos du coronavirus et de ce qui arrive en ce moment à la Nation Navajo.

« S’il y a tant de perturbation, les choses vont changer pour le pire pour l’humanité. Nous sommes témoins de ce virus, parce que – j’en suis persuadée – il vient du poison qui a été extrait et produit et est constamment développé par les carburants fossiles, comme le pétrole, le charbon, l’uranium, le gaz, et toutes sortes de minéraux qui sont exposés à l’air quand ils sont extraits. »

« Tout ce qui est dans la Terre doit être laissé tranquille, parce que ce sont des vies d’avant celle qui se déplace sur la terre aujourd’hui. Ils ont été purifiés et sont devenus partie intégrante de la Terre.»
«Si vous les ramenez à la surface et les traitez au-delà des limites, ils deviendront toxiques.»
«L’eau donne la vie et est essentielle, tout comme l’air. »

Ce virus prend des vies et étouffe les gens. C’est ce que les gens sont en train de faire à la Terre. Ils abattent les forêts tropicales qui sont les poumons de la Terre.
«Nos anciens disaient que c’était les poumons de la terre qui purifient les choses. »

Depuis 50 ans, du charbon a été extrait, dit-elle, à propos de l’extraction de charbon par Peabody Coal sur Black Mesa, près de chez elle, qui alimentait la Centrale dite Navajo, dans la Nation Navajo.

Cette centrale au charbon fournissait de l’électricité à bon marché au sud de l’Arizona et à tout le Sud-ouest.

Louise et sa famille ont passé les 50 dernières années à résister à la déportation de Big Mountain. Des dizaines de milliers de Diné ont été déportés pour faire place aux mines de Peabody Coal sur Black Mesa.

Louise dit que maintenant, dans la Nation Navajo, l’air, l’eau et le sol sont extrêmement pollués. Les politiciens ne font rien contre ces poisons qu’ils ont sorti du sol. C’est laissé à l’air libre, à la surface.

Quand les animaux et les gens mangent ces poisons, ils les ingèrent dans leurs systèmes vitaux.
C’est comme l’air, quand il est pollué, ça s’accumule dans notre système et nous ne pouvons pas nous en débarrasser.

C’est l’enseignement des anciens. Chaque nation a sa façon de communiquer avec la Terre.

Les Êtres Célestes qui ont créé cette Terre et l’ont maintenue en équilibre, n’ont plus ses offrandes.

« On nous a dit que si nous ne revenions pas au respect que nous lui devons, et ne continuions pas nos offrandes, un jour, nous n’aurions plus d’eau, nous n’aurions plus de nourriture. Que tout le monde mourrait. C’était apparu comme une vision à l’une de nos ancêtres. »

En cette saison particulière, en 1997, ils ont fait une offrande. Depuis, elle dit qu’il ne s’était pas passé grand-chose en ce qui concerne les offrandes, les prières et les remerciements pour la vie.

Elle dit que les gens s’étaient tournés vers la possibilité de faire de l’argent avec l’extraction minière. L’extractivisme n’arrête jamais, surtout pour le pétrole et le gaz, ça recouvre toute la Planète. Quand le soleil se lève, toute cette toxicité reste dans l’air, ça réchauffe l’atmosphère, ça cause des changements dans la Nature.

Louise dit «Comment pouvons-nous continuer, inverser certaines de ces choses? Ou bien nous changeons, ou nous allons être avalés par la Nature.»

Le présentateur Lakota, Tiokasin Ghosthorse dit que la toxicité commence en soi-même, avec nos propres idées. Tiokasin dit que les gens font comme si ça allait pour le mieux, sans jamais purifier quoique ce soit, et ça commence à l’intérieur de soi.

Louise dit que ça commence à l’intérieur de chaque personne, l’inversement de la présomption, pour s’écarter des carburants fossiles.

Elle dit que des gens se baladaient avec des fusils, en exigeant que tous les lieux publics rouvrent.
«Ça dit bien à quel point ça déraille, au nom de la cupidité.»
«Ils veulent toujours plus.»

« Ce virus a fondamentalement tout bloqué, et ce ne pourra qu’être pire si nous ne faisons pas quelques pas en arrière. »

Ce qu’il y a de mieux c’est le Nouvel Accord Vert, dans lequel tout est alternatif. Actuellement, les gens ne savent pas quoi faire, face à tout ce qui arrive, mais c’est à la Nature de décider.

« Notre Mère la Terre contre-attaque. »

Louise dit qu’il fallait étudier de plus près les problèmes et les solutions : « Fermez toutes ces centrales qui brulent des carburants fossiles. »

Elle dit que les milliers de pétroliers qui attendent le long de côtes, alors qu’il n’y a pas de marché pour le pétrole, devaient être stoppés.

« Les gens avides ont tué la nature. Ils ont tué les Autochtones dans tout ce continent au nom de l’avidité. Je sens que c’est la nature qui contre-attaque. »

« S’ils ne peuvent pas le voir, j’ai le sentiment qu’ils sont une cause perdue. »

«Nous devons continuer» dit-elle à propos de ceux qui sont connectés à la Nature.
«C’est tout ce qui compte, et ça ne coûte pas d’argent.»

Tiokasin demanda si la Terre était plus intelligente que l’homme et si l’humanité avait oublié les enseignements.

Louise dit qu’aujourd’hui, un très petit nombre de gens croyaient en la voie de l’enseignement des ancêtres.

La majorité de notre communauté a été Christianisée et a totalement perdu le contact avec la nature. Quand on essaie de leur parler de la nature, ou du caractère sacré de la Terre, ils se détournent et vous disent que vous êtes pour une cause perdue.»
«Cette attitude n’aide pas.»

Des fonctionnaires de Washington, elle dit « Ils sont comme des Zombies. Aucune confiance. Ils rament, voulant toujours plus. Et tellement de gens meurent, tellement de gens sont malades. Il faut changer de direction, d’une manière ou d’une autre.»

Louise dit que le système est mauvais, qu’il est basé sur la consommation et le capitalisme, ce qui n’est pas la façon dont nos structures sont édifiées dans nos propres cultures.

« Des Autochtones sont en prison et certains sont tués, parmi ceux qui protègent. C’est un temps complètement chaotique. »

« Nous devons atteindre ceux qui n’ont pas de conscience et les amener petit à petit à se retourner et à prendre l’autre direction. Les gens doivent se détourner des carburants fossiles et de l’avidité. »

Ils nous appellent tout le temps les nécessiteux – mais ce sont eux, les nécessiteux.

« Ils doivent détruire quelque chose, le tuer et le manger pour se sentir bien, en accord avec eux-mêmes, de ce point de vue. Ce n’est pas bon. »

Tiokasin dit qu’il y a plus de 40 ans, le charbon était extrait de Black Mesa, épuisait l’eau, le sol et l’air, pour fournir de l’électricité à Los Angeles et au Sud-ouest.
«Nous ne pensons qu’aux gens qui souffrent» dit Tiokasin.

Tiokasin demanda si nous avions oublié les animaux, les oiseaux, l’eau et la terre qui avaient souffert de cette avidité. Il dit que les Autochtones avaient répété tout cela depuis 1492.

Louise dit «Nous ne sommes ni respectés ni estimés par le monde de la société coloniale.»
«Si nous ne sommes pas compris, notre Mère va lever les bras et commencer à se défendre elle-même.»

Notre Mère la Terre sait qu’il y a toujours eu des Peuples Autochtones vivant en harmonie avec la Nature. Ce n’est pas compris par le monde de la consommation.

«Ils veulent plus, toujours plus, tout le temps.»

« Nous avons été exposés à l’uranium dans les années 1940 et 1950, nous avons été exposés au charbon, et nous avons été exposés au gaz et au pétrole. »

Les gens sont partis et souffrent de ce virus à cause de tous ces développements du passé. L’eau n’est plus pure, l’air n’est plus pur. Beaucoup de végétation et d’espèces sont en voie d’extinction.

« Nous n’avons pas d’autre choix que de parler à la Terre, à notre Père le Soleil, et à l’Univers, c’est notre loi. C’est bien au-dessus de toutes ces lois qui nous sont imposées. »

Louise dit que le virus amène des changements et que les choses sont ramenées à l’équilibre.

La qualité de l’air était si mauvaise, en Chine, quand le virus est arrivé. « C’était noir et maintenant c’est clair. » Le trou dans la couche d’Ozone au-dessus de l’Arctique est refermé maintenant. Beaucoup de choses sont ramenées vers l’équilibre.

« Pour moi, c’est la preuve manifeste. »

« La prochaine chose qui doit disparaitre, c’est l’industrie automobile, parce qu’il y a trop de voitures dans ce pays, dans ce monde. »

« Peut-être que les gens ont besoin de rester chez eux, de cultiver leur nourriture et de vivre en paix, sans avoir à conduire ici et là, et que de plus en plus de pétrole et de gaz soient pompés. »

« Mes anciens disaient ‘Ce qui est dans la Terre est ce qui maintient l’équilibre de la Terre. »

« Si nous extrayons tout et le détruisons, l’équilibre sera perdu, et il y aura des conséquences. »

« Le pire est ce que ma mère disait, ‘La lune et la Terre vont perdre leur équilibre mutuel.’ »

Les minéraux contenus dans la Terre retiennent la lune en équilibre. Elle dit que si nous extrayons tout ça, l’équilibre sera perdu et c’est ce qui régit la Terre.

Cette règle peut être comparée aux femmes, qui sont les régulatrices, parce que la femme donne la vie.

« Si la femme n’est pas en équilibre, toute la famille perd l’équilibre. » C’est pourquoi les femmes sont très importantes.

Elle dit que le centre de l’éducation des colonisateurs est l’argent et que ça a des conséquences. Les jeunes doivent être éduqués.

« Nous devons continuer à communiquer, c’est ce qui compte. »

« Restez chez vous, lavez-vous les mains, ne vous mêlez pas aux foules, et tout ira bien. »

Tiokasin dit que le passé est toujours en nous et détient les réponses.

« Vous étiez préparés à cela » dit-il, incitant les auditeurs à ne pas succomber à l’obscurité.

« Nous devons utiliser cette intelligence. »

Louise Benally est Présidente d’Indigenous Cultural Ways, un projet de l’Association des Agriculteurs Autochtones. Elle est Directrice d’Indigenous Cultural Concepts, un projet de Media Island.


Manifestation contre Peabody à St-Louis, en 2016, photo Bret Gustafson

 

Peabody Coal à la 16ème place sur la liste des 100 entreprises les plus polluantes du monde

 

Par Brenda Norrell
Censored News
16 juillet 2017
Traduction Christine Prat

 

Peabody Coal est numéro 16 sur la liste des 100 entreprises les plus polluantes du monde. La Nation Navajo vient de prolonger le contrat de la centrale au charbon très polluante, qui utilise le charbon de Peabody de Black Mesa. La nécessité pour Peabody de dégager le terrain pour extraire du charbon de Black Mesa est la véritable cause de la déportation de Navajos [loi de 1974, évacuation commencée en 1987. Les habitants de Big Mountain qui ont refusé de partir sont toujours ‘illégaux’ sur leur propre terre – NdT].

D’après le Guardian, “Seulement 100 compagnies sont responsables de plus de 70% des gaz de serre émis dans le monde depuis 1988, selon une nouvelle étude.”

Le “Carbon Majors Report” – Rapport sur le Carbone des plus grandes Entreprises, un PDF du site britannique Carbon Disclosure Project (Projet de Révélation sur le Carbone) – “souligne comment un nombre relativement réduit de producteurs de carburants fossiles pourraient détenir la clé du changement global dû aux émissions de carbone,” écrit le Guardian.

L’extraction de charbon sur Black Mesa a résulté en 40 ans de malheur pour les Navajos de Black Mesa, aussi bien ceux qui ont été déportés, que ceux qui continuent de résister à la déportation. Peabody continue à empoisonner le sol et l’eau avec l’extraction de charbon de Black Mesa.

Le gouvernement de la Nation Navajo, en collusion avec les politiciens des Etats-Unis et d’Arizona, et les grandes entreprises, vient de prolonger le contrat d’une des centrales au charbon les plus polluants au monde, la Centrale Navajo, près de Page [Page, site touristique, est juste à l’extérieur de la Réserve Navajo, la centrale juste à l’intérieur – NdT], qui fournit de l’électricité au sud de l’Arizona [mais pas aux Navajos de la région qui subissent le gros de la pollution – NdT].

Voir l’article (en anglais) du Guardian sur les plus grands pollueurs du monde, avec un tableau des 100 entreprises les plus polluantes et leur part dans l’émission des gaz à effet de serre.

 

 

 

 

MISE A JOUR URGENTE DE LA SITUATION A BIG MOUNTAIN, DE BAHE’S SHEEPDOG MEDIA ET BLACK MESA INDIGENOUS SUPPORT

Par NaBahii Keediniihii
Publié sur Censored News (in English)
25 août 2015
Traduction Christine Prat

MISE A JOUR URGENTE

25 août 2015

Lois excessives sur la Confiscation du bétail à Big Mountain sur Black Mesa

Nous devons tous vivre avec des règles, que nous soyons en milieu urbain ou rural, et les permis peuvent aller du nombre d’animaux de compagnie que nous pouvons avoir à la quantité de bétail que nous pouvons faire paître. Ce que fait la Tribu Hopi est semblable à ce que fait n’importe quelle autorité de comté/état, qui établit des règles sur l’élevage, particulièrement celui des chevaux et du bétail. La situation actuelle à Big Mountain concerne, en partie, le fait que les Rangers Hopi effectuent leur évaluation annuelle du bétail, alors que cependant, pour bergers et chevriers Diné, c’est exceptionnel parce que çà concerne la culture et l’identité. Il est aussi important de comprendre qu’à cause de ce facteur unique, les Diné essaient de résister à ces pratiques de ‘gestion des pâturages’ tout comme ils ont résisté au programme de déportation.
La Police du Bureau des Affaires Indiennes (BIA) et les rangers tribaux ont réorienté leur politique de confiscation de bétail contre ces Diné. Il y a maintenant un système d’alerte relié aux Services d’Opérations Spéciales de toute l’administration et çà rend l’application des règles plus excessive.
Ces Diné qui ont résisté à une loi de déportation fédérale et sans appel, ont été soumis la semaine dernière à un comptage du bétail et des saisies et on s’attend à ce que çà continue, peut-être jusqu’au mois prochain. Le comptage du bétail et les saisies sont aussi utilisés comme moyen de harceler, démoraliser, détruire la base économique et culturelle, surveiller les activités effectuées dans les maisons familiales, et mettre la pression sur tous les Diné pour les pousser à quitter leurs terres ancestrales.
Au final, cette politique de déportation forcée ne créera pas de nouvelles terres Hopi comme le dit la Loi, mais çà fera de la place pour que la firme Peabody Coal puisse s’étendre et exploiter les derniers restes de charbon. Ici, le rôle de Peabody est essentiel, comparé à toutes les autres exploitations minières en Arizona, c’est un investissement multinational à long terme, jusqu’aux années 2055-60. Les vieux contrats miniers d’il y a 50 ans sur Black Mesa ont maintenant presque épuisé leurs ressources et Peabody espère étendre géographiquement de nouveaux contrats dans la région culturellement intacte de Big Mountain.
Après les attaques ciblées et la force exagérée utilisée pour la confiscation d’animaux par le BIA et la police Hopi à l’automne 2014, les bergers résidents ont non seulement été laissés dans la gêne, mais certains n’avaient pas les 1000 ou 2000 dollars exigés pour la restitution de leurs animaux. Une femme traditionnelle, âgée de plus de 90 ans, a perdu tout son troupeau et s’est retrouvée dans une situation tellement dramatique qu’elle a demandé au gouvernement de l’aider à déménager. Son voisin, une homme traditionnel qui était intervenu pendant la saisie, a été arrêté et finalement acquitté cet été, après toute une période angoissante de longs voyages pour comparaitre au tribunal, de frais d’avocat et de justice, alors qu’il n’avait pas de moyen de transport et n’a jamais été assisté par un interprète. D’autres bergers traditionnels qui avaient des permis de pâturage, ont perdu 85% de leurs troupeaux, et ont été récemment victimes d’intimidations et appris qu’ils étaient à nouveau au-dessus du quota. Le reste des bergers se sentent mal à l’aise, sachant qu’une invasion contre eux est prévue, une sorte de génocide : exterminer ce qui constitue les moyens de se nourrir, et les ressources médicinales et matérielles, économiques et culturelles. C’est la raison pour laquelle nous avons besoin d’observateurs des droits de l’homme bénévoles.

Il y a quelques résistants Diné âgés qui ont maintenu leurs obligations souveraines et anciennes vis-à-vis de leur Sac de Terre de la Montagne qui selon la croyance représente leur autorité complète sur les soins aux animaux, des styles de vie durables et conscients de l’écologie, l’agriculture et les rites. Les autorités fédérales, tribales ou de l’état, considèrent ces résistants comme des ‘extrémistes’ et des ‘contrevenants’. Ces résistants traditionnels ont refusé d’obtenir des permis ‘légaux’ ou le statut de résident temporaire. Pauline Whitesinger, décédée en 2014, était une de ces résistants et leaders du noyau dur. Rena Babbit Lane est toujours ferme en tant que l’une des derniers vrai Indiens souverains, et cette semaine, elle a été prévenue qu’elle devait se préparer pour une invasion du BIA visant à confisquer ses animaux. Son fils, Jerry, fait partie de ceux qui viennent d’être acquittés. La grand-mère Rena a passé 90 ans, et c’est inimaginable qu’une grand-mère de cet âge, avec tant de sagesse, tant de gentillesse, puisse continuer à être torturée. Est-ce que ce pays, les Etats-Unis et ses citoyens accros au carburant fossile, croient vraiment en la destruction de tous les humains attachés à la terre, afin de contrôler la propriété privée globale et les réseaux d’électricité ?

Quelques voix de la région:

Cette récente attaque a eu lieu pour le 152ème anniversaire de début de la stratégie de la terre brûlée de l’armée américaine contre les Diné, au cours de laquelle tout le bétail ‘Navajo’ a été mis à prix, dans une tentative de les forcer à se soumettre par la famine, et qui a résulté dans une déportation de masse connue comme ‘La Longue Marche’. L’histoire d’un Ancien de Big Mountain, John Katenay : « Mon arrière grand-mère nous a raconté qu’elle était toute petite (1863) quand ils ont dû se cacher derrière des buissons épais parce que l’armée arrivait. Ils n’ont pas pu s’échapper avec le troupeau, ils ne pouvaient qu’écouter les soldats qui éventraient les chèvres, les chèvres qui gémissaient alors que les soldats riaient, et que sa mère pleurait… »
« Nous sommes sur un champs de bataille, le champs de bataille infini des Terres Divisées. C’est la ligne de front et quand çà arrive, il n’y a pas de choix, vous devez être pour votre famille et vos parents. C’est ce qu’on m’a appris. Le passé n’a jamais été vraiment oublié, jamais oubliée la façon dont le Gouvernement des Etats-Unis a traité mon peuple. Çà continue, c’est toujours vivant. Nous nous battrons – pas avec de la violence ou des armes, mais selon les vieilles méthodes. C’est une position pour faire savoir aux gens qui nous sommes et comment nous vivons en tant que Diné. » – Gerald Blackrock, octobre 2014.

« Ils sont venus comme avant, impitoyables, ils ont compté les moutons et les chèvres. Un des policiers a rempli des pages et m’en a donné une copie. Leur interprète m’a dit simplement ‘votre troupeau est encore au dessus des limites !’ Ils n’ont pas dit de combien ni suggéré quoique ce soit pour le réduire dans les limites. Ils ne voulaient pas discuter et sont tous partis. Après, j’ai entendu dire qu’une de mes cousines, Ruby, avait eu ses moutons confisqués, mais qu’elle avait pu en récupérer la plupart. Ils ont probablement dû payer beaucoup d’argent pour les récupérer. Le BIA et l’administration territoriale Hopi ne veulent que de l’argent, et c’est comme çà que nous sommes forcés de leur donner de l’argent tous les ans ! » – Etta Begay, 20 août 2015

Les habitants Diné sont cependant réduits au silence et à la non-existence, et demandent à nouveau aux citoyens du monde d’exiger un arrêt immédiat de ces réductions de troupeaux forcées et l’annulation de la loi sur la déportation, afin d’être reconnus comme un authentique groupe de gens déterminés et d’être autorisés à conserver tout le contenu culturel encore récupérable, entre autres les terres ancestrales. Nous vous prions d’appeler les numéros ci-dessous pour demander un moratoire sur les saisies de bétail Diné et l’annulation de la loi PL 93-531, une loi qui coûte trop aux contribuables et qui a été créée dans des circonstances anormales [la fameuse loi PL 93-531, qui chassait des milliers de Navajo de chez eux, a été discutée au Congrès durant l’été 1974, en plein scandale du Watergate, les Sénateurs n’assistaient jamais aux discussions sur Big Mountain, venaient voter quand la cloche sonnait et demandaient à leurs assistants comment voter et surtout comment votaient les vedettes des partis : à l’époque, la vedette du parti Républicain était Barry Goldwater… – NdT]. Envoyez aussi des emails à blackmesais@gmail.com pour avoir plus d’informations sur l’observation des droits de l’homme et le programme de bénévoles pour garder les troupeaux de moutons.

– auteurs : Tree de Black Mesa Indigenous Support, et Kat de SheepDogNation Media, août 2015

————————————————

Que faire ?

Envoyer des fonds à Black Mesa Indigenous Support, se présenter comme bénévole pour garder des moutons ou contrôler les violations des droits de l’homme : blackmesais@gmail.com

– Soutenir la Résistance Autochtone et les modes de vies menacés en partageant, transmettant ce message le plus largement et le plus loin possible

————————————————-

Contacts (pour protester)

Superintendant du BIA Wendel Honanie (00 1) 928 738 2228
Président Hopi Herman G. Honanie, hehonanie@hopi.nsn.us , tel. (00 1) 928 734 3102
Clayton Honyumptewa des Hopi Rangers 00 1 928 734 3601
Le Ministère de l’Intérieur (00 1) 602 379 6600

 

Par Brenda Norrell
Censored News
21 mai 2013

Traduction Christine Prat

TUCSON, Arizona – Tandis que l’ATF [Bureau – du ministère de la Justice US – pour l’Alcool, le Tabac, les Armes à Feu et Explosifs] fournissait des AK47 aux cartels du Mexique, que les crimes violents explosaient et que des écoles de Tucson fermaient faute de moyens, la police de Tucson dépensait des sommes gigantesques pour harceler les militants des droits de l’homme, selon un rapport nouvellement paru.

La police Tohono O’odham a assisté la police d’Arizona pour espionner des activistes Tohono O’odham et Navajo. Pour la police Tohono O’odham, ce n’est que la dernière révélation sur la façon dont le service de police harcèle les militants des droits de l’homme pour tenter de les réprimer et de les réduire au silence.

La police de Phoenix a utilisé une analyste policière en ligne, Brenda Dowhan, pour harceler les activistes sur Facebook et autres réseaux sociaux, selon le rapport intitulé Dissension ou Terrorisme, Comment l’Appareil Anti-terrorisme de la Nation, en Partenariat avec les Grandes Compagnies Américaines, S’en Sont Pris à Occupy Wall Street.

On peut lire page 20 :

Des fichiers obtenus par le DBA/CMD montrent que Dowhan a également recueilli des informations sur Occupy Tucson au cours de l’année 2012, ainsi que sur des activistes tribaux (Tohono O’odham et Navajo), avec l’assistance du Bureau de Gestion des Situations d’Urgence des Services de Police de Tucson (TPD) et de l’Analyste de Renseignements Régional/ACTIC de l’Initiative pour la Sécurité Urbaine (UASI) du Service de Sécurité Intérieure de Tucson

Et dans les appendices :

L’officier de Liaison pour le Terrorisme Carmen Rios (Appendice p. 55) l’ « analyste » Gwyn Nguyen du Service de Police de la Nation Tohono O’odham (TOPD) (Appendice p. 56) (Appendice p. 57-60).

L’étude qui a porté sur toute l’année, révèle que des millions de dollars ont été versés aux services de police de Tucson et Phoenix pour recueillir des renseignements.

Alors que la criminalité violente est endémique, la police s’est concentrée sur le Mouvement ‘Occupy’, qui consistait en une poignée de gens faisant du camping.

La police de Phoenix obsédée par le Révérend Jesse Jackson

L’absurdité du harcèlement policier est évidente dans la partie du rapport qui révèle l’obsession des Services de Police de Phoenix lorsque le Révérend Jesse Jackson est venu se joindre au mouvement Occupy Phoenix pour une marche.

Le rapport révèle que les activistes, qui n’ont jamais été accusés d’aucun crime, ont été harcelés en ligne par Mme Dowhan et d’autres policiers.

Quand des campeurs d’Occupy ont reçu des avertissements officiels en Arizona, l’adresse de leur domicile a été envoyée à tous les services de renseignement. Lorsque des activistes se sont rendus à Flagstaff à Noël [pour soutenir les défenseurs des San Francisco Peaks – NdT] la police les a espionnés sur leurs comptes Facebook.

Saul l’infiltré démasqué

Un policier en civil a infiltré Occupy Phoenix en se faisant passer pour « un Mexicain SDF ». Cependant, Saul Delara a finalement été identifié par quelqu’un qui l’a reconnu comme flic. Il avait prétendu être de Juarez, au Mexique. [D’après le témoignage de la personne qui l’a démasqué cité dans le rapport, l’individu parlait beaucoup des problèmes qu’il avait eu avec la police au cours de sa vie dans la rue, mais donnait rarement d’autres détails sur ses origines ou sa vie personnelle  – NdT].

Le rapport indique aussi que :

Comme le montrent les fichiers obtenus par le DBA/CMD, l’officier du Service de Police de Phoenix [PPDMOB] qui se faisait passer pour « Saul Delara » (très probablement le détective Saul Ayala du PPDMOB) rapportait les informations recueillies lors de son infiltration du milieu activiste de Phoenix à Van Dorn qui les transmettait au personnel du PPDHDB/ACTIC de la police de Phoenix.

Les Grandes Compagnies achètent de l’influence, la police attaque les activistes au gaz poivré

Il y a aussi un long rapport sur les protestations contre l’ALEC [Conseil Américain d’Echange Législatif] en Arizona, du 28 novembre au 2 décembre 2011, au cours desquels des Autochtones – entre autres manifestants – ont été attaqués au gaz poivré et un O’odham hospitalisé. Les protestations visaient principalement le fait que des entreprises privées achetaient de la législation par l’intermédiaire de l’ALEC. Le rapport révèle que les policiers avaient été engagés hors service comme agents de sécurité.

Parmi les monstres de l’industrie de l’énergie contre lesquels les Navajo et O’odham protestaient, il y avait le Salt River Project à Tempe, Arizona. Le Salt River Project dirige la centrale au charbon très polluante appelée ‘Centrale Navajo’ [Navajo Generating Station], située dans la Réserve Navajo, qui est alimentée par le charbon extrait de Black Mesa par Peabody Coal.

Le Salt River Project fournit l’eau et l’électricité aux grandes villes d’Arizona gaspilleuses et au développement absolument pas durable, tandis que les Navajo souffrent de la pollution et de destructions dans le nord de l’état [Et certains, même dans les environs de la ‘Centrale Navajo’, n’ont toujours pas l’électricité – NdT].

Le Salt River Project détourne l’eau des terres agricoles traditionnelles de la réserve Tohono O’odham dans le sud de l’Arizona, mettant ainsi un terme à cette agriculture traditionnelle dans de nombreuses zones.

La répression des militants des droits de l’homme O’odham est un des moyens pour le gouvernement tribal Tohono O’odham de maintenir la corruption, tout comme le fait qu’aucune loi tribale n’assure la liberté de la presse. La police Tohono O’odham et les agents de la Patrouille des Frontières US harcèlent et menacent les journalistes de terrain. Avant que les médias fassent campagne pour un casino Tohono O’odham de plus, leurs journalistes devraient traverser le pays Tohono O’odham et constater que les millions de ces casinos ne vont pas au peuple O’odham.

La police de Tucson achète un robot en ligne

Le nouveau rapport décrit l’étendue des énormes sommes d’argent gaspillées pour harceler les militants des droits de l’homme, avec entre autres l’achat d’un cyber robot destiné à accumuler et traiter en ligne les informations des utilisateurs. Les autorités policières de Tucson ont acquis OpenMIND qui traite d’énormes quantités d’informations de Facebook et autres sources. OpenMIND utilise des « robots personalisés » pour recueillir les données des utilisateurs (page 25 du rapport). La police de Tucson a aussi acheté un Stingray II pour localiser les utilisateurs de téléphones portables.

Le rapport ‘Dissension ou Terrorisme’ couvre tout le mouvement ‘Occupy’, de Boston, dans l’est, à Portland, Oregon.

 

AngelaMarieDavis

ANGELA MARIE DAVIS, DINE : L’ENNEMI DE L’INTERIEUR : LA CENTRALE NAVAJO

 

Publié par Censored News
Dimanche 24 février 2013
See original article in English
Traduction Christine Prat

 

Angela Davis, Diné, écrit au Délégué au Conseil d’Alamo à propos de son soutien à l’extension du contrat pour la Centrale Navajo [Navajo Generating Station], l’une des centrales au charbon les plus polluantes des Etats-Unis. Elle est alimentée avec du charbon arraché à la terre par les profiteurs de Peabody Coal, qui entretiennent les souffrances des Navajos de Black Mesa pour fournir de l’électricité au Sud-ouest, alors que de nombreux Navajos doivent s’en passer.

 

A l’Honorable George Apachito
P.O. Box 827
Magdalena, NM 87825
Nouveau-Mexique

 

Cher Délégué Apachito,

Yah’at’eeh. J’ai appris que vous avez récemment soutenu une résolution (004-13) qui recommande que la Nation Navajo prolonge le contrat de la Centrale Navajo. Je vous écris pour vous presser de suspendre le vote de cette résolution jusqu’à ce qu’elle ait été étudié plus avant et passée en revue par tous nos délégués tribaux. Je pense que prendre plus de temps pour décider peut assurer que la Nation Navajo obtienne un maximum de compensations économiques pour nos ressources naturelles et nos investissements. Cette question implique de trop nombreuses parties (le Projet d’Energie et Amélioration Agricole de Salt River Project, l’Energie et Eau de Los Angeles, le Service Public d’Arizona, l’Energie du Nevada et la Compagnie d’Energie Electrique de Tucson, par exemple) pour prendre une décision si monumentale dans le cours lapse de temps accordé actuellement. Je comprend qu’il y ait des pressions de tous côtés pour que le vote se fasse rapidement, mais je pense qu’il vaut la peine d’attendre pour assurer le meilleur résultat pour tous, spécialement pour notre tribu.

Il me semble qu’en dehors des groupes d’intérêts, ce sont surtout les compagnies d’énergie qui profiteront le plus de la résolution dans son texte actuel. Bien que la Nation Navajo doive recevoir 43 millions de dollars par an jusqu’en 2044 si l’accord est passé, je ne pense pas que ce soit suffisant pour justifier l’extension du contrat aussi rapidement. Si la résolution passe et les extensions sont accordées sans étude adéquate, nous pourrions ne jamais savoir comment nous aurions pu obtenir plus d’avantages et nous serons liés aux compagnies d’énergie pour des décennies. Je vous demande instamment de penser aux générations futures et de vous demander comment cette décision les affectera financièrement, écologiquement et, plus important, sur le plan de la santé. Investir plus d’argent dans l’énergie sale des centrales au charbon n’est pas une bonne décision à long terme, ni sur le plan écologique, ni sur le plan financier ni sur le plan physique. Investir dans l’énergie solaire et/ou éolienne est plus sain, plus sûr pour l’environnement et techniquement efficace. Je suis bien consciente que 538 travailleurs, dont quatre-vingt trois pourcent sont Navajos, travaillent à la Centrale Navajo. Il est important que leur emploi soit préservé et c’est pourquoi j’encourage une transition graduelle et en douceur du charbon à l’énergie solaire/éolienne. Peut-être peuvent-ils conserver leurs emplois pendant la transition, d’autant plus que l’industrie du charbon est mourante et que d’autres sources d’énergie sont actuellement explorées.

En conclusion, je souhaite exprimer ma déception de vous voir soutenir cette proposition. Vous êtes le représentant officiel de mon chapitre [­circonscription] et je pensais que vous feriez preuve de plus de conscience lorsqu’il s’agit de l’environnement et de la protection de nos ressources naturelles, étant donné que vous vous êtes récemment opposé à l’exploitation de mines d’uranium à l’est. Beaucoup de gens accusent les Navajos d’Alamo d’être des traitres à notre tribu et nous sommes souvent nommés « le Navajo ennemi ». Je trouve très triste que le fait que vous souteniez cette proposition risque de faire de nous justement cela – le Navajo ennemi ; nous serons considérés dans l’histoire comme la bande de Navajos qui ne se soucie ni de la santé ni de l’environnement, ni de la gestion juste et honnête de nos ressources, ni, par-dessus tout, de la santé de notre peuple. Changeons cette vision négative de nos gens. Je sais que vous pouvez trouver dans votre cœur ce qu’il faut pour faire le bon choix et retirer votre soutien à cette proposition ou au moins geler la discussion jusqu’à ce que des recherches supplémentaires puissent être faites. Merci beaucoup pour le temps que vous m’accorderez. Ahe’he’he’

Sincèrement,

Angela Marie Davis

Artiste, écrivain