LA COP21 IGNORE LES CENTRALES AU CHARBON QUI EMPOISONNENT LES NAVAJOS ET LE RESTE DU MONDE

Par Brenda Norrell, Censored News
7 décembre 2015
Traduction Christine Prat

Note: l’article porte sur les sponsors de la COP21 qui sont impliqués dans l’industrie du charbon et ne dénoncent donc pas les centrales au charbon très polluantes situées en territoire Autochtone. Mais il me semble nécessaire de rappeler que l’EDF, un des principaux sponsors, produit surtout de l’énergie nucléaire et que c’est à ce titre qu’elle a participé à la COP21, pour promouvoir l’énergie nucléaire comme ‘énergie propre’! La Réserve Navajo est encore plus dramatiquement polluée par la radioactivité des mines d’uranium que par le charbon (qui est cependant catastrophique depuis longtemps), quant au territoire Touareg du nord du Niger, il est littéralement détruit par les mines d’uranium d’AREVA, fournisseur de l’EDF qui s’apprête à l’acquérir – Christine Prat

La COP21 à Paris n’a rien dit des centrales au charbon qui empoisonnent le monde. Les Navajos continuent à être empoisonnés par les mines de Peabody Coal et par la Centrale Navajo [qui n’appartient absolument pas aux Navajos, mais se trouve à la limite de la Réserve, où les habitants n’ont pas l’électricité – NdT], tandis que Phoenix et Tucson profitent de l’électricité produite.
« La Centrale Navajo est troisième dans le pays [Etats-Unis] pour les émissions de gaz carbonique et de gaz à effet de serre. En plus du CO², ils ont admis produire également d’énormes quantités d’oxyde d’azote, de mercure, et dans les années passées, de dioxyde de soufre et autres polluants qui ont couvert cette région de brume et de smog » d’après le NPR, en 2015.
La Centrale Navajo est responsable du dégoûtant smog brun que vous voyez si vous survolez le Grand Canyon du Colorado.
Les profiteurs derrière Peabody Coal et la Centrale sont responsables de la déportation de 14000 Navajos et imposent à ceux qui résistent des conditions d’existence extrêmement dures. [Voir article en français ].
La Centrale Navajo est l’une des trois centrales au charbon situées dans la Réserve Navajo, mais dont l’électricité va essentiellement aux non-Navajos du Sud-ouest.
Les médias de la région ont trahi les gens en s’abstenant de dénoncer la situation, causant d’avantage de souffrance et de morts.
Parmi les sponsors de la COP21 à Paris, on trouve quelques-uns des principaux financiers mondiaux des centrales au charbon.

 

DANS LA PRESSE : LES SPONSORS POLLUEURS DE LA COP21

D’après le Financial Times , la BNP Paribas, sponsor de la COP21, finance l’exploration de gisements de sables bitumineux très polluants au Canada.

The Ecologist écrit aussi que la BNP Paribas finance les sables bitumineux. « La BNP Paribas, un des sponsors de la COP21, continue à financer massivement l’expansion mondiale des carburants fossiles. Depuis près de 50 ans, la banque a été liée à l’extraction des sables bitumineux au Canada. Actuellement, c’est l’un des principaux financiers de l’industrie du charbon en France, qui a fourni la moitié du financement total (15 milliards de dollars) de l’industrie du charbon du pays entre 2005 et 2014. »

International Business Times écrit : « Engie et l’EDF possèdent 46 centrales au charbon dans le monde, qui produisent plus de 190 mégatonnes d’’equivalents de CO² par an, selon une étude du groupe environnemental Corporate Accountability International. »

The New Internationalist , souligne dans ses gros titres que « Paris est fermée à la société civile et ouverte à ceux qui ‘lavent plus vert’ ». « Avec pour sponsors des firmes comme le géant de l’énergie Engie (ex-GDF Suez, également sponsor officiel de la COP21), les enthousiastes de la fracturation hydraulique de Suez Environnement et le géant des carburants agricoles Avril-Sofiproteol, le Grand Palais accueille aussi Vinci, la compagnie derrière le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, les financiers du charbon HSBC et BNP Paribas, et Coca-Cola, parmi beaucoup d’autres. »

 

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NICOLE HORSEHERDER DENONCE LA CENTRALE AU CHARBON TRES POLLUANTE EN PAYS NAVAJO, QUI FOURNIT ESSENTIELLEMENT DE L’ELECTRICITE A PHOENIX ET TUCSON ET EMPOISONNE LES NAVAJOS

 

Par Nicole Horseherder
Article paru dans l’ ‘Arizona Republic’
et publié par Indigenous Resistance avec la permission de Nicole Horseherder
le 22 août 2014
See article in English
Traduction Christine Prat

 

Le Président Obama et son Agence de Protection de l’Environnement [EPA] font pression pour que soit nettoyée la plus vieille et la plus polluante des centrales au charbon de notre nation.

Malheureusement, pour les Diné (Navajos), ce sera une longue route. La Centrale Navajo [Navajo Generating Station], la seule centrale au charbon dont le gouvernement des Etats-Unis est l’un des gestionnaires, serait le bon endroit pour commencer.
Au lieu de cela, les gens de la Nation Navajo continueront à respirer des poisons et de l’air pollué pendant trois décennies de plus.

La centrale est située au nord-ouest de la Nation Navajo sur 70000 km², près de Page, c’est la plus grande centrale au charbon du Plateau du Colorado et l’un des dix plus grands pollueurs du pays. Maintenant, après des années de retard, plutôt que d’imposer aux propriétaires fédéraux les exigences de la Loi sur l’Air Pur, l’Administratrice de l’EPA, Gina McCarthy a reculé.

Dans un éditorial du 28 juillet, ce journal [l’Arizona Republic] faisait l’éloge de la décision de G. McCarthy pour avoir trouvé un équilibre « entre un air plus propre et le bon sens économique ». Mais compromettre la santé et l’intégrité culturelle de gens dont les foyers entourent la centrale pour des emplois dans le charbon et de l’énergie bon marché à tirer des eaux du Colorado n’est pas un bon équilibre.

Mon peuple continue à manger les moutons et autre bétail qu’ils élèvent, tout comme le maïs et les courges qu’ils cultivent. Nos animaux et nos récoltes sont touchés directement par la pollution émise par cette centrale vieille de 40 ans. Mon peuple ne respire pas seulement la pollution mais ingère aussi les toxines qui se déposent sur la végétation, les cultures et les animaux.

L’EPA était supposée nettoyer les émissions nocives de la Centrale Navajo en cinq ans. Mme McCarthy aurait dû exiger du gestionnaire fédéral, le ‘Bureau of Reclamation’ [responsable de la gestion de l’eau aux Etats-Unis – NdT], de réduire la formation de fumées d’oxyde d’azote rejetées par les cheminées de 85% d’ici à 2020.
Ces améliorations auraient mis fin à des générations de problèmes de santé hors de proportion pour mon peuple, occasionnés par la pollution de la centrale et aurait dégagé la vue embrumée sur le Parc National du Grand Canyon. Supprimer les intérêts du gouvernement des Etats-Unis dans cette centrale polluante aurait été un incitatif pour investir dans les énergies renouvelables sur les terres tribales et maintenu la fourniture d’eau aux métropoles toujours assoiffées, bénéficiant ainsi aussi bien aux Arizoniens qu’à ma communauté.

Au lieu de cela, parce que la Centrale Navajo est située dans une Réserve Indienne, l’EPA a dilué les exigences de la Loi sur l’Air Pur et adopté un projet pour laisser la centrale polluer jusqu’en 2044, continuant ainsi à nous léguer un héritage d’asthme et de bronchite et de brume étouffante.

Il y a cinquante ans, le Ministère de l’Intérieur, en promettant des emplois et une source de revenus stable, a persuadé la Nation Navajo et les Hopi de renoncer à une part substantielle de leurs droits sur l’eau et d’autoriser la construction de la Centrale Navajo. Certains emplois existent encore. Mais la plupart des revenus ont fui vers l’extérieur, tout comme l’électricité, tandis que la suie, le smog, le mercure et les déchets toxiques de la combustion de charbon restent.

La Maison Blanche et l’EPA auraient dû commencer le nettoyage des centrales polluantes par les systèmes d’énergie sale qu’ils contrôlent directement. Au lieu de cela, ils ont décidé de faire attendre le plus longtemps des familles qui vivent à l’ombre de ces cheminées, pour avoir de l’air pur et un environnement sain.

Nicole Horseherder est co-fondatrice de To Nizhone Ani (‘La Belle Eau Parle’), un groupe écologiste Autochtone travaillant à protéger l’héritage naturel Navajo.

 

Leupp, Nation Navajo – Photo Christine Prat

 

CALVIN JOHNSON, NAVAJO : ‘ON A BESOIN DE GUERRIERS NAVAJO POUR DEFENDRE NOTRE EAU’

LA NATION NAVAJO ABANDONNE L’EAU AU CHARBON POLLUANT ET LAISSE LES NAVAJO DANS LE BESOIN

 

Par Calvin Johnson, Diné
Leupp, Nation Navajo
Publié par Censored News
16 juillet 2013
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Traduction Christine Prat

 

Notre Gouvernement Navajo Démocratique n’est pas si Démocratique que cela, en fin de compte. La semaine dernière, le Conseil de la Nation Navajo a abrogé le CAP-21-13 et approuvé la Législation No. 0177-13 qui essentiellement prolonge le contrat de la Centrale Navajo [Navajo Generating Station, NGS], qui date du 23 décembre 1969.

Je dis que notre nation n’est pas démocratique parce qu’actuellement les Délégués au Conseil de la Nation Navajo ont à l’esprit qu’ils ont été élus par le peuple. Le Titre 2 du Code de la Nation Navajo stipule qu’ils – les membres du Conseil de la Nation Navajo – seront l’organe gouvernant de la Nation Navajo. Ainsi les délégués choisissent de prendre une décision qui ne vous profite pas (vous, les Générations de Navajo) – seules les grandes compagnies en profitent en agitant un billet d’un dollar au bout d’une ligne.

Depuis la réduction du Conseil Tribal Navajo de 88 à 24 membres, nos Diné [Navajo] étaient optimistes et espéraient que de meilleurs guerriers avec le sens de la transparence, de la responsabilité et de l’autorité protègeraient, préserveraient et combattraient pour la Nation Navajo et les Droits sur l’Eau de son peuple – pas qu’ils les abandonneraient à l’avidité des états et des grandes compagnies dont ils sont partenaires contre les intérêts des Navajo.

Qu’est-ce qui empêche les Navajo d’être prospères ? Ce sont des Propriétaires comme Salt River Project (SRP) et des dirigeants Navajo (Délégués au Conseil/Président) qui se prosternent pour des campagnes de dons, des déjeuners gratuits et du favoritisme. Regardez notre nation : nous n’avons pas de Safeway, de Lavomatic, d’épiceries, de meilleur bétail, d’électricité, ni, le plus important de tout, DE L’EAU. Maintenant regardez à l’extérieur de la réserve. Vous avez des Wal-Mart, des stations de lavage de voitures, des terrains de golf, des parcs avec de l’eau, des routes goudronnées, des Lavomatics, des supermarchés, de l’agriculture, de l’électricité et DE L’EAU.

Les Délégués au Conseil de la Nation Navajo viennent juste de voter et d’approuver le fait de garder la Nation Navajo dans l’état actuel pour les 31 prochaines années. La Nation Navajo a emprunté 200 millions de dollars pour construire le Casino de Twin Arrows – nous aurions pu utiliser cet argent pour construire le « NAP – Projet d’Aqueduc Navajo » de LeChee à Leupp et à Indian Wells et de Kaibeto à Pinon et Chinle. Cela aurait bénéficié à 30 Chapitres comptant 60 000 Navajos au lieu des 450 Navajo employés par la Centrale Navajo, NGS.

Pour quoi auriez-vous voté ? Pour l’infrastructure pour L’EAU, les moutons, les chèvres, le bétail gras, les chevaux, les champs de maïs, de luzerne, les pastèques ? Ou pour les 608 400 dollars donnés à la Nation Navajo et dont les Navajo ne voient pas un centime ? L’Election de 2014 arrive, et il est temps de repenser notre direction et de voter pour des guerriers qui nous feront devenir une Nation meilleure en 2014.

 

Calvin Johnson
Leupp, Arizona

 

Voir d’autres traductions d’articles sur la Centrale Navajo

AngelaMarieDavis

ANGELA MARIE DAVIS, DINE : L’ENNEMI DE L’INTERIEUR : LA CENTRALE NAVAJO

 

Publié par Censored News
Dimanche 24 février 2013
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Traduction Christine Prat

 

Angela Davis, Diné, écrit au Délégué au Conseil d’Alamo à propos de son soutien à l’extension du contrat pour la Centrale Navajo [Navajo Generating Station], l’une des centrales au charbon les plus polluantes des Etats-Unis. Elle est alimentée avec du charbon arraché à la terre par les profiteurs de Peabody Coal, qui entretiennent les souffrances des Navajos de Black Mesa pour fournir de l’électricité au Sud-ouest, alors que de nombreux Navajos doivent s’en passer.

 

A l’Honorable George Apachito
P.O. Box 827
Magdalena, NM 87825
Nouveau-Mexique

 

Cher Délégué Apachito,

Yah’at’eeh. J’ai appris que vous avez récemment soutenu une résolution (004-13) qui recommande que la Nation Navajo prolonge le contrat de la Centrale Navajo. Je vous écris pour vous presser de suspendre le vote de cette résolution jusqu’à ce qu’elle ait été étudié plus avant et passée en revue par tous nos délégués tribaux. Je pense que prendre plus de temps pour décider peut assurer que la Nation Navajo obtienne un maximum de compensations économiques pour nos ressources naturelles et nos investissements. Cette question implique de trop nombreuses parties (le Projet d’Energie et Amélioration Agricole de Salt River Project, l’Energie et Eau de Los Angeles, le Service Public d’Arizona, l’Energie du Nevada et la Compagnie d’Energie Electrique de Tucson, par exemple) pour prendre une décision si monumentale dans le cours lapse de temps accordé actuellement. Je comprend qu’il y ait des pressions de tous côtés pour que le vote se fasse rapidement, mais je pense qu’il vaut la peine d’attendre pour assurer le meilleur résultat pour tous, spécialement pour notre tribu.

Il me semble qu’en dehors des groupes d’intérêts, ce sont surtout les compagnies d’énergie qui profiteront le plus de la résolution dans son texte actuel. Bien que la Nation Navajo doive recevoir 43 millions de dollars par an jusqu’en 2044 si l’accord est passé, je ne pense pas que ce soit suffisant pour justifier l’extension du contrat aussi rapidement. Si la résolution passe et les extensions sont accordées sans étude adéquate, nous pourrions ne jamais savoir comment nous aurions pu obtenir plus d’avantages et nous serons liés aux compagnies d’énergie pour des décennies. Je vous demande instamment de penser aux générations futures et de vous demander comment cette décision les affectera financièrement, écologiquement et, plus important, sur le plan de la santé. Investir plus d’argent dans l’énergie sale des centrales au charbon n’est pas une bonne décision à long terme, ni sur le plan écologique, ni sur le plan financier ni sur le plan physique. Investir dans l’énergie solaire et/ou éolienne est plus sain, plus sûr pour l’environnement et techniquement efficace. Je suis bien consciente que 538 travailleurs, dont quatre-vingt trois pourcent sont Navajos, travaillent à la Centrale Navajo. Il est important que leur emploi soit préservé et c’est pourquoi j’encourage une transition graduelle et en douceur du charbon à l’énergie solaire/éolienne. Peut-être peuvent-ils conserver leurs emplois pendant la transition, d’autant plus que l’industrie du charbon est mourante et que d’autres sources d’énergie sont actuellement explorées.

En conclusion, je souhaite exprimer ma déception de vous voir soutenir cette proposition. Vous êtes le représentant officiel de mon chapitre [­circonscription] et je pensais que vous feriez preuve de plus de conscience lorsqu’il s’agit de l’environnement et de la protection de nos ressources naturelles, étant donné que vous vous êtes récemment opposé à l’exploitation de mines d’uranium à l’est. Beaucoup de gens accusent les Navajos d’Alamo d’être des traitres à notre tribu et nous sommes souvent nommés « le Navajo ennemi ». Je trouve très triste que le fait que vous souteniez cette proposition risque de faire de nous justement cela – le Navajo ennemi ; nous serons considérés dans l’histoire comme la bande de Navajos qui ne se soucie ni de la santé ni de l’environnement, ni de la gestion juste et honnête de nos ressources, ni, par-dessus tout, de la santé de notre peuple. Changeons cette vision négative de nos gens. Je sais que vous pouvez trouver dans votre cœur ce qu’il faut pour faire le bon choix et retirer votre soutien à cette proposition ou au moins geler la discussion jusqu’à ce que des recherches supplémentaires puissent être faites. Merci beaucoup pour le temps que vous m’accorderez. Ahe’he’he’

Sincèrement,

Angela Marie Davis

Artiste, écrivain

 

La Centrale Navajo (Navajo Generating Station) – Photo Christine Prat

LA CENTRALE AU CHARBON DU PRESIDENT OBAMA…

Par Wahleah Johns
De Black Mesa Water Coalition
Publié par Huffingtonpost
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2 février 2013
Traduction Christine Prat

 

Le Président Obama possède une centrale au charbon. Une grande.

D’accord, pas M. Obama personnellement. Mais le gouvernement fédéral est le plus gros propriétaire de la plus grande centrale au charbon de l’ouest des Etats-Unis : la Centrale Navajo [Navajo Generating Station] de 2250 mégawatts près du Grand Canyon, dans la Réserve Navajo au nord de l’Arizona.

Dans la promesse de son discours d’investiture de faire quelque chose pour remédier au désastreux changement climatique, le président a dit que l’Amérique devait être à la tête de la transition vers les sources d’énergie durables. Nouvelle encourageante pour nos enfants, mais qu’en est-il des détails ?

Beaucoup ont mis en avant la décision à venir sur l’oléoduc Keystone XL qui doit transporter les sables bitumineux. Mais tout aussi révélateur sera le rôle du Gouvernement dans les décisions qui planent au-dessus de la Centrale Navajo.

Il y a des centrales au charbon dans tout le pays, mais celle-ci est différente. Le gouvernement des Etats-Unis est copropriétaire de la centrale afin de fournir de l’électricité aux pompes qui font remonter par un canal les eaux du Colorado sur 500 km, de l’ouest de l’Arizona au centre et au sud de l’état.

La Centrale Navajo [Navajo Generating Station] date d’il y a près de 40 ans, lorsque j’étais petite et fréquentais un pensionnat à Shonto, dans la Réserve Navajo, à environs une heure de route de la centrale au charbon. Je me souviens qu’on venait me chercher à l’école le vendredi et que nous allions avec ma famille à Page pour faire les courses avant de rentrer à la maison. Je me demandais pourquoi ils avaient des lumières et pas nous, si cela voulait dire que nos terres ressembleraient un jour à une grande ville. A l’époque, la plupart des habitations dans la réserve, comme celle de ma grand-mère, n’avaient ni électricité ni eau courante.

Aujourd’hui, des décennies plus tard, c’est toujours à peu près la même chose. La centrale et la mine fonctionnent toujours et beaucoup de foyers Navajo dans la région n’ont toujours pas d’électricité ni d’eau courante.

Mais les temps et les points de vue ont changé. Aujourd’hui les communautés de la région sont très préoccupées par l’eau. La Centrale Navajo utilise environs 40 millions de m³ d’eau par an et l’extraction de charbon sur Black Mesa a vidé des nappes aquifères fossiles qui ne peuvent pas être reconstituées.

Les gens s’inquiètent pour leur santé. La Centrale Navajo est l’une des pires des Etats-Unis pour les émissions d’oxyde d’azote, qui réagit dans l’atmosphère et produit une pollution sous forme de fines particules, l’une des pollutions de l’air les plus dangereuses.

Suite à des super tempêtes et à la sécheresse, la Centrale Navajo est en train d’acquérir une notoriété comme principale source de réchauffement climatique à cause de la pollution au carbone. A l’heure actuelle, les résidents de la région qui essaient de vivre de l’élevage, de l’agriculture, du tissage ou autres activités qui demandent beaucoup d’eau et un environnement sain s’inquiètent pour leur avenir.

C’est dans ce contexte qu’approche la prise de décisions au sujet de la Centrale Navajo cette année, des décisions qui incombent en partie au Gouvernement Obama. Faudrait-il investir des ressources dans l’installation de moyens de contrôle modernes pour cette centrale vieillissante, comme c’est exigé par la Loi sur l’Air Propre, pour poursuivre ses activités ?

Ou bien, après près de 40 ans, est-il temps de se tourner vers un futur économique différent pour la réserve Navajo, de planifier une transition vers de l’énergie, des emplois et des revenus tirés de sources d’énergie non polluantes si facilement accessibles grâce au soleil qui brille constamment sur notre territoire ?

Les directions de trois institutions fédérales – le Ministère de l’Intérieur, celui de l’Energie et l’Agence de Protection de l’Environnement – ont annoncé qu’elles allaient travailler ensemble sur la question de la Centrale Navajo. Mais leurs buts sont vagues. Vont-elles appliquer la mission du discours d’investiture du Président Obama promettant des sources d’énergie propres, pour maintenir notre vitalité économique et préserver notre planète ?

De grandes entreprises comme Peabody, la multinationale charbonnière qui fournit la Centrale Navajo, ne vont certainement pas rester les bras croisés. M. Obama a admis dans son discours que la voie vers l’énergie durable serait parfois difficile. Cette centrale au charbon près du Grand Canyon sera un test pour sa détermination, un baromètre à surveiller pour la politique énergétique de second mandat.

 

 

LE MINISTRE DE L’INTERIEUR US ORGANISE UNE RENCONTRE AVEC DES OFFICIELS NAVAJO POUR TENTER DE REFORMULER L’ACCORD SUR LES EAUX DU LITTLE COLORADO AFIN DE LE FAIRE PASSER EN DOUCE PAR LE CONGRES DE ‘COHABITATION’

Par Brenda Norrell
Copyright Censored News   See original article in English

Traduction Christine Prat

Mardi 16 octobre 2012

Le ministre de l’Intérieur Ken Salazar veut faire passer en force l’Accord sur les Droits sur l’Eau du Little Colorado des Navajo et Hopi, déjà rejeté par les Navajo, en profitant du Congrès de ‘cohabitation’, d’après une fuite communiquée à Censored News.

Le mémorandum du Bureau de Washington de la Nation Navajo indique qu’il y aura une réunion le 14 novembre à Washington entre Salazar et des officiels Navajo et Hopi pour discuter de l’accord sur les droits sur l’eau, et sur la Centrale Navajo [Navajo Generating Station], l’une des centrales au charbon les plus polluantes des Etats-Unis que les politiciens Navajo et Américains veulent maintenir en activité.

De nombreuses Nations Autochtones d’Arizona ont déjà accepté des « accords sur les droits sur l’eau », que les opposants qualifient de vol de l’eau des Indiens au profit des Etats-Unis grâce à des avocats d’affaires non-Indiens. Ceux qui s’opposent à l’accord sur les eaux du Little Colorado disent qu’il exige que la Nation Navajo renonce à de précieux droits sur l’eau, conformément à la Doctrine Winter et que les futures générations de Navajo en souffriront.

Le plan prévoit que Salazar rencontre des officiels Navajo et Hopi, puis persuade le Sénateur d’Arizona Jon Kyl de modifier le projet de loi qui a déjà été rejeté et de le faire passer en force par le Congrès de ‘cohabitation’ qui suivra les élections.

 

Le document du Bureau Navajo de Washington indique : « Le ministre pense que si les Tribus peuvent arriver à une solution commune sur les parties de l’accord qui ont suscité le plus d’objections, il peut convaincre le Sénateur Kyl d’apporter des modifications au dit accord. Si l’accord peut être modifié, il peut y avoir une opportunité de le faire passer par le Congrès de ‘Cohabitation’ après les élections de novembre ».

Le document du Bureau Navajo de Washington est adressé au Président Navajo Ben Shelly et au Président du Conseil Navajo Johnny Naize.

Dans le style de négociations brutal et le chantage politique typiques des Etats-Unis, Salazar dit dans sa lettre au président du Conseil Navajo qu’ils parleront aussi du logement dans la région soumise au  ‘gel de Bennett’, où les Navajo vivent dans des conditions lamentables.

Une des principales raisons pour lesquelles les Etats-Unis veulent les eaux du Little Colorado, est de maintenir en activité la Centrale Navajo [Navajo Generating Station], une source majeure de réchauffement climatique. La centrale au charbon, située sur le territoire de la réserve Navajo près de Page, Arizona, a été construite en trompant les Navajo. Un avocat de la compagnie charbonnière Peabody Coal a orchestré un soi-disant conflit territorial entre les Navajo et les Hopi afin de déporter plus de 14000 Navajos de Black Mesa, afin que Peabody puisse mettre la main sur le charbon qui s’y trouvait.

Aujourd’hui, le charbon extrait de Black Mesa par Peabody alimente la Centrale Navajo [Navajo Generating Station] qui fournit de l’électricité aux villes du sud-ouest, alors que beaucoup de Navajo vivent sans électricité. L’extraction de charbon vide les nappes aquifères du territoire Navajo, alors que beaucoup d’habitants de Black Mesa n’ont pas l’eau courante.

 

Voir articles précédents sur le sujet

 

Navajo Generating Station (Centrale ‘Navajo’) près de Page, Arizona
Photo Christine Prat, avril 2011

La Centrale en question, située sur la réserve Navajo, n’a de ‘Navajo’ que le nom. Elle est gérée par la société privée – non-Autochtone – Salt River Project.

Cette centrale au charbon est l’une des plus polluante des Etats-Unis.

Louise Benally, Navajo, éclipse Obama

Original article in English

Par Brenda Norrell

Censored News

Vendredi 2 décembre 2011

 Traduction Christine Prat

 

TEMPE, Arizona –  Des Amérindiens protestant contre une centrale au charbon et la rapacité des grandes compagnies ont éclipsé le Président Obama. Bien qu’à chaque extrémité du pays, Louise Benally, une Navajo protestant en Arizona, et Obama, ont commencé à parler au même moment en direct sur le web, vendredi 2 décembre.

Louise Benally, une Navajo qui résiste à la déportation de Big Mountain, dans la Nation Navajo, a éclipsé Obama qui, à Washington s’adressait à la Conférence des Nations Tribales à la Maison Blanche.

La rhétorique d’Obama a paru fade à côté des mots puissants de Louise Benally sur les dégâts des centrales à charbon à la manifestation de protestation en Arizona.

L. Benally a dit, « Nous n’avons pas d’eau dans notre communauté. Les puits s’assèchent, le niveau des points d’eau et de la nappe aquifère diminue, beaucoup de polluants sont rejetés dans les eaux sous-terraines. Des terres se lézardent, ce qui ne s’était jamais produit auparavant. La végétation est totalement empoisonnée par l’anhydride sulfureux . »

Des Amérindiens ont protesté contre le Projet Salt River au cours de quatre jours de manifestations contre l’American Legislative Exchange Council (ALEC) et son exploitation raciste en Arizona au profit des grandes compagnies.

Le Projet Salt River gère la centrale au charbon située en Nation Navajo, près de Page, Arizona. La dite Centrale Navajo (Navajo Generating Station) fournit de l’électricité à ses clients en Arizona, au Nevada et en Californie et fournit l’énergie pour pomper de l’eau pour le Central Arizona Project. Pendant ce temps, les Navajos doivent vivre avec les maladies dues à la pollution. Beaucoup de Navajos vivent sans eau courante et sans électricité. L. Benally a décrit comment les activités du Projet Salt River détruisent l’environnement et des vies humaines sur le territoire de la Nation Navajo.

« Nous essayons de leur inculquer, de leur faire comprendre, que ce qu’ils font, que leurs pratiques sur Black Mesa frappent nos communautés. Nous avons beaucoup de problèmes de santé qui ne sont pas pris en compte. »

L. Benally dit que le charbon est vendu aux centrales pour un prix dérisoire, au tarif des années 1960. Les Navajos ne veulent plus vendre de charbon à des prix bien inférieurs à ceux du marché.

L. Benally a dit aussi qu’il est temps d’amorcer la conversion aux énergies revouvelables.

« Le fuel fossile est près de sa fin. »

L. Benally dit que des décennies d’exploitation du charbon à Black Mesa ont laissé les Navajos souffrant de beaucoup de problèmes de santé.

« J’ai de l’asthme. J’ai beaucoup de problèmes de santé. Quatre-vingt dix pour cent des gens de ma communauté ont des problèmes de santé. Les enfants naissent avec ces problèmes. Les gens développent toutes sortes de maladies qui n’existaient pas avant que l’exploitation des mines de charbon ne commence. »

Elle dit que les mines de charbon et les centrales électriques relâchent beaucoup d’agents polluants, entre autres de l’arsenic et du mercure. Les émanations sont quotidiennes – 24 heures par jour et 7 jours pas semaine – et les compagnies concernées ne font rien.

L. Benally dit aussi qu’un officiel du SRP avait accepté une lettre de la communauté, mais qu’il était impossible de savoir si la compagnie donnerait suite et ferait quelquechose.

Elle dit qu’à l’intérieur du QG, des Amérindiens s’étaient enchaînés afin de faire passer leur message.

Elle dit que ce qui se passe à Black Mesa est révélateur des problèmes généraux de changement climatique. Le SRP et les autres compagnies produisant de l’énergie ignorent délibérément les règles de l’Agence pour la Protection de l’Environnement (EPA – Environmental Protection Agency – NdT), et les règles Américaines sur la pureté de l’eau et de l’air.

« Nous sommes venus ici pour leur faire savoir que nous ne sommes pas aveugles. Nous continuerons à exercer des pressions sur eux. Leur rapacité frappe notre communauté à grande échelle. »

Elle dit que l’exploitation des mines de charbon et les centrales électriques vident la nappe aquifère locale et détourne les eaux du fleuve Colorado. « Nos eaux sont détournées vers Phoenix, Tucson et d’autres communautés du Sud-ouest. »

« Beaucoup de gens ont été déportés ou déplacés à cause de Peabody Coal, SRP et la Centrale Navajo. »

L. Benally dit que les représentants officiels de SRP « doivent venir rencontrer les membres de la communauté, s’asseoir et parler directement avec nous, sans que le gouvernement tribal ne prenne des décisions nous concernant, étant donné que nous ne votons pas pour ses membres. C’est une extension du gouvernement fédéral. »

Les Navajos du Nord de l’Arizona ont été rejoints par des Tohono O’odham (Pima pour les Blancs – NdT) de la frontière sud entre les Etats-Unis et le Mexique, pour protester contre le SRP.

Ofelia Rivas, fondatrice de la VOIX O’odham contre le Mur, était aussi venue protester contre le SRP. Madame Rivas, une Ancienne et militante, dit qu’ « en tant que Peuple Autochtone nous comprenons que l’équilibre de la terre est l’équilibre de notre peuple et que toute rupture de cet équilibre est extrêmement destructeur, non seulement de notre santé spirituelle, mais de notre profonde connexion avec la terre et tout ce qui vit. En tant que Peuple Autochtone nous ne sommes pas séparés de notre environnement. Nous sommes profondément liés à tout ce qui existe dans l’univers : la terre, les montagnes, l’eau, l’air et toute vie végétale et animale. »

O. Rivas dit que la construction de l’autoroute, y compris le projet de bretelle 202 qui menace la Montagne du Sud (près de Phoenix – NdT), ravagera d’avantage de terre sacrée. De plus, les O’odham s’opposent à la poursuite de la construction du mur de frontière entre les Etats-Unis et le Mexique et à sa militarisation.

« Les politiques commerciales telles que NAFTA et CANAMEX altèrent notre mode de vie et menacent notre Him’dag (mot Pima, qui n’a pas de traduction officielle dans les langues occidentales, mais désigne plus ou moins un mode de vie, une culture, allant « en équilibre » – NdT). Nous n’accepterons pas plus longtemps la violence que l’état essaie de nous imposer le long de leur frontière, et plus particulièrement la législation agressive de l’ALEC. Les Peuples Autochtones exigent l’application de la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones, ainsi que des droits de notre Mère la Terre » dit O. Rivas. « La coupe est pleine, la limite est atteinte, maintenant c’est fini ! »

Les canaux construits à profusion avant l’invasion coloniale des terres O’odham sont maintenant utilisés par le Projet Salt River. La culture O’odham est profondément enracinée dans cette région, qui va de la vallée de Pheonix au Nord, à la côte du Mexique aujourd’hui appelée Rocky Point à l’Ouest, à la rivière San Pedro à l’est et jusqu’aux montagnes Hermosillo et à la Sierra Madres au sud.

Ray Aguilar dit que « la climatisation et l’électricité dont nous profitons et l’eau que nous buvons viennent au prix de la souffrance causée par le SRP et Peabody au pays et aux gens. Quand nous rendrons nous compte que c’est le fondement de nos privilèges ? Nous devons agir. Je viens de passer une semaine à fournir de l’aide directe, sur place, aux habitants de Black Mesa, pour leurs besoins humanitaires de base. C’est pourquoi je suis ici aujourd’hui. Cette situation dramatique n’existerait pas sans ces compagnies rapaces. »

Peabody Energy, qui est aussi membre de l’ALEC, est la plus grande compagnie charbonnière privée du monde. Avec, en 2010, la vente de 246 millions de tonnes et presque 7 milliards de dollars de revenu, Peabody produit 10% de l’énergie des Etats-Unis et 2% de l’électricité dans le monde.

Depuis 1974, plus de 14 000 familles Diné (Navajo) ont été déplacées par la force de leurs terres ancestrales, en grande partie à cause des conseils tribaux soutenus par les Etats-Unis et de l’exploitation des mines de charbon.

 

Voir aussi les deux articles précédents

Et pour plus d’informations en Anglais www.ALECexposed.org