Par Christine Prat
22 mars 2023
Une firme qui prétend « laver plus vert », a l’intention d’installer trois pompes de stockage d’eau sur Black Mesa, qui en manque déjà terriblement, comme le montre un très bref résumé de son histoire.
Peabody Coal, Déportation des Navajos de Big Mountain et Épuisement de l’eau
En 1882, le Président Chester A. Arthur créa, par un Ordre Exécutif, une Réserve pour les Hopis et « tels autres Indiens que le Secrétaire à l’Intérieur pourrait juger bon d’y placer. » Cette zone était connue sous le nom de Joint Use Area ou JUA. Les « autres Indiens » étaient les Navajos qui y vivaient depuis toujours. Cette situation a duré jusqu’en 1974.
Après que des géologues aient cru – à tort – que Black Mesa devait receler du pétrole, dès 1963, la compagnie charbonnière Peabody Coal a commencé à forer pour chercher du charbon. La plupart des Navajos et des Hopis étaient contre l’ouverture à la dynamite de la Terre Mère. Mais quelques dirigeants Hopi avaient besoin de l’argent que l’exploitation de charbon pourrait leur amener. Il y eut donc un conflit politique entre les dirigeants ‘modernistes’ et leurs administrés et voisins ‘traditionnels’.
En 1974, le Congrès des Etats-Unis a adopté la loi PL 93-531, qui décidait du partage de la zone jusque-là commune aux Navajos et aux Hopis, et de la déportation et ‘relocalisation’ forcée de milliers de familles Navajo de Big Mountain. La loi a été votée en plein scandale du Watergate, par conséquent, la plupart des Sénateurs et Représentants étaient absents des discussions de la loi.
Juste avant que la question de Big Mountain ne soit noyée par le scandale du Watergate, le conseiller juridique – Mormon – de la tribu Hopi, qui s’est avéré plus tard avoir été aussi le conseiller juridique de la firme Peabody Coal – fondée par des Mormons – (qui est toujours la plus grande compagnie charbonnière du monde), et avoir travaillé pour la firme de Relations Publiques – Mormone – qui se chargeait de manipuler les médias, avait réussi à présenter l’affaire comme une guerre tribale dévastatrice entre les Hopis et les Navajos.
En fait, c’était surtout les dirigeants Hopi de l’époque, occidentalisés – et, pour certains, convertis à la religion des Mormons – intéressés par les profits rapportés par l’exploitation du charbon, qui avaient choisi Peabody, contre leurs voisins Navajos et leurs propres administrés ‘traditionnels’, qui n’apprécient pas non plus la pollution au charbon de l’air qu’ils respirent, et l’épuisement des ressources en eau déjà rare.
La situation ne s’est pas améliorée. Encore en 2014, les habitants étaient harcelés, leur bétail saisi. Bien sûr, le harcèlement avait pour but de pousser les gens à partir, étant donné que Peabody voulait s’étendre. Des Hopis, au Conseil Tribal, soutenaient Peabody, vu qu’ils avaient besoin de l’argent que çà leur procurait. Les dirigeants Navajo avaient aussi des intérêts dans l’exploitation des ressources – la mine principale était en territoire Navajo – et avaient donné leur accord pour prolonger le permis d’exploitation de Peabody de 25 ans.
Cependant, les mines de charbon ont fermé, celle de Big Mountain en 2005 et celle de Kayenta en 2019. Mais depuis, Peabody s’acharne à échapper à l’obligation de réparer les dégâts. La firme s’est déclarée en faillite à plusieurs reprises.
Les gens en ont assez d’être empoisonnés par la poussière de charbon, et de manquer d’eau à cause des quantités phénoménales qui ont été utilisées pour extraire le charbon et le transporter sous forme liquéfiée jusqu’aux centrales. La centrale située au nord-ouest de la Réserve a fermé en décembre 2020. L’une des centrales de l’est, au Nouveau-Mexique, la centrale de San Juan, située à proximité de la Réserve, devait fermer en octobre 2022. Celle de Four Corners, extrêmement polluante, située dans la Réserve, près de Shiprock, a encore deux unités en service, les trois autres ont été fermées en 2014. Mais la poussière est toujours présente, la nature défoncée. Rien n’a été réparé.
En plus, il y a au moins 1000 mines d’uranium abandonnées mais toujours radioactives, dans et autour de la Réserve Navajo, et 22 puits ont dû être fermés parce qu’ils étaient radioactifs, privant les gens de sources d’eau proches.
Et le climat de la région est désertique et il ne faut pas trop compter sur la nature pour réalimenter les nappes phréatiques et les sources.
Maintenant, une firme spécialisée dans le « Laver Plus Vert » a demandé des permis pour installer des pompes de stockage d’eau sur Black Mesa. Elle prétend s’approprier le peu d’eau qui reste dans la nappe phréatique et quelques cours d’eau pas encore complètement épuisés. Cette firme a son siège à Paris, où il est plus facile de se faire passer pour écologiste.
Article Brenda Norrell
Censored News
Le 7 mai 2020
Une interview de Louise Benally sur First Voices Radio
Traduction Christine Prat
Mes anciens avaient l’habitude de dire ‘Ce qui est dans la Terre est ce qui maintient l’équilibre de la Terre. Si nous extrayons tout et le détruisons, l’équilibre sera perdu… La lune et la Terre vont perdre leur équilibre mutuel.’ – Louise Benally, Diné de Big Mountain.
Louise Benally, Diné de Big Mountain, a partagé les messages qui lui avaient été transmis par les anciens sur la façon dont Notre Mère la Terre a été perturbée, au cours d’une interview sur First Voices Radio, avec l’animateur Tiokasin Ghosthorse, Lakota de Cheyenne River.
« La Nature s’en occupe » dit Louise.
Citant les enseignements de ses ancêtres Diné, Louise décrit comment les minéraux dans la terre la maintiennent en équilibre. Quand ces minéraux – le charbon, l’uranium, le pétrole et le gaz – sont extraits, il y a des conséquences, dit-elle à propos du coronavirus et de ce qui arrive en ce moment à la Nation Navajo.
« S’il y a tant de perturbation, les choses vont changer pour le pire pour l’humanité. Nous sommes témoins de ce virus, parce que – j’en suis persuadée – il vient du poison qui a été extrait et produit et est constamment développé par les carburants fossiles, comme le pétrole, le charbon, l’uranium, le gaz, et toutes sortes de minéraux qui sont exposés à l’air quand ils sont extraits. »
« Tout ce qui est dans la Terre doit être laissé tranquille, parce que ce sont des vies d’avant celle qui se déplace sur la terre aujourd’hui. Ils ont été purifiés et sont devenus partie intégrante de la Terre.»
«Si vous les ramenez à la surface et les traitez au-delà des limites, ils deviendront toxiques.»
«L’eau donne la vie et est essentielle, tout comme l’air. »
Ce virus prend des vies et étouffe les gens. C’est ce que les gens sont en train de faire à la Terre. Ils abattent les forêts tropicales qui sont les poumons de la Terre.
«Nos anciens disaient que c’était les poumons de la terre qui purifient les choses. »
Depuis 50 ans, du charbon a été extrait, dit-elle, à propos de l’extraction de charbon par Peabody Coal sur Black Mesa, près de chez elle, qui alimentait la Centrale dite Navajo, dans la Nation Navajo.
Cette centrale au charbon fournissait de l’électricité à bon marché au sud de l’Arizona et à tout le Sud-ouest.
Louise et sa famille ont passé les 50 dernières années à résister à la déportation de Big Mountain. Des dizaines de milliers de Diné ont été déportés pour faire place aux mines de Peabody Coal sur Black Mesa.
Louise dit que maintenant, dans la Nation Navajo, l’air, l’eau et le sol sont extrêmement pollués. Les politiciens ne font rien contre ces poisons qu’ils ont sorti du sol. C’est laissé à l’air libre, à la surface.
Quand les animaux et les gens mangent ces poisons, ils les ingèrent dans leurs systèmes vitaux.
C’est comme l’air, quand il est pollué, ça s’accumule dans notre système et nous ne pouvons pas nous en débarrasser.
C’est l’enseignement des anciens. Chaque nation a sa façon de communiquer avec la Terre.
Les Êtres Célestes qui ont créé cette Terre et l’ont maintenue en équilibre, n’ont plus ses offrandes.
« On nous a dit que si nous ne revenions pas au respect que nous lui devons, et ne continuions pas nos offrandes, un jour, nous n’aurions plus d’eau, nous n’aurions plus de nourriture. Que tout le monde mourrait. C’était apparu comme une vision à l’une de nos ancêtres. »
En cette saison particulière, en 1997, ils ont fait une offrande. Depuis, elle dit qu’il ne s’était pas passé grand-chose en ce qui concerne les offrandes, les prières et les remerciements pour la vie.
Elle dit que les gens s’étaient tournés vers la possibilité de faire de l’argent avec l’extraction minière. L’extractivisme n’arrête jamais, surtout pour le pétrole et le gaz, ça recouvre toute la Planète. Quand le soleil se lève, toute cette toxicité reste dans l’air, ça réchauffe l’atmosphère, ça cause des changements dans la Nature.
Louise dit «Comment pouvons-nous continuer, inverser certaines de ces choses? Ou bien nous changeons, ou nous allons être avalés par la Nature.»
Le présentateur Lakota, Tiokasin Ghosthorse dit que la toxicité commence en soi-même, avec nos propres idées. Tiokasin dit que les gens font comme si ça allait pour le mieux, sans jamais purifier quoique ce soit, et ça commence à l’intérieur de soi.
Louise dit que ça commence à l’intérieur de chaque personne, l’inversement de la présomption, pour s’écarter des carburants fossiles.
Elle dit que des gens se baladaient avec des fusils, en exigeant que tous les lieux publics rouvrent.
«Ça dit bien à quel point ça déraille, au nom de la cupidité.»
«Ils veulent toujours plus.»
« Ce virus a fondamentalement tout bloqué, et ce ne pourra qu’être pire si nous ne faisons pas quelques pas en arrière. »
Ce qu’il y a de mieux c’est le Nouvel Accord Vert, dans lequel tout est alternatif. Actuellement, les gens ne savent pas quoi faire, face à tout ce qui arrive, mais c’est à la Nature de décider.
« Notre Mère la Terre contre-attaque. »
Louise dit qu’il fallait étudier de plus près les problèmes et les solutions : « Fermez toutes ces centrales qui brulent des carburants fossiles. »
Elle dit que les milliers de pétroliers qui attendent le long de côtes, alors qu’il n’y a pas de marché pour le pétrole, devaient être stoppés.
« Les gens avides ont tué la nature. Ils ont tué les Autochtones dans tout ce continent au nom de l’avidité. Je sens que c’est la nature qui contre-attaque. »
« S’ils ne peuvent pas le voir, j’ai le sentiment qu’ils sont une cause perdue. »
«Nous devons continuer» dit-elle à propos de ceux qui sont connectés à la Nature.
«C’est tout ce qui compte, et ça ne coûte pas d’argent.»
Tiokasin demanda si la Terre était plus intelligente que l’homme et si l’humanité avait oublié les enseignements.
Louise dit qu’aujourd’hui, un très petit nombre de gens croyaient en la voie de l’enseignement des ancêtres.
La majorité de notre communauté a été Christianisée et a totalement perdu le contact avec la nature. Quand on essaie de leur parler de la nature, ou du caractère sacré de la Terre, ils se détournent et vous disent que vous êtes pour une cause perdue.»
«Cette attitude n’aide pas.»
Des fonctionnaires de Washington, elle dit « Ils sont comme des Zombies. Aucune confiance. Ils rament, voulant toujours plus. Et tellement de gens meurent, tellement de gens sont malades. Il faut changer de direction, d’une manière ou d’une autre.»
Louise dit que le système est mauvais, qu’il est basé sur la consommation et le capitalisme, ce qui n’est pas la façon dont nos structures sont édifiées dans nos propres cultures.
« Des Autochtones sont en prison et certains sont tués, parmi ceux qui protègent. C’est un temps complètement chaotique. »
« Nous devons atteindre ceux qui n’ont pas de conscience et les amener petit à petit à se retourner et à prendre l’autre direction. Les gens doivent se détourner des carburants fossiles et de l’avidité. »
Ils nous appellent tout le temps les nécessiteux – mais ce sont eux, les nécessiteux.
« Ils doivent détruire quelque chose, le tuer et le manger pour se sentir bien, en accord avec eux-mêmes, de ce point de vue. Ce n’est pas bon. »
Tiokasin dit qu’il y a plus de 40 ans, le charbon était extrait de Black Mesa, épuisait l’eau, le sol et l’air, pour fournir de l’électricité à Los Angeles et au Sud-ouest.
«Nous ne pensons qu’aux gens qui souffrent» dit Tiokasin.
Tiokasin demanda si nous avions oublié les animaux, les oiseaux, l’eau et la terre qui avaient souffert de cette avidité. Il dit que les Autochtones avaient répété tout cela depuis 1492.
Louise dit «Nous ne sommes ni respectés ni estimés par le monde de la société coloniale.»
«Si nous ne sommes pas compris, notre Mère va lever les bras et commencer à se défendre elle-même.»
Notre Mère la Terre sait qu’il y a toujours eu des Peuples Autochtones vivant en harmonie avec la Nature. Ce n’est pas compris par le monde de la consommation.
«Ils veulent plus, toujours plus, tout le temps.»
« Nous avons été exposés à l’uranium dans les années 1940 et 1950, nous avons été exposés au charbon, et nous avons été exposés au gaz et au pétrole. »
Les gens sont partis et souffrent de ce virus à cause de tous ces développements du passé. L’eau n’est plus pure, l’air n’est plus pur. Beaucoup de végétation et d’espèces sont en voie d’extinction.
« Nous n’avons pas d’autre choix que de parler à la Terre, à notre Père le Soleil, et à l’Univers, c’est notre loi. C’est bien au-dessus de toutes ces lois qui nous sont imposées. »
Louise dit que le virus amène des changements et que les choses sont ramenées à l’équilibre.
La qualité de l’air était si mauvaise, en Chine, quand le virus est arrivé. « C’était noir et maintenant c’est clair. » Le trou dans la couche d’Ozone au-dessus de l’Arctique est refermé maintenant. Beaucoup de choses sont ramenées vers l’équilibre.
« Pour moi, c’est la preuve manifeste. »
« La prochaine chose qui doit disparaitre, c’est l’industrie automobile, parce qu’il y a trop de voitures dans ce pays, dans ce monde. »
« Peut-être que les gens ont besoin de rester chez eux, de cultiver leur nourriture et de vivre en paix, sans avoir à conduire ici et là, et que de plus en plus de pétrole et de gaz soient pompés. »
« Mes anciens disaient ‘Ce qui est dans la Terre est ce qui maintient l’équilibre de la Terre. »
« Si nous extrayons tout et le détruisons, l’équilibre sera perdu, et il y aura des conséquences. »
« Le pire est ce que ma mère disait, ‘La lune et la Terre vont perdre leur équilibre mutuel.’ »
Les minéraux contenus dans la Terre retiennent la lune en équilibre. Elle dit que si nous extrayons tout ça, l’équilibre sera perdu et c’est ce qui régit la Terre.
Cette règle peut être comparée aux femmes, qui sont les régulatrices, parce que la femme donne la vie.
« Si la femme n’est pas en équilibre, toute la famille perd l’équilibre. » C’est pourquoi les femmes sont très importantes.
Elle dit que le centre de l’éducation des colonisateurs est l’argent et que ça a des conséquences. Les jeunes doivent être éduqués.
« Nous devons continuer à communiquer, c’est ce qui compte. »
« Restez chez vous, lavez-vous les mains, ne vous mêlez pas aux foules, et tout ira bien. »
Tiokasin dit que le passé est toujours en nous et détient les réponses.
« Vous étiez préparés à cela » dit-il, incitant les auditeurs à ne pas succomber à l’obscurité.
« Nous devons utiliser cette intelligence. »
Louise Benally est Présidente d’Indigenous Cultural Ways, un projet de l’Association des Agriculteurs Autochtones. Elle est Directrice d’Indigenous Cultural Concepts, un projet de Media Island.
‘BIG MOUNTAIN: LA TERRE, LA RESISTANCE ET LA HAINE DES AUTOCHTONES QUI SE DECHAINE’
Par ©NaBahe Katenay Keediniihii
Publié avec permission sur Censored News
Le 5 septembre 2019
Traduction Christine Prat
(Sur l’histoire de Big Mountain voir aussi article de 2015, sur ce site)
L’histoire des Amérindiens a été réécrite au profit du patriotisme requis par l’agression capitaliste. L’Amérique Autochtone d’avant, possédait déjà la vie intellectuelle, l’éducation et l’autogouvernement. L’égalitarisme était, avec la spiritualité, la valeur suprême. Ce blog espère présenter des idées et une discussion fondées sur la conscience de cela. – Sheep Dog Nation Rocks
Les terres étaient plus sauvages que jamais avant l’invasion européenne. Cependant, les effets graves ou mineurs des sécheresses périodiques au cours des 25 dernières années est évident. Beaucoup de sources naturelles ont disparu. Certaines broussailles et herbes autochtones sont maintenant peu abondantes et disséminées, comme la Rose des falaises qui se maintient à peine en vie. La forêt de genévriers et les prairies ont des couleurs gris sombre ou orange, parce que les prairies de sauge ont cessé d’exister, tout comme les pins donnant des pignons sont en train de s’éteindre. Les loups, les élans, les chevreuils, les lynx et les renards sont plus nombreux. Les plantes envahissantes comme le brome faux-seigle, le chardon russe, les bourgeons de tamaris, absorbent le peu d’humidité qu’il y a dans le sol. Les animaux envahissants, le bétail, ou le bœuf comme ressource, continuent d’avoir tous les droits légaux d’exister. Les herbages sont abondants après un hiver pluvieux, mais ceux qui y broutaient avant, les troupeaux de moutons et de chèvres d’une culture pastorale d’autrefois, ont pratiquement disparu.
Les humains qui y vivaient avant, les Diné (Les Gens) sont peu nombreux, résidant illégalement ou strictement légalement, sont éparpillés sur des kilomètres de vide, laissé par d’anciens voisins qui ont été déplacés de force. Ce traumatisme humain actuel n’implique pas une population de millions de gens ou vivant sous les bombes, mais ça cause tout de même d’horribles souffrances, au moyen d’une agression psychologique subtile et bien pensée. Les enfants des Anciens traditionnels qui ont autrefois développé une résistance culturelle fondée sur la terre, contre la politique fédérale, sont maintenant des gens très âgés à leur tour. Comme la végétation ou les sources naturelles qui meurent autour d’eux, ils s’accrochent à un style de vie qui est en train de se réduire à un souvenir et un rêve. Ils ne peuvent s’occuper de leurs troupeaux de moutons et de chèvres qu’au jour le jour, mois après mois, malgré tous leurs problèmes de santé. Les pratiques de guérison anciennes, fragmentées pendant le choc de la politique de déportation, et les soins médicaux modernes, sont à des heures, par les pistes pour véhicules tout-terrain, qui mènent à ces résistants Diné.
Le combat Diné, qui défie depuis 42 ans la dure loi de l’apartheid, n’est pas terminé. Les résistants et leurs familles étendues réclament toujours du soutien. Ceux qui peuvent paraître n’être qu’une poignée des collectifs de l’extérieur, un mélange de Blancs et non-Blancs, continuent à consacrer leurs congés pour venir soutenir les résistants. C’est une résistance qui a été représentée de diverses manières, de “cœur du mouvement autochtone souverain” à un “génocide politisé, au nom de l’extractivisme de carburants fossiles.” Beaucoup de ceux qui sont sur place et ceux qui les soutiennent relient ce qui se passe pour les Diné à Big Mountain aux luttes universelles, culturelles et sociales, pour la libération et la protection des environnements naturels. C’est toujours une résistance et un combat incessants, pour lesquels les Diné sont aidés par des bénévoles, des gens qui viennent chez eux pour garder les moutons, ou fournir une thérapie mentale en ce lieu oublié, vide et lointain. Des caravanes de soutien sont organisées pour amener des équipes saisonnières pour ramasser du bois de chauffage, réparer les abris et les routes, et livrer de la nourriture et des ustensiles. Ce n’est en aucun cas une forme de protestation organisant des blocages sur des propriétés d’une ville ou d’une entreprise. C’est une véritable solidarité de travail productif et de résultats, entièrement conduite par des Autochtones, des Diné, de ces terres ancestrales particulières.
Les reportages de l’époque, sur les origines de la loi sur la déportation et le partage du territoire reviennent souvent comme gros titres des grands médias, “Le Conflit Territorial Diné-Hopi.” Il faut savoir que, selon les sources historiques, il n’y a jamais eu d’invasion Diné de Black Mesa, qui aurait pillé les Hopis. C’est la résurgence de l’histoire d’une prétendue dispute intertribale qui fait que les Services Policiers Hopi, modernisés et restructurés, subdivision des Services Hopi des Ressources, s’imposent sur les terres ou les pâturages des résistants Diné.
Bien sûr, toutes ces terres de Big Mountain et Black Mesa étaient la copropriété des ancêtres des Diné et des Hopis, et c’était une coexistence Autochtone des villages et des sociétés spécifiques de la région. La politique américaine et la loi tribale imposée par le gouvernement fédéral sont identiques. D’où leur soudaine introduction de cette mentalité raciste et de la “haine” envers les résistants Diné. En générale, les explications ne vont pas plus loin, parce que selon la loi des Etats-Unis, ces gens traditionnels et leurs familles étendues enfreignent un vieil ordre d’expulsion. On dit aux résistants: arrêtez immédiatement de réparer, débarrassez-vous du bois neuf ou des matériaux pour la toiture, le troupeau est hors des limites, vous devez avoir un permis en règle pour couper et transporter du bois de chauffage, toute nouvelle structure pour tirer de l’eau ou récolter doit être démantelée.
Aujourd’hui, cette politique antihumaine et anti-nature des Etats-Unis dans cette région du pays Indien, va bien au-delà des violations des droits humains habituelles. Peut-être est-ce une injonction de suivre la norme du monde où les gens naturellement simples sont déplacés, leur population réduite et torturée jusqu’à l’extinction.
Les Anciens, résistants de Big Mountain, pour la plupart encore traditionnels, avec une connaissance limitée de l’anglais, ne peuvent pas aller à leur rendez-vous chez le médecin ou obtenir les médicaments sur ordonnance, parce que leur Transport Médical Non-Urgent (NEMT) est menacé par les patrouilles de police Hopis. Des membres du personnel des transports agréés et autorisés par le Service de Santé Navajo, ont été menacés par les services Hopi de saisie de leur véhicule. Quelque soient les moyens juridiques ou les réglementations du gouvernement tribal employés, les Anciens dans les territoires soumis à l’apartheid ont de graves problèmes médicaux. Certains pourraient mettre leur vie en danger ou poser des problèmes de santé plus graves encore. Cela se produit au moment où j’écris. Une dame âgée qui a besoin d’un checkup régulier et d’un examen des yeux, ne sait pas si le chauffeur du NEMT arrivera jusque chez elle. Le NEMT et les Infirmières de Terrain prennent déjà beaucoup de risques en prenant les longues pistes pour véhicules tout-terrain, plus deux heures sur les routes goudronnées, et deux allers-retours par jour.
Une Ancienne dit “si les Hopis veulent imposer leur autorité partout, même dans la Nation Navajo, ils doivent commencer par permettre à leur centre médical tribal de se charger des visites d’infirmières et du transport. Mon frère et moi sommes malades à tour de rôle et avons besoin d’aide médicale. C’est déjà assez dur pour les chauffeurs du NEMT et les Infirmières de Terrain, vu que nous vivons dans une zone isolée, loin de l’hôpital.”
Et il y a cette impuissance, à laquelle on ne peut rien faire pour rendre la police responsable. Le pire est que ça se passe dans une région isolée du pays Indien, où il n’y a personne pour faire des rapports sur le nombre de résistants Diné auxquels on refuse une visite au médecin.
De plus, ce problème de résistance à la loi de déportation n’a jamais été vu comme “un Conflit Territorial Navajo-Hopi” par les Anciens de Big Mountain, mais plutôt comme une question de profit pour les grandes entreprises d’extraction des ressources. Ce que les nouveaux Hopis font, c’est de semer la haine et la terreur. Partout dans le monde, les gens voient les Hopis comme un peuple à la culture pittoresque avec des spectacles de danses uniques, et savent que leur nom signifie ‘Gens de la Paix’. Ce que font ces nouveaux Hopis n’a rien à voir avec la paix.
Le charbon de Black Mesa
Oui, si nous l’appelons Notre Mère la Terre, nous sommes à son image. Le mouvement de résistance des Anciens de Big Mountain a ramené beaucoup d’anciens enseignements pour l’humanité, et l’un d’entre eux était “Le Charbon est le foie de la Montagne Féminine. Et si l’extraction du carburant fossile continue, la Montagne Féminine sera vidée de tous Ses fluides, les eaux, le pétrole et son sang.”
Il y a une sorte de soulagement étrange et malsain, suite à la fermeture de la mine de charbon de Peabody. La centrale au charbon qui brûlait le charbon de Black Mesa fermera bientôt aussi. Tout cela est mauvais, parce que personne ne parle de la loi de déportation de 1974 [PL 93-531], qui a pour but de dépeupler Big Mountain pour industrialiser d’autres gisements de charbon. Mauvais et étrange, parce que les lois d’apartheid resteront, mais pour quelle sorte d’extraction de carburant fossile?
A propos de ces fermetures, des Anciens de Big Mountain disent:
“Maintenant, il n’y a plus réception pour les téléphones portables, ou ça revient seulement brièvement. La compagnie Peabody Coal dit que toutes les tours de réception pour téléphones lui appartenant sont en train d’être démantelées.” [Le téléphone portable est le seul moyen de communication avec le monde extérieur – NdT].
“Les résidents Diné – Navajo – aux abords des mines ont eu la priorité pour emporter les déchets de métaux et d’acier. On leur a proposé un prix très bas et beaucoup de gens des environs ont transporté des tonnes d’acier.”
Je me demande:
“Que vont faire les gens avec des tonnes de métal et d’acier? Forger des barbecues, des clôtures pour le bétail, et des poêles à bois pour les vendre? Pourquoi les gens ne sont-ils plus capables de penser?! Où est passée la conscience?! Nos Réserves ont besoin de petits ponts au-dessus des lits de rivières dangereux!”
Les mineurs, les travailleurs des mines, et les employés des centrales électriques sont apparemment bornés. La dernière chose que les patrons de leur entreprise feront, c’est d’accuser Wall Street. Il vaut mieux dénoncer les soi-disant “amoureux de la terre et les écologistes”, ceux qui ont causé la perte de leurs emplois. Plus de haine, comme s’il n’y en avait pas assez.
Pas un Indien typique. Ai grandi sur les terres sauvages de Big Mountain, élevé par des parents intelligents et aimants, qui ne parlaient pas anglais, mais qui suivaient encore les traditions anciennes d’un mode de vie naturel et durable. Aujourd’hui, je n’ai pas tellement peur d’être un Solitaire, mais je suis très fier et honoré de transmettre les sagesses enseignées par ma Maman et mon Papa, et tous les sages du pays de Big Mountain. Yea’go’h, Ni’zhoni !
DES DINÉ [NAVAJOS] CONFRONTES A DES ARRESTATIONS ET AU VOL DE LEUR BETAIL SUR BLACK MESA
Par Indigenous Action Media
Egalement publié sur Censored News
23 octobre 2014
Traduction Christine Prat
See original article in English
Note des éditeurs : Cette action prend place alors que l’hiver approche et que les moutons et autre bétail constituent le moyen d’existence de nombreux Diné, confrontés aux conditions oppressives imposées par la loi PL93-531. La mise à jour ci-dessous emploie le terme controversé « HPL (Hopi Partitioned Lands – Terres Hopi Divisées) », certains résistants Diné considèrent cette région comme Nation Diné Souveraine, pas comme HPL.
MISE A JOUR de résidents de la zone HPL : Shirley Tohannie et l’Ancienne Caroline Tohannie ont eu la totalité de leur troupeau de 65 moutons saisis par les Hopi Rangers (représentant le gouvernement fédéral des Etats-Unis) le mardi 22 octobre 2014. Si les amendes ne sont pas payées, les moutons seront vendus aux enchères, et il a été signifié à la famille que les moutons ne pourraient pas retourner sur le territoire de la famille. Le coût pour récupérer le bétail s’élève à près de 1000 dollars.
Jerry Babbit Lane, le voisin des Tohannie sur la zone HPL, a été arrêté par les Rangers Hopi alors qu’il tentait de s’informer sur la situation de ses voisins et a été accusé de trouble à l’ordre public. Il a été libéré ce soir, 23 octobre. Les Rangers ont dit à Shirley qu’ils avaient l’intention de prendre aussi les moutons de Rena (la mère de Jerry) et qu’ils allaient commencer les saisies dans toute la zone HPL.
Au moment où nous écrivons, une autre famille de Big Mountain s’est fait saisir presque tout son troupeau.
Les résidents ont besoin d’observateurs des droits humains et de bergers en ce temps d’escalade du harcèlement. Si vous connaissez quelqu’un qui peut venir en tant qu’observateur des droits humains pour soutenir la résistance Diné sur Black Mesa, c’est le moment. Un travail d’observation des droits humains peut aider à arrêter ou ralentir les saisies. Des familles susceptibles d’être frappées par les saisies demandent de la solidarité. Envoyez un email à blackmesais@gmail.com si vous pouvez venir.
« Appelez le Bureau des Affaires Indiennes, les Hopi Rangers et le Secrétariat à l’Intérieur. Demandez-leur de cesser immédiatement la saisie de moutons dans la zone HPL. Par ce colonialisme d’aujourd’hui, notre souveraineté alimentaire est attaquée. Appelez le superintendant du Bureau des Affaires Indiennes, Wendel Honanie (au 01-928-738-2228), le représentant des Hopi Rangers Clayton Honyumptewa (au 01-928-734-3601), et le Secrétariat à l’Intérieur (au 01-202-208-3100) et demandez qu’ils arrêtent les saisies injustes » – Louise Benally
Bien que ces ordres viennent de la politique Hopi actuelle, les lois de déportation et de saisies de bétail sont le résultat de la stratégie de diviser pour conquérir du gouvernement fédéral et de Peabody Energy, dont le but est d’ouvrir la région à l’extraction massive de charbon. « Dans les années 1970, les Anciens Hopi ont encouragé les Anciens Diné à rester sur leurs terres, disant que s’ils se laissaient déporter, la mine de charbon s’étendrait. Les Anciens Hopi ont dit que ce n’étaient pas eux qui voulaient cette terre. » – NaBahii Keediniihii
Un rapport de la Commission des Droits de l’Homme de la Nation Navajo de juillet 2012 qualifie la déportation de violation massive des droits humains et demande l’annulation immédiate de la loi PL93-531 ainsi que l’arrêt des tentatives de déportations et de harcèlement sous la forme de surveillance, de saisies de bétail et de perturbation des rassemblements et cérémonies subie par la communauté résistante.
Les moutons sont à la base de la vitalité des gens et du territoire, les pratiques de pâturage traditionnels doivent être soutenues, pas supprimées. Les saisies constituent du harcèlement et des violations des droits de l’homme.
Bref résumé de l’histoire de Black Mesa (du site Support Black Mesa) :
DEPUIS 1974, la politique de déportations fédérale a forcé 14000 Diné (Navajo) à quitter leur terre ancestrale en Arizona.
Cette politique génocidaire a été mené par des agents du gouvernement et des représentants de compagnies d’énergie afin d’avoir accès aux ressources de Black Mesa – des milliards de tonnes de charbon, d’uranium et de gaz naturel.
Depuis plus de 30 ans, des Diné traditionnels de Black Mesa vivent en résistance, refusant catégoriquement d’être déportés, tandis que les mines à ciel ouvert déchirent leurs terres sacrées et que des centrales électriques au charbon polluent l’air du désert.
Voir de nombreux articles traduits en français sur la situation à Big Mountain et la traduction française d’un article paru en 1986 à Amsterdam, quand la déportation est devenue effective et que la résistance a commencé