Manifestation à Farmington après la torture et l’assassinat de trois Autochtones en 1974. Photos ©Durango Tribune
Par Brenda Norrell
Censored News
28 août 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Les préjugés de Google News, des médias du Nevada et des médias dominants sont évidents dans la façon dont ils couvrent les actions de Lithium Americas à Thacker Pass. Les articles accélèrent les profits de la compagnie canadienne Lithium Americas et ne respectent ni ne mentionnent les voix de Paiutes et de Shoshones qui protègent le site du massacre de Peehee Mu’huh.
Manifestation à Farmington après la torture et l’assassinat de trois Autochtones
Ces préjugés rappellent que depuis longtemps, les préjugés, la censure et le racisme dominent les informations des villes à la lisière des Réserves. Les témoignages pour les droits civils qui ont eu lieu dans les années 1970, 1980 et 1990, révèlent que les médias, la police et les tribunaux étaient tous complices, ou impliqués, dans le racisme et la suprématie blanche des villes proches des Réserves, à Rapid City, dans le Dakota du Sud, à Farmington, au Nouveau-Mexique, à Flagstaff, en Arizona, et d’autres encore, racisme qui a conduit à des tortures et des assassinats d’Autochtones.
Maintenant, aux informations, Biden et la Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland font la promotion de la compagnie canadienne Lithium Americas qui creuse le site d’un massacre où il y a encore des vestiges des ancêtres.
Pendant ce temps, les médias du Nevada ignorent certains des problèmes les plus importants du monde.
- Les tests de bombes atomiques sur les terres des Shoshones de l’Ouest qui ont répandu des cancers.
- L’expansion du champ de tir de Fallon, territoire Paiute Shoshone, et l’histoire des puits brûlés au napalm, des bombes qui n’ont pas explosé éparpillées, l’eau souterraine empoisonnée et une série de cancers chez les enfants.
- Des assassinats ciblés partout dans le monde, effectués par des opérateurs de drones sur des ordinateurs à la base de l’Armée de l’Air à Creech, rapportés par le Guardian. Ces meurtres ciblés irresponsables, par des opérateurs de drones militaires sur des ordinateurs, ont tué des innocents – entre autres des journalistes, des gens assistant à des mariages, des gens dans des cafés et des gens victimes d’erreurs d’identification, parmi lesquels un citoyen des Etats-Unis.
- L’entrainement de pilotes Israéliens à la base de l’Armée de l’Air de Nellis, dans le Nevada au printemps dernier, alors qu’Israël continue de tuer des Palestiniens.
- Le Bureau de Gestion du Territoire, du Secrétariat à l’Intérieur, qui approuve automatiquement les déclarations d’impact environnemental qui ignorent les lois fédérales protégeant les sites funéraires Autochtones, les sites religieux Autochtones, l’eau souterraine et les espèces en danger ou protégées, et les juges fédéraux qui soutiennent la violation de lois fédérales.
- Le témoignage aux Nations Unies, cette année, des dirigeants Shoshones Paiutes de Duckwater, décrivant les dangers de l’extraction à grande échelle de lithium dans le Nevada, et la série de cancers provoqués par des décharges toxiques, qui existent déjà à Duckwater.
Les préjugés des médias dans les villes à la lisière des Réserves depuis des décennies, était évident à Farmington, au Nouveau-Mexique.
Genevieve Jackson, membre du conseil Navajo, dit que la torture et le meurtre d’Autochtones était un « rite de passage pour les adolescents blancs. »
Aujourd’hui, les préjugés des médias pour la suprématie blanche se reflètent surtout dans la promotion des profits des grandes entreprises au-dessus de n’importe quoi d’autre.
Le Rapport de Farmington : Commission des Droits Civils des Etats-Unis
« La raison du Forum d’avril 1974, était la découverte, près de Farmington des cadavres de deux hommes, brûlés et matraqués, Herman Dodge Benally, 34 ans, de Kirtland, et John Earl Harvey, 39 ans, de Fruitland. Une semaine plus tard, un troisième corps était découvert, celui d’un homme de 52 ans, David Ignacio. Les trois hommes étaient Navajos. Le 1er mai 1974, trois étudiants du Lycée de Farmington étaient inculpés pour les meurtres. Plus tard, il serait suggéré que l’incident faisait partie de ce qu’ils appelaient « Indian Rolling » – le fait d’agresser dans la rue des Navajos en état d’ébriété – et que de tels incidents se produisaient à répétition, la plupart de temps du fait d’adolescents blancs. »
« La violence de ces crimes a provoqué la colère et l’indignation, et la communauté Autochtone a commencé à organiser des manifestations dans le centre de Farmington, pour dénoncer le racisme omniprésent et le fanatisme de la communauté. L’attitude méprisante de la communauté blanche envers la communauté Autochtone, qui fut longtemps un mode de vie à Farmington, a cessé brutalement. Comme les tensions montaient, beaucoup de membres de la communauté blanche de Farmington se sont trouvés, non seulement mal préparés pour gérer la crise qui s’ensuivait, mais aussi confus, menacés et effrayés. En pleine crise, le Comité Consultatif du Nouveau-Mexique est venu à Farmington et a entrepris une étude intensive des relations sociales et économiques entre la communauté blanche et les Navajos. Ça a mené à trois jours de consultations publiques en août 1974. »
Par Civil Liberties Defense Center*
Publié par Indigenous Action
Egalement publié par Censored News
14 avril 2021
Traduction Christine Prat
Contacts:
Lauren Regan, Executive Director & Senior Staff Attorney, CLDC
info@cldc.org
Chava Shapiro, Tucson Anti-Repression Crew
Chava_tarc@protonmail.com
PAGE, Arizona – Loren Reed, un Diné (Navajo) passera au tribunal le 4 mai 2021, pour une accusation fédérale fabriquée de ‘Menaces d’endommager et détruire un bâtiment par incendie’, après avoir participé à un débat enflammé sur les tactiques de protestation de Black Lives Matter, dans un groupe Facebook privé, créé pour organiser une action locale contre les violences policières. Reed est en détention provisoire au niveau fédéral, sans caution, depuis dix mois, après qu’un ancien condisciple du lycée l’ait dénoncé à la police pour diverses publications satiriques sur l’organisation d’une protestation ou ‘émeute’ au tribunal, qui n’a jamais eu lieu. Un agent du FBI a été infiltré dans le groupe privé et a surveillé de nombreux messages échangés par Reed et ses amis. À la suite de cette surveillance intrusive, et sans aucune preuve réelle, Reed a été arrêté brutalement dans son quartier, le 2 juin 2020. Rien de suspect n’a été trouvé pendant ou après l’arrestation, bien que des policiers aient fouillé minutieusement tout le logement de Reed et même ses colocataires.
« Cette accusation fédérale est anticonstitutionnelle, étant donné qu’il n’y a jamais eu de ‘vraie menace’ justifiée légalement, dans les publications, qui annulerait les protections étendues du Premier Amendement, qui s’appliquent même à des discours au vitriol » dit la Directrice Exécutive du CLDC, Lauren Regan, une des avocats de Loren Reed dans cette affaire. « La ‘menace’ supposée n’a jamais été communiquée à une personne visée ou une victime potentielle, il n’y avait pas d’intention d’agir, ni de preuve d’intention d’agir, et il n’y a donc pas de base légale pour poursuivre quelqu’un au niveau fédéral pour de simples paroles – surtout pas un organisateur Autochtone confronté au racisme dans une région très conservatrice d’Arizona. »
« Poursuivre quelqu’un dans ces circonstances nous entraine sur une pente savonneuse, de ce qui est une parole protégée par opposition à ce qui est une ‘vraie menace’ justifiant une poursuite pour fait criminel. Nous devons tenir jusqu’aux dernières limites du Premier Amendement, sinon nous perdrons tous le droit d’exprimer librement ce que nous pensons. Aujourd’hui, la criminalisation de la parole concerne les protestations de Black Lives Matter, mais demain ce pourrait être la religion, la science, ou d’autres convictions politiques » dit Lauren Regan.
Au cours de ces dix mois, Reed a été détenu sans accusation formelle pendant un mois dans la prison du Comté de Coconino, où il a contracté le COVID-19 et où un ami proche est décédé l’année précédente après qu’on lui ait refusé une aide médicale. Reed a été transféré plus tard dans un centre de détention fédéral privé, à but lucratif, à Florence, en Arizona, une ville polluée de mines de cuivre, transformée en un complexe industriel de détention. Reed n’a été mis en examen que fin septembre. Son procès a été reporté trois fois et est actuellement fixé au 4 mai 2021.
Le Bureau du Procureur Général met au compte de la pandémie les neufs mois de détention additionnelle, au cours desquels Reed s’est vu refuser une comparution rapide – ou même une libération sous caution – et pendant lesquels trois motions différentes ont été déposées pour ‘étendre’ son affaire. Cependant, ça n’a pas empêché le gouvernement d’essayer d’enterrer ce déni de justice en suggérant de manière informelle un accord de plaidoyer oppressif qui résulterait en une condamnation pour crime et vraisemblablement une peine conditionnelle. « Pour un Autochtone confronté à la réalité du racisme institutionnel dans sa vie quotidienne, être menacé de condamnation pour un crime qu’il n’a pas commis, est un fardeau qui peut ravager sa vie, » a déclaré Klee Benally, depuis longtemps organisateur et défenseur des terres sacrées Diné, de Flagstaff, Arizona. « Loren est courageux de refuser d’accepter cet accord infâme. Ça pourrait lui assurer une libération immédiate, mais ça mettrait en danger tous les organisateurs et les activistes pour le futur, en criminalisant davantage la parole. Loren a pris une position forte et nous devons être là-bas avec lui pour le soutenir. »
Reed, un rappeur connu comme plaisantin sensible et enthousiaste, nie catégoriquement qu’il y ait eu une quelconque menace implicite dans ses publications. Quiconque les lirait sans préjugé serait d’accord. Cependant, l’Etat veut faire porter à un jeune Autochtone une condamnation criminelle qui le hantera le reste de sa vie.
« C’est une tentative de plus pour contrôler la parole et le ton d’une personne de couleur, en pleine année navrante – et de plus en plus mortelle – de violences policières racistes. Ce qui est horrible, c’est que c’est cette situation que l’Etat a choisi pour exploiter la plainte à la police d’un mouchard partial, afin de perpétuer ce cycle de violence » dit L. Regan.
« Nous appelons le procureur fédéral à rejeter l’accusation dans l’intérêt de la justice. M. Reed a déjà fait dix mois de détention provisoire pour un discours qui ne menaçait vraiment personne » » ajouta-t-elle.
« En tant que défenseurs de la justice Autochtone, nous soutenons Loren Reed. La criminalisation de Loren – et de son droit à la libre parole – est une continuation de la violation des droits des Autochtone et de la justice en général » dit Morning Star Gali, de la Tribu de Pit River, qui a défendu toute sa vie les droits des Autochtones, avec ‘Rétablir la Justice pour les Peuples Autochtones’, basé actuellement près de Sacramento, en Californie.
« Nous devons aussi parler du racisme qui s’exerce ici » dit l’Avocate du CLDC, Sarah Alvarez. « Déjà, les fédéraux ont refusé de poursuivre, choisissant de les laisser poursuivre pour petits délits et/ou en négociant des accords indulgents pour les suprémacistes blancs qui ont attaqué le Capitol le 6 janvier. Ils ont aussi complètement fermé les yeux sur les centaines d’individus d’extrême-droite qui ont menacé des politiciens et la police sur les réseaux sociaux. Pendant ce temps, un Autochtone était en prison sans juste procès pour 10 mois – et tout ça pour un échange ironique dans un média social, échange dans lequel il n’y a jamais eu de violence ou de dommage à la propriété ni même une intention à cet effet exprimée. C’est difficile de prouver cela à la Cour, mais le cas de M. Reed est un cas d’école de traitement inégal selon la race, et ça doit finir par un rejet immédiat de l’accusation portée contre lui. »
Reed doit comparaitre devant un jury le 4 mai, mais le Bureau du Procureur des Etats-Unis et le Département de la Justice ont encore le temps de faire ce qui est juste et d’annuler immédiatement l’accusation et de le laisser retourner à sa vie.
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*Civil Liberties Defense Center (CLDC) soutient les mouvements qui essaient de démanteler les structures politiques et économiques à la racine des inégalités sociales et de la destruction de l’environnement.
LE RACISME DANS LES PAYS OCCIDENTAUX SOI-DISANT ‘DEMOCRATIQUES’ TUE DES DIZAINES DE MILLIERS DE MIGRANTS POUR MAINTENIR LA DOMINATION DU CAPITALISME UN PEU PLUS LONGTEMPS
Christine Prat English
24 juillet 2018
Depuis quelque temps déjà, les politicards occidentaux et leurs médias répètent tous les jours que nous faisons face à une ‘Crise Migratoire’. Ça a été tellement répété que presque plus personne ne met leur slogan en question. S’il y a des désaccords, c’est sur ce qu’il faudrait y faire. Il est temps d’essayer de dire quelques vérités.
Il n’y a pas de ‘Crise Migratoire’, mais une Crise Raciste largement causée et alimentée par les pouvoirs Suprémacistes Blancs et Européens, dont les dirigeants croient depuis longtemps que leurs électeurs sont avant tout racistes. S’il est malheureusement vrai que beaucoup d’occidentaux, européens ou d’origine européenne, sont racistes – le racisme est totalement irrationnel et fondé sur une ignorance extrême, la connaissance étant remplacée par les cris des médias dominants – les gens ne votent pas d’abord contre l’immigration, mais contre leurs conditions de vie de plus en plus dures sous le joug du capitalisme sauvage. Il est bien sûr très inquiétant que de plus en plus de pays d’Europe ou d’Amérique votent pour des partis d’extrême droite, mais ce n’est certainement pas la faute des migrants.
Il ne faut certainement pas oublier que beaucoup de réfugiés qui essaient d’entrer en Europe fuient des guerres initiées pas les Etats-Unis et/ou des pays européens. Il ne faut pas oublier non plus que les pays d’où viennent les migrants ont été envahis et colonisés longtemps (certains le sont encore) par ces pays occidentaux qui veulent les rejeter à tout prix maintenant. Et il faut savoir qu’il y a encore beaucoup plus de réfugiés de ces guerres qui se trouvent dans les pays voisins, en Afrique ou au Moyen-Orient, que dans n’importe quel pays occidental. (A une époque, l’Iran était le pays qui accueillait le plus grand nombre de réfugiés au monde – pas parce que le régime est plus humain, mais parce que les Iraniens sont généralement moins racistes que les Européens ou les Nord-Américains blancs). Les pays où les réfugiés fuient sont trop pauvres pour les nourrir, c’est pourquoi certains essaient d’atteindre l’Europe – ou les USA, s’ils fuient des régimes d’Amérique du Sud ou Centrale.
Ces gens sont suffisamment désespérés pour risquer – et souvent perdre – leur vie, en essayant d’atteindre des pays qui n’arrêtent pas de se vanter d’être ‘riches’ et ‘libres’. Des dizaines de milliers de migrants meurent en essayant de traverser la Méditerranée, A la frontière US/Mexique, l’association ‘No More Deaths‘ compte les cadavres de migrants trouvés dans le Désert de Sonora, morts en essayant d’atteindre la frontière des Etats-Unis.
Actuellement, les dirigeants européens – et leurs complices des médias – clament qu’ils négocient avec les pays africains pour trouver des accords visant à empêcher les migrants de traverser la Méditerranée, insinuant qu’ils essaient de trouver des solutions pour les réfugiés dans ces pays. Dans un article de Bill van Auken, publié par Counter Currents le 26 juin 2018, on peut lire que deux fois plus de migrants meurent dans le Sahara, que dans la Méditerranée, qu’ils n’ont jamais atteinte. L’article dit aussi que les militaires algériens – qui ont toujours eu beaucoup d’amis parmi les politiciens français et les grandes compagnies – repoussent les réfugiés vers la frontière du Niger, au milieu du Sahara, et les forcent à repartir à pied, sans leur avoir donné de nourriture ni d’eau. Il y a au moins 15km jusqu’à la frontière du Niger, et dans cet environnement, pour des gens qui ont été privés de nourriture et d’eau pendant des jours, c’est la mort quasi certaine.
Citations de l’article:
“Cette sinistre révélation de l’Associated Press est illustrée par des vidéos sur lesquelles on peut voir des centaines de migrants trébuchant dans une tempête de sable, et d’autres transportés dans des camions surchargés, pour être largués à la frontière de l’Algérie avec le Niger et forcés de marcher dans le désert à la pointe du fusil.
Comme l’Associated Press l’a dit clairement, la politique meurtrière du gouvernement algérien est appliquée à la demande de pays de l’Union Européenne, qui cherchent de plus en plus à pousser les régimes d’Afrique du Nord à devenir leur garde-frontière, et à entraver le flux des migrants par l’intimidation, la violence et la mort”, dit l’article de Counter Currents.
Ce n’est qu’un exemple. La même chose se produit partout. Des politiciens français (et d’autres politiciens européens) ont beaucoup de bons amis parmi les militaires et les dictateurs africains. Mais demander au Mali, au Niger ou au Nigeria de coopérer pour contenir les réfugiés? On sait bien qu’ils ne contrôlent pas leurs frontières. La guerre française, supposée ramener la ‘paix’ au nord du Mali est un désastre, ça a tourné à la guerre civile, comme partout où des pays occidentaux sont intervenus. Le pire exemple est la Libye, transformée en chaos mortel depuis que des pays européens ont attaqué, sous prétexte de se débarrasser de Kadhafi. Pourtant, les pays européens demandent toujours à la Libye (y a-t-il encore un pays appelé comme ça?) de les aider à résoudre leur ‘problème’ de migrants. La Libye, comme l’Iraq et la Syrie, a été totalement détruite par les interventions occidentales, ne laissant que des guerres civiles derrières elles. Tout ce que certains militaires libyens peuvent faire, c’est de tirer sur les migrants.
Les Murs qu’on construit partout.
Le plus connu est le Mur en Palestine. Ce n’est pas un mur de frontière. Il sépare les territoires occupés en 1948 de ceux qui ont été occupés en 1967. Il sépare les gens de leurs familles, de leurs champs, de leurs sites sacrés, et plus généralement les empêche de voyager. Evidemment, il a été construit entièrement sur des terres palestiniennes, c’est-à-dire que toute la largeur du mur, la route pour les flics et les militaires, et toute autre activité ‘Israélienne’, ont été prises sur des terres appartenant à des Palestiniens, pas un centimètre des terres volées par des colons illégaux n’a été utilisé. Bien entendu, les Palestiniens qui essaient de traverser peuvent se faire tirer dessus, ce que les médias dominants ne diront jamais.
Il y a aussi un mur, par endroits une barrière, construit à la frontière Etats-Unis/Mexique, qui avait été ignoré pendant quelques décennies par les médias, jusqu’à ce qu’il soit rebaptisé “Mur de Trump” par les politicards et journaleux qui n’aiment pas Trump. En fait, la construction a commencé il y a longtemps, et n’a pas été achevée, à cause des coûts exorbitants. Trump a bruyamment clamé qu’il terminerait la construction du mur, le ferait rehausser, et enverrait la facture au gouvernement mexicain – qui a immédiatement répondu qu’il n’en était pas question. Les Tohono O’odham, Yaqui et autres dont le territoire est arbitrairement coupé par la frontière, ont eu des problèmes bien avant l’élection de Trump. Leur territoire a été divisé sur une carte, avec une règle et une plume, par le Traité Guadalupe-Hidalgo de 1848. Jusqu’aux années 1990, les gens des villages traversés arbitrairement par la frontière (les Tohono O’odham disent: nous ne traversons pas la frontière, c’est la frontière qui nous traverse), pouvaient aller de l’autre côté sans trop de problèmes. Puis l’hystérie anti-migrants a commencé. D’après Ofelia Rivas, une Tohono O’odham de la frontière, les vrais problèmes ont commencé juste après le 11 septembre 2001.
Il y a beaucoup plus de murs dans le monde actuel. D’après un article de USA Today, publié le 24 mai 2018, il y aurait 77 murs, existants, en construction ou projetés partout dans le monde. D’après le site World Atlas – mis à jour le 1er août 2017 – il y a 20 murs existants, et d’autres en construction ou projetés – à part la Grande Muraille de Chine, la frontière Etats-Unis/Mexique, et le mur en Palestine. [Existants: Corée du Nord / du Sud, 1953; Chine / Hong Kong, les années 1960: Egypte / Palestine, 1979; Koweït / Iraq, 1991; Melilla – Espagnole – Maroc, 1998, mur anti-migrants; Ouzbékistan / Kirghizstan , 1999; Afrique du Sud / Zimbabwe, années 2000; Turkménistan / Ouzbékistan, 2001; Ouzbékistan / Afghanistan, 2001; Arabie Saoudite / Yémen, 2004; Brunei / Malaisie, 2005; Kazakhstan / Ouzbékistan, 2006; Arabie Saoudite / Iraq, 2014; Bulgarie / Turquie, 2014; Hongrie / Serbie, 2015; Hongrie / Croatie, 2015; Macédoine / Grèce, 2015. En construction: Chine / Corée du Nord; Iran / Pakistan; Emirats Arabes Unis / Oman; Slovénie / Croatie. Projets: Estonie / Russie; Belize / Guatemala]. Le nombre de murs racistes ne fait qu’augmenter. Des compagnies du bâtiment comme Lafarge – actuellement poursuivie pour crimes contre l’humanité pour avoir payé l'”Etat Islamique” pour pouvoir continuer à faire des affaires en Syrie – ne peuvent qu’approuver ces murs qui leur rapportent du fric. (Rappelez-vous des histoires concernant la compagnie de Dick Cheney, au cours de la 2ème guerre d’Iraq: elle vendait du matériel à l’armée américaine pour détruire, et des matériaux aux alliés des Etats-Unis pour reconstruire…)
Les politicards européens et leurs journaleux prétendent être sensible à la misère humaine (ils mentent), mais qu’on ne peut pas accepter tous les migrants! Tant que le monde occidental trouve normal que Gaza ait la plus haute densité de population au monde, mais aucun accès aux produits et services de base, il est hors de question d’admettre que les pays occidentaux ne peuvent pas héberger tout le monde.
Après avoir fait admettre qu’on ne pouvait pas les accueillir tous, ils insistent sur la différence impérative entre réfugiés ‘politiques’ et réfugiés ‘économiques’. C’est une mauvaise blague. La définition officielle de ‘réfugié politique’ est beaucoup trop étroite, celle de ‘réfugié économique’ beaucoup trop vague.
Dans la deuxième moitié des années 1990, j’ai été amenée à m’occuper du problème des réfugiés. J’ai rencontré des tas de gens, j’ai travaillé à temps complet pendant des mois, j’ai assisté à la cérémonie de Doctorat d’un mec qui avait fait sa thèse sur le Droit des Réfugiés Palestiniens dans la Loi Internationale, j’ai appris beaucoup, j’ai eu des tas d’informations et de témoignages, et ce que je peux dire est que tout ce qu’ils proclament sur leur politique vis-à-vis des réfugiés n’est que mensonges. La loi internationale ne résout rien, vu que les Etats ne sont pas tenus d’accepter des réfugiés, seulement de les traiter selon ladite loi s’ils en ont accepté.
D’abord, la définition de ‘réfugié politique’ s’applique seulement aux gens menacés par leur propre gouvernement (surtout si c’est un gouvernement ennemi de l’Occident), et de ce fait ne peuvent pas demander la protection des autorités de leur pays. Ça s’arrête là.
Quand les gens fuient une zone de guerre en passant par un pays voisin – parce qu’ils ne peuvent pas atteindre l’aéroport – et que ce pays est considéré comme ‘sûr’, mais n’a aucun moyen de les aider, ce qui fait qu’ils sont sûrs de mourir de faim et de soif, leurs demandes d’asile sont rejetées par les pays occidentaux, vu que la certitude de mourir de faim en fait des ‘réfugiés économiques’! En cas de guerres civiles, les gens qui tentent de s’échapper de régions tenues par des groupes d’opposition – même si ces groupes sont considérés comme ‘terroristes’ par l’occident – ne peuvent pas obtenir le statut de réfugiés politiques, vu que c’est leur gouvernement qui doit les protéger! Pendant l’atroce guerre civile en Algérie, dans les années 1990, des gens menacés par les ‘Islamistes’ essayaient d’obtenir l’asile politique en France – vu que les pays occidentaux étaient tellement horrifiés par les ‘Islamistes’ – mais leur demande était rejetée, les islamistes n’étant pas au pouvoir, c’était leur gouvernement qui devait les protéger! A l’époque, environs 200 réfugiés palestiniens du Liban avaient demandé l’asile aux Pays-Bas. “On” leur avait “conseillé” de dire qu’ils étaient menacés par le Hezbollah (considéré comme le pire ennemi par les pays occidentaux). Mais le Hezbollah n’était pas au gouvernement, donc ils n’étaient pas des ‘réfugiés politiques’. En plus, ce n’était pas le Hezbollah qui les menaçait, mais plutôt la milice Amal. Cependant, ils ne pouvaient pas changer leur déclaration, étant donné qu’ ‘avoir menti’ signifiait un refus et une expulsion immédiats et définitifs.
Le rejet des demandes d’asile au prétexte ‘d’avoir menti’ est une méthode courante pour se débarrasser des gens. L’interprétation de ceux qui décident est qu’il ne doit y avoir aucune différence entre la première déclaration du réfugié et ce qu’il ou elle peut dire au cours d’interrogatoires ultérieurs. Les gens qui arrivent directement d’un lieu de massacre peuvent être en état de choc et donc incapables de raconter ce qui leur est arrivé convenablement; puis, lorsqu’ils ont un peu récupéré et disent toute la vérité, leur demande est rejetée, parce que leur nouvelle version n’est pas exactement identique à la première, même si les nouveaux faits qu’ils racontent ne font que confirmer qu’ils sont en danger. Un cas extrêmement courant est celui de femmes qui ont été violées, dans des pays où c’est encore une honte, et ne peuvent pas en parler en arrivant. Puis, si elles sont à nouveau interrogées des semaines ou des mois plus tard, des travailleurs sociaux ont pu les convaincre qu’avoir été violée n’est pas une honte, que c’est être victime. Si elles le disent, leur demande d’asile est rejetée, pour avoir ‘menti’ la première fois!
A l’époque, une journaliste française qui voulait enquêter sur le droit d’asile, avait passé 10 mois dans un syndicat d’un pays d’Amérique du Sud où les dirigeants syndicaux pouvaient être assassinés, arrêtés, torturés. Elle a tout appris sur le syndicat, a réussi à se faire faire de faux papiers, et est arrivée à Roissy comme demandeuse d’asile. Elle a été immédiatement enfermée dans une cage où il y avait au moins 50 demandeurs d’asile, dont un type qui avait complètement pété les plombs, vu ce qu’il venait de vivre, et ne savait plus qui il était. Les réfugiés devaient passer plusieurs jours dans la cage, sans possibilité de dormir, de se laver, d’avoir une assistance médicale, et la nourriture était absente ou immangeable. Finalement, seulement deux personnes ont été autorisées à demander l’asile, elle-même – typiquement une fausse réfugiée – et un homme dont elle ne savait rien, mais certainement pas le type complètement traumatisé. Ensuite, elle a fait le parcours de demande d’asile, queues interminables devant les administrations, logement insalubre, interrogatoires, etc.
Maintenant, il y a ce débat sur le ‘partage équitable’ des réfugiés entre pays de l’Union Européenne. Evidemment, les gouvernements d’extrême droite ne veulent pas en entendre parler. Mais l’idée même est odieuse: si les migrants veulent aller dans un pays en particulier, c’est parce qu’ils y ont de la famille, connaissent la langue, savent où aller. Les envoyer dans d’autres pays, sous prétexte de ‘partage équitable’ (outre le caractère franchement raciste, comme si c’était une plaie d’accueillir des réfugiés), les couperait de leur famille, et rendrait très difficile pour eux de faire des études, trouver un emploi, et les exposerait à la haine des pays racistes, si l’Union Européenne arrivait à les forcer à les accepter.
Séparer les familles est une politique courante depuis longtemps en Europe. Ici, à Rennes, où j’habite depuis 15 ans, j’ai connu des gens qui, à 18 ans, devaient demander leur propre permis de séjour, qui pouvait être refusé, bien que leur mère et autres membres de la famille vivent ici légalement. Aux Pays-Bas, à la fin des années 1990 (c’est probablement pire maintenant qu’ils ont l’extrême droite au gouvernement), des jeunes Marocains qui atteignaient l’âge de 18 ans, devaient demander leur propre permis de séjour, ce qui était souvent refusé, bien que leur père ait vécu légalement aux Pays-Bas depuis au moins 30 ans. Certains cas ont été signalés dans les médias, parce que les personnes concernées avaient été membres d’un syndicat, alors que le Roi de l’époque, Hassan Deux, interdisait absolument aux Marocains vivant à l’étranger d’être membre d’une organisation non-marocaine, surtout d’un syndicat, ce qui voulait dire ‘Communisme’ pour lui. Ces gens risquaient leur vie en retournant au Maroc et faisaient la grève de la faim.
Les politicards européens ont toujours prétendu que ‘bien qu’il ne soit pas possible d’accepter tous les migrants’ (salauds!), il fallait accueillir les réfugies dans le respect et la dignité. C’est un mensonge. Leur politique est de leur en faire baver au maximum dans l’espoir qu’ils laissent tomber. Encore une fois, j’ai rencontré des gens qui travaillaient pour les réfugiés, j’ai rencontré des réfugiés, j’ai eu beaucoup d’informations sur les centres de détention où ils mettent les demandeurs d’asile le temps que leur cas soit examiné. La situation dans ces lieus est épouvantable. Ils doivent attendre longtemps pour avoir une aide médicale nécessaire, les femmes enceintes font des malaises avant de recevoir une quelconque assistance, la nourriture est infecte et rare, les conditions de logement abominables. Un jour, j’ai rencontré deux sœurs Iraquiennes, qui avaient été autorisées à sortir un dimanche – mais devaient rentrer au centre de détention le soir. Elles disaient qu’elles ne pouvaient pas dormir, vu qu’elles n’avaient qu’un matelas dans une salle commune où il y avait aussi des hommes d’autres pays, d’autres cultures, qui n’avaient pas vu de femmes depuis longtemps. Elles n’osaient pas dormir de peur d’être agressées. Nous ne pouvions même pas leur donner un savon, ça aurait été confisqué. Les réfugiés ne pouvaient qu’acheter ce dont ils avaient besoin à la boutique du centre de détention, pas au prix du supermarché, mais au prix de snack bars ou d’hôtels. Bien entendu, ils n’avaient pas d’argent, mais ils pouvaient en gagner un peu en acceptant des travaux très durs et dangereux. On m’a dit que dans certains centres de détention, du porc finement haché était mélangé à la nourriture, afin que seulement les Chrétiens puissent manger (il y avait alors des réfugiés de Somalie et d’Erythrée, où il y a les trois religions monothéistes et aussi quelques animistes). Une amie qui tenait à rendre visite à un réfugié dont elle avait entendu l’histoire, a pu joindre la seule organisation chrétienne autorisée à entrer dans le centre. Ils lui ont dit qu’ils pouvaient la faire entrer, à condition qu’elle promette de ne rien dire de ce qu’elle aurait vu ou entendu. Elle a donc décliné, vu qu’elle voulait voir le réfugier pour pouvoir en parler et faire campagne.
Puis vous avez ces réfugiés qui ne sont ni ‘politiques’ ni ‘économiques’, et de ce fait n’existent pas dans la loi internationale. Par exemple, en 1998, il y a eu le cas de Samira Adamu, 20 ans, du Nigeria, assassinée par la police belge qui essayait de la mettre de force dans en avion pour le Nigeria. Elle avait fui parce que sa famille – très pauvre – voulait la forcer à épouser un homme de 65 ans, connu comme violent, qui avait déjà tué une épouse précédente en cognant trop fort. Les autorités belges ont décidé que ce n’était pas politique. Plus récemment, parmi les réfugiés du Honduras qui essayaient d’entrer aux Etats-Unis, il y avait une fille de 17 ans, avec un bébé d’un an, qui fuyait parce que le père du bébé voulait la tuer. Sa demande d’asile avait déjà été rejetée plusieurs fois par les autorités de Californie, mais elle dit qu’elle resterait à la frontière et continuerait d’essayer, vu qu’elle n’avait pas d’autre solution.
Bien sûr, la distinction entre réfugiés ‘politiques’ et non ‘politiques’ est une connerie. Les dirigeants occidentaux prétendent que les étrangers doivent respecter les ‘valeurs démocratiques’ (comme si le capitalisme admettait d’autres valeurs que l’argent!). Si une musulmane porte un foulard dans un pays occidental, c’est politique, mais si une femme demande l’asile pour échapper à un mariage forcé ou à la violence conjugale, ce n’est pas politique et tant pis pour ‘nos valeurs’.
En ce qui concerne les réfugiés ‘économiques’, ils viennent de pays qui ont été colonisés, envahis par les Européens. Ils ont été forcés de renoncer à leur agriculture utile pour produire des produits d’exportation pour les colonisateurs. Maintenant, qu’ils soient toujours colonisés ou prétendument ‘indépendants’, ils n’ont pas de sécurité alimentaire, alors qu’une minorité de gens, c’est-à-dire les grandes compagnies occidentales, s’enrichissent en pillant leurs ressources.
La vérité est que le Capitalisme est arrivé au bout de ses possibilités de fonctionner. Les Maîtres – illégitimes – du monde ne font que repousser leur fin inévitable. Ils sont de toute évidence capables de détruire le monde au cours de leur propre effondrement. En attendant, ils essaient de gagner un peu de temps en tournant la colère des gens contre les étrangers. Tandis que les partis fascistes gagnent de plus en plus d’influence, les partis soi-disant ‘démocratiques’ ou ‘progressistes’ essaient de freiner leur ascension en imitant leur racisme, vu qu’ils croient bêtement que les pauvres sont forcément racistes. Evidemment, cette politique ne peut que rallier plus de soutien aux partis fascistes racistes. Mais les partis politiques n’ont pas de solution. Ils doivent forcément disparaître avec le monde capitaliste qui les rend utiles. Les électeurs – par définition des individus isolés – ne peuvent rien faire. C’est seulement quand les gens descendront dans les rues qu’ils comprendront qu’ils ne sont pas seuls, et qu’il y a une solution, la Révolution.
SOUS LE REGNE DE TRUMP, LA HAINE SE PROPAGE COMME UN INCENDIE
Par Lisa DeVille, Mandan et Hidatsa
Publié par Censored News
Le 6 juin 2018
Traduction Christine Prat
MANDAREE, Dakota du Nord – Nous vivons une époque pas vraiment unique, mais inquiétante. Nous vivons une ère d’émancipation des racistes. Notre président a promu une atmosphère qui nourrit la haine, l’intolérance et la xénophobie comme des bactéries sur une fosse d’aisance. L’ignorance raciale dans le Dakota du Nord a atteint un record absolu, et avec tout ce que j’ai connu en tant que femme Mandan-Hidatsa, je crois que cet état s’est propulsé en haut de la liste des états les plus racistes du pays.
Après les protestations, j’ai remarqué qu’il y avait encore plus d’incidents racistes. Des familles demandant l’asile ont été séparées par le gouvernement, des femmes ont été attaquées en faisant des courses à Bismarck, des nouveaux Américains ont été harcelés à Fargo, des enfants ont adressé des injures racistes à nos enfants Autochtones, des enseignants Blancs ont répandu la propagande de la suprématie blanche au niveau national, et la liste pourrait continuer comme ça. Ce que beaucoup de gens ne savent pas, c’est que c’est la norme; on le remarque maintenant avec la progression des téléphones portables et des réseaux sociaux.
Beaucoup de gens qui vivent près de chez moi sont ouvertement racistes. Nos enfants affrontent le racisme à l’école. Il semble que ce pays a oublié que ses citoyens sont nos hôtes, qu’ils habitent nos terres, et que beaucoup de leurs grands-parents sont venus sans papiers. Ils ont amené le fléau de l’Europe qui a déclenché des épidémies qui ont tué nos tribus.
L’Amérique a été fondée sur le génocide et le viol de la Terre. Les colons cherchent à tuer et détruire par cupidité, ils nous mentent effrontément. Si l’ère de Trump est ce qu’on appelle le ‘Rêve’ Américain, il est temps de nous préparer. Nous voyons déjà les premiers effets du réchauffement climatique et de la haine se propager comme un incendie.
Trump dit qu’ils ont dompté ce continent, mais sans nos ancêtres ils n’auraient pas survécu. Les gens doivent résister et ne pas laisser la haine se répandre. Nous ne sommes pas au 17e siècle, mais le Colonialisme est toujours bien vivant, nous devons protéger nos peuples, pour commencer de Trump et Cramer, les racistes en charge.
Lors de sa visite à Phoenix, Arizona, Trump a réitéré les propos scandaleux qu’il avait tenu sur l’affaire de Charlottesville, et a de plus annoncé qu’il allait gracier – c’est fait entretemps – l’infâme ex-Sheriff Joe Arpaio, qui devait être poursuivi pour des actes racistes. Bien entendu, tout cela a conduit des gens à descendre dans la rue, les racistes – protégés par les flics, et les anti-racistes, mais aussi de vrais révolutionnaires. Leur récit et leur point de vue.
Christine Prat
COMBAT AU MILIEU DES LACRYMOGENES EN TERRITOIRE O’ODHAM OCCUPÉ
Anonyme
Publié sur Indigenous Action Media
24 août 2017
Traduction Christine Prat
Rapport des Territoires O’odham Occupés (Phoenix) du Contingent Anticolonial Antifasciste
La nuit dernière, nous nous sommes avancés au-delà des limites de l’antifascisme en territoires volés. Tandis que les cortèges convergeaient et la foule se gonflait, au milieu de drapeaux noirs et avec une banderole sur laquelle on pouvait lire “Unis Contre le Colonialisme et le Fascisme, Détruisons la Suprématie Blanche”, nous nous sommes regroupés en une force, en scandant par intermittence le slogan inspiré “Déchets de colons, votre heure est venue.”
La police construisit une barricade circulaire formant un enclos, avec une entrée et des points de contrôle, pour contenir les manifestants anti-Trump dans une chambre d’écho, où le slogan “honte!” se mêlait avec celui, vraiment dérangé, de “c’est à ça que ressemble la démocratie.” Apparemment, une bonne part de l’Amérique a abandonné l’espoir de salut dans la démocratie coloniale, alors que la Gauche anti-Trump continue de brandir le flambeau d’un système qui a toujours représenté l’imposition du pouvoir colonial et de la suprématie blanche.
Les barrières bloquaient notre route, alors, nos amis O’odham et Diné ont entrepris de les démanteler, pendant que la police anti-émeute déchaînait un torrent de balles au poivre sur notre bloc et tous ceux se trouvaient à proximité. Les autorités, qui craignent toujours qu’un acte individuel ou collectif quelconque secoue les chaînes de la domination, ont tiré sans interruption des projectiles au poivre et des grenades lacrymogènes (nous en avons compté 7 en quelques secondes, rien que là où nous nous trouvions) vers la banderole, puis ont visé plus bas, vers les jambes des gens, et un mur de poison nous a submergés, nous forçant à nous éloigner de la barrière. Des membres du personnel médical d’intervention dans la rue ont rapidement soigné ceux qui n’étaient pas préparés à l’assaut; la police visait quiconque jetait des bouteilles, des cailloux ou des ordures, avec du gaz lacrymogène et des balles au poivre.
Tandis qu’un nombre grandissant de policiers s’assemblaient devant le Centre de Convention, les flics anti-émeutes jetaient des grenades assourdissantes au-dessus de nos têtes qui provoquaient d’effroyables explosions, tandis qu’un hélicoptère tournait au-dessus de la scène en aboyant des ordres. L’affrontement s’est prolongé pendant plus d’une heure dans les rues adjacentes. En dépit des plaidoiries des organisateurs respectables, beaucoup ont choisi de résister à l’autorité et la loi, et de se défendre contre la répression étatique. Les gens se sont défendus quand un camion de supporters de Trump a menacé de foncer dans la foule, la police est arrivée avant que le chauffeur ait pu recommencer mais n’a rien fait pour aider la foule, au lieu de cela, ils ont libéré le chauffeur et attaqué la foule qui se dispersait, avec encore plus d’armes chimiques.
La Police de Phoenix, flanquée d’une série de services fédéraux, a renforcé, au sens littéral, le baril de poudre de la suprématie blanche, de l’hétéro-patriarcat et du colonialisme. L’auto-collant demandant le pardon pour Arpaio, plaqué sur le tonneau près de Trump, ne changeait rien pour nous, nous sommes contre tous les présidents et tous les fascistes. Ne vous méprenez-pas, nous n’étions pas l’étincelle ou l’allumette, dans un déluge de foudre, la merde ne peut qu’exploser.
Nous sommes particulièrement conscients de la propension à la violence de l’état, donc le fait que les flics “fassent usage de la force” était attendu. Avant, nous avions défilé avec la foule, avec Charlottesville, nous avions à l’esprit une multitude d’autres points cruciaux dans cette escalade du conflit, et notre sœur Diné Loreal Tsingine, assassinée par le flic fasciste Austin Shipley à Winslow, était dans nos cœurs. Son histoire est placardée à la une du Phoenix New Times, avec un article qui fait écho à ce que nous avons dénoncé systématiquement depuis des années: l’Arizona détient le plus fort taux de violence infligée aux Peuples Autochtones.
C’est la réalité qui nous prépare à de tels moments, et ça n’a pas commencé avec Trump, ni avec l’assassinat de Loreal. C’est de la violence d’état, perpétrée par les colonisateurs depuis des siècles sur ces terres. La police du mouvement progressiste maintient cet accord social en essayant de réprimer et de contrôler la résistance. Ils prennent des poses pour apaiser ceux qui les financent, leur tempête fait pleuvoir des dollars pour perpétuer leur gala anti-oppression.
Tandis que les progressistes et leurs médias étayent leurs accusations par la condamnation “les anti-fa ont frappé les premiers”, nous voulons qu’il soit clair qu’il ne s’agit pas de cet échange de coups; après tout, la colonisation c’est la guerre. En fait, le premier coup a été frappé il y a longtemps, par la terreur coloniale et les guerres génocidaires infligées aux Peuples Autochtones des soi-disant “USA”. C’est le contexte dans lequel nous continuons la résistance. Ce point aveugle force les progressistes à défiler indéfiniment en rond, avec et par le pouvoir colonial.
Des clichés de rhétorique comme “vous êtes remplis de haine et de violence” et “retirez vos masques” ont été lancés aux anticolonialistes antifascistes dans les rues de terres O’odham occupées, aka Phoenix. Ce à quoi certains d’entre nous ont répondu “nous sommes confrontés à 500 ans de violence coloniale suprémaciste blanche, ne dites pas aux Peuples Autochtones comment résister.” Alors que certains près de nous scandaient “C’est à cela que la démocratie ressemble”, la tendance anarchiste de notre bloc criait rageusement “C’est ce que la démocratie vous a apporté.”
Nous rejetons l’idée selon laquelle les nationalistes blancs finiront par comprendre le mal qu’il y a dans leurs méthodes. Nous connaissons trop l’histoire et les tombes encore fraîches. L’ironie c’est que, ces appels myopes à la paix de candidats-dirigeants du mouvement, sont ce qui a précipité l’apparition de la soi-disant “droite alternative”. Ils continueront à nous dire de tendre l’autre joue jusqu’à ce que nos visages soient réduits à l’os.
Comme Autochtones, comme LGBTQI2S, comme basanés, comme noirs, comme classe ouvrière et comme pauvres, nous rejetons furieusement l’imposition progressiste du statut de victime. Nous sommes enragés, nous avons des griffes, et nous nous défendons et plus.
Nous n’avons pas d’illusions; la nuit dernière n’était pas une victoire, cependant, il faut savoir que les O’odham et leurs complices ont toute une histoire de combats dans les rues contre les fascistes et la police de soi-disant Phoenix. Les actions puissantes d’O’odham démantelant les barrières d’acier qui défendaient les suprémacistes blancs, évoquent des possibilités d’attaques contre tous les types de violence coloniale. Du Mur de frontière en territoire Tohono O’odham, à l’Autoroute de South Mountain en territoire Akimel O’odham.
La seule victoire que nous pourrions jamais accepter, est la libération totale de nos terres et de notre peuple. Les gains que nous cherchions ont été atteints, dans l’articulation de la résistance anticoloniale et antifasciste, et l’exploration de la force potentielle créée (tactiquement et idéologiquement) par ces positions.
L’APPEL INITIAL (See in English) :
Appel à une présence anarchiste, antifasciste et anticoloniale, contre tous les Présidents
Anarchistes et Autochtones Unissez-vous!
Appel à former une force antifasciste et anticoloniale contre le rassemblement de Trump, mardi 22 août, à 18h, au Centre des Conventions de Phoenix, au centre de Phoenix, en territoire O’odham occupé.
Nous convergerons, dans un esprit de solidarité et d’hostilité à l’ordre actuel, et en tant que force physique pour nous défendre et nous protéger mutuellement des flics, des fascistes, et de la “police pacifique” libérale/radicale.
Nous expliquons ci-dessous les raisons d’une présence antifasciste et anticoloniale, ainsi que des détails concluants du rassemblement de mardi.
ANTIFASCISTE
Parce que nous, anarchistes, accordons de la valeur à l’individu, nous refusons tout mouvement idéologique (communisme d’état, capitalisme ultra-libéral, ou socialisme-national) qui cherche à amplifier les attaques contre l’individu par la coercition systématique, la force brutale et l’assassinat. Ce pourquoi nous nous opposons au fascisme est évident, tout comme ce pourquoi nous ne confondrons jamais ce mouvement pseudo-révolutionnaire de la droite avec un projet de libération fondé sur la solidarité avec les autres qui luttent aussi pour la liberté (contre l’autorité, un dieu, les maitres), plutôt que de se chicaner sur quelle section de l’élite devrait être liquidée (en langage familier “assécher le marais”).
Si nous devons vous convaincre de pourquoi nous nous opposons au fascisme, il suffit de les prendre au mot. Nous l’avons fait. Leur intention est de criminaliser, terroriser et assassiner les anarchistes, les “traitres à la race”, les LGBTQ, les Autochtones, les populations immigrées non-blanches, les Musulmans et les Juifs, et les Noirs. Ils veulent construire un état ethnique blanc aux Etats-Unis. Les Autochtones, les immigrants, les anarchistes et d’autres ont combattu depuis des années les nationalistes blancs, les néo-nazis et les anti-immigrants fanatiques depuis des années, dans les rues d’Arizona. Cette histoire n’est pas neuve.
Nous les combattons parce que nous ne croyons pas qu’il y ait de la liberté pour l’individu dans l’état ou la nation, démocratique, communiste ou fasciste. En tant qu’anarchistes, nous nous opposons à toute tyrannie de majorités imposant leur volonté à des minorités, que ce soit par les décrets de dictateurs ou par les moyens démocratiques obtenus par le vote. Nous ne devrions jamais oublier que, quand les politiciens élus démocratiquement sont désespérés, ils se tournent vers les fascistes et préviennent que l’autoritarisme est la conséquence d’une démocratie paralysée. Les politiciens voudraient que nous les remerciions pour ce monde de flics, de propriétaires, et de patrons. Non, état, non merci.
ANTICOLONIAL
Parce que nous connaissons les limites de l’antifascisme en terre volée. Nous avons connu la main lourde de l’état en “Arizona” bien avant l’élection de Trump. Nous avons résisté à des attaques massives contre les migrants (dont beaucoup sont des parents d’Autochtones) par les mécanismes de l’état, et beaucoup de ces institutions créées pour capturer ou tuer des migrants imposent également une loi coloniale dans les territoires Autochtones non-cédés. Des patrouilles du Bureau du Sheriff du Comté de Maricopa Arpaio prenant pour cible les Yaqui à Guadalupe, à la violence policière généralisée contre les Autochtones de tout l’état [d’Arizona], à la déportation forcée de plus de 20000 Diné de Black Mesa, à la répression contre les Peuples Autochtones qui défendent des sites sacrés comme les San Francisco Peaks, aux points de contrôle de la Patrouille des Frontières le long des routes de la Nation Tohono O’odham, et au mur-frontière qui constitue une barrière physique qui divise des Peuples Autochtones séparés par la frontière coloniale entre les Etats-Unis et le Mexique.
La résistance Autochtone à ces entreprises est longue, alors que les complices anarchistes sont encore nouveaux dans cette lutte. Nous avons organisé des projets solidaires pour nous opposer aux réseaux de contrôle coloniaux, parce que nous comprenons que l’antifascisme qui ne se concentre pas sur l’anticolonialisme est assuré de reproduire les structures mêmes de la violence coloniale de peuplement telles qu’elles ont existé depuis plus de 500 ans sur ce continent, et depuis 200 ans de démocratie représentative aux “Etats-Unis”. Nous ne voulons pas de retour à la normale, retrouver le “sens commun”, le même monde dans lequel Loreal Tsingine et Bennett Patricio ont été assassinés par les forces de l’ordre de l’état, une normalité qui dégrade et attaque les cultures Autochtones comme “obstacles au progrès”, comme nous l’avons vu avec la profanation de South Mountain. Nous refusons cette “normalité” coloniale, car la colonisation a toujours signifié la guerre contre Notre Mère la Terre et toute forme de vie.
JOE ARPAIO ET LE “MOUVEMENT”
L’annonce par Trump qu’il envisageait de gracier l’ex-Sheriff du Comté de Maricopa, Joe Arpaio, a provoqué l’indignation d’activistes qui croyaient que le système avait fonctionné là où le mouvement avait échoué. La condamnation d’Arpaio était de la politique habituelle, mais quand la nouvelle a été annoncée que Trump voulait gracier l’ex-Sheriff, l’ONG défendant les migrants Puente a répondu: “Trump viendra en Arizona et nous voulons signifier très clairement que nous ne pardonnerons pas à la suprématie blanche comme il l’a fait pour #Charlottesville et maintenant pour Joe #Arpaio.” Vraiment? Et qu’est-ce que ça signifie? Nous pouvons seulement espérer que si Trump gracie Arpaio, la réaction sera plus forte qu’un vague engagement envers “le peuple” de ne pas pardonner la suprématie blanche. La paix sociale dans la vallée est tout autant un produit de la répression étatique que c’est la tâche des activistes à but non lucratif de réprimer un moment insurrectionnel et de diriger l’indignation et la colère vers une succession infinie de défilés.
La visite de Trump, c’est la guerre sociale, le pardon pour Arpaio, c’est la guerre sociale, la vie quotidienne, c’est la guerre sociale.
“Je crois que c’est Clausewitz qui a dit que la guerre était la simple continuation de la politique par d’autres moyens. Je pense que l’inverse exprime mieux la réalité sociale. La politique est la simple continuation de la guerre sociale par des moyens moins sanglants. Si l’on considère que c’est toujours la classe dirigeante et ses laquais qui appellent à la paix sociale, exigeant que les exploités et les exclus s’abstiennent de recourir à la violence dans la confrontation avec leur condition sociale, il est alors évident que la paix sociale fait tout simplement partie de la stratégie de la guerre sociale.”
Wolfi Landstreicher [nom de plume d’un anarchiste américain contemporain – Wikipédia]