PAS DE FRACTURATION DANS LA RÉGION DE CHACO !

Une Coalition remet près de 80 000 Commentaires au Bureau d’Aménagement du Territoire, au cours d’un Rassemblement Pour « Vraiment Honorer Chaco »

Les commentateurs demandent des protections plus significatives pour la Région de Chaco, et une plus grande participation des communautés touchées

Déclaration de La Coalition de la Région de Chaco
Publié par Censored News
5 mai 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Santa Fe, Nouveau-Mexique – Ce jour, la Coalition pour la Région de Chaco/Pas de Fracturation à Chaco, composée de partisans de la justice environnementale, d’organisations Autochtones de base, de dirigeants de communautés tribales, et de membres du public, se sont rassemblés et ont présenté près de 80 000 commentaires au Bureau d’Aménagement du Territoire [Bureau of Land Management – BLM], exigeant plus de protections pour le Paysage de la Région de Chaco et les communautés environnantes, face à l’expansion des activités d’exploitation de pétrole et de gaz.

Le rassemblement d’aujourd’hui [5 mai 2022] coïncidait avec la date limite pour soumettre des commentaires sur le projet du BLM d’arrêter les nouvelles concessions pour du pétrole et du gaz pour une période de 20 ans, sur environ 140 000 hectares, dans une zone de 16 km de rayon, autour du Parc National Historique de la Culture de Chaco. Plus de 20 personnes étaient au rassemblement, et les participants ont apposé leur nom et leur commentaire dans une exposition artistique sur ce que signifie réellement ‘Honorer la Région de Chaco’.

Ont pris la parole, Samuel Sage, Coordinateur des Services Communautaires du Conseiller du Chapitre, Trenton DeVore, Organisateur de la Jeunesse de l’Alliance Pueblo pour l’Action [Pueblo Action Alliance], Mario Atencio, Vice-Président du Chapitre de Torreon/Starlake, et Reyes DeVore, Directeur des Programmes Communautaires de l’Alliance Pueblo pour l’Action.

En réaction à la menace de fracturation incontrôlée dans la région, la Secrétaire d’Etat à l’Intérieur Deb Haaland a annoncé l’an dernier l’initiative « Honorer Chaco », un processus en deux volets, incluant le retrait des activités minières fédérales dans un rayon de 16 km autour du Parc de Chaco, et une nouvelle collaboration pour s’occuper de la gestion de réformes nécessaires au niveau du paysage. Le processus Honorer Chaco doit encore être défini et les membres de la coalition ont depuis longtemps demandé au Département de l’Intérieur et au BLM d’agir contre le racisme environnemental, d’assurer une juste transition et d’investir dans les infrastructures des communautés touchées, d’analyser pleinement les impacts cumulés des forages de pétrole et de gaz, d’instaurer une consultation tribale significative et leur consentement libre, préalable et informé dans le processus de décision, et pour des protections permanentes pour le paysage, au-delà de la zone de protection de 16 km.

Depuis 2015, les membres de la Coalition pour la Région de Chaco ont remis près de deux millions de commentaires publiques au Bureau d’Aménagement du Territoire (BLM), appelant à un moratoire immédiat sur les concessions pour le pétrole et le gaz, et le forage sur des terres publiques dans toute la région.

La mainmise de l’industrie du pétrole et du gaz est puissante, au Nouveau-Mexique, l’état ayant reçu 1,1 milliard de dollars l’an dernier pour les concessions minières sur des terres fédérales – plus qu’aucun autre état des Etats-Unis, ce qui sape directement les mesures nécessaires pour diminuer de moitié les émissions de gaz à effet de serre au cours de cette décennie. Le Nouveau-Mexique est l’état qui se réchauffe le plus vite et a les problèmes d’eau les plus graves des Etats-Unis continentaux, et où les feux de forêt ont dévoré récemment plus de 50 000 hectares et ne sont toujours pas contenus. Malgré cela, l’industrie du pétrole et du gaz resserre son étau avec de futiles arnaques à l’hydrogène, tout en maintenant l’éducation du public en otage pour approfondir la dépendance de l’état aux carburants fossiles.

Des membres de la Coalition ont déjà envoyé une lettre aux administrations, précisant leurs préoccupations au sujet des réunions publiques sur le retrait de Chaco. La coalition a aussi souligné que le processus Honorer Chaco doit résulter en une consultation significative avec les membres de la communauté impactés, et servir de modèle pour les protections du paysage qui doivent prendre en compte l’héritage des dégâts causés par plus de 40 000 puits de pétrole et de gaz dans la région.

En dépit de l’initiative Honorer Chaco, le BLM continue d’approuver de nouveaux puits de pétrole et de gaz, des kilomètres d’oléoducs, et l’infrastructure qui y est associée, à l’extérieur des 16 km de zone tampon. Un nouveau développement est déjà en cours dans d’autres zones.

L’action d’aujourd’hui souligne des appels de longue date pour la gestion du paysage en dehors de la zone tampon de 16 km, appels concernant des inquiétudes culturelles, sociales, économiques et environnementales déjà exprimées, et pour la participation significative des communautés touchées et des Nations Tribales, pour vraiment ‘Honorer Chaco’. Si aucune action n’est engagée pour protéger le Paysage de la Région de Chaco de l’extraction de carburants fossiles et du développement qu’elle implique, la Région de Chaco restera une « zone de sacrifice à l’énergie », et la santé publique et les préoccupations environnementales continueront d’empirer.

Déclaration de la Coalition :
« La session de consultation tribale sur le retrait de l’exploitation des mines, tenue au Chapitre de Nageezi, a été gravement inadéquate. À ce stade, le processus de consultation tribale n’a pas donné de réponses aux questions posées par les dirigeants et les citoyens sur la zone effective du conflit. Les questions des dirigeants demandent un dialogue et des échanges critiques avec une analyse qualitative et quantitative substantielle sur la zone de retrait. Les impacts cumulatifs de la pollution sur le paysage demeurent des problèmes énormes, qui n’ont pas été abordés au cours du processus publique qui se termine aujourd’hui. Les terres publiques sont des terres publiques qui appartiennent à tout le public. À moins que le statut ou le régime foncier change, nous devrions avoir voix au chapitre dans le processus de retrait de la terre et de l’extraction minière. »

Président Daniel Tso, Santé Éducation et Services Humains, 24ème Conseil de la Nation Navajo, représentant les chapitres de Baca-Prewitt, Casamero Lake, Counselor, Littlewater, Ojo Encino, Pueblo Pintado, Torreón-Starlake et Whitehorse Lake.

« L’industrie du pétrole et du gaz a eu un impact décisif sur notre paysage, et a causé beaucoup de dégâts. Rien que la semaine dernière, j’ai remarqué qu’un nouveau projet d’oléoduc commençait. Ça envoyait de la poussière partout et détruisait le sol. Les compagnies et le BLM ne viennent jamais dans notre Chapitre pour notifier ou demander l’avis de la communauté sur ces projets. Nous nous en apercevons quand le sol a déjà été fracturé. Plus de 91% des terres fédérales disponibles, rien que dans le Bureau Extérieur de Farmington, ont déjà été données en concessions pour de l’extraction. Où s’arrêteront-ils ? »

Samuel Sage, Coordinateur des Services Communautaires pour le Conseiller du Chapitre et le Vice-Président du Conseil de Diné C.A.R.E.

« En 2015, le Chapitre de Torreon/Starlake du Gouvernement de la Nation Navajo a passé une résolution ‘Demandant au Caucus du Congrès du Nouveau-Mexique d’intervenir au nom de leurs citoyens au sujet des actions du Bureau d’Aménagement du Territoire concernant des concessions sur certaines parcelles de terres publiques, pour du forage horizontal et de la fracturation hydraulique, en prononçant un moratoire jusqu’à ce que le Plan de Gestion des Ressources soit révisé ou amendé…’ En 2016, le Conseil de l’Administration de l’Est Navajo a passé une résolution demandant un moratoire sur la fracturation dans l’Est de l’Administration Navajo. Puis en 2019, le Chapitre de Torreon/Starlake a passé une résolution soutenant le retrait des concessions minières dans un rayon de 16 km autour du Parc National Historique de la Culture de Chaco. L’Administration de la Nation Navajo a soutenu un moratoire sur la fracturation et a eu des sommets historiques avec le Conseil des Gouverneurs de Tous les Pueblo [All-Pueblo Council of Governors] pour soutenir et réaffirmer les protections du Parc. En tant que Vice-Président du Chapitre de Torreon/Starlake, je maintiens les positions des dirigeants présents et passés et je soutiens le retrait Administratif des mines et j’accueille de tout cœur la discussion demandée autour des protections au niveau du paysage qui sont censées accompagner le retrait minier.

Mario Atencio, Vice-Président du Chapitre de Torreon/Starlake

« En tant que collectif de propriétaires d’allotements Diné et leurs héritiers, qui militent pour la santé et le bien-être de la terre, de l’air, de l’eau, de la culture et des gens, nous exigeons et avons besoin de plus de protections pour les gens et le paysage de la Région de Chaco. Les administrations fédérales sont responsables de la fourniture d’une analyse des impacts directs, indirects et cumulatifs de l’extraction de pétrole et de gaz sur le sol, l’air, l’eau, les plantes, les ressources et les sites culturels et sacrés, la santé publique et le climat. À part ces exigences, il est aussi largement reconnu que la Loi sur la Distribution Générale des Terres de 1887 [General Allotment Act] est un outil colonial de peuplement pour déposséder les peuples Autochtones de leur base territoriale collective. Dans l’Est du Territoire Navajo, le gouvernement fédéral a scindé des terres Diné collectives en allotements, qui sont maintenant entourés d’un échiquier de terres fédérales, d’état, privées, louées et tribales. Dans ce cauchemar juridique, le fractionnement de propriétés allouées, et le vol de terres Diné, les communautés Diné et la Nation Navajo sont confrontées à un défi considérable de leur souveraineté et de leur autodétermination pour les décisions concernant l’utilisation de la terre dans la partie Est de l’Administration Navajo. À cause de ces injustices et de bien d’autres choses encore, nous exigeons que le gouvernement fédéral, tout entier, remplisse son rôle de Relation de Confiance et de Responsabilité envers les propriétaires Autochtones de lots, non seulement dans la Région de Chaco au sens large, mais partout dans les soi-disant Etats-Unis. Protégez la Région de Chaco ! Plus de promesses non-respectées ! »

Corn Howland, Diné Allottees Against eXtraction (DAAX)

« Des mesures prometteuses sont prises pour prendre en considération les graves impacts pour l’environnement et la santé associés à l’extractivisme dans les communautés Navajo qui appellent toujours la région de Chaco leur patrie. Cependant, le gouvernement fédéral a fait preuve d’un mépris flagrant pour le bien-être des communautés Autochtones locales, en ne produisant pas d’études des impacts sanitaires et ethnographiques endurés par les résidents, même après un siècle de destruction intentionnelle. Les effets négatifs de l’activité industrielle l’emportent de loin sur les bénéfices, dans une région rurale où les résidents n’ont même pas accès à des ressources de base comme l’eau courante et l’électricité.

« En tant que femme Diné, j’ai récolté personnellement des plantes locales, jusqu’à aujourd’hui. Combien de temps ça va durer si le sol continue d’être maltraité et empoisonné ? Pendant toute mon enfance, j’ai parcouru ces terres sans peur de l’avenir. Maintenant, je dois prendre en compte le risque de pollution de l’eau et de l’air qui empoisonnent mes terres ancestrales. Les décisions que nous prenons maintenant retentirons dans tout ce qui reste de temps à mon Peuple. »

Kendra Pinto, Activiste Locale de la Communauté Autochtone des Quatre-Coins, Earthworks

« L’Alliance Pueblo pour l’Action, membre de longue date de la Coalition Pas de Fracturation à Chaco, a travaillé solidairement pour s’occuper de la protection du sol, de l’eau, de l’air et des communautés dans le paysage dans son entier. Une zone tampon de 16 km, bien qu’étant un pas dans la bonne direction, pour faire face aux impacts négatifs du programme fédéral de concessions de carburant fossile sur le sol et les ressources culturelles, il faut plus de protections qui concernent la santé publique et la justice environnementale. La terre, l’eau, l’air et les communautés ont besoin de justice, étant donné que nous combattons un héritage historique de l’extractivisme. Il y a eu des décennies de silence sur le paysage et ça a contribué à l’émission globale de gaz à effet de serre. Protéger Chaco relève de la justice climatique, de la justice environnementale, et de la justice reproductive. Nous sommes rassemblés une fois de plus, tous au BLM pour demander l’inclusion de protections à plus long terme pour le paysage. »

Julia Bernal, Directrice Exécutive, Alliance Pueblo pour l’Action

« Honorer Chaco signifie honorer les communautés qui y vivent, qui souffrent depuis des décennies de la dégradation des ressources environnementales et culturelles, des disparités en matière de santé causées par la fracturation incontrôlée de pétrole et de gaz. Plus de 91% des terres publiques dans la Région de Chaco, dans le nord-ouest du Nouveau-Mexique, sont des concessions pour le développement du pétrole et du gaz. Honorer vraiment Chaco serait mettre un terme permanent à l’extraction sur les terres fédérales dans tout le paysage de la Région de Chaco, afin que les sites sacrés, les histoires, et les ressources culturelles puissent continuer à prospérer dans les cultures diverses qui se targuent d’une connexion avec le paysage de la Région de Chaco. »

Carol Davis, Directrice Générale, Alliance des Organisateurs Autochtones

« Il y a une lutte immense pour protéger les communautés Autochtones et vulnérables des effets du changement climatique, des effets de la pollution sur la santé et du racisme systémique et environnemental. Depuis trop longtemps, ces effets ont été permis par le BLM sans rendre de comptes. Notre santé maternelle et infantile souffre et il y a encore tellement plus de choses à faire. Nous pouvons commencer par retirer les concessions et honorer Chaco, puis aller plus loin en nous concentrant sur la naissance Autochtone comme standard de protections environnementales dans notre état. »

Beata Tsosie, Directrice Organisationnelle, Breath of My Heart Birthplace

« La fracturation est de la violence contre notre seule nappe aquifère et contre nous en tant qu’êtres de l’eau. Nous devons avoir du respect, remettre en ordre nos relations avec notre Terre, notre Ciel, et Tout, pour notre survie maintenant et dans le futur. La loi naturelle doit recevoir ses droits protecteurs au-dessus des exigences gouvernementales d’exploiter des ressources qui ne font que du mal. »

Talavi Cook, Directrice de la Santé et de la Justice Environnementales, Femmes Tewa Unies

« Il y a une fenêtre temporelle qui se réduit, pour que le Président coupe notre dépendance aux carburants fossiles et mette un terme à l’extraction de pétrole et de gaz. Nous ne pouvons pas attendre plus longtemps les tergiversations du Président Biden. Nous lui demandons de commencer à tenir ses promesses d’interdire la fracturation et le forage sur des terres fédérales. Nous lui demandons de commencer à protéger le Canyon de Chaco. »

Jorge Aguilar, Directeur pour la Région Sud, Food & Water Watch

« Et nous y voilà, encore une fois, en train de présenter des milliers de commentaires au Bureau d’Aménagement du Territoire, appelant à de plus grandes protections pour la totalité du Paysage de la Région de Chaco. Ces protections devraient inclure la qualité de l’air et de l’eau, la santé et la sécurité pour les communautés environnantes, et l’analyse, la résolution et l’atténuation des effets cumulatifs du forage de pétrole et de gaz. Un retrait des mines est un pas dans la bonne direction, mais il faut en faire bien plus pour s’occuper de l’héritage des effets de plus de 40 000 puits dans la région, qui continuent de causer des dommages aux communautés, l’environnement et l’intégrité culturelle du Paysage de la Région de Chaco. »

Miya King-Flaherty, Représentante Organisationnelle, Sierra Club du Chapitre du Rio Grande

« Protéger 16 km autour du Canyon de Chaco est un pas important, mais sans garanties au niveau du paysage pour la Région de Chaco, la fracturation continuera à déchirer la terre, son peuple, et son intégrité culturelle. Honorer Chaco signifie en finir avec la fracturation dans toute la Région de Chaco, pas seulement dans une zone tampon de 16 km. »

Jeremy Nichols, Directeur de Programme Climat et Energie, Wild Earth Guardians

« Les gens et les communautés Autochtones souffrent d’un tragique héritage de colonisation et d’exploitation depuis des générations, dans le Paysage de la Région de Chaco. Nous sommes arrivés à un point où il faut s’occuper de cet héritage, et où la justice doit être activement recherchée. Le Processus Honorer Chaco et le retrait de 16 km est un pas dans cette direction, mais de nouvelles lignes sur des cartes ne suffisent pas. Nous devons nous assurer d’une transition juste pour sortir de l’exploitation des carburants fossiles, pas seulement pour ceux qui vivent actuellement à l’ombre du développement, mais pour les générations futures qui hériteront de ces terres. »

Kyle Tisdel, Avocat et Directeur du Programme Climat et Energie, au Centre de Loi Environnementale de l’Ouest

« Tandis que la zone tampon de 16 km est un premier pas important vers la protection permanente du paysage de la Région de Chaco, la lutte contre la crise climatique exige des actions plus audacieuses. Si l’administration veut vraiment préserver les tribus et les communautés de la région d’un développement désastreux du pétrole et du gaz, elle doit étendre les protections au-delà de ce rayon. »

Raena Garcia, Activiste de Carburants Fossiles et Terres, Amis de la Terre, USA

« La rapidité avec laquelle la région de Chaco a été développée pour l’extraction de pétrole et de gaz est tout simplement ahurissante. Alors, nous ressentons beaucoup de gratitude pour la direction du Département de l’Intérieur de protéger l’héritage culturel et les communautés d’aujourd’hui près de Chaco. Honorons Chaco en honorant l’apport des communautés locale par un engagement significatif et équitable et en faisant une pause de l’approbation du pétrole et du gaz, jusqu’à ce que le processus ‘Honorer Chaco’ soit entièrement accompli. »

Shelley Silbert, Directrice Exécutive, Great Old Broads for Wilderness

« Pour les prochaines générations, nous devons faire tout ce que nous pouvons pour protéger notre terre, notre air, et notre eau. Les paysages sacrés de la Région de Chaco devraient être protégés et remis en état pour préserver et honorer cette riche histoire culturelle et donner à nos enfants un environnement sans danger, propre, pour y prospérer. »

Anni Hanna, Justice Climatique au Nouveau-Mexique

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Contacts:

Jessica Gable jgable@fwwatch.org
Sam Sage Samuel.sage@dine-care.org
Mario Atencio mariotorreonvp@gmail.com
Corn Howland howland4114@gmail.com
Julia Bernal julia.f.bernal@gmail.com
Jeremy Nichols jnichols@wildearthguardians.org
Miya King-Flaherty miya.king-flaherty@sierraclub.org
Justin Wasser jwasser@earthworks.org
Kyle Tisdel tisdel@westernlaw.org
Brittany Miller, Amis de la Terre USA, bmiller@foe.org
Sierra Club, Chapitre de Rio Grande www.riograndesierraclub.org

Huhu-k’am Platform Mounts

Par Ofelia Rivas, Tohono O’odham
Article ©Ofelia Rivas
Sur Censored News
20 février 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Phoenix, Arizona – Les O’odham (les gens) sont descendants des Huhu-k’am (ceux qui sont partis). Les anciens étaient des architectes de grandes communautés dans toute la vallée de ce qui est devenu maintenant la métropole de Phoenix, qui s’étendait de ce qu’on appelle la ville Serpent et la Grande Maison, le long de la Rivière Gila, aux quartiers de luxe de Tucson et à l’est de Benson, en Arizona, aux Chihuahua du Nord, au Mexique, et jusqu’à la mer.

Les anciens construisaient de grands villages situés stratégiquement pour le commerce, mais aussi pour le bien-être et la santé. Les Huhu-k’am créèrent et utilisèrent des systèmes d’irrigation très étendus, certains sont encore utilisés aujourd’hui comme canaux par la ville de Phoenix, d’autres sont devenus d’importantes autoroutes.

Ils cultivaient une grande variété de graines anciennes que les O’odham plantent encore aujourd’hui. Les gens d’autrefois faisaient des poteries et de la vannerie remarquables, qui étaient à la fois fonctionnelles et esthétiques.

Les ancêtres lointains pratiquaient l’astronomie appliquée au Him’dag, le mode de vie. Ces grandes réalisations d’une société dépendent de relations amicales avec d’autres sociétés, la pratique d’organisations gouvernementales fondées sur l’égalité, pour le bien-être général de la population, et la mise en pratique du mode de vie, qui signifie voir toutes vies comme égales et essayer de vivre en harmonie à tous les niveaux, personnel, familial et communautaire.

Les sépultures de ces honorables gens ont été récemment profanées pour construire un immeuble d’appartements modernes pour les membres désavantagés de la société d’aujourd’hui.

Les Huhu-k’am et leurs descendants, les O’odham, n’ont jamais ouvert de tombes ni pratiqué aucune forme de déplacement d’une personne du site de sa sépulture.

Aujourd’hui, un rituel de réinhumation a été créé par un groupe spécifique, le « groupe de Réinhumation » pour apaiser l’état fédéral et l’état d’Arizona qui dominent les terres, et satisfaire à l’interprétation du règlement fédéral de rapatriement.

Cependant, dans tout le rituel et les manœuvres du soi-disant protocole, l’humanité n’est pas comprise.

C’est inhumain et illégal de déterrer des morts de leurs sépultures, c’est inhumain et illégal de voler les objets personnels dans ces tombes. C’est inhumain de stocker des restes humains.

Les systèmes de gouvernements tribaux d’aujourd’hui, corrompus et compromis, ne se contentent pas d’opprimer leur propre peuple, ils construisent des entrepôts à des millions de dollars, pour y entreposer des restes humains et des objets personnels appelés artéfacts funéraires.

En 2022, où est la législation concernant cet héritage ancien, pour des sociétés étrangères qui dominent les terres, et manipulent avec des dollars, pour ouvrir des tombes dans cette société soi-disant développée.

Où est l’application de la loi pour protéger ces restes humains anciens. Où sont les groupes de réflexion juridiques Autochtones et les législateurs Autochtones, pour se préoccuper de cette profanation continue de notre peuple, de l’héritage de notre prochaine génération.

Les O’odham qui pratiquent le Him’dag sont accablés par les dégâts continuels faits à l’équilibre naturel, maintenant défini comme équilibre « spirituel ».

En soutien à tous les défenseurs et tous les résistants.

 

LES ORDRES DE CONFINEMENT DE LA NATION TOHONO O’ODHAM ET DE L’ÉTAT D’ARIZONA SONT IGNORÉS PAR LES AGENTS DE LA PATROUILLE DES FRONTIÈRES ET LE VIRUS SE PROPAGE PARMI EUX

Par Brenda Norrell
Censored News
6 avril 2020
Traduction Christine Prat

Les agents de la Patrouille des Frontières continuent de harceler des femmes âgées Tohono O’odham devant leur domicile, en dépit des ordres de confinement émis par la Nation Tohono O’odham et l’état d’Arizona. Cela se passe après que des agents de la Patrouille des Frontières du secteur de Tucson aient été testés positifs au Coronavirus. Plus de 300 employés du Service de Sécurité Intérieure, dont 64 agents de la Patrouille des Frontières U.S., ont été testés positifs dans tous les Etats-Unis.

En dépit des ordres de confinement visant à contrôler la propagation du virus, la construction des tours d’espionnage israéliennes dans la Nation Tohono O’odham et du mur de frontière continuent.

La construction du mur continue juste à côté de la frontière ouest de la Nation Tohono O’odham, près du Monument National du Cactus Tuyau d’Orgue.

Les tours d’espionnage – des tours fixes – dans la Nation Tohono O’odham ont été autorisées par la Sécurité Intérieure sous le gouvernement Obama. Elbit Systems, la compagnie israélienne responsable pour la sécurité de l’Apartheid en Palestine, a été choisie pour construire les tours dans les communautés O’odham, y compris sur des sites sacrés où se trouvent des sépultures O’odham. Les tours ont été approuvées par le gouvernement élu de la Nation Tohono O’odham au printemps 2019, en dépit des objections des O’odham traditionnels qui luttent pour protéger les sites funéraires et de cérémonies.

Bien que les tours soient supposées être destinées à surveiller la frontière, la plupart seront situées dans des communautés O’odham et non pas directement à la frontière. Ces tours violeront la vie privée des O’odham dans leurs domiciles et lors de célébrations de cérémonies.

Des femmes O’odham ont dit à Censored News le 6 avril, que la Patrouille des Frontières continuait à les harceler devant leurs domiciles, dans la Nation Tohono O’odham, et que la construction des tours d’espionnage se poursuivait.

Le 25 mars 2020, deux agents de la Patrouille des Frontières du secteur de Tucson ont été testés positifs pour le Coronavirus. La Patrouille des Frontières refuse de dire combien d’agents ont été testés positifs depuis.

La période d’incubation est de 2 à 14 jours, donc une personne peut avoir le virus, ne pas le savoir, et contaminer les autres.

Etant donné que des agents de la Patrouille des Frontières pourraient avoir le virus sans le savoir, des O’odham pourraient être contaminés. Les O’odham sont à haut risque, à cause de forts taux de diabète. Les personnes âgées sont particulièrement vulnérables.

« Dans un message – qui a fui – envoyé mardi à des employés, le chef des opérations de Tucson, en Arizona, a informé les agents que deux de leurs collègues avaient été testés positifs » a rapporté le Daily Mail, quotidien britannique, le 25 mars.

« Le Chef de la Patrouille de Tucson, l’agent Roy D. Villareal, dit qu’un employé de la Station de Tucson assigné ailleurs et un autre de la Station de Nogales [poste frontière] ont été frappés par la maladie. »

La Patrouille des Frontières des Etats-Unis refuse maintenant de fournir plus d’informations aux médias.

CNN a annoncé il y a cinq jours que près de 300 employés du Service de la Sécurité Intérieure, parmi lesquels des agents de la Patrouille des Frontières, avaient été testés positifs. Des centaines d’agents se sont mis d’eux-mêmes en quarantaine après avoir été exposés au virus. Cependant, très peu d’informations ont été fournies au public, à propos de qui avait été en contact avec les agents et qui les agents auraient pu contaminer.

« Près de 300 agents du Service de la Sécurité Intérieure des Etats-Unis ont été testés positifs, et plus de 8500 se sont mis en quarantaine, d’après les données fournies par le Service au personnel du Congrès et obtenues par CNN. »

« Le 30 mars, les agences du Service de la Sécurité Intérieure présentant le plus de cas positifs étaient la Protection de la Frontière et des Douanes et l’Administration de la Sécurité des Transports, avec respectivement 64 et 129 cas, d’après les données réparties par services, » dit CNN.

La Protection de la Frontière et des Douanes et l’Administration de la Sécurité des Transports ont aussi des centaines d’employés en quarantaine volontaire : 640 agents de la Patrouille des Frontières et de l’ICE, et 4084 agents de l’Administration de la Sécurité des Transports. Parmi les gens les plus vulnérables, il y a les migrants dans des prisons et des centres de détentions, détenus dans des conditions de surpopulation, sans eau potable, ni nourriture, ni médicaments. Les enfants migrants continuent de courir des risques élevés dans ces prisons, qui sont ni plus ni moins des camps de concentration en violation des lois internationales.

En dépit de la propagation du Coronavirus dans la Patrouille des Frontières du secteur de Tucson et des ordres de confinement de la Nation Tohono O’odham et de l’état d’Arizona, des agents restent dans la Nation Tohono O’odham, et la construction des tours d’espionnage et du mur continuent sur le site du Cactus Tuyau d’Orgue.

L’invasion d’ouvriers construisant le mur frontière dans les communautés de la frontière en Arizona, entre autres dans la petite ville d’Ajo, amène aussi une menace de propagation du virus.

Récemment, la Patrouille des Frontières a fait sauter à la dynamite Monument Hill, près de la frontière ouest de la Nation Tohono O’odham, où des ancêtres étaient enterrés.

Les Etats-Unis ont suspendu toutes les lois fédérales, entre autres celles qui protègent les sites sacrés Amérindiens et les espèces menacées, pour construire le mur. Il y a des espèces menacées ici, dans le Désert de Sonora, qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde.

©Brenda Norrell, Censored News

ON RÉDUIT AU SILENCE LE JOURNALISME D’INVESTIGATION EN ARIZONA, AU BÉNÉFICE DES GRANDES ENTREPRISES ET LEURS POLITICIENS

Article de Brenda Norrell
Censored News
8 février 2020
Traduction Christine Prat

Il y a 22 Nations Autochtones en Arizona [21 reconnues par le gouvernement fédéral], et pratiquement pas d’informations sur les problèmes graves comme les droits des Amérindiens sur l’eau et les terres.

De plus, très peu de journalistes d’investigation Autochtones sont embauchés par les médias d’Arizona pour couvrir les questions sérieuses comme la frontière, la démolition de sites sacrés, la destruction de sépultures, le vol des droits sur l’eau, la destruction d’espèces protégées et de leurs trajets de migration, et des violations des droits humains par des gouvernements tribaux élus qui sont manipulés par le gouvernement des Etats-Unis.

Même 40 ans après la déportation forcée, beaucoup ne savent pas que c’est le gouvernement élu de la Nation Navajo qui signe les contrats pour le charbon, l’eau et le gaz – y compris ceux qui ont été signés pour les destructions longtemps commises par la firme Peabody Coal et les trois centrales au charbon. [La plupart des Navajos vivant à proximité des centrales polluantes n’ont pas l’électricité. Le pillage des ressources Autochtones sert surtout à maintenir le fonctionnement à court terme des grandes villes à la consommation énergétique suicidaire du Sud-Ouest – NdT]

Et tandis que les agents de la Patrouille des Frontières des Etats-Unis continuent de harceler les O’odham sur leur propre territoire, c’est le gouvernement élu Tohono O’odham qui autorise la Patrouille des Frontières à prendre en charge le pays et les communautés.

Maintenant, l’état d’Arizona se sert de menaces et de manipulations pour tenter de s’emparer des droits sur l’eau des Autochtones.

Les entreprises qui construisent le Mur à la frontière sont en train de faire sauter un passage vers un site funéraire O’odham. Déjà, les Cactées Saguaro protégés ont été mutilés, des espèces protégées attaquées et les trajets de migration des jaguars et de l’antilocapra americana [antilopes rares n’existant qu’en Amérique du Nord] bloqués.

Nous avons eu beaucoup d’espoir, au début des années 1980, quand on pensait qu’il allait y avoir une équipe complète de reporters Navajo au Navajo Times. Mais aujourd’hui, le Navajo Times emploie toujours des reporters non-Autochtones, alors que tant de reporters Autochtones sont sans emploi. La Loi sur la Préférence Navajo pour l’Emploi à été adoptée il y a des décennies.

La déception a été immense. Méfiez-vous des journalistes qui ont passé leur vie dans un fauteuil à recopier le dur travail des reporters présents sur le terrain.

Voici le truc qu’ils emploient : ils prennent le travail fait par d’autres et le récrivent, puis font une brève interview par téléphone, afin de faire croire aux lecteurs qu’ils étaient sur place. Ils volent souvent les photos aussi. Il y a certains journalistes en Pays Indien que je n’ai pas vu présents sur le terrain au cours des 38 dernières années.

Ne vous laissez pas avoir. Réduire au silence les journalistes d’investigation présents sur les lieux pour couvrir les évènements fait partie de l’effondrement général du journalisme, un effondrement qui permet à la soi-disant élite – les grandes entreprises et leurs politiciens – de s’enrichir en argent et en pouvoir.

LES NATIONS AUTOCHTONES EN ARIZONA

  1. Communauté Indienne Ak-Chin
  2. Tribu Indienne Cocopah
  3. Tribus Indiennes du Fleuve Colorado
  4. Nation Yavapai de Fort McDowell
  5. Tribu Indienne de Fort Mojave
  6. Tribu Quechan de Fort Yuma
  7. Communauté Indienne de Gila River
  8. Tribu Havasupai
  9. Tribu Hopi
  10. Tribu Hualapai
  11. Bande d’Indiens Paiute de Kaibab
  12. Nation Navajo
  13. Tribu Yaqui Pascua
  14. Pueblo de Zuni
  15. Communauté Indienne Pima – Maricopa de Salt River
  16. Tribu Apache de San Carlos
  17. Tribu Paiute du Sud de San Juan
  18. Nation Tohono O’odham
  19. Tribu Apache Tonto
  20. Tribu Apache de White Mountain
  21. Tribu Apache Yavapai
  22. Tribu Indienne Yavapai de Prescott

 

LA CONVENTION DE L’ONG [NAVAJO] DINE CARE DENONCE LES DEGATS DE L’EXTRACTIVISME ET LA POLLUTION EXTREME DES TERRITOIRES AUTOCHTONES

 

La Convention de l’ONG Diné CARE [Citizens Against Ruining our Environment – Citoyens Contre la Destruction de notre Environnement] pour les Gens de l’Ouest de la Nation Navajo, a débuté le 1er juin 2018 à Dilkon dans la Nation [Réserve] Navajo. Une seconde Convention, pour l’Est de la Nation Navajo, a eu lieu du 21 au 23 juin 2018, à Counselor et Lybrook, au Nouveau-Mexique. Diné CARE fête ses vingt-huit ans d’existence.

Brenda Norrell était sur place, en compagnie de Govinda Dalton, de ‘Spirit Resistance Radio’, et elle a transmis des articles sur les sujets discutés. Vous trouverez ci-dessous l’historique du mouvement et un résumé des principales interventions, essentiellement celles qui dénoncent l’extractivisme dont la Nation Navajo est victime depuis des décennies – et même depuis plus d’un siècle, si on prend en considération la déportation, mortelle pour beaucoup, de milliers de Navajos, de 1864 à 1868, suite à une annonce finalement fausse de la probable existence de mines d’or dans leur territoire. Certaines interventions ont déjà été traduites et publiées, si vous ne les avez pas déjà lues, vous les trouverez en cliquant sur le lien “lire la suite”.

Christine Prat

 

 

 

NAISSANCE DU MOUVEMENT POUR LA JUSTICE ENVIRONNEMENTALE, DINE CARE, À DILKON, NATION NAVAJO, EN 1990

Par Brenda Norrell
Publié sur Censored News
6 juin 2018
Traduction Christine Prat

 

DILKON, Nation Navajo – Les photos sont passées et les souvenirs s’effacent. Mais il y a la liste de 127 noms, et les mots des légendes de ce mouvement qui transcendent les années de lutte – 28 ans depuis que la lutte pour la justice environnementale a débuté, comme mouvement de l’époque moderne.

Le Chef Johnny Jackson, Cascade Klickitait, était venu de la Rivière Columbia, le Hopi Thomas Banyacya était présent, et une délégation de Séminoles de Floride s’était jointe à ceux qui combattaient les décharges toxiques, l’extractivisme, l’exploitation forestière, les tests nucléaires, les fuites d’uranium et les attaques secrètes contre les territoires et les peuples Autochtones.

Aujourd’hui, pour célébrer ce mouvement à la Convention de Diné CARE, nous avons lu les paroles de Thomas Banyacya, qui avait prononcé le message des Anciens Hopi lors du premier rassemblement, le 29 juin 1990.

“Peut-être pouvons-nous emmener un peu de ces fuites d’uranium à Washington et les répandre autour de la Maison Blanche et leur dire ‘Ne vous inquiétez pas, ça ne va pas vous faire de mal,’ ” avait dit Banyacya.

Maintenant, 28 ans plus tard, Earl Tulley, vice-président de Diné CARE, revient sur la façon dont le rassemblement original, ici à Dilkon, a donné naissance au mouvement moderne pour la justice environnementale, et comment Indigenous Environmental Network [IEN – Réseau Autochtone pour l’Environnement] et Honor the Earth [Honorez la Terre] sont nés de ce premier rassemblement.

Etaient présentes aujourd’hui, Adella Begaye et Robyn Jackson, respectivement l’épouse et la fille de Leroy Jackson. Leroy a été retrouvé mort en 1993, alors qu’il avait combattu et arrêté l’exploitation forestière dans la forêt aux arbres anciens des Monts Chuska, dans la Nation Navajo.

Adella est aujourd’hui présidente de Diné CARE. Robyn était encore en bas âge quand sont père a été trouvé mort. Elle est actuellement la coordinatrice avec l’extérieur, chargée de l’énergie. Diné CARE veut protéger et défendre le territoire. “Il y a beaucoup de travail à faire. Mon père n’est plus là. C’est pourtant quelque chose dont il faut parler” dit Robyn.

Il y a 28 ans, Wilbur Slockish du Projet de Défense de la Rivière Columbia, à Dalles, dans l’Orégon, et Ray Slockish Sr., de l’état de Washington, étaient parmi ceux qui étaient venus parler des droits de pêche. Beaucoup d’entre eux avaient été en prison pour avoir défendu leurs droits de pêche.

Louise Benally, de Big Mountain, était déjà là il y a 28 ans, et elle l’est de nouveau aujourd’hui. Elle a passé sa vie à lutter, pour combattre la déportation forcée, l’épuisement de la nappe aquifère de Black Mesa par Peabody Coal, la très polluante centrale au charbon appelée Navajo Generating Station [la centrale n’a de Navajo que le nom, ceux qui vivent à proximité ont la pollution mais pas d’électricité – NdT] qui fournit la lumière au sud de l’Arizona – et pour la vérité et la justice. “Ces grandes compagnies mentent” avait dit Louise il y a 28 ans, et elle le répète aujourd’hui.

Parmi les 127 noms de la liste, il y a celui de Winona LaDuke, de Moose Factory dans l’Ontario, et du Réseau des Femmes Autochtones.

Harry H. Lord, Inupiat, était venu du pôle nord, en Alaska, pour le rassemblement d’il y a 28 ans. James Main Sr., Gros Ventre, qui a maintenant rejoint le monde des esprits, était venu de Fort Belknap, dans le Montana. Le Chef Fraser Andrew, de Mount Currie, était venu de Colombie Britannique.

Danny Billie, Séminole de Floride, était venu parce que les producteurs d’agrumes et de canne à sucre défrichaient le territoire et polluaient l’eau. Billie avait dit alors qu’il était venu pour en apprendre plus sur les incinérateurs qui polluaient l’air.

Au cours de ce premier rassemblement, Paul Rodarte, Paiute et Shoshone de Stillwater dans le Nevada, avait expliqué comment le “développement économique” était utilisé pour empoisonner le sol, l’eau et l’air. Rodarte dit que les contractants grassement payés pour amener des déchets hautement toxiques, avaient promis de l’argent et des emplois, puis n’avaient embauché localement que pour des emplois subalternes.

Citoyens Contre la Destruction de notre Environnement [C.A.R.E.]

Le discours du président de C.A.R.E d’alors, Al Joe, qui a été préservé depuis 28 ans, montre à quelle opposition ils ont dû faire face, quand ils se sont rassemblés pour s’opposer à la destruction et la pollution des territoires Amérindiens. “Nous avons été traités de causeurs de troubles et de militants” avait dit Joe, qui succédait à Jane Yazzie au poste de président de CARE.

Lori Goodman, qui a grandi ici à Dilkon, était parmi les fondateurs de Citoyens Contre la Destruction de notre Environnement. Sa sœur Carol et elle, issues d’une famille de neuf enfants, sont ici aujourd’hui. Lori et Carol dirent qu’elles avaient grandi avec des parents qui leur enseignaient les valeurs traditionnelles Diné. Lori a expliqué comment le CARE local avait surgi après le déversement de déchets toxiques, qui avait menacé Dilkon à la fin des années 1980. Le déversement avait été interrompu par cette lutte. Lori dit que le nom était devenu Diné CARE après que l’organisation nationale CARE les y ait forcés. Lori dit que le premier rassemblement de 1990 avait été au départ organisé pour célébrer le fait que la communauté de Dilkon avait interrompu le déversement de déchets toxiques, qui avait été soutenu par le gouvernement tribal Navajo. Après que des Autochtones soient venus de toutes régions, y compris le grand nord, il était clair que les déchets toxiques, les déchets nucléaires, l’extractivisme, la destruction et les arrestations des défenseurs des droits de pêche, concernaient tous les territoires Indiens.

Le mouvement pour la justice environnementale était né.

Les Légendes de 1990

Sur la liste de 127 noms, il y a Jo Ann Tall, Oglala de Porcupine, à Pine Ridge, et Guy White Thunder, Lakota de Pine Ridge. Ron Hill et Clifford Cornelius venaient d’Oneida, dans le Wisconsin. Le Chef Andrew King, de la Bande Lucky Man, de Saskatoon, dans l’Ontario, était venu avec Rod King, en 1990. Suzanne Brent, Mohawk de la Baie de Quinte, était présente. Norman Under Baggage, Oglala, venait de Kyle, à Pine Ridge, Harry Chison venait du Pueblo Zuni. La délégation Havasupai était composée de Leata Watahomigie, Rex Tilousi et sa famille, et M. et Mme Raph Rogers. Joe Sanchez, Shoshone de l’Ouest, venait du Nevada.

Des Navajos de Church Rock, qui avaient survécu à la plus grande catastrophe nucléaire de l’histoire des Etats-Unis, étaient venus, alors que les eaux radioactives de la rivière Puerco coulaient vers l’Arizona, laissant derrière elles une série de cancers pour les Navajos et tous ceux qui vivaient là-bas. [En 2015, le chercheur Navajo Tommy Rock s’est aperçu qu’un puits d’eau ‘potable’, à Sanders, au bord du Puerco, était encore radioactif – NdT]. L’Association Eau Propre pour la Vallée du Puerco [Puerco Valley Clean Water Association], de Wingate, au Nouveau-Mexique, fait partie de la longue liste d’organisations qui méritent d’être honorées.

Des Navajos de toute la Nation Navajo et de la région étaient présents au premier rassemblement. Tom Bedonie de Big Mountain; Eugene Hasgood de Keams Canyon; Nelda Dugi de Teesto; Carol Goldsmith de Kayenta; Ted Silversmith de Church Rock; Raymond Morgan de Fort Wingate; Mary et Lisa Spencer de Winslow; Alfred Joe et Robert Joe Sr. de Winslow. Alva Morrison et Kristi Jo McKnight, de Citoyens Concernés par la Sécurité Nucléaire [Concerned Citizens for Nuclear Safety] étaient venues du nord du Nouveau-Mexique, où le laboratoire de Los Alamos avait depuis longtemps empoisonné la terre, l’eau et l’air des Pueblos et du Nouveau-Mexique. [C’est à Los Alamos qu’ont été mises au point les bombes d’Hiroshima et Nagasaki – NdT].

Parmi les organisations de première ligne qui se sont rassemblées ici en 1990, il y avait le Projet d’Organisation du Sud-ouest d’Albuquerque [Southwest Organizing Project], représenté par Joe Madeline Montoya et Danny Pena. Chris Peters représentait le Seventh Generation Fund [Fonds pour la Septième Génération].

Bertha Mitchell, Hoopa, était venue de Californie. Des Navajos étaient venus de toute la région, parmi eux, Anna Rondon. Mike Flores, Tohono O’odham, était venu de la soi-disant frontière sud, où la Patrouille des Frontières des Etats-Unis maltraite les gens en tant qu'”armée d’occupation”. Laurie Weahkee, du Pueblo Cochiti, était là en 1990 et de nouveau 28 ans plus tard. Lex Gladstone était venu de l’Association Nationale des Indiens Blackfeet de Seattle. Le photographe Hopi/Navajo Larry Gus était là aussi. Il y avait aussi Cate Gilles, longtemps reporter en territoires Navajo et Hopi, trouvée morte à Tucson plus tard. Dès le début, Cate avait fait des reportages de la ligne de front, sur les déportations. Cate a été aussi la première à dénoncer convenablement la pollution à l’uranium dans la région du Grand Canyon.

Vickie McCullough, de Native Americans for a Clean Environment [Amérindiens pour un Environnement Sain], de Tahlequah, en Oklahoma, était présente. Pat Moss était venu d’Oklahoma pour parler des prisonniers Autochtones. Viola Hatch, Cheyenne Arapaho, était venue d’Oklahoma. Des membres de Greenpeace étaient venus de Californie, entre autres Iretta Tiger, des membres Séminoles de Floride, et Bradley Angel, aujourd’hui membre de Green Action, ainsi qu’une délégation de Greenpeace Canada. DNA Legal Services, Public Health Nursing de Dilkon, et Préservation Navajo avaient également envoyé des représentants.

Convention de 2018, La Lutte Continue

Aujourd’hui, en 2018, Nicole Horseherder, Navajo, et sa fille, ont parlé de la lutte ultime pour défendre les droits sur l’eau et la protéger. Nicole Horseherder a expliqué que le but des soi-disant “colonies pour les droits à l’eau” avait souvent été un moyen pour les non-Indiens d’accaparer l’eau des Autochtones.

En cette chaude journée de juin 2018, tandis que les cuisiniers du camp, ici à Dilkon, préparent la bouillie de maïs bleu [blue corn mush, plat traditionnel Navajo] et les crêpes de maïs bleu [plutôt Hopi] pour le petit-déjeuner, les jeunes agriculteurs Nate Etcitty et Roberto Nutlouis, membres de Black Mesa Water Coalition, donnent des nouvelles sur l’alimentation durable, la permaculture et le ‘dry farming’ [agriculture sans irrigation].

Herb Yazzie, ex-président de la Cour Suprême de la Nation Navajo, a parlé de Hweeldi [déportation des Navajos au camp de Fort Sumner, premier camp de concentration, en 1864, beaucoup sont morts en route, les autres sur place], du Traité de 1868 [libération des survivants de Fort Sumner et ‘attribution’ du territoire de la première réserve Navajo], et du lien vers la Souveraineté. Yazzie parlait de Ceux qui Résistent.

Sam Sage, Diné, a parlé de la façon dont les Diné combattent la fracturation hydraulique, le cancer, les émissions mortelles, le bruit insupportable et la violence des ‘camps masculins’, résultant des forages pour le pétrole et le gaz dans la Région de Chaco et l’est de la Nation Navajo.

La Convention de Diné CARE pour les habitants de l’est de la Nation Navajo a eu lieu du 21 au 23 juin, à Counselor et Lybrook, au Nouveau-Mexique.

Brenda Norrell, qui publie Censored News, faisait partie des journalistes qui ont couvert le premier rassemblement à Dilkon, en juin 1990, et a également fait des reportages en direct du rassemblement de 2018. En 1990, elle était journaliste pour Associated Press et vivait dans les Monts Chuska, dans la Nation Navajo.

 

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1er juin:

PREMIER JOUR DE LA CONVENTION DE DINE CARE POUR LES GENS DE L’OUEST, A DILKON, NATION NAVAJO

Par Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Transmis en direct par Spirit Resistance Radio
1er juin 2018
Traduction Christine Prat

Ce jour, des membres fondateurs de Diné CARE ont expliqué comment l’organisation avait été fondée, suite aux menaces pesant sur leurs territoires Diné, à la fin des années 1980. Lori Goodman parla des premiers jours, et Anna Frazier, de Dilkon, éducatrice, dit comment elle avait été impliquée. Sam Shepherd, de l’Agence de l’est, raconta comment il avait été mis de force dans un pensionnat et s’était échappé. Adella Begaye, Présidente et membre fondatrice de Diné CARE, a raconté comment elle s’est engagée, alors qu’elle était infirmière à Tsaïle. Adella est la veuve du regretté Leroy Jackson, cofondateur, retrouvé mort après avoir empêché l’abattage d’arbres anciens dans les montagnes de Chuska et près de Tsaïle. Ofelia Rivas, O’odham vivant à la frontière US/Mexique, parla des luttes de son peuple. Earl Tulley, cofondateur, dit comment Diné CARE avait commencé le combat pour la justice environnementale, qui s’est développée en de nombreux mouvements, résultant finalement dans la création de l’IEN, Indigenous Environmental Network [Réseau Autochtone pour l’Environnement] et d’autres.

 

OFELIA RIVAS, O’ODHAM, ET EARL TULLEY, DINÉ: REFLEXIONS SUR LE CARACTERE SACRE DE LA VIE

Interview du 1er juin 2018
Govinda Dalton, Spirit Resistance Radio
Article de Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Le 12 juin 2018

Traduction Christine Prat

DILKON, Nation Navajo, 1er juin 2018 – Ofelia Rivas, Tohono O’odham, et Earl Tulley, Diné, ont parlé des modes de vie culturels et des fondements spirituels de leur peuples, au cours de la Convention de Diné CARE pour l’ouest [de la Nation Navajo]. Ofelia commença par décrire les vastes territoires qui constituaient les terres ancestrales des Tohono O’odham dans ce qui est maintenant l’Arizona, Etats-Unis, et le Sonora, Mexique.

“Nos terres sont très vastes” dit Ofelia, au cours de la conversation avec Earl Tulley, un Diné de Blue Gap, pour Spirit Resistance Radio.

Le territoire ancestral Tohono O’odham s’étendait d’Hermosillo, à des centaines de kilomètres de la frontière actuelle, et au nord jusqu’à Phoenix, à l’est jusqu’à Benson, à la Rivière San Pedro, et jusqu’à la Mer de Cortez, dans le Sonora, au Mexique, dit-elle.

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2 juin:

SAM SAGE, DINE: “FRACTURATION HYDRAULIQUE, DESTRUCTION ET CANCER DANS L’EST DE LA NATION NAVAJO ET LA REGION DE CHACO”

Par Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Le 6 juin 2018
Résumé et traduction Christine Prat

DILKON, Nation Navajo – Sam Sage décrit comment les forages de pétrole et de gaz et la fracturation hydraulique détruisent le sol et empoisonnent l’air de l’est de la Nation Navajo et la région de Chaco.

Sage, qui s’exprimait au cours de la Convention de Diné CARE pour les Peuples de l’Ouest, samedi 2 juin, a déclaré que le Sénateur Démocrate Tom Udall était dans la poche de l’industrie.

Actuellement, alors que plus de 100 organisations combattent le forage et la fracturation dans la région de Chaco, les Navajos sont assiégés par le bruit, la pollution et la destruction du sol, selon Sage. Les femmes sont atteintes de cancers.

Sage expliqua ce qui s’était passé dans sa propre communauté de Counselor, au Nouveau-Mexique, et dans la zone comprise entre Farmington et Cuba, quand la course au développement a commencé, au Bureau d’Aménagement du Territoire [Bureau of Land Management, BLM] en 2013.

Au début, les compagnies pétrolières et gazières ont dit qu’elles faisaient des forages exploratoires.

“En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, c’était devenu de la fracturation industrielle” dit-il, expliquant comment le sol, qui borde des maisons Navajos, avait été détruit par les forages pour le pétrole et la fracturation pour le gaz.

“Certaines sources ont arrêté de couler.”

Les puits avaient été asséchés depuis les années 1990.

Ce fut seulement lorsqu’une des compagnies eut un accident, et qu’un des ouvriers fut tué, qu’on commença a en parler.

Sage dit que la compagnie avait essayé d’empêcher l’information, selon laquelle un ouvrier était mort sur un terrain du BLM, d’être publiée. La communauté Navajo ne l’a su que six jours plus tard.

Puis il y eut une visite du Sénateur Tom Udall, Démocrate du Nouveau-Mexique. “Tom Udall nous a surpris, en arrivant en hélicoptère.” “Nous lui avons dit: vous avez déjà été acheté et payé. Vous êtes déjà dans la poche de l’industrie.”

Sur le territoire, il y a des camions très lourds. Les traces font jusqu’à 15 cm de profondeur. Quand il pleut, ils utilisent des pneus munis de chaines. Quand ils roulent sur le terrain, ils laissent de grands trous et détruisent la route. Des lumières violentes sont allumées à 23h et il y a beaucoup de bruit.

Des Navajos de la région se sont plaint des dégâts faits au sol et aux routes, et du bruit, mais ça dépendait du responsable sur place du BLM, l’affaire a été transmise à Washington. Le Gouvernement Navajo ne voulait pas aider les gens de la région, il fallait trouver de l’aide à l’extérieur.

Sage dit “Daniel Tso a amené le Sierra Club et les choses ont commencé à bouger.” “Maintenant, il y a 111 groupes qui nous aident et nous assistent” dit-il, parlant de la Coalition de la Région de Chaco [Greater Chaco Coalition]. “Nous avons demandé de l’aide”.

Sage dit que la Coalition voulait formaliser le groupe et avoir des représentants officiels, mais, dit-il “ça ne marcherait pas ici. Beaucoup de gens se retireraient si nous formalisions [la Coalition].” Actuellement, ce n’est pas une organisation formelle.

Ils ont commencé à se rendre compte que des femmes mouraient de cancers. Ils ont commencé à évaluer l’état du sol et à contrôler l’air. Les alliés des Navajos étaient prêts à payer les tests onéreux. L’eau a été testée, l’eau potable a été testé.

“Nous avons dû faire tout ça nous-mêmes” dit Sage.

Des Navajos les ont aidés, entre autres le regretté Larry Emerson, Herbert Benally, David Tsosie et beaucoup d’autres.

Entretemps, les crimes violents augmentaient, à cause des ‘camps masculins’ des compagnies pétrolières et gazières.

Et, étant donné que la fracturation utilise énormément d’eau, et crée beaucoup de déchets, les Navajos posent toujours des questions. Tandis qu’ils se battent contre la fracturation, Daniel Tso emmène des gens pour des ‘tournées réalité’. Tso s’est aperçu que des puits fuyaient.

Et puis il y a la puanteur, et les gaz toxiques. “Quand le temps est couvert et qu’il n’y a pas de vent, ont peut vraiment les sentir.”

Sage remercia la jeune Diné Kendra Pinto, et dit qu’elle comptait beaucoup pour le groupe. “Elle est revenue dans la communauté et a voulu aider,” dit Sage.

Après le discours de Sage, Earl Tulley, de Diné CARE, dit que les forages de pétrole et de gaz causaient des explosions et des fuites de produits chimiques, et qu’il fallait contrôler l’air. Ça touche le bétail et les gens. “Nous n’allons pas émigrer” dit Tulley. “Ici, c’est chez nous.”

 

LEONA MORGAN: LES ETATS-UNIS VISENT LES AUTOCHTONES ET LES PAUVRES AVEC LES DECHETS NUCLEAIRES, LE TRANSPORT ET L’EXTRACTION D’URANIUM

Intervention de Leona Morgan à la Convention de l’ONG Navajo Diné CARE, le 2 juin 2018, diffusée en direct sur Spirit Resistance Radio et transcrite par Brenda Norrell pour Censored News.

Article de Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Le 8 juin 2018
Traduction Christine Prat

DILKON, Nation Navajo – Leona Morgan, Diné, a passé sa vie à combattre les mines et le transport d’uranium, et la décharge de déchets. Actuellement, les Etats-Unis visent les pauvres du sud du Nouveau-Mexique pour décharger des déchets nucléaires, et l’extraction d’uranium menace à nouveau le Mont Taylor, site sacré, dans le nord du Nouveau-Mexique.

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3 juin:

BIG MOUNTAIN: LA LUTTE QUI N’EN FINIT PAS, EN DES TEMPS OU IL NE PLEUT PAS – LOUISE BENALLY

Article de Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Le 10 juin 2018
Traduction Christine Prat

 

DILKON, Nation Navajo – Louise Benally, de Big Mountain, a raconté la lutte interminable contre la déportation, Peabody Coal et les confiscations de bétail. Maintenant, il ne pleut pas, la nourriture reste absente, et les moulins à vent à sec.

Pendant des décennies de lutte, les Hopis traditionnels se sont joints aux Diné de Big Mountain qui résistent au déménagement forcé. Ils se sont tous rendu compte que la déportation causée par [la compagnie charbonnière] Peabody Coal est un vol de terres, un vol de terres pour le charbon, pour faire de l’électricité pour d’autres gens, ailleurs.

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Tous les articles, ©Censored News, publiés avec autorisation, utilisation commerciale strictement interdite. Photos de 2018 ©Brenda Norrell, Photos de 1990, ©C.A.R.E., prêtées par Lori Goodman.

 

Earl Tulley et Ofelia Rivas

OFELIA RIVAS, O’ODHAM, ET EARL TULLEY, DINÉ: REFLEXIONS SUR LE CARACTERE SACRE DE LA VIE

Interview du 1er juin 2018
Govinda Dalton, Spirit Resistance Radio
Article de Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Le 12 juin 2018
Traduction Christine Prat

DILKON, Nation Navajo, 1er juin 2018 – Ofelia Rivas, Tohono O’odham, et Earl Tulley, Diné, ont parlé des modes de vie culturels et des fondements spirituels de leur peuples, au cours de la Convention de Diné CARE pour l’ouest [de la Nation Navajo]. Ofelia commença par décrire les vastes territoires qui constituaient les terres ancestrales des Tohono O’odham dans ce qui est maintenant l’Arizona, Etats-Unis, et le Sonora, Mexique.

“Nos terres sont très vastes” dit Ofelia, au cours de la conversation avec Earl Tulley, un Diné de Blue Gap, pour Spirit Resistance Radio.

Le territoire ancestral Tohono O’odham s’étendait d’Hermosillo, à des centaines de kilomètres de la frontière actuelle, et au nord jusqu’à Phoenix, à l’est jusqu’à Benson, à la Rivière San Pedro, et jusqu’à la Mer de Cortez, dans le Sonora, au Mexique, dit-elle.

La vie des plantes – médicinales et alimentaires – et la vie animale, nourrissaient les gens. “Nos histoires sur la Création disent que nous étions là dès le début, pour être témoins de la formation de nos Montagnes Sacrées.” “Le commencement de nos Montagnes Sacrées est le commencement de qui nous sommes.”

La culture O’odham est fondée sur les pluies qui apportent de l’eau au désert, dit-elle. “Les chants et les cérémonies les plus sacrés reconnaissent la mer, et le lieu où les nuages se forment et traversent les terres pour apporter la pluie à la saison où on plante, et qui renouvelle notre nourriture, sur les terres.”

Ofelia a été élevée dans la tradition O’odham, dans laquelle les femmes s’asseyaient à part et ne disaient rien. Mais tôt dans sa vie, elle a été reconnue par les Conducteurs de Cérémonies pour son rôle. “Ça commence par la prière” dit-elle du cycle Cérémoniel, et dit comment de jeunes hommes continuent la tradition cérémonielle.

Quand le saguaro [cactus typique du sud-ouest] mûrit, fin juin ou début juillet, c’est le Nouvel An des O’odham.

Pour Ofelia, la résistance est de parler sa langue et de continuer le mode de vie O’odham. Ofelia encourage les autres à, comme elle, survivre aux pensionnats et maintenir la vie suivant les pratiques traditionnelles.

Earl Tulley demanda à Ofelia comment elle saluait d’autres gens qui venaient dans son pays. “Nous sommes toujours là”, dit Earl, à propos du salut Diné Ya’at’eeh. Ofelia répondit que la façon traditionnelle était de faire savoir que vous êtes présent et la personne de la famille présente donne de l’eau et de la nourriture.

Earl dit que les jeunes Diné qui ne parlent pas la langue, utilisent souvent des signes de la main, ou de la tête, pour communiquer et montrer du respect aux Anciens qui ne parlent que Diné. Il dit aussi qu’avant les temps du Traité, les Diné vivaient selon des lois naturelles, en comprenant la lune et le soleil.

Selon Ofelia, les O’odham ne séparent jamais la vie du monde naturel dans des mots comme “environnement”.

“Les femmes avaient leur propre rôle, et étaient très puissante” dit-elle.

Elle dit que pendant des milliers d’années les O’odham récoltaient du sel de la mer. “Il faut connaître les chants, pour récolter cette médecine appelée le sel.” Quand il n’était pas récolté de la manière appropriée, ça causait un déséquilibre. Elle ajouta que quand les gens ne sont pas connectés aux lois naturelles, ça provoque un déséquilibre.

“Nous espérons que la Septième Génération apprendra ce que nous avons appris en grandissant,” dit Ofelia.

Il y a beaucoup de manque de respect parce que les gens ne parlent ni ne comprennent le O’odham. Ofelia dit de son peuple, “Je suis du peuple, des Etoiles qui Apparaissent.” Aujourd’hui, les jeunes gens sont déconnectés, et ils prononcent mal, même à la radio. Elle donna l’exemple de l’expression “maïs qui commence à pousser,” et comment les Anciens disent qu’une légère erreur de prononciation peut être un manque de respect.

Ofelia parla du respect pour les montagnes et la terre, et pour les gens qui y ont été autrefois, quand on marche sur le territoire.

Earl dit qu’avoir grandi, pour un enfant, de façon traditionnelle, est un mode de vie, comme offrir du pollen de maïs au lever du jour. Il parla de la façon dont l’éduction est vue des nos jours, et comment la société actuelle appelle l’imitation “éducation”, qu’on considère souvent comme “devenir instruit.” Mais traditionnellement, l’éducation a une signification différente, qui inclut des accords tacites, comme quel membre de la famille doit parler.

“Celui qui Fait la Terre nous donne nos talents” dit Earl.

A propos de l’éducation moderne, Ofelia raconta que son neveu avait dit que ses diplômes étaient sans valeur, quand la Rivière San Juan a été polluée par une mine d’or, parce qu’il ne pouvait pas empêcher la pollution.

Ofelia se souvient avoir écouté les Anciens et suivi la lune, et le monde naturel. Aujourd’hui, dit Ofelia, les O’odham sont forcés de parler anglais pour pouvoir parler à d’autres. Les Peuples d’Origine du Territoire sont connectés à l’univers, et les Chants et les Prières sont pratiqués chaque année pour la régénération, dit-elle.

Earl raconta comment certains, qui avaient fréquenté des écoles comme Carlisle, avaient appris des techniques, comme par exemple fabriquer des chaussures. Mais quand ils retournaient au Pays Navajo, les gens portaient des mocassins, pas des chaussures. “Ils se sont enfuis à cause de cela,” dit-il, parce que leurs capacités n’avaient plus de place chez eux.

Se souvenant des paroles des Anciens O’odham, Ofelia dit “Quand le vent souffle, nous devons nous courber pour ne pas casser.”

Ofelia dit que le gouvernement tribal était bureaucratique et n’avait pas encouragé les jeunes à partir pour acquérir une éducation et revenir au Pays O’odham avec ce qu’ils avaient appris. Les jeunes O’odham sont partis, ont acquis une éducation et doivent être encouragés à revenir, même ceux qui ont appris à s’occuper d’argent. Elle dit qu’elle avait cessé de travailler au problème de la frontière pendant cinq ans, et attendu que les jeunes reviennent avec des solutions, mais aucun n’est venu avec des solutions contre les exactions de la Patrouille des Frontières, qui se perpétuent actuellement.

Elle expliqua comment travailler avec les jeunes. Ils plantent des graines, les arrosent, puis regardent grandir les plantes et les protègent pendant qu’elles poussent. Le savoir de base peut être utilisé à tous les niveaux, dit-elle. Les jeunes ont besoin de leur éducation.

Earl dit que nous vivions dans un monde où on peut manger des choses hors saison, mais que ce n’est pas pareil. Il dit aussi que le respect ne devait pas être oublié, comme laisser son siège à une personne âgée, ou la laisser passer en premier dans la queue pour la nourriture. Earl dit que la connaissance n’est pas faite pour être gardée pour soi, mais pour être partagée. Il dit aussi que beaucoup de Diné avaient des enfants et des petits-enfants et étaient liés à d’autres peuples.

Ofelia dit que cependant, dans une Cérémonie, c’est inclusif, qu’il n’y a ni couleur ni race. “Ça nous enrichit” dit-elle des O’odham qui sont O’odham et d’autres tribus. Elle dit que si nous savons qui est notre grand-mère, il n’y a pas de déconnexion.

Earl dit que dans l’histoire, il n’y avait pas d’école, ni personne qui pouvait supprimer la langue d’origine. “Nous nous le faisons à nous-même.” Il dit qu’au pensionnat, ils étaient forcés de répéter le Serment d’Allégeance tous les matins. Mais ils disaient le mot Diné signifiant “les moutons arrivent” au lieu du mot “Amérique”.

Earl dit que les prières Diné demandaient la bénédiction de tous ceux A Cinq Doigts, c’est-à-dire tous les gens.

“Nous sommes tous un seul peuple”, dit Ofelia. “Où que nous allions, nous devons nous en souvenir, Nous sommes un seul peuple, et nous avons tous nos façons d’être.”

A propos de la violence domestique, Earl dit “si nous sommes de vrais guerriers, nous devons comprendre notre rôle particulier et que la vie est sacrée.” “C’est alors que Celui qui Fait la Terre sera très fier de nous.”

Ofelia dit que les produits chimiques dans la nourriture et les médicaments devaient être supprimés.

Earl dit que Ceux Qui Ont Deux Esprits avaient des points de vue différents et devaient être respectés. Aujourd’hui, Ceux Qui Ont Deux Esprits ne sont pas complètement acceptés.

“Toute vie est sacrée” dit Ofelia.

©Ofelia Rivas et Censored News. Article traduit avec autorisation. Utilisation commerciale strictement interdite.

La Réserve Tohono O’odham actuelle, avec la frontière tracée sur une carte à la règle. Certains villages ont le même nom des deux côtés, parce qu’ils ont été coupés en deux par la frontière.