Plusieurs femmes Autochtones ont été assassinées par un tueur en série dans la région de Winnipeg. Le tueur a été arrêté. Il s’est débarrassé des corps dans une décharge, mais les autorités du Manitoba refusent de la fouiller pour retrouver les corps de deux femmes. Des Autochtones ont dressé un camp, le Camp Morgan, il y a plus de sept mois, afin de protester. Depuis le jeudi 6 juillet, ils ont bloqué la route d’accès à une décharge.
Selon CBC Canada, « des protestataires ont bloqué l’entrée de la décharge de Brady Road jeudi après-midi, après que le gouvernement du Manitoba ait annoncé ne pas soutenir des fouilles de la décharge de Prairie Green, au nord de Winnipeg, pour rechercher les corps de deux femmes Autochtones, au désespoir et à la déception des familles. »

« Jeremy Skibicki est accusé d’assassinat en relation avec la mort de R. Contois et trois autres femmes, dont Morgan Harris et Mercedes Myran, dont les corps ont atterri, selon la police, dans la décharge de Prairie Green. »
Des milliers de femmes ont été assassinées ou ont disparu au Canada.

« FOUILLEZ LES DÉCHARGES. NOS FEMMES NE SONT PAS DES DÉCHETS »

Par Brenda Norrell,
Censored News
10 juillet 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

WINNIPEG, Manitoba, Canada – Des défenseurs Autochtones se préparent à une possible attaque de la police, pour enlever leur barricade de la route, tandis qu’ils demandent une fouille des décharges pour des femmes Autochtones assassinées. Des membres des familles des femmes assassinées qu’on croit être dans la décharge, sont sur la barricade. L’Assemblée des Chefs du Manitoba y prépare une conférence de presse (voir plus bas le texte de la conférence de presse publié entretemps).

Des Protecteurs ont bloqué l’entrée de la décharge de Brady Road, jeudi après-midi [6 juillet], après que le gouvernement du Manitoba ait annoncé qu’il ne soutiendrait pas une fouille dans la décharge proche de Prairie Green, au nord de Winnipeg, pour retrouver les corps de deux femmes Autochtones. Les Protecteurs ont reçu une injonction de démonter la barricade avant lundi à 12h.

Alors que des soutiens affluaient, Alfred Bone Shirt, Lakota, dit « Nous prions pour votre protection, votre sécurité et une Justice satisfaisante pour ces Dames et leurs familles, mes pensées sont avec vous, des terres Lakota Sicangu, aka Rosebud, dans le Dakota du Sud. »

Le Camp Morgan est sur le site de la décharge de Brady depuis plus de sept mois pour protester contre la façon dont la Police de Winnipeg a enquêté sur les affaires concernant des femmes et des filles Autochtones disparues ou assassinées, après que la police ait trouvé des restes partiels de Rebecca Contois, dans la décharge administrée par la ville.

Selon Global News : les protestataires à la décharge de Brady Road disent qu’ils ne cèderont pas, même si la police de Winnipeg vient en force pour les évacuer.

« Les membres du Camp Morgan, qui campent à la décharge juste à côté de Winnipeg depuis plus de sept mois, n’ont pas l’intention de démonter leur barricade érigée jeudi pour protester contre la décision du gouvernement du Manitoba de ne pas fouiller la décharge de Prairie Green pour chercher les corps de deux femmes dont on pense qu’elles ont été assassinées et jetées sur le site. »

« La ville a publié un ordre de quitter les lieux, selon la Loi de Gestion de l’Urgence, vendredi en fin d’après-midi, disant plus tard qu’ils avaient l’intention de rétablir l’accès à la décharge lundi à midi. »

Selon CTV News, “Heather Stefanson a dit que la Province ne s’engagerai pas dans des fouilles de la décharge de Prairie Green, au nord de Winnipeg. La police croit que les corps de Morgan Harris et Mercedes Myran sont dans la décharge.

« Le supposé tueur en série Jeremy Skibicki est accusé des leurs morts, ainsi que de celle de Rebecca Contois, dont une partie des restes a été trouvée l’an dernier dans la décharge de Brady Road, propriété de la ville. »

Le Camp Morgan dit :

« Nous sommes ici pour une raison !
Nous sommes ici pour nos sœurs.
Nos mères.
Nos filles.
Pour toutes nos parentes.
Nous sommes ici pour demander que la décharge de Brady soit fouillée, pas seulement pour les corps de Morgan, Mercedes et Buffalo Woman, mais pour tous les MMIWG2S ! Nous sommes ici pour exiger qu’on arrête immédiatement d’y jeter les corps de nos sœurs. »

Rebecca Contois, Morgan Harris et Mercedes Myran

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LES CHEFS DU MANITOBA EXPRIMENT LEUR EXTRÊME DÉCEPTION APRÈS LA DÉCISION DE LA VILLE DE WINNIPEG DE DÉMANTELER LA BARRICADE DU CAMP MORGAN

TERRITOIRE TRAITÉ UN, MANITOBA
AMC COMMUNICATIONS
10 juillet 2023
Également publié sur Censored News

TERRITOIRE TRAITÉ UN, Manitoba – L’Assemblée des Chefs du Manitoba (AMC) et la Cheffe Kyra Wilson, de la Première Nation de Long Plain, expriment leur profonde déception à propos de la décision de la Ville de Winnipeg de démanteler le Camp Morgan, un camp sacré dont on pense qu’il est le site funéraire de trois femmes des Premières Nations. L’AMC s’inquiète également de l’injonction imposée à la barricade du Camp Morgan, qui empêche de chercher la justice pour les Femmes, Filles et 2Esprits (MMIWG2S+) Disparues ou Assassinées dans le Manitoba.

« Le Camp Morgan, un important symbole de mémoire et de guérison, est un lieu d’unité et de solidarité pour les familles touchées par la perte tragique de leurs proches, de la main du dernier tueur en série en date, à Winnipeg » dit la Grande Cheffe Cathy Merrick. « Ça sert aussi à rappeler le besoin urgent de se préoccuper des problèmes systémiques qui perpétuent la violence contre les femmes et les filles des Premières Nations dans notre province. C’est un lieu où nous nous sommes rassemblés pour nous remémorer celles que nous aimons et qui nous manquent et faire savoir à ceux qui ont essayé de nous en empêcher, que nous n’abandonnerons pas ces femmes. »

« Le démantèlement du Camp Morgan et l’imposition d’une injonction à la barricade non seulement nient les souhaits des familles qui demandent la justice pour leurs proches, mais envoie aussi le message désastreux aux citoyens des Premières Nations, que leur douleur et leurs appels à la justice sont ignorés. » dit la Cheffe Kyra Wilson. « Cette action est profondément démoralisante et contreproductive pour la réconciliation et la guérison. Si vous voulez que le camp parte, faites honneur à l’étude de faisabilité et continuez à travailler au lieu de nous mettre à nouveau sous le tapis. »

L’AMC croit sérieusement que le démantèlement du Camp Morgan sans un plan complet d’enquête sur la disparition de trois femmes des Premières Nations, est un revers pour la justice. Ça mine la confiance des Premières Nations, et renforce un scepticisme déjà courant envers la détermination du système de justice à s’occuper sérieusement de la crise des MMIWG.

À la lumière de développements récents, l’AMC souligne aussi la décision du gouvernement d’extraire des matériaux dangereux de l’Immeuble du Parlement à Ottawa pour un nouvel office du Tourisme. Ce projet onéreux, estimé à près de 5 milliards de dollars pour les deux bâtiments, et devant être terminé en une décennie, contraste avec le manque d’investissements et d’urgence pour se préoccuper du problème des MMIWG. L’excavation a déjà coûté 5 millions de dollars.

« La précipitation du gouvernement pour allouer des fonds considérables pour une excavation, tout en négligent le problème crucial des femmes, filles et 2esprits disparues ou assassinées, est décourageant. Ça reflète la marginalisation continue des citoyens des Premières Nation, » dit la Grande Cheffe Merrick.

L’AMC appelle les Services de Police de Winnipeg et les autorités gouvernementales concernées à reconsidérer leur décision et entreprendre des consultations sérieuses avec les familles touchées, la direction des Premières Nations, et les organisations de base. Les voix et les inquiétudes des personnes affectées doivent être entendues et respectées. De plus, l’AMC exige que les gouvernements, provincial et fédéral, mettent en route en priorité une enquête indépendante, tenant compte de la culture, sur les causes systémiques des cas de MMIWG2S dans le Manitoba.

L’AMC continue à se consacrer aux droits et à la sécurité de femmes et des filles des Premières Nations, tout en travaillant pour la justice, la guérison et la réconciliation.

Pour plus d’information, contactez s.v.p. :
Communications Team
Assembly of Manitoba Chiefs
Email : media@manitobachiefs.com

À propos de l’Assemblée des Chefs du Manitoba
L’AMC a été fondée en 1988 par les Chefs du Manitoba, pour parler des problèmes qui affectent communément les Premières Nations du Manitoba. L’AMC est une représentation autorisée de 62 des 63 Premières Nations du Manitoba, avec un total de plus de 151000 citoyens de Premières Nations dans la province, ce qui représente approximativement 12% de la population de la province. L’AMC représente une diversité de peuples, Anishinaabe (Ojibway), Nehetho / Ininew (Cree), Anishininew (Ojibway-Cree), Denesuline (Dene) et Dakota Oyate (Dakota).