Jour de Rage des Peuples Autochtones 2021 : Rapport sur l’Action
Par www.Indigenouspeoplesdayofrage.org
Publié par Indigenous Action Media
14 octobre 2021
Traduction française Christine Prat

De soi-disant Edmonton, Alberta, au nord, jusqu’à ‘Tampa, Floride’, et à travers toute l’île de la Tortue, de Sacramento, en Californie, à Washington D.C. – des résistants ont foncé, dimanche 10 octobre 2021 (et quelques jours avant et après) pour le Jour de Rage des Peuples Autochtones (Contre le Colonialisme) – Deuxième Round.

Nous avons vu flotter des banderoles, des marches militantes, des attaques à la peinture contre des institutions de colons, et beaucoup de gêne sur les visages des colonisateurs avant même que le jour commence. Apparemment, les politiciens, entre autres les maires de villes durement touchées par les actions du Jour de Rage des Peuples Autochtones de l’an dernier, ont inscrit des heures supplémentaires pour leurs lignes de défense de plus en plus minces, tandis que des membres du clergé se penchaient aux fenêtres anxieusement, alors qu’ils montaient la garde 24h sur 24 en anticipation de ce qui allait advenir. C’était vraiment un beau jour pour être Autochtone – pas un si beau jour pour être une relique coloniale, comme a été démontré par la statue de l’infâme génocidaire maniaque Andrew Jackson, dans le Parc Lafayette, dont la base a été bombée avec « VOUS NOUS TROUVEREZ », en référence au slogan classique de la résistance Autochtone, « Respectez-nous ou vous nous trouverez ».

Maintenant que des monuments à la gloire de colonisateurs, partout dans le monde, ont été vandalisés, démolis, et/ou cérémonieusement jetés dans des rivières, au cours des deux dernières années – c’était grandiose de voir Andrew Jackson entrer dans le club ! Tout comme la statue de Colomb à Tampa, en Floride, et celle d’Abraham Lincoln à soi-disant Bennington, dans le Vermont (pas de photos).

La ruine qu’est devenu le commissariat du 3e district [à Minneapolis], entièrement brûlé l’an dernier, au cours des manifestations pour George Floyd, a été décorée avec une banderole « Vengez les Enfants Autochtones », rendant compte des milliers de vies perdues dans des pensionnats ou des écoles résidentielles dans tout le continent, de la fin du XIXème siècle jusqu’au milieu du XXème.

Le Sud-ouest a connu des manifestations proclamant « Plus de Sœurs Volées », au nom de la campagne MMIWG2ST, et un rassemblement appelant à la démascottisation d’images Autochtones, utilisées par une vieille compagnie raciste de Durango, dans le Colorado. À Kinłani occupée (‘Flagstaff, Arizona’), un rassemblement et une manifestation ont conduit au blocage des principaux carrefours, pour une ronde radicale qui a piégé la circulation. Une statue coloniale a été vandalisée et des fumigènes lancés dans tout le centre-ville, en une sorte de pagaille anticoloniale.

Entre-temps, sur la Côte Ouest, les routes étaient bordées de banderoles, de la Californie occupée jusqu’au KKKanada. Des gens à San Rafael occupé exigeaient que la ville abandonne les poursuites contre des Protecteurs/Défenseurs (voir https://ip5solidarity.org/ ), tandis que le long de routes à Sacramento, des graffitis clamaient « Colomb s’Était Perdu », « Souveraineté Autochtone MAINTENANT ! » et « Pas de Justice en Terre Volée ! » Nos parents du nord, à Amiskwaciwaskahikan (“Edmonton, Alberta”) rappelaient aux automobilistes qu’il n’y a « Pas de Gloire dans un Génocide. »

À propos de terre volée, cette année il semble qu’un cri retentissant dominait. Qu’il soit éclaboussé à travers des barrières d’espaces publiques à soi-disant Las Vegas, Nevada, ou gravé hardiment sur un mur, sous le regard de la surveillance constante de l’hôtel de ville de ‘Asheville, Caroline du Nord’, écrit à la main dans un style coloré, plus urbain, par un anonyme, ou habillé du bon vieux A dans un cercle simplement en noir, en Diné Bikéyah (‘La Nation Navajo’) – le slogan sur le mur est clair : RENDEZ NOS TERRES.

Les enseignes d’institutions coloniales n’ont pas été épargnées. À Portland, Oregon, l’Université Lewis & Clark s’est vu suggérer pas trop subtilement, ‘CHANGEZ DE NOM’. Et le garage et station-service ouvert récemment de Tesla, dans le Pueblo Nambe, au Nouveau-Mexique, n’a pas échappé à la rage contre la trahison qu’est la décision de Pueblos de coucher avec Elon Musk et de devenir des capitalistes verts.

On comprendra que beaucoup d’autres actions ne pouvaient ou ne voulaient pas être médiatisées, comme le sabotage de lignes de chemin de fer dans le soi-disant Nord-ouest du Pacifique, d’excavatrices menaçant des terres sacrées dans le ‘Midwest’ qui ont été rendues inutilisables, de l’Eglise Catholique de ‘Denver, Colorado’, qui a vu ses vérités étalées aux yeux de monde avec de la peinture rouge vif sur ses murs, et nos parents là-haut à ‘Portland, Oregon’, qui ont frappé comme des fantômes de nuit, ne laissant que le film des équipes de nettoyage balayant du verre, et les larmes coloniales versées le jour suivant au réveil. Certaines des déclarations les plus fortes sont faites discrètement, tout comme certaines de nos actions sont devenues un cri de guerre silencieux – une menace toujours présente – qui pousse les colonisateurs à agripper leurs perles et leurs portefeuilles, en s’apercevant qu’il y a une résistance Autochtone vivante, griffes dehors et non-apprivoisée, féroce et grandissante. Ça ne peut pas être proprement consigné à une journée du calendrier, notre agitation anticoloniale dure toute l’année et nous la célébrons DE TOUTES LES FAÇONS qui nous arrangent.

Cette année, les justifications de notre rage ont été ressenties plus violemment, en particulier aux soi-disant U.S.A. où l’autorité coloniale a proclamé le « Jour des Peuples Autochtones ». Nous avons vu la farce de cette politique de reconnaissance pour ce qu’elle est, et c’est pourquoi nous sommes enragés ; pour miner leur cooptation et leur laver plus blanc ou rouge. Nous tenons à souligner que les arrestations n’étaient pas le sujet cette année, surtout si l’on considère comment les Actions Directes Non-Violentes ont poussé tant des nôtres dans les mains de l’Etat policier. Nous ne voulons pas que les gens de notre peuple et nos complices soient enfermés pour toujours, surtout pendant une pandémie. Nous n’allons pas mendier auprès des politiciens, négocier des traités, et nous ne ferons pas de concessions – nous combattons pour la libération totale.

Pour radicaliser, inspirer, émanciper et attaquer – c’est à quoi ressemble la lutte anticoloniale et nous sommes partout.

Amour & Rage

Que les ponts que nous brûlons éclairent notre chemin.

1) You FREE LEONARD PELTIER who spent most of his life in jail for crimes he never committed.

2) Give #LAND BACK to Indigenous Peoples. This is not only Justice for them, it is also the only way to save the world and all living beings. THEY KNOW how to live without destroying everything around.

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1) LIBEREZ LEONARD PELTIER, qui a passé sa vie en prison pour des crimes qu’il n’a pas commis.

2) Rendez les TERRITOIRES AUX AUTOCHTONES. Ce n’est pas seulement la Justice la plus élémentaire pour eux, c’est aussi la seule façon de sauver le monde et tous les êtres vivants. ILS SAVENT vivre sans détruire tout ce qu’il y a autour.


Par Indigenous Environmental Network
Publié sur Facebook
7 novembre 2020
Traduction Christine Prat

Nous, le Réseau Environnemental Autochtone, applaudissons la défaite de Donald Trump, comme rappel de notre pouvoir collectif d’affronter la suprématie blanche et le fascisme. Un effort national de la base, organisé par les Noirs, les Peuples Autochtones, LGBTQIA et les Gens de Couleur, a fourni des votes essentiels nécessaires pour gagner cette élection. Nous ne le dirons jamais assez : C’est notre victoire, nous l’avons faite pour nos communautés. Nous n’allons pas mâcher les mots. Les Etats-Unis sont un état de colons qui a toujours exploité la terre, son peuple et ses ressources. Même avec le changement de l’Exécutif, nous savons que les systèmes qui ont réduit à l’état de marchandises notre peuple, nos terres, notre eau et notre ciel, ne seront pas ceux qui les sauveront. Ainsi, nous applaudissons ce moment en tant que baromètre de la direction et de la stratégie des BIPOC [Black, Indigenous, People Of Color] et nous fixons notre attention sur la récompense d’imaginer radicalement un futur meilleur pour nous tous. Un futur qui dépend d’une nouvelle économie et d’un paradigme environnemental.

Les Etats-Unis ont un nouveau président. Notre réseau continuera d’être une force motrice pour tenir les pouvoirs en place responsables vis-à-vis des peuples d’origine de ces terres et territoires. Dans toute l’Île de la Tortue, des Peuples Autochtones se soulèvent pour affirmer nos droits souverains inhérents, défendre nos territoires et protéger les générations futures. Pour la santé et le respect du caractère sacré de Notre Mère la Terre et Notre Père le Ciel, nous ne faiblirons pas, les voix Autochtones seront entendues.

Nous exigeons la justice climatique, nous exigeons une transition juste, nous exigeons un redressement économique juste, dirigé par la justice et l’éthique environnementales, nous exigeons que nos droits souverains soient respectés et renforcés. La nouvelle présidence doit accepter le rejet d’une économie extractive et construire une relation avec le sacré de Notre Mère la Terre et tout ce qui est en relation avec elle.

Nous devons voir un changement systémique dans les relations entre les Amérindiens, les Autochtones d’Alaska et d’Hawaï, et ce gouvernement fédéral. Nous devons voir une reconnaissance et une application complètes de nos droits selon les traités, que nos terres nous soient rendues, et la mise en pratique totale du principe de Consentement Libre, Préalable et Informé.

Nous concevons un nouveau paradigme qui reconnaitrait l’intégrité territoriale et les droits de Notre Mère la Terre, et l’auto-détermination des premiers peuples de ce pays. Et nous soutenons les Afro-américains, les gens de couleur, les pauvres, les migrants, LGBTQIA et tous les autres gens marginalisés qui demandent exactement le même changement de système.

Nous n’avons qu’Une Terre Mère et Un Père Ciel. Dans l’intérêt des sept prochaines générations de vie sur cette planète, nous continuerons à renforcer le pouvoir menant à des lendemains meilleurs.

Nous vous reverrons sur les lignes de front,

L’équipe d’Indigenous Environmental Network

Photo : Nedahness Greene