APPEL A SOUTIEN ! LA DATE DE COMPARUTION DES AUTOCHTONES DE FLAGSTAFF AYANT MANIFESTÉ LE ‘JOUR DES PEUPLES AUTOCHTONES’ EST FIXÉE AU 16 JANVIER !
Une fois de plus, des activistes Autochtones ou immigrés ont été arrêtés à Flagstaff pour avoir participé à une manif qui s’était déroulée… le 8 octobre 2018. Ils doivent passer au tribunal le 16 janvier 2020. Ce n’est pas nouveau, ils ont été arrêtés à de nombreuses reprises, avec des accusations qui ne tiennent pas debout. Là, il s’agit d’ « Obstruction d’une voie de circulation importante ». Ce qui implique que toute manif est illégale, vu que généralement ça bloque momentanément la circulation. Mais le plus choquant est qu’ils ont été poursuivis longtemps après la manif, sur la base de caméras de surveillance et d’espionnage de leurs comptes sur les réseaux sociaux. Ce n’est pas nouveau non plus. En 2012, ils ont été arrêtés pour une action dans laquelle j’avais été le principal témoin. Mais ils ont attendu deux mois et demi pour les poursuivre, afin de s’assurer que les témoins n’étaient plus là ou avaient oublié. Il est arrivé aussi, qu’après une manif, les flics les fassent descendre de force du trottoir, pour pouvoir prétendre qu’ils avaient causé des troubles et bloqué la circulation. Surtout, dans toutes ces affaires, le racisme et la haine des Autochtones sont évidents. Ils ont besoin de soutien, moral et financier.
Christine Prat
La date de comparution des manifestants de la ‘Journée des Peuples Autochtones’ de Flagstaff est fixée
Les organisateurs dénoncent une attaque politique et la surveillance d’Etat
Publié le 16 décembre 2019
Par Indigenous Action Media
Traduction Christine Prat
Appel :
- Rassemblez-vous et soyez nombreux dans la salle du tribunal pour le procès, le 16 janvier 2020 de 8h30 à 16h30, et le vendredi 17 janvier de 13h30 à 16h30.
- Envoyez des dons pour couvrir les frais de justice à gofundme.com/f/support-the-ipd3
- Partagez, faites savoir : #indigenouspeoplesdayFlagstaff #supportIPD3
Flagstaff, Arizona – Trois défenseurs de la justice sociale et environnementale, qui se nomment « les Trois de la Journée des ‘Peuples Autochtones’ », comparaitrons le 16 janvier 2020, de 8h30 à 16h30 et le vendredi 17 janvier de 13h30 à 16h30, devant la Cour Municipale de Flagstaff (15N Beaver St, Flagstaff, AZ 86001) pour des accusations résultant d’une manifestation qui s’est déroulée à Flagstaff, lors de la ‘Journée des Peuples Autochtones’ en 2018.
Le 8 octobre 2018, le jour même où la Ville de Flagstaff annonçait officiellement la célébration de la ‘Journée des Peuples Autochtones’, plus de 40 personnes se sont rassemblées et ont défilé dans le centre de Flagstaff pour dénoncer l’hypocrisie de la Ville et sa déclaration vide. La manifestation avait été tenue comme appel à la justice pour les Femmes Autochtones Disparues ou Assassinées, pour dénoncer la criminalisation des migrants conduisant à des déportations et des détentions massives, pour dénoncer la responsabilité de la Ville de Flagstaff dans la profanation des Pics San Francisco, la criminalisation des Autochtones sans abri, et le profilage racial hors de proportions et les arrestations auxquels les Autochtones sont confrontés.
Une douzaine d’agents de police de Flagstaff ont utilisé des caméras pour contrôler la manifestation. La Police de Flagstaff et la Force de Renseignement sur les Gangs et l’Immigration ont alors ouvert une enquête qui a duré des semaines et a utilisé les médias sociaux, ainsi qu’un informateur non identifié, pour fonder une accusation d’« Obstruction d’une Voie Principale de Circulation ». Au total, onze personnes ont été accusées. Sept d’entre elles ont accepté un ‘accord’ impliquant 40 heures de travaux d’intérêt publique ou une amende de $150.
Klee Benally, depuis longtemps défenseur des droits à Flagstaff, et l’un des trois qui devront comparaitre dit : « Nous faisons face à une attaque politique évidente de la part des forces de l’ordre de Flagstaff, et entre autres, d’un niveau inquiétant de surveillance. Le fait que nous soyons visés et criminalisés pour combattre pour la justice pour notre communauté souligne l’hypocrisie de la célébration d’une ‘Journée des Peuples Autochtones’ ici, à Flagstaff. Les politiciens veulent célébrer, alors qu’ils camouflent leur rôle dans l’assassinat des cultures Autochtones avec leur contrat de vente de près de 700 millions de litres d’eaux usées pour faire de la neige sur les Pics San Francisco. Ils détournent leur regard tandis que le profilage racial, les raids de ICE [Forces de l’Immigration et des Douanes], les déportations et la violence policière se déploient. Ils ferment les yeux sur les appels des SDF à mettre un terme à leur politique anti-sans abri. La répression de l’état ne nous réduira pas au silence, nous continuerons à résister et à combattre l’injustice pour la terre et les gens. C’est l’enjeu véritable de ce procès. »
Sumayyah Dawud, une défenseuse des droits humains qui vit à Phoenix, Arizona (territoire Akimel O’odham), qui doit également être jugée, dit : « C’est extrêmement hypocrite, de la part de la Ville de Flagstaff, de prétendre honorer les Autochtones en leur attribuant un Jour officiel, tout en continuant à les surveiller exagérément et à les mettre en état d’accusation pour avoir défilé sur leur propre terre. C’est la continuation de plus de 500 ans de colonialisme. C’est lamentable de voir comment le Service de Police de Flagstaff, coopérant avec d’autres services de police, ont fouillé les médias sociaux et utilisé toutes sortes de techniques de surveillance pour identifier et poursuivre des activistes qui ne faisaient qu’utiliser le droit à la parole et au rassemblement. Dans cette affaire, la surveillance est empreinte de profilage racial, d’homo/transphobie et d’autres formes de préjugés. Ayant été moi-même confrontée à la surveillance et les poursuites pour avoir participé à des manifestations à Phoenix et ailleurs, je suis profondément inquiète sur les implications de cette attaque politique de la Ville de Flagstaff. Ces accusations infondées et injustes doivent être abandonnées. La Ville doit entreprendre une action significative pour honorer les Peuples Autochtones et en finir avec les injustices, au lieu de fournir une reconnaissance de pure forme par une ‘Journée’ officielle. Quelle que soit l’issue de ce procès, je continuerai à me battre pour la justice, la libération et l’égalité. »
Alejandra Becerra, ex-militante de la ‘Repeal Coalition’, qui doit également comparaitre, voit l’affaire comme une tactique du Service de Police de Flagstaff et du Service de Sécurité Publique d’Arizona, pour réduire au silence les objections de plus en plus fréquentes de la communauté locale au racisme camouflé et à l’injustice de leurs politiques. Trois jours avant la Manifestation de la ‘Journée des Autochtones’, trois femmes ont été arrêtées après s’être enchaînées sur le parking du Service de Police de Flagstaff, pour protester contre la collaboration de la ville et du comté avec l’ICE [Forces de l’Immigration et des Douanes]. Cela avait attiré l’attention sur le fait que les forces de l’ordre locales jouent un rôle crucial dans la criminalisation et la déportation de proches dans un système de détention violent, qui sépare des familles dans la communauté de Flagstaff. « J’ai parlé devant les mêmes agents qui ont fait des efforts incroyables pour mettre des contraventions et j’ai souligné une fois de plus le fait qu’ils sont le dénominateur commun de la mise en cage hors de proportions d’Autochtones et du système de déportation de masse qui fait disparaitre les sans-papiers. Qui et quoi prétendent-ils protéger ? Parce qu’en tant qu’immigrante, mère et individu qui se préoccupe de la justice sociale, je ne me sens pas en sécurité. »
Selon ses propres rapports, la police de Flagstaff arrête en moyenne 6000 personnes par an. Environ la moitié de ceux qui sont arrêtés sont Autochtones, bien qu’ils ne constituent que 11% de la population.
Un article publié récemment dans The Progressive décrivait l’affaire et avait fait appel à Chip Gibbons, conseiller politique et juridique du groupe de défense des libertés civiles ‘Defending Rights & Dissent’, dont les inquiétudes sur la nature politique des accusations ont pesé de tout leur poids.
« C’est clairement un acte destiné à intimider les manifestants et la liberté de parole », dit Gibbons. « La police était sur place et n’a apparemment rien vu qui aurait justifié d’empêcher les manifestants de bloquer la circulation, ce qui rend ces arrestations après coup complètement absurdes. »
Gibbons dit aussi qu’il était très préoccupé du fait que de la technologie de surveillance ait été utilisée pour permettre ces arrestations. « Les caméras portables, qui devaient être un moyen de responsabiliser la police, ont été transformées en un outil de surveillance » dit-il. « Associées au contrôle des médias sociaux, la police a pu identifier les manifestants et les faire comparaitre devant le tribunal. Le message est clair : Si vous vous exprimez politiquement, la police sait qui vous êtes et comment vous trouver. »
Gibbons voit cela comme faisant partie d’« une tendance nationale inquiétante, » qu’on retrouve aussi dans le contrôle des médias sociaux des groupes protestataires par la police de Boston, Memphis et Baltimore.
« Nous savons par les fichiers publics que le FBI a surveillé ou contrôlé continuellement les mouvements sociaux ou questionné les militants de ces mouvements, » dit Gibbons, « entre autres les mouvements pour la justice raciale, les protecteurs de l’eau de Standing Rock, et les activistes de Occupy ICE. »
Les 3 de l’IPD [Indigenous Peoples Day – Journée des Peuples Autochtones] demandent du soutien au tribunal et un rassemblement avant l’audience, le 16 janvier 2020, de 8h30 à 16h30, et le vendredi 17 janvier de 13h30 à 16h30.
Ils ont aussi organisé une collecte de fonds en ligne pour les frais de justice : www.gofundme.com/f/support-the-ipd3
Vous pouvez aussi faire connaître l’affaire en utilisant les mots dièze #indigenouspeoplesdayFlagstaff et #supportIPD3
Les organisateurs du rassemblement de la Journée des Peuples Autochtones appellent à ces actions immédiates :
- Continuer à boycotter Arizona Snowbowl et exiger de la Ville de Flagstaff qu’elle annule son contrat avec la station de ski.
- Mettre fin au profilage racial et à la collaboration avec l’ICE et de plus, travailler à l’abolition de la police dans nos communautés en établissant des réseaux de soutien communautaires et des options de justice transformatrices/réparatrices.
- Annuler l’ordonnance anti-camping et toutes les politiques anti-SDF.
- Faire des dons de sacs de couchage et de vêtements d’hiver pour nos parents sans abri à la Táala Hooghan infoshop (1704 N 2nd Street, Flagstaff).
En lire plus sur l’action du 8 octobre 2018 : https://chrisp.lautre.net/wpblog/?p=4706