A propos de la bombe larguée sur ordre de Trump en Afghanistan, la bombe non-nucléaire la plus puissante de l’histoire, baptisée MOAB, Mother Of All Bombs (Mère De Toutes les Bombes).

 

Par Indigenous Action Media
Publié le 13 avril 2017
Traduction Christine Prat

 

Toutes justifications et légitimité des cibles mises à part (et allez-vous faire foutre si vous pensez qu’il n’y a pas eu de victimes civiles), nous ne devons pas considérer le largage de la plus puissante bombe non-nucléaire de l’histoire, sans le mettre en relation avec la capacité et le potentiel de violence qui constituent l’existence même des soi-disant Etats-Unis.

Cette « Mère De Toutes les Bombes » – larguée par le seul pays au monde qui ait utilisé des armes nucléaires au combat, toutes les deux au Japon, sur des villes très peuplées, comme point final brutal, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale – n’est pas seulement une démonstration de force, elle représente un narratif apocalyptique menaçant toute vie, et pas seulement celle des tristes rejetons de l’Etat Islamique ou de l’Impérialisme des Etats-Unis.

En décembre 2016, Trump a twitté que « les Etats-Unis devaient grandement renforcer et étendre leur capacité nucléaire, jusqu’à ce que le monde ait repris ses esprits en ce qui concerne le nucléaire. » La détonation de la “Mère De Toutes les Bombes” démontre clairement que le Fasciste en Chef n’a aucune inhibition le retenant d’utiliser une arme encore plus puissante.

Souvenez-vous que le potentiel pour une violence d’Etat globale existe quel que soit le parti au pouvoir : par exemple, il y a eu dix fois plus d’attaques aériennes (surtout avec des drones qui ont éradiqué des centaines de vies de civiles) sous la présidence d’Obama que sous celle de George W. Bush.

Pendant la guerre froide, les Etats-Unis ont employé une stratégie militaire et nationale connue sous le nom de Destruction Mutuelle Assurée (MAD – qui veut dire ‘fou’ NdT – Mutually Assured Destruction; dans la France de de Gaulle, ça s’appelait juste ‘dissuasion’ – NdT). Selon Wikipédia, « MAD est une doctrine de politique de stratégie militaire et de sécurité nationale dans laquelle l’utilisation illimitée d’armes nucléaire par deux ou plusieurs parties opposées causerait l’annihilation complète de l’attaquant comme de l’attaqué… »

C’était, littéralement, une doctrine de « l’annihilation. »

L’imaginaire théologique, pop-culturel et politique d’annihilation totale a occupé l’espace entre les rêves et les cauchemars pendant des générations, mais c’est l’invention des armes nucléaires qui rendu l’apocalypse techniquement possible.

Les entreprises qui produisent ces armes et les industries minières qui les alimentent, et de façon plus large l’incontournable Complexe Militaro-Industriel, ont toutes fait de l’argent de cette fervente croyance.

Les partisans du refus radical de la guerre et du nucléaire ont longtemps résisté et attaqué ces armes de destruction massive, les systèmes politiques qui les engendrent, et les entreprises qui profitent de leur prolifération.

Dans les années 1980, le Mouvement Plowshares [Chrétiens pacifistes et anti-nucléaires, s’intitulant ‘socs de charrues’, référence biblique – NdT] organisait des actions telles que s’introduire par effraction dans des bâtiments militaires, détruire des ogives et des têtes de fusées nucléaires, et verser du sang sur les documents et les dossiers.

De 1986 à 1994, des Shoshone du Nevada et un groupe appelé Nevada Desert Experience, ont entrepris des actions directes sur le Site de Tests du Nevada, le premier site de tests des armes nucléaires des soi-disant Etats-Unis : il y eut près de 16000 arrestations. Plus de 1000 tests de détonation de bombes atomiques ont été perpétrés à Newe Segobia (terres des Shoshone de l’Ouest – lieu introuvable sur Google Maps, NdT), et des dizaines dans les Iles Marshall. La radioactivité produite par ces tests a causé des cancers et autre contamination directe aux communautés locales ou vivant sous le vent des sites. Les Autochtones des Iles Marshall ont refusé de se reproduire, à cause des extrêmes handicaps congénitaux résultant des actions effroyables du colonialisme nucléaire.

En 2006, les Etats-Unis ont menacé de tester la « Frappe Divine », bombe non-nucléaire, une arme capable d’  « exploser les bunkers », de la même catégorie mais beaucoup plus puissante que la MOAB, sur l’ancien site de Newe Segobia occupée. Les Shoshone et les groupes anti-nucléaires sont intervenus et ont finalement réussi à empêcher le test, affirmant que c’était un précurseur à l’utilisation d’armes nucléaires.

Historiquement, des groupes de libération militants comme les Black Panthers pour l’Autodéfense, l’American Indian Movement, Women of All Red Nations, Weather Underground, et d’autres, ont tous reconnu que des formes d’action diverses et plus directes étaient nécessaires face à la violence d’état généralisée.

Aujourd’hui, tandis que des centaines d’espèces disparaissent chaque jour, et que les voies de l’impérialisme américain sont pavées d’héritages d’écocides et de génocides, nous avons apparemment trouvé le moyen de fétichiser l’apocalypse avec des fantasmes et des scenarii de survie de zombies. A bien des égards, il parait être plus facile d’imaginer l’annihilation que de créer des solutions, de s’organiser et d’y faire quelque chose.

Historiquement, les activistes anti-guerre et anti-nucléaire radicaux n’avaient rien à foutre de la « politique de la respectabilité » ni de la destruction de la propriété considérée comme « violence », comparées à cette menace. Ils ont littéralement pris une massue contre la source de la violence d’état, et par là, l’ont, symboliquement et matériellement, neutralisée.

Tout comme il y a des points d’intervention dans tous les aspects de ce qu’on appelle la chaîne nucléaire (extraction d’uranium, transport, retraitement, énergie, armes et déchets), il y a des points d’intervention dans toutes les activités du complexe militaro-industriel; des entreprises qui produisent les composants électroniques pour les armes, jusqu’aux centres de recrutement de l’armée, aux transports de machines militaires par route et rail, et aux bases militaires dans tous ces territoires volés.

Alors que Michael Franti chante « nous pouvons bombarder le monde pour le réduire en éclats, mais nous ne pouvons pas le bombarder pour le réduire à la paix », peut-être que notre adaptation du refrain pourrait être « vous ne pouvez pas bombarder le monde pour le réduire en éclats si nous bousillons vos machines. »

 

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