Donald Trump clame vouloir construire un très, très grand mur le long de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. En fait, le projet existe depuis longtemps, et la construction a commencé en 1994. Elle a dû être interrompue faute de moyens – ça se compte en dizaines de milliards. En plus, il y a eu beaucoup d’opposition au Texas, non seulement de la part des Autochtones dont les communautés risquaient d’être coupées en deux, des militants des Droits de l’Homme qui soutiennent les immigrants, des organisations écolo qui s’insurgent contre les dégâts occasionnés par la construction à des sites naturels classés, mais aussi de la part d’autorités qui, sans avoir aucune sympathie pour les immigrants, préféraient une autre solution. Et le Texas est séparé du Mexique par le Rio Grande, qui ne doit pas être si facile à traverser.

Le Mur existe déjà en Californie et en Arizona, quelques morceaux ont été construits au Nouveau-Mexique et au Texas. En Californie, les premières sections construites sont identiques au Mur construit par les Israéliens en Palestine, vu qu’elles ont été confiées aux mêmes entreprises. En Arizona, la quasi-totalité de la frontière est bouclée, par une énorme barrière aux endroits les plus faciles à traverser, par des barres métalliques et des fils barbelés qui ne bloquent que les véhicules, là où il est très difficile de survivre à la traversée.

L’excellent reportage réalisé fin février 2017 par une équipe du site d’informations alternatif « Unicorn Riot », que vous pouvez voir ci-dessous sous-titré en français, donne beaucoup d’informations sur l’hostilité aux immigrants et l’explosion du racisme qui ne se cache plus, le travail très dur et très courageux de l’association « No More Deaths » [« Plus de Morts »], qui aide les immigrants perdus dans le désert de Sonora depuis plus de 10 ans, le rôle des entreprises privées qui profitent honteusement de la situation, les exactions de la Patrouille des Frontières et des milices privées fascistes, etc.

Mais le Mur divise aussi des communautés Autochtones, en particulier, en Arizona, la communauté Tohono O’odham (pour plus d’informations, voir l’article et l’interview d’Alex Soto, Tohono O’odham). Les Tohono O’odham se plaignent de subir une surveillance permanente de la part de la Patrouille des Frontières, qui a installé beaucoup de caméras de surveillance, qui sont loin d’être toutes dirigées vers le Mexique, beaucoup étant dirigées vers la Réserve Tohono O’odham, et des agents de la Patrouille des Frontières qui roulent à tombeau ouvert dans la Réserve sur des pistes difficilement praticables, et tuent régulièrement des piétons.

De plus, quand on parle de mur pour lutter contre « l’immigration illégale », il faut savoir que les états ayant une frontière commune avec le Mexique, ont été conquis par les Etats-Unis en 1846 et que la frontière actuelle a été dessinée à la règle et à la plume lors du Traité Guadalupe Hidalgo de 1848. Les Autochtones vivaient là depuis des temps immémoriaux, les autres Mexicains depuis plusieurs siècles. Ceux qui se trouvaient du côté US de la frontière de 1848 sont devenus citoyens US malgré eux, et ont été arbitrairement séparés de leurs familles et communautés qui sont du côté mexicain. Il n’est donc pas vraiment légitime de parler d’ « immigration illégale » lorsqu’il s’agit de gens arbitrairement séparés en 1848. D’ailleurs, dans ces états, les panneaux dans les rues, les messages dans les avions, etc., sont toujours bilingues, anglais et espagnol, vu qu’il y a toujours beaucoup d’hispanophones parmi les ‘citoyens américains’. Pendant longtemps, les habitants de villages coupés en deux pouvaient passer assez facilement dans l’autre partie, mais quand i a été décidé de « lutter contre l’immigration » un visa coûtant 100 dollars a été imposé, ce qui est inabordable pour les villageois. Là-bas comme partout, peut-être plus encore que partout, il ne s’agit pas de « lutte contre l’immigration », mais de colonialisme.

Vous trouverez ci-dessous le reportage de Unicorn Riot sous-titré en français, un article de Censored News publié à l’occasion de la sortie du reportage et un vidéo clip réalisé par Klee Benally pour la sortie du nouvel album du duo hip-hop engagé Shining Soul (l’un des membres est Alex Soto, Tohono O’odham), tourné sur la frontière.

Christine Prat

 

 

CRUAUTE ET HAINE : DYNAMIQUE DU MUR FONTIERE A L’ERE DE LA SUPREMATIE BLANCHE DE TRUMP

Par Brenda Norrell
Censored News
Mars 2017
Traduction Christine Prat

Unicorn Riot a produit une nouvelle vidéo de la frontière U.S. / Mexique, qui dénonce la haine et les profits à la base du mur projeté par Trump. La cruauté et la haine du gouvernement des Etats-Unis à la frontière sont maintenant amplifiées en cette ère de suprématie Blanche de Trump.

Les images disent la véritable histoire de la façon dont les Agents U.S. de la Frontière détruisent l’eau qui pourrait sauver la vie des migrants, et montrent la police de Tucson vaporisant du poivre dans les yeux des manifestants soutenant les droits des migrants.

C’est la véritable histoire qui dit comment les Etats-Unis fournissent des armes aux cartels du Mexique pour alimenter la guerre de la drogue, et sont impliqués dans le transport de la drogue.

Suivez la piste de l’argent, et la piste des riches Blancs suprématistes en Amérique. Les Etats-Unis remplissent des prisons privés de migrants pour les dollars, et y mettent des enfants de migrants en violation de la loi internationale. Regardez la vidéo d’Unicorn Riot [ci-dessus].

A Censored News, beaucoup de nos articles originaux les plus censurés au cours de la dernière décennie, venaient de la frontière. Ça inclut mentionner qu’une session du Congrès avait dénoncé le fait que des centaines d’agents de la Patrouille des Frontières et de l’ICE avaient été arrêtés pour avoir passé de la drogue, et servaient de relais aux cartels pour transporter leur marchandise à travers la frontière.

Egalement censurée, il y eu la brochure concernant les armes d’assaut fournies aux cartels, d’abord à la frontière du Texas sous le gouvernement Bush, fourniture qui continue toujours.

Récemment, l’information la plus censurée concerne le fait que le gouvernement des Etats-Unis a accordé un contrat pour la sécurité à la frontière à Elbit Systems, la compagnie Israélienne responsable de la sécurité de l’Apartheid en Palestine, sous le gouvernement Obama. Les tours de surveillance d’Elbit visent maintenant les communautés traditionnelles O’odham. Le District de Gu-Vo se bat actuellement pour protéger des sites funéraires de la construction de ces tours de surveillance américano-israéliennes.

L’article de Censored News signale également que « trois groupes de plus », devant jouer au festival ‘South to Southwest’ à Austin, ont été refoulés à la frontière. Parmi eux, un bassiste Autochtone, à qui un agent de la frontière a dit que la prochaine fois, il devrait fournir le résultat d’une analyse de sang, ce qui est interdit par la loi fédérale.

 

Vidéo réalisée par Klee Benally à la frontière pour le nouvel album du duo de hip-hop Shining Soul

 

 

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