FRONTIÈRE U.S./MEXIQUE : CE QUE NE DISENT PAS LES RAPPORTS DES U.S.A. ET DES NATIONS UNIES.

Destruction de cactus Saguaro, photo Laiken Jordahl

Par Brenda Norrell
Censored News
Avec une interview d’Ofelia Rivas
11 septembre 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Deux nouveaux rapports sont sortis : L’un est un rapport des Etats-Unis sur la destruction et la violation de lois pendant la construction du mur-frontière pendant la période Trump. Le nouveau rapport émane du Bureau de Responsabilité du Gouvernement, qui prétend être indépendant.

L’autre rapport, destiné au Conseil des Droits Humains des Nations Unies, est celui du Mécanisme d’Experts des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, sur la militarisation qui frappe les Peuples Autochtones. Le rapport final contient des témoignages et des récits de luttes forts – mais il laisse de côté certaines grandes tragédies et un témoignage venu du cœur.

Ofelia Rivas, photo Jason Jaacks

Ofelia Rivas, Tohono O’odham et fondatrice de Voix O’odham contre le Mur, a passé sa vie à la frontière, impliquée dans la lutte pour les droits humains et combattant la militarisation de la frontière.

Ofelia a réagi aux deux nouveaux rapports et parlé du meurtre de son ami d’enfance et membre de la même communauté, Raymond Mattia, tué par la Patrouille des Frontières le 18 mai 2023. Raymond a reçu neuf balles sur le seuil de sa maison, à Ali-Jegk, dans la Nation Tohono O’odham.

Ofelia dit « Le monde O’odham existe depuis des temps immémoriaux, il existait avec des frontières connues des tribus voisines. Quand ces frontières étaient violées par une agression, les O’odham réagissaient d’une manière rapide et concise de guerriers toujours prêts. »

« Aujourd’hui, notre monde est dirigé par un gouvernement étranger, corrompu et lâche. Ce gouvernement permet à des militaires des Etats-Unis armés et non contrôlés, de tuer et d’attaquer physiquement et par racisme les O’odham sur leurs terres anciennes. »

« Quand Raymond Mattia s’est conformé à leurs exigences pleines de sacrilèges, il a quand même été tué, comme on peut le voir sur les caméras de la Patrouille des Frontières. »

« On trouve des femmes jetées sur les routes de la réserve pour être écrasées par les camions de la Patrouille des Frontières. Les nombreuses routes non contrôlées et non autorisées qui traversent les terres en tous sens, sont pleines de tombes non indiquées, de victimes des forces militaires des Etats-Unis, connues sous les noms de patrouille des frontières, agents des douanes, des milices et des forces spéciales.

« Les Etats-Unis d’Amérique refusent de reconnaitre des violations des Droits Humains à l’intérieur des Etats-Unis » dit Ofelia, parlant de la réaction des Etats-Unis à son témoignage devant la Commission Interaméricaine sur les Droits Humains, en 2019, en Jamaïque.

« Alors que le monde avait suivi Standing Rock et beaucoup d’autres attaques contre des défenseurs Autochtones, les représentants officiels des Etats-Unis déclaraient à la Commission Interaméricaine sur les Droits de l’Homme « La commission n’a pas d’autorité et nous ne nous y conformerons pas » dit Ofelia.

Ofelia a aussi décrit la surveillance constante des O’odham vivant dans la Nation Tohono O’odham.

« 24 heures par jour, 7 jours par semaine, 365 jours par an, nous sommes sous surveillance – reconnaissance faciale, fichage du caractère et enregistrement de l’iris à la clinique d’ophtalmologie du Service de Santé Indien. »

Ofelia a aussi parlé de la surveillance constante par des tours d’espionnage fixes, construite par la compagnie Israélienne d’armements Elbit Systems. Ces 11 tours dans la Nation Tohono O’odham fournissent des images en direct à la Patrouille des Frontières U.S.

« Les tours d’espionnage ont envahi le territoire sans que les gens soient complètement informés de leur but. Les 23 années à venir d’informations vont effacer nos terres et notre culture. »

Le rapport du Conseil des Nations Unies sur les Droits Humains est rempli de mots volés par des universitaires.

Ofelia dit « Tous les mots viennent directement de défenseurs qui ont donné leur vie ou résistent toujours avec les vrais gens. Les gens qui ont voyagé pendant des jours pour arriver à des communautés isolées pour être sur le terrain et faire des offrandes. »

« Les cœurs ne sont pas sur le sol. Aucun prétendu Autochtone ou professeur de supercherie ou producteur de livres de communauté fermée, ni aucun voleur de mots ne peut nous prendre notre force. »

« Les parents défendent vos mots et vos propres expériences au cours de cette vie. Que les imposteurs retournent à leurs vies d’avidité emballées dans du plastique, et exploitent leur propre illusion délirante. »

Ofelia a aussi parlé les méfaits des médias sociaux.

« Tous les géants des médias sociaux vont contrôler nos pensées et nos actions, et faire d’un peuple pacifique un vide méconnaissable agressif et vulgaire dépourvu d’existence humaine » dit Ofelia.

Ofelia a décrit le racket des ONG bataillant pour obtenir des dons des Nations Unies.

« Pendant ce temps, les imposteurs d’apparence méconnaissable remplissent les halls populaires des Nations Unies et les scènes de Genève pour discuter impunément de problèmes Autochtones afin d’obtenir leur prochaine rémunération d’auteurs pour récupérer cet argent Indien » dit Ofelia à Censored News ce jour.

Ofelia expliqua comment l’argent coulait à flots, pour la militarisation de la frontière et pour les associations à but non-lucratif qui s’emparent de la lutte des gens authentiques pour leur argent non-lucratif.

« Les récents rapports sont là pour justifier leur présence continuelle et encore plus de milliards des citoyens Américains pour la frontière, pour continuer à violer et tuer des humains, avec la bénédiction du gouvernement des Etats-Unis. »

« Il y a d’autres rapports émanant d’ONG pour justifier leur revendication catégorique des mots et du travail de la base… »

Ofelia décrivit les imposteurs et les faux chefs.

« Quand des imposteurs oublient de quelle tribu ils sont d’un jour à l’autre, ce devrait être évident pour les gens authentiques. Ou peut-être quand une tribu obscure, maintenant peu commune, voit le nombre de ses membres s’accroitre, c’est évident pour les gens authentiques » dit Ofelia.

« Spécialement quand un clown, prétendant être un quelconque chef, a reçu cent mille dollars d’une ONG, pour des raisons douteuses – nous voyons le vieux principe de diviser pour conquérir, quand il s’agit du territoire et de la culture. »

« Nous, les gens authentiques, devons rester forts » dit Ofelia.

Les Nouveaux Rapports des Nations Unies et des Etats-Unis Minimisent la Violence du Gouvernement des Etats-Unis

À Censored News, nous avons écouté en direct le Mécanisme d’Experts des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones à Genève, en juillet, et publié notre série en direct, avec des témoignages qui ne sont pas inclus dans le rapport final du Conseil des Nations Unies pour les Droits Humains.

Tout comme pour le rapport sur la construction du Mur Frontière, ils minimisent la profanation, la perte et les dégâts horribles.

Le rapport sur le mur frontière ne relève pas complètement le fait que les Etats-Unis violent leurs propres lois à un rythme inquiétant.

Le rapport sur la construction du mur frontière minimise l’acte horrible d’avoir fait sauter à la dynamite des sites funéraires Tohono O’odham et Apaches à Monument Hill, en Arizona. Il fait paraitre trivial la perte de sites sacrés et d’eau, si précieuse dans le désert, et laisse de côté les graves effets de la construction du mur frontière sur des espèces menacées et protégées.

***

Voir aussi « 16ème Session du Mécanisme d’Experts sur les Droits des Peuples Autochtones », traduction française de l’article de Censored News.

Vivre Sous Surveillance, par Ofelia Rivas, O’odham
Publié par Censored News
Le 6 juin 2022
Traduction française Christine Prat, CSIA-Nitassinan

En tant que protectrice des terres, je refuse de continuer avec mon cœur écrasé sur le sol. Cette vie dure maintenant 24 heures, 7 jours et tous les 365 jours du calendrier occidental, sous la surveillance en temps réel de la vidéo de la tour d’Elbit System.

Quand je vais tôt le matin à mon jardin de graines O’odham, pendant les heures calmes, les réglages automatiques brisent le silence quand la caméra de surveillance suit mes mouvements dans ma cour.

Le dérangement suivant vient des camions de la Patrouille des Frontières qui roulent très vite sur le bitume érodé.

Un camion passe près de la clôture est de ma cour et l’autre prend une autre route pour passer par le côté sud de ma clôture.

C’est tout à fait évident – il y a aussi des détecteurs de mouvement à l’intérieur ou le long de la clôture, pour déclencher non seulement la surveillance visuelle en temps réel, mais aussi activer les détecteurs de mouvement.

L’image visuelle des terres sacrées O’odham est changée pour toujours, d’une terre pleine d’herbes naturelles, de plantes médicinales, de vie sauvage et de collines et de montagnes intactes, en un véritable carnage de l’environnement écologique humain, dans le sud-ouest du Désert de Sonora.

Cette terre a fourni depuis des milliers d’années des ressources naturelles, des plantes comestibles sauvages et du gibier, dans une région à la signification culturelle immense, et maintenant, elle est en crise. La terre est devenue stérile et érodée par des routes illégales, les sommets des collines et des montagnes ont été arrachés pour y mettre des caméras de surveillance non-autorisées, et l’habitat animal et la vie des plantes ont été détruits par l’irresponsabilité de la patrouille des frontières, lâchée sur les terres sans surveillance quand elle joue avec les jouets de guerre de son gouvernement.

Les terres sont envahies par des militaires étrangers, avec leur équipement militaire et leur idéologie de guerre, qui attaquent la terre et les gens. Maintenant, ça fait un an, sur les 25, de construction de la technologie de surveillance permanente d’Elbit, dans notre communauté, et ça s’est produit après les objections du District.

Quels fonds ont été empochés par le Conseil Gouvernant de la Nation Tohono O’odham pour approuver ce projet – les membres de notre communauté attendent encore cette information privilégiée.

Il n’y a toujours pas de réponse à notre question : « Pourquoi les Terres, les Gens et la Culture (identifiés par 3 courtes phrases) sont-ils qualifiés d’ ‘Impact sans importance’, dans l’Évaluation Environnementale et le Rapport Final. »

Qui a effectivement lu l’original en 2006 – plus de 360 pages – de la proposition sur la sécurité de la frontière, créée sous Bill Clinton, en tant que Commandant en Chef ?

La frontière internationale sépare des communautés et des familles entre deux pays, ce qui impacte les ressources en nourriture, l’héritage culturel et les modes de vie. En 1853, la frontière physique était faite de troncs de mesquites et de fil barbelé, pour que le bétail reste de son côté de la frontière.

En 2002, le gouvernement de G.W. Bush a créé le Bureau de Sécurité Intérieure. Tous les présidents des Etats-Unis, depuis 2002, ont dépensé des milliards pour sécuriser la frontière avec de la surveillance en temps réel, des caméras portables et des détecteurs, et des centaines de militaires de la patrouille des frontières.

Les militaires U.S. ont continué à violer les terres O’odham, restreindre la mobilité et violer les droits humains et O’odham des premiers habitants de ces terres.

Toute assistance, comme la fourniture de nourriture et autres produits nécessaires aux familles se trouvant dans des zones à accès réglementé ou isolées, dans les terres O’odham du sud, est limitée et met en danger les communautés O’odham traditionnelles.

Postscriptum : vendredi 2 juin 2022, à 18h53, j’ai essayé d’appeler mon frère, mais n’ai pas pu faire un appel local. À 20h27, j’ai fait savoir à la Police Nationale Tohono O’odham qu’un hélicoptère volant à basse altitude, faisait de la poussière près de la maison depuis 25 minutes.

C’est une tactique utilisée par la patrouille des frontières contre les immigrants à pied, ils les attaquent en volant en rase-motte pour produire tellement de poussière que ça immobilise les gens. J’étais assise dehors pour profiter de la soirée fraiche avec une tasse de café. J’ai remarqué l’hélicoptère aller et venir le long de la frontière. Quand je me suis levée pour mieux voir, l’hélicoptère à tout de suite volé vers ma maison, puis a tourné continuellement autour ma maison d’une seule pièce, et soulevé tant de poussière que je me suis mise à tousser tout en essayant de protéger mes yeux.

Je suis rentrée, il y avait autant de poussière à l’intérieur. Je suis sortie pour essayer de faire une vidéo, mais mon téléphone ne marchait pas.

L’hélicoptère continuait de tourner et braquait un projecteur sur moi, tout ce que j’entendais, c’était les hélices.

L’hélicoptère est reparti aussi vite qu’il était venu. Il a été demandé à la police locale de contrôler si j’allais bien, mais ils ne m’ont pas appelée et ne sont pas venus pour faire un rapport. J’ai estimé les dommages le jour suivant, je tousse toujours et le vent causé par l’hélicoptère a fait des dégâts dans mon jardin, le maïs était haut et en pleine santé, maintenant il a été soufflé par le vent et des feuilles et des épis sont cassés.

Article et photos ©Ofelia Rivas. Aucun passage ne peut être utilisé sans permission écrite. Ceci inclut l’utilisation dans des médias, des films, des livres, des dissertations ou tout autre but.

Ofelia Rivas est la fondatrice de Voix O’odham Contre le Mur et elle porte de la nourriture du côté sud de la frontière pendant la pandémie.

O’odham VOICE Against the WALL
Par Censored News
14 Septembre 2020
O’odham Solidarity Website
Traduction Christine Prat

En mai 2002, Ofelia Rivas a collecté ses propres fonds pour participer au premier et aux quatre forums consécutifs, du Forum Permanent des Nations Unies pour les Questions Autochtones à New-York, pour donner des informations sur les violations des droits humains dans les communautés O’odham le long de la frontière Etats-Unis/Mexique.

Après le 11 septembre 2001, la Patrouille des Frontières des Etats-Unis a commencé à commettre des attaques violentes persistantes contre les O’odham et imposé des restrictions aux droits des O’odham de traverser librement la frontière par les trajets O’odham traditionnels.

Après avoir épuisé diverses possibilités locales, Ofelia a fait campagne continuellement dans les médias pour que les O’odham et autres peuples traditionnels vivant des deux côtés, passent la frontière pour les cérémonies.

Il s’en est suivi un blackout total des médias par les autorités, mais Voix O’odham Contre le Mur a invité le New York Times, le Los Angeles Times, et, à l’international, le Guardian et Reuters à venir sur la petite terrasse d’Ofelia pour parler de ces questions de violations des droits humains, de restriction de la mobilité, du déplacement et des arrestations et déportation de O’odham à l’intérieur des territoires O’odham traditionnels.

Un petit groupe a protesté contre l’arrivée de plus d’agents de la patrouille des frontières et le point de contrôle illégal à la frontière est de la Nation Tohono O’odham.

Voix O’odham Contre le Mur est un petit groupe de gens traditionnels de la base. Ofelia les a représentés aux Nations Unies, mais aussi en Bolivie, au Sommet Mondial Autochtone sur le Changement Climatique, où elle a été distinguée et a fait partie d’un groupe de 7 présidents chargés d’écrire les Droits de Notre Mère la Terre, un texte présenté aux Conseil Général des Nations Unies par le Président Bolivien Evo Morales.

En 2010, Ofelia a participé à la Conférence des Nations Unies sur le Changement Climatique, à Cancun, au Mexique, où les Etats-Unis ont empêché tous les observateurs inscrits d’assister à toute la session.

Après Standing Rock, Ofelia a été déléguée à la Session Générale de la Commission Mondiale sur les Droits Humains, en Jamaïque, pour présenter les impacts de la militarisation dans les territoires des communautés Autochtones, et les attaques comme celles contre les terres O’odham et le rassemblement de prières pacifique à Standing Rock.

Plus récemment, il y a des projets de soutien continu aux O’odham vivant le long de la frontière U.S./Mexique, comme des livraisons de nourriture vitales et des voyages pour remettre des documents aux gouvernements locaux, pour les informer de la maltraitance et des intrusions continuelles dans les communautés, et des attaques dangereuses contre les O’odham.

Ofelia n’est soutenue que part des amis et soutiens de longue date. Voix O’odham Contre le Mur et le Collectif de Femmes O’odham soutiennent la livraison annuelle de jouets. Ces organisations sont à but non-lucratif. Tous les dons sont gérés et utilisés uniquement au profit des O’odham.

Dans cet article, nous témoignons du travail local et international d’Ofelia Rivas, fondatrice de Voix O’odham Contre le Mur.

En ces temps critiques de pandémie et de dangereux conflit à propos d’activités illégales à la frontière, de nombreuses organisations ont commencé à imiter notre travail de si longtemps et à créer des sites de collecte de fonds sur internet. Ces nouvelles organisations ne travaillent pas avec ou en association avec les habitants locaux ni avec les gens vivant dans les territoires O’odham touchés.

Nous vous demandons de faire les dons que vous pouvez pour soutenir notre travail. Nous sommes dans le besoin. Cette année nous avons dépensé 800 dollars pour acheter de la nourriture et payer le carburant pour aider les gens des deux côtés de la frontière. Nous avons aussi dépensé 600 dollars pour la réparation de véhicules pour pouvoir continuer notre travail. Nous apprécions sincèrement et à l’avance tout soutien.

La VOIX O’odham Contre le MUR protégera toujours ses Anciens et tous les membres de la communauté contre l’exploitation et la coercition.

photo Jason Jaaks

En lire plus, en français sur ce site, en anglais sur le site d’Ofelia où vous pouvez aussi faire des dons.

Photo Ofelia Rivas

Article et photos Ofelia Rivas, Tohono O’odham
Spécial Censored News
Publié le 30 avril 2020
Traduction Christine Prat

Ofelia Rivas et sa famille s’efforcent de faire parvenir de la nourriture à leurs familles du côté mexicain de la frontière, dont ils sont maintenant séparés par le Mur…

“A cause d’une barrière illégale, nous avons dû faire passer l’aide à pied”

C’est en quelque sorte difficile de commencer cette histoire, nous ne sommes pas des guerriers de Facebook. Nous suivons seulement la voie de nos ancêtres, nous aidons toute personne et nous partageons ce que nous avons. Les frontières politiques Internationales ne nous arrêtent pas.

Les décennies de négligence des communautés O’odham côté sud de cette frontière sont une honte. L’ensemble des O’odham a perdu d’immenses territoires importants culturellement, et absolument vitaux pour les vies de tous les O’odham.

Des générations de jeunes O’odham n’ont jamais mis les pieds sur les plages, ni grimpé sur les montagnes pour cueillir de la nourriture et des plantes médicinales, ils ne connaissent même pas les noms de ces endroits.

Chemin vers le sud, dans le territoire O’odham qu’ils appellent Sonora, au Mexique

Les institutions qui montrent des cartes des terres O’odham s’arrêtent abruptement à cette frontière politique. Le système politique crée des documents supposés guider et faire autorité, comme la Constitution Tohono O’odham qui affirme implicitement que tous les O’odham sont unis, que la culture O’odham est protégée, comme tous les documents de ce genre, qui ne sont que des mots écrits et souvent répétés méthodiquement, sans aucun lien ou compréhension.

Dans ces temps féconds pour les entreprises qui jouent à la roulette, les terres du sud ne sont qu’un inconvénient pour les politiciens qui doivent écrire quelques mots et obtenir un budget pour aller au Mexique tous frais payés.

Pendant ce temps, les O’odham vivent sans eau vraiment potable et sans électricité, et très souvent sans nourriture.

Nous ne travaillons qu’avec des dons.
« Nous n’avons pas de comptes Go Fund Me et nous ne sommes pas un club à-but-non-lucratif. La compassion est une grande vertu O’odham. »
Vous pouvez donner par PayPal au Projet de Solidarité O’odham, sur le site « O’odham VOICE Against the Wall » :
http://tiamatpublication.com/
Écrire à Ofelia Rivas : PO. Box 1835, Sells, Arizona 85634
Email : 4oodhamrights@gmail.com

©Ofelia Rivas, Censored News. Ni l’article ni les photos ne peuvent être utilisés sans permission.

LES FEMMES AUTOCHTONES REVENUES DE JAMAIQUE HARCELEES PAR LA SECURITE US À LEUR RETOUR

Par Brenda Norrell
Censored News
12 mai 2019
Traduction Christine Prat

Interview d’Ofelia Rivas par Govinda Dalton, en anglais et O’odham, pas de sous-titres

TUCSON, Arizona – La militarisation de Standing Rock ne diffère pas de celle qui règne à la frontière sud, sur le territoire de la Nation Tohono O’odham.

“Ils veulent essayer de nous traiter comme si nous n’étions pas des êtres humains”, dit Ofelia Rivas, Tohono O’odham, dimanche après-midi [12 mai 2019].

Ofelia, qui rentrait d’une audience de la Commission Interaméricaine sur les Droits de l’Homme en Jamaïque, a raconté comment elle avait été harcelée et victime de profilage en rentrant aux Etats-Unis.

Après l’audience en Jamaïque, vendredi, Ofelia a été repérée et retardée pendant deux jours, après que l’indication “SSSS” ait été imprimée sur ses cartes d’embarquement. Ayant subi des fouilles constantes, des retards et du harcèlement à Miami et à Dallas, Ofelia dit que c’était la même méthode de profilage, de ciblage et de traitement inadmissible à laquelle elle-même et d’autres O’odham sont soumis quotidiennement à la frontière US/Mexique, dans leur propre territoire.

Cet acharnement à fait, qu’elle et d’autres femmes Autochtones ayant témoigné en Jamaïque, ont manqué leur vol.

Le voyage de Miami en Arizona, qui ne devrait prendre que quelques heures en avion, a duré deux jours.

Le billet d’avion d’Ofelia avait été marqué “SSSS”, une tactique du gouvernement américain en train de devenir courante pour les militants des droits de l’homme Autochtones.

Après Tucson, Ofelia doit encore traverser plusieurs points de contrôle. Ça entraîne souvent des retards supplémentaires, surtout pour Ofelia Rivas et d’autres qui parlent O’odham. Ils sont souvent retenus pour une vérification supplémentaire par les agents de la Patrouille des Frontières U.S.

Dans une interview de Govinda Dalton, de Earthcycles, dimanche après-midi, Ofelia Rivas a parlé de 500 ans de pratiques génocidaires, qui continuent jusqu’à aujourd’hui. Ofelia dit que la Patrouille des Frontière, qui relève de la Sécurité Intérieure, essayait d’opprimer les gens.

A l’audience sur les Droits de l’Homme, en Jamaïque, Ofelia Rivas dit que son intention était de décrire la militarisation et la tentative de déshumaniser les gens, menée par le gouvernement des Etats-Unis.

Ofelia Rivas faisait partie d’une délégation de femmes Autochtones qui témoignaient sur la criminalisation des Autochtones.

Jeudi, Michelle Cook, Diné, Leoyla Cowboy, Diné, et Casey Camp Horinek, Ponca, ont témoigné en Jamaïque. Elles ont parlé des violations commises par la police à Standing Rock, et de tous ceux qui maintenant souffrent encore parce qu’ils protègent l’eau.

“Ce que j’ai souligné là-bas, c’était l’état d’esprit du gouvernement des Etats-Unis,” dit Ofelia Rivas, parlant du racisme contre les gens de couleur aux Etats-Unis. “Nous sommes sous surveillance en permanence.”

“Cette politique inhumaine signifie que nous ne sommes pas traités comme égaux en tant qu’êtres humains.”

Ofelia Rivas dit que “des militaires lourdement armés interrogent nos Anciens”, qui ne parlent ni Anglais ni Espagnol. Ils parlent O’odham.

Les nouvelles tours de surveillance ont été approuvées par la Nation Tohono O’odham [id. conseil tribal], dit Ofelia.

La compagnie, Elbit Systems, d’Israël, est la même compagnie qui opprime le peuple de Palestine.

Ofelia Rivas dit que le ciblage et les retards pour rentrer chez soi étaient le type de harcèlement que les Palestiniens et les Autochtones subissent partout dans le monde.

“J’ai dû subir ça pendant deux jours, pour essayer de rentrer chez moi, et je n’y suis pas encore.”

“Nous avons survécu depuis 500 ans à ce type d’attaques contre nos vies.”

“Nous survivrons à ces attaques-ci aussi.”

“J’ai l’impression que ce qui s’est passé à Standing Rock a ouvert les yeux du monde sur la politique génocidaire des Etats-Unis, dans le pays qu’ils appellent le plus grand pays du monde.”

“Seulement, ça ne s’applique pas à certaines personnes, et certainement pas à moi.”

Cette attitude flagrante des Etats-Unis à l’égard des Droits des Peuples Autochtones était évidente à l’audience, où les Etats-Unis ont manqué de respect envers les membres de la Commission.

Ofelia Rivas souligna que pendant l’audience, la délégation de l’Ambassade des Etats-Unis et du Département d’Etat [Affaires Etrangères], avait dit à la Commission qu’elle était “incompétente” et que les Etats-Unis n’avaient pas à se soumettre à ces lois – des lois qui gouvernent le monde, dit Ofelia Rivas.

“J’espère pouvoir parler au nom de tous les animaux et plantes, et des gens qui ne peuvent pas se faire entendre.”

Ofelia Rivas dit que les grandes compagnies remplissaient certaines poches et impactaient tous les aspects de notre vie.

Quand la Nation Tohono O’odham a approuvé les tours de surveillance, (connues comme tours d’espionnage), ils n’ont pas pensé aux conséquences pour le monde naturel, dit-elle.

Ils n’ont pas pensé aux abeilles, qui pollinisent les plantes, ni aux générations futures, dit-elle.

Malgré les tentatives des Etats-Unis de convaincre les gens que des terroristes pourraient entrer par la frontière sud, Ofelia dit que des enquêtes ont prouvé le contraire. “Nous ne croyons pas en ces foutaises.”

A l’audience en Jamaïque, le Mexique a parlé des femmes et des enfants Autochtones disparus. Elle dit que ça arrive aux femmes et enfants Autochtones partout dans le monde. (Dans l’interview de Govinda Dalton, elle parle des femmes disparues ou assassinées aux Etats-Unis et au Canada).