LES FEMMES AUTOCHTONES REVENUES DE JAMAIQUE HARCELEES PAR LA SECURITE US À LEUR RETOUR

Par Brenda Norrell
Censored News
12 mai 2019
Traduction Christine Prat

Interview d’Ofelia Rivas par Govinda Dalton, en anglais et O’odham, pas de sous-titres

TUCSON, Arizona – La militarisation de Standing Rock ne diffère pas de celle qui règne à la frontière sud, sur le territoire de la Nation Tohono O’odham.

“Ils veulent essayer de nous traiter comme si nous n’étions pas des êtres humains”, dit Ofelia Rivas, Tohono O’odham, dimanche après-midi [12 mai 2019].

Ofelia, qui rentrait d’une audience de la Commission Interaméricaine sur les Droits de l’Homme en Jamaïque, a raconté comment elle avait été harcelée et victime de profilage en rentrant aux Etats-Unis.

Après l’audience en Jamaïque, vendredi, Ofelia a été repérée et retardée pendant deux jours, après que l’indication “SSSS” ait été imprimée sur ses cartes d’embarquement. Ayant subi des fouilles constantes, des retards et du harcèlement à Miami et à Dallas, Ofelia dit que c’était la même méthode de profilage, de ciblage et de traitement inadmissible à laquelle elle-même et d’autres O’odham sont soumis quotidiennement à la frontière US/Mexique, dans leur propre territoire.

Cet acharnement à fait, qu’elle et d’autres femmes Autochtones ayant témoigné en Jamaïque, ont manqué leur vol.

Le voyage de Miami en Arizona, qui ne devrait prendre que quelques heures en avion, a duré deux jours.

Le billet d’avion d’Ofelia avait été marqué “SSSS”, une tactique du gouvernement américain en train de devenir courante pour les militants des droits de l’homme Autochtones.

Après Tucson, Ofelia doit encore traverser plusieurs points de contrôle. Ça entraîne souvent des retards supplémentaires, surtout pour Ofelia Rivas et d’autres qui parlent O’odham. Ils sont souvent retenus pour une vérification supplémentaire par les agents de la Patrouille des Frontières U.S.

Dans une interview de Govinda Dalton, de Earthcycles, dimanche après-midi, Ofelia Rivas a parlé de 500 ans de pratiques génocidaires, qui continuent jusqu’à aujourd’hui. Ofelia dit que la Patrouille des Frontière, qui relève de la Sécurité Intérieure, essayait d’opprimer les gens.

A l’audience sur les Droits de l’Homme, en Jamaïque, Ofelia Rivas dit que son intention était de décrire la militarisation et la tentative de déshumaniser les gens, menée par le gouvernement des Etats-Unis.

Ofelia Rivas faisait partie d’une délégation de femmes Autochtones qui témoignaient sur la criminalisation des Autochtones.

Jeudi, Michelle Cook, Diné, Leoyla Cowboy, Diné, et Casey Camp Horinek, Ponca, ont témoigné en Jamaïque. Elles ont parlé des violations commises par la police à Standing Rock, et de tous ceux qui maintenant souffrent encore parce qu’ils protègent l’eau.

“Ce que j’ai souligné là-bas, c’était l’état d’esprit du gouvernement des Etats-Unis,” dit Ofelia Rivas, parlant du racisme contre les gens de couleur aux Etats-Unis. “Nous sommes sous surveillance en permanence.”

“Cette politique inhumaine signifie que nous ne sommes pas traités comme égaux en tant qu’êtres humains.”

Ofelia Rivas dit que “des militaires lourdement armés interrogent nos Anciens”, qui ne parlent ni Anglais ni Espagnol. Ils parlent O’odham.

Les nouvelles tours de surveillance ont été approuvées par la Nation Tohono O’odham [id. conseil tribal], dit Ofelia.

La compagnie, Elbit Systems, d’Israël, est la même compagnie qui opprime le peuple de Palestine.

Ofelia Rivas dit que le ciblage et les retards pour rentrer chez soi étaient le type de harcèlement que les Palestiniens et les Autochtones subissent partout dans le monde.

“J’ai dû subir ça pendant deux jours, pour essayer de rentrer chez moi, et je n’y suis pas encore.”

“Nous avons survécu depuis 500 ans à ce type d’attaques contre nos vies.”

“Nous survivrons à ces attaques-ci aussi.”

“J’ai l’impression que ce qui s’est passé à Standing Rock a ouvert les yeux du monde sur la politique génocidaire des Etats-Unis, dans le pays qu’ils appellent le plus grand pays du monde.”

“Seulement, ça ne s’applique pas à certaines personnes, et certainement pas à moi.”

Cette attitude flagrante des Etats-Unis à l’égard des Droits des Peuples Autochtones était évidente à l’audience, où les Etats-Unis ont manqué de respect envers les membres de la Commission.

Ofelia Rivas souligna que pendant l’audience, la délégation de l’Ambassade des Etats-Unis et du Département d’Etat [Affaires Etrangères], avait dit à la Commission qu’elle était “incompétente” et que les Etats-Unis n’avaient pas à se soumettre à ces lois – des lois qui gouvernent le monde, dit Ofelia Rivas.

“J’espère pouvoir parler au nom de tous les animaux et plantes, et des gens qui ne peuvent pas se faire entendre.”

Ofelia Rivas dit que les grandes compagnies remplissaient certaines poches et impactaient tous les aspects de notre vie.

Quand la Nation Tohono O’odham a approuvé les tours de surveillance, (connues comme tours d’espionnage), ils n’ont pas pensé aux conséquences pour le monde naturel, dit-elle.

Ils n’ont pas pensé aux abeilles, qui pollinisent les plantes, ni aux générations futures, dit-elle.

Malgré les tentatives des Etats-Unis de convaincre les gens que des terroristes pourraient entrer par la frontière sud, Ofelia dit que des enquêtes ont prouvé le contraire. “Nous ne croyons pas en ces foutaises.”

A l’audience en Jamaïque, le Mexique a parlé des femmes et des enfants Autochtones disparus. Elle dit que ça arrive aux femmes et enfants Autochtones partout dans le monde. (Dans l’interview de Govinda Dalton, elle parle des femmes disparues ou assassinées aux Etats-Unis et au Canada).