Par Chili Yazzie
Diné de Shiprock, Nouveau-Mexique
Présenté au Sommet des Nations Unies sur le Climat, COP27
Le 10 novembre 2022, en Egypte
Publié sur Censored News
Le 20 novembre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

En tant que peuple Autochtone, nous sommes restés sur les terres dont nous sommes originaires ; restant connectés intrinsèquement à nos terres. La Perspective Autochtone, parlant de la terre, de l’eau, de toute la nature, est une compréhension, une conscience innée, un acte d’honorer cette réalité sacrée que la Terre Mère est une entité spirituelle vivante, au-delà de sa nature physique. Cette reconnaissance demande le respect pour assurer la continuité de la vie ; notre respect Autochtone, par la prière, le chant et la cérémonie est constant.

Cette compréhension fait intégralement partie de l’ordre naturel. Une erreur de la pensée Occidentale est de tenter de séparer le physique du spirituel, ce qui conduit à mettre la matérialité au-dessus de la spiritualité, à la marchandisation de la terre et à l’acquisition brutale de richesses. Pour qu’il y ait de la vie, il ne peut pas y avoir de séparation, de distinction ou de frontière entre les paradigmes physiques et spirituels. Seulement dans la mort, il y a une séparation.

Nous avons vécu des voies divergentes. La façon dont nous vivons aujourd’hui reflète les parcours de nos vies, les histoires que nous avons faites racontent notre adhésion ou les déviations des Instructions d’Origine. Les Peuples Autochtones sont restés fidèles aux Enseignements d’Origine.

Nous, en tant qu’Autochtones, savons que nous sommes les enfants de notre Mère la Terre. Nous avons la formidable responsabilité de prendre soin d’elle, qui prend indéfectiblement et tendrement soin de chaque moment de nos vies. Nous lui appartenons, elle nous appartient, comme une mère et un enfant s’appartiennent mutuellement. Nous la comprenons et elle nous comprend. Sa vie est notre vie.

Ces Enseignements d’Origine nous disent comment nous devrions vivre pour être heureux, comment nous traiter les uns les autres et la Terre Mère. Les Enseignements d’Origine ont été fournis, avec les quatre couleurs de l’humanité, lors des différents temps de la création. Les quatre couleurs des gens émanent d’une source de vie, nous avons une mère, un père – notre Mère la Terre et notre Père le Créateur. Nous sommes tous vraiment frères et sœurs.

Notre déclaration est que les gouvernements du monde, les grandes compagnies et ceux qui souscrivent à la science et la technologie moderne, ne prennent pas en considération toutes les perspectives, y compris la Perspective Autochtone. Ainsi, ils sont désavantagés parce que leur processus de pensée est incomplet, ils sont en conflit avec les Instructions d’Origine par leur mépris du Savoir Autochtone. Car il y a une véritable opportunité de sauver l’humanité, et notre planète ; la sagesse des peuples Autochtones doit être reconnue et honorée. Nous avons vraiment des réponses et des solutions. Vous devez nous entendre.

Certains de nos anciens, de nos hommes et femmes médecine, disent qu’il est trop tard, mais pour nos petits-enfants nous continuons à souffler sur les braises de l’espoir. Nous ne cesserons jamais de combattre pour protéger Notre Mère la Terre, nous ne cesserons jamais de défendre le futur de nos petits-enfants.



Christine Prat, CSIA-Nitassinan
13 novembre 2022
Photos Max Wilbert

Les photos de la région de Thacker Pass sont de ©Max Wilbert et sont utilisées avec sa permission. Utilisation commerciale interdite, diffusion du message fortement encouragée.

Les médias publics français ne parlent que rarement des Autochtones d’Amérique du Nord, et toujours au passé : ils ont été exterminés, c’est triste mais on n’y peut rien. Lorsqu’ils doivent parler des plus de 1000 tests de bombes atomiques dans le Nevada, ils précisent que c’est dans un désert inhabité ! À seulement quelques dizaines de kilomètres de la région la plus peuplée du Nevada… Evidemment, ils ne parlent jamais du projet de site d’enfouissement profond de déchets hautement radioactifs, au même endroit, ça rappelle trop Bure. Même chose pour le projet de mine de lithium à Thacker Pass, dans le nord du Nevada, la France veut en creuser dans le Massif Central.

Hélas, j’ai remarqué que même les Français qui s’intéressent aux Autochtones d’Amérique du Nord, s’intéressaient beaucoup moins aux menaces de mines de lithium qu’aux autres problèmes. Croient-ils ce que dit France-Culture ? Ou comptent-ils déjà acquérir un véhicule électrique et préfèrent ne pas savoir que ça pollue autant que les voitures à essence ?

Les mines de lithium polluent et détruisent l’environnement. Le lithium est en soi toxique, et l’extraction de quelque minerai que ce soit se fait en utilisant des produits dangereux. L’extraction du lithium et le traitement du minerai exigent l’utilisation de milliards de litres d’eau – dont une partie reste polluée pour au moins 300 ans – et ça laissera un tas de déchets gigantesque, selon un article du New York Times de 2021. Le fonctionnement de la mine devrait brûler plus de 98000 litres de diesel par jour. Ça exige aussi la construction de routes pour le transport, l’utilisation de camions au diesel, etc. C’est autant de territoire détruit pour une faune et une flore rares et menacées. L’article du New York Times dit : « Les voitures électriques et l’énergie renouvelable pourraient ne pas être aussi vertes qu’elles paraissent. La production de matériaux comme le lithium, le cobalt et le nickel, qui sont essentiels pour ces technologies, est souvent désastreuse pour le sol, l’eau, la vie sauvage et les gens. »

Thacker Pass est un site sacré et historique pour les Paiutes de la région, en 1865 la Cavalerie y a commis un massacre. Les compagnies explorent la région depuis 2007 et maintenant, l’autorisation du projet est accélérée. Les habitants n’ont pas été consultés convenablement. Des Autochtones, des groupes écologistes et un rancher de la région sont allés en justice. Ils ont besoin de soutien. Faire connaître le problème au maximum est déjà un moyen de pression. Pour plus de détails sur Thacker Pass et les mines de lithium, voir l’article de Max Wilbert, écologiste, auteur et photographe, traduit en français sur ce site.

Cartes des régions citées:

 



BIG WIND, ARAPAHO DU NORD, INTERROMPT LE DISCOURS DE BIDEN À LA COP27, POUR DIRE QU’IL NE RESTE PLUS DE TEMPS POUR DE FAUSSES SOLUTIONS

Par Censored News
D’après le Guardian
11 novembre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Ce jour, le discours de Biden a été interrompu, avant que la sécurité arrive, l’Egypte interdisant les protestations dans la Zone Bleue de la COP27.

Nina Lakhani dans le Guardian : Des manifestants interrompent le discours du Président des Etats-Unis :

« Quatre manifestants portant une banderole disant ‘les gens contre les carburants fossiles’ ont interrompu le discours de Joe Biden, Président des Etats-Unis, à la COP27.

« Les manifestants étaient des jeunes et des Autochtones des Etats-Unis, et ils appelaient Biden à arrêter de pousser à l’extraction des carburants fossiles. Ils ont parlé avec le Guardian, peu après avoir été escortés par la sécurité hors de la salle de réunion plénière.

« Le Président, les membres du Congrès et le Département d’Etat viennent à ce forum international sur le changement climatique pour proposer de fausses solutions, qui ne permettrons pas de le limiter à 1,5°C » dit Big Wind, 29 ans, membre de la Tribu Arapaho du Nord, dans le Wyoming.

« Nous devons accélérer la transition, mais ça ne risque pas d’arriver en étant partenaires de grands pollueurs comme Amazon et Pepsi Cola, et nous devons le faire savoir » dit-il, se référant à une annonce du début de la semaine, faite par l’envoyé des Etats-Unis pour le climat, John Kerry, le Fond Bezos pour la Terre, PepsiCo et d’autres sur des projets de créer un accélérateur de transition énergétique.

Biden s’est référé aux peuples Autochtones dans son discours, mais il n’a pas usé de son pouvoir pour les soutenir directement par un accès aux fonds nécessaires aux communautés pour s’adapter à la crise climatique, dit Big Wind.

Lire l’article du Guardian (en anglais)



Par Max Wilbert
Protect Thacker Pass
12 octobre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Photos et article Max Wilbert, utilisés avec autorisation

À Thacker Pass, la « Sécurité Nationale » est utilisée abusivement pour couvrir des horreurs

J’étais encore un gamin quand les invasions de l’Iraq et de l’Afghanistan ont commencé, mais je comprenais ce qui se passait. Des grandes entreprises se faisaient de l’argent par tous les moyens possibles : vendre des haricots, des balles et des pansements, signer des contrats lucratifs pour la construction de nouvelles bases militaires, remplacer les employés du service publique par des contractants privés, d’unités de combat à l’hôpital des vétérans, et capitaliser sur les occasions de gains énormes dans la reconstruction et le pétrole.

Maintenant, en tant qu’écologiste militant et auteur, j’applique la même logique à la crise climatique.
Il y a des parallèles surprenants entre la « guerre au terrorisme » en Iraq et en Afghanistan et le changement climatique. Ils se caractérisent par la peur du public, des risques existentiels, des luttes de pouvoir géopolitiques, des manipulations de l’opinion publique, et d’énormes sommes d’argent.

Tandis que le réchauffement s’intensifie, des milliers de milliards de dollars en subventions gouvernementales et en dépenses du consommateur se déversent sur les fabricants de « technologie verte ». Les constructeurs d’automobiles, de Ford à Volkswagen, ont annoncé leurs projets d’arrêter de fabriquer des voitures à essence ou diesel, et de ne plus produire que des véhicules électriques. Et comme des sources intermittentes comme l’éolien et le solaire sont ajoutées aux réseaux d’électricité, les services publiques investissent dans des banques de batteries grandes comme des entrepôts pour stabiliser la fourniture de courant.

Tout cela conduit à une demande vertigineuse de matières premières comme le lithium, le graphite, le cobalt, le nickel et les métaux rares. L’Agence Internationale de l’Energie, par exemple, estime que la demande de lithium va augmenter de 4200% au cours des 20 prochaines années. Les prix du lithium ont quintuplé rien que dans l’année écoulée, étant donné que la demande dépasse très largement l’offre. Et cette demande croissante pousse les compagnies minières à explorer et développer des nouvelles mines partout dans le monde.

Le Nevada est une zone sensible, où il y a actuellement 17 375 concessions minières pour du lithium et environ 50 projets de mines en développement. Le plus grand est à Thacker Pass, situé au nord de l’état. Mais c’est là qu’il y a conflit : à part une riche source de lithium, Thacker Pass est aussi l’habitat d’une importante biodiversité, hébergeant des espèces rares, et est culturellement important comme site de deux massacres de Paiute du Nord et de Shoshone de l’Ouest.

Je me bats contre l’industrie des carburants fossiles et je fais des reportages des lignes de front du chaos climatique depuis des décennies, et pour moi il est clair que nous devons arrêter immédiatement de brûler des carburants fossiles. Cependant, je mets en doute l’idée que la technologie est la solution. Sur au moins un plan important, la « technologie verte » ne diffère pas des carburants fossiles : c’est le monde naturel qui fait les frais de son extraction et de son développement.

L’importance environnementale et culturelle de Thacker Pass, et les questions sur l’efficacité du lithium comme panacée contre la crise climatique, ont catalysé un sérieux mouvement de résistance pour « Protéger Thacker Pass », mouvement fait de manifestations, de batailles sur les règlements, d’une occupation du site prévu pour la mine pendant un an, et de poursuites en justice.

Devant un tribunal fédéral, contre deux Tribus Indiennes, quatre groupes écologistes et un rancher local, qui sont allés en justice pour empêcher l’ouverture de la mine de lithium de Thacker Pass, l’avocat de la Lithium Nevada Corporation a récemment écrit que « Le projet [à Thacker Pass] est important […] pour assurer que les Etats-Unis ne dépendent pas de sources étrangères pour des matières premières cruciales ceci étant une question de sécurité nationale. »

Je ne marche pas.

Peut-être parce que je suis assez vieux pour me souvenir d’un monde d’avant l’invasion des téléphones portables, mais pour moi il est évident que le lithium n’est pas plus « crucial » que Hummers ou TikTok. Ce qui est vraiment crucial sont les besoins de base : la nourriture, l’eau, un abri, de l’air pur, et une planète vivante.
Quand les avocats de Lithium Nevada et le gouvernement des Etats-Unis affirment que le lithium est une « matière première cruciale » et que faire exploser une face de montagne, détruire l’habitat de la vie sauvage et des sites sacrés Amérindiens, et polluer plus de 18 millions de litres d’eau par jour, n’est pas important parce qu’ouvrir une mine de lithium est « une question de sécurité nationale » qui pourrait « avoir des conséquences importantes pour l’économie, » j’appelle ça de la merde.

Leur logique, selon laquelle nous devons « concurrencer » d’autres nations sur la scène mondiale pour établir notre domination, est une triste relique de l’héritage colonial impérialiste de ce pays.
En février 1948, George Kennan – chef du Département d’Etat pour le Planning Politique, et l’une des personnes les plus influentes du gouvernement – écrivit un extraordinaire rapport Top-Secret, qui ne devait être déclassifié qu’au bout de 26 ans. « [Les Etats-Unis possèdent] environ 50% de la richesse du monde, mais seulement 6,3% de sa population, » écrivait Kennan dans le mémorandum PPS23. « Notre véritable tâche est de créer un schéma de relations qui nous permettra de maintenir cette position de disparité sans détriment pour notre sécurité nationale. »
Ceci, peut-être plus qu’aucune autre citation, révèle crument les buts de l’appareil de sécurité nationale : pas de protéger des vies, mais de « maintenir cette position de disparité. »
Kennan poursuivait : « Pour ce faire, nous devrons nous dispenser de toute sentimentalité et de rêverie ; et notre attention devra être concentrée partout sur nos objectifs nationaux immédiats. Nous ne devons pas nous faire d’illusions, nous ne pouvons pas nous permettre le luxe de l’altruisme et de la bienfaisance mondiale. »

Aujourd’hui, les matières premières sont le nouvel or blanc, et un « Partenariat pour la Sécurité des Matières Premières » a été formé entre les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, la France, l’Allemagne, le Japon, la République de Corée, la Suède, le Royaume-Uni et la Commission Européenne. Reuters appelle ça un « OTAN Métallique » – bien vu, si on considère qu’une guerre contre le territoire et la guerre moderne sont impossibles sans l’extractivisme. Le Président Biden l’a reconnu en mars dernier, quand il a amendé la Loi de Production pour la Défense, une loi du temps de la Guerre Froide, pour autoriser la Défense à promouvoir l’extractivisme domestique.

De gros profits, tandis que le pays est détruit. C’est de cette soi-disant sécurité nationale que parle Lithium Nevada. Ça n’a rien de nouveau. Les riches et les puissants abusent depuis longtemps de la notion de sécurité nationale pour déguiser leurs buts égoïstes.
Par exemple, considérez les attentats du 11 septembre contre le World Trade Center, qui a conduit aux guerres en Afghanistan et en Iraq mentionnées plus haut, 900 000 morts, surveillance de masse illégale, extraditions extraordinaires [vers d’autres pays où les droits humains comptent moins – NdT], « interrogatoires poussés », et 8000 milliards de dollars de coûts – dont beaucoup sont allés à des compagnies comme Halliburton (dont le Vice-Président Dick Cheney avait été le PDG avant d’entrer au gouvernement).
Ou pensez à la guerre du Vietnam, où une décennie de bataille a résulté en des millions de morts Vietnamiens, 300000 morts des Etats-Unis et des troupe alliées, un pays entier empoisonné par l’Agent Orange, et des profits spectaculaires pour des firmes « de Défense » comme KBR, Boeing et Dow Chemical.

On peut même remonter plus loin, aux guerres de colonisation, quand les militaires des Etats-Unis ont commis des massacres, de Sand Creek aux Swamp Cedars, au service de la « Destinée Manifeste », puis ont pris possession de terres précieuses pour l’agriculture, les mines, l’exploitation forestière et les villes.
La militante et écrivaine Paiute du Nord, Sarah Winnemucca, avait écrit, dans son livre de 1884 ‘Vie Au Milieu des Paiutes : les Torts et Réclamations’, que les profits de guerre et l’avidité étaient les principaux moteurs de la Guerre du Serpent, la guerre Indienne la plus sanglante de l’Ouest et contexte du Massacre de Thacker Pass, le 12 septembre 1865, devenu un point central dans les protestations contre la mine de lithium.
« [Durant l’été 1865] des soldats ont été envoyés de Californie, » écrivait S. Winnemucca, « et de très nombreuses compagnies sont arrivées. Ils poursuivaient mon peuple dans tout le Nevada. Des histoires ont été fabriquées partout dans le pays par les colons blancs, disant que les diables rouges tuaient leur bétail, et grâce à ce mensonge des colons blancs, la piste marquée du sang de mon peuple a commencé, de colline en colline, de vallée en vallée. Les soldats ont poursuivi mon peuple de cette manière pendant un an, et les Paiutes de Queen’s River ont été amenés au Fort Churchill, dans le Nevada, et durant cette campagne le pauvre Général [sic] McDermitt a été tué. Ces histoires n’ont été fabriquées par les colons blancs que pour pouvoir vendre leur grain dont ils ne pouvaient pas se débarrasser autrement. La seule façon pour les éleveurs et les fermiers de faire de l’argent était de provoquer une guerre Indienne, pour que les troupes puissent venir et acheter leur bœuf, leur bétail, leurs chevaux et leur grain. »

Est-ce vraiment différent maintenant, avec les milliards de dollars en jeu à Thacker Pass ? Ce qui est la sécurité nationale pour un peuple est un génocide pour un autre – et un écocide pour le territoire.
Ce qui a changé depuis 1865, c’est que les problèmes sont plus profondément enracinés. Avec l’escalade technologique, les profiteurs de guerre sont devenus des adjoints permanents du gouvernement, avec un personnel tournant entre les emplois privés grassement payés et des rôles au gouvernement, ce qu’on appelle une « porte pivotante. » Dans la plupart des pays, on appelle ça de la corruption.

[…]

Avec l’influence des Etats-Unis qui s’érode dans le monde et les fournitures de lithium qui dépendent de la Chine, la richesse et la puissance de ce pays est vraiment en jeu. Pour alimenter cette richesse, la mine de Thacker Pass est enfoncée de force malgré une opposition déterminée.

Sur le plan technique, la transition vers des véhicules électriques posera des défis extrêmes. Ça exigera une énorme expansion des centrales électriques et des réseaux de transmission. Il pourrait même ne pas y avoir assez de lithium accessible économiquement dans le monde entier pour fabriquer des batteries remplaçant les 1,5 milliards de voitures du monde. Et certaines analyses montrent que les véhicules électriques ne réduiront les émissions que d’environ 6% – mieux que rien, mais ce ne sera pas une bonne utilisation de l’énergie et des ressources, et bien loin de la suppression de 100% des émissions que des scientifiques disent nécessaires pour éviter un réchauffement catastrophique.
Les véhicules électriques sont une fantaisie. Ils permettent aux gens de croire que la culture de l’automobile – en fait la civilisation industrielle – peut être rendue durable avec de simples changements techniques. C’est un mensonge. Nous ne pouvons pas nous contenter d’échanger ce qu’il y a sous le capot de nos voitures et espérer atteindre une situation durable. En ce sens, se fixer sur les véhicules électriques est dangereux parce que ça cache la véritable étendue des changements nécessaires. Stopper et inverser le réchauffement climatique demandera des changements de notre société beaucoup plus importants et radicaux.
Récemment, on m’a dit que je « délirais » parce que je dis ce que la plupart des gens savent mais sont trop polis pour le dire : les automobiles ne sont pas écologiques, et si nous voulons une vie saine et durable, nous n’aurons pas d’automobiles. Le fait qu’une vérité soit dérangeante et inacceptable politiquement pour certains, ne la rend pas moins vraie. On ne peut plus disputer les lois de l’écologie, pas plus que celles de la physique. Si je suis délirant, Galilée l’était aussi.

Les cadres des compagnies d’énergie et les dirigeants politiques ne veulent pas imaginer un monde où les Etats-Unis ne domineraient plus la planète économiquement et militairement, un monde où nous ferions des choix délibérés de vivre dans les limites de la planète plutôt que de l’exploiter et la détruire pour un pouvoir et une richesse temporaires, un monde où nous choisirions de vivre avec moins volontairement, un monde où les sites sacrés Amérindiens seraient respectés, un monde sans économie qui détruit la Terre. Après tout, cela signifierait la fin de leur richesse et de leur pouvoir.

Mais je peux imaginer ce monde et je pense que vous le pouvez aussi.
Ils peuvent dire que nous délirons tant qu’ils veulent, mais nous continuerons à lutter pour lui jusqu’à notre dernier souffle.

article et photos Max Wilbert, utilisés avec permission. Utilisation commerciale interdite. Diffusion du message fortement encouragée.



Day of Solidarity, October 16, 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
En français
Also published on Censored News

KATHY PELTIER, ABOUT LEONARD PELTIER

“I just introduced myself in my language. My name is Kathy Peltier, I am enrolled member of the Navajo Tribe, I am also Dakota and Anishinaabe. I am the youngest daughter of Leonard Peltier. I was two-years-old at Fargo, North Dakota, at the trial, when I got to see my dad. I don’t remember any of that but I do know that we have been keeping struggling, as his kids we’ve been struggling all our lives, trying to get a release for our dad. We, our generation, we need to let people know who he is, who is Leonard Peltier. You have to go to https://whoisleonardpeltier.info.

“At the moment, we are doing a Long Walk from Minneapolis, Minnesota, to Washington D.C., November 11. It’s a Walk to Justice for Leonard Peltier, or Leonard Peltier Walk to Justice. So, the struggle has been started and we are still trying to meet senators of the US Congress, even trying to meet with President Biden. So, if you can go to our website, you can just follow them, or donate if you could, for the walkers. And I’ll be joining on October 28, in Pittsburg. Thank you.”

JEAN ROACH, LAKOTA MINICONJOU, ABOUT WOUNDED KNEE – 1890 AND 1973 – LEONARD PELTIER, STANDING ROCK

“I am Jean Roach, from the Lakota Miniconjou Tribe, and I came to talk to you about Leonard Peltier. What happens to Leonard Peltier is an example of what has been happening to our Indigenous Nations for generations. It started way back at first contact, when the non-Natives came over and decided to take our lands because we were not Christians.
“One of the things they do use against us is stereotypes. And a long time ago, in the 1800s, they used, not only the Doctrine of Discovery, but the stereotypes. When they massacred our people at Wounded Knee, they presented them in the media as less than human. One of the statements made by the Cavalry was that the reason for killing innocent women and children and elders, and babies – they were asked specifically ‘why did you murder babies or massacred’, and their answer was that ‘nits make lice’. So, they stereotyped us in the media as disposable. Our people were attacked because we were in prayer, and we were praying the Ghost Dance and dancing. Praying for the buffalo and all the good things like before the non-Natives came.
“When the American Indian Movement took over Wounded Knee, they used the same tactics because it was a revival of the genocide against our people where our ceremonies were all banned. Every time we pray, our people are attacked and it’s been shown all the time through the massacres. And it was the same with Wounded Knee, when the AIM was labelled as militant and guerillas, all kind of names.
“The American government also used a program called COINTELPRO that was used against AIM and which targeted members or disposed of them.
“1975 would be called the reign of terror, on the Pine Ridge Reservation. Anybody that was related or connected to the American Indian Movement were targets of violence. When Peltier was on Oglala, he was asked by the elders and the community to come there for protection. Anybody that prayed in our Lakota way were targets. So, when the FBI came that day, they came in unmarked cars and not wearing uniforms, and we never knew who they were.
“Leonard Peltier’s co-defendants were charged with murder and went to court where they were acquitted on basis of self-defense. The only person who got charges was Leonard, and he was in Canada. United States went up there and broke international law to bring him back to the United States. And it’s part of a bigger plan, that colonization and genocides on our people. And a lot of it will lead to men going to prison. Or children being taken. And we all know about the catholic church and the many graves that were found in Canada.
“Leonard Peltier had no choice, he was a scapegoat immediately, when the United States government made sure that he went to prison. It didn’t matter what the truth was.
“Indigenous people are being attacked because of our beliefs systems, which protect our Mother Earth. So, when Standing Rock happened, many people came to help up to North Dakota and they found out what it felt to be on the front line and being attacked while on prayer.
“The COINTELPRO program exists till today and they used it on the Standing Rock water protectors, through the Black Water security company.
“Leonard Peltier was also a boarding school victim. It’s also part of the way Indigenous families have been attacked, and how we are trying to restore our roles. We feel that the reason the United States government don’t want to release Leonard Peltier, after 47 years, is because they don’t want to honor Indigenous people because of our beliefs system which is opposite to the way they want to rape our Mother Earth.
“Lona here is a survivor of the boarding schools so I’ll let her tell her story.”

LONA KNIGHT, LAKOTA MINICONJOU, ABOUT STANDING ROCK

“I would like to say something about Standing Rock. So many people came, so many nations, to support, and found out how hard it is to be on the frontline and take the punches that the police came to give. Our enemy comes down the same way every time. It was Wounded Knee, in 1890, when they took away everyone’s weapon and they took away awls that women use to make their moccasins, they took everything that could be a weapon. And then they brought their machine gun and shot the Lakota people. The military that were there, I think that were 8 congressional medals of honor given, at that time. And, there is a project that we want, we want those medals to be rescinded and taken away from those people, because it was outright murder. At the time, the circle was broken, many of our wisdom keepers with knowledge of ceremony and songs went away, that day. And through the boarding schools and colonization, our people were forbidden to do our ceremonies for hundred years.
“So, through many people’s dreams, our songs come back and ceremonies come back to us.
“I was living in Hawaii, at the time of Standing Rock, and every morning I woke up really early, I got on Facebook and Myron Dewey – ‘Rest in Peace, Brother – was there with his drones in the camp, and we could see what happened. In the camp, every morning he would do this with prayers and songs. It was very powerful for me to see it in that way and to be connected to it – a lot of my brothers and sisters were there, and I felt so connected to them.
“It really hurt me when I saw the police drag people out of the purification ceremony. I have seen them dragged out. I have seen them on the videos.
“So, I know the movement is strong, and I know it’s carrying on, people are there, there are still frontlines. But a lot of our people are suffering from PTSD.
“Because of time constraints, I am going to pass the mike. Thank you for hearing me, I love you all, stand strong, and I pray that Leonard Peltier will be released soon.”



Journée du 16 octobre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
In English
Also published on Censored News

KATHY PELTIER PARLE DE SON PÈRE, LEONARD PELTIER

« Je viens de me présenter dans ma langue. Je m’appelle Kathy Peltier, je suis membre de la Tribu Navajo, je suis aussi Dakota et Anishinaabe. Je suis la plus jeune fille de Leonard Peltier. J’avais deux ans, à Fargo, dans le Dakota du Nord, au procès, où j’ai pu voir mon père. Je ne m’en souviens pas, mais ce que je sais c’est que nous avons toujours lutté, en tant que ses enfants, nous avons lutté toute notre vie, pour essayer de faire libérer notre papa. Nous, notre génération, avons besoin de faire savoir aux gens qui il est, qui est Leonard Peltier. Pour savoir, vous devez aller sur le site https://whoisleonardpeltier.info.

« En ce moment, nous effectuons une Longue Marche de Minneapolis, dans le Minnesota, jusqu’à Washington D.C., le 11 novembre 2022. C’est une Marche vers la Justice pour Leonard Peltier, ou Leonard Peltier Walk to Justice. Donc, la lutte a commencé et nous essayons toujours de rencontrer des sénateurs du Congrès des Etats-Unis, nous essayons même de rencontrer le Président Biden. Alors, si vous pouvez aller sur notre site web, vous pouvez simplement les suivre, ou, si vous pouvez, faire des dons, pour les marcheurs. Et je les rejoindrai le 28 octobre, à Pittsburg. Merci. »

JEAN ROACH, LAKOTA MINICONJOU, PARLE DE WOUNDED KNEE – 1890 ET 1973 – DE LEONARD PELTIER, DE STANDING ROCK

« Je m’appelle Jean Roach, de la Tribu Lakota Miniconjou, et je suis venue pour vous parler de Leonard Peltier. Ce qui arrive à Leonard est un exemple de ce qui arrive à nos Nations Autochtones depuis des générations. Ça a commencé il y a longtemps, lors du premier contact, quand des non-Autochtones sont venus et ont décidé de prendre nos terres parce que nous n’étions pas chrétiens.
« Une des choses qu’ils utilisent contre nous, sont les stéréotypes. Et il y a longtemps, dans les années 1800, ils utilisaient non seulement la Doctrine de la Découverte, mais aussi les stéréotypes. Quand ils ont massacré des gens de notre peuple à Wounded Knee, ils les ont présentés dans les médias comme moins qu’humains. L’une des déclarations faites par la Cavalerie concernait la raison pour laquelle ils avaient tué des innocents, femmes, enfants, vieillards – on leur avait spécifiquement demandé ‘pourquoi avez-vous assassiné ou massacré des bébés’, et leur réponse fut que ‘les lentes donnent des poux’. Ainsi, ils nous stéréotypaient dans les médias comme étant à jeter. Nos gens avaient été attaqués parce qu’ils étaient en train de prier, et nous priions par la Danse du Fantôme et dansions. Nous priions pour le bison et toutes les choses bonnes, tel que dans les temps d’avant l’arrivée des non-Autochtones.
« Quand l’American Indian Movement prit Wounded Knee, ils ont utilisé les mêmes tactiques, parce que c’était une résurgence du génocide contre notre peuple, quand toutes nos cérémonies ont été bannies. Chaque fois que nous prions, notre peuple est attaqué et ça a été prouvé chaque fois par les massacres. Et ce fut la même chose à Wounded Knee, les membres de l’AIM ont été qualifié d’activistes violents et de guérilleros, et toutes sortes de noms du même genre.
« Le gouvernement américain a aussi utilisé un programme appelé COINTELPRO, qui était utilisé contre l’AIM et visait ses membres, ou les éliminait.
« La période de 1975 fut appelée le règne de la terreur, dans la Réserve de Pine Ridge. Quiconque était en lien ou avait des connexions avec l’American Indian Movement était une cible pour la violence. Quand Peltier était chez les Oglala, c’était les anciens et la communauté qui lui avaient demandé de venir pour les protéger. Quiconque priait selon notre mode Lakota était une cible. Puis, quand le FBI est venu, ce jour-là, les agents étaient dans des voitures banalisées et ne portaient pas d’uniformes. Nous ne pouvions absolument pas savoir qui ils étaient.
« Les co-accusés de Leonard Peltier furent accusés de meurtre, puis sont passés au tribunal où ils ont été acquittés pour légitime défense. Le seul qui était encore accusé était Leonard, et il était au Canada. Les Etats-Unis sont allés jusque là-bas et ont violé la loi internationale pour le ramener aux Etats-Unis. Et ça fait partie d’un plan bien plus large, la colonisation et le génocide de notre peuple. Et ça conduit souvent des hommes en prison. Ou à ce que des enfants soient enlevés. Et nous savons tous ce que fait l’église catholique et que de nombreuses tombes ont été trouvées au Canada.
« Leonard Peltier n’avait pas le choix, il fut immédiatement un bouc émissaire, quand le gouvernement des Etats-Unis s’est assuré qu’il aille en prison. Ce qu’était la vérité n’avait pas d’importance.
« Les Autochtones sont attaqués à cause de notre système de croyances, qui protège Notre Mère la Terre. Ainsi, quand les évènements de Standing Rock se sont produits, beaucoup de gens sont venus pour aider dans le Dakota du Nord, et ils ont découvert ce que ça faisait d’être sur le front et d’être attaqué au cours de la prière.
« Le programme COINTELPRO existe toujours aujourd’hui, et ils l’ont utilisé contre les Protecteurs de l’Eau à Standing Rock, par l’intermédiaire de la firme de sécurité Black Water.
« Leonard Peltier était aussi une victime des pensionnats. Ça fait partie des moyens par lesquels les familles Autochtones ont été attaquées, et comment nous essayons de faire revivre nos rôles. Nous avons le sentiment que la raison pour laquelle le gouvernement des Etats-Unis ne veut pas libérer Leonard Peltier, au bout de 47 ans, est qu’ils ne veulent pas respecter les Autochtones à cause de notre système de croyances, qui est à l’opposé de la façon dont ils violent Notre Mère la Terre.
« Lona, ici présente, est une survivante des pensionnats, et je vais la laisser raconter son histoire. »

LONA KNIGHT, LAKOTA MINICONJOU, PARLE DE STANDING ROCK

« Je voudrais dire quelques mots sur Standing Rock. Tant de gens sont venus, tant de nations, pour les soutenir, et ont découvert à quel point c’est dur d’être sur la ligne de front et de recevoir les coups que la police est venue pour distribuer. Notre ennemi arrive toujours de la même façon, chaque fois. C’était le cas à Wounded Knee, en 1890, quand ils ont saisi toutes les armes et même pris les alènes que les femmes utilisaient pour faire leurs mocassins, ils ont pris tout ce qui pouvait servir d’arme. Puis ils ont amené leur mitrailleuse et ont tiré sur les Lakota. Des militaires qui y étaient, je crois que ce sont 8 médailles d’honneur du Congrès qui leur ont été données, à l’époque. Et nous avons un projet qui nous tient à cœur, nous voulons que ces médailles soient révoquées et reprises à ces gens, parce qu’il s’agissait de purs assassinats. À l’époque, le cercle a été brisé, beaucoup de nos gardiens de la sagesse, leur connaissance des cérémonies et des chants, sont partis, ce jour-là. Et par les pensionnats et la colonisation, il a été interdit à nos peuples de pratiquer nos cérémonies pendant cent ans.
« Mais, à travers les rêves de beaucoup de gens, nos chants reviennent, et nos cérémonies nous reviennent.
« Je vivais à Hawaii à l’époque de Standing Rock, et tous les matins je me réveillais très tôt, j’allais sur Facebook, et Myron Dewey – Repose En Paix, mon Frère – était là, avec ses drones, dans le camp, et nous pouvions voir ce qui se passait. Dans le camp, tous les matins, il montrait les prières et les chants. Pour moi, c’était très puissant de les voir par ce moyen et d’être en connexion avec eux – beaucoup de mes frères et sœurs étaient là-bas, et je me sentais connectée à eux.
« Ça m’a fait beaucoup de mal de voir la police tirer les gens hors de la cérémonie de purification. Je les ai vus se faire trainer. Je les ai vus sur les vidéos.
« Donc, le mouvement est fort, et je sais que ça continue, le gens y sont, il y a toujours des fronts. Mais beaucoup de nos gens souffrent de stress post-traumatique.
« Vu les contraintes de temps, je vais passer le micro. Merci de m’avoir écoutée, je vous aime tous, soyez fort, et je prie pour que Leonard Peltier soit libéré bientôt. »



Censored News
24 octobre 2022
Photos ©Grand Canyon Trust
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

« C’est chez nous et chez nos ancêtres – nous sommes les gardiens de cette terre et de l’eau en-dessous. » – Yolanda Badback, Communauté Concernée de White Mesa.
La marche spirituelle de la Tribu Ute de Ute Mountain et de la communauté de White Mesa, avait pour but de protester contre l’usine de traitement d’uranium de White Mesa et de protéger leur santé, leur terre, leur eau, leur culture et leurs sites sacrés.

L’Eau c’est la Vie
Marche Spirituelle des Utes de White Mesa Contre l’Usine de Traitement d’Uranium

« L’usine de traitement d’uranium de White Mesa ne serait autorisée à fonctionner près d’un riche quartier blanc de Salt Lake City, et les communautés Amérindiennes du Comté de San Juan méritent le même traitement. » – Le commissaire Kenneth Maryboy, Diné, de la Commission du Comté de San Juan.

Le Grand Canyon Trust révèle que les bassins de rétention de déchets radioactifs sont au-dessus de la nappe aquifère Navajo, dont les Diné et les Hopis, à Tuba City, dans les villages Hopi, sur Black Mesa et à Kayenta, tirent leur eau.

Plus de 300 millions de kilos de déchets radioactifs de sites contaminés dans le pays et dans le reste du monde, sont enterrés ici, juste au-dessus de la route de la communauté de White Mesa de la Tribu Ute de Ute Mountain. L’usine émet du gaz radon cancérigène et met en danger l’air, l’eau, l’environnement et les habitants de la Tribu Ute de Ute Mountain.



Les bassins de déchets radioactifs sont au-dessus de la nappe aquifère Navajo. The Hill, de l’état de Washington écrit, « les bassins de déchets de l’usine de White Mesa couvraient environ 110 hectares en 2021, et sont situés au-dessus de la nappe aquifère Navajo, qui fournit de l’eau à la communauté de White Mesa, au sud-est de l’Utah et au nord de l’Arizona, dont une partie de la Nation Navajo. »

Le rapport du Grand Canyon Trust décrit les bassins – dont certains n’ont pas de couverture moderne – comme « un goulash toxique et radioactif » qui contient divers métaux lourds classés comme cancérigènes pour les humains, ainsi que des traces de nitrate et de chloroforme.

À 15 km du Monument National de Bears Ears, l’usine de White Mesa, dans le sud-est de l’Utah, enterre des déchets radioactifs, près de la communauté de White Mesa, de la Tribu Ute de Ute Mountain. Energy Fuels, du Colorado, est une branche d’Energy Fuels de Toronto, au Canada.

Des multinationales domiciliées au Canada visent des territoires Autochtones partout dans le monde, pour y creuser des mines ou y décharger des déchets radioactifs.

Faits Révélés par le Rapport du Grand Canyon Trust

La compagnie qui empoisonne les Utes avec des déchets radioactifs garde beaucoup de choses secrètes pour le public. 1) Les bassins de déchets radioactifs sont au-dessus de la nappe aquifère Navajo, dont des Diné et des Hopis tirent leur eau. 2) Les déchets radioactifs du Site de Tests [atomiques] du Nevada – un des lieux les plus mortels au monde – ont déjà été reçus par l’usine de White Mesa. 3) L’usine a déjà eu l’approbation pour recevoir des déchets radioactifs du Japon. L’usine a une procédure en cours pour recevoir des déchets radioactifs d’Asie et d’Europe. 4) Energy Fuels dans le Colorado est une branche d’Energy Fuels de Toronto, au Canada. Les multinationales domiciliées au Canada visent des Autochtones et leurs territoires dans le monde entier, pour y creuser des mines et y décharger des déchets génocidaires. 5) Il y a déjà eu une fuite radioactive à Cisco, dans l’Utah, en 1999. Des tonneaux de déchets radioactifs présentant des fuites ont été trouvés sur le site de l’usine par ses ouvriers, en 2017. 6) L’histoire des bombes atomiques des Etats-Unis remonte au minerai du Congo, et suit une piste de secret et de mort, parmi lesquels on trouve le projet secret dit Manhattan Project [de construire les bombes d’Hiroshima et Nagasaki].

Photos ©Grand Canyon Trust
Les photos ne peuvent pas être utilisées pour des levées de fonds ou des buts commerciaux



Plainte Contre le Projet de l’Arizona de Bloquer la Migration des Jaguars avec des Containers placés à la frontière avec le Mexique

Par le Centre pour la Diversité Biologique
Publié par Censored News
19 octobre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA

TUCSON, Arizona – Ce jour, le Centre pour la Diversité Biologique a déposé une note d’intention de poursuivre l’administration du Gouverneur Doug Ducey pour combattre des projets d’obstruction, cruciaux pour le couloir de migration des jaguars et des ocelots, avec des containers d’expédition, le long de la frontière US/Mexique.

« Ces containers sont un coup publicitaire honteux qui menacera la survie d’espèces sauvages en danger », dit Robin Silver, co-fondateur du Centre. « Il y a 3700 agents rien que pour couvrir le secteur de Tucson, sans parler des hélicoptères, des drones et des centaines de cameras. Nous traversons une crise d’extinction et c’est irresponsable de sacrifier un couloir de vie sauvage vital et de nuire à des animaux en danger, pour que Ducey fasse des gains politiques. »

La note d’aujourd’hui fait suite à l’exigence du Bureau de Réhabilitation U.S., que l’Arizona retire la double rangée de containers que Ducey a donné l’ordre de placer le long de la frontière, à Yuma, en août dernier. Le Bureau dit que les containers placés sur des terres fédérales et le territoire tribal des Indiens Cocopah, violent la loi fédérale.

La note anticipe les projets d’installer d’autres containers le long de la frontière, à l’ouest des Montagnes Huachuca, dans la Forêt Nationale de Coronado, près du Mémorial National de Coronado. Le Centre a constaté que des dizaines de containers étaient empilés dans la zone.

Cette zone est un couloir de migration établi et vital pour les jaguars et les ocelots, qui sont dans la liste des espèces en danger et protégées selon la Loi sur les Espèces en Danger. La note dit que bloquer le couloir obstruerait le mouvement des animaux et empêcherait leur retour aux Etats-Unis, en violation de la Loi.

« Ces barrières inutiles ne servent à rien pour empêcher les gens de traverser la frontière, mais bloqueront la vie sauvage » dit Silver. « À moins que Ducey veuille laisser en héritage l’extinction des animaux les plus iconiques d’Arizona, il faut qu’il arrête immédiatement ce gaspillage ridicule de l’argent des contribuables. »

À part la mise en danger de la vie sauvage, d’espèces menacées et de terres publiques, le mur à la frontière US/Mexique fait partie d’une stratégie continue de militarisation de la frontière qui porte atteinte aux droits humains, aux libertés civiles, aux terres Autochtones, aux commerces locaux et aux relations internationales. Le mur-frontière fait obstacle aux migrations naturelles de gens et de la vie sauvage essentielles pour une diversité saine.

Des containers à la frontière Arizona-Mexique dans la Forêt Nationale de Coronado. Photo Centre pour la diversité biologique, peut être utilisée par les médias.

Le Centre pour la Diversité Biologique est une organisation nationale à but non-lucratif, qui compte 1,7 million de membres et d’activistes en ligne, voués à la protection des espèces menacées et des lieux sauvages.



Jean Roach,
Paris, CICP
15 octobre 2022
Enregistrement et traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
In English

Le 15 octobre, la veille de la 42ème Journée de Solidarité du CSIA, Mitch Walking Elk a donné un concert au CICP, et d’autres invitées se sont adressées au public avant le concert. Jean Roach – témoin à 14 ans de ce terrible jour de juin 1975, où deux agents du FBI en civil ont été tués au cours d’une fusillade, qui a conduit à la condamnation à vie de Leonard Peltier, prouvé innocent – raconte la vraie histoire de ce drame.
(Voir vidéo en bas de l’article)

Christine Prat

« Maintenant, Leonard est en prison depuis 47 ans. Et nous tentons toutes les voies possibles pour que le Président Biden lui accorde la clémence. Tout le monde nous demande ce que nous voudrions que les gens fassent. Ce que nous demandons, c’est que tous, que vous soyez une personne, une organisation ou un membre d’un gouvernement, écriviez des lettres de soutien demandant au Président Biden d’accorder la clémence de l’exécutif.

« Et maintenant, parlons de cette époque, de 1975, quand j’avais 14 ans et que nous avons été attaqués par le FBI. C’était la période après Wounded Knee, 1973, quand l’AIM [American Indian Movement] avait repris Wounded Knee. Nous l’appelons le règne de la terreur, au cours duquel plus de 60 personnes ont été tuées, dans la Réserve Indienne de Pine Ridge. Quiconque était associé à l’AIM était une cible pour le gouvernement tribal corrompu, qui avait des milices GOON, qui attaquaient l’AIM ou les gens qui effectuaient des cérémonies. Il ne voulait rien avoir à faire avec les gens traditionnels, le Président tribal.

« Grand-maman et Grand-papa Jumping Bull avaient demandé à Leonard Peltier et d’autres membres de l’AIM d’aider à les protéger, vu qu’ils tentaient de s’éloigner du gouvernement tribal et de la communauté Oglala.

« Ce que nous faisions essentiellement, c’était d’aider une communauté. Nous aménagions des jardins, pour aider Grand-maman et Grand-papa. Ils venaient juste de célébrer leur 50ème Anniversaire de mariage. Et pour tout ce dont ils avaient besoin, nous étions là. Et Leonard et les autres étaient là pour protéger. Parce que nous étions toujours des cibles.

« Le jour où le FBI est venu dans notre camp, nous ne savions pas qui ils étaient. Ils sont arrivés dans des voitures banalisées et ne portaient pas d’uniformes, donc nous ne pouvions pas savoir qui ils étaient. S’ils étaient de la milice GOON ou autre. Et Leonard Peltier, Dino Butler, Bob Robideau et les autres nous protégeaient. Ils nous ont sauvé la vie. Alors, nous avons perdu notre frère Joe Stuntz, au moment où les agents du FBI étaient tués. Et Leonard Peltier, Dino Butler, Bob Robideau et un autre homme furent accusés des meurtres des agents du FBI. Ils se livrèrent à des fouilles illégales, entrèrent de force chez les gens, recherchant des gens qui s’étaient échappés, c’est-à-dire nous, principalement, et nous avions tous moins de 18 ans, la majorité légale là-bas.

« Alors, Dino Butler et Bob Robideau passèrent au tribunal, où ils furent acquittés pour légitime défense, vu que le FBI avait attaqué notre camp. Personne n’a été condamné, à part Leonard Peltier, qui était au Canada à ce moment-là, et risquait l’extradition.

« Le gouvernement des Etats-Unis a à nouveau violé la loi. Le gouvernement canadien exigeait un témoin oculaire avant de décider d’extrader. Ils menacèrent une Lakota, du nom de Myrtle Poor Bear. Ils l’ont menacée de mort et de lui enlever ses enfants si elle ne signait pas trois affidavits utilisés au Canada. Quand nous avons entendu parler de Myrtle Poor Bear, c’était vraiment triste, parce qu’elle avait été menacée comme ça. Le plus triste était que personne ne savait qui elle était. Elle n’avait aucun lien avec Leonard et elle prétendait être sa petite amie, mais elle avait été menacée et malmenée au Canada.

« Quand est venu le temps qu’il passe en jugement, il n’est pas passé devant le même tribunal que Dino et Bob, qui y avaient été acquittés. Ils se sont arrangés pour l’envoyer dans le Dakota du Nord, à un juge connu comme raciste.

« Ce que je veux dire, c’est qu’ils ont menti immédiatement et ont continué depuis 47 ans, ceux du gouvernement des Etats-Unis. Ils ont violé les droits humains, les droits constitutionnels et les droits selon les traités. Tout cela parce qu’ils voulaient que quelqu’un paie et voulaient se venger.

« Il y a quatre semaines, tout le parti Démocrate des Etats-Unis a unanimement voté une résolution pour soutenir la libération de Leonard Peltier. Nous avons reçu plusieurs lettres de soutien, entretemps, et ça ne semble pas plaire au gouvernement des Etats-Unis. Nous espérons que les pays européens pourront faire pression sur Biden. Parce qu’il se présente, les Etats-Unis se présentent, comme les leaders des droits humains.

« Quand le COVID est arrivé, le gouvernement des Etats-Unis a traité les tribus, les Autochtones, différemment. Quand Leonard a contracté le COVID en prison, nous avions peur, étant donné qu’il a tellement de problèmes de santé. Il a 78 ans. Et quand il a été mis en quarantaine, il n’a pas été placé dans une unité médicale, malgré tous ses problèmes de santé, ils l’ont juste mis dans une cellule d’isolement et ne lui ont même pas donné d’eau. Jusqu’à aujourd’hui, nous avons essayé de lui trouver des soins médicaux, mais le système de la prison n’a jamais répondu aux gens qui ont le droit de demander une mise à jour ou au moins un rendez-vous médical pour voir dans quel état il est.

« Mais la chose que nous avons toujours dit – nous sommes allés aux Nations Unies à Genève – et tout ce que nous demandons est que le gouvernement des Etats-Unis dise la vérité, c’est tout. Nous ne voulons pas de traitement de faveur, nous voulons seulement qu’ils disent la vérité. C’est très simple.

« Il y aurait beaucoup plus à dire, je pourrais parler indéfiniment. »



JEAN ROACH TELLS ABOUT THE EVENTS SHE WITNESSED WHEN SHE WAS 14, EVENTS THAT LED TO LEONARD PELTIER’S LIFELONG SENTENCE

By Jean Roach
Paris, CICP,
October 15, 2022
Also published on Censored News
Recording and transcript Christine Prat, CSIA-Nitassinan
(See video below)
En français

The evening before CSIA-Nitassinan 42nd Day of Solidarity, Mitch Walking Elk sung at the CICP (International Center for Popular Cultures) and other guests addressed the audience before the show. Jean Roach told the story of that terrible day, in June 1975, when two FBI agents undercover were killed during a shoo-tout, which led to Leonard Peltier being sentenced for the murders, although he has long been proven innocent.

Christine Prat

“Right now, Leonard has been in prison for 47 years. And we are trying all avenues to have President Biden grant him his clemency. Everybody asks us what we would like people to do. What we’re asking is everybody, if you are a person, an organization or a government official, to write letters of support urging President Biden to grant executive clemency.

“And now let’s talk about the time period of 1975, when I was 14-years-old and we were attacked by the FBI. The time period was after Wounded Knee 1973, when the American Indian Movement took over Wounded Knee. We call it the reign of terror, when over 60 people were killed on the Pine Ridge Indian Reservation. Anybody who was associated with the American Indian Movement were targets of the corrupt tribal government who had squads that would attack the American Indian Movement or people who were having ceremonies. He wouldn’t like to have anything to do with traditional people, the Chairman.

“The grandma and grandpa Jumping Bull asked Leonard Peltier and other AIM members to help protect them, as they made a move to pull away from the tribal government and the community Oglala.
“What we were doing there was basically helping a community. We were building gardens, helping the grandpa and grandma. They were just celebrating their 50th anniversary. And whatever they needed done, we were there. And Leonard and the other guys were there for protection. Because we were always a target.

“On the day when the FBI came to our camp, we didn’t know who they were. They came in unmarked cars and they weren’t wearing uniforms, so we couldn’t tell who they were. If they were the GOON squads or who they were. So, Leonard Peltier, Dino Butler, Bob Robideau and the others protected us. They saved our lives. There we lost our brother Joe Stuntz, the moment they killed the FBI agents. And Leonard Peltier, Dino Butler and Bob Robideau and another man were charged for the murders of the FBI. They did illegal searches and they broke into the people’s home looking for the people that escaped, who were mostly us and we were all under the age of 18, the majority there.

“So, Dino Butler and Bob Robideau went to court where they were acquitted on the basis of self-defense, for the FBI attacked our camp. No one was charged except for Leonard Peltier, who was in Canada and by then was facing extradition.

“Again, the United States government broke the law. The Canadian government wanted an eyewitness before they would extradite. They threatened a Lakota woman by the name of Myrtle Poor Bear. They threatened her with death and taking her kids away if she didn’t sign 3 affidavits that they used in Canada. When we heard about Myrtle Poor Bear, it was really sad because she was threatened like that. The saddest part is that nobody knew who she was. She had no connection to Leonard and she claimed to be his girlfriend, but she was used and abused in Canada.

“So, when it came time for his court trial, he didn’t go to the same court as Dino and Bob, where they were acquitted. They made sure that they sent him to North Dakota to a known racist judge.
“My point is that immediately they lied and they have been doing so for 47 years, the United States government. They’ve been breaking the human rights, the constitutional rights and treaty rights. All because they want one person to pay for it and they want revenge.

“Four weeks ago, we got the whole Democratic party of the United States unanimously pass a resolution in support of Leonard Peltier’s release. We had several support letters over time, and it doesn’t seem to please the United States government. We’re hoping that the European countries will be able to put pressure on Biden. Because he represents himself, or the United States represent themselves, as human rights leaders.

“When COVID came, the United States government treated the tribes, Indigenous people differently. When Leonard caught COVID inside the prison, we were scared because he had so many health problems. He is 78-years-old. Again, when he was quarantined, he didn’t go to a medical unit, despite of all his health issues, they just put him in solitary cell and they didn’t even give him water. Until today, we have been trying to get medical care, but the prison system wouldn’t answer to the people that have the right to ask for his medical update or at least a medical appointment to see in what shape is body seems.

“But one of the things that we always say, we have been to the United Nations in Geneva and all we ask is for the United States government to tell the truth, that’s all. We don’t want special treatment, we just want them to tell the truth. It’s really simple. There is a lot more, you know, I can talk forever.”