Publié sur Censored News
27 mars 2015
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
DÉCLARATION DE JANET ALKIRE, PRÉSIDENTE TRIBALE DE LA RÉSERVE SIOUX DE STANDING ROCK
En tant que Présidente de la tribu Sioux de Standing Rock, je suis offensée par le verdict du jury contre Greenpeace, dans l’affaire de la plainte SLAPP [Strategic Lawsuit Against Public Participation, plaintes portées par des individus ou des entités pour dissuader leurs critiques de continuer de leur faire de la publicité négative] d’Energy Transfer contre Greenpeace. Nous attendions mieux des juges et des jurés du Dakota du Nord, voisins de nos communautés.
Les arguments d’Energy Transfer dans cette affaire sont ridicules. Ils ont totalement manqué de respect pour la Tribu Sioux de Standing Rock, nos ancêtres et notre jeunesse, qui avait lancé le mouvement en 2016 pour protéger notre eau d’une fuite de pétrole du DAPL. Ni Greenpeace, ni personne d’autre n’a payé ni persuadé Standing Rock de s’opposer au DAPL.
Nos jeunes et nos anciens nous ont pressés de protéger notre eau et Uŋčí Makhá (Grand-Mère la Terre). C’est ce qui est arrivé et continue de se produire. L’histoire mensongère et intéressée d’Energy Transfer, selon laquelle Greenpeace manipulait Standing Rock pour nous pousser à protester contre le DAPL, est condescendante et manque de respect pour notre peuple.
Nous savons que beaucoup de résidents du Comté de Morton soutiennent l’industrie pétrolière, même des compagnies d’oléoducs extérieures à l’état du Dakota du Nord, comme Energy Transfer. Mais nous sommes vos voisins, et vous ne devriez pas être abusés si facilement. Energy Transfer ne nous connait pas. Ils ne savent pas qui nous sommes – une Nation Autochtone qui a survécu à toutes les attaques parce que nos ancêtres étaient avec nous.
Greenpeace n’a pas manipulé Standing Rock, mais Energy Transfer a manipulé le Comté de Morton. Le DAPL traverse notre territoire aborigène selon les Traités, sur des centaines de kilomètres.
Nos ancêtres occupaient ce territoire des milliers d’années avant que le Dakota du Nord existe. Les terres entre la rivière Heart et le Fleuve Missouri sont nos terres non-cédées selon les Traités de Fort Laramie de 1868 et 1851. Nos territoires d’origine s’étendent à l’est jusqu’à la rivière James et au-delà. C’est une vérité historique. Si Greenpeace peut être responsable de dire la vérité sur les droits de la Nation Sioux selon les Traités, nous avons tous de gros problèmes.
La construction de Fort Rice sur notre frontière nord, en 1864, était une violation des Traités de Fort Laramie. Ça exigeait que notre tribu soit vigilante. Personne ne devrait être surpris qu’on trouve des membres de sociétés de guerriers enterrés dans cette zone, près du trajet de l’oléoduc.
Et n’insultez pas nos experts culturels, qui possèdent une sagesse sur ces questions, dont la plupart des résidents du Comté de Morton ou les bureaucrates de la Société Historique de l’État ne savent absolument rien. Energy Transfer et ses avocats devraient avoir honte. Et chaque membre du jury du Dakota du Nord devrait être mieux informé.
Lorsqu’il s’agit de la violence excessive de la police et de la société de sécurité privée contre des manifestations généralement pacifiques, à Cannon Ball, croyez vos yeux. Les scènes de chiens menaçant les membres de la tribu rappellent la violence des suprémacistes blancs dans le sud profond, dans les années 1950 et 1960, mais là, c’était dans le Dakota du Nord, à notre époque. C’était dans les organes d’information et sur l’internet.
Beaucoup de manifestants étaient des vétérans Autochtones des forces armées des États-Unis. Energy Transfer a utilisé des chiens d’attaque contre des manifestants pacifiques et des héros de guerre. Mais le jury a choisi d’être du côté d’une société de sécurité étrangère à l’état, sans licence, avec des chiens d’attaques, plutôt que de celui de vétérans du Dakota du Nord qui soutenaient Standing Rock.
Une compagnie pétrolière du Texas est venue dans le Dakota du Nord, et ses avocats et sa machine de propagande inventent des histoires selon lesquelles la tribu Sioux de Standing Rock et ses soutiens ont menti, et que la pauvre compagnie d’oléoducs, plus riche de 1000 milliards de dollars qu’en 2016, quand ça a commencé, devrait recevoir quelques millions de plus d’organisations à but non-lucratif. C’est typique des menteurs – ils accusent toujours tous les autres de mentir. Le procès de Greenpeace était sous le sceau du secret.
La Cour n’a pas publié de transcription. Les documents obtenus par Greenpeace sur le dossier de sécurité désastreux d’Energy Transfer sont protégés par une ordonnance de confidentialité et ne sont pas à la disposition du public. Le juge a fait preuve de tant de préjugés en faveur d’Energy Transfer qu’une équipe internationale d’avocats des droits humains s’est sentie obligée de surveiller le procès. L’un d’eux a déclaré « Au cours de mes six décennies de pratique juridique, je n’ai jamais été témoin d’un procès aussi injuste que celui contre Greenpeace qui vient de se terminer dans les tribunaux du Dakota du Nord. »
Standing Rock a essayé d’obtenir plus de transparence sur le DAPL. Notre expérience avec le Corps des Ingénieurs de l’Armée et Energy Transfer, montre que tous les documents liés à la sécurité de l’oléoduc DAPL ont été fortement expurgés et gardés secrets. Qu’est-ce qu’ils cachent ? Et pourquoi le tribunal du Dakota du Nord n’a pas autorisé Greenpeace à évoquer ces questions au procès ?
Le DAPL est un oléoduc dangereux. Il traverse nos terres ancestrales et non-cédées selon les Traités. Energy Transfer a détruit des restes humains de la tribu identifiés par nos experts culturels, et a commis des violences contre notre peuple. C’est l’histoire que le Dakota du Nord et le Comté de Morton doivent prendre en compte. Avec ce verdict contre Greenpeace, ce jour semble être moins que jamais prêt d’arriver.
LE CONSTRUCTEUR D’OLÉODUCS ENERGY TRANSFER ATTAQUE GREENPEACE, (PAR ERREUR ?) ET LE TRIBUNAL DU DAKOTA DU NORD DÉCIDE EN FAVEUR DU POLLUEUR.
Christine Prat
21 mars 2025
Cette histoire loufoque n’est malheureusement qu’un exemple. Depuis que les dirigeants occidentaux, en Amérique et en Europe, ont balayé les problèmes environnementaux, les entreprises extractivistes se ruent sur ce qui reste de la planète pour devenir encore plus riches avant la fin du monde.
La France, devenue guerrière du jour au lendemain, réclame du nucléaire, pour l’énergie, mais aussi pour entasser des armes. Le nucléaire a été déclaré « énergie verte ». Tant qu’il n’y a pas d’accident. (La terre ne pourrait probablement pas survivre à un autre Fukushima). Mais les gens qui vivent à proximité de mines d’uranium savent que le nucléaire est catastrophique, pour toujours : les mines abandonnées restent radioactives. On sait qu’AREVA a détruit le territoire Touareg du nord du Niger, on sait moins qu’il y a des mines d’uranium abandonnées dans le Limousin.
Maintenant, on se rue sur les « terres rares » pour produire des batteries électriques supposées « propres ». Là encore, les mines ne le sont pas. Les habitants de pays d’Amérique Latine qui ont déjà des mines de lithium ont de gros problèmes. Aux U.S.A., des Autochtones se battent depuis plusieurs années contre une énorme mine de lithium, pour laquelle leur paysage et un site funéraire ont explosé. Les mines amènent toujours de la pollution d’énergies fossiles. Il faut utiliser des engins qui consomment beaucoup de carburant pour creuser, puis construire une route pour transporter le minerai – dans des camions au diesel – il faut une usine d’acide sulfurique et, pour toutes les mines, utiliser de forts taux d’arsenic et autres poisons. (En France, la mine de lithium sera dans l’Allier et l’usine d’acide sulfurique à Montluçon). En Serbie, le projet de mine géante est déjà bien avancé, et est confié à la très douteuse firme anglo-australienne Rio Tinto.
Je précise aussi que je ne suis pas fan de Greenpeace, mais dans ce cas, ce n’est pas la question.
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Les énergies fossiles sont également relancées. Cet article concerne une compagnie, Energy Transfer du Texas, fondée en 1996, qui construit des oléoducs, des gazoducs, des terminaux pétroliers, et se charge du transport. Il y a déjà eu une fuite d’une portion de l’oléoduc dont il est ici question. C’est particulièrement grave quand il s’agit de pétrole de gaz de schistes ou de sables bitumineux, beaucoup plus lourd et plus polluant que le pétrole « classique ». (En France, il y en a sous la Seine-et-Marne et l’est de Paris, certains veulent l’exploiter).
Pour ces raisons, les Autochtones Lakota et Dakota (« Sioux ») de la Réserve de Standing Rock, Dakota du Nord, se sont révoltés pendant l’été 2016 jusqu’en février 2017, pour tenter d’empêcher l’extension de l’oléoduc DAPL (Dakota Access Pipe-Line). Outre que le DAPL empiète sur leur territoire, il doit aussi passer sous le fleuve Missouri, qui fournit de l’eau à des millions de gens en aval.
Des jeunes de Standing Rock se sont soulevés en avril 2016 et ont été rejoints au cours de l’été par des Autochtones et écologistes d’un peu partout en Amérique du Nord, mais aussi de l’étranger. De nombreux camps ont été érigés. Le plus anar était le Red Warrior Camp. Il y avait aussi un camp pour les trans et non-hétéro, les Lakotas n’étant malheureusement pas tous tolérants, contrairement aux peuples matrilinéaires comme les Navajos. Et d’autres camps, pour d’autres communautés. Une Autochtone, La Donna Brave Bull Allard, avait prêté le terrain hérité de sa famille pour y installer un camp. Les flics l’ont empêchée de rentrer chez elle et attaqué le camp bien qu’il se trouve sur une propriété privée.
La compagnie a réagi avec une brutalité extrême. Elle a loué les services d’une firme de sécurité privée – qui n’avait pas le droit d’exercer dans le Dakota du Nord – qui a commis de nombreuses exactions. Le 3 septembre 2016 a sans doute été l’une des pires journées, au cours de laquelle la firme de sécurité a lâché des chiens sur la foule.
La célèbre journaliste alternative Amy Goodman filmait en direct. Elle a été arrêtée, mais trop tard, nous avions déjà suivi le direct. Elle a été relâchée, contrairement à beaucoup d’Autochtones, y compris des femmes âgées, connues et respectées, qui ont été arrêtées, ont reçu un numéro sur le bras (!) et ont été détenues dans des conditions inacceptables. Il y a eu aussi beaucoup de blessés, certains grièvement.
Quand l’hiver a commencé, ils ont abondamment arrosé les gens avec des canons à eau, alors qu’il gelait. Les plus résistants ont supporté le froid intense jusqu’en février 2017, où ils ont dû admettre qu’ils avaient perdu la partie.
Beaucoup de participants ont été poursuivis, certains emprisonnés pendant des mois.
Récemment, nous avons appris que la firme Energy Transfer avait porté plainte contre Greenpeace pour les dégâts occasionnés à l’époque. L’affaire est passée au tribunal ce mois-ci. Des journalistes suivaient le procès. Il est apparu que des décisions reprochées à Greenpeace avaient en fait été prises par Earth Justice, une asso Autochtone. Nous avons d’abord rigolé et pensé que la firme ne s’en tirerait pas, si elle confondait les organisations qu’elle voulait poursuivre. Des activistes ayant participé à la lutte, ont déclaré qu’ils ne savaient même pas que des membres de Greenpeace étaient présents. En fait, c’était des membres locaux qui y étaient à titre individuel.
Mais le Dakota du Nord – capitale Bismarck – n’est pas connu pour être un état progressiste. Et Greenpeace a été condamné à payer plus de 660 millions de dollars de dommages à Energy Transfer. Là, on peut se demander si c’est par erreur que la firme a confondu Greenpeace et Earth Justice. Si ses représentants savaient que le tribunal était de leur côté, ils ont probablement pensé que Greenpeace pouvait payer beaucoup plus (même si l’organisation risque de faire faillite et disparaitre). De toutes façons, les dirigeants de Earth Justice et le président de la Réserve de Standing Rock avaient dit depuis longtemps qu’ils ne dirigeaient pas la lutte, les jeunes ayant échappé à leur autorité.
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Sources :
Sur le procès, Mary Steurer, dans le North Dakota Monitor, 17 mars 2025 (et plusieurs autres article sur le même site)
Le verdict, Mary Steurer, North Dakota Monitor, 19 mars 2025, également publié sur Censored News
Le Guardian du 19 mars 2025
Lithium dans l’Allier
Lithium en Serbie, Rio Tinto
Articles de 2016 et 2017:
Tous les articles traduits en français à l’époque
Si vous n’avez pas le temps de tout lire:
Red Warrior Camp
Le retrait, par Indigenous Action, 11 décembre 2016
Article de Klee Benally, 28 octobre 2016
L’Approbation, par Amy Goodman, Democracy Now, 8 février 2017
Un article d’Indigenous Environmental Network
Si vous avez, ou pouvez vous procurer, le livre de Klee Benally, “Pas de Capitulation Spirituelle”, voir le chapitre 5, consacré à Standing Rock, en particulier les aspects critiquables.
Klee Benally à Rennes. Photo ©Christine Prat
Ce texte a été publié en brochure en octobre 2021, durant la crise du COVID. Des lecteurs ont demandé une nouvelle publication du texte en anglais sur Censored News. Étant donné que la plupart des gouvernements occidentaux coupent dans les budgets sociaux, de plus en plus de gens vont tomber dans la pauvreté et avoir recours aux associations-à-but-non-lucratif. Les petites associations locales sont généralement honnêtes, les grandes, qui touchent de grosses sommes, sont contaminées ou tenues par le capitalisme.
Par Indigenous Action Media
8 octobre 2021
Traduction Christine Prat
DÉTRUIRE LE COMPLEXE AUTOCHTONE À BUT NON LUCRATIF ! DÉTRUIRE LE CAPITALISME !
Les organisations Autochtones à but non-lucratif sont le problème.
Le Complexe Industriel Non-Lucratif [Non-profit Industrial Complex – NPIC – ci-après CINL] est un système de relations conçu par les forces coloniales et capitalistes pour gérer et neutraliser les véritables organisations radicales.
- Le Complexe Industriel Non-Lucratif [CINL] est par essence profiteur et colonial.
Le CINL a été établi pour gérer les groupes sociaux et environnementaux avec la même structure que les grandes entreprises. Les Organisations à But Non-Lucratif [Non-Profit Organizations – NPOs – ci-après OBNL] cooptent la dynamique du mouvement dans des campagnes qu’ils arrivent à contrôler et à capitaliser. Fondées sur le modèle de la charité, les OBNL concentrent leurs ressources dans la construction du pouvoir organisationnel, et non du pouvoir de la communauté, et par là dépouillent l’organisation radicale libératoire de première ligne de ressources essentielles, tout en reproduisant ou prolongeant l’inégalité et les hiérarchies sociales. - Le Complexe Industriel Non-Lucratif entretient le capitalisme.
Des familles, des individus, des fondations riches, des classes possédantes et des grandes compagnies utilisent le CINL pour protéger leur fortune des impôts. Ces capitalistes donnent des millions mais économisent bien plus de millions en profitant de la déductibilité des impôts des CINL. Ils n’ont pas le but sincère de mettre un terme aux injustices qu’ils ont souvent perpétuées et dont ils profitent. - Les Organisations à But Non-Lucratif sont responsables devant leurs donateurs, pas leurs communautés.
les rapports sur le financement de la plupart des OBNL ne sont pas transparents. Elles opèrent avec un certain niveau de secret pour s’assurer que les communautés désespérées, auxquelles elles imposent leur représentation, ne voient pas quel profit ils tirent de leur misère. Ils conçoivent souvent des budgets gonflés pour leur gain personnel et ne sont pas créatifs de ressources. En dernière analyse, ils créent des incitations à exploiter les luttes. - Les Organisations à But Non-Lucratif encouragent des relations de pouvoir abusives.
À cause de leur structure artificielle, et de la nature de l’attribution de postes comme ‘emplois’ du mouvement ou comme titres professionnels, la culture de la sécurité et les pratiques intersectionnelles sont presque toujours compromises dans ces groupes. Le plus souvent, les qualifications sont limitées à ceux qui ont des dossiers universitaires ou d’activisme, et ne sont pas fondées sur le dévouement ni l’engagement pour les causes défendues, ni sur le gros travail nécessaire pour faire face à des actions et des conduites répressives. Les OBNL Autochtones hiérarchiques sont facilement corrompues par le copinage, le népotisme et l’hétéro-patriarcat. Les « leaders » exploitent généralement les causes pour construire leur capital social et leur pouvoir. Une fois ces organisations établies, les individus abusifs qui les gèrent ont souvent les mains libres, à cause d’un manque de responsabilité fondée sur la communauté, et de leurs positions attitrées qui les absolvent de causer du tort. Les OBNL sont aussi des gardiennes notoires qui ont transformé et déformé ce pourquoi des mouvements politiques de la base, comme l’abolition et l’aide réciproque, avaient combattu dans l’histoire. Elles sapent aussi et délégitimisent les radicaux, dont elles cooptent le travail tout en canalisant et accumulant les ressources de ces individus, groupes ou activités. D’une manière générale, elles aliènent implicitement les tendances radicales par leur existence même, ce qui ne compromet pas seulement des ressources et du soutien potentiels, mais aussi leur sécurité. La professionnalisation de l’activisme et des mouvements en a piégé beaucoup, par le solide mensonge de l’indépendance et des relations réifiées qui sont dans une tension constante avec la pratique réelle de l’Aide Mutuelle.
Les OBNL ont aussi collaboré ouvertement avec les agences de l’état et les forces de l’ordre, pour dénoncer, distancer et criminaliser les radicaux. Ceci a historiquement régulé notre résistance à ces structures répressives. - Les stratégies des Organisations à But Non-Lucratif sont explicitement réformistes.
En dépit du jargon radical et révolutionnaire de décolonisation qu’elles emploient, les OBNL ne veulent pas mettre fin au colonialisme et au capitalisme, parce qu’elles n’auraient pas d’emploi sans ces systèmes d’oppression. Les OBNL observent les mouvements et les cassent en campagnes gérables conformes aux conditions posées par les grandes fondations capitalistes pour obtenir des subventions. Elles éradiquent les tendances radicales en s’organisant avec des tactiques de gestion telles que « Désobéissance Civile Non-Violente » et redirige l’énergie populaire afin de mendier des concessions des politiciens coloniaux. Leur langage peut être radical, mais leurs actions sont modelées par la respectabilité et la légitimité qu’elles cherchent à maintenir auprès de leurs donateurs capitalistes et pour leurs buts politiques. Les colonisateurs ne vont pas renoncer à leur pouvoir par de la mauvaise publicité, les élections ou du lobbying agressif. Ces tactiques servent à renforcer le pouvoir colonial et à déradicaliser tous les efforts libérateurs. - Les Organisations à But Non-Lucratif Peuvent Perpétuer une Fausse Représentation.
Certaines OBNL paraissent être conduites radicalement par des Peuples Autochtones, mais leurs financiers ne sont pas Autochtones et elles n’ont pas de connexion réelle avec les communautés et les luttes qu’elles prétendent représenter. Seeding Sovereignty, en tant que mouvement conduit par des Non-Autochtones, est un exemple de base de cette mystification insidieuse et de course au profit. D’autres OBNL peuvent être dirigée par des Peuples Autochtones et fondées sur un mouvement de la base, et pourtant utiliser ces mouvements comme tremplin pour des gains personnels (financiers ou en influence) ou pour poursuivre des carrières politiques. Etant donné leurs ressources (et leur accès à des ressources), elles dominent souvent les discours des luttes. Agissant comme seules voix des questions Autochtones, beaucoup de OBNL dans le Mouvement pour la Justice Climatique ont des agendas dirigés par des OBNL sociales et environnementales de colons, comme 350.org ou le Sierra Club.
La stratégie générale du Complexe Industriel À But Non-Lucratif ne fait que maintenir les relations de pouvoir et le capitalisme.
Des groupes comme le Collectif NDN sont les meilleurs exemples des problèmes dus au Complexe Industriel Non-Lucratif. Ils ont coopté le terme ‘collectif’, qui est une pratique radicale non-hiérarchique, mais sont structurés avec un président et un PDG. Ils achètent et entretiennent de la propriété privée en tant que campagne ‘Rendez les Terres’, qui n’est pas une action radicale anticoloniale destinée à construire l’autonomie Autochtone, mais une stratégie capitaliste. Leur PDG est payé plus de 200 000 dollars par an et leur budget de fonctionnement annuel est de plus de 10 millions de dollars. Ils ont reçu récemment plus de 10 millions de dollars du capitaliste extrême et exploiteur de la classe ouvrière, Jeff Bezos. Le Collectif NDN s’organise avec l’idée de ‘Décoloniser la Richesse’, ce qui n’est en fait qu’une stratégie de marketing pour réduire en marchandises et gagner de l’argent des luttes Autochtones. Au plus haut point de la pandémie de COVID-19, en 2020, les Organisations Autochtones à But Non-Lucratif se sont précipitées pour s’approprier des fonds et appeler leurs actions ‘Aide Mutuelle’, alors qu’elles distribuaient des fonds et des ressources sous forme d’assistanat. Ce n’est pas de l’aide mutuelle, mais des actes de charité qui servent à maintenir les communautés dans la dépendance vis-à-vis des systèmes hiérarchiques et exploiteurs que nous voulons abolir.
Le Complexe Industriel à But Non-Lucratif est une barrière à la construction d’un pouvoir collectif vers la libération.
Le capitalisme Autochtone n’est pas la libération. Il faut détruire le Complexe Industriel à But Non-Lucratif !
Financez et soutenez directement les communautés de base en première ligne et les groupes et organisateurs Autochtones autonomes.
Voir aussi (en anglais) :
The Revolution Will Not Be Funded: Beyond the Non-Profit Industrial Complex
Decolonization is not a metaphor
Anti-History : An Indigenous Anti-Capitalist Analysis
Nonprofit Industrial Complex 101: a primer on how it upholds inequity and flattens resistance
What’s the Nonprofit Industrial Complex and why should I care?
Christine Prat
10 mars 2025
Depuis que Trump s’est comporté comme un porc – qu’il est – avec Volodimir Zelenski, le monde a fait un Saint de Zelenski, et nos gouvernements indignés ont saisi l’occasion de… FAIRE LA MÊME CHOSE QUE TRUMP !
Sous le prétexte de partir en guerre, ils vont saborder les budgets sociaux, médicaux, de l’éducation, de la culture, de l’environnement, défoncer ce qui reste de nature pour produire toujours plus d’énergie, entasser des armes nucléaires qui finiront par nous pêter à la gueule… et adopter à bien des égards des politiques fascistes.
Bien que je soutienne les civils Ukrainiens, j’ai des doutes sur le régime. Avant le scandale de Trump, on savait que Zelenski avait, par exemple, interdit au moins 13 partis politiques.
Bien plus grave de mon point de vue, il y a environ deux ans, ils ont brûlé le livre de Mikhail Boulgakov, Le Maitre et Marguerite, sous prétexte que Boulgakov était nationaliste russe. Ce livre est une merveille littéraire, et la plus profonde description de la société complètement folle de Staline. En plus, c’est le livre qui a inspiré le plus grand morceau de tous les temps, « Sympathy for the Devil » des Rolling Stones.
Le jour suivant, j’ai entendu qu’ils brûlaient les livres de Dostoïevski, ce qui est pour le moins inquiétant.
J’aurai toujours la plus grande admiration et le plus grand respect pour les paysans Ukrainiens qui se sont révoltés contre l’Armée Rouge de Trotsky en 1918.
Alors, je demande :
EST-CE QUE LES LIVRES DE NESTOR MAKHNO SONT TOUJOURS AUTORISÉS EN UKRAINE ?
Christine Prat
March 10, 2025
Since Trump behaved like a pig, which he is, towards Volodimir Zelensky, the world turned Zelensky into a Saint and our governments seized the opportunity to do… THE SAME AS TRUMP!
On the ground of going to war, they are going to cut into social, health, education, culture, environmental budgets, to make the poor poorer, destroy the little nature that is left to produce more and more energy, pile up nuclear weapons that will ever blow in our faces, and adopt in many respects the extreme rightists’ policies.
Although I am of course supporting Ukrainian civilians, I still have some questions about the regime. Before the Trump scandal, it was known that V. Zelensky had forbidden some 13 political parties.
Most shocking for me, some two years ago, they burnt Mikhail Bulgakov book, The Master and Margaret, on the ground that Bulgakov was Russian nationalist. This book is a literary wonder, and the most profound description of Stalin’s mad society. Moreover, it is the book that inspired the greatest number ever, “Sympathy for the Devil” by the Rolling Stones.
The next day, I heard that they were burning Dostoyevsky’s books, which is quite worrying.
I shall always keep my admiration and respect for the Ukrainian peasants who revolted against Trotsky’s Red Army in 1918.
Then, my question is:
ARE NESTOR MAKHNO’S BOOKS STILL ALLOWED IN UKRAIN?
Ce texte, de notre très regretté camarade Klee Benally, a été publié en mars 2020, pendant la pandémie de COVID. Étant donné que depuis le 5 mars, nos dirigeants européens ont décidé de nous refaire le coup de la guerre nucléaire, pour sauver le capitalisme, je pense que ce texte est de nouveau d’actualité.
Bien qu’il ait été écrit du point de vue des Autochtones colonisés d’Amérique, il concerne tous ceux qui ne peuvent qu’être victimes de la folie de nos dirigeants – pauvres, SDF, smicards, sans-papiers, chômeurs… Sans oublier que la France a aussi ses colonisés, en Guyane, en Polynésie, à Mayotte…
Les prolos européens n’ont pas plus de raison de se reconnaitre dans le délire des gens au pouvoir, ni de subir les catastrophes causées par leur politique suicidaire.
Comme l’écrivait déjà Guy Debord en 1971 (!) nous avons manifestement atteint le « …moment historique longtemps attendu, et souvent prévu sous des figures partielles inadéquates : l’impossibilité de la continuation du fonctionnement du capitalisme ». Bien sûr, ça n’a fait qu’empirer. Ils sont prêts à organiser la fin du monde plutôt que de renoncer à leurs profits sans fin.
Pas sûr que Macron et l’Union Européenne soient capables de déclencher la Troisième Guerre Mondiale, mais ils sautent sur l’occasion d’enrichir les producteurs d’armes et d’énergie aux dépens des pauvres et des gens ordinaires.
Aux U.S.A., Trump choisit de laisser tomber l’OTAN et l’Europe, et de balayer toutes les lois de protection de l’environnement – déjà insuffisantes – pour se lancer dans la course à l’énergie. Les U.S.A. vont donc tout faire exploser, pour exploiter des mines de lithium, d’uranium, etc., mais aussi forer pour du pétrole, du gaz de schistes, du charbon… C’est la raison pour laquelle Zuckerberg, Besos et autres se sont tous ralliés à Trump, leurs projets d’Intelligence Artificielle et autres vont consommer une quantité inimaginable d’électricité.
Mais tout comme les Autochtones n’ont rien à voir avec la folie colonialiste/capitaliste, les gens ordinaires d’Europe ou de leurs colonies n’ont rien à y gagner non plus.
La révolte, et la solidarité mondiale sont URGENTES. « Détruire ce qui nous détruit ».
Christine Prat
5 mars 2025
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REPENSER L’APOCALYPSE : UN MANIFESTE ANTI-FUTURISTE AUTOCHTONE
Par Klee Benally
Indigenous Action
19 mars 2020
Traduction Christine Prat
« La fin est proche. Ou est-elle déjà venue et repartie auparavant ? »
– Un ancêtre
Pourquoi pouvons-nous imaginer la fin du monde, mais pas la fin du colonialisme ?
Nous vivons le futur d’un passé qui n’est pas le nôtre.
C’est une histoire de fantaisies utopiques et d’idéalisation apocalyptique.
C’est un ordre social global pathogène de futurs imaginés, construits sur le génocide, l’esclavage, l’écocide et la ruine totale.
Quelles conclusions peuvent-elles être réalisées dans un monde construit d’ossements et de métaphores vides ? Un monde de fins fétichisées, calculées au milieu d’une fiction collective de spectres virulents. Des livres religieux aux distractions scientifiques fictionnalisées, chacun a imaginé une ligne temporelle si prédictible : début, milieu, et tout au bout, La Fin.
Inévitablement, dans ce récit, il y a un protagoniste combattant un Autre Ennemi (une appropriation de la spiritualité Afro-Haïtienne, un « zombie ? »), et, attention au divulgâcheur : ce n’est pas vous ou moi. Tant de gens sont impatients d’être les seuls survivants de l’« apocalypse zombie ». Mais ce sont des métaphores interchangeables, ce zombie/l’Autre, cette apocalypse. Ces métaphores vides, cette linéarité n’existent que dans le langage des cauchemars, elles font immédiatement partie de l’imagination et de l’impulsion apocalyptiques. Ce mode de « vie » ou « culture », est une domination qui consume tout pour son propre avantage. C’est une réorganisation économique et politique pour coller à une réalité reposant sur les piliers que sont la compétition, la propriété, et le contrôle, dans la poursuite du profit et de l’exploitation permanente. Ça professe « la liberté », mais ses fondements s’appuient sur des terres volées et sa structure même est construite avec des vies volées.
C’est cette « culture » même qui doit toujours avoir un Autre Ennemi, à blâmer, contre qui se plaindre, à affronter, à réduire en esclavage, et à assassiner.
Un ennemi moins qu’humain, afin que n’importe quelle forme de violence extrême ne soit pas seulement permise mais prévue de s’exercer contre lui. Si cette « culture » n’a pas d’Autre immédiat, elle en construit un méticuleusement. Cet Autre n’est pas créé par la peur mais sa destruction est forcée par elle. Cet Autre est constitué d’axiomes apocalyptiques et de malheur permanent.
Cette Autrification, cette maladie weitko [terme Autochtone signifiant à peu près ‘virus mental’, causant des conduites nuisibles, en particulier l’égocentrisme] est peut-être la plus symptomatique dans son stratagème le plus simple, celui de notre refabrication réduite au silence :
Ils sont sales, Ils ne sont pas adaptés pour pouvoir vivre, Ils sont incapables, Ils ne savent rien faire, Ils peuvent disparaître, Ils sont mécréants, Ils sont sans valeur, Ils sont faits pour servir nos intérêts, Ils haïssent notre liberté, Ils sont sans-papiers, Ils sont queer, Ils sont Noirs, Ils sont Indigènes, Ils sont moins que, Ils sont contre nous, jusqu’à ce que finalement, Ils n’existent plus.
Dans ce perpétuel mantra de violence constamment recadré, c’est Vous ou Eux.
C’est l’Autre qui est sacrifié pour une continuité immortelle et cancéreuse. C’est l’Autre qui est empoisonné, qui est bombardé, qui est abandonné sous les décombres.
C’est cette façon de non-être, qui a infecté tous les aspects de nos vies, qui est responsable de l’annihilation d’espèces entières, de la pollution des océans, de l’air et de la terre, de la déforestation par abattage et des incendies de forêts entières, des incarcérations de masse, de la possibilité technologique que le monde finisse au cours d’une guerre, et de l’élévation des températures à une échelle globale, c’est la politique mortelle du capitalisme, c’est une pandémie.
Une fin qui s’est déjà produite.
L’invasion physique, mentale, émotionnelle et spirituelle de nos terres, de nos corps et de nos esprits, pour coloniser et exploiter, c’est le colonialisme. Des voiliers ont vogué sur des vents empoisonnés et des marées sanglantes à travers les océans, poussés par une respiration courte et une impulsion de servage, des millions de vies ont été tranquillement éteintes avant même d’avoir pu nommer leur ennemi. 1492, 1918, 2020…
La fourniture couvertures de guerre bactériologique, le massacre de notre cousin le bison, les barrages sur des rivières qui donnaient la vie, la destruction de terres intactes, les marches forcées, l’emprisonnement selon des traités, l’éducation coercitive par la maltraitance et la violence.
Le quotidien de l’après-guerre, l’après-génocide, le marché de l’humiliation post-coloniale de notre lent suicide de masse sur l’autel du capitalisme ; travailler, toucher la paye, payer le loyer, boire, baiser, se reproduire, partir en retraite, mourir. C’est au bord des routes, c’est en vente dans les marchés ‘Indiens’, c’est servir à boire dans les casinos, refaire les stocks de Bashas [chaîne de supermarchés U.S.], ce sont de gentils Indiens derrière vous.
Ce sont les cadeaux de toutes les destinées manifestes empoisonnées, c’est cet imaginaire mis au futur que ceux qui nous ont capturés voudraient que nous perpétuions et auquel ils voudraient que nous participions. L’imposition de ce monde mort impitoyable était poussée par une utopie idéalisée comme Maison Charnelle, c’était ‘pour notre bien’, un acte de ‘civilisation’.
Tuer l’‘Indien’ ; tuer notre passé et notre avenir avec. ‘Sauver l’homme’ ; imposer un autre passé et avec, un autre futur.
Ce sont les idéaux apocalyptiques des violeurs, des racistes, des hétéro-patriarches. La foi doctrinaire aveugle de ceux qui ne peuvent voir la vie qu’à travers un prisme, un kaléidoscope brisé de guerre totale et sans fin.
C’est une vision apocalyptique qui colonise nos imaginations et détruit notre passé et notre futur simultanément. C’est une lutte pour dominer la signification humaine et toute existence.
C’est le futurisme de notre colonisateur, le capitaliste. C’est tout à la fois chaque futur jamais volé par le pillard, le causeur de guerre et le violeur.
La question a toujours été celle de l’existence et de la non-existence. C’est l’apocalypse, actualisée. Et la seule certitude est une fin mortelle, le colonialisme est la peste.
Nos ancêtres comprenaient que cette manière d’être ne pouvait pas être raisonnée ni négociée. Qu’elle ne pouvait pas être modérée ni sauvée. Ils comprenaient que l’apocalypse n’existe que dans l’absolu.
Nos ancêtres ont rêvé contre la fin du monde.
Beaucoup de mondes ont disparu avant celui-ci. Nos histoires traditionnelles sont étroitement liées au tissu de la naissance et de la fin des mondes. A travers ces cataclysmes nous avons appris beaucoup de leçons qui nous ont formés tels que nous sommes et nous ont appris comment être avec les autres. Nos manières d’être sont définies par le fait de trouver l’harmonie par et à travers la destruction des mondes. L’Elliptique. La Naissance. La Mort. La Renaissance.
Nous avons un nombre inconnu d’histoires innombrables sur le monde qui fait partie de nous. C’est le langage du cosmos, c’est le langage de prophéties gravées depuis longtemps dans les cicatrices des lieux où nos ancêtres ont rêvé. C’est la danse des fantômes, les Sept Feux, la naissance du Bison Blanc, les sept générations, c’est les cinq soleils, c’est écrit dans la pierre, près d’Oraibi, et au-delà. Ces prédictions ne font pas que prédire, elles ont été aussi des diagnostiques, et instructives.
Nous sommes les rêveurs rêvés par nos ancêtres. Nous avons traversé le temps entre les souffles de nos rêves. Nous existons en même temps que nos ancêtres et les générations à naître. Notre futur est tenu par vos mains. C’est notre mutualité et notre interdépendance. C’est notre relativité. Ce sont des plis dans nos mémoires, doucement pliées par nos ancêtres. C’est notre Temps de Rêve collectif, et c’est Maintenant. Alors. Demain. Hier.
L’imagination anticoloniale n’est pas une réaction subjective aux futurismes coloniaux, c’est un futur anti-colons. Les cycles de notre vie ne sont pas linéaires, notre futur existe sans le temps. C’est un rêve, non-colonisé.
Ce qu’est l’anti-futur Autochtone.
Nous ne nous préoccupons pas de comment nos ennemis appellent leur monde mort ni de comment ils nous reconnaissent ou admettent, nous et ces terres. Ça ne nous intéresse pas de retravailler leurs façons de gérer le contrôle ou d’honorer leurs défunts accords ou traités. Ils ne seront pas forcés de mettre fin à la destruction à laquelle leur monde est voué. Nous n’allons pas plaider auprès d’eux pour qu’ils mettent fin au réchauffement climatique, étant donné que c’est la conclusion de leurs impératifs apocalyptiques et que leur vie est construite sur la mort de Notre Mère la Terre. Nous enterrons l’aile droite comme l’aile gauche ensemble, dans la terre qu’ils sont si avides de consommer. La conclusion de la guerre idéologique de la politique coloniale est que les Peuples Autochtones doivent toujours perdre, à moins que nous ne nous perdions nous-mêmes. Les capitalistes et les colonisateurs ne nous mèneront pas hors de leurs futurs mortels.
L’idéalisation apocalyptique est une prophétie auto-réalisatrice. C’est le monde linéaire finissant de l’intérieur. La logique apocalyptique existe dans une zone spirituellement, mentalement et émotionnellement morte qui se cannibalise elle-même. Ce sont les morts qui se relèvent pour consumer toute la vie.
Notre monde vit quand le leur cesse d’exister.
En tant qu’Autochtones anti-futuristes, nous sommes la conséquence de l’histoire du futur du colonisateur. Nous sommes la conséquence de leur guerre contre Notre Mère la Terre. Nous ne laisserons pas le spectre du colonisateur, les spectres du passé, hanter les ruines de ce monde. Nous sommes l’actualisation de nos prophéties.
C’est la réémergence du monde des cycles.
C’est notre cérémonie.
Entre des cieux silencieux. Le monde respire à nouveau et la fièvre diminue.
Le sol est tranquille. Entendant qu’on écoute.
Quand il y a moins de distractions, nous allons là où nos ancêtres ont émergé.
Et leur/notre voix.
Il y a un chant plus ancien que les mondes ici, il guérit plus profondément que ce que la lame du colonisateur pourrait jamais atteindre.
Et là, notre voix. Nous avons toujours été des guérisseurs. C’est la première médecine.
Le colonialisme est une peste, le capitalisme est pandémique.
Ces systèmes sont anti vie, on ne pourra pas les forcer à se guérir.
Nous ne laisserons pas ces systèmes corrompus et malades récupérer.
Nous nous étendrons.
Nous sommes les anticorps.
++++
Addendum : Dans notre passé/votre futur, il y avait des attaques non systématiques, non linéaires, sur des infrastructures vulnérables comme la fourniture de carburant, les couloirs de transports, la fourniture d’électricité, les systèmes de communication, et d’autres, qui rendait le colonialisme de peuplement impossible sur ces terres.
- Notre organisation était cellulaire, elle ne demandait pas de mouvements formels.
- La Cérémonie était/est notre libération, notre libération était/est la cérémonie.
- Nous respections les enseignements sacrés, nos ancêtres et les générations à venir.
- Nous n’exigions aucune reconnaissance pour quoique ce soit. Nous ne publiions pas de communiqués. Nos actions étaient notre propagande.
- Nous célébrions la mort de la solidarité gauchiste et son romantisme apocalyptique myope.
- Nous ne demandions rien des capitalistes/colonisateurs.
Alors que la nucléarisation du monde – militaire et civile – s’accélère à une vitesse affolante, l’association Au-delà du Nucléaire/Un Futur Sans Nucléaire, a attribué un prix à titre posthume à Klee Benally, Anarchiste Diné, pour ses décennies de lutte contre le nucléaire et les centaines de mines d’uranium au milieu desquelles il a grandi. Le prix sera remis à sa mère le 4 mars 2025, à New-York.
Jusqu’en décembre 2023 (il nous a quitté le 30), il a lutté contre l’ouverture d’une mine d’uranium près du Grand Canyon du Colorado et le transport de minerai radioactif par camions non-étanches, à travers des communautés Autochtones. Il avait co-fondé le mouvement « Haul NO! » (PAS de transport) il y a quelques années. Les autres membres du mouvement continuent la lutte. Le 13 février 2025, un proche de Klee, a été arrêté à Flagstaff, Arizona, en relation avec la lutte contre le trajet de transport. Depuis, plus aucune nouvelle de lui. Étant donné la situation aux U.S.A., nous craignons le pire.
J’ai commencé à suivre l’affaire de la mine en 2009. Suite aux nombreuses protestations (le Grand Canyon est un site classé et un des plus visités au monde par les touristes), Obama avait prononcé un moratoire de 20 ans contre l’ouverture de nouvelles mines dans la région. Trump a levé le moratoire dès 2017. De plus, la compagnie a toujours prétendu qu’ayant obtenu un permis avant l’entrée en vigueur du moratoire, ça ne la concernait pas. Cependant, le permis avait été accordé sur la base d’une étude d’impact environnemental périmée.
Oui, le Grand Canyon c’est loin. Mais la nucléarisation galopante concerne aussi l’Europe, surtout la France, et empoisonne des gens avec des mines partout dans le monde (pour la France, les Touareg du nord du Niger, entre autres). Et une nouvelle catastrophe type Fukushima mettrait la terre entière en danger.
(photo: Leona Morgan, de Haul NO! à Bure)
Ce qui se passe en territoire Autochtone en Amérique du Nord, se passe aussi un peu partout dans le monde. Beaucoup d’Autochtones en sont conscients, y compris dans les colonies françaises encore existantes.
Tout ceci n’étant qu’une raison de plus de faire une vraie révolution.
« Détruire ce qui nous détruit » – Klee Benally
Christine Prat
Risques d’accidents graves sur le trajet:
Par Brenda Norrell
Censored News
15 février 2025
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
WINDOW ROCK, Navajo Nation – Un comité du Conseil de la Nation Navajo a demandé qui était responsable de l’accord avec Energy Fuels qui autorise des camions chargés de minerai d’uranium radioactif à passer par la Nation Navajo, et souligné que le Conseil de la Nation Navajo n’avait jamais été consulté et n’avait jamais approuvé l’accord avec Energy Fuels.
Après avoir louvoyé et évité de répondre aux questions, les avocats du gouvernement Navajo ont fini par dire que les responsables des négociations de l’accord étaient Ethel Branch, ex-Procureure Générale de la Nation Navajo, Heather Claw, actuelle Procureure Générale, avec le Département de la Justice Navajo et l’Agence pour la Protection de l’Environnement (EPA) Navajo.
Des camions transportant des déchets radioactifs d’uranium – couverts de simples toiles cirées – ont traversé la Réserve mercredi 13 février et deux autres jeudi 14. Le nombre de camions va augmenter. De deux à quatre camions passeront chaque jour jusqu’à la fin du mois. L’accord est prévu pour les deux à quatre ans à venir.
Les camions sont passés sans que les habitants soient prévenus.
Lors d’une réunion de jeudi, des Délégués du Conseil de la Nation Navajo ont rappelé qu’ils étaient le corps législatif de la Nation, mais n’avaient jamais été consultés sur l’accord avec Energy Fuels.
Réunion ordinaire du Comité Naabik’íyáti’, jeudi 13 février 2025
Questions de la tribu aux avocats et à l’EPA Navajo sur l’accord
La déléguée Eugenia Charles-Newton demanda qui avait négocié les termes de l’accord et qui avait décidé du montant à payer à la tribu par Energy Fuels.
« Qui en est arrivé au montant de 1,2 million de dollars ? »
« Nous n’aurions jamais dû accepter, parce qu’au cours de la dernière réunion que nous avons eu sur l’uranium, nous avons tous été d’accord pour ne pas autoriser que de l’uranium soit transporté dans notre Nation Navajo, parce que nous nous battons toujours avec le gouvernement fédéral sur ce qui est arrivé à notre peuple, et qu’il continue à balayer en disant ‘C’est arrivé il y a des années, pendant la deuxième Guerre Mondiale.’ »
E. Charles-Newton a mis en question la légalité de l’accord et si ceux qui l’avaient négocié avaient le pouvoir de le faire.
Elle dit que le 1,2 million de dollars d’Energy Fuels à la tribu n’étaient pas grand-chose, que ça ne couvrirait les coûts que d’une seule personne atteinte de cancer.
« Ce qui me préoccupe, ce sont les Navajos qui combattent toujours le cancer à cause des mines dans lesquelles ils ont travaillé, alors que le gouvernement fédéral avait choisi de ne pas leur donner d’informations, et je me demande si nous connaissons déjà tout les effets de l’uranium, pourquoi nous autorisons à ce que ça continue, et si nous voulons y mettre fin. »
Elle demanda pourquoi il n’y avait pas eu d’audiences publiques, ni de communiqués de presse importants, et pourquoi les Diné n’avaient pas été informés durant les négociations.
« Où est-il spécifié qu’ils peuvent signer ce contrat sans passer par le Conseil ? »
À la suite de ses questions, une longue et fastidieuse série d’explications fut donnée par les avocats tribaux et l’EPA Navajo au cours de la session du conseil.
Le directeur exécutif de l’EPA Navajo, Steven Etsitty, dit que le prix élevé de l’uranium sur le marché mondial stimulait la réouverture de la mine Pinyon Plain et d’autres mines d’uranium. Etsitty dit que l’autre facteur qui prouvait que ça allait continuer, est le fait que l’usine de traitement d’uranium d’Energy Fuels à White Mesa, en Utah, était la seule en service aux États-Unis.
L’avocat pour les ressources naturelles de la tribu, Dan Moquin, dit que des camions d’uranium étaient probablement passés dans la Nation Navajo autrefois, mais qu’on ne pouvait pas le savoir ni les surveiller.
L’EPA Navajo et les avocats tribaux affirmèrent que cet accord bénéficiait aux Navajos, mais les délégués du conseil n’étaient pas d’accord.
Le Délégué du Conseil, le Dr. Andy Nez dit que « cet accord ne bénéficie pas à notre peuple. »
Le Dr. Nez, qui représente Crystal, Fort Defiance, Red Lake et Sawmill, demanda si l’EPA Navajo avait un plan pour les situations d’urgence qui ne manqueront pas de se produire.
« Malheureusement, nous avons beaucoup de parents le long du trajet. Ils les empruntent, vous savez qu’ils vendent leurs marchandises le long de ces trajets, et cela met en danger nos parents et notre Agence de l’Ouest sur tout le chemin jusqu’en Utah. »
« Quand je pense aux bénéfices, ça ne bénéficie qu’à Energy Fuels […] »
« Pour moi, ça n’a pas de sens » dit le Dr. Nez à propos des négociations. Il fit aussi remarquer qu’aucun permis pour transports dangereux n’avait été délivré aux chauffeurs de camions par l’EPA Navajo.
S. Etsitty répondit que le permis était pour la compagnie de transport, Hammond Trucking, qui payait une redevance annuelle.
Les délégués du Conseil étaient visiblement frustrés par le manque de réponses. Le membre du Conseil George Tolth dit « je ne pense pas qu’ils vont nous donner des réponses. Ils ne font que se repasser la patate chaude. »
[…]
Tolth recommanda que le sujet soit renvoyé au Comité des Ressources et du Développement du Conseil Navajo. Il dit aussi qu’il faudrait probablement avoir recours à une assignation pour obtenir des réponses à leurs questions. […]
Le comité décida d’y revenir dans deux semaines, et comme il s’agit d’un contrat, la session ne sera pas publique.
Entretemps, des Navajos témoignent que les toiles cirées qui couvrent les déchets radioactifs des camions ne sont pas sûres, qu’elles s’ouvrent dans les coins à cause du vent, ce qui contamine l’air.
L’accord inclut aussi une autorisation future pour qu’Energy Fuels transporte des déchets radioactifs dans la partie est de la Nation Navajo, au Nouveau-Mexique, si Energy Fuels entreprend l’extraction d’uranium de la mine Roca Honda, près de la Montagne Sacrée Diné, le Mont Taylor, au Nouveau-Mexique.
Selon l’accord, Energy Fuels accepte de retirer de la Nation Navajo 10 000 tonnes de déchets des mines d’uranium abandonnées exploitées pendant la Guerre Froide.
Mais si ce nettoyage peut bénéficier à la tribu Navajo, les Navajos concernés et les Utes soulignent que ça va aggraver le danger pour les Utes de White Mesa, dont la communauté vit là où l’usine de traitement est située, un site de décharge de déchets radioactifs, dans l’Utah.
Les Utes de White Mesa ont témoigné en 2024 devant la Commission Interaméricaine des Droits Humains en 2024, des effets de l’usine sur la santé. Ils veulent que l’usine ferme.
Le Président Navajo Buu Nygren dit que c’était la Procureure Générale Heather Claw qui avait signé l’accord avec Energy Fuels, pour la Nation Navajo. Lundi 10 février, un autre membre du Conseil de la Nation Navajo avait dit que l’accord avec Energy Fuels n’avait été ni négocié ni approuvé.
L’accord secret du Président Navajo avec Energy Fuels met en danger toute la région, y compris les Laguna et Acoma du Nouveau-Mexique qui souffrent déjà de cancers et autres maladies mortelles à cause de la mine d’uranium Jackpile, aujourd’hui abandonnée. L’accord avec le gouvernement Navajo permet aussi de transporter des déchets d’uranium dans la partie Est de la Nation Navajo, si Energy Fuels exploite une mine d’uranium près du Mont Taylor, au Nouveau-Mexique.
Nos amis de Haul NO! continuent de se battre contre le nucléaire et les mines d’uranium.
Par Brenda Norrell
Censored News
9 février 2025
Traduction Christine Prat
TUBA CITY, Nation Navajo – Leona Morgan, Diné, cofondatrice de Haul No!, dit que la Nation Navajo « fait marche arrière » en autorisant le transport de minerai d’uranium à travers des communautés Diné. Ce transport de matériaux radioactifs du Grand Canyon signifie aussi qu’encore plus de déchets mortels s’entasseront dans une autre communauté Autochtone, la communauté Ute de White Mesa, en Utah.
Actuellement, avec peu ou pas d’informations sur le trajet, le gouvernement Navajo considère que les Chapitres Diné sur le trajet auront tous un plan d’urgence. Leona demanda si les communautés Diné en étaient conscientes, et si les Chapitres Navajo étaient en mesure de faire face à des urgences radioactives.
« Qui sont les Premiers Intervenants ? »
Finalement, les Diné devront affronter le Président Navajo et le Service de la Justice Navajo, dit-elle.
« Nous ne sommes pas inclus dans cet accord » dit Leona à propos de l’accord entre la Nation Navajo et Energy Fuels.
« Il n’y a pas eu de consentement libre, préalable et informé » dit Leona en citant la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones. « Les gens dans les communautés n’ont pas été consultés. »
« Comment peuvent-ils commencer le transport le 12 février, alors qu’il n’y a même pas de points de contrôle ? Nous n’avons pas de système de surveillance de l’air, » dit Leona du manque de préparation au transport radioactif dans la Nation Navajo.
Energy Fuels a l’intention de traverser les communautés Navajo avec de six à dix camions chargés de déchets radioactifs à partir du 12 février 2025.
Leona appela les communautés à s’organiser et souligna que les Chapitres Navajo pouvaient avoir leurs propres points de contrôle.
Avec la nouvelle incitation « creusez, creusez » du Président des États-Unis, la Nation Navajo fait face à un futur incertain, dit-elle. Les États-Unis investissent dans le développement de minéraux critiques et dans l’usine d’Energy Fuels chez les Utes de White Mesa.
« Nous devons faire pression sur notre gouvernement pour qu’il fasse ce que nous voulons – pas ce que veut le gouvernement fédéral. »
« Ça va empirer, parce qu’ils pensent que le nucléaire est de l’énergie propre » dit Leona à propos des pressions pour de l’énergie alternative.
L’accord de la Nation Navajo avec Energy Fuels signifie toujours plus de déversement de déchets radioactifs dangereux dans la communauté de White Mesa. Dans l’accord, Energy Fuels déclare avoir l’intention de transporter 10 000 tonnes de matériaux de décontamination contenant de l’uranium, des mines abandonnées dans la Nation Navajo.
Leona a été élue récemment par le Conseil de la Nation Navajo pour siéger à la Commission Consultative Diné de Réhabilitation [des zones touchées par] de l’Uranium, en tant que conseillère du Président et du Conseil Navajo.
À Tuba City, samedi, Leona dit que Haul No! avait débuté en 2016, quand il a été connu que l’extraction à la mine Pinyon Plain, dans le Grand Canyon allait commencer. Maintenant commence une nouvelle bataille, étant donné que le gouvernement de la Nation Navajo a approuvé le transport d’uranium à travers les communautés Navajo jusqu’à la communauté Ute de White Mesa.
La mine d’Energy Fuels Pinyon Plain et leur usine dans le sud de l’Utah, menacent des communautés Autochtones dans toute la région.
S’adressant au Forum de la Communauté samedi, Leona dit que le trajet des camions passera par la ville de Flagstaff – puis Cameron, Tuba City, Kayenta et Mexican Water, dans la Nation Navajo – avant d’atteindre l’usine en Utah. La région faisait partie de la campagne 2017 de Haul No!, avec de l’entrainement à l’action directe et une campagne de prise de conscience, commencée à l’usine de White Mesa et informant les communautés Navajo.
Maintenant, l’usine d’uranium fonctionne depuis un an et le transport par des camions radioactifs à travers la communauté Navajo a commencé en juillet 2024. Leona expliqua comment le Président Navajo a été impliqué en juillet, en même temps que le gouverneur d’Arizona.
« Beaucoup de gens n’ont pas compris que ce n’était qu’une pause. »
« Nous savons que quand les gens savent, ils peuvent parler et faire la différence » dit Leona à ceux qui étaient rassemblés à Tuba City. Elle expliqua les récents efforts pour faire fermer la mine et obtenir une nouvelle évaluation des risques et menaces environnementaux.
Cependant, la Nation Navajo n’a pas d’autorité sur les routes fédérales qui traversent la Réserve. Elles sont sous l’autorité de l’état et du gouvernement fédéral. Ainsi, par les négociations, le gouvernement Navajo a mis des restrictions au transport et la compagnie les a acceptées. L’une des restrictions est qu’il n’y ait pas de transport entre 8h du matin et 15h, quand les enfants sont à l’école.
« Les dirigeants de la compagnie essaient de passer pour des mecs bien, disant ‘Nous sommes pour la souveraineté tribale’ – mais ils ne le sont pas » dit-elle.
La réalité est que la pause n’était que pour six mois, le temps pour la Nation Navajo de mettre ses règles en place. La Nation Navajo travaille toujours sur ces règles, et comment en mettre de nouvelles, dit-elle.
« La communauté Ute de Ute Mountain nous en veut, » dit-elle, ajoutant qu’il y aurait maintenant encore plus de déchets radioactifs transportés dans leur communauté en Utah.
« Les gens des communautés n’ont pas été consultés. »
« Les autres tribus – Havasupai, Hualapai, vont probablement nous le reprocher, nous devons faire savoir à la Nation Navajo que nous ne voulons pas de cela » dit Leona à propos du trajet à travers d’autres terres et communautés Autochtones.
Leona parla de la bataille qui avait eu lieu dans sa communauté de l’est de la Nation Navajo, quand l’Agence pour la Protection de l’Environnement des États-Unis avait divulgué son projet d’emmener les déchets radioactifs de la fuite de Church Rock, au Nouveau-Mexique, et de les transporter jusqu’à l’usine de traitement, dans la communauté Ute de White Mesa, en Utah.
« Nous avons dit ‘Non ! » Leona dit que la Nation Navajo avait déclaré, il y a quelques années, qu’elle ne déchargerait pas ses déchets radioactifs dans une autre communauté Autochtone.
« Maintenant, ils font marche arrière, ils y mettent encore plus de déchets radioactifs. »
Leona dit que le rassemblement de samedi était organisé pour entendre les idées des gens sur le transport radioactif à travers leurs communautés. Elle demanda aussi : « Est-ce que la décontamination [des mines abandonnées] a vraiment été faite ? »
« Ce n’est pas de la décontamination, » dit Leona. Elle expliqua que les terres rares étaient nécessaires pour les batteries solaires, les téléphones portables et le développement d’énergie dite de transition.
Elle dit que la compagnie Energy Fuels, se fondant sur ces besoins, projetait de collecter les déchets d’uranium et de les traiter pour répondre à ce qu’elle croit être une forte demande.
« Qu’est-ce que cela signifie ? » demanda t-elle, à propos du nouvel accord de la Nation Navajo et de l’absence de consultation des communautés Diné.
Leona mit aussi en question le fait que le gouvernement Navajo demande à chaque Chapitre de réagir d’urgence en cas de menace, ne sachant pas si tous les Chapitres avaient un plan d’urgence en cas d’accident radioactif, ni qui étaient leurs Premiers Intervenants.
« Ont-ils les informations ? » demanda Leona.
Elle dit qu’en cas d’urgence, le Premier Intervenant est le chauffeur du camion – mais qu’arriverait-il s’il en était dans l’incapacité ? Alors, le premier témoin oculaire, en principe la police Navajo.
Elle encouragea les gens concernés à s’organiser et dit « Nous sommes là pour entendre vos préoccupations. »
Leona dit son admiration pour les jeunes qui se préparent à résister, comme Biddy Roots. « Ils sont comme une réponse à mes prières. »
« Nous ne sommes pas inclus dans cet accord. »
« Ça va être pire parce qu’ils pensent que le nucléaire est de l’énergie propre. » Elle indiqua aussi que des membres du Conseil Navajo soutenaient un nouveau gazoduc pour de l’hydrogène et l’exploitation de pétrole et de gaz.
Leona souligna qu’une nouvelle solution pour les déchets radioactifs dans la Nation Navajo n’est pas du tout une solution.
Et elle dit que le nouveau site d’enfouissement de Red Rock, au Nouveau-Mexique, à la frontière de la Nation Navajo, est salué comme étant « hors de la réserve », à moins de 10 km à l’est de Thoreau.
« Des parents y vivent encore, pour moi c’est toujours en pays Indien. »
L’accord Navajo avec Energy Fuels signifie encore plus de décharge radioactive dans la communauté Ute de White Mesa
La Nation Navajo n’est qu’une des communautés Autochtones en danger. La mine d’uranium Pinyon Plain, au sud du Grand Canyon, est creusée dans les terres ancestrales des Havasupai. La source d’eau de Supai est menacée et de la poussière radioactive se répand sur leurs plantes et dans l’air qu’ils respirent.
Les Supai, Paiutes, Hualapai, Diné, Hopi et Utes vivent près du trajet de transport.
Energy Fuels a annoncé l’accord avec la Nation Navajo le 29 janvier 2025.
Les Utes de White Mesa ont témoigné devant la Commission Interaméricaine des Droits Humains à Washington en 2024, expliquant que les Utes sont malades de dizaines d’années de pollution radioactive dans leur communauté. Et maintenant, Energy Fuels y amène des déchets radioactifs du Japon et d’Europe.
Anferny Badback, Ute de Ute Mountain, de White Mesa, a témoigné devant la Commission Interaméricaine des Droits Humains à Washington que l’usine de traitement d’uranium d’Energy Fuels avait pollué l’eau souterraine, les plantes, les oiseaux, la vie sauvage et l’air dans sa communauté du sud de l’Utah.
Les jeunes ont de l’asthme, les Utes doivent acheter de l’eau en bouteille.
« Nous voulons que l’usine ferme » dit-il à la Commission.
L’Agence pour la Protection de l’Environnement des États-Unis trompe le public en annonçant la décontamination de mines abandonnées
Les Havasupai, Diné, Utes, Arapahos et Lakotas ont témoigné devant la Commission le 28 février 2024 d’un racisme environnemental.
L’Agence pour la Protection de l’Environnement ne nettoie pas les déchets radioactifs laissés par l’extraction d’uranium de la Guerre Froide – elle ne fait qu’annoncer des projets de nettoyage. Il y a 524 sites de mines qui attendent toujours d’être décontaminés dans la Nation Navajo.
Voir aussi : « L’accord sur le transport d’uranium déshonore l’héritage de Klee Benally
Par Brenda Norrell
Censored News
3 février 2025
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
La Nation Navajo a déshonoré la mémoire de Klee Benally en donnant son accord pour autoriser des camions transportant de l’uranium radioactif à traverser la Nation Navajo. C’est ce que Klee avait passé les dernières années de sa vie à combattre.
Les transports mortels de la mine d’uranium d’Energy Fuels Pinyon Plain, dans le Grand Canyon du Colorado passera par le pays des Havasupai, puis par les territoires de Paiutes, de Diné (Navajos) et de Hopis, en Arizona, avant d’atteindre le lieu où ils seront déchargés : l’usine de traitement d’Energy Fuels, dans la Communauté Ute de White Mesa, dans le sud de l’Utah.
Klee recevra, à titre posthume, le Prix d’un Futur Sans Nucléaire, à New York, en mars.
L’association Un Futur Sans Nucléaire a déclaré, en annonçant le prix : « Klee Benally était un activiste et un musicien Navajo, des clans Diné Tódích’íí’nii et Nakai. Il avait eu aussi une carrière musicale avec ses frère et sœur, dans le groupe Blackfire. »
« Klee était un militant et réalisateur passionné, qui dénonçait l’héritage colonialiste de mines d’uranium et se battait pour la décontamination de plus de 500 mines d’uranium abandonnées qui continuent d’empoisonner la Nation Navajo. Un mois avant son décès, le 30 décembre 2023, Klee avait publié son livre « Pas de Capitulation Spirituelle : Anarchie Autochtone en Défense du Sacré. »
Le prix sera remis à sa mère, Berta Benally.
Klee, co-fondateur de Haul NO!, alertait sur le danger posé à l’eau et aux rivières par l’extraction d’uranium dans le Grand Canyon et par le transport mortel de minerai radioactif, juste avant de nous quitter en décembre 2023.
« La radioactivité pourrait contaminer le sol, l’eau et l’air, à cause de la Mine du Canyon, de l’usine de White Mesa et du transport qui pourrait toucher le nord de l’Arizona, le sud-est de l’Utah, le fleuve Colorado, le cours d’eau de Moenkopi, la rivière San Juan, et les terres et ressources culturelles des Havasupai, Hopis, Navajos, Utes et Paiutes. »
Déplacer les déchets nucléaires d’une communauté Autochtone à une autre N’EST PAS une SOLUTION – et met tout le monde en danger le long du trajet mortel
Selon Haul NO! Energy Fuels a annoncé, le 29 janvier 2025, avoir trouvé un accord avec la Nation Navajo sur le transport d’uranium, mettant fin à l’arrêt temporaire du transport.
« L’accord inclut des dispositions stipulant qu’Energy Fuels retirera 10 000 tonnes de déchets de mines d’uranium abandonnées de la Nation Navajo, pour les déposer à l’usine de White Mesa, ce qui touchera nos parents Utes. »
« Le 30 janvier 2025, Energy Fuels a annoncé que le transport de minerai de la mine Pinyon Plain à travers la Nation Navajo, jusqu’à l’usine de White Mesa commencerait vers le 12 février 2025 », selon Haul NO!
La tromperie permanente et les décisions génocidaires du Gouvernement des États-Unis
L’Agence pour la Protection de l’Environnement des États-Unis (EPA) a trompé le public. Bien qu’ayant constamment annoncé la décontamination de sites de mines d’uranium abandonnées dans la Nation Navajo, elle ne décontamine pas les 524 sites, et il y a toujours des déchets radioactifs éparpillés depuis l’extraction d’uranium de la Guerre Froide.
Le directeur du Centre Légal pour l’Environnement du Nouveau-Mexique a témoigné devant la Commission Interaméricaine des Droits Humains, soulignant que les États-Unis révélaient vouloir sacrifier des Autochtones pour plus de « sécurité nationale » – au lieu de s’occuper des dégâts. La Commission de Régulation du Nucléaire n’a pas respecté les commentaires publics. Quant à l’EPA, il est trop tard. Il y a toujours 524 sites de mines d’uranium à décontaminer dans la Nation Navajo. Aucune n’a été complètement décontaminée, dit-il en mars 2024.
« Les reliques de nos ancêtres ont été profanées pour construire l’usine » dit Anferny Badback, Ute de Ute Mountain, à la Commission Interaméricaine des Droits Humains à Washington. Il a témoigné que l’usine avait contaminé l’eau souterraine, les plantes, les oiseaux, la vie sauvage et l’air, dans sa communauté du sud-est de l’Utah.
Les jeunes ont de l’asthme et les gens ne peuvent plus utiliser leur eau de source. Les Utes doivent acheter de l’eau en bouteille pour boire et ne peuvent plus chasser à cause de la pollution. Maintenant, l’usine importe des déchets internationaux et est devenu un dépotoir de déchets radioactifs de bas niveau, parce que les lois de l’Utah sont laxistes. « Nous voulons que l’usine ferme » dit A. Badback à la Commission.
Dans son témoignage, Carletta Tilousi, Havasupai, dit que la pollution de la mine d’uranium Pinyon Plain menace la fourniture d’eau aux Havasupai, dans leur territoire. La mine d’uranium est située au-dessus de la nappe phréatique, sur la rive sud du Grand Canyon.
« C’est une affaire grave et urgente » dit-elle.
« On ne peut pas autoriser la mine Pinyon Plain à continuer. »
« Il n’y a aucun respect des gens qui vivent dans ces territoires, et certainement pas de respect pour Notre Mère la Terre » dit Edith Hood, Diné de la communauté de Red Water Pond Road, à la Commission Interaméricaine des Droits Humains.
« Le gouvernement connaissait les risques et les dangers mais a négligé d’informer les gens » dit Edith Hood, qui vit en bas de la route de Church Rock, au Nouveau-Mexique, site de la pire fuite radioactive de l’histoire des États-Unis.
Des Diné, Havasupai, Arapahos du nord, Lakota Oglala et Utes de White Mesa ont témoigné sur l’exploitation de l’uranium par les États-Unis en janvier, au cours d’une session sur « les impacts de l’Exploitation d’Uranium sur les Droits des Peuples Autochtones. »
Le Bureau des Affaires Indiennes et la Commission de Régulation du Nucléaire ont fait leur propre éloge et tenté de cacher l’héritage de mort de l’extraction d’uranium, de l’éparpillement de déchets radioactifs et des usines de traitement en pays Indien, selon Censored News.
À propos de l’accord avec la Nation Navajo annoncé le 29 janvier 2025, Energy Fuels dit que le minerai de la mine Pinyon Plain serait traité à l’usine de White Mesa pour en faire des concentrés d’uranium (U3O8) utilisés pour produire la charge de base de l’énergie nucléaire.
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