En novembre dernier, des Autochtones de diverses tribus se sont rendus sur l’île d’Alcatraz pour commémorer l’occupation de 1969-1970. Ils ont été accueillis par des Ohlone, les Autochtones d’Alcatraz et de la région de San Francisco.

Brenda Norrell
Censored News
27 novembre 2025
Traduction Christine Prat

La Cérémonie de l’Aube d’Alcatraz, la Commémoration de l’Occupation d’Alcatraz, a commencé avant le lever du soleil, avec des prières et l’accueil Ohlone, l’évocation des voies ancestrales et des femmes qui étaient à Alcatraz.

L’Occupation de 1969-1970 a été le fait d’Indiens de Toutes Tribus.

Après le partage de chants traditionnels et de prières, les intervenants autochtones ont parlé de l’extermination de leur peuple, qui continue aujourd’hui, et ont souligné la surveillance accrue du rassemblement, et les « yeux » pointés sur eux alors qu’ils se réunissent.

Avec des prières et des chants de Pit River, Miwok et Round Valley, Madonna Feather, elle-même de Round Valley, a parlé de la lutte pour sauver la forêt ancienne de Redwoods, des arbres à glands et de la terre ancestrale.

Des femmes et des jeunes filles Apaches combattent pour Oak Flat

Le Bastion Apache était présent pour parler de la lutte pour protéger Oak Flat d’être détruit pour une mine de cuivre à ciel ouvert. Des femmes et des jeunes Apaches veulent sauver le site sacré d’Oak Flat pour pouvoir continuer à pratiquer leurs cérémonies.

Trente-six membres du Bastion Apache avaient fait le voyage de leur pays en Arizona pour faire part de leur combat pour empêcher que le site sacré d’Oak Flat soit creusé, éventré, pour une énorme mine. Les femmes Apaches ont décrit leur combat pour protéger le site pour la Cérémonie de passage à l’âge adulte des jeunes filles Apaches.

« Nous avons pu les tenir à distance un moment, et d’effectuer la cérémonie pour ma fille », dit Sinetta Brown, Apache. « Nous avons couru, combattu, ils ont essayé de prendre l’île. Ils nous ont menacés, ils nous ont tiré dessus. »
« C’est dans notre sang, de continuer, de continuer à combattre. » Alors que leur combat continue au tribunal, S. Brown a appelé les Autochtones de Round Valley et de Californie à les soutenir.
La fille de S. Brown, la jeune Apache Lozen Brown Lopez, dit : « Ils vont essayer de détruire notre terre sacrée où notre eau sacrée sera polluée. »
« C’est où nous sommes nés et avons pris notre premier souffle » dit Lozen, qui parla aussi avec passion de ceux qui avaient souffert dans les pensionnats, ceux dont les cheveux ont été coupés et à qui il a été interdit de parler leur langue – et des filles qui luttent pour pouvoir y avoir leurs cérémonies.
« Nous connaissons notre langue, et ce que nous devons faire pour protéger nos terres sacrées » dit Lozen, au nom des jeunes filles Apaches qui se préparent à effectuer leur Cérémonie de passage à l’âge adulte à Oak Flat.

Wendsler Nosie Sr. dit qu’il était retourné au pays pour protéger Oak Flat il y a six ans, un site Saint et Sacré. Il dit que c’était un honneur d’être là et d’honorer les femmes dans ce combat.
« Aujourd’hui, nous combattons pour la Terre, notre Mère. »
« Les autres races oublient que c’est notre Mère, qu’elle nous nous nourrit. »
W. Nosie dit que les gens étaient revenus à l’essentiel, que c’était le grand plus cadeau de pouvoir, la grâce de pouvoir communiquer avec l’Esprit.
À propos des enfants, il dit que « c’est triste de voir combien d’entre eux luttent pour leur survie. »
« Tout a commencé par une prière. »
« Nous devons nous lever comme nous l’avons fait ce matin, en priant » dit W. Nosie, en remerciant pour la souffrance qui, dit-il, ne peut que rendre les gens plus forts.
« Nous devons protéger ces Lieux Sacrés. »
« Quand ce pays pleure, il est temps pour les Autochtones d’agir spirituellement. Ce pays pleure, il a montré sa faiblesse. »
« Maintenant, il est temps d’aller de l’avant. »
Le Bastion Apache a offert un chant de bénédiction.

Les Kumeyaay : Les Sons et les Graines de la Résistance

Stan Rodriguez, Kumeyaay, de San Isabel, parla des tentatives d’exterminer son peuple dans leur territoire. Les Kumeyaay vivent dans ce qu’on appelle le Comté de San Diego, en Californie, et au sud de la frontière, à Baja.
« Cette frontière a été imposée à travers le territoire Kumeyaay » dit Rodriguez, à propos de la moitié de leur territoire au sud de la frontière, à Baja.
En tant que président de l’Université DQ (Deganawidah-Quetzalcoatl), il dit que DQ, qui était sorti des cendres d’Alcatraz, voulait se relever.
« Nous ne reconnaissons pas ces frontières, nous avons nos propres territoires, notre propre terre » dit Rodriguez, parlant du riche héritage des Autochtones de Californie.
« Nous avons plus de langues, de cultures, de diversité que n’importe quel endroit du monde, à part les Papous de Nouvelle-Guinée, des centaines de langues, des centaines de nations. »
La nation Kumeyaay a survécu aux intrusions espagnoles, mexicaines, russes et américaines.
« Leur politique était d’essayer d’exterminer notre peuple » dit-il. Le premier gouverneur de Californie, Peter Burnett, avait mis leurs têtes à prix.
« Nous sommes les survivants d’un Holocauste, nous sommes toujours en vie. »
« Quand nous nous réunissons pour chanter nos chants, c’est de la résistance. Quand nous parlons notre langue, c’est de la résistance. Notre pouvoir vient de notre unité. Quand nous nous rassemblons et nous soutenons les uns les autres, personne ne peut nous arrêter. »
Avec des remerciements aux Ohlone de les avoir laissés venir, il entama des Chants du Guerrier, les chants de valeur, de persévérance et des batailles menées et gagnées.
« Nous sommes tous des guerriers, ici, nous devons nous en souvenir. »

La raison pour laquelle la terre nous a échappé est que les gens n’ont pas résisté ensemble, dit-il, mais ils peuvent en tirer des leçons.
« Nous pouvons nous rassembler comme un Carquois de Flèches qui ne peut jamais être brisé. »

Quand les gens ont été évacués de force d’Alcatraz, ils ont occupé un terrain près de Davis et Santa Rosa, dans le nord de la Californie.
« Ils ont emporté les graines d’Alcatraz avec eux, c’est devenu l’Université DQ » dit-il, invitant tous ceux qui s’étaient rassemblés à Alcatraz de se joindre à eux pour le diner et de parler d’ouvrir une nouvelle école.

Souvenirs des Premiers Jours de la Résistance

« Radio Alcatraz Libre » avec Miguel Molina sur KPFA, émet toujours en direct. Molina dit que la Radio Alcatraz Libre avait à l’origine été émise par John Trudell, pendant l’Occupation de 1969, et redémarrée par Molina et KPFA en 1992.
L’émission de ce matin a commencé quand le premier bateau est arrivé sur l’île à l’aube, avec l’interview par Molina de Jimbo Simmons, venu d’Oklahoma. Jimbo dit que la prière commencée en 1969 continue aujourd’hui, les jeunes portant la prière au niveau suivant.
« Cet esprit de résistance est ce pour quoi nous sommes ici aujourd’hui. » Jimbo dit qu’Alcatraz était le début d’un mouvement international de solidarité pour les droits des Autochtones.

Se souvenant des premiers jours de la Cérémonie du Lever du Soleil d’Alcatraz, Jimbo dit qu’il avait été difficile de trouver 150 personnes pour assister, les premiers jours. « Nous donnions nos billets pour rien. »
Jimbo se souvenait de Bill Wahpepah et des premiers jours de résistance de l’AIM [Mouvement de Résistance Indienne].
« Alcatraz était la pointe de la lance. »
L’esprit de résistance et le Feu Sacré sont la raison pour laquelle les gens sont ici, dit-il.

Tony Gonzales, de l’AIM-Ouest, parlant de « Un-Thanksgiving » [Non-Remerciements], dit que la fête célébrant « des Indiens nourrissant les pèlerins » était un mythe.
Tony dit qu’il était heureux de voir tant de jeunes aujourd’hui. Rappelant ceux qui avaient occupé l’île la première fois et les sacrifices faits pour être là, Tony dit, « Nous partageons ce lien. »

Justice Autochtone : Honorer les Femmes Guerrières Indiennes de Californie


« En ce 56ème Anniversaire de l’Occupation d’Alcatraz, nous voulons honorer les femmes Indiennes de Californie, qui protégeaient, nourrissaient et portaient le mouvement alors que le monde ne voyait rien.
« Sue Steele, Shirley Guevara, Eldy Bratt, Justine Moppin, Cecilia Pepion, Sandra Aguilar et Rosalie McKay – des femmes qui étaient là, maintenait la ligne, élevaient les enfants, faisaient la cuisine, protégeaient les gens et faisaient brûler les feux de la souveraineté. Leur direction a rendu possible le Red Power Movement [Mouvement du Pouvoir Rouge]. Leur courage continue de modeler notre lutte pour les droits des Autochtones, la sécurité et l’autodétermination aujourd’hui.

« De 1969 à maintenant, l’Occupation reste un rappel : notre survie est un acte de résistance, notre souveraineté est inhérente et notre futur est sacré. Les prières de nos anciens et de nos ancêtres sur cette île, continuent de nous protéger, de nous guider et de renforcer notre combat pour les 7 générations à venir.

« Nous sommes heureux de nous rassembler jeudi 27 novembre, pour honorer les guerrières de l’Occupation, nos anciens, et continuer le travail qu’ils avaient commencé, en défendant nos terres, nos peuples et notre droit de vivre libres, en sécurité et souverains.

« Nous rendons honneur aux femmes qui nous ont soutenus à l’époque. Nous suivons leurs pas maintenant. »

Brenda Norrell
Censored News
27 novembre 2025
Traduction Christine Prat

« Nous voulons que les Palestiniens sachent que nous sommes avec eux » – Leonard Peltier

ÎLE D’ALCATRAZ – Leonard Peltier dit à ceux qui se rassemblaient à Alcatraz qu’il était temps d’arrêter les tueries de petits enfants en Palestine. Dans une déclaration enregistrée chez lui, Peltier dit qu’on lui avait refusé un permis de se rendre à la Commémoration de l’Occupation d’Alcatraz.

Appelant à mettre un terme aux tueries en Palestine, il dit « C’est la même chose que ce qu’ils nous ont fait. »

Peltier rappela que des femmes, des enfants, des nouveau-nés se faisaient tuer. « Tous les jours, ils les tuent, ils les assassinent. »

« Il faut nous lever pour crier » dit-il, rappelant que c’était Biden qui avait commencé. « Nous devons les empêcher de tuer des petits enfants » dit-il, appelant les gens à faire entendre leurs voix.
« Nous voulons que les Palestiniens sachent que nous sommes avec eux : nous serons avec vous jusqu’à ce qu’ils arrêtent les tueries. »
« Arrêtez de tuer. »

Peltier aurait voulu être présent, mais n’a pas obtenu de permis.

Avant l’aube, à Alcatraz, environ cinq mille personnes commençaient à arriver en bateaux de la baie de San Francisco. Peltier remercia les coureurs qui couraient en son nom tous les ans.

À propos du progrès pour les communautés Indiennes, il dit « je sens toujours que nous sommes en danger. »

Il dit que les restrictions de ses possibilités de voyager étaient très dures. « Nous essayons d’y faire quelque chose. »

La lutte, dit-il, n’est pas seulement pour sa propre liberté, mais pour la liberté de tous.

Ce qui arrive aux Autochtones n’est pas nouveau, dit-il, « Ça fait des siècles que ça continue. »

Certaines tribus ont des richesses, d’autres pas. « Ce n’est pas fini » dit-il « certains vivent dans une extrême pauvreté. »

« N’ayez pas peur, résistez pour votre peuple » dit-il, encourageant les jeunes à prendre les rênes.

Il dit qu’il ne regrettait pas le sacrifice qu’il avait fait pendant 49 ans en prison. « Je le referais, je me battrais encore pour vous. »

Ça revient, tous les 25 novembre.

 

Ophelia Rivas
22 novembre 2025
Publié sur Censored News

« Notre Feu Brûle »
Ophelia Rivas parle des tours d’espionnage de la firme Israélienne Elbit Systems à la Conférence Construire la Paix, en Espagne

SANTA COLOMA de GRAMENET, Espagne – Aujourd’hui, je parle de l’absence de véritable paix sur les terres O’odham, y compris la paix personnelle, la paix pour les plantes et les animaux, la paix pour les montagnes et les vallées et la paix pour l’eau et l’air.

Les O’odham sont sous une surveillance continuelle du gouvernement des États-Unis, du fait de sa politique de sécurité de la frontière, pour la protection du mode de vie américain.

Les O’odham vivent actuellement dans moins de 10% de leurs terres d’origine, dont 10 km adjacents à la frontière internationale entre les États-Unis et le Mexique. Les O’odham sont sous le contrôle 24 sur 24, 7 jours sur 7, de dix tours de surveillance de la frontière, de la société Israélienne Elbit Systems, de chacune 55 m de haut ; et récemment (en octobre 2025) 20 tours GPS ont été proposées.

Les O’odham ont été déplacés dans deux comtés par la frontière Internationale États-Unis/Mexique, ce qui sépare les gens et leurs territoires vitaux pour le mode de vie O’odham.

L’imposition par les États-Unis de polices de l’Immigration, sur les terres et le peuple O’odham, implique la construction d’une infrastructure de sécurité et de militarisation de la frontière, en violation des droits culturels et humains, par la violence, la détention et la déportation, l’élimination de restes d’ancêtres et la destruction de lieux sacrés O’odham.

Le voyage en Espagne est pour moi personnellement traumatisant, c’est arriver dans les terres d’origine des bourreaux de mes ancêtres et de nos terres, les bourreaux qui, à la pointe de l’épée, tranchaient les membres de mes ancêtres pour n’avoir pas fait correctement le signe de croix chrétien. Des bourreaux qui baptisaient les gens par la peur, la peur d’encore plus de brutalité. C’est la source de mon nom.

Je suis ici pour dire que je suis la preuve tangible de la résistance et de la survie de mon peuple à ce jour. Je parle couramment notre ancien langage, je ne suis pas chrétienne et je ne pratique que le mode de vie O’odham. Mon seul espoir est un avenir pacifique pour les prochaines générations.

Notre feu brûle,

Ophelia Rivas

Sur la conférence – Construire la Paix 2025

Santa Coloma de Gramenet, dans la province de Barcelone, en Espagne, a accueilli la conférence internationale Construire la Paix 2025, du 21 au 23 novembre. Cette conférence, qui se tient chaque année, réunit des activistes, des professionnels de la technique, des universitaires et des membres d’organisations de la société civile. La douzième édition de cette année, s’est tenue dans un centre de ressources pour les femmes, l’innovation et l’économie féministe.

Ophelia Rivas, Tohono O’odham, a parlé le samedi 23, au cours de la « Réflexion de clôture : Les Dilemmes d’une Tech Panoptique ». « Les nouvelles technologies contrôlent l’espace publique par le biais d’une surveillance dite de « sécurité ».

Photo Becket Law

Un juge retient la précipitation des fédéraux pour transférer un site sacré Autochtone à une compagnie étrangère géante qui veut le détruire

Une cour fédérale a bloqué provisoirement le gouvernement fédéral qui veut donner un site sacré Autochtone, Oak Flat, à une compagnie minière géante, propriété de Chinois, pour le détruire. La décision est prise au moment où la Cour Suprême des États-Unis envisage d’entendre l’appel d’un groupe Apache pour protéger le site.

Communiqué de Becket Law
Publié sur Censored News
9 mai 2025
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

WASHINGTON – Ce jour, une cour fédérale a bloqué les projets du gouvernement des États-Unis de livrer le site le plus sacré des Apaches de l’Ouest, à Oak Flat, pour être détruit par un géant minier multinational.

Dans l’affaire du Bastion Apache contre les États-Unis, le gouvernement fédéral a récemment annoncé vouloir transférer Oak Flat à Resolution Copper, une compagnie appartenant maintenant à la Chine, dès le 16 juin 2025. La compagnie veut faire du site un énorme cratère minier, ce qui mettrait fin aux pratiques religieuses des Apaches pour toujours. Le Bastion Apache – une coalition d’Apaches de l’Ouest, d’autres Autochtones et d’alliés non-Autochtones – a déposé une requête urgente pour suspendre le transfère pendant que la Cour Suprême examine l’affaire.

Une cour fédérale a accordé cette requête ce jour, le Juge Steven P. Logan concluant : « Il n’y a pas de question finale dans cette affaire. Il est très clair que la balance ‘penche beaucoup’ en faveur des plaignants, et… ils ont présenté des questions sérieuses sur le fond de l’affaire, qui garantissent l’examen minutieux de la Cour Suprême. »

Depuis des temps immémoriaux, les Apaches de l’Ouest et d’autres peuples Autochtones, se sont réunis à Oak Flat, à côté de la ville actuelle de Superior, en Arizona, pour des cérémonies sacrées qui ne peuvent avoir lieu nulle part ailleurs. Sous le nom Apache de Chi’chil Bildagoteel, Oak Flat est sur la liste du Registre National des Sites Historiques et a été protégé de l’extraction minière et autres pratiques destructrices depuis 70 ans.

Ces protections ont été attaquées en décembre 2014, lorsqu’une disposition de dernière minute a été glissée dans un projet de loi de Défense qui devait absolument être adopté. Cette disposition autorisait le transfère d’Oak Flat à la firme Resolution Copper. La compagnie a maintenant le projet de faire du site sacré un cratère de 3,6 km de large et de plus de 330 m de profondeur.

Le propriétaire majoritaire de Resolution Copper, Rio Tinto, avait causé un scandale international en détruisant délibérément des grottes Autochtones de 46000 dans l’un des sites culturels les plus importants d’Australie.

« Le gouvernement fédéral et Resolution Copper ont mis Oak Flat dans le couloir de la mort – ils se pressent de détruire notre sang vital spirituel et de supprimer nos traditions religieuses pour toujours, » dit le Dr. Wendsler Nosie Sr., du Bastion Apache.

« Nous sommes reconnaissants envers le juge qui a suspendu ce vol de terres, afin que la Cour Suprême ait le temps de protéger Oak Flat de la destruction. »

Le Bastion Apache a déposé cette plainte en janvier 2021 pour essayer de mettre un terme au projet de mine à Oak Flat. 21 des 22 nations tribales reconnues fédéralement en Arizona, le Congrès National des Indiens d’Amérique, et une coalition de diverses dénominations religieuses, des organisations pour les droits civiques et des experts légaux s’opposent à la mine.

Entretemps, un sondage national indique que 74% des Américains soutiennent la protection d’Oak Flat. Le Neuvième Circuit a jugé par 6 contre 5, l’an dernier, que ce transfère de terre ne tombe pas sous les lois fédérales protégeant la liberté religieuse. Mais cinq juges n’étaient pas d’accord et ont écrit que la cour « se trompait tragiquement » en refusant de protéger Oak Flat.

« Les fédéraux n’ont absolument aucune raison de précipiter le transfère d’Oak Flat alors que notre affaire est au seuil de la Cour Suprême, » dit Luke Goodrich, vice-président et conseil chez Becket.

« Cette décision assure qu’Oak Flat reste protégé pendant que la procédure légale se poursuit, ce qui donne le temps à la Cour Suprême de décider si les rituels chéris par les Apaches peuvent continuer pour les générations futures. »

Contact : Ryan Colby
E-mail : media@becketfund.org
Téléphone : 202-349-7219

En plus de Becket, le Bastion Apache est représenté par Erin Murphy, de Clement and Murphy PLLC, la Professeure Stephanie Barclay de l’École de Droit de Georgetown, et les avocats Michael V. Nixon et Clifford Levenson.

Becket est une firme de droit d’intérêt publique, à but non-lucratif, consacrée à la protection de la liberté d’expression de toutes les traditions religieuses et a gagné à 100% devant la Cour Suprême des États-Unis. Depuis plus de 30 ans, elle a défendu avec succès des clients de toutes fois, entre autres des Bouddhistes, des Chrétiens, des Juifs, des Hindous, des Musulmans, des Autochtones d’Amérique, des Sikhs et des Zoroastriens.

Photo Shannonlynn Chester

Par Shannonlynn Chester, Diné
Publié sur Censored News
8 mai 2025
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Il y a actuellement un camion transportant de l’uranium, couvert d’une simple toile cirée, derrière le Mary’s Cafe à Flagstaff, Arizona, sur l’autoroute 89.

Le chauffeur avait besoin d’une ambulance. Quand je suis arrivée, on m’a dit qu’il était garé là depuis déjà quelques heures. Il est maintenant 11h07 et le camion y est toujours. C’est une situation qui fait peur. Ça cause de nouvelles menaces pour la communauté, à différents égards. J’ai vu des centaines d’individus passer en voiture depuis que je suis là. À moins que quelqu’un sache à quoi ressemblent ces camions qui transportent des matériaux radioactifs, tous, aux alentours, ont couru un risque sans le savoir.

Le chauffeur a reçu des soins médicaux d’urgence, puis est retourné en titubant à son camion et a été aidé à y remonter. Même de loin, il ne semblait pas aller bien! C’est très préoccupant, car il continuera probablement à rouler vers le nord à travers de nombreuses communautés, jusqu’à l’Usine de White Mesa, en Utah.

JE VOUS PRIE d’être vigilant et de rouler sur l’autoroute 89 très prudemment, à partir de Flagstaff sur le trajet de transport.

MISE À JOUR de Censored News

Aujourd’hui, la Nation Navajo, les forces de l’ordre et les médias dominants ont minimisé les risques pour les Navajos et tous ceux qui se trouvent sur le trajet. Ceci arrive après que le Président Navajo Buu Nygren ait passé un accord secret avec Energy Fuels pour que les camions de transport d’uranium passent à travers la Nation Navajo.

Nygren a publié une déclaration à propos du chauffeur malade. Nygren dit que l’Agence de Protection de l’Environnement de la Nation Navajo s’était coordonnée avec le bureau du Sheriff de Coconino et les Pompiers de Flagstaff. Les pompiers ont mesuré les doses de radiation sur le camion et dit que les niveaux de radiations sur place étaient dans des limites non dangereuses.

Trois autres camions de minerai d’uranium, sur le site de l’inspection, ont été autorisés à passer et continuer jusqu’à l’Usine de White Mesa, dit Nygren.

Energy Fuels a fait savoir à l’Agence de Protection de L’Environnement de la Nation Navajo à 11h40, que le quatrième camion – dont le chauffeur était malade – était retourné à la mine, dit Nygren.

 Le Sheriff du Comté de Coconino, Bret Axlund, dit que le chauffeur du camion avait des « symptômes ressemblant à la grippe » et refusa un transport médical. Une ambulance fut appelée sur les lieux, juste au nord de Flagstaff, dans la zone où l’autoroute 89 croise la route Townsend Winona.

Auparavant, le Conseil de la Nation Navajo avait dit que le Président Nygren avait conclu un accord secret avec Energy Fuels, sans que le Conseil en ait eu connaissance ou ne l’ait approuvé, pour autoriser les camions de minerai d’uranium à traverser la Nation Navajo de la mine du Grand Canyon jusqu’en Utah.

Plus de 500 mines d’uranium et de déchets radioactifs éparpillés, que les États-Unis n’ont jamais nettoyé après la Guerre froide, sont toujours dans la Nation Navajo et causent de nombreux cancers aux Diné.

 

Sur les problèmes causés par l’usine de traitement de White Mesa, voir l’interview de Yolanda Badback, Ute.

 

Publié sur Censored News
27 mars 2015
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

DÉCLARATION DE JANET ALKIRE, PRÉSIDENTE TRIBALE DE LA RÉSERVE SIOUX DE STANDING ROCK

En tant que Présidente de la tribu Sioux de Standing Rock, je suis offensée par le verdict du jury contre Greenpeace, dans l’affaire de la plainte SLAPP [Strategic Lawsuit Against Public Participation, plaintes portées par des individus ou des entités pour dissuader leurs critiques de continuer de leur faire de la publicité négative] d’Energy Transfer contre Greenpeace. Nous attendions mieux des juges et des jurés du Dakota du Nord, voisins de nos communautés.

Les arguments d’Energy Transfer dans cette affaire sont ridicules. Ils ont totalement manqué de respect pour la Tribu Sioux de Standing Rock, nos ancêtres et notre jeunesse, qui avait lancé le mouvement en 2016 pour protéger notre eau d’une fuite de pétrole du DAPL. Ni Greenpeace, ni personne d’autre n’a payé ni persuadé Standing Rock de s’opposer au DAPL.

Nos jeunes et nos anciens nous ont pressés de protéger notre eau et Uŋčí Makhá (Grand-Mère la Terre). C’est ce qui est arrivé et continue de se produire. L’histoire mensongère et intéressée d’Energy Transfer, selon laquelle Greenpeace manipulait Standing Rock pour nous pousser à protester contre le DAPL, est condescendante et manque de respect pour notre peuple.

Nous savons que beaucoup de résidents du Comté de Morton soutiennent l’industrie pétrolière, même des compagnies d’oléoducs extérieures à l’état du Dakota du Nord, comme Energy Transfer. Mais nous sommes vos voisins, et vous ne devriez pas être abusés si facilement. Energy Transfer ne nous connait pas. Ils ne savent pas qui nous sommes – une Nation Autochtone qui a survécu à toutes les attaques parce que nos ancêtres étaient avec nous.

Greenpeace n’a pas manipulé Standing Rock, mais Energy Transfer a manipulé le Comté de Morton. Le DAPL traverse notre territoire aborigène selon les Traités, sur des centaines de kilomètres.

Nos ancêtres occupaient ce territoire des milliers d’années avant que le Dakota du Nord existe. Les terres entre la rivière Heart et le Fleuve Missouri sont nos terres non-cédées selon les Traités de Fort Laramie de 1868 et 1851. Nos territoires d’origine s’étendent à l’est jusqu’à la rivière James et au-delà. C’est une vérité historique. Si Greenpeace peut être responsable de dire la vérité sur les droits de la Nation Sioux selon les Traités, nous avons tous de gros problèmes.

La construction de Fort Rice sur notre frontière nord, en 1864, était une violation des Traités de Fort Laramie. Ça exigeait que notre tribu soit vigilante. Personne ne devrait être surpris qu’on trouve des membres de sociétés de guerriers enterrés dans cette zone, près du trajet de l’oléoduc.

Et n’insultez pas nos experts culturels, qui possèdent une sagesse sur ces questions, dont la plupart des résidents du Comté de Morton ou les bureaucrates de la Société Historique de l’État ne savent absolument rien. Energy Transfer et ses avocats devraient avoir honte. Et chaque membre du jury du Dakota du Nord devrait être mieux informé.

Lorsqu’il s’agit de la violence excessive de la police et de la société de sécurité privée contre des manifestations généralement pacifiques, à Cannon Ball, croyez vos yeux. Les scènes de chiens menaçant les membres de la tribu rappellent la violence des suprémacistes blancs dans le sud profond, dans les années 1950 et 1960, mais là, c’était dans le Dakota du Nord, à notre époque. C’était dans les organes d’information et sur l’internet.

Beaucoup de manifestants étaient des vétérans Autochtones des forces armées des États-Unis. Energy Transfer a utilisé des chiens d’attaque contre des manifestants pacifiques et des héros de guerre. Mais le jury a choisi d’être du côté d’une société de sécurité étrangère à l’état, sans licence, avec des chiens d’attaques, plutôt que de celui de vétérans du Dakota du Nord qui soutenaient Standing Rock.

Une compagnie pétrolière du Texas est venue dans le Dakota du Nord, et ses avocats et sa machine de propagande inventent des histoires selon lesquelles la tribu Sioux de Standing Rock et ses soutiens ont menti, et que la pauvre compagnie d’oléoducs, plus riche de 1000 milliards de dollars qu’en 2016, quand ça a commencé, devrait recevoir quelques millions de plus d’organisations à but non-lucratif. C’est typique des menteurs – ils accusent toujours tous les autres de mentir. Le procès de Greenpeace était sous le sceau du secret.

La Cour n’a pas publié de transcription. Les documents obtenus par Greenpeace sur le dossier de sécurité désastreux d’Energy Transfer sont protégés par une ordonnance de confidentialité et ne sont pas à la disposition du public. Le juge a fait preuve de tant de préjugés en faveur d’Energy Transfer qu’une équipe internationale d’avocats des droits humains s’est sentie obligée de surveiller le procès. L’un d’eux a déclaré « Au cours de mes six décennies de pratique juridique, je n’ai jamais été témoin d’un procès aussi injuste que celui contre Greenpeace qui vient de se terminer dans les tribunaux du Dakota du Nord. »

Standing Rock a essayé d’obtenir plus de transparence sur le DAPL. Notre expérience avec le Corps des Ingénieurs de l’Armée et Energy Transfer, montre que tous les documents liés à la sécurité de l’oléoduc DAPL ont été fortement expurgés et gardés secrets. Qu’est-ce qu’ils cachent ? Et pourquoi le tribunal du Dakota du Nord n’a pas autorisé Greenpeace à évoquer ces questions au procès ?

Le DAPL est un oléoduc dangereux. Il traverse nos terres ancestrales et non-cédées selon les Traités. Energy Transfer a détruit des restes humains de la tribu identifiés par nos experts culturels, et a commis des violences contre notre peuple. C’est l’histoire que le Dakota du Nord et le Comté de Morton doivent prendre en compte. Avec ce verdict contre Greenpeace, ce jour semble être moins que jamais prêt d’arriver.

LE CONSTRUCTEUR D’OLÉODUCS ENERGY TRANSFER ATTAQUE GREENPEACE, (PAR ERREUR ?) ET LE TRIBUNAL DU DAKOTA DU NORD DÉCIDE EN FAVEUR DU POLLUEUR.

Christine Prat
21 mars 2025

Cette histoire loufoque n’est malheureusement qu’un exemple. Depuis que les dirigeants occidentaux, en Amérique et en Europe, ont balayé les problèmes environnementaux, les entreprises extractivistes se ruent sur ce qui reste de la planète pour devenir encore plus riches avant la fin du monde.

La France, devenue guerrière du jour au lendemain, réclame du nucléaire, pour l’énergie, mais aussi pour entasser des armes. Le nucléaire a été déclaré « énergie verte ». Tant qu’il n’y a pas d’accident. (La terre ne pourrait probablement pas survivre à un autre Fukushima). Mais les gens qui vivent à proximité de mines d’uranium savent que le nucléaire est catastrophique, pour toujours : les mines abandonnées restent radioactives. On sait qu’AREVA a détruit le territoire Touareg du nord du Niger, on sait moins qu’il y a des mines d’uranium abandonnées dans le Limousin.

Maintenant, on se rue sur les « terres rares » pour produire des batteries électriques supposées « propres ». Là encore, les mines ne le sont pas. Les habitants de pays d’Amérique Latine qui ont déjà des mines de lithium ont de gros problèmes. Aux U.S.A., des Autochtones se battent depuis plusieurs années contre une énorme mine de lithium, pour laquelle leur paysage et un site funéraire ont explosé. Les mines amènent toujours de la pollution d’énergies fossiles. Il faut utiliser des engins qui consomment beaucoup de carburant pour creuser, puis construire une route pour transporter le minerai – dans des camions au diesel – il faut une usine d’acide sulfurique et, pour toutes les mines, utiliser de forts taux d’arsenic et autres poisons. (En France, la mine de lithium sera dans l’Allier et l’usine d’acide sulfurique à Montluçon). En Serbie, le projet de mine géante est déjà bien avancé, et est confié à la très douteuse firme anglo-australienne Rio Tinto.

Je précise aussi que je ne suis pas fan de Greenpeace, mais dans ce cas, ce n’est pas la question.

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Les énergies fossiles sont également relancées. Cet article concerne une compagnie, Energy Transfer du Texas, fondée en 1996, qui construit des oléoducs, des gazoducs, des terminaux pétroliers, et se charge du transport. Il y a déjà eu une fuite d’une portion de l’oléoduc dont il est ici question. C’est particulièrement grave quand il s’agit de pétrole de gaz de schistes ou de sables bitumineux, beaucoup plus lourd et plus polluant que le pétrole « classique ». (En France, il y en a sous la Seine-et-Marne et l’est de Paris, certains veulent l’exploiter).

Pour ces raisons, les Autochtones Lakota et Dakota (« Sioux ») de la Réserve de Standing Rock, Dakota du Nord, se sont révoltés pendant l’été 2016 jusqu’en février 2017, pour tenter d’empêcher l’extension de l’oléoduc DAPL (Dakota Access Pipe-Line). Outre que le DAPL empiète sur leur territoire, il doit aussi passer sous le fleuve Missouri, qui fournit de l’eau à des millions de gens en aval.

Des jeunes de Standing Rock se sont soulevés en avril 2016 et ont été rejoints au cours de l’été par des Autochtones et écologistes d’un peu partout en Amérique du Nord, mais aussi de l’étranger. De nombreux camps ont été érigés. Le plus anar était le Red Warrior Camp. Il y avait aussi un camp pour les trans et non-hétéro, les Lakotas n’étant malheureusement pas tous tolérants, contrairement aux peuples matrilinéaires comme les Navajos. Et d’autres camps, pour d’autres communautés. Une Autochtone, La Donna Brave Bull Allard, avait prêté le terrain hérité de sa famille pour y installer un camp. Les flics l’ont empêchée de rentrer chez elle et attaqué le camp bien qu’il se trouve sur une propriété privée.

La compagnie a réagi avec une brutalité extrême. Elle a loué les services d’une firme de sécurité privée – qui n’avait pas le droit d’exercer dans le Dakota du Nord – qui a commis de nombreuses exactions. Le 3 septembre 2016 a sans doute été l’une des pires journées, au cours de laquelle la firme de sécurité a lâché des chiens sur la foule.

La célèbre journaliste alternative Amy Goodman filmait en direct. Elle a été arrêtée, mais trop tard, nous avions déjà suivi le direct. Elle a été relâchée, contrairement à beaucoup d’Autochtones, y compris des femmes âgées, connues et respectées, qui ont été arrêtées, ont reçu un numéro sur le bras (!) et ont été détenues dans des conditions inacceptables. Il y a eu aussi beaucoup de blessés, certains grièvement.

Quand l’hiver a commencé, ils ont abondamment arrosé les gens avec des canons à eau, alors qu’il gelait. Les plus résistants ont supporté le froid intense jusqu’en février 2017, où ils ont dû admettre qu’ils avaient perdu la partie.

Beaucoup de participants ont été poursuivis, certains emprisonnés pendant des mois.

Récemment, nous avons appris que la firme Energy Transfer avait porté plainte contre Greenpeace pour les dégâts occasionnés à l’époque. L’affaire est passée au tribunal ce mois-ci. Des journalistes suivaient le procès. Il est apparu que des décisions reprochées à Greenpeace avaient en fait été prises par Earth Justice, une asso Autochtone. Nous avons d’abord rigolé et pensé que la firme ne s’en tirerait pas, si elle confondait les organisations qu’elle voulait poursuivre. Des activistes ayant participé à la lutte, ont déclaré qu’ils ne savaient même pas que des membres de Greenpeace étaient présents. En fait, c’était des membres locaux qui y étaient à titre individuel.

Mais le Dakota du Nord – capitale Bismarck – n’est pas connu pour être un état progressiste. Et Greenpeace a été condamné à payer plus de 660 millions de dollars de dommages à Energy Transfer. Là, on peut se demander si c’est par erreur que la firme a confondu Greenpeace et Earth Justice. Si ses représentants savaient que le tribunal était de leur côté, ils ont probablement pensé que Greenpeace pouvait payer beaucoup plus (même si l’organisation risque de faire faillite et disparaitre). De toutes façons, les dirigeants de Earth Justice et le président de la Réserve de Standing Rock avaient dit depuis longtemps qu’ils ne dirigeaient pas la lutte, les jeunes ayant échappé à leur autorité.

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Sources :

Sur le procès, Mary Steurer, dans le North Dakota Monitor, 17 mars 2025 (et plusieurs autres article sur le même site)
Le verdict, Mary Steurer, North Dakota Monitor, 19 mars 2025, également publié sur Censored News
Le Guardian du 19 mars 2025

Lithium dans l’Allier
Lithium en Serbie, Rio Tinto

Articles de 2016 et 2017:

Tous les articles traduits en français à l’époque
Si vous n’avez pas le temps de tout lire:
Red Warrior Camp
Le retrait, par Indigenous Action, 11 décembre 2016
Article de Klee Benally, 28 octobre 2016
L’Approbation, par Amy Goodman, Democracy Now, 8 février 2017
Un article d’Indigenous Environmental Network

Si vous avez, ou pouvez vous procurer, le livre de Klee Benally, “Pas de Capitulation Spirituelle”, voir le chapitre 5, consacré à Standing Rock, en particulier les aspects critiquables.


                             Klee Benally à Rennes. Photo ©Christine Prat


Ce texte a été publié en brochure en octobre 2021, durant la crise du COVID. Des lecteurs ont demandé une nouvelle publication du texte en anglais sur Censored News. Étant donné que la plupart des gouvernements occidentaux coupent dans les budgets sociaux, de plus en plus de gens vont tomber dans la pauvreté et avoir recours aux associations-à-but-non-lucratif. Les petites associations locales sont généralement honnêtes, les grandes, qui touchent de grosses sommes, sont contaminées ou tenues par le capitalisme.

Par Indigenous Action Media
8 octobre 2021
Traduction Christine Prat

DÉTRUIRE LE COMPLEXE AUTOCHTONE À BUT NON LUCRATIF ! DÉTRUIRE LE CAPITALISME !
Les organisations Autochtones à but non-lucratif sont le problème.

Le Complexe Industriel Non-Lucratif [Non-profit Industrial Complex – NPIC – ci-après CINL] est un système de relations conçu par les forces coloniales et capitalistes pour gérer et neutraliser les véritables organisations radicales.

  1. Le Complexe Industriel Non-Lucratif [CINL] est par essence profiteur et colonial.
    Le CINL a été établi pour gérer les groupes sociaux et environnementaux avec la même structure que les grandes entreprises. Les Organisations à But Non-Lucratif [Non-Profit Organizations – NPOs – ci-après OBNL] cooptent la dynamique du mouvement dans des campagnes qu’ils arrivent à contrôler et à capitaliser. Fondées sur le modèle de la charité, les OBNL concentrent leurs ressources dans la construction du pouvoir organisationnel, et non du pouvoir de la communauté, et par là dépouillent l’organisation radicale libératoire de première ligne de ressources essentielles, tout en reproduisant ou prolongeant l’inégalité et les hiérarchies sociales.
  2. Le Complexe Industriel Non-Lucratif entretient le capitalisme.
    Des familles, des individus, des fondations riches, des classes possédantes et des grandes compagnies utilisent le CINL pour protéger leur fortune des impôts. Ces capitalistes donnent des millions mais économisent bien plus de millions en profitant de la déductibilité des impôts des CINL. Ils n’ont pas le but sincère de mettre un terme aux injustices qu’ils ont souvent perpétuées et dont ils profitent.
  3. Les Organisations à But Non-Lucratif sont responsables devant leurs donateurs, pas leurs communautés.
    les rapports sur le financement de la plupart des OBNL ne sont pas transparents. Elles opèrent avec un certain niveau de secret pour s’assurer que les communautés désespérées, auxquelles elles imposent leur représentation, ne voient pas quel profit ils tirent de leur misère. Ils conçoivent souvent des budgets gonflés pour leur gain personnel et ne sont pas créatifs de ressources. En dernière analyse, ils créent des incitations à exploiter les luttes.
  4. Les Organisations à But Non-Lucratif encouragent des relations de pouvoir abusives.
    À cause de leur structure artificielle, et de la nature de l’attribution de postes comme ‘emplois’ du mouvement ou comme titres professionnels, la culture de la sécurité et les pratiques intersectionnelles sont presque toujours compromises dans ces groupes. Le plus souvent, les qualifications sont limitées à ceux qui ont des dossiers universitaires ou d’activisme, et ne sont pas fondées sur le dévouement ni l’engagement pour les causes défendues, ni sur le gros travail nécessaire pour faire face à des actions et des conduites répressives. Les OBNL Autochtones hiérarchiques sont facilement corrompues par le copinage, le népotisme et l’hétéro-patriarcat. Les « leaders » exploitent généralement les causes pour construire leur capital social et leur pouvoir. Une fois ces organisations établies, les individus abusifs qui les gèrent ont souvent les mains libres, à cause d’un manque de responsabilité fondée sur la communauté, et de leurs positions attitrées qui les absolvent de causer du tort. Les OBNL sont aussi des gardiennes notoires qui ont transformé et déformé ce pourquoi des mouvements politiques de la base, comme l’abolition et l’aide réciproque, avaient combattu dans l’histoire. Elles sapent aussi et délégitimisent les radicaux, dont elles cooptent le travail tout en canalisant et accumulant les ressources de ces individus, groupes ou activités. D’une manière générale, elles aliènent implicitement les tendances radicales par leur existence même, ce qui ne compromet pas seulement des ressources et du soutien potentiels, mais aussi leur sécurité. La professionnalisation de l’activisme et des mouvements en a piégé beaucoup, par le solide mensonge de l’indépendance et des relations réifiées qui sont dans une tension constante avec la pratique réelle de l’Aide Mutuelle.
    Les OBNL ont aussi collaboré ouvertement avec les agences de l’état et les forces de l’ordre, pour dénoncer, distancer et criminaliser les radicaux. Ceci a historiquement régulé notre résistance à ces structures répressives.
  5. Les stratégies des Organisations à But Non-Lucratif sont explicitement réformistes.
    En dépit du jargon radical et révolutionnaire de décolonisation qu’elles emploient, les OBNL ne veulent pas mettre fin au colonialisme et au capitalisme, parce qu’elles n’auraient pas d’emploi sans ces systèmes d’oppression. Les OBNL observent les mouvements et les cassent en campagnes gérables conformes aux conditions posées par les grandes fondations capitalistes pour obtenir des subventions. Elles éradiquent les tendances radicales en s’organisant avec des tactiques de gestion telles que « Désobéissance Civile Non-Violente » et redirige l’énergie populaire afin de mendier des concessions des politiciens coloniaux. Leur langage peut être radical, mais leurs actions sont modelées par la respectabilité et la légitimité qu’elles cherchent à maintenir auprès de leurs donateurs capitalistes et pour leurs buts politiques. Les colonisateurs ne vont pas renoncer à leur pouvoir par de la mauvaise publicité, les élections ou du lobbying agressif. Ces tactiques servent à renforcer le pouvoir colonial et à déradicaliser tous les efforts libérateurs.
  6. Les Organisations à But Non-Lucratif Peuvent Perpétuer une Fausse Représentation.
    Certaines OBNL paraissent être conduites radicalement par des Peuples Autochtones, mais leurs financiers ne sont pas Autochtones et elles n’ont pas de connexion réelle avec les communautés et les luttes qu’elles prétendent représenter. Seeding Sovereignty, en tant que mouvement conduit par des Non-Autochtones, est un exemple de base de cette mystification insidieuse et de course au profit. D’autres OBNL peuvent être dirigée par des Peuples Autochtones et fondées sur un mouvement de la base, et pourtant utiliser ces mouvements comme tremplin pour des gains personnels (financiers ou en influence) ou pour poursuivre des carrières politiques. Etant donné leurs ressources (et leur accès à des ressources), elles dominent souvent les discours des luttes. Agissant comme seules voix des questions Autochtones, beaucoup de OBNL dans le Mouvement pour la Justice Climatique ont des agendas dirigés par des OBNL sociales et environnementales de colons, comme 350.org ou le Sierra Club.

La stratégie générale du Complexe Industriel À But Non-Lucratif ne fait que maintenir les relations de pouvoir et le capitalisme.

Des groupes comme le Collectif NDN sont les meilleurs exemples des problèmes dus au Complexe Industriel Non-Lucratif. Ils ont coopté le terme ‘collectif’, qui est une pratique radicale non-hiérarchique, mais sont structurés avec un président et un PDG. Ils achètent et entretiennent de la propriété privée en tant que campagne ‘Rendez les Terres’, qui n’est pas une action radicale anticoloniale destinée à construire l’autonomie Autochtone, mais une stratégie capitaliste. Leur PDG est payé plus de 200 000 dollars par an et leur budget de fonctionnement annuel est de plus de 10 millions de dollars. Ils ont reçu récemment plus de 10 millions de dollars du capitaliste extrême et exploiteur de la classe ouvrière, Jeff Bezos. Le Collectif NDN s’organise avec l’idée de ‘Décoloniser la Richesse’, ce qui n’est en fait qu’une stratégie de marketing pour réduire en marchandises et gagner de l’argent des luttes Autochtones. Au plus haut point de la pandémie de COVID-19, en 2020, les Organisations Autochtones à But Non-Lucratif se sont précipitées pour s’approprier des fonds et appeler leurs actions ‘Aide Mutuelle’, alors qu’elles distribuaient des fonds et des ressources sous forme d’assistanat. Ce n’est pas de l’aide mutuelle, mais des actes de charité qui servent à maintenir les communautés dans la dépendance vis-à-vis des systèmes hiérarchiques et exploiteurs que nous voulons abolir.

Le Complexe Industriel à But Non-Lucratif est une barrière à la construction d’un pouvoir collectif vers la libération.

Le capitalisme Autochtone n’est pas la libération. Il faut détruire le Complexe Industriel à But Non-Lucratif !

Financez et soutenez directement les communautés de base en première ligne et les groupes et organisateurs Autochtones autonomes.

Voir aussi (en anglais) :

The Revolution Will Not Be Funded: Beyond the Non-Profit Industrial Complex
Decolonization is not a metaphor
Anti-History : An Indigenous Anti-Capitalist Analysis
Nonprofit Industrial Complex 101: a primer on how it upholds inequity and flattens resistance
What’s the Nonprofit Industrial Complex and why should I care?

Christine Prat
10 mars 2025

Depuis que Trump s’est comporté comme un porc – qu’il est – avec Volodimir Zelenski, le monde a fait un Saint de Zelenski, et nos gouvernements indignés ont saisi l’occasion de… FAIRE LA MÊME CHOSE QUE TRUMP !
Sous le prétexte de partir en guerre, ils vont saborder les budgets sociaux, médicaux, de l’éducation, de la culture, de l’environnement, défoncer ce qui reste de nature pour produire toujours plus d’énergie, entasser des armes nucléaires qui finiront par nous pêter à la gueule… et adopter à bien des égards des politiques fascistes.

Bien que je soutienne les civils Ukrainiens, j’ai des doutes sur le régime. Avant le scandale de Trump, on savait que Zelenski avait, par exemple, interdit au moins 13 partis politiques.

Bien plus grave de mon point de vue, il y a environ deux ans, ils ont brûlé le livre de Mikhail Boulgakov, Le Maitre et Marguerite, sous prétexte que Boulgakov était nationaliste russe. Ce livre est une merveille littéraire, et la plus profonde description de la société complètement folle de Staline. En plus, c’est le livre qui a inspiré le plus grand morceau de tous les temps, « Sympathy for the Devil » des Rolling Stones.

Le jour suivant, j’ai entendu qu’ils brûlaient les livres de Dostoïevski, ce qui est pour le moins inquiétant.

J’aurai toujours la plus grande admiration et le plus grand respect pour les paysans Ukrainiens qui se sont révoltés contre l’Armée Rouge de Trotsky en 1918.

Alors, je demande :

EST-CE QUE LES LIVRES DE NESTOR MAKHNO SONT TOUJOURS AUTORISÉS EN UKRAINE ?