Par Gidimt’en Checkpoint
Publié par Censored News
Le 4 janvier 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Territoire Gidimt’en non-cédé, Smithers (Colombie Britannique) – Deux semaines après que les protecteurs de l’eau Wet’suwet’en aient chassé les travailleurs de Coastal GasLink et occupé un site crucial de construction de l’oléoduc, les protecteurs de l’eau ont effectué un repli stratégique afin d’éviter des arrestations et des violences de la part de dizaines de membres de la Police Montée militarisés. Avant une mobilisation policière à grande échelle, les protecteurs de l’eau ont disparu dans les bois, évitant les violences policières et la criminalisation. Nous nous attendons à un assaut imminent contre les , dirigé par Coastal GasLink, si nous continuons d’occuper et d’utiliser notre yintah.
« Nos guerriers ne sont pas là pour être arrêtés. Nos guerriers sont là pour protéger le territoire et l’eau, et nous continuerons à la faire à tout prix » dit Sleydo’ (Molly Wickham), une dirigeante des Cas Yikh. « Chaque fois que la Police Montée, le C-IRG, est venue pour imposer l’injonction de Coastal GasLink, ils ont commis des violences envers nos femmes. Ils ont emprisonné nos femmes Autochtones et nos guerriers. Nous ne laisserons pas les nôtres être des prisonniers politiques. »
Pour la quatrième fois en quatre ans, la Police Montée semble mobiliser pour un assaut à grande échelle contre le territoire non-cédé Wet’suwet’en, ils réservent des dizaines de chambres d’hôtel pour amener des policiers de toute la province, pour faciliter la construction de l’oléoduc et forcer le contrôle sur des terres non-cédées à la pointe du fusil.
Les protecteurs de l’eau ont bloqué le forage sous les eaux Wet’suwet’en depuis plus de 70 jours. Au cours des derniers jours, il y a eu plus de patrouilles par la Police Montée non-locale, le C-IRG, et une surveillance par hélicoptère au-dessus de résidences privées Wet’suwet’en, loin de tout projet de chantiers.
Après les premiers 56 jours d’occupation, la Police Montée a effectué 30 arrestations, avant d’escorter les travailleurs de Coastal GasLink dans le Camp du Coyote, pour raser au bulldozer plusieurs huttes, habitations et autres structures. En un mois, les défenseurs du territoire ont repris le site, expulsant à nouveau les travailleurs de Coastal GasLink et bloquant le site de forage. Il y a eu aussi des arrestations au Gidimt’en Checkpoint, une réoccupation du site de notre village traditionnel dans le yintah des Cas Yikh, qui ne dérangeait pas le travail de Coastal GasLink.
« Nous savons que nous devons respecter nos responsabilités, et quoiqu’ils fassent pour essayer de nous abattre, nous n’oublierons jamais qui nous sommes en tant que peuple Wet’suwet’en. Nous honorerons toujours nos responsabilités envers Wedzin Kwa, envers notre yintah et toutes les générations futures » déclara Sleydo’.
Les Wet’suwet’en n’ont jamais cédé ni renoncé aux 22 000 km² de terre traditionnelle Wet’suwet’en à la Colombie Britannique ou au Canada, et ont prouvé devant la Cour Suprême du Canada que la propriété des Wet’suwet’en sur cette terre n’a jamais été éteinte. Nos chefs héréditaires ont combattu depuis des années devant des Cours coloniale pour protéger notre yintah, comme ils l’ont fait sur ce territoire depuis des temps immémoriaux. Selon Anuc nu’at’en (la loi Wet’suwet’en), les chefs de Maisons, représentant chaque groupe Wet’suwet’en impactés, ont interdit les terres Wet’suwet’en à Coastal GasLink, et en 2020, ils ont émis une notice d’éviction toujours en vigueur, à la compagnie.
Depuis 2019, la Police Montée a dépensé plus de 20 millions pour criminaliser l’autorité Wet’suwet’en sur nos terres, pour se déployer en tenue militaire, avec des drones, des hélicoptères, des véhicules tout-terrain, des motoneiges, des centres de commandement mobiles, et des unités K-9. La Police Montée a pointé des fusils de sniper et des armes d’assaut sur des Autochtones non-armés et utilisé des techniques de torture physiques et psychologiques contre des protecteurs de l’eau engagés dans la désobéissance civile non-violente. À ce jour, la police a procédé à 79 arrestations, parmi lesquelles celles de nos Chefs Héréditaires Wet’suwet’en.
« Je ne pense pas que Coastal GasLink, le gouvernement ou la police comprennent que les Wet’suwet’en sont là depuis des milliers d’années. En dépit de tout l’argent et de tous les efforts de la police et de Coastal GasLink pour se débarrasser de nous, nous ne partirons jamais. Jamais » dit Sleydo’.
Contact pour les médias : Jennifer Wickham, coordinatrice des médias au Gidimt’en Checkpoint.
Par Duane ‘Chili’ Yazzie
Publié par Censored News
Le 3 janvier 2022
Traduction Christine Prat
Le Coronavirus19 échappe à l’identification et la saisie. Les efforts acharnés de la science n’ont pas permis de trouver l’origine ou la cause du virus. C’est l’histoire de limitations imposées depuis longtemps par la science et la médecine occidentale. Il y a peut-être une explication pas si compliquée, mais avec un contenu complexe.
Avant la pandémie, l’humanité avait de graves problèmes. La crise climatique étouffait la vie sur la planète, la tension raciale entre une minorité de blancs et les gens de couleur était horrible. Maintenant, alors que le monde lutte pour sortir de la pandémie, ces problèmes sont passés d’un stade critique à celui d’un danger imminent. La crise climatique est accablante, l’industrie extractiviste, avec la complicité de la plupart des gouvernements, continue avec obstination et de manière exponentielle à faire ce qu’elle fait toujours : faire toujours plus d’argent sans se soucier des dévastations environnementales et humaines qu’elle laisse derrière elle.
Dans toute l’Amérique, le zèle de la suprématie blanche fait des métastases, brandissant impudemment le drapeau du racisme, du néocapitalisme libéral, des conspirations, de la politique mesquine à travers tout le pays. Les très convoités Etats-Unis sont radicalement polarisés. Les blancs font imploser leur gouvernement et leur société. Certains, qui n’avaient jamais imaginé avoir des inclinaisons de « suprémaciste blanc », se retrouvent alignés sur, ou ayant des sympathies pour l’agenda et la rhétorique de la suprématie blanche. Ça doit être génétique, entretemps ; la notion de supériorité blanche est enracinée dans de l’histoire ancienne.
Même quand sa peau éclate, la Terre est vivante, son essence spirituelle continue de battre. Elle pourrait mourir ou elle pourrait vivre ; l’espèce humaine décide de son sort. Cette réalité est insondable, d’importance nulle pour la majorité des blancs, en particulier ceux persuadés de la suprématie blanche. Ils mettent en péril le futur des petits-enfants.
Le virus du COVID est un phénomène de la nature. C’est un organisme vivant ; ça vit de mort.
Tout être vivant se défend quand il est menacé de blessure ou de mort. La Terre se bat pour sa vie, elle y engage toutes ses défenses. Le virus parait être un mécanisme de défense de la Terre. Si cela est vrai, c’est le sens commun de penser que la gravité du virus sera proportionnelle à la gravité des blessures infligées à la Terre et de l’extrémisme de la blessure perpétrée par l’inhumanité de la haine.
Une mère protège et défend instinctivement ses enfants. La Terre Mère défend ses enfants qui croient en la vérité et veulent vivre étant ce qu’ils sont supposés être. La Terre se rebelle contre l’exploitation extrême de l’entité qui est son corps et la répression brutale dont ses enfants sont victimes. Le message de la Terre est clair, mais le monde n’entend pas.
©chiliyazzie
Par Indigenous Action
Solstice 2021
Traduction Christine Prat
Bien que la contorsion suprémaciste blanche de la « droite alternative » ait largement atteint son but, son désir persiste, avec des stratégies variées, d’arriver à la légitimation sociopolitique. Nous voyons clairement sa trajectoire, des convulsions post-électorales du 6 janvier 2021 et le vacarme approbateur qui s’en est suivi, au verdict de l’affaire Rittenhouse, et entretemps, toute la clique médiatique marchande (les médias sociaux).
Depuis que certains des néofascistes les plus visibles se retrouvent châtrés à la suite des batailles légales de Charlottesville, les colons suivent en direct la déconfiture de leur ordre social.
C’est terrifiant, que leurs préjugés et leur xénophobie soient en train d’être « annulés ».
Ils sont hystériques à propos de la « tyrannie médicale », donc ils s’injectent du vermifuge pour les chevaux dans les veines. Leurs idéaux, brutalement acquis, de « libertés » ont plus d’importance que le bien-être des plus vulnérables (comme ils ont toujours eu plus d’importance que nos vies).
Les artistes conservateurs suprémacistes blancs jouent les victimes d’une « guerre culturelle » qu’ils ont mené contre nos vies et nos terres depuis plus de 500 ans. Nous avons résisté et survécu de générations en générations à cette « guerre culturelle » appelée colonisation.
La réaction des colonisateurs est prévisible, étant donné qu’ils ont toujours eu peur de ce qu’ils ne peuvent pas dominer et contrôler. C’est peut-être dans cette mesure qu’ils craignent tant « l’être woke » [approx. ‘éveillé’], parce que ceux qui restent inconscients sont plus faciles à contrôler et exploiter. Aucun être conscient ne choisirait volontairement une existence de souffrance produite par les cauchemars de quelqu’un d’autre.
Cependant, le terrain (volé) gagné dans les rues au cours des rébellions pour George Floyd, a en grande partie été cédé par des progressistes, se retranchant sur leurs terrains qu’ils imaginent illusoirement (plus) sûrs, pour des raisons électorales. Mais qu’y a-t-il à attendre de ceux qui sont prêts à se mettre à genoux avec des flics et « décolonisent » démonstrativement leurs styles de vie ?
Le décélérationisme progressiste post-élections a émergé dans toute sa gloire réactionnaire et pacifiante.
Les progressistes ont une tendance prévisible à se reposer sur leurs votes, et ainsi abandonner leur énergie à ceux qui les représentent. Mais leur politique est de celles qui devraient être appelées pour ce qu’elles sont : des « MAGA-lithes[*] ». Leurs dénonciations morales s’attardent rarement sur des causes profondes, et lorsqu’ils vont jusqu’à accuser l’Etat et la suprématie blanche, c’est toujours bien cartographié dans la géographie binaire gauche contre droite. Ils n’arrivent pas à admettre que construire et maintenir l’idée d’ « Amérique » est le vrai problème (souvenez-vous de la myopie du slogan du colon : « Nous sommes une nation d’immigrants ? ». Des enfants migrants sont toujours dans des cages, subissant la même politique de violence, juste avec des nouveaux visages politiques, des bombes portées par des drones tournent toujours comme des vautours impérialistes au-dessus de la région géopolitique transcontinentale du Moyen-Orient, et après seulement quelques mois derrière le bureau présidentiel, Biden signé plus de concessions pétrolières et gazières que le démagogue qui l’a précédé.
Lorsqu’ils ne sont pas en train de faire la police contre des mouvements, si une chose est cohérente chez les progressistes MAGA-lithiens*, c’est que leurs accès de scandale doivent être contenus dans le royaume de la politique « légitime ». Ils s’en tiennent à des réformes espérant que l’Etat résoudra les problèmes qui le construisent structurellement et sans lesquels il ne peut exister. Qu’ils optent pour les tactiques de « visibilité » en brandissant des pancartes, ils supplient toujours les politiciens pour lesquels ils ont voté de leur laisser des miettes de la carcasse pourrissante d’un idéal imaginaire appelé « justice ». Ils s’accrochent aux plus lamentables gestes politiques de reconnaissance, par des pions colonisés comme Deb Haaland. Ils sont toujours captivés et offrent leurs ovations patriotiques lors du tour de magie appelé « justice climatique », illusion qu’un système industriel construit sur la destruction de la Terre peut magiquement résoudre la crise sur laquelle il prospère.
En réaction, les progressistes investissent plus dans leur équipe (ce qui n’est qu’un autre aspect de la même politique coloniale) et sont hyper concentrés sur la « réduction des risques » avec des « solutions » rendant le capitalisme et le colonialisme de peuplement plus « verts » avec quelques restrictions économiques.
Derrière tout cela, il y a les capitalistes à but non-lucratif montant des guerres sociales et écologiques « gauchistes », pour leur propre bénéfice.
Rendre le colonialisme de peuplement et le capitalisme plus durables signifie la mort de toute existence Autochtone. Qu’on pense seulement à ruée en masse pour extraire du lithium visant les terres Autochtones à Thacker Pass, Big Sandy Valley, et au-delà.
En pleine pandémie des pandémies, des néofascistes se rassemblent et préparent l’escalade vers la prochaine élection importante et au-delà, fracturant pour du pétrole et empoisonnant des terres sacrées et les eaux avec des oléoducs ; des fxmmes, des filles, des trans et des parents à deux-esprits sont enlevés, des familles déchirées, déportées ; ou bien on les laisse mourir quand elles cherchent un refuge au-delà des lignes politiques coloniales ; nos parents sont dans les rues sans abri dans le froid, nous sommes emprisonnés et tués par les forces de l’Etat en toute impunité ; le tout pendant que l’existence rêvée par nos ancêtres est transformée en un cauchemar obscène, un commerce de « décolonisateurs™ » de théâtre dominé par les selfies et financé par un milliardaire, agitant leurs drapeaux marqués « land back », empochant de l’argent pour « décoloniser la richesse », avec leurs hipsters les plus woke (et célèbres) parmi leurs alliés colons.
Il est clair que certains ne peuvent pas et ne vont pas cesser d’imaginer des futurs coloniaux.
Pour beaucoup d’entre nous, opposants enragés, reprenant notre souffle entre gaz lacrymogène et bombe à poivre, travaillant par équipes pour faire des livraisons d’aide mutuelle pendant le COVID ou contre la répression d’état (c’est-à-dire nous assurer de rester libres), nous ne pouvons pas ne pas voir les traces sanglantes sur les murs de cet ordre social colonial.
Pour de nombreuses raisons, entre autres notre révulsion des propositions homogénéisantes des politiques gauchistes « révolutionnaires » (spécialement celles de Marxistes Autochtones autoritaires), nous préférons les principes aux plateformes, les enseignements de nos anciens plutôt que ceux d’Européens morts, des attaques autonomes plutôt que des campagnes politiques, et nous avons plus de questions que de réponses.
Que faisons-nous ? Et de qui est composé ce « nous » ? Quelles leçons avons-nous apprises des années de batailles de rue, d’espaces autonomes, et de barricades sur les lignes de front ? Quelles tactiques plus efficaces pouvons-nous développer ? Est-ce que des actions fondées sur des cellules de groupes d’affinité et de loup solitaire, peuvent être plus efficaces que la mobilisation de masse idéalisée ? Est-ce une question de et/ou, ou pouvons-nous creuser plus profondément pour diversifier nos tactiques ? Quelles occasions peuvent être créées par la prédictibilité des réactions des forces de l’ordre ? Quelles institutions, idées et infrastructures pouvons-nous attaquer avec nos moyens ? Comment pouvons-nous assurer effectivement que les agresseurs seront tenus pour responsables dans nos communautés ? Comment pouvons-nous inscrire ces pratiques dans une culture de la sécurité ? Quels sont nos avantages ? Quels sont nos désavantages et comment pouvons-nous les surmonter ou les éviter ? Comment pouvons-nous accélérer les ruptures internes et externes coloniales, sociales, économiques et politiques et précipiter leur ruine ? Quelles nouvelles provocations, interventions et attaques peuvent être élaborées pour miner et déstabiliser l’ordre social colonial ?
Les réponses sont assurément complexes, variées et délibérément incomplètes, parce c’est à beaucoup d’égards ce que nous faisons déjà par de l’éducation et des interventions radicales, avec l’aide mutuelle (pas la merde cooptée à but non-lucratif), la défense de la communauté et des projets d’infrastructure (des conflits) autonomes. De ce point de vue, certaines de nos réactions sont plus orientées vers les questions de comment stabiliser et maintenir des projets radicaux. Comment multiplions-nous et faisons grandir ces possibilités libératrices ?
Dans « Black Seed : Not on Any Map », un nouveau livre (principalement) sur l’Anarchie Autochtones, ces questions conduisent à la tâche proposée par un membre de l’équipe d’Indigenous Action, pour l’anarchie Autochtone (ou l’autonomie, si vous préférez abandonner l’identifiant politique colonial), qui est de remplacer le principe d’autorité politique par le principe de mutualité Autochtone autonome.
Ce n’est absolument pas théorique, c’est l’exhortation de nos ancêtres et la continuité de manières d’exister avec, et non contre, la Nature.
Ce pouvoir est quelque chose que les colonisateurs ne pourraient jamais comprendre complètement, alors ils ont commis tout ce qu’ils pouvaient pour l’annihiler. Des massacres de la Ghost Dance à la violence spirituelle systématique des pensionnats, à l’interdiction pure et simple des pratiques spirituelles jusqu’à la fin des années 1970, à la profanation toujours actuelle, spécifique et intentionnelle des sites sacrés, le pouvoir de la prière et la cérémonie Autochtones a toujours terrifié les colonisateurs au plus profond d’eux-mêmes.
Nous étudions les contours de nos hxstoires de notre émergence. Nous traçons les lignes dans les mains de nos anciens qui guident et forment les cadres de nos actions. Nous retrouvons les pas des anciens pour collecter les médecines sacrées. Nous regardons patiemment la lumière et la façon dont les pluies tombent et se rassemblent, et ainsi nous savons où placer soigneusement les graines. Nous écoutons intensément quand la terre bouge et la lune est cachée par le soleil.
Nous réchauffons nos esprits aux feux sacrés sur les lignes de front à travers tous ces territoires occupés.
De ceux entretenus par les défenseurs des terres Gidimt’en à ceux allumés par les anciens qui résistent à la déportation forcée à Winnemucca, et ceux entretenus par des jeunes trans et deux-esprits Autochtones au Camp Migizi. Le feu sacré de la colère Noire qui a détruit le bureau de police de soi-disant Minneapolis. Les feux sacrés qui ont réduit en cendres les églises responsables des pensionnats.
Nous entretenons toujours des feux.
Vivre une vie en conflit avec la contrainte autoritaire sur une terre volée est une proposition spirituelle, mentale et matérielle, c’est la négation de la domination du colonialisme de peuplement.
C’est notre cérémonie perpétuelle de résistance et de réparation.
En tant qu’agitateurs anticoloniaux, nous ne rivalisons pas pour séduire les sympathies et la charité des colons alliés. La solidarité anticoloniale, c’est l’attaque.
Effrayez à nouveau les colonisateurs.
***
Un soir d’automne, il y a quatre ans, Ivan Bender, un Hualapai dans la cinquantaine, alla se promener avec son chien, pour contrôler la terre du ranch dont il s’occupe. Niché au fond de la Big Sandy Valley, le ranch protège Ha’ Kamwe’ – des sources chaudes sacrées pour les Hualapai et connue aujourd’hui en anglais comme Cofer Hot Springs. Comme les ombres s’allongeaient, Bender vit quelque chose de surprenant – des hommes travaillaient sur une colline proche.
« Je leur ai demandé ce qu’ils faisaient, » se souvint Bender. « Ils me dirent qu’ils foraient. » Il s’avère que, en plus des sites sacrés comme les sources chaudes, des sites de cérémonie et des sépultures d’ancêtres, la vallée contient aussi une énorme quantité de lithium. Maintenant, le travail exploratoire de la compagnie Australienne Hawkstone Mining menace ces lieux, et avec eux, les pratiques religieuses des Hualapai et d’autres nations Autochtones. Mais cette menace n’a rien de nouveau : des siècles d’expropriation, combinés avec des décisions de justice fédérales refusant la protection des sites sacrés, ont depuis longtemps dévasté la liberté religieuse des Autochtones.
[*] MAGA-lit: jeu de mots, entre « mégalithe » et « Make America Great Again », le slogan Trumpiste
Publié sur Facebook
Le 20 décembre 2021
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
COMMUNIQUÉ, POUR PUBLICATION IMMÉDIATE
20 décembre 2021 – Territoire Gidimt’en Non-Cédé, Smithers (Colombie Britannique) :
Les défenseurs des terres Gidimt’en et des soutiens, ont encore une fois expulsé des travailleurs de Coastal GasLink d’un site de forage d’un oléoduc essentiel, protégeant ainsi les sources Wet’suwet’en et réoccupant la zone connue comme « le Camp du Coyote ».
Tôt dimanche matin, selon la loi Wet’suwet’en, les défenseurs du territoire ont appliqué la Notice d’Expulsion de 2020, des Chefs Héréditaires Wet’suwet’en, signifiée à Coastal GasLink, en chassant des ouvriers de l’oléoduc, et en rétablissant la barricade supprimée le 19 novembre, après deux jours d’attaques de la police militarisée.
L’expulsion a eu lieu exactement un mois après que la Police Montée ait effectué 30 arrestations dans le Yintah Wet’suwet’en, réalisant la troisième opération militaire à grande échelle sur une terre Wet’suwet’en non-cédée, depuis 2019. Environ 100 membres de la Police Montée, équipés d’armes d’assaut, de fusils de sniper et de chiens, ont été déployés, alors que les inondations faisaient rage dans toute la province, pour faciliter la construction de l’oléoduc de Coastal GasLink et le vol de terre Wet’suwet’en souveraine.
Les Wet’suwet’en n’ont jamais vendu, abandonné ou renoncé de quelque façon que ce soit au titre sur les terres Wet’suwet’en.
L’action de ce jour fait suite au 24ème anniversaire de la décision Delgamuukw-Gisday’wa d’un tribunal, en 1997, qui prouvait que le titre Aborigène n’avait jamais été éteint dans les 58 000 km² de terres Wet’suwet’en et Gitxsan. La Cour Suprême du Canada reconnaissait les Chefs Héréditaires Wet’suwet’en comme représentants du titre collectif Wet’suwet’en, et Anuc ‘nu’at’en (la loi Wet’suwet’en) comme base de la société Wet’suwet’en.
En violation de la décision Delgamuukw-Gisday’wa, de la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones des Nations Unies, et de Anuc ‘nu’at’en, l’oléoduc de Coastal GasLink a continué sans le Consentement Libre, Préalable et Informé des Chefs Héréditaires Wet’suwet’en.
Au début de l’année 2020, des Chefs Héréditaires représentant les cinq clans de la Nation Wet’suwet’en ont publié une notice d’expulsion à Coastal GasLink, ce qui a conduit à une série de barricades dans le pays Wet’suwet’en et déclenché des actions de solidarité dans tout le pays. Aujourd’hui, cette expulsion s’applique à nouveau.
« Coastal GasLink n’a pas et n’aura jamais le consentement du système de gouvernance Héréditaire Wet’suwet’en et devrait s’attendre à ce que la loi Wet’suwet’en s’impose sur nos terres. Aucune violence d’état contre nous ne nous fera oublier notre responsabilité de protéger l’eau et la terre pour toutes les générations à venir », dit Sleydo’, porte-parole du Gidimt’en Checkpoint.
Contact pour les médias : Jennifer Wickham, Coordinatrice Média du Gidimt’en Checkpoint, yintahaccess@gmail.com
Notice d’expulsion des Chefs Héréditaires : https://unistoten.camp/wetsuweten-hereditary-chiefs-evict-coastal-gaslink-from-territory/
***
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Article & photos Christine Prat
12 décembre 2021
En français
We are now visibly on the brink of destruction – we have been for quite some time, but it has now become obvious for many more people. Still, Capitalism which never stops dying, always finds new allies to help postpone the deadline. So-called ‘Green’ parties are the main pawns in this deadly game.
This is not new either: in the 1970’s, we already had a ‘green’ wave, limited to hippies. They were telling us that we should put aside the struggles for Justice and Freedom, as survival of the planet was more important. But for people who knew how to think, it was obvious that it were the very same activities by which capitalists exploited people and nature, thus it was stupid to choose.
It is necessary to understand that Capitalism is totally anti-life – of people, animals, plants, the whole planet – and thus to understand what Capitalism really is.
Did you ever wonder why billionaires who have enough to live for several generations in absolute luxury, never stop ‘working’? It is because life, even in luxury, is not their main concern, and the reason for it is to find in the very nature of the Capital.
A capitalist is someone who wants to become God Almighty. The Capital implies this obsession. Some wrote it a long time ago, the Capital is a degenerate version of God. “Money can buy anything”. This suggests a notion of Infinity. The problem is that money can buy anything as long as you don’t have it. When you have it, it is necessarily a limited amount. This is the curse of the Capital. Thousands of billions are not closer to Infinity than a minimum salary. There is a confusion between ‘Infinity’ and ‘not defined’. The capitalist, who thought he could reach Infinity, will never be satisfied. When he is not able to become God Almighty and reach Infinity, he prefers to initiate the Apocalypse.
‘Green’ Parties are led by people who catch an opportunity to have a career and grab some crumbs of the overall plunder. They won’t become God, they might be satisfied by being the good keepers of the Spectacle Society.
We recently saw the leader of the French ‘Greens’ demonstrating with the ultra-rightist police. The leader of the Communist Party was there too. Of course. Big energy companies take advantage of the situation to push nukes as ‘green energy’! And some vegans become terrorists attacking small local butchers (even physically), while animal suffering is caused by Big supermarkets companies and industrial agriculture. We should fear having those people in governments. Valets of capitalism, they will necessarily be new dictators. And the planet won’t be saved.
WE CANNOT DO WITHOUT A TOTAL REVOLUTION AGAINST CAPITALISM!
Article et photos Christine Prat
12 décembre 2021
In English
Nous sommes visiblement au bord du gouffre – nous l’étions déjà depuis longtemps, mais c’est devenu évident pour beaucoup plus de gens. Cependant, le Capitalisme qui n’en finit pas de crever, se trouve toujours de nouveaux alliés pour retarder l’échéance. Les partis dits ‘Verts’ sont les principaux pions de ce jeu mortel.
Ce n’est pas nouveau non plus : dans les années 1970, il y a déjà eu une vague ‘verte’, limitée aux hippies, qui nous disait qu’il fallait mettre de côté les luttes pour la justice et la liberté, la survie de la terre étant plus importante. Mais pour qui savait penser, il était évident que c’était par les mêmes activités que les capitalistes exploitaient les gens et la nature et qu’il n’y avait pas à choisir.
Il faut bien comprendre que le Capitalisme est totalement contre la vie – des gens, des animaux, des plantes, de la planète – et, pour cela, comprendre ce qu’est vraiment le Capitalisme.
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les multimilliardaires qui possèdent de quoi vivre dans le luxe pour plusieurs générations n’arrêtent jamais de ‘travailler’ ? C’est parce que la vie n’est pas leur premier souci, et cela tient à la nature même du Capital.
Un capitaliste est quelqu’un qui veut devenir Dieu Tout Puissant. C’est le Capital qui implique cette obsession. Certains l’ont dit il y a déjà longtemps, le Capital est une version dégénérée de Dieu. « L’argent peut tout acheter ». Cela suggère une notion d’Infini. Le problème est que l’argent peut tout acheter tant qu’on ne l’a pas. Quand on l’a, c’est forcément une somme limitée. C’est la malédiction du Capital. Des centaines de milliards ne sont pas plus proches de l’Infini que le salaire minimum. Il y a confusion entre ‘Infini’ et ‘non-défini’. Le capitaliste, qui a cru pouvoir atteindre l’Infini, ne sera jamais satisfait. Faute de pouvoir être Dieu Tout Puissant et Infini, il préfère initier l’Apocalypse.
Les partis ‘Verts’ sont dirigés par des gens qui voient une occasion de faire carrière et de ramasser quelques miettes du grand pillage. Eux ne deviendront pas Dieu, ils se contenteront peut-être du rôle d’anges gardiens de la Société du Spectacle.
On a déjà vu le leader des ‘Verts’ français manifester avec le syndicat d’ultra-droite de la police. Le dirigeant du Parti Communiste y était aussi. Bien sûr. Les grandes entreprises de l’énergie profitent de la situation pour faire admettre le nucléaire parmi les ‘énergies vertes’ ! Et des végans deviennent terroristes et attaquent des petits bouchers de quartier, alors que la souffrance animale est le fait de la grande distribution et de l’industrialisation de l’agriculture. Nous avons tout à craindre de l’arrivée au pouvoir de ces gens-là. Valets du capitalisme, ils seront forcément de nouveaux dictateurs. Et ils ne sauveront pas la planète.
NOUS NE FERONS PAS L’ÉCONOMIE D’UNE RÉVOLUTION TOTALE CONTRE LE CAPITALISME !
Par Brenda Norrell
Censored News
8 décembre 2021
Traduction Christine Prat
Elbit Systems est l’entreprise de défense qui vient de construire des tours d’espionnage – appelées tours intégrées fixes – dans la Nation Tohono O’odham, avec un contrat avec les Etats-Unis et l’approbation du gouvernement tribal.
Maintenant, des O’odham vulnérables peuvent être harcelés par les agents de la Patrouille des Frontières qui utilisent des laptops et les tours d’espionnage.
Déjà trois gradés de la Patrouille des Frontières ont été mis en accusation comme violeurs en série, dans la région de Tucson – qui englobe les Nations Tohono O’odham et Pascua Yaqui.
Jenn Budd, ex-officier des renseignements à la Frontière des Etats-Unis, devenue lanceuse d’alerte, parle de la culture du viol dans la Patrouille des Frontières des Etats-Unis.
« Il y a actuellement trois gradés de la Patrouille des Frontière jugés pour viols dans la région de Tucson. Quand est-ce que le Congrès et la Justice s’intéresseront à la culture du viol de USBPChief ? »
« Combien de femmes agents, de citoyens Américains et de migrants doivent encore être violés avant qu’on ne se préoccupe du problème ? » demande J. Budd.
***
Pendant ce temps, en Angleterre, un tribunal a acquitté des activistes qui entreprennent des actions directes contre la compagnie Israélienne Elbit Systems, après qu’un avocat ait plaidé que les crimes d’Elbit en Palestine – drones, surveillance et violations des droits humains – étaient beaucoup plus graves que les actions des activistes en Angleterre.
Des activistes continuent de protester contre la fabrication d’armes par Elbit et contre la guerre en Palestine.
‘Non coupables : Les membres de Palestine Action Acquittés au cours du Premier Procès’
Les procureurs du gouvernement avaient prononcé des accusations contre ceux qui sont connus comme « les Trois d’Elbit », après qu’ils aient entrepris une action en février contre l’usine de Moteurs UAV, une filiale d’Elbit, à Shenstone, près de Birmingham, en Angleterre.
Le groupe avait occupé le toit de l’usine, mis des chaînes aux portes pour perturber le travail, et arrosé l’immeuble de peinture rouge sang, et même cassé des vitres.
Malgré tout cela, lundi, le tribunal a acquitté les trois accusés d’avoir causé des dégâts.
Leurs avocats – entre autres la juriste Palestinienne Mira Hammad – ont démontré avec succès que bien que leurs actions aient endommagé l’usine, ce n’était pas criminel, étant donné que c’était une action proportionnée pour empêcher un crime bien plus grand en Palestine – la violence Israélienne contre des Palestiniens, comme la guerre de mai contre Gaza.
Par Brenda Norrell
Censored News
28 novembre 2021
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
LES PÈLERINS SONT VENUS ET ONT IMMÉDIATEMENT COMMENCÉ À TUER LES WAMPANOAG – KISHA JAMES
PLYMOUTH, Massachussetts – Des Autochtones se sont rassemblés à Plymouth, pour commémorer un Jour National de Deuil, le jour de Thanksgiving pour les Etats-Unis. Le Jour de Thanksgiving rappelle le génocide de millions d’Autochtones, le vol de leurs terres et l’effacement de leurs cultures.
Les participants au Jour National de Deuil rendent hommage aux Ancêtres et à la résilience Autochtones. C’est un jour de souvenir et de connexion spirituelle, autant qu’une protestation contre le racisme et l’oppression que les Peuples Autochtones continuent de subir dans le monde entier.
« Nous, Autochtones, n’avons aucune raison de célébrer l’arrivée des Pèlerins », dit Kisha James, membre des tribus Aquinnah Wampanoag et Oglala Lakota, et petite-fille de Wamsutta Frank James, le fondateur de la commémoration.
« Nous voulons éduquer les gens afin qu’ils comprennent que les histoires que nous avons apprises à l’école sur le premier Thanksgiving, ne sont que des mensonges. Les Wampanoag et autres Autochtones n’ont certainement pas vécu heureux pour toujours, depuis l’arrivée des Pèlerins », dit Kisha James.
« Pour nous, Thanksgiving est un jour de deuil, parce que nous nous souvenons des millions de nos ancêtres qui ont été assassinés par des colonisateurs Européens, qui n’étaient pas invités, comme les Pèlerins. Aujourd’hui, nous et beaucoup d’autres Autochtones dans tout le pays disent ‘No Thanks, No Giving’ [Pas de Remerciements, Pas de Dons]. »
Des Autochtones ont décrit des siècles d’atrocités commises contre les Autochtones et corrigé les mythes courants dans les textes historiques.
Le rassemblement annuel sur Cole’s Hill, dans la ville côtière du Massachussetts, a commencé en 1970, quand Wamsutta Frank James y est allé pour faire un discours écrit pour le 350ème anniversaire de la célébration de l’arrivée des Pèlerins. Des officiels de l’état avaient rejeté son discours pour une cérémonie officielle à Boston, le trouvant trop « incendiaire », selon WGBH News.
Au cours de la 52ème cérémonie, jeudi dernier, subventionnée par United American Indians of New England, la principale oratrice était la petite-fille de James, Kisha James.
« Le premier Thanksgiving officiel n’a pas eu lieu en 1621, quand les Pèlerins ont reçu un repas largement fourni par les Wampanoag, » dit-elle. « En fait, le premier Thanksgiving a été décrété en 1637 par le Gouverneur de la Colonie de la Baie du Massachussetts, John Winthrop, pour célébrer le massacre de 700 Pequots, hommes, femmes et enfants, sur les rives de la rivière Mystic, dans le Connecticut. »
Kisha James dit qu’elle ne s’opposait pas à ce que les gens se rassemblent, mangent de la dinde et offrent des remerciements, mais elle ne veut pas qu’ils célèbrent ce qu’elle appelle le mythe de Thanksgiving selon lequel les Pèlerins et les Wampanoag s’étaient bien entendu, selon WCB News.
« Nous savons que ce n’est pas vrai, que les Pèlerins sont venus et ont immédiatement commencé à tuer les Wampanoag » dit-elle.
Les Autochtones ont aussi appelé à prêter plus d’attention aux affaires de femmes Autochtones disparues et à rendre toute terre colonisée dans les Amériques.
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Dédié à Moonanum James, Bert Waters, et d’autres qui ont rejoint les ancêtres.
LE DISCOURS INTERDIT DE WAMSUTTA (FRANK B.) JAMES, WAMPANOAG
Discours qui aurait dû être lu à Plymouth, Massachussetts, en 1970.
SUR LE DOCUMENT : Trois cent cinquante ans après que les Pèlerins n’entreprennent leur invasion du territoire Wampanoag, leurs descendants « Américains » ont organisé une célébration d’anniversaire. Toujours accrochés au mythe des livres scolaires blancs, de relations amicales entre leurs aïeux et les Wampanoag, les organisateurs de l’anniversaire ont pensé qu’il serait bon d’avoir un Indien pour faire un discours de reconnaissance et de compliment à leur diner d’état. On a demandé à Frank James de s’exprimer au cours de la célébration. Il a accepté. Cependant, les organisateurs demandèrent à voir son discours à l’avance, mais il s’est avéré que les vues de Frank James – fondées sur l’histoire plutôt que sur la mythologie – n’étaient pas ce que les descendants des Pèlerins voulaient entendre. Frank James refusa de lire un discours écrit par un ‘spécialiste’ des relations publiques. Frank James n’a pas parlé au cours de la célébration. S’il avait parlé, voici ce qu’il aurait dit :
Je m’adresse à vous en tant qu’homme – homme Wampanoag. Je suis un homme fier, fier de mes ancêtres, de mes succès obtenus grâce à une direction parentale stricte (« Tu dois réussir – tu es de couleur différente, dans cette petite communauté de Cape Cod ! »). Je suis un produit de la pauvreté et de la discrimination, de ces deux maladies sociales et économiques. Moi-même, et mes frères et sœurs, les avons surmontées douloureusement, et, dans une certaine mesure, nous avons gagné le respect de notre communauté. Nous sommes d’abord Indiens – mais on nous dit « bons citoyens ». Parfois, nous sommes arrogants, mais seulement parce que la société nous a mis la pression pour le devenir.
C’est avec des émotions mêlées que je suis ici pour partager mes pensées. C’est un moment de célébration pour vous – célébrant l’anniversaire d’un commencement pour l’homme blanc en Amérique. Un moment pour repenser le passé, pour réfléchir. C’est le cœur lourd que je repense à ce qui est arrivé à mon Peuple.
Déjà avant l’arrivée des Pèlerins, c’était, pour les explorateurs, une pratique commune de capturer des Indiens, de les emmener en Europe, et de les vendre comme esclaves pour 220 shillings l’unité. Les Pèlerins avaient à peine exploré les plages de Cape Cod pendant quatre jours, qu’ils avaient déjà pillé les tombes de mes ancêtres et volé leur maïs et leurs haricots. Le Récit de Mourt décrit un groupe de pillards de seize hommes. Mourt dit que ce groupe avait pris tout ce qu’ils pouvaient porter des provisions pour l’hiver des Indiens.
Massasoit, le grand Sachem des Wampanoag, connaissait ces faits, et pourtant lui et son Peuple ont accueilli les colons de la Plantation de Plymouth et sont devenus leurs amis. Il avait peut-être fait cela parce que sa Tribu avait été décimée par une épidémie. Ou bien sa connaissance de la dureté de l’hiver à venir était la raison de son acceptation. Cette action de Massasoit a peut-être été notre plus grande erreur. Nous, les Wampanoag, nous vous avons accueillis, vous l’homme blanc, à bras ouverts, ne sachant pas que c’était le début de la fin ; et qu’avant 50 ans, les Wampanoag ne seraient plus un peuple libre.
Qu’est-il arrivé, pendant ces courtes 50 années ? Qu’est-il arrivé pendant les 300 dernières années ?
L’histoire nous livre des faits, et c’était des atrocités ; c’était des promesses trahies – et la plupart du temps, elles se concentraient autour de la propriété des terres. Entre nous, nous comprenions qu’il y avait des frontières, mais jamais auparavant, nous n’avions eu affaire à des clôtures et des murs de pierre. Mais l’homme blanc avait besoin de prouver sa valeur par la quantité de terre dont il était propriétaire. Seulement dix ans plus tard, quand les Puritains sont arrivés, ils ont traité les Wampanoag avec encore moins de sollicitude, pour convertir les âmes des soi-disant « sauvages ». Bien que les Puritains aient été durs envers les membres de leur propre société, l’Indien était écrasé sous des dalles de pierre et pendu aussi vite que n’importe quelle autre « sorcière ».
Ainsi, au cours des années, on trouve toujours des mentions de terres Indiennes conquises et, en gage, de création de réserves où l’Indien doit vivre. L’Indien, dépouillé de son pouvoir, ne pouvait que regarder l’homme blanc prendre sa terre et l’utiliser pour son gain personnel. Ça, l’Indien ne pouvait pas le comprendre ; pour lui, la terre était la survie, pour cultiver, chasser, en vivre. Elle n’était pas là pour en abuser. Nous constatons, incident après incident, que l’homme blanc cherchait à dompter le « sauvage » et le convertir aux modes de vie Chrétiens. Les premiers colons Pèlerins faisaient croire à l’Indien que s’il ne se conduisait pas bien, ils creuseraient la terre et déclencheraient à nouveau la grande épidémie.
L’homme blanc utilisait les capacités nautiques de l’Indien. Mais ils ne le laissaient être que marin – jamais capitaine. Encore et toujours, dans la société de l’homme blanc, nous les Indiens avons été taxés d’ « homme le plus bas sur le mât du totem. »
Les Wampanoag ont-ils réellement disparu ? Il y a toujours une aura de mystère. Nous savons qu’une épidémie a emporté beaucoup de vies Indiennes – des Wampanoag sont partis vers l’ouest et ont rejoint les Cherokee et les Cheyennes. Ils ont été forcés de partir. Certains sont même partis vers le nord, jusqu’au Canada ! Beaucoup de Wampanoag ont abandonné leur héritage Indien et accepté le mode de vie de l’homme blanc pour leur survie. Il y a encore des Wampanoag qui ne souhaitent pas qu’on sache qu’ils sont Indiens, pour des raisons sociales et économiques.
Qu’est-il arrivé à ces Wampanoag qui ont choisi de rester et de vivre parmi les premiers colons ? Quelle existence ont-ils vécu en tant que « civilisés » ? C’est vrai que la vie n’était pas aussi compliquée qu’aujourd’hui, mais ils étaient plongés dans la confusion et le changement. Honnêtement, la confiance, l’implication, la fierté et la politique se tissaient dans et en dehors de leur vie quotidienne. De là, l’Indien était taxé d’astucieux, malin, vorace et sale.
L’histoire veut que nous croyions que l’Indien était un animal sauvage, illettré et non civilisé. Une histoire écrite par un peuple organisé et discipliné, pour nous dénoncer comme une entité inorganisée et indisciplinée. Deux cultures très différentes se rencontraient. Celle de ceux qui pensaient qu’ils devaient contrôler la vie ; celle des autres qui croyaient que la vie était faite pour en jouir, parce que la nature l’a décidé. Rappelons-nous, l’Indien est et a toujours été un être humain comme l’homme blanc. L’Indien ressent la douleur, est blessé, peut être sur la défense, rêve, supporte la tragédie et l’échec, souffre de solitude, a besoin de pleurer et de rire. Souvent, il est incompris.
L’homme blanc se sent encore abasourdi en présence de l’Indien, par sa mystérieuse capacité à le faire se sentir gêné. C’est peut-être l’image que l’homme a créé de l’Indien ; sa « sauvagerie » a eu un effet boomerang et ce n’est pas un mystère ; c’est la peur ; la peur du tempérament Indien !
En haut d’une colline, dominant le célèbre Rocher de Plymouth, il y a la statue de notre grand Sachem, Massasoit. Massasoit s’y est tenu longtemps en silence. Nous, les descendants de ce grand Sachem, avons été un peuple silencieux. La nécessité de gagner sa vie dans cette société matérialiste de l’homme blanc, nous a réduits au silence. Aujourd’hui, moi et beaucoup de gens de mon peuple choisissent de voir la vérité en face. Nous SOMMES Indiens !
Bien que le temps ait épuisé notre culture, et que notre langue soit presque morte, nous, les Wampanoag, sommes toujours sur les terres du Massachussetts. Peu importe que nous soyons divisés, que nous soyons dans la confusion. Beaucoup d’années ont passé depuis que nous avons été un peuple ensemble. Nos terres ont été envahies. Nous avons combattu autant pour garder nos terres que vous, les blancs, l’avez fait pour nous les prendre. Nous avons été conquis, nous sommes devenus des prisonniers de guerre Américains, dans beaucoup de cas, et pupilles du Gouvernement des Etats-Unis jusqu’à très récemment.
Notre esprit refuse de mourir. Hier, nous parcourions les sentiers forestiers et les pistes sablonneuses. Aujourd’hui, nous devons parcourir les autoroutes et les routes goudronnées. Nous nous unissons. Nous ne sommes pas dans nos wigwams mais dans votre tente de béton. Nous sommes droits et fiers, et avant que beaucoup de lunes soient passées, nous redresserons les torts que nous avons laissé nous faire.
Nous avons perdu notre pays. Nos terres sont tombées dans les mains de l’agresseur. Nous avons laissé l’homme blanc nous mettre à genoux. Ce qui est arrivé ne peut pas être changé, mais aujourd’hui nous devons nous efforcer d’aller vers une Amérique plus humaine, une Amérique plus Indienne, où l’homme et la nature soient à nouveau importants ; où les valeurs Indiennes d’honneur, de vérité et de fraternité dominent.
Vous, l’homme blanc, célébrez un anniversaire. Nous, Wampanoag, vous aiderons à célébrer l’idée d’un commencement. C’était le commencement d’une nouvelle vie pour les Pèlerins. Maintenant, 350 ans plus tard, c’est le commencement d’une nouvelle détermination pour l’Américain d’origine : l’Amérindien.
Il y a des facteurs qui concernent les Wampanoag et d’autres Indiens à travers cette vaste nation. Nous avons maintenant 350 ans d’expérience de la vie dans la société de l’homme blanc. Maintenant nous parlons sa langue. Nous pouvons maintenant penser comme pense un homme blanc. Nous pouvons le concurrencer pour les bons emplois. On nous entend ; on nous écoute, maintenant. L’important est que, avec ces nécessités de la vie quotidienne, nous avons encore l’esprit, nous avons encore la culture unique, nous avons encore la volonté et, ce qui est le plus important, la détermination de rester Indiens. Nous sommes déterminés, notre présence ici ce soir est le témoignage vivant que ce n’est que le commencement de l’Amérindien, en particulier le Wampanoag, pour regagner sa position dans ce pays qui est légitimement le nôtre.
Wamsutta
Le 10 septembre 1970
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MESSAGE DE LEONARD PELTIER POUR LE JOUR DE DEUIL 2020
Salutations, mes parents, amis, bien aimés et soutiens.
Avant tout, je veux vous remercier pour le privilège de pouvoir exprimer mes sentiments sur ce « Jour de Deuil », comme nous l’appelons, et « Thanksgiving » comme le reste des Etats-Unis l’appelle. Quelquefois, j’ai du mal à trouver les mots pour exprimer toutes les pensées qui ont traversé ma tête après 45 ans d’emprisonnement.
Je veux certainement exprimer ma considération pour nos ancêtres, avant nous, qui ont tellement combattu pour que nous puissions vivre aujourd’hui. Je veux exprimer mes sentiments et ma mémoire de ceux qui ont été submergés par les armes de guerre venues d’Europe et les épidémies auxquelles ils ont dû faire face. Bien que nous ayons été attaqués par les envahisseurs venus d’Europe, encore et toujours de toutes les façons possibles, et malgré tout ce qui a été fait pour nous détruire et détruire notre culture et nos traditions, nous survivons encore jusqu’à ce jour parce que nous sommes une expression de la Volonté du Créateur et une expression de la Vérité du Créateur. Nous sommes la manifestation ce cette vérité, qui est que toute l’humanité devrait vivre dans les limites de ces règles.
Contact presse : IndigenousinPhilly@gmail.com
Photos : © Marquis Valdez
Publié par Indigenous Action,
26 novembre 2021
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
25 novembre 2021 – Lenapehoking (Philadelphie, Pennsylvanie) – Dans le cadre d’actions coordonnées contre le colonialisme conduites par des matriarches dans toute l’île de la Tortue, des femmes Autochtones activistes ont perturbé la plus ancienne parade du Jour de « Thanksgiving », exigeant que la vraie histoire de Thanksgiving soit dite. Des Activistes ont interrompu la parade et marché dans le quartier. Elles portaient des châles de danse fantaisie ornés des messages « Land Back » [« Rendez les Terres »], « MMIW », et « No Thanks No Giving » [« Pas de Merci, Pas de Dons »] en scandant « Pas de fierté dans un génocide ». Bien que la plupart des spectateurs soient calmes et sympathisants, quelques-uns ont fait du chahut en criant « rentrez chez vous » et « dégagez de Philly ». Parmi les Autochtones, il y avait des membres de plusieurs tribus de toutes les soi-disant Amériques, entre autres des Algonquins et des Lenapes locaux, qui sont les régisseurs légitime de Lenapehoking, la terre ancestrale des Lenapes qui comprend Philadelphie et New York et d’autres régions de ce que les colons appellent Pennsylvanie, New Jersey, Delaware et New York.
Le mythe de Thanksgiving, perpétué dans les écoles de toute la nation, célèbre des « Indiens » non identifiés, ayant sauvé la vie de colons Européens d’une mort certaine, dans les bois de la Côte Est. Aujourd’hui, les tables sont garnies de nourritures Autochtones des Bois de l’Est, comme la dinde, les courges et les haricots, et d’autres choses originaires des Amériques, entre autres des pommes de terre et du riz. On nous sert l’histoire d’un repas pacifique devant honorer l’amitié et la prospérité entre les colonisateurs et ceux qui ont été colonisés par la violence. Et, bien qu’il y ait certainement de la vérité dans la générosité des Autochtones, cette version romantisée d’un jour de fête est bien loin de la violence coloniale et du génocide que ce jour férié commémore en réalité. En 1636, des Anciens, des enfants et des familles Pequot se sont rassemblés dans leurs villages pour leur cérémonie annuelle de Dance du Maïs Vert, une cérémonie de récolte commémorée par des danses, des fêtes, un jeûne, et des cérémonies religieuses. Ces célébrations sacrées étaient souvent la cible de la violence coloniale, les colons armés les utilisant pour lancer des attaques et assassiner des familles entières. C’est exactement ce qu’a été le premier Thanksgiving, des colons Anglais et Hollandais de la Colonie de la Baie du Massachussetts, ont encerclé un village Pequot et implacablement assassiné plus de 700 Pequots, vieillards, hommes, femmes, enfants et personnes à deux esprits, brûlé leur village et tiré sur toute personne qui essayait de fuir les flammes. Le lendemain, le gouverneur de la colonie a déclaré un jour de Thanksgiving pour célébrer et remercier Dieu pour leur victoire. C’était le premier Thanksgiving.
Ça fait 529 ans qu’a eu lieu l’invasion des Tainos, 497 ans depuis qu’il a été fait mention pour la première fois de l’esclavage d’un Wampanoag, 384 ans depuis ce massacre de Pequots, et 158 ans depuis que Lincoln a déclaré Thanksgiving fête nationale. Mais jusqu’à ce jour, les Autochtones de toute l’île de la Tortue se battent pour leur souveraineté, entre autres les Lenapes qui continuent de travailler à la reconnaissance de leurs propres terres ; les Anishinaabeg et d’autres se battent contre la Ligne 3 ; les Carrizo-Comecrudo, les Tohono O’odham et d’autres combattent le mur frontière ; et les Autochtones et les Afro-Autochtones d’Amérique Centrale et du Sud, des Caraïbes, d’Afrique et bien d’autres encore, sont retenus dans des centres de rétention aux Etats-Unis et terrorisés par la police et les militaires. Aujourd’hui, nous exigeons qu’une véritable histoire coloniale des Etats-Unis soit dite, y compris Thanksgiving.
Citations : « Thanksgiving est doux-amer. D’une part, c’est la continuation moderne des temps très anciens d’amitié et de communauté. D’autre part, la version lavée plus blanc et Eurocentriste de Thanksgiving qui nous est donnée, avec des chapeaux de pèlerins et des coiffures Indiennes est insultante, pas seulement envers cette très ancienne tradition, mais aussi envers la mémoire et les esprits de ceux qui ont été assassinés par les colonisateurs qui voulaient leur terre et leurs ressources. » – Kate Thorn, Lenape/Seneca.
« Nous prenons parti parce que notre génocide n’a jamais cessé. Ils empoisonnent toujours notre eau, notre nourriture et notre air. Ils volent toujours nos enfants et emprisonnent nos parents dans des prisons et des centres de rétention. Ils infiltrent des drogues dans nos foyers et nous accusent des épidémies. Ils nous empêchent de circuler librement sur nos terres. Ils nous effacent de la conscience collective, et tuent nos mémoires quand ils ne peuvent pas nous tuer. Les colonisateurs continuent d’effacer l’histoire en renommant leurs jours fériés, sans changer leur participation au projet colonial appelé les Etats-Unis. La seule vraie célébration des Autochtones arrivera quand les Etats-Unis seront abolis et que nous serons libres. » – Felicia Teter, Yakama
Sur l’histoire de Thanksgiving voir aussi l’intervention de Hartman Deetz de 2019.