Photo Neweneen Sokopa Camp

En plus d’un projet de mine de lithium dans le Nevada, sur le Site d’un massacre de Païutes, des Anciens et des personnes handicapées ont été expulsé de chez eux, dans la Colonie Indienne de Winnemucca, en plein hiver. Ils n’ont nulle part où aller. Il avait d’abord été supposé que ces expulsions avaient lieu dans le cadre du projet de mine de lithium, mais pour l’instant, le lien n’a pas été démontré.

 Christine Prat

 

Des Paiutes et des Shoshone ont été expulsés de chez eux en plein hiver, par un conseil tribal controversé, alors que beaucoup n’ont nulle part où aller. Kyle Missourii a reçu une décharge de taser et a été arrêté quand il a essayé de rentrer chez lui, et il est maintenant en prison.

Par Brenda Norrell
Censored News
Mis à jour le 17 décembre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

WINNEMUCCA INDIAN COLONY, Nevada – Au cours d’une action particulièrement cruelle en hiver, le Conseil Tribal de Winnemucca a expulsé des Anciens Paiute et Shoshone de chez eux sans jugement, et a banni les gens de chez eux alors qu’ils n’ont nulle part où aller, dans le nord du Nevada. Les maisons et les possessions des Anciens ont été brûlées et démolies et les services coupés, selon des avocats.

« Ils vivent dans des motels, juste avant Noël, ça nous brise le cœur » dit Kyle Missourii, qui a été arrêté et tasé alors qu’il retournait chez lui, où il a grandi, dans une maison que possède sa grand-mère de 88 ans. Kyle est actuellement en prison.

La Cour Tribal de Winnemucca a tranché en faveur du Conseil Tribal controversé, sans donner aux Anciens ni aux autres résidents le bénéfice d’un procès. La Cour Tribal a ordonné que la plupart des Anciens et autres résidents quittent le vendredi 9 décembre leurs maisons, où ils vivent depuis des décennies, disent les avocats.

L’Ancien Paiute J.J. Ayer dit : « Je suis issu de sept générations d’Autochtones qui ont vécu dans la Colonie Indienne de Winnemucca. C’est mauvais de toutes manières, la plupart d’entre nous sont invalides ou âgés, sans autre foyer qu’ici, et maintenant nous sommes bannis de notre territoire. »

Les Anciens Paiute et Shoshone disent que le Conseil Tribal, dirigé par une Présidente qui ne vit pas là et a fourni des éléments incohérents affirmant être Autochtone, a fait venir une entreprise de démolition de Kingman, en Arizona, pour détruire leurs maisons.

Neweneen Sokopa Camp dit que Kyle Missourii, un résident, avait été arrêté et tasé arbitrairement en essayant de rentrer chez lui, dans la maison de sa grand-mère où il a grandi. Sa grand-mère de 88 ans vivait là depuis 40 ans.

« Il a été arrêté en rentrant chez lui, après avoir découvert que la maison de sa grand-mère avait été barricadée. »

« C’est illégal et dégoutant. Judy Rojo et son conseil bidon n’ont pas le droit d’effectuer des expulsions, encore moins d’arrêter quelqu’un pour rentrer où il a vécu depuis des générations » dit Neweneen Sokopa Camp.

Maison de la grand-mère de Kyle Missourii

Avant son arrestation, Missourii dit : « Je viens de recevoir des nouvelles aujourd’hui, qui me mettent dans une colère extrême. Ils ont de la chance que je ne sois pas à la maison en ce moment, pour des raisons familiales, mais j’y retourne demain et ils ne m’empêcheront pas d’aller à la maison de ma famille. »

« Ils commettent un crime en murant la maison de ma grand-mère sans son consentement. C’est sa résidence principale et elle est propriétaire de la maison. Ils empêchent nos ordures d’être ramassées et notre courrier d’être délivré. Quand je serai à la maison, j’enlèverai les planches et je porterai plainte officiellement. »

Au cours d’une interview à la radio, Missourii, qui vit ici depuis plus de 30 ans, dit qu’il n’avait même jamais rencontré Judy Rojo, la personne qui se fait passer pour la présidente tribale, et qui se trouve vivre en Californie. Missourii dit que les dirigeants tribaux actuels refusent de prouver qu’ils sont Autochtones.

Missourii dit qu’en même temps, ils font pression pour imposer le projet de mine de lithium à Thacker Pass, site d’un massacre de Paiutes.*

« Ça en revient toujours à l’argent » dit Missourii à la Radio Final Straw cette semaine. Il dit que la mine de lithium amènerait un camp masculin, un camp pour les travailleurs, dans la région, ce qui entrainera des violences sexuelles contre les femmes Autochtones et encore plus d’Autochtones disparus ou assassinés.

Plus tôt, Missourii avait dit que les Autochtones n’étaient pas contrôlés et manipulés par l’argent.

« La Terre prend soin de nous, et nous prenons soin d’elle. »

Missourii dit que la plupart des expulsés sont handicapés et vivent de la sécurité sociale, ou ce sont des familles avec de jeunes enfants. Dans certains cas, les possessions des gens avaient été jetées au sol.

La police du Bureau des Affaires Indiennes (BIA) empêche les gens d’aller à leurs maisons. Les Anciens sont maintenant forcés de loger dans des hôtels, ce qui est trop cher.

Avant d’être tasé et arrêté, Missourii avait écrit :

« Alors, j’ai essayé d’imaginer ce qui serait la meilleure façon d’exprimer ce qui se passe actuellement. Comme je l’avais indiqué dans le passé, les Résidents de la Colonie Indienne de Winnemucca sont engagés dans une bataille légale contre des gens qui ne sont pas de l’état [du Nevada], prétendant être des Autochtones, mais qui ont refusé d’en donner des preuves au cours de toute la bataille légale.

« Ils prétendent que les résidents sont des intrus, qu’ils n’appartiennent pas à la Colonie et ils nous disent de retourner dans notre propre réserve. J’ai le sentiment qu’une personne Autochtone n’emploierait jamais de tels mots pour s’adresser à une autre. Ça me rappelle la phrase d’un raciste disant à quelqu’un d’autre de retourner dans son pays. Ce faux Conseil a utilisé des fonds fédéraux habituellement utilisés pour aider les Autochtones à se construire une vie meilleure, mais là, ces fonds ont été utilisés pour détruire et harceler des résidents âgés.

« Ils prétendent que les résidents sont des intrus, qu’ils n’appartiennent pas à la Colonie et ils nous disent de retourner dans notre propre réserve. J’ai le sentiment qu’une personne Autochtone n’emploierait jamais de tels mots pour s’adresser à une autre. Ça me rappelle la phrase d’un raciste disant à quelqu’un d’autre de retourner dans son pays. Ce faux Conseil a utilisé des fonds fédéraux habituellement utilisés pour aider les Autochtones à se construire une vie meilleure, mais là, ces fonds ont été utilisés pour détruire et harceler des résidents âgés.

« Maintenant, ils ont un ordre de la Cour disant que les résidents d’ici doivent être partis le vendredi 9 décembre à 16h, et que si nous ne sommes pas partis, nous sommes menacés d’arrestation.

« Ils nous ont aussi imposé une amende de 100 dollars par jour, depuis décembre ça fait en gros 36 000 dollars, et un bannissement de 10 ans de la Colonie. Beaucoup de membres sont âgés et n’ont nulle part où aller, certains ne survivent que de la sécurité sociale et s’occupent de jeunes enfants. C’est l’époque de l’année où les gens se préparent pour les vacances et pour passer du temps avec leurs proches.

« Les résidents sont effrayés et se demandent ce qu’il va arriver. Une vie construite ici depuis des décennies est menacée par des gens qui ne montrent aucun respect pour les droits humains. C’est un cas de Colonisation. Ce sont des non-Autochtones qui chassent des Autochtones d’un territoire Autochtone. Je refuse d’abandonner et je continuerai ce combat, même si ça me conduit en prison pour un moment, pour avoir combattu pour rester chez moi, où j’ai été élevé dans une maison pour laquelle ma grand-mère a travaillé des années pour la payer […].

« Je suis un des derniers enfants qu’elle a logés et je ne partirai pas, quelque soient les conséquences. […]»

La Cour d’Appel Intertribale a entendu l’affaire jeudi pour stopper les expulsions

Le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau dit : « Jeudi 15 décembre 2022, le conseil a discuté d’un gel d’urgence des ordres d’expulsion et de bannissement, en plus d’une demande officielle de visiter le site, demandant que les juges visitent la Colonie pour voir eux-mêmes les conditions difficiles auxquelles sont confrontés les Anciens et les autres Résidents.

[…]

Tandis que les Anciens avaient l’ordre de quitter leurs maisons, une motion d’urgence pour geler l’ordre et un appel ont été déposé au tribunal. Ils ont été déposés par Sandra Freeman, avocate membre du Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau, représentant l’Ancien J.J. Ayer, et les motions et appel ont également été déposés par les Services Légaux du Nevada pour les résidents et les Anciens qu’ils représentent.

La Cour d’Appel Intertribale du Nevada n’avait pas encore communiqué de décision vendredi 16.

* Pour le moment, il ne semble pas que les expulsions aient un lien avec le projet de mine de lithium.

Sandra Freeman, pour le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau, Alexandra Rawlings, Avocate pour les Services Légaux du Nevada, le Projet Légal Autochtone et le Projet des Travailleurs Agricoles ont fait une déclaration :

Vendredi 2 décembre 2022, la Cour Tribale de Winnemucca a expulsé des Anciens et d’autres Résidents (certains non représentés) sans procès, a banni plusieurs personnes, et décidé en faveur du Conseil Tribal actuel controversé, sans accorder aux Anciens et aux Résidents le bénéfice d’un procès. La Cour Tribale a ordonné à la plupart des Anciens et Résidents de quitter les maisons où ils vivent depuis des décennies, vendredi 9 décembre 2022. Une motion d’urgence de gel et un appel ont été déposés par Sandra Freeman, pour le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau (WPLC), représentant l’Ancien J.J. Ayer et des motions de gel et d’appel ont été déposés par Les Services Légaux du Nevada (NLS) pour les Anciens et Résidents qu’ils représentent.

[…]

En quelques heures, durant l’audience du 9 décembre, le BIA et les agents de sécurité/construction de l’entreprise ont érigé une clôture de barbelés et barricadé l’entrée de la Colonie. Les Anciens et les Résidents (même ceux qui n’ont pas eu d’ordre d’expulsion ou de bannissement) et le public, doivent maintenant passer par un contrôle de sécurité militaire pour entrer dans la Colonie, et tous sont confrontés à la répression de la liberté d’expression et à des restrictions de la liberté d’association sur ordre de la sécurité privée. Des Anciens handicapés restés dans leurs maisons n’ont pas accès à l’aide médicale, ou à la livraison de repas, parce qu’il est interdit au public d’entrer, et la liberté de mouvement est limitée. La situation évolue rapidement et des aides juridiques supplémentaires sont nécessaires pour les Résidents non-représentés qui ont été expulsés/bannis sans jugement, et pour s’occuper des violations continuelles des droits civils des Anciens, des Résidents et des gens qui les soutiennent.



Censored News
12 décembre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Des Dirigeants Tribaux, des Autochtones et des Groupes Écologistes Appellent le Bureau d’Aménagement du Territoire à Rejeter un « Camp Masculin » dans le Paysage du Grand Chaco

Un camp masculin augmenterait les impacts du pétrole et du gaz et les risques de violence sexuelle et de trafic pour les communautés Autochtones de la région

FARMINGTON, Nouveau-Mexique – Une coalition de dirigeants Tribaux, d’organisations Autochtones, et de groupes écologistes ont envoyé une lettre au Bureau d’Aménagement du Territoire (BLM) exigeant qu’il rejette une proposition de Logos Operating de construire un « camp pour personnel » dans le Paysage du Grand Chaco, dans le but d’étendre l’extraction de pétrole et de gaz.

La lettre soulignait que les camps pour personnel, ou « camps masculins » comme ils sont couramment appelés, sont bien connus pour accroitre les risques de violence sexuelle et de trafic pour les femmes et les jeunes filles et autres personnes Autochtones. Le camp projeté exacerberait aussi les impacts sur la santé et les ressources culturelles de l’extraction de pétrole et de gaz, auxquels les communautés du Paysage du Grand Chaco sont déjà confrontées.

Le camp masculin de Logos devrait loger jusqu’à 75 personnes, sur un sentier de puits abandonné dans le comté de Rio Arriba, jusqu’en novembre 2025, où les ouvriers travailleraient à étendre les opérations de forage de la compagnie. Logos n’est qu’une des nombreuses entreprises de pétrole et de gaz dans le Paysage du Grand Chaco, où 90% des terres vacantes ont déjà été données en concessions pour le forage.

Les communautés Navajo de l’est ont déjà subi un accroissement de la violence qui a coïncidé avec le récent boom de la fracturation dans cette région.


« Depuis des décennies, les services responsables ont exclu les voix des communautés en première ligne et les rapports sur les Autochtones Disparus ou Assassinés. La violence continue, avec ce dernier projet de camp masculin » dit Cheyenne Antonio, un organisateur communautaire de la Coalition du Grand Chaco. « Nous continuons à demander que quelque chose soit fait pour arrêter ce projet de camp masculin dans le Grand Chaco. Nous comprenons tous les impacts que ça peut avoir et exigeons que le BLM rejette les camps masculins dans les communautés Tribales du Nouveau-Mexique. »

La proposition de construire ce camp masculin saute à la figure de l’Initiative Honorer Chaco, un processus de planification au niveau du paysage, conduit par le BLM, conçu pour mieux protéger et gérer les terres publiques et les ressources dans la région culturellement importante du Grand Chaco. Le projet est de plus en contradiction avec l’engagement du Nouveau-Mexique de se préoccuper de l’épidémie de Femmes et Parents Autochtones Disparus ou Assassinés et avec la promesse de la Secrétaire à l’Intérieur de faire de même.

Le Nouveau-Mexique a le plus grand taux de femmes, petites filles et personnes Autochtones disparues ou assassinées du pays, Albuquerque et Gallup étant parmi les dix villes du pays comptant le plus grand nombre de femmes et petites filles disparues ou assassinées, et Farmington comptant aussi un grand nombre de cas.

Comme les groupes l’ont déclaré dans la lettre, les promesses de l’Initiative Honorer Chaco ne peuvent pas être tenues si le BLM continue d’approuver des projets comme ce camp pour personnel, qui mine la mise en œuvre de garanties pour préserver l’intégrité culturelle du paysage, la santé publique et les communautés.



PREMIÈRE À WASHINGTON D.C. DU FILM NOTRE HISTOIRE : LE COMBAT MENÉ PAR DES AUTOCHTONES POUR PROTÉGER LA RÉGION DE CHACO

Déclaration de la Délégation
Publié sur Censored News
15 décembre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

WASHINGTON, D.C. – Une délégation de dirigeants de communautés Autochtones et des protecteurs de la région de Chaco, se sont rendu du Nouveau-Mexique à Washington D.C. pour faire pression sur des membres du Congrès, pour obtenir des protections de la région de Chaco, et présenter en première un film qui a obtenu une récompense, ‘Notre Histoire : Le Combat Mené par des Autochtones pour Protéger la Région de Chaco’ qui montre les menaces qui pèsent sur le Paysage de Chaco et ses communautés, du fait de l’incessante extraction de pétrole et de gaz.

Le Sénateur Martin Heinrich (Dém. N.M) et la Représentante Teresa Leger Fernandez (Dém. N.M.) qui soutiennent la Loi de Protection de l’Héritage Culturel de Chaco de 2022 – qui ferait reculer les extractions futures d’une zone tampon de 16 km autour du Parc National Historique de Chaco – se sont exprimés à la Première. D’autres officiels étaient également présents.

Après le film, les délégués de la Coalition du Grand Chaco ont accueilli une table ronde avec le Président Daniel Tso (Délégué du Conseil de la Nation Navajo et coréalisateur du film), Samuel Sage (Vice-président du Conseil d’Administration de Diné C.A.R.E), Kendra Pinto (Avocate de la Communauté Autochtone de Four Corners pour Earthworks et coproductrice du film), Mario Atencio (Organisateur de l’Energie du Grand Chaco pour Diné C.A.R.E. et consultant du film), et Somah Haaland (Organisatrice des médias pour Pueblo Action Alliance, et narratrice dans le film), modérée par Rebecca Sobel (Directrice Organisatrice pour WildEarth Guardians et consultante du film). Les participants à la table ronde ont remercié la délégation du Nouveau-Mexique pour son soutien et réaffirmé l’appel de la Coalition du Grand Chaco pour une analyse d’impact cumulative, un planning au niveau du paysage, son nettoyage et sa remise en état, et une consultation efficace.

HISTORIQUE

La région du Grand Chaco est un paysage culturel ancien et vivant, considéré comme sacré par des Nations Autochtones et des Tribus dans toute l’Amérique – du nord et du sud – et le Canyon de Chaco, un Parc National Historique inscrit à l’Héritage Mondial de l’UNESCO, dans le nord-ouest du Nouveau-Mexique, en est le centre. Depuis plus d’un siècle, la région du Grand Chaco a été assiégée par les assauts du forage pour du pétrole et du gaz, avec des impacts négatifs sur la santé publique, l’air, l’eau, le climat et les ressources culturelles. Des fuites et des explosions se produisent quotidiennement, tandis que les communautés Diné font face à un air de mauvaise qualité, à une augmentation de la circulation et des accidents, à des effets sur la santé, et à d’autres impacts négatifs liés à une augmentation des activités industrielles du pétrole et du gaz.

Ces dernières années, le Bureau d’Aménagement du Territoire a contourné des mises à jour de ses projets de gestion des ressources, et approuvé sans examen la fracturation horizontale à plusieurs étapes, sans jamais analyser les impacts cumulatifs de cette technologie. La Coalition du Grand Chaco a appelé depuis longtemps le Bureau à faire une pause dans les nouvelles activités de pétrole et de gaz, jusqu’à ce que les impacts cumulatifs de la fracturation industrielle aient été étudiés, qu’une consultation tribale effective et un consentement aient eu lieu, et que des protections au niveau du paysage de la région soient assurées.

En 2021, en réponse aux appels de longue date de protection, la Secrétaire de l’Intérieur Haaland a lancé la première Initiative d’Honorer Chaco de cette sorte, une approche collaborative de la gestion du paysage culturel de la région, dont la Coalition du Grand Chaco espère qu’elle va finalement se préoccuper des impacts cumulatifs de l’extraction de pétrole et de gaz dans le Paysage du Grand Chaco, et fournir une feuille de route vers la justice pour les communautés du Grand Chaco.



La Mine d’Uranium se Prépare Près du Parc National du Grand Canyon

Le Sénat doit voter une interdiction permanente d’extraction près du Grand Canyon avant la fin du 117ème Congrès

Par le Grand Canyon Trust
Censored News
7 décembre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

PARC NATIONAL DU GRAND CANYON, Arizona – La Mine Pinyon Plain (ex Mine du Canyon) parait se préparer pour des opérations d’extraction d’uranium à moins de 16 km de la rive sud du Grand Canyon. Des centaines de nouvelles mines d’uranium pourraient, à terme, ouvrir sur les terres publiques fédérales près du Parc National du Grand Canyon, si le Sénat ne vote pas la Loi Sénatoriale 387, Loi de Protection du Grand Canyon.

Les exploitants de la mine d’uranium controversée ont récemment publié des offres d’emplois sur Craigslist, afin de recruter de nouveaux mineurs, après que le propriétaire ait annoncé un accord qui pourrait intensifier les opérations à la mine dès 2023. On a observé une intensification de l’activité à l’intérieur de la clôture de la mine.

Le Sénat n’a plus que quelques semaines pour voter la Loi de Protection du Grand Canyon, qui devrait interdire définitivement de nouvelles mines d’uranium sur plus de 400 000 hectares de terres publiques près du Grand Canyon. Le projet de loi a déjà passé deux fois à la chambre des Représentants.

Résidents depuis longtemps dans le Grand Canyon, la Tribu Havasupai, ses dirigeants et ses anciens se battent contre l’extraction d’uranium depuis des décennies.

« Il est temps d’interdire l’extraction d’uranium de façon permanente – pas seulement pour préserver l’identité culturelle de la Tribu Havasupai et notre existence en tant que Peuple Havasupai, mais pour protéger le Grand Canyon pour les générations à venir » dit le Président Thomas Siyuja Sr. « Vu les récentes activités observées derrière la clôture, il est clair que la compagnie fait des plans pour commencer ses opérations. »

Selon le Président Siyuja Sr., « La Tribu Havasupai connait les dégâts irréparables que l’extraction d’uranium peut causer. Depuis des générations, nous avons été en première ligne, travaillant continuellement pour protéger nos anciens territoires des effets négatifs de l’extraction d’uranium, qui a touché et rendu malade de façon disproportionnée, les Autochtones du Nord de l’Arizona. Le Sénat doit voter la Loi de Protection du Grand Canyon et interdire pour toujours toute nouvelle mine d’uranium sur nos terres ancestrales. »

Il y a près de 600 concessions minières actives près du Parc National du Grand Canyon. Si le Sénat ne fait rien, ces concessions pourraient devenir des mines si l’interdiction temporaire est levée ou expire.

L’extraction d’uranium a une longue histoire de pollution du sol et de l’eau, et de maladies chez les gens de la région, en particulier dans la Nation Navajo toute proche, où des centaines de mines d’uranium abandonnées doivent toujours être décontaminées. À la seule Mine Pinyon Plain, plus de 185 millions de litres d’eau souterraine contaminée par de hauts niveaux d’uranium et d’arsenic, ont été pompés du puits de la mine.

« La Mine Pinyon Plain est un exemple honteux de pourquoi la région du Grand Canyon doit être protégée en permanence de toute nouvelle extraction » dit Amber Reimondo, directrice pour l’énergie du Grand Canyon Trust. « Depuis plus de 30 ans, la Tribu Havasupai a été claire sur le mal que cause cette mine. Pourtant, les régulateurs se préoccupent toujours de quand et comment l’autoriser, plutôt que de si cette mine d’uranium devrait être autorisée ou non.

« Le fait que la Mine de Pinyon Plain ne soit qu’à quelques kilomètres du Chemin de Randonnées Pittoresque National d’Arizona est alarmant » dit Matthew Nelson, directeur exécutif de l’Association des Chemins de Randonnée d’Arizona. « Dans l’intérêt de la sécurité publique, et de l’amour de l’air, de l’eau et du sol sains pour les gens et la vie sauvage, nous appelons les décideurs à reconsidérer l’autorisation de cette mine et à interdire de nouvelles mines ici, dans le futur. Le risque pèse infiniment plus lourd que les gains. »

« La Mine du Canyon, aujourd’hui rebaptisée Pinyon Plain, n’aurait jamais dû être autorisée par le Service des Forêts, le Département de la Qualité de l’Environnement d’Arizona, et d’autres services qui l’ont permise » dit Sandy Bahr, directrice du Chapitre du Grand Canyon pour le Sierra Club. « C’est une menace grave pour les eaux et les gens du Grand Canyon et ça démontre que nous devons avoir de meilleures protections pour ces terres publiques autour du Grand Canyon. Nous sommes solidaires avec les Havasupai contre cette mine et nous soutenons la Loi de Protection du Grand Canyon. »

« Des officiels fédéraux et de l’état ont exposé les nappes phréatiques et les sources à des menaces de dégâts permanents et irréparables en approuvant la mine d’uranium Pinyon Plain » dit Taylor McKinnon du Centre pour la Diversité Biologique. « Ces risques sont inacceptables et ces approbations devraient être retirées. Le Congrès doit agir maintenant pour protéger de façon permanente la région du Grand Canyon de la dévastation d’encore plus d’extraction d’uranium. »

« L’histoire et la science sont clairs. L’extraction d’uranium va dévaster le Grand Canyon et empoisonne négligemment l’eau et la terre des Havasupai » dit le Représentant Législatif de Earth Justice, Blaine Miller-McFeeley. « Au lieu de sauvegarder les profits d’une compagnie minière, il est urgent que nous votions la Loi de Protection du Grand Canyon pour protéger en permanence ce site emblématique, ses ressources naturelles, et les gens pour qui c’est chez eux, pour les générations à venir. La Chambre a déjà agi, et il est temps que le Sénat place les intérêts des gens au-dessus de ceux des industries polluantes et vote cette loi. »

« Il est grand temps pour le Congrès de se rejoindre pour protéger l’irremplaçable paysage du bassin du Grand Canyon et toute l’eau des Havasupai des menaces de l’extractivisme » dit Michè Lozano, directeur des programmes d’Arizona pour l’Association de Conservation des Parcs Nationaux. « Voter cette loi de bon sens est essentiel pour prévenir les menaces incroyables que l’extraction d’uranium font peser sur les sources d’eau limitées du canyon qui alimentent ses ruisseaux et ses voies navigables. »

« Peu importe comment vous appelez une mine d’uranium qui traverse les rigoles, les sources et les nappes phréatiques qui fournissent de l’eau aux gens, aux plantes et aux animaux du Grand Canyon ; pour les protéger, l’héritage tragique de l’extraction d’uranium ne soit pas être répété » dit David Spence, président du conseil d’administration du Chapitre d’Arizona des Médecins pour la Responsabilité Sociale. « Seul le Congrès peut les protéger contre le développement futur de l’extraction d’uranium dans cette région sensible. »

« Les opérations de la Mine Pinyon Plain (Canyon) démontrent déjà clairement que des dommages graves pour la fourniture et la qualité de l’eau souterraine, ne peuvent pas être évités si on extrait de l’uranium près du Grand Canyon » dit Kelly Burke, directeur exécutif de Wild Arizona. « C’est pourquoi les officiels de l’état et fédéraux, tout comme le Congrès, doivent écouter les Havasupai et entreprendre une action immédiate pour la vie, conduisant à la fermeture de la mine et au vote de la Loi de Protection du Grand Canyon. »

HISTORIQUE

La Mine Pinyon Plain, connue comme Canyon Mine, est située dans une pâture, dans la Forêt Nationale de Kaibab, près de Red Butte, une propriété culturelle traditionnelle reconnue au niveau fédéral, au sud du Parc National du Grand Canyon. La zone est le territoire d’origine de la Tribu Havasupai et la mine menace la seule source d’eau potable de la Tribu. La Tribu Havasupai a mené l’opposition à la mine, depuis qu’elle a été approuvée pour la première fois dans les années 1980. Tandis que le vote de la Loi de Protection du Grand Canyon arrêterait le développement de nouvelles mines, ça ne fermerait pas les mines existantes comme la Mine Pinyon Plain. La Tribu Havasupai et ses nombreux soutiens restent décidés à faire fermer et décontaminer la mine.



Déclaration de Leonard Peltier
lue à Alcatraz le 24 novembre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Salutations, mes parents, mes amis, ceux que j’aime, et mes soutiens,

D’abord, je veux dire combien je suis reconnaissant que vous vouliez bien entendre ce que j’ai à dire.
C’est un honneur d’être avec vous par l’esprit, bien que je sois loin. Avoir mon âge et avoir passé toutes ces années en prison joue sur mon cœur à un degré infini. Je suis ici parce que je voulais faire la différence pour notre peuple, et je veux encourager d’autres à faire de même.
Mon cœur n’a pas changé, et mes intentions n’ont pas changé. L’amour et la foi que j’ai dans notre génération future n’ont pas changé.

Le monde entier est maintenant confronté aux défis mêmes que notre peuple prédisait, en ce qui concerne les dommages climatiques causés par des gens qui prennent plus que ce dont ils ont besoin, rejetant les enseignements de nos pères, et le savoir d’innombrables générations vivant sur terre en harmonie.

J’ai peut-être l’air un peu dramatique et sensible, mais après toutes ces années et 78 révolutions autour du soleil, je sens et pense souvent que je devrais dire ce que j’ai dans l’esprit et le cœur, à qui je peux, chaque fois que je peux, parce qu’à mon âge, on ne sait jamais si on va vivre encore 20 ans ou 20 minutes.

Notre peuple a traversé beaucoup d’épreuves; des générations ont été emprisonnées, battues, assassinées, dépossédées de nos terres, et ont combattu pour que nous puissions vivre.
Nous sommes fiers de nos ancêtres. J’ai essayé de faire le mieux de mon temps sur terre, compte tenu des circonstances. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça n’a pas été une vie agréable, mais je suis fier d’avoir eu une chance de résister pour notre peuple. Je vous encourage à faire la même chose.
Je ne suis pas un orateur, mais j’ai parlé, je ne suis pas un dirigeant, mais j’ai dirigé. Ceci dit, sachant ce que je sais maintenant, ressentant ce que j’ai ressenti, voyant ce que j’ai vu et entendant ce que j’ai entendu, je le referais encore. Car, comme nos ancêtres ont aimé un futur pour nous, j’aime tous les gens qui ont été sur cette terre. Je la reconnais comme la plus grande manifestation du Créateur, et elle devrait être reconnue comme telle.

En ce jour de « deuil », je vous encourage, le cœur plein d’espoir, à continuer à vous rassembler et à faire une cérémonie en souvenir de tous nos gens, spécialement ceux qui ont donné leur vie pour que nous puissions vivre.

Chacun de vous a en lui le potentiel de faire une différence dans le monde. Chacun de vous a l’occasion et la capacité de faire un acte de bonté pour quelqu’un dans le besoin et un acte pour faire de la terre un meilleur endroit pour toute vie. Moi, avec l’aide d’autres, j’ai commencé un mouvement pour une Forêt Nourricière. Nous encourageons tous les gens partout dans le monde à planter au moins un arbre fruitier; afin que les animaux et toutes les créatures de la terre aient une nourriture plus saine, un meilleur air et de l’eau pure.

Pardonnez-moi si j’ai dit trop ou pas assez. Le temps, dans un tel lieu, est souvent indifférent à la tâche entamée.

Que le Créateur vous bénisse, vous, vos familles et tous nos gens qui pensent ainsi.

Paix, amour et bénédictions, Dans l’Esprit de Crazy Horse, Doksha,

Leonard Peltier

Mitakuye Oyasin



Par Brenda Norrell
Censored News
19 novembre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Les enfants Ponca ont de l’asthme et utilisent des inhalateurs à cause de l’industrie du pétrole et du gaz dans l’Oklahoma, qui est devenu une énorme scène de crime. Au Kenya, des enfants creusent pour trouver de l’eau avant de partir à l’école. Au Nigéria, l’eau est empoisonnée par les puits de pétrole et de gaz et la fracturation, les femmes et les enfants souffrent.

Déclaration de Casey Camp Horinek : Les Droits de la Nature

Parlant au cours d’une table ronde au Sommet des Nations Unies sur le Climat, en Egypte, Casey Camp-Horinek, Ponca, dit qu’elle vivait dans le Territoire Occupé d’Oklahoma.

« Des tueurs en série, appelés industries des carburants fossiles, sont là pour nous tuer, rien d’autre » dit Casey au cours d’une table ronde Autochtone pour l’Action Climatique, après avoir conduit une Cérémonie pour l’Eau le matin.

« Ils assassinent Notre Mère la Terre, ils tuent les graines sacrées, ils tuent les eaux, ils tuent les aires, ils achètent et vendent le sacré et oublient tout ce dont ils dépendent aussi. »

En territoire Ponca, 100% des familles sont touchées par le cancer et les enfants ont de l’asthme et doivent utiliser des inhalateurs dès qu’ils savent marcher.

Il y a 10 000 sites de fracturation hydraulique sur les terres de 39 Tribus d’Oklahoma reconnues au niveau fédéral. L’eau de fracturation est souillée pour la vie.

« L’Eau a de la mémoire. Elle a la vie, elle a une manière d’être qui est sacrée, qui fait partie de nous. Quand elle est blessée et empoisonnée, nous le sommes aussi. »

« Nos esprits sont blessés, mais ils sont toujours là. »

Casey dit que le gouvernement fédéral avait failli contre toute confiance en sa responsabilité et violé tout les Traités qu’il avait créés. Ils essaient de nier qu’ils ont besoin d’eau et ne pensent pas à ceux à naître.

Les Ponca ont mis un moratoire sur les puits à injection et la fracturation, et ont passé une loi reconnaissant les Droits de la Nature.

« Nous sommes la nature nous-mêmes, il n’y a pas de séparation. »

Cette année, la Nation Ponca a passé une loi qui reconnait les droits de deux rivières de leur région, et ils vont poursuivre les pollueurs en justice.

« La terre elle-même le dit dans nos cœurs et nos esprits. »

Casey dit que des « programmes stupides de commerce de carbone » exigent que nous parlions pour ceux qui ne parlent pas le langage que nous parlons.

« Nous sentons les gens de pierre, nous sentons la terre, nous sentons l’eau, nous sentons l’air. »

« Nous avons été arrachés de force à nos terres, pour les Ponca et 36 autres tribus, la Piste des Larmes nous a déplacés dans le « territoire Indien » en Oklahoma. Ils nous ont dit que nous devions modeler nos nations selon leur gouvernement et leur loi qui ont échoué. Ils ont le droit de violer tous les traités, le droit de continuer le génocide des Autochtones – commencé par des couvertures sciemment contaminées avec le virus de la variole. Passant rapidement à aujourd’hui, le génocide environnemental continue, perpétré par des compagnies comme Conoco Phillips, la fracturation, les puits à injection, les camps masculins des carburants fossiles, qui traversent nos territoires – souillant la Terre en mettant des produits chimiques dans le sol, l’air et l’eau.

« Nous, les Ponca, avons décidé de rétablir nos propres lois souveraines, d’abord en 2017, quand nous sommes devenus la première tribu [aux Etats-Unis] à reconnaitre les Droits de la Nature. Et en juillet 2022, nous avons reconnu les Droits de deux rivières sacrées qui nous entourent, parce que les déchets de la fracturation y sont jetés, tuant les poissons. Ces Droits ne sont pas quelque chose que nous DONNONS à la Nature, nous reconnaissons les droits qui ont toujours été et seront toujours.

« La Terre sera toujours là quand nous aurons disparu. Mais nous pouvons suivre une autre voie. Choisissons-nous, en tant qu’humains, d’aligner la loi humaine sur les lois du monde naturel ? Quand les deux se rejoignent, nous avons une voie qui avance. J’entends beaucoup parler des Droits Humains et des Droits Autochtones, à la COP. Que sommes-nous, si nous ne sommes pas la Nature elle-même ? Il s’agit des Droits de la Nature et de nos responsabilités humaines envers elle. Nous pouvons le faire. Nous pouvons le faire. »

Hupa de Californie (et autres Autochtones) : les barrages hydroélectriques sont une fausse solution pour le climat

Les Hupas du nord de la Californie retirent les barrages hydroélectriques, qui sont promus comme fausse solution au changement climatique.

Les gens ne doivent pas être exterminés par l’avidité des grandes corporations, dit Danielle Frank, de Rios to Rivers et dirigeante de la jeunesse de la Tribu Hupa, dans le bassin du Fleuve Klamath. Elle souligne que c’est ce combat contre l’avidité qui rassemble les gens ici.

« Reposez-vous sur nos communautés Autochtones » dit Danielle au cours des commentaires sur la table ronde.

« La résistance Autochtone aux barrages a été constante. Nous savons depuis le début que couper le cours des fleuves ne détruit pas seulement les poissons et l’écosystème, mais aussi les gens qui dépendent de ces sources de nourriture et des liens culturels que les fleuves procurent » dit-elle dans une déclaration.

« Les cultures ont grandi le long des fleuves – sans fleuves, nous n’existerions pas. Notre peuple a assez souffert pour le profit d’autres. »

En Amazonie, les Autochtones se battent contre les barrages. Les Autochtones d’Amazonie dirent qu’ils étaient inspirés par ce qu’ils entendaient là.

Nicole Cuqui, de la communauté Autochtone de San José de Uchupiamonas, dans l’Amazonie Bolivienne, dit : « Les Nations Unies continuent à reconnaitre les barrages hydroélectriques comme de l’énergie propre, et donnent le feu vert aux pays et aux investisseurs pour financer ces projets destructeurs dans les pays en développement où nous avons encore des forêts primaires et des régions à haute biodiversité intactes. »

« Cela permet aux pays et aux compagnies d’hydroélectricité de clamer qu’ils réduisent les émissions de carbone, mais en réalité, ils contribuent à détruire nos forêts et nos rivières, et à déplacer les gens de leurs territoires. Ce ‘laver plus vert’ flagrant perpétue un héritage de perte et de dégâts. »

Iles du Pacifique sous domination U.S.

Dans les îles du Pacifique, les gens sont vulnérables à cause du changement climatique et de la militarisation. L’armée des Etats-Unis contamine les nappes aquifères de Guam et n’est pas tenue pour responsable.

« J’apporte le message de défendre l’eau, de défendre la vie. Les jeunes de Guahan [Guam] défendent l’eau fraiche qui sort de nos falaises et vont à nos océans, contre la construction d’un champ de tir. Nous avons besoin de paix autant que nous avons besoin d’une action pour le climat » dit Moñeka de Oro.

« Nos îles ont toujours été entre des puissances en guerre » dit Moñeka, soulignant qu’une action pour le climat n’était pas possible sans la paix et le maintien des droits humains.

Femmes Kebetkache du Nigéria

Au Nigéria, on manque d’eau, et il y a trop d’eau d’inondations. Dans le Delta du Niger. Ce sont les femmes qui sont le plus touchées.

[…]

L’extraction de pétrole et de gaz pollue l’eau et empoisonne les poissons. L’espérance de vie est de 40 à 45 ans, dit Emem Okun, Kebetkache, membre de la délégation de la Base pour la Justice Globale.

« Les récentes inondations au Nigéria qui ont laissé de grandes zones de terres agricoles sous l’eau, déplacé plus d’un million de gens, et fait plus de 3000 morts, ont été un dur rappel pour les participants et le monde, d’agir d’urgence pour se préoccuper des racines de la crise climatique. L’Afrique a contribué pour moins de 3% aux émissions de carbone depuis 1880 et se réchauffe plus vite qu’aucune autre région du monde, bien qu’elle ait contribué le moins à la crise climatique. D’ici 2050, 86 millions d’Africains seront forcés de migrer dans leurs propres pays à cause du changement climatique. »

***

Des Autochtones du Brésil sont intervenus en Portugais. Si vous comprenez le Portugais, voir la vidéo de la table ronde : https://vimeo.com/769953916



Par Chili Yazzie
Diné de Shiprock, Nouveau-Mexique
Présenté au Sommet des Nations Unies sur le Climat, COP27
Le 10 novembre 2022, en Egypte
Publié sur Censored News
Le 20 novembre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

En tant que peuple Autochtone, nous sommes restés sur les terres dont nous sommes originaires ; restant connectés intrinsèquement à nos terres. La Perspective Autochtone, parlant de la terre, de l’eau, de toute la nature, est une compréhension, une conscience innée, un acte d’honorer cette réalité sacrée que la Terre Mère est une entité spirituelle vivante, au-delà de sa nature physique. Cette reconnaissance demande le respect pour assurer la continuité de la vie ; notre respect Autochtone, par la prière, le chant et la cérémonie est constant.

Cette compréhension fait intégralement partie de l’ordre naturel. Une erreur de la pensée Occidentale est de tenter de séparer le physique du spirituel, ce qui conduit à mettre la matérialité au-dessus de la spiritualité, à la marchandisation de la terre et à l’acquisition brutale de richesses. Pour qu’il y ait de la vie, il ne peut pas y avoir de séparation, de distinction ou de frontière entre les paradigmes physiques et spirituels. Seulement dans la mort, il y a une séparation.

Nous avons vécu des voies divergentes. La façon dont nous vivons aujourd’hui reflète les parcours de nos vies, les histoires que nous avons faites racontent notre adhésion ou les déviations des Instructions d’Origine. Les Peuples Autochtones sont restés fidèles aux Enseignements d’Origine.

Nous, en tant qu’Autochtones, savons que nous sommes les enfants de notre Mère la Terre. Nous avons la formidable responsabilité de prendre soin d’elle, qui prend indéfectiblement et tendrement soin de chaque moment de nos vies. Nous lui appartenons, elle nous appartient, comme une mère et un enfant s’appartiennent mutuellement. Nous la comprenons et elle nous comprend. Sa vie est notre vie.

Ces Enseignements d’Origine nous disent comment nous devrions vivre pour être heureux, comment nous traiter les uns les autres et la Terre Mère. Les Enseignements d’Origine ont été fournis, avec les quatre couleurs de l’humanité, lors des différents temps de la création. Les quatre couleurs des gens émanent d’une source de vie, nous avons une mère, un père – notre Mère la Terre et notre Père le Créateur. Nous sommes tous vraiment frères et sœurs.

Notre déclaration est que les gouvernements du monde, les grandes compagnies et ceux qui souscrivent à la science et la technologie moderne, ne prennent pas en considération toutes les perspectives, y compris la Perspective Autochtone. Ainsi, ils sont désavantagés parce que leur processus de pensée est incomplet, ils sont en conflit avec les Instructions d’Origine par leur mépris du Savoir Autochtone. Car il y a une véritable opportunité de sauver l’humanité, et notre planète ; la sagesse des peuples Autochtones doit être reconnue et honorée. Nous avons vraiment des réponses et des solutions. Vous devez nous entendre.

Certains de nos anciens, de nos hommes et femmes médecine, disent qu’il est trop tard, mais pour nos petits-enfants nous continuons à souffler sur les braises de l’espoir. Nous ne cesserons jamais de combattre pour protéger Notre Mère la Terre, nous ne cesserons jamais de défendre le futur de nos petits-enfants.



Christine Prat, CSIA-Nitassinan
13 novembre 2022
Photos Max Wilbert

Les photos de la région de Thacker Pass sont de ©Max Wilbert et sont utilisées avec sa permission. Utilisation commerciale interdite, diffusion du message fortement encouragée.

Les médias publics français ne parlent que rarement des Autochtones d’Amérique du Nord, et toujours au passé : ils ont été exterminés, c’est triste mais on n’y peut rien. Lorsqu’ils doivent parler des plus de 1000 tests de bombes atomiques dans le Nevada, ils précisent que c’est dans un désert inhabité ! À seulement quelques dizaines de kilomètres de la région la plus peuplée du Nevada… Evidemment, ils ne parlent jamais du projet de site d’enfouissement profond de déchets hautement radioactifs, au même endroit, ça rappelle trop Bure. Même chose pour le projet de mine de lithium à Thacker Pass, dans le nord du Nevada, la France veut en creuser dans le Massif Central.

Hélas, j’ai remarqué que même les Français qui s’intéressent aux Autochtones d’Amérique du Nord, s’intéressaient beaucoup moins aux menaces de mines de lithium qu’aux autres problèmes. Croient-ils ce que dit France-Culture ? Ou comptent-ils déjà acquérir un véhicule électrique et préfèrent ne pas savoir que ça pollue autant que les voitures à essence ?

Les mines de lithium polluent et détruisent l’environnement. Le lithium est en soi toxique, et l’extraction de quelque minerai que ce soit se fait en utilisant des produits dangereux. L’extraction du lithium et le traitement du minerai exigent l’utilisation de milliards de litres d’eau – dont une partie reste polluée pour au moins 300 ans – et ça laissera un tas de déchets gigantesque, selon un article du New York Times de 2021. Le fonctionnement de la mine devrait brûler plus de 98000 litres de diesel par jour. Ça exige aussi la construction de routes pour le transport, l’utilisation de camions au diesel, etc. C’est autant de territoire détruit pour une faune et une flore rares et menacées. L’article du New York Times dit : « Les voitures électriques et l’énergie renouvelable pourraient ne pas être aussi vertes qu’elles paraissent. La production de matériaux comme le lithium, le cobalt et le nickel, qui sont essentiels pour ces technologies, est souvent désastreuse pour le sol, l’eau, la vie sauvage et les gens. »

Thacker Pass est un site sacré et historique pour les Paiutes de la région, en 1865 la Cavalerie y a commis un massacre. Les compagnies explorent la région depuis 2007 et maintenant, l’autorisation du projet est accélérée. Les habitants n’ont pas été consultés convenablement. Des Autochtones, des groupes écologistes et un rancher de la région sont allés en justice. Ils ont besoin de soutien. Faire connaître le problème au maximum est déjà un moyen de pression. Pour plus de détails sur Thacker Pass et les mines de lithium, voir l’article de Max Wilbert, écologiste, auteur et photographe, traduit en français sur ce site.

Cartes des régions citées:

 



BIG WIND, ARAPAHO DU NORD, INTERROMPT LE DISCOURS DE BIDEN À LA COP27, POUR DIRE QU’IL NE RESTE PLUS DE TEMPS POUR DE FAUSSES SOLUTIONS

Par Censored News
D’après le Guardian
11 novembre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Ce jour, le discours de Biden a été interrompu, avant que la sécurité arrive, l’Egypte interdisant les protestations dans la Zone Bleue de la COP27.

Nina Lakhani dans le Guardian : Des manifestants interrompent le discours du Président des Etats-Unis :

« Quatre manifestants portant une banderole disant ‘les gens contre les carburants fossiles’ ont interrompu le discours de Joe Biden, Président des Etats-Unis, à la COP27.

« Les manifestants étaient des jeunes et des Autochtones des Etats-Unis, et ils appelaient Biden à arrêter de pousser à l’extraction des carburants fossiles. Ils ont parlé avec le Guardian, peu après avoir été escortés par la sécurité hors de la salle de réunion plénière.

« Le Président, les membres du Congrès et le Département d’Etat viennent à ce forum international sur le changement climatique pour proposer de fausses solutions, qui ne permettrons pas de le limiter à 1,5°C » dit Big Wind, 29 ans, membre de la Tribu Arapaho du Nord, dans le Wyoming.

« Nous devons accélérer la transition, mais ça ne risque pas d’arriver en étant partenaires de grands pollueurs comme Amazon et Pepsi Cola, et nous devons le faire savoir » dit-il, se référant à une annonce du début de la semaine, faite par l’envoyé des Etats-Unis pour le climat, John Kerry, le Fond Bezos pour la Terre, PepsiCo et d’autres sur des projets de créer un accélérateur de transition énergétique.

Biden s’est référé aux peuples Autochtones dans son discours, mais il n’a pas usé de son pouvoir pour les soutenir directement par un accès aux fonds nécessaires aux communautés pour s’adapter à la crise climatique, dit Big Wind.

Lire l’article du Guardian (en anglais)



Par Max Wilbert
Protect Thacker Pass
12 octobre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Photos et article Max Wilbert, utilisés avec autorisation

À Thacker Pass, la « Sécurité Nationale » est utilisée abusivement pour couvrir des horreurs

J’étais encore un gamin quand les invasions de l’Iraq et de l’Afghanistan ont commencé, mais je comprenais ce qui se passait. Des grandes entreprises se faisaient de l’argent par tous les moyens possibles : vendre des haricots, des balles et des pansements, signer des contrats lucratifs pour la construction de nouvelles bases militaires, remplacer les employés du service publique par des contractants privés, d’unités de combat à l’hôpital des vétérans, et capitaliser sur les occasions de gains énormes dans la reconstruction et le pétrole.

Maintenant, en tant qu’écologiste militant et auteur, j’applique la même logique à la crise climatique.
Il y a des parallèles surprenants entre la « guerre au terrorisme » en Iraq et en Afghanistan et le changement climatique. Ils se caractérisent par la peur du public, des risques existentiels, des luttes de pouvoir géopolitiques, des manipulations de l’opinion publique, et d’énormes sommes d’argent.

Tandis que le réchauffement s’intensifie, des milliers de milliards de dollars en subventions gouvernementales et en dépenses du consommateur se déversent sur les fabricants de « technologie verte ». Les constructeurs d’automobiles, de Ford à Volkswagen, ont annoncé leurs projets d’arrêter de fabriquer des voitures à essence ou diesel, et de ne plus produire que des véhicules électriques. Et comme des sources intermittentes comme l’éolien et le solaire sont ajoutées aux réseaux d’électricité, les services publiques investissent dans des banques de batteries grandes comme des entrepôts pour stabiliser la fourniture de courant.

Tout cela conduit à une demande vertigineuse de matières premières comme le lithium, le graphite, le cobalt, le nickel et les métaux rares. L’Agence Internationale de l’Energie, par exemple, estime que la demande de lithium va augmenter de 4200% au cours des 20 prochaines années. Les prix du lithium ont quintuplé rien que dans l’année écoulée, étant donné que la demande dépasse très largement l’offre. Et cette demande croissante pousse les compagnies minières à explorer et développer des nouvelles mines partout dans le monde.

Le Nevada est une zone sensible, où il y a actuellement 17 375 concessions minières pour du lithium et environ 50 projets de mines en développement. Le plus grand est à Thacker Pass, situé au nord de l’état. Mais c’est là qu’il y a conflit : à part une riche source de lithium, Thacker Pass est aussi l’habitat d’une importante biodiversité, hébergeant des espèces rares, et est culturellement important comme site de deux massacres de Paiute du Nord et de Shoshone de l’Ouest.

Je me bats contre l’industrie des carburants fossiles et je fais des reportages des lignes de front du chaos climatique depuis des décennies, et pour moi il est clair que nous devons arrêter immédiatement de brûler des carburants fossiles. Cependant, je mets en doute l’idée que la technologie est la solution. Sur au moins un plan important, la « technologie verte » ne diffère pas des carburants fossiles : c’est le monde naturel qui fait les frais de son extraction et de son développement.

L’importance environnementale et culturelle de Thacker Pass, et les questions sur l’efficacité du lithium comme panacée contre la crise climatique, ont catalysé un sérieux mouvement de résistance pour « Protéger Thacker Pass », mouvement fait de manifestations, de batailles sur les règlements, d’une occupation du site prévu pour la mine pendant un an, et de poursuites en justice.

Devant un tribunal fédéral, contre deux Tribus Indiennes, quatre groupes écologistes et un rancher local, qui sont allés en justice pour empêcher l’ouverture de la mine de lithium de Thacker Pass, l’avocat de la Lithium Nevada Corporation a récemment écrit que « Le projet [à Thacker Pass] est important […] pour assurer que les Etats-Unis ne dépendent pas de sources étrangères pour des matières premières cruciales ceci étant une question de sécurité nationale. »

Je ne marche pas.

Peut-être parce que je suis assez vieux pour me souvenir d’un monde d’avant l’invasion des téléphones portables, mais pour moi il est évident que le lithium n’est pas plus « crucial » que Hummers ou TikTok. Ce qui est vraiment crucial sont les besoins de base : la nourriture, l’eau, un abri, de l’air pur, et une planète vivante.
Quand les avocats de Lithium Nevada et le gouvernement des Etats-Unis affirment que le lithium est une « matière première cruciale » et que faire exploser une face de montagne, détruire l’habitat de la vie sauvage et des sites sacrés Amérindiens, et polluer plus de 18 millions de litres d’eau par jour, n’est pas important parce qu’ouvrir une mine de lithium est « une question de sécurité nationale » qui pourrait « avoir des conséquences importantes pour l’économie, » j’appelle ça de la merde.

Leur logique, selon laquelle nous devons « concurrencer » d’autres nations sur la scène mondiale pour établir notre domination, est une triste relique de l’héritage colonial impérialiste de ce pays.
En février 1948, George Kennan – chef du Département d’Etat pour le Planning Politique, et l’une des personnes les plus influentes du gouvernement – écrivit un extraordinaire rapport Top-Secret, qui ne devait être déclassifié qu’au bout de 26 ans. « [Les Etats-Unis possèdent] environ 50% de la richesse du monde, mais seulement 6,3% de sa population, » écrivait Kennan dans le mémorandum PPS23. « Notre véritable tâche est de créer un schéma de relations qui nous permettra de maintenir cette position de disparité sans détriment pour notre sécurité nationale. »
Ceci, peut-être plus qu’aucune autre citation, révèle crument les buts de l’appareil de sécurité nationale : pas de protéger des vies, mais de « maintenir cette position de disparité. »
Kennan poursuivait : « Pour ce faire, nous devrons nous dispenser de toute sentimentalité et de rêverie ; et notre attention devra être concentrée partout sur nos objectifs nationaux immédiats. Nous ne devons pas nous faire d’illusions, nous ne pouvons pas nous permettre le luxe de l’altruisme et de la bienfaisance mondiale. »

Aujourd’hui, les matières premières sont le nouvel or blanc, et un « Partenariat pour la Sécurité des Matières Premières » a été formé entre les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, la France, l’Allemagne, le Japon, la République de Corée, la Suède, le Royaume-Uni et la Commission Européenne. Reuters appelle ça un « OTAN Métallique » – bien vu, si on considère qu’une guerre contre le territoire et la guerre moderne sont impossibles sans l’extractivisme. Le Président Biden l’a reconnu en mars dernier, quand il a amendé la Loi de Production pour la Défense, une loi du temps de la Guerre Froide, pour autoriser la Défense à promouvoir l’extractivisme domestique.

De gros profits, tandis que le pays est détruit. C’est de cette soi-disant sécurité nationale que parle Lithium Nevada. Ça n’a rien de nouveau. Les riches et les puissants abusent depuis longtemps de la notion de sécurité nationale pour déguiser leurs buts égoïstes.
Par exemple, considérez les attentats du 11 septembre contre le World Trade Center, qui a conduit aux guerres en Afghanistan et en Iraq mentionnées plus haut, 900 000 morts, surveillance de masse illégale, extraditions extraordinaires [vers d’autres pays où les droits humains comptent moins – NdT], « interrogatoires poussés », et 8000 milliards de dollars de coûts – dont beaucoup sont allés à des compagnies comme Halliburton (dont le Vice-Président Dick Cheney avait été le PDG avant d’entrer au gouvernement).
Ou pensez à la guerre du Vietnam, où une décennie de bataille a résulté en des millions de morts Vietnamiens, 300000 morts des Etats-Unis et des troupe alliées, un pays entier empoisonné par l’Agent Orange, et des profits spectaculaires pour des firmes « de Défense » comme KBR, Boeing et Dow Chemical.

On peut même remonter plus loin, aux guerres de colonisation, quand les militaires des Etats-Unis ont commis des massacres, de Sand Creek aux Swamp Cedars, au service de la « Destinée Manifeste », puis ont pris possession de terres précieuses pour l’agriculture, les mines, l’exploitation forestière et les villes.
La militante et écrivaine Paiute du Nord, Sarah Winnemucca, avait écrit, dans son livre de 1884 ‘Vie Au Milieu des Paiutes : les Torts et Réclamations’, que les profits de guerre et l’avidité étaient les principaux moteurs de la Guerre du Serpent, la guerre Indienne la plus sanglante de l’Ouest et contexte du Massacre de Thacker Pass, le 12 septembre 1865, devenu un point central dans les protestations contre la mine de lithium.
« [Durant l’été 1865] des soldats ont été envoyés de Californie, » écrivait S. Winnemucca, « et de très nombreuses compagnies sont arrivées. Ils poursuivaient mon peuple dans tout le Nevada. Des histoires ont été fabriquées partout dans le pays par les colons blancs, disant que les diables rouges tuaient leur bétail, et grâce à ce mensonge des colons blancs, la piste marquée du sang de mon peuple a commencé, de colline en colline, de vallée en vallée. Les soldats ont poursuivi mon peuple de cette manière pendant un an, et les Paiutes de Queen’s River ont été amenés au Fort Churchill, dans le Nevada, et durant cette campagne le pauvre Général [sic] McDermitt a été tué. Ces histoires n’ont été fabriquées par les colons blancs que pour pouvoir vendre leur grain dont ils ne pouvaient pas se débarrasser autrement. La seule façon pour les éleveurs et les fermiers de faire de l’argent était de provoquer une guerre Indienne, pour que les troupes puissent venir et acheter leur bœuf, leur bétail, leurs chevaux et leur grain. »

Est-ce vraiment différent maintenant, avec les milliards de dollars en jeu à Thacker Pass ? Ce qui est la sécurité nationale pour un peuple est un génocide pour un autre – et un écocide pour le territoire.
Ce qui a changé depuis 1865, c’est que les problèmes sont plus profondément enracinés. Avec l’escalade technologique, les profiteurs de guerre sont devenus des adjoints permanents du gouvernement, avec un personnel tournant entre les emplois privés grassement payés et des rôles au gouvernement, ce qu’on appelle une « porte pivotante. » Dans la plupart des pays, on appelle ça de la corruption.

[…]

Avec l’influence des Etats-Unis qui s’érode dans le monde et les fournitures de lithium qui dépendent de la Chine, la richesse et la puissance de ce pays est vraiment en jeu. Pour alimenter cette richesse, la mine de Thacker Pass est enfoncée de force malgré une opposition déterminée.

Sur le plan technique, la transition vers des véhicules électriques posera des défis extrêmes. Ça exigera une énorme expansion des centrales électriques et des réseaux de transmission. Il pourrait même ne pas y avoir assez de lithium accessible économiquement dans le monde entier pour fabriquer des batteries remplaçant les 1,5 milliards de voitures du monde. Et certaines analyses montrent que les véhicules électriques ne réduiront les émissions que d’environ 6% – mieux que rien, mais ce ne sera pas une bonne utilisation de l’énergie et des ressources, et bien loin de la suppression de 100% des émissions que des scientifiques disent nécessaires pour éviter un réchauffement catastrophique.
Les véhicules électriques sont une fantaisie. Ils permettent aux gens de croire que la culture de l’automobile – en fait la civilisation industrielle – peut être rendue durable avec de simples changements techniques. C’est un mensonge. Nous ne pouvons pas nous contenter d’échanger ce qu’il y a sous le capot de nos voitures et espérer atteindre une situation durable. En ce sens, se fixer sur les véhicules électriques est dangereux parce que ça cache la véritable étendue des changements nécessaires. Stopper et inverser le réchauffement climatique demandera des changements de notre société beaucoup plus importants et radicaux.
Récemment, on m’a dit que je « délirais » parce que je dis ce que la plupart des gens savent mais sont trop polis pour le dire : les automobiles ne sont pas écologiques, et si nous voulons une vie saine et durable, nous n’aurons pas d’automobiles. Le fait qu’une vérité soit dérangeante et inacceptable politiquement pour certains, ne la rend pas moins vraie. On ne peut plus disputer les lois de l’écologie, pas plus que celles de la physique. Si je suis délirant, Galilée l’était aussi.

Les cadres des compagnies d’énergie et les dirigeants politiques ne veulent pas imaginer un monde où les Etats-Unis ne domineraient plus la planète économiquement et militairement, un monde où nous ferions des choix délibérés de vivre dans les limites de la planète plutôt que de l’exploiter et la détruire pour un pouvoir et une richesse temporaires, un monde où nous choisirions de vivre avec moins volontairement, un monde où les sites sacrés Amérindiens seraient respectés, un monde sans économie qui détruit la Terre. Après tout, cela signifierait la fin de leur richesse et de leur pouvoir.

Mais je peux imaginer ce monde et je pense que vous le pouvez aussi.
Ils peuvent dire que nous délirons tant qu’ils veulent, mais nous continuerons à lutter pour lui jusqu’à notre dernier souffle.

article et photos Max Wilbert, utilisés avec permission. Utilisation commerciale interdite. Diffusion du message fortement encouragée.