Photo Natalie Hand: des groupes Ecologistes se sont rassemblés lors des audiences publiques, en petits groupes pour éviter d’être arrêtés selon la nouvelle loi anti-manifestations du Dakota du Sud.
Depuis des décennies, les Lakota sont menacés par l’ouverture de mines d’uranium dans les Black Hills. Le 11 mai 2017, Owe Aku [Bring Back the Way, présidente Debra White Plume] a publié le message suivant, et le 18 mai, Lakota Country Times a publié un article sur la situation actuelle, écrit par Natalie Hand, en collaboration avec Owe Aku. Les deux sont traduits en français ci-dessous.
Christine Prat
En mars de cette année, l’EPA [Agence de Protection de l’Environnement] a accordé deux propositions de permis à Powertech, une entreprise multinationale, branche de la compagnie canadienne Azarga Uranium Corporation. Si réunis, ces permis autoriseraient le forage de milliers de puits dans 14 secteurs différents. Ces puits seraient creusés jusqu’à des centaines de mètres dans le sol et perceraient le système de nappes aquifères Inyan Kara. Le deuxième permis a pour but d’autoriser l’évacuation des déchets dangereux de l’extraction d’uranium. Les permis exposeraient inutilement Lakota Oyate [la Grande Nation Sioux] au désastre de l’extraction d’uranium et constitueraient une perpétuation de la guerre de l’Amérique contre les peuples des Nations Rouges.
“Les nappes aquifères Inyan Kara, Minnelusa et Madison sont les principales sources d’eau souterraine dans le nord des Black Hills, le Dakota du Sud et le Wyoming, ainsi que les Bear Lodge Mountains, dans le Wyoming. Les nappes aquifères sont menacées dans les Bear Lodge Mountains et les Black Hills, et sont à environs 900 et 1500 mètres sous la surface du sol… Le mouvement de l’eau souterraine va de la zone d’affleurement vers le centre du Dakota du Sud.”
[Etude d’USGS, en anglais, https://pubs.er.usgs.gov/publication/wri864158 ]
Trois réunions d’information publiques ont eu lieu, à Rapid City, Hot Springs et Edgemont. La dirigeante d’Owe Aku, Debra White Plume a témoigné à Edgemont.
LES PROTECTEURS DE L’EAU D’OWE AKU COMBATTENT L’URANIUM DANS LES BLACK HILLS
Powertech concède : “l’eau est déjà de mauvaise qualité”
Par Natalie Hand
Pour Lakota Country Times, en collaboration avec Lakota Media Project
Publié le 18 mai 2017
Traduction Christine Prat
EDGEMONT, Dakota du Sud – Une série de réunions pour commentaires publiques organisés par l’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis, Région 8, s’est terminée par la réunion finale à Edgemont, le 11 mai.
Edgemont, une localité située dans le sud des Black Hills, n’est pas étrangère à l’extraction d’uranium. L’uranium, utilisé pour alimenter les centrales nucléaires, a été découvert près d’Edgemont en 1952, avant que les règles actuelles sur l’environnement n’aient été adoptées. Pendant des décennies, l’extraction en plein air a été pratiquée, jusqu’au milieu des années 1980, quand les mines ont été abandonnées à cause de la chute des cours de l’uranium.
Dans des puits d’eau à usage domestique, situés près des mines abandonnées, des taux de radium excédant les normes pour l’eau potable ont déjà été trouvés, et l’un d’entre eux présentait des taux d’uranium dangereux. D’autres résultats de l’évaluation préliminaire ont indiqué la présence de radionucléides dans des échantillons d’eau de surface de Pass Creek, Beaver Creek et de la Rivière Cheyenne.
30 ans plus tard, une nouvelle compagnie, Powertech Inc., une branche d’Azarga Uranium, basée à Hong Kong, cherche à réactiver l’extraction d’uranium dans la même région.
Powertech a passé les 11 dernières années à essayer de remettre en route la Mine d’Uranium Dewey Burdock et a anticipé l’approbation de l’EPA en 2017, d’après Mark Hollenbeck, Directeur de Projet de la Mine d’Uranium Dewey Burdock pour Powertech.
Powertech a l’intention d’utiliser plus d’un million de mètre-cubes d’eau souterraine de la nappe Madison par an, pour remplacer l’eau pompée des nappes aquifères Inyan Kara par les opérations de récupération d’uranium et les activités de restauration des eaux souterraines.
Cependant, les opposants ont toujours été fermes pour empêcher le projet dans cette région susceptible de sécheresses, se référant aux dangers pour la santé publique, la terre et l’eau. Des rassemblements ont été organisés dans chaque lieu de réunion publique.
Tonya Stands, une Oglala, est l’organisatrice des rassemblements et membre de No Uranium in Treaty Territory [Pas d’Uranium en Territoire sous Traité]
T. Stands a déclaré “Nous avons collaboré avec l’Alliance pour l’Eau Propre des Black Hills, l’Action Rurale du Dakota, l’Union des Sœurs pour Protéger l’Eau Sacrée, et d’autres pour diffuser l’information sur les audiences de l’EPA et informer les gens sur la protection de l’eau, en fournissant des repas et en organisant des marches de prière”.
Isaiah Cox, 11 ans, de Hot Springs, a renoncé à son voyage scolaire à Evan’s Plunge pour assister à la réunion.
“Je suis allé à l’audience de Hot Springs et ça m’a intéressé. Alors je suis venu ici aujourd’hui pour exprimer mon opinion. Les agriculteurs ont besoin d’eau. Les animaux et les plantes ont besoin d’eau saine. Cette mine abimera notre eau,” dit Cox.
M. Hollenbeck, avec d’autres mineurs d’uranium locaux en retraite, a assisté à l’audience et entrepris de rejeter les craintes du public.
“Nous ne faisons qu’ajouter de l’oxygène et de l’oxyde de carbone pour extraire l’uranium. Donc, ce que nous extrayons du sol est ce que nous remettons dans le sol. L’idée selon laquelle cette eau est bonne est erronée. C’est de l’eau polluée au départ. Nous ne pouvons pas boire cette eau aujourd’hui. Ce ne sera pas exactement la même, mais elle sera utile, comme elle l’a été” remarqua Hollenbeck.
Hollenbeck est un éleveur garanti bio qui fait paître son troupeau près du site de la mine et est convaincu que son bétail est sain pour la consommation humaine.
Judy Schumacher, de Provo Township, n’est pas d’accord.
“J’ai grandi dans un ranch près de Buffalo, dans le Dakota du Sud. Nos vaches blanchissaient et mouraient après avoir bu dans des mares où les tests de forage d’uranium avaient eu lieu dans les années 1950-60. J’ai survécu à un cancer et ma fille a eu un cancer à 22 ans. On ne peut pas nettoyer les radiations dans l’eau. Je veux savoir comment Powertech va garantir que ce n’est pas dangereux” dit J. Schumacher.
Debra White Plume (une Lakota Oglala) de Porcupine, dans le Dakota du Sud, s’est adressée aux officiels de l’EPA.
“Vous n’êtes pas la première commission pour la paix à venir ici. Il y en a déjà eu une, il y a 149 ans, pour négocier le Traité de Fort Laramie de 1868 et le Traité de Horse Creek de 1851 avec nos ancêtres. Ce traité maintenait une base territoriale et des droits sur l’eau pour les Nations Lakota, Cheyenne et Arapaho. Je ne veux pas autoriser Azarga à empiéter sur notre territoire ancestral. La Déclaration sur les Droits de Peuples Autochtones des Nations Unies dit que les gouvernements doivent avoir le consentement libre, préalable et informé des Peuples Autochtones avant de procéder à un développement, et nous ne l’avons pas eu” dit Debra White Plume.
Debra White Plume est la principale plaignante dans l’affaire contre l’expansion de la mine d’uranium de Cameco Corporation près de Crawford, dans le Nebraska. D’après Debra White Plume, les déchets radioactifs ont fui pendant 4 ans avant d’être détectés sur le site de la mine.
Les officiels de l’EPA ont remarqué que ça prendrait plusieurs semaines pour consulter les témoignages écrits et publiques avant d’arriver à une décision sur les permis de Powertech.
LE CORPS D’ARMEE DIT QUE DES VIES SERAIENT MISES EN DANGER SI LA VERITE SUR LES RISQUES DE MAREE NOIRE DE L’OLEODUC DAKOTA ACCESS DANS LE LAC OAHE ETAIENT REVELES
Par Brenda Norrell
Censored News
25 avril 2017
Traduction Christine Prat
Le Corps d’Armée des Ingénieurs dit que des vies seraient mises en danger s’il révélait la vérité sur des fuites potentielles de l’oléoduc Dakota Access dans le Lac Oahe. Le Corps d’Armée refuse d’accorder une réponse à la Demande de Liberté d’Information de l’agence d’informations Muck Rock.
Le conseiller juridique du Corps d’Armée dit qu’il maintenait les faits secrets, sur la base d’une loi des Etats-Unis « qui protège les dossiers constitués dans des buts de maintient de l’ordre et qui s’ils étaient publiés, pourraient selon toute probabilité, mettre en danger la vie ou l’intégrité physique d’un individu. Les documents en question contiennent des informations relatives à une infrastructure sensible qui, si mal employées, pourraient mettre en danger les vies et propriétés de gens. »
Muck Rock a déposé une Demande de Liberté d’Information pour avoir plus de renseignements sur les fuites potentielles. La demande de Muck Rock fait suite à la mention de ces fuites potentielles dans un document du Corps des Ingénieurs de l’Armée concernant le projet de faire traverser l’oléoduc sous le Lac Oahe.
Le risque de marées noires dans le Fleuve Missouri et la pollution potentielle de l’eau potable de millions de gens, est la raison pour laquelle des Autochtones et leurs alliés ont risqué leurs vies pour empêcher la construction de l’oléoduc et le transport de pétrole brut sous le Lac Oahe.
Les Protecteurs de l’Eau à Standing Rock ont été frappés, aspergés de gaz lacrymogène, se sont fait tirer dessus avec des balles en caoutchouc, ont été arrosés avec des canons à eau alors qu’il gelait, ont été arrêtés au cours de cérémonies par la police militarisée et emprisonnés dans des chenils dans le Comté de Morton, avec des numéros sur les bras comme faisaient les Nazis. Plus de 800 protecteurs ont été arrêtés à Standing Rock alors qu’ils défendaient l’eau contre l’oléoduc Dakota Access.
Ci-dessous, la réponse du Corps d’Armée à la Demande de Liberté d’Information de Muck Rock:
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DEPARTMENT OF THE ARMY
U.S. ARMY CORPS OF ENGINEERS
HUMPHREYS ENGINEER CENTER SUPPORT ACTIVITY
7701 TELEGRAPH ROAD
ALEXANDRIA, VA 22315-3860
21 avril 2017
Office of Counsel
A M. Michael Morisy
Muck Rock
DEPT MR 34606
411A Highland Avenue
Somerville, MA 02144-2516
Cher M. Morisy,
Ceci est une réponse à votre demande selon la Loi de Liberté d’Information (F OIA), datée du 7 mars 2017, dans laquelle vous souhaitiez obtenir un rapport d’évaluation de l’impact potentiel d’une fuite de pétrole de l’Oléoduc Dakota Access au cours de la traversée du Lac Oahe, dans le Dakota du Nord.
Je refuse de transmettre le document demandé dans sa totalité, selon l’article 5 US. C. 552(b)(7)(f) de l’OIA, qui protège les dossiers assemblés dans des buts de maintient de l’ordre, et qui, s’ils étaient publiés pourraient mettre en danger la vie et la sécurité physique d’un individu. Le document auquel vous vous référez contient des informations relatives à une infrastructure sensible qui, si mal utilisées, pourraient mettre en danger les vies et les propriétés de gens.
Pour plus d’assistance et pour discuter un quelconque aspect de votre demande, vous avez le droit de prendre contact avec le service de Liaisons Publiques de l’USACE ou d’appeler le (202) 761-4791. De plus, vous avez le droit de prendre contact avec le Bureau des Services d’Information du Gouvernement (OGIS) pour vous renseigner sur les services de médiations qu’ils proposent. [… adresses et numéros de téléphone dudit OGIS]. Enfin, vous avez le droit de faire appel de ma décision de ne pas transmettre ce document auprès du Secrétaire de l’Armée. Votre appel devra porter la mention Appel selon la Loi de Liberté d’Information et être envoyé par email à foia@usace.army.mil ou m’être envoyé à l’adresse indiquée dans l’entête. Votre appel doit être posté – le cachet de la poste faisant foi – ou envoyé électroniquement, dans les 90 jours suivant la date de cette lettre.
Cordialement,
RM
Damon Roberts
Conseiller Juridique de l’HECSA
Imprimé sur du Papier Recyclé
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Notez que cette lettre, qui indique l’intention de ses auteurs de mettre en danger de pollution grave le Lac Oahe et l’eau de millions d’usagers en aval, est imprimée sur du papier recyclé!
Malgré les attaques de janvier 2017 contre les camps des Protecteurs de l’eau, la lutte continue à Standing Rock. Des Protecteurs sont encore présents sur les lieus qui n’ont pas été évacués de force. En mars, ils ont manifesté à Washington. Hélas, depuis l’arrivée de Trump au pouvoir, la firme Dakota Access a achevé les travaux sans Déclaration d’Impact Environnemental, et a mis l’oléoduc en service. De plus, de nombreux Protecteurs, arrêtés au cours de diverses opérations de police extrêmement violentes, doivent toujours être jugés. Et surtout, Red Fawn Fallis est toujours emprisonnée et risque une très longue peine de prison.
Christine Prat
LES DROITS DES PROTECTEURS DE L’EAU ENFREINTS PAR DES PREJUGES JUDICIAIRES
Par le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau
Publié par Censored News
Le 24 avril 2017
Traduction Christine Prat
BISMARCK, Dakota du Nord – La Protectrice de l’Eau Red Fawn Fallis a déposé, par l’intermédiaire de son avocat Bruce Ellison, une Motion pour un Ordre de Récusation arguant que le Juge Fédéral Daniel Hovland s’est disqualifié lui-même pour poursuivre son affaire, à cause de ses préjugés évidents contre les Protecteurs de l’Eau.
Mme Fallis fait face à trois chefs d’accusation fédéraux en rapport à des allégations concernant son implication dans le mouvement NoDAPL contre l’oléoduc Dakota Access. Sa motion de Récusation est fondée sur le fait que le Juge Hovland a, de son propre aveu, pris en compte des preuves extérieures au tribunal – comme des informations de la télévision et autres médias, ainsi que ses observations personnelles – dans ses décisions relatives aux affaires impliquant des Protecteurs de l’Eau de NoDAPL. Dans un cas, le Juge Hovland a écrit dans une décision de la cour, le 16 septembre 2016:
En ce qui concerne l’affirmation selon laquelle le mouvement aurait été une manifestation pacifique, il n’y a qu’à allumer un poste de télévision ou lire n’importe quel journal du Dakota du Nord. Le spectateur ou lecteur y trouvera d’innombrables vidéos et photos des manifestants ‘pacifiques’… agressant verbalement, harcelant, et affichant leur manque de respect à l’égard des forces de l’ordre.
La Motion de Récusation est également fondée sur des préjugés dirigés spécifiquement contre Mme Fallis par la décision du Juge Hovland d’enfreindre les règles du tribunal en annulant en 24 heures un ordre émis par le Magistrat Charles Miller libérant Mme Fallis et la plaçant dans une maison de transition jusqu’à son procès. En faisant cela, le Juge Hovland n’a pas donné à Mme Fallis la possibilité de réagir à la motion du gouvernement de révoquer l’ordre du Magistrat, en violation de la Règle Locale 47.1 de la Cour de District du Dakota du Nord.
Dans une déclaration sous serment accompagnant la motion, Mme Fallis écrivit:
Je suis consciente des graves accusations qui pèsent contre moi et qui entrainent potentiellement de longues peines. Je suis en conséquence très inquiète et crois que je mérite un procès équitable par un jury équitable et qu’il ait lieu devant un juge impartial…
Il me semble que le Juge Hovland a des opinions préconçues sur tous les aspects de mon affaire et qu’il ne la considèrera pas individuellement, sur la base des preuves présentées à la cour dans mon cas. Le Juge Hovland prend sans cesse le parti du gouvernement dans ses décisions sur les faits, se fonde sur la télévision, certaines de ses observations faites hors du tribunal, et sur des choses qui ne reposent pas sur des preuves du tribunal pour prendre des décisions. Considérant les choses qu’il a dites et écrites, le Juge Hovland a des préjugés personnels ou parait clairement avoir des préjugés en faveur du gouvernement et contre moi, au point que je ne crois pas pouvoir avoir un procès équitable devant lui, et qu’il ne croit pas qu’il y ait quelque vérité que ce soit dans ce que les différents Protecteurs de l’Eau dans son tribunal aient à dire.
Le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau considère que les préjugés évidents du juge contre Mme Fallis et d’autres Protecteurs de l’Eau, ne sont qu’un élément de plus dans les tentatives plus larges de saboter le droit à un procès équitable garanti à tous les Protecteurs de l’Eau, et de viser injustement des individus Autochtones impliqués dans le mouvement NoDAPL conduit par les Autochtones.
Bruce Ellison, l’avocat de Red Fawn Fallis, dit: « les documents que nous avons déposés au Tribunal le jeudi et les propres déclarations et décisions du Juge Hovland montrent que l’absence de procès équitable accordé par cette Cour à Red Fawn Fallis est en accord avec ce qui semble être l’acceptation inconditionnelle de tous les faits allégués par le gouvernement, la firme Dakota Access et les médias locaux. Le rôle du juge est d’être juste et impartial, et de décider en toute indépendance, en dépit des descriptions, par les médias et le gouvernement, des évènements concernant la conduite de Red Fawn et d’autres Protecteurs de l’Eau le jour de son arrestation. Les déclarations faites officiellement et les décisions du Juge Hovland créent, pour le moins, une apparence de partialité. »
Le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau (WPLC) fournit une représentation et une coordination légales sur place aux Protecteurs de l’Eau engagés dans la résistance à l’oléoduc Dakota Access, à Standing Rock, dans le Dakota du Nord en partenariat avec la Guilde Nationale des Avocats. Pour soutenir le travail du WPLC, visitez les sites: https://fundrazr.com/RedOwlLegal ou www.WaterProtectorLegal.org
Contacts:
Bruce Ellison, Avocat de Red Fawn Fallis et Membre du Conseil Administratif du WPLC, belli4law@aol.com
Sandra Freeman, Directrice, Bureau de Défense du WPLC, sandra.c.freeman@gmail.com
Jessica Beheler, Coordinatrice des Médias du WPLC, pr@wplegal.org
A propos de la bombe larguée sur ordre de Trump en Afghanistan, la bombe non-nucléaire la plus puissante de l’histoire, baptisée MOAB, Mother Of All Bombs (Mère De Toutes les Bombes).
Par Indigenous Action Media
Publié le 13 avril 2017
Traduction Christine Prat
Toutes justifications et légitimité des cibles mises à part (et allez-vous faire foutre si vous pensez qu’il n’y a pas eu de victimes civiles), nous ne devons pas considérer le largage de la plus puissante bombe non-nucléaire de l’histoire, sans le mettre en relation avec la capacité et le potentiel de violence qui constituent l’existence même des soi-disant Etats-Unis.
Cette « Mère De Toutes les Bombes » – larguée par le seul pays au monde qui ait utilisé des armes nucléaires au combat, toutes les deux au Japon, sur des villes très peuplées, comme point final brutal, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale – n’est pas seulement une démonstration de force, elle représente un narratif apocalyptique menaçant toute vie, et pas seulement celle des tristes rejetons de l’Etat Islamique ou de l’Impérialisme des Etats-Unis.
En décembre 2016, Trump a twitté que « les Etats-Unis devaient grandement renforcer et étendre leur capacité nucléaire, jusqu’à ce que le monde ait repris ses esprits en ce qui concerne le nucléaire. » La détonation de la “Mère De Toutes les Bombes” démontre clairement que le Fasciste en Chef n’a aucune inhibition le retenant d’utiliser une arme encore plus puissante.
Souvenez-vous que le potentiel pour une violence d’Etat globale existe quel que soit le parti au pouvoir : par exemple, il y a eu dix fois plus d’attaques aériennes (surtout avec des drones qui ont éradiqué des centaines de vies de civiles) sous la présidence d’Obama que sous celle de George W. Bush.
Pendant la guerre froide, les Etats-Unis ont employé une stratégie militaire et nationale connue sous le nom de Destruction Mutuelle Assurée (MAD – qui veut dire ‘fou’ NdT – Mutually Assured Destruction; dans la France de de Gaulle, ça s’appelait juste ‘dissuasion’ – NdT). Selon Wikipédia, « MAD est une doctrine de politique de stratégie militaire et de sécurité nationale dans laquelle l’utilisation illimitée d’armes nucléaire par deux ou plusieurs parties opposées causerait l’annihilation complète de l’attaquant comme de l’attaqué… »
C’était, littéralement, une doctrine de « l’annihilation. »
L’imaginaire théologique, pop-culturel et politique d’annihilation totale a occupé l’espace entre les rêves et les cauchemars pendant des générations, mais c’est l’invention des armes nucléaires qui rendu l’apocalypse techniquement possible.
Les entreprises qui produisent ces armes et les industries minières qui les alimentent, et de façon plus large l’incontournable Complexe Militaro-Industriel, ont toutes fait de l’argent de cette fervente croyance.
Les partisans du refus radical de la guerre et du nucléaire ont longtemps résisté et attaqué ces armes de destruction massive, les systèmes politiques qui les engendrent, et les entreprises qui profitent de leur prolifération.
Dans les années 1980, le Mouvement Plowshares [Chrétiens pacifistes et anti-nucléaires, s’intitulant ‘socs de charrues’, référence biblique – NdT] organisait des actions telles que s’introduire par effraction dans des bâtiments militaires, détruire des ogives et des têtes de fusées nucléaires, et verser du sang sur les documents et les dossiers.
De 1986 à 1994, des Shoshone du Nevada et un groupe appelé Nevada Desert Experience, ont entrepris des actions directes sur le Site de Tests du Nevada, le premier site de tests des armes nucléaires des soi-disant Etats-Unis : il y eut près de 16000 arrestations. Plus de 1000 tests de détonation de bombes atomiques ont été perpétrés à Newe Segobia (terres des Shoshone de l’Ouest – lieu introuvable sur Google Maps, NdT), et des dizaines dans les Iles Marshall. La radioactivité produite par ces tests a causé des cancers et autre contamination directe aux communautés locales ou vivant sous le vent des sites. Les Autochtones des Iles Marshall ont refusé de se reproduire, à cause des extrêmes handicaps congénitaux résultant des actions effroyables du colonialisme nucléaire.
En 2006, les Etats-Unis ont menacé de tester la « Frappe Divine », bombe non-nucléaire, une arme capable d’ « exploser les bunkers », de la même catégorie mais beaucoup plus puissante que la MOAB, sur l’ancien site de Newe Segobia occupée. Les Shoshone et les groupes anti-nucléaires sont intervenus et ont finalement réussi à empêcher le test, affirmant que c’était un précurseur à l’utilisation d’armes nucléaires.
Historiquement, des groupes de libération militants comme les Black Panthers pour l’Autodéfense, l’American Indian Movement, Women of All Red Nations, Weather Underground, et d’autres, ont tous reconnu que des formes d’action diverses et plus directes étaient nécessaires face à la violence d’état généralisée.
Aujourd’hui, tandis que des centaines d’espèces disparaissent chaque jour, et que les voies de l’impérialisme américain sont pavées d’héritages d’écocides et de génocides, nous avons apparemment trouvé le moyen de fétichiser l’apocalypse avec des fantasmes et des scenarii de survie de zombies. A bien des égards, il parait être plus facile d’imaginer l’annihilation que de créer des solutions, de s’organiser et d’y faire quelque chose.
Historiquement, les activistes anti-guerre et anti-nucléaire radicaux n’avaient rien à foutre de la « politique de la respectabilité » ni de la destruction de la propriété considérée comme « violence », comparées à cette menace. Ils ont littéralement pris une massue contre la source de la violence d’état, et par là, l’ont, symboliquement et matériellement, neutralisée.
Tout comme il y a des points d’intervention dans tous les aspects de ce qu’on appelle la chaîne nucléaire (extraction d’uranium, transport, retraitement, énergie, armes et déchets), il y a des points d’intervention dans toutes les activités du complexe militaro-industriel; des entreprises qui produisent les composants électroniques pour les armes, jusqu’aux centres de recrutement de l’armée, aux transports de machines militaires par route et rail, et aux bases militaires dans tous ces territoires volés.
Alors que Michael Franti chante « nous pouvons bombarder le monde pour le réduire en éclats, mais nous ne pouvons pas le bombarder pour le réduire à la paix », peut-être que notre adaptation du refrain pourrait être « vous ne pouvez pas bombarder le monde pour le réduire en éclats si nous bousillons vos machines. »
#anticolonialisme #pouvoirauxantiimpérialistes #nonaunucléaire #meredetouteslesbombes #combattezlaguerre
#powertotheanticolonial #powertotheantiimperial #nonukes #moab #fightwarnotwars
Des canons à eau vaporisent dans l’air l’eau du puits de Canyon Mine. Photo Alicyn Gitlin
La Compagnie minière Energy Fuels enfreint le Plan d’Opération pour éliminer l’excès d’eau ; le forage continue, bien que les permis environnementaux aient expirés
POUR PUBLICATION, 20 mars 2017
Sur le site de Haul No!
Contact :
Alicyn Gitlin, Sierra Club Grand Canyon Chapter, alicyn.gitlin@sierraclub.org
Leona Morgan, Haul No!, stopcanyonmine@gmail.com
Traduction Christine Prat
TUSAYAN, Arizona – La mine très controversée Canyon Mine, située à environs dix kilomètre de la Rive Sud du Grand Canyon, se remplit d’un excès d’eau, après un hiver très pluvieux. Pour se débarrasser de l’eau au fond du puits de mine, le propriétaire, Energy Fuels Resources (USA), fait transporter l’eau radioactive à l’usine de retraitement d’uranium de White Mesa, près de Blanding, dans l’Utah et la vaporise dans l’air et sur la toute proche Forêt Nationale de Kaibab, pour essayer de la faire évaporer. Le Plan d’Opérations exige que tout excès d’eau soit maintenu dans des bassins et traité sur place.
En même temps, Energy Fuels a laissé expirer les permis environnementaux visant à protéger l’eau du sous-sol.
Les communautés de la Nation Navajo habitant le long du trajet allant de Canyon Mine à l’usine de White Mesa n’ont pas été prévenues officiellement de la nature des matériaux dangereux devant être transportés. Le trajet couvre environs 500 km, dont approximativement 290 km à travers la Nation Navajo et la communauté Ute de Ute Mountain, au sud de l’usine. La Nation Navajo a une loi qui limite le transport de matériaux radioactifs, y compris le minerai d’uranium, « sur, sous ou à travers le Pays Indien de la Nation Navajo »[1] ; cependant, les Navajo n’ont pas juridiction sur les routes d’état [Arizona et Utah] du trajet. Sur les camions, il est juste indiqué « eau non-potable » et au moins un des camions observé avait un panneau trompeur indiquant comme contenu « produits pétroliers ».
Les peuples Autochtones ne sont pas seulement inquiets à cause du transport, mais aussi pour Red Butte, classée comme Propriété Culturelle Traditionnelle et site sacré, à proximité de la mine, ainsi que pour les risques posés aux précieuses ressources en eau, la possibilité d’accidents, l’absence de plans d’urgence, et les effets sur la santé humaine, les plantes et la vie sauvage.
« En tant que Nation Navajo, nous avons été confrontés à l’uranium depuis la guerre froide et nous sommes toujours confrontés au problème des mines abandonnées par des gens irresponsables… la dernière chose dont nous avons besoin, c’est d’une autre mine opérant des transports à travers nos communautés… Pas de Transport! [No Haul! » dit Milton Tso, Président du Chapitre de Cameron.
Le Service des Forêts des Etats-Unis n’a pas exigé qu’Energy Fuels mette à jour le Plan d’Opérations de 1986 afin de refléter toute nouvelle information ou technologie, quand ils ont recommencé à forer après près de 30 ans de ‘standby’, au cours desquels la mine était non-opérationnelle. Maintenant, avant même que du minerai d’uranium n’ait été sorti de la mine, il semble qu’ils ne se conforment déjà plus à leur Plan.
De plus, Energy Fuels a laissé ses permis pour le stockage sur place de matériau retiré du puits de mine expirer en août 2016.[2] Le Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona n’a reçu aucun document de la compagnie pour le renouvellement des permis.
« C’est inacceptable et ne fait que confirmer nos inquiétudes à propos de cette mine. L’industrie minière a dit que l’extraction est plus propre et plus sûre que par le passé, mais maintenant le puits a été inondé et ils ont dû recourir à de l’improvisation avant d’avoir même commencé à extraire du minerai. Nous ne devons pas faire confiance à cette mine ni à cette compagnie minière, si près d’une des Merveilles du Monde naturelles. Ils mettent en danger les eaux du Grand Canyon » dit Alicyn Gitlin, du Sierra Club.
Energy Fuels a foré le puits jusqu’à environs 450 m et a intercepté du minerai d’uranium de haute teneur, bien que l’extraction n’ait pas encore commencé.[3] L’eau du bassin de la mine, transportée en camion et vaporisée dans l’air, contient trois fois la limite de sécurité d’uranium dissous dans l’eau potable.[4] Mais on ne sait quelle quantité d’eau est partie du site de la mine. Compte tenu de l’hydrologie complexe du Grand Canyon, on ne sait pas si l’eau contaminée s’infiltre du puits de mine non achevé dans les eaux souterraines de la région, qui alimentent des ruissellements et des sources du Grand Canyon.
« C’est encore un bon exemple de racisme environnemental, que d’autoriser le transport de liquides radioactifs dans des camions non-signalés à travers des communautés et sans avertir le public ni les nations autochtones environnantes. Nous avons le droit de savoir, au grand minimum, afin que des mesures adéquates et des plans d’urgence soient mis en place en cas de fuite ou d’accident » dit Leona Morgan, de Haul No!, une initiative conduite par des autochtones inquiets du transport d’uranium.
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Contexte
En 2012, le gouvernement Obama a publié un « retrait minier » interdisant toute nouvelle concession minière ainsi que le développement de concessions n’ayant pas de droits en cours de validité sur plus de 4000 km² de terres publiques autour de Parc National du Grand Canyon. En dépit des protestations du public et des poursuites en justice de tribus Indiennes locales et de groupes écologistes, les agences fédérales ont autorisé trois mines d’uranium à enfreindre le « retrait » et à reprendre leurs opérations.
Une de ces mines, Canyon Mine, a été approuvée en 1986, mais les propriétaires ont cessé l’exploitation en 1992, quand le prix de l’uranium a chuté. En 2010, Red Butte, près de la Canyon Mine, a été classée Propriété Culturelle Traditionnelle. En 2012, la Forêt Nationale de Kaibab a décidé que Canyon Mine pouvait reprendre l’exploitation sans mettre à jour la Déclaration d’Impact Environnemental ni le Plan d’Opérations. La Tribu Havasupai combat la décision du Service des Forêts à la Cour d’Appel du 9ème Circuit pour obliger le Service des Forêts à prendre en considération les nouvelles informations et technologies, et pour exiger la consultation de la tribu selon la Loi de Préservation Historique Nationale.
Dans une lettre datée du 17 mars 2008, concernant la « Notification de la Décision de l’ADEQ [Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona] de Refuser un Permis Général de Protection des Nappes Aquifères de Type 3.04 au Site Canyon Mine de Denison Mines (USA), » l’ADEQ écrivait « … il a été déterminé que votre site n’était pas conforme aux exigences quant au plan, à la construction et à l’installation, pour l’obtention d’un Permis Général de Type 3.04, selon les articles A.A.C. R18-9-D304(A) et A.A.C. R18-9-D304(C). » Dans un article de l’Arizona Daily Sun, le Directeur de l’ADEQ, Steve Owens, dit « C’est à eux de nous prouver qu’il n’y aura pas d’impact sur les eaux souterraines. »[5] Pourtant, en une volte-face complète, en 2009 un Permis Général de Protection des Nappes Aquifères a été accordé pour Canyon Mine.
Lorsqu’ Energy Fuels Resources (USA) a acheté Canyon Mine, elle a fait transférer à son nom le Permis Général de Protection des Nappes Aquifères de Type 3.04 pour le stockage d’eau non pluviale, et deux Permis de Type 2.02, qui permettent le stockage intermédiaire de minerai. Le permis de Type 3.04 expire le 31 août 2019, et les permis de Type 2.02 expiraient le 30 août 2016.[6] L’ADEQ n’a aucun nouveau document à examiner ou enregistré pour renouveler les permis Type 2.02, cependant Canyon Mine continue de construire son puits de mine et d’empiler les déchets sur place.
En 2010 des échantillons d’eau prélevés par les Etudes Géologiques des Etats-Unis [USGS] ont montré que quinze sources et cinq puits contenaient des concentrations d’uranium dissous excédent les standards de l’Agence de Protection de l’Environnement pour l’eau potable. Le rapport de l’USGS concluait que ces sites contaminés « étaient liés aux opérations minières. » En 2013, le Service des Parcs Nationaux dit que « les puits d’eaux souterraines régionales près des mines Canyon, Pinenut et Hermit ainsi que les puisards à la base des mines Pigeon et Hermit avaient révélé des concentrations d’uranium dissous excédant les standards pour l’eau potable (30 microgrammes par litre), les concentration au puisard d’Hermit Mine excédant 36000 microgrammes par litre. »
D’après le Plan d’Opérations pour Canyon Mine de 1984, « tout drainage de surface de la cour devra aller dans le ou les bassins de rétention. De plus, si un excès d’eau est découvert au cours de l’extraction, il sera stocké et traité dans ce secteur avant d’être évacué… Toute eau rencontrée au cours de l’extraction qui ne peut pas être utilisée en lien avec l’extraction, devra être évacuée dans ces bassins de rétention et y être retenue jusqu’à évaporation ou traitée jusqu’à ce qu’elle soit conforme aux standards d’évacuation applicable selon le permis NPDES [Système National d’Elimination de Polluants Evacués][7]. »
La Déclaration Finale d’Impact Environnemental pour Canyon Mine exige que « le(s) bassin(s) de rétention dans la cour de la mine doivent pouvoir recevoir les eaux tombées localement au cours de l’orage du siècle, plus les précipitations annuelles normales, et l’eau qui pourrait être pompée de la mine. Le volume d’eau dans le(s) bassin(s) doit être maintenu à un niveau qui permette une capacité en réserve pour recevoir l’eau résultant d’évènements imprévisibles et ceux normalement attendus. »[8] Le bassin de rétention n’était clairement pas suffisant pour recueillir l’eau pompée de la mine cette année.
[1] http://www.navajonationcouncil.org/Navajo%20Nation%20Codes/Title%2018/CF-18-12.PDF
[2] Numéros et dates des permis: Arizona Department of Environmental Quality Transfer Notice of Recording for a Type 2.02 General Aquifer Protection Permit. LTF # 56663. Dated August 21, 2012; Arizona Department of Environmental Quality Transfer Notice of Recording for a Type 2.02 General Aquifer Protection Permit. LTF # 56664. Dated August 21, 2012.
[3] Energy Fuels, 1016. Encore du minerai d’uranium de haute teneur trouvé à la mine d’Energy Fuels, Canyon Mine, ce qui fait progresser l’expansion de la zone du minerai. Original en Anglais : http://www.energyfuels.com/news-pr/high-grade-uranium-intercepts-energy-fuels-canyon-mine-continue-expand-mineralized-zone/
[4] Mine d’uranium doit faire face à un excès d’eau, article de l’Arizona Daily Sun, en anglais sur : http://azdailysun.com/news/local/uranium-mine-deals-with-excess-water/article_1f35d10b-3802-5083-a5bd-1c3f255363fc.html
[5] Permis miniers refusés, Arizona Daily Sun, 14 mai 2008.
[6] Spécification des permis et dates d’attribution: Arizona Department of Environmental Quality Discharge Authorization Type 3.04 General Aquifer Protection Permit. LTF # 60849. Issued to Energy Fuels Resources (USA) Inc. based on Renewal Form dated 7/16/2014; Arizona Department of Environmental Quality Transfer Notice of Recording for a Type 2.02 General Aquifer Protection Permit. LTF # 56663. Dated August 21, 2012; Arizona Department of Environmental Quality Transfer Notice of Recording for a Type 2.02 General Aquifer Protection Permit. LTF # 56664. Dated August 21, 2012.
[7] Energy Fuels Nuclear, Inc. 1984. Plan d’Opérations, Déclaration d’Intentions, Canyon Mine, 1984, pp 14, 19. En anglais sur : https://www.fs.usda.gov/Internet/FSE_DOCUMENTS/fseprd475369.pdf
[8] USDA [Ministère de l’Agriculture US], 1986, Déclaration Finale d’Impact Environnemental pour Canyon Mine, p. 2.33. En anglais sur : https://www.fs.usda.gov/Internet/FSE_DOCUMENTS/stelprdb5346657.pdf
L’extraction d’uranium pourrait commencer début juin 2017 sur un Site Sacré
Par Haulno.org
Publié par Indigenous Action Media
Le 6 avril 2017
Traduction Christine Prat
GRAND CANYON DU COLORADO, Arizona – Energy Fuels a annoncé récemment avoir terminé le forage du puits de sa mine d’uranium Canyon Mine, qui est située à seulement quelques kilomètres du Grand Canyon. La compagnie est actuellement en train d’élaborer un plan sur la base des résultats du forage avant de reprendre la construction sur le site. Ils ont aussi licencié temporairement la plupart de leurs ouvriers.
Energy Fuel menace de pouvoir commencer à extraire du minerai d’uranium dès juin 2017.
« Energy Fuels viole Notre Mère la Terre, profane Red Butte qui est sacrée, et maintenant amène de l’eau empoisonnée mêlée d’uranium de leur mine près du Grand Canyon. C’est scandaleux de voir des mineurs inconscients vaporiser leur pollution radioactive sur ces terres sacrées » dit Klee Benally, coordinateur à Clean Up The Mines et bénévole à Haul No! « Qu’en plus ils transportent des millions de litres de ces produits toxiques à travers Diné Bikeyah (la Réserve Navajo) sans notre consentement informé, et alors que nos communautés continuent de souffrir des effets de l’héritage mortel de l’industrie nucléaire, est proprement scandaleux. Si Canyon Mine est autorisée à continuer de profaner Notre Mère la Terre, nous serons sous la menace de centaines de camions transportant des millions de kilos de minerai radioactif sur nos routes et au-dessus de nos cours d’eau. Nous ne laisserons pas cela se faire, Haul No! [Transport Non!] »
Le dimanche 12 mars 2017, des représentants de Haul No!, de Diné No Nukes, de Clean Up The Mines, de The Golden Rule, de Vétérans pour la Paix, du Sierra Club et du Centre pour la Diversité Biologique, ont entrepris une visite du site pour surveiller les opérations de Canyon Mine. Les groupes ont été témoins de ce que des travailleurs d’Energy Fuels vaporisaient de l’eau à plus de 12 mètres de haut dans l’air, et ont vu de nombreux camions d’eau sans indication spéciale, arriver sur le site. Ils ont aussi été témoins de ce que l’eau était vaporisée dans la forêt environnante et une propriété culturelle traditionnelle.
Vidéo filmée par Haul No! et sous-titrée en français
On s’était aperçu que de l’eau s’était accumulée au fond du puits de la mine. A cause de ce problème, Energy Fuels a commencé à transporter l’eau contaminée par camions, jusqu’à l’usine de retraitement d’uranium White Mesa Mill, près de Blanding, en Utah, et a en vaporiser dans l’air et dans la Forêt Nationale de Kaibab juste à côté, pour essayer de la faire évaporer. Le Plan d’Opérations approuvé par la Forêt Nationale de Kaibab exige que toute eau en excès soit retenue dans des bassins et traitée sur place. (Communiqué de presse de Haul No!)
Plusieurs des participants à l’opération de surveillance avaient amené une banderole sur laquelle on pouvait lire « Ne Nucléarisez Pas le Grand Canyon, Arrêtez Canyon Mine » et ont affronté les ouvriers. Des mineurs ont déclaré que « rien de toxique » ne sortait de la mine. D’après le quotidien Arizona Republic, des échantillons prélevés dans le bassin de la mine présentaient 130 parts d’uranium dissous par milliard. Les règles de l’Agence de Protection de l’Environnement indiquent qu’au-dessus de 30 parts par milliard, l’eau est dangereuse à boire.
Bien que les groupes aient fourni de la documentation sur vidéo et des photos, le Service pour la Qualité de l’Environnement d’Arizona et le Service de la Forêt Nationale de Kaibab ont nié qu’il y ait eu des infractions.
Les Communautés de la Nation Navajo vivant le long du trajet de transport de Canyon Mine à l’usine White Mesa, n’ont pas été prévenues officiellement de ce que des matériaux dangereux étaient transportés.
« C’est encore un exemple flagrant de racisme environnemental, d’autoriser le transport non surveillé de liquides radioactifs dans des camions non-signalés parmi des communautés, et de ne pas informer le public ni aucune des Nations Autochtones des environs. Nous avons le droit de savoir, au grand minimum, afin de s’y préparer adéquatement et de mettre en place des actions urgentes en cas de fuite ou d’accident » dit Leona Morgan, qui travaille pour Diné No Nukes et est bénévole pour Haul No!
La membre du Conseil Havasupai Carletta Tilousi avait déclaré auparavant « La Canyon Mine ne menace pas seulement le peuple et le territoire Havasupai, mais potentiellement tous les utilisateurs de l’eau du Fleuve Colorado en aval, y compris Las Vegas et Los Angeles. Les membres de la Tribu Havasupai, gardiens du Grand Canyon, sont attaqués et demandent votre soutien et vos prières pour protéger le Grand Canyon de l’extraction d’uranium devant être utilisé dans des réacteurs nucléaires au bénéfice des Etats-Unis et au profit de l’industrie nucléaire mourante. »
Red Butte est un site sacré et classé comme propriété culturelle traditionnelle, Canyon Mine est située à l’intérieur du périmètre du site sacré.
La Nation Havasupai et des groupes environnementaux ont encore des poursuites en cours contre le Service des Forêts et Energy Fuels concernant les menaces sur le site sacré et les infractions à la procédure selon la NEPA [Loi sur la Politique Environnementale Nationale]. Une décision devrait être prise incessamment. Si Energy Fuels est autorisé à poursuivre ses activités, jusqu’à 25 camions par jour pourraient transporter 30 tonnes de minerai hautement radioactif sur les petites routes et les autoroutes d’Arizona. Le minerai traverserait des villes comme Valle, Williams et Flagstaff; et dans la réserve Navajo, des communautés comme Cameron, Tuba City et Kayenta; et près de la réserve Hopi; et arriverait finalement à l’usine White Mesa d’Energy Fuels, à seulement 5 km de la communauté tribale Ute de Ute Mountain, de White Mesa, en Utah.
La Nation Navajo a une loi qui limite le transport de matériaux radioactifs, entre autre le minerai d’uranium, « au-dessus, en-dessous ou à travers le Pays Indien Navajo » ; cependant les Navajo n’ont pas la juridiction sur les routes d’état du trajet de transport.
La Nation Navajo a déjà été dévastée par 523 mines d’uranium abandonnées, et 22 puits d’eau potable ont été fermés par l’Agence de Protection de l’Environnement à cause de hauts degrés de pollution radioactive.
Le 25 mars, au cours de la réunion du Conseil de l’Ouest de la Nation Navajo, le Président du Chapitre de Cameron, Milton Tso, a soutenu avec succès une résolution demandant aux 18 Chapitres de la Nation Navajo d’interdire le transport de minerai d’uranium, d’eau contaminée et tout autre matériau de Canyon Mine.
Sarana Riggs, une bénévole de Haul No! était présente à la réunion. « Le siège du Chapitre était tellement plein que les gens devaient attendre dehors ou rester debout où ils pouvaient » dit S. Riggs. « Tous ces gens de la représentation de l’Ouest étaient là pour entendre les nombreuses inquiétudes de la communauté, entre autres l’information sur Canyon Mine. La plupart de ceux qui étaient là n’étaient pas au courant du trajet du transport ni de l’extraction de minerai et ont parlé de leurs propres soucis avec les mines d’uranium du passé qui continuent à hanter leurs familles dans la Réserve Navajo. Après le vote et la fin de la réunion, beaucoup de gens nous ont demandé de les aider à organiser des réunions publiques éducatives pour leurs propres communautés. »
« Ça m’inquiète que nos dirigeants élus ne soient pas plus impliqués dans l’information des communautés, attendent-ils une nouvelle catastrophe avant de se préoccuper de ce problème? Nous allons faire ce que nous pouvons pour informer les gens et empêcher le transport de minerai, et finalement faire fermer Canyon Mine! Nous avons connu beaucoup trop de cœurs brisés par łeetsó (uranium) et nous devons laisser ce monstre dans le sol! » dit S. Riggs.
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Donald Trump clame vouloir construire un très, très grand mur le long de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. En fait, le projet existe depuis longtemps, et la construction a commencé en 1994. Elle a dû être interrompue faute de moyens – ça se compte en dizaines de milliards. En plus, il y a eu beaucoup d’opposition au Texas, non seulement de la part des Autochtones dont les communautés risquaient d’être coupées en deux, des militants des Droits de l’Homme qui soutiennent les immigrants, des organisations écolo qui s’insurgent contre les dégâts occasionnés par la construction à des sites naturels classés, mais aussi de la part d’autorités qui, sans avoir aucune sympathie pour les immigrants, préféraient une autre solution. Et le Texas est séparé du Mexique par le Rio Grande, qui ne doit pas être si facile à traverser.
Le Mur existe déjà en Californie et en Arizona, quelques morceaux ont été construits au Nouveau-Mexique et au Texas. En Californie, les premières sections construites sont identiques au Mur construit par les Israéliens en Palestine, vu qu’elles ont été confiées aux mêmes entreprises. En Arizona, la quasi-totalité de la frontière est bouclée, par une énorme barrière aux endroits les plus faciles à traverser, par des barres métalliques et des fils barbelés qui ne bloquent que les véhicules, là où il est très difficile de survivre à la traversée.
L’excellent reportage réalisé fin février 2017 par une équipe du site d’informations alternatif « Unicorn Riot », que vous pouvez voir ci-dessous sous-titré en français, donne beaucoup d’informations sur l’hostilité aux immigrants et l’explosion du racisme qui ne se cache plus, le travail très dur et très courageux de l’association « No More Deaths » [« Plus de Morts »], qui aide les immigrants perdus dans le désert de Sonora depuis plus de 10 ans, le rôle des entreprises privées qui profitent honteusement de la situation, les exactions de la Patrouille des Frontières et des milices privées fascistes, etc.
Mais le Mur divise aussi des communautés Autochtones, en particulier, en Arizona, la communauté Tohono O’odham (pour plus d’informations, voir l’article et l’interview d’Alex Soto, Tohono O’odham). Les Tohono O’odham se plaignent de subir une surveillance permanente de la part de la Patrouille des Frontières, qui a installé beaucoup de caméras de surveillance, qui sont loin d’être toutes dirigées vers le Mexique, beaucoup étant dirigées vers la Réserve Tohono O’odham, et des agents de la Patrouille des Frontières qui roulent à tombeau ouvert dans la Réserve sur des pistes difficilement praticables, et tuent régulièrement des piétons.
De plus, quand on parle de mur pour lutter contre « l’immigration illégale », il faut savoir que les états ayant une frontière commune avec le Mexique, ont été conquis par les Etats-Unis en 1846 et que la frontière actuelle a été dessinée à la règle et à la plume lors du Traité Guadalupe Hidalgo de 1848. Les Autochtones vivaient là depuis des temps immémoriaux, les autres Mexicains depuis plusieurs siècles. Ceux qui se trouvaient du côté US de la frontière de 1848 sont devenus citoyens US malgré eux, et ont été arbitrairement séparés de leurs familles et communautés qui sont du côté mexicain. Il n’est donc pas vraiment légitime de parler d’ « immigration illégale » lorsqu’il s’agit de gens arbitrairement séparés en 1848. D’ailleurs, dans ces états, les panneaux dans les rues, les messages dans les avions, etc., sont toujours bilingues, anglais et espagnol, vu qu’il y a toujours beaucoup d’hispanophones parmi les ‘citoyens américains’. Pendant longtemps, les habitants de villages coupés en deux pouvaient passer assez facilement dans l’autre partie, mais quand i a été décidé de « lutter contre l’immigration » un visa coûtant 100 dollars a été imposé, ce qui est inabordable pour les villageois. Là-bas comme partout, peut-être plus encore que partout, il ne s’agit pas de « lutte contre l’immigration », mais de colonialisme.
Vous trouverez ci-dessous le reportage de Unicorn Riot sous-titré en français, un article de Censored News publié à l’occasion de la sortie du reportage et un vidéo clip réalisé par Klee Benally pour la sortie du nouvel album du duo hip-hop engagé Shining Soul (l’un des membres est Alex Soto, Tohono O’odham), tourné sur la frontière.
Christine Prat
CRUAUTE ET HAINE : DYNAMIQUE DU MUR FONTIERE A L’ERE DE LA SUPREMATIE BLANCHE DE TRUMP
Par Brenda Norrell
Censored News
Mars 2017
Traduction Christine Prat
Unicorn Riot a produit une nouvelle vidéo de la frontière U.S. / Mexique, qui dénonce la haine et les profits à la base du mur projeté par Trump. La cruauté et la haine du gouvernement des Etats-Unis à la frontière sont maintenant amplifiées en cette ère de suprématie Blanche de Trump.
Les images disent la véritable histoire de la façon dont les Agents U.S. de la Frontière détruisent l’eau qui pourrait sauver la vie des migrants, et montrent la police de Tucson vaporisant du poivre dans les yeux des manifestants soutenant les droits des migrants.
C’est la véritable histoire qui dit comment les Etats-Unis fournissent des armes aux cartels du Mexique pour alimenter la guerre de la drogue, et sont impliqués dans le transport de la drogue.
Suivez la piste de l’argent, et la piste des riches Blancs suprématistes en Amérique. Les Etats-Unis remplissent des prisons privés de migrants pour les dollars, et y mettent des enfants de migrants en violation de la loi internationale. Regardez la vidéo d’Unicorn Riot [ci-dessus].
A Censored News, beaucoup de nos articles originaux les plus censurés au cours de la dernière décennie, venaient de la frontière. Ça inclut mentionner qu’une session du Congrès avait dénoncé le fait que des centaines d’agents de la Patrouille des Frontières et de l’ICE avaient été arrêtés pour avoir passé de la drogue, et servaient de relais aux cartels pour transporter leur marchandise à travers la frontière.
Egalement censurée, il y eu la brochure concernant les armes d’assaut fournies aux cartels, d’abord à la frontière du Texas sous le gouvernement Bush, fourniture qui continue toujours.
Récemment, l’information la plus censurée concerne le fait que le gouvernement des Etats-Unis a accordé un contrat pour la sécurité à la frontière à Elbit Systems, la compagnie Israélienne responsable de la sécurité de l’Apartheid en Palestine, sous le gouvernement Obama. Les tours de surveillance d’Elbit visent maintenant les communautés traditionnelles O’odham. Le District de Gu-Vo se bat actuellement pour protéger des sites funéraires de la construction de ces tours de surveillance américano-israéliennes.
L’article de Censored News signale également que « trois groupes de plus », devant jouer au festival ‘South to Southwest’ à Austin, ont été refoulés à la frontière. Parmi eux, un bassiste Autochtone, à qui un agent de la frontière a dit que la prochaine fois, il devrait fournir le résultat d’une analyse de sang, ce qui est interdit par la loi fédérale.
Vidéo réalisée par Klee Benally à la frontière pour le nouvel album du duo de hip-hop Shining Soul
Vendredi 10 mars 2017
Les Protecteurs de l’Eau et leurs soutiens ont manifesté à Washington, devant la Maison Blanche. Le combat continue. Les médias dominants – entre autres Radio France – ont enfin commencé à en parler. Les manifestants ont essentiellement exprimé la nécessité vitale de défendre l’eau, et le fait que les travaux du DAPL, l’occupation par le Corps de Ingénieurs de l’Armée, et les camps des Protecteurs étaient situés sur des territoires appartenant aux Lakota suivant les Traités. D’après le Guardian daté du 10 mars, une femme qui aidait à porter une grande pancarte « C’est une Terre Volée », scandait « l’Occupation est un crime, de Standing Rock à la Palestine ».
L’armée et la police ont commencé à attaquer les camps fin février : le 23, ils ont attaqué le camp Oceti Sakowin, où il ne restait que 47 personnes, qui ont toutes été arrêtées. En prévision de l’attaque, les autres avaient pu quitter le camp dans des bus loués pour l’évacuation.
Photo Censored News, voir d’autres photos de l’attaque du 23
Parmi les 47 personnes qui ne voulaient pas quitter le camp et ont été arrêtées, se trouvait Regina Brave, environs 80 ans. Elle a heureusement été libérée depuis. C’est une militante de longue date, elle était à Wounded Knee en 1973.
Voir d’autres photos des attaques par Rob Wilson sur Censored News
Le 1er mars, les ‘forces de l’ordre’ ont attaqué le nouveau camp ‘7ème Génération’, où les Protecteurs qui se trouvaient en zone inondable venaient de déménager, le camp de Rosebud et le camp de Sacred Stone, qui se trouvait pourtant sur la propriété privée de LaDonna Brave Bull Allard – le terrain appartient à sa famille depuis des générations – et elle avait invité les Protecteurs à y camper. Le 1er mars, elle a été bloquée à un barrage de la police et n’a pas été autorisée à rentrer sur son propre terrain.
Le 18 janvier, le Conseil Tribal de la Tribu Sioux de Standing Rock avait promulgué une résolution – 007-17 – donnant l’ordre d’évacuer les camps et faisant appel à toutes les forces de l’ordre pour le faire. Le Conseil Tribal arguait que la rigueur du climat était une menace pour les Protecteurs, cependant beaucoup d’entre eux ont parlé de ‘trahison’ (les habitants du Dakota du Nord savent bien que les hivers y sont très rudes).
Dans un article publié le 9 mars sur Censored News, Brenda Norrell écrivait: « La police fédérale a attaqué les protecteurs de l’eau avec la même violence brutale, la même force excessive incontrôlée, que les forces dirigées par le Sheriff du Comté de Morton, Kyle Kirchmeier.
« Tous les protecteurs de l’eau ont été arrêtés ou expulsés, suivant les ordres du Conseil Tribal. Maintenant, les camps sont rasés au bulldozer et les possessions des protecteurs de l’eau sont détruites. » L’article indique également que le 8 mars, l’école du camp de Sacred Stone a été rasée.
LE RESEAU ENVIRONNEMENTAL AUTOCHTONE REAGIT A L’EVACUATION FORCEE DES CAMPS DE RESISTANCE AU DAPL
CANNON BALL, Dakota du Nord – Le 22 février 2017, à 14h, heure locale, les protecteurs de l’eau du camp Oceti Sakowin ont été expulsés par le Corps des Ingénieurs de l’Armée. En dépit des demandes des dirigeants du camp de plus de temps pour nettoyer le camp, le Corps d’Armée n’a pas cédé et maintenu sa décision de vider le camp. Le Corps d’Armée prétend avoir juridiction sur le terrain où est situé le camp, bien que ce terrain soit compris dans les territoires non-cédés selon le Traité de Fort Laramie.
Les individus ayant volontairement quitté le camp avant 14h, ont eu le choix de prendre un bus pour être transportés jusqu’à un centre d’évacuation, ou de déménager dans d’autres camps situés hors de la zone d’évacuation. Les protecteurs de l’eau restés dans le camp risquent maintenant d’être arrêtés.
Il y a trois autres camps aux alentours où les protecteurs de l’eau peuvent déménager : Sacred Stone, Cheyenne River, et 7ème Génération.
Diverses catégories de forces de l’ordre étaient sur le site, celles du Sheriff du Comté de Morton, la Patrouille des Autoroutes de l’état du Dakota du Nord, la Garde Nationale du Dakota du Nord et les Rangers du Service du Parc National. Les Policiers du Bureau des Affaires Indiennes a établi un point de contrôle et une barricade sur le territoire de la Réserve de la Tribu Sioux de Standing Rock, sur l’autoroute 1806, au sud du pont sur la Rivière Cannonball.
La déclaration suivante est de Tom Goldtooth, Directeur Exécutif du Réseau Environnemental Autochtone:
«Nous sommes consternés par les évacuations forcées d’Autochtones aujourd’hui au Camp de Standing Rock, elles constituent une négation violente et superflue du droit constitutionnel des protecteurs de l’eau de protester pacifiquement et d’exercer leur droit à la liberté d’expression. Ça empêche de nettoyer le camp convenablement et crée une confusion et un chaos qui met le Fleuve Missouri en danger d’être pollué par les travaux de construction et des débris du camping.
«L’expulsion d’aujourd’hui est la perpétuation d’une pratique ayant cours depuis des siècles, par laquelle le Gouvernement des Etats-Unis déplace de force les Autochtones de nos terres et territoires. Nous demandons instamment à ceux qui soutiennent les protecteurs de l’eau de continuer à résister à cette mascarade en organisant des mobilisations de masse, des actions partout, s’exprimant contre les violations des droits selon les Traités de la Tribu Sioux de Standing Rock et du Conseil des Sept Feux de la Grande Nation Sioux, et de continuer à alimenter la capacité à aller en justice et à organiser la base contre l’oléoduc Dakota Access.
« Nos cœurs ne sont pas vaincus. La fermeture du camp n’est pas la fin d’un mouvement ou d’un combat, c’est un nouveau début. Ils ne peuvent pas éteindre le feu que Standing Rock a allumé. Il brûle en chacun de nous. Nous nous relèverons, nous résisterons, nous réussirons. Nous envoyons nos pensées pleines d’amour aux protecteurs de l’eau le long de la Rivière Cannonball aujourd’hui. Que tous soient aussi saufs que possible. »
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Indigenous Rising Media (sur Facebook)
En préparation pour aujourd’hui [22 février] les Protecteurs de l’Eau et les Peuples Autochtones à Oceti Sakowin/Le Grand Camp, ont mis le feu à leurs logements traditionnels.
Ce matin, Indigenous Rising a parlé avec Darren Begay, qui a géré les structures de style Navajo à Oceti. Il nous a dit que, comme Cette évacuation forcée s’approchait, il avait consulté les Anciens de ses terres ancestrales, et qu’ils étaient tous tombés d’accord, se référant à la conduite des forces de l’ordre dans le passé, qui, pendant les raids, cassaient et jetaient au rebus des objets sacrés et manifestaient un mépris total et un horrible manque de respect pour les tipis et autres habitats sacrés, pour dire qu’il valait mieux brûler ces structures sacrées plutôt que de les voire profanées par le Comté de Morton et les forces de l’ordre du Dakota du Nord.
Mettre le feu à nos habitations est un signe de respect pour elles. C’est un signe de respect pour ce à quoi elles ont servi pendant ces derniers mois. Elles ont servi à prier et à rassembler des gens. En y mettant le feu, nous envoyons leur fumée comme des prières. En y mettant le feu, nous nous assurons que ces structures partent dans la dignité.
Le 20 février, l’IEN [Réseau Environnemental Autochtone] avait publié le communiqué suivant:
RENOUVELLEMENT DE NOTRE SERMENT D’
ACCROITRE LA RESISTANCE (#GrowTheResistance)
Nous sommes à un moment critique de la résistance. Dans les quelques heures qui ont suivi la détention d’immigrants et de réfugiés dans des aéroports de tout le pays, des milliers de gens se sont précipités pour demander l’entrée et l’accueil d’immigrants de toutes nations. Dès que les raids de l’ICE [Immigration and Customs Enforcement] ont commencé, des jeunes se sont alignés devant les centres de détention, risquant l’arrestation pour avoir appelé à en finir avec la violente machine à déporter qui touche tant de nos familles, amis et voisins
Quand le Corps des Ingénieurs de l’Armée a approuvé l’autorisation de passage pour creuser sous le Fleuve Missouri, en violation des lois des traités Autochtones, les dirigeants Autochtones et leurs alliés ont immédiatement organisé des actions directes non-violentes aux bureaux des Corps des Ingénieurs de l’Armée, dans des bureaux fédéraux et dans des banques à Bellingham, Chicago, la Région de la Baie [de San Francisco – NdT], et à Seattle. C’est dans ces moments critiques que nous sommes appelés à réagir en tant qu’organisations, individuellement et en tant que mouvement plus large.
Tout en affirmant que les attaques contre nos communautés se produisent depuis des générations, le Réseau Environnemental Autochtone, GGJ [Grassroots Global Justice] et d’autres se sont engagés à soutenir et impliquer nos membres dans la résistance en ce nouveau moment politique. Nous continuerons à réagir aux évènements petits et grands tandis que nous renouvelons notre engagement de soutenir une vision de base d’un monde plus juste.
Pour renforcer notre opposition et notre vision, GGJ continue à joindre ses forces à celles du Réseau Environnemental Autochtone, de l’Alliance pour la Justice Climatique, et l’Alliance pour le Droit à la Ville, sous la bannière « Ça Prend Racine ».
Ensemble, quatre puissantes alliances de militants de base et de dirigeants communautaires sur la ligne de front, approfondissent notre force collective pour combattre la montée des attaques du Gouvernement Trump contre les acquis pour lesquels les gens de couleur, les femmes, les immigrants, les communautés LGBTQ et les ouvriers se sont battus.
Pour ceux d’entre vous qui ont manqué le compte-rendu de nos mobilisations pour l’inauguration, nous avons voulu partager une vidéo [en anglais] :
Nous appliquons une stratégie translocale, renforçant et reliant les luttes de résistance locales que nos membres mènent dans les communautés où ils sont implantés. Nous publierons un calendrier des actions d’It Takes Roots vers la fin de ce mois.
Les organisations de ce mouvement ont surmonté bien des tempêtes dans le passé et nous continuerons de même, spécialement si nous partageons nos ressources et nos leçons.