VOTER N’EST PAS CHOISIR LE MOINDRE MAL

Par Klee Benally   English
Traduction Christine Prat

D’abord publié comme brochure en octobre 2020, le texte figure dans le livre « Pas de capitulation spirituelle, Anarchie autochtone en défense du sacré », au chapitre 12

Quand certains proclament que « voter c’est choisir le moindre mal », il n’est jamais clair de quelle manière cette réduction des dommages est calculée. Estime-t-on combien de millions de sans-papiers Autochtones ont été expulsés ? Compte-t-on quel parti politique a mené le plus de frappes par drone ? Ou lequel a eu le plus haut budget militaire ? Prend-on en compte les oléoducs, les mines, les barrages, la profanation de sites sacrés ? Compare-t-on les taux d’incarcération ? Ou les statistiques de violences sexuelles ? S’agit-il des budgets énormes de politiciens qui dépensent des centaines de millions dans leur course aux voix ?

Bien qu’il y ait certaines distinctions politiques entre les deux grands partis des soi-disant États-Unis, ils prêtent serment au même drapeau. Rouge ou bleu, ce sont des traits sur une loque qui flotte sur des terres volées où un pays a été construit par des vies volées.

Nous ne nions pas la réalité que, à l’échelle de la violence coloniale des États-Unis, même le plus mince degré de risques peut signifier la vie ou la mort pour les plus vulnérables. Ce que nous affirmons ici, c’est que la notion de « vote comme moindre mal » dans son entier obscurcit et perpétue les violences des colons, qui ne peuvent, par définition, être « moins mauvaises », et qu’il y a des moyens plus efficaces d’intervenir dans leurs violences.

Un jour, la gauche des soi-disant États-Unis s’est rendu compte que convaincre les gens de se rallier à un « moindre mal » était une stratégie perdante. Le terme « moindre mal » était approprié pour recadrer la justification de leur participation et forcer d’autres à s’engager dans le théâtre appelé « démocratie » aux États-Unis.

Le moindre mal a été mis en place dans les années 1980, comme stratégie de santé publique pour les gens confrontés aux problèmes de drogue qui se débattaient avec l’abstinence. Selon la Coalition pour le Moindre Mal (HRC), les principes de moindre mal affirmaient que la conduite en question faisait « partie de la vie » qu’ils « choisissaient de ne pas l’ignorer ni de la condamner, mais d’en minimiser les effets dangereux » et s’efforçaient de briser la stigmatisation sociale pour aller vers « une consommation plus sûre. » La HRC déclarait aussi qu’« il n’y a pas de définition universelle ou de formule pour réaliser un moindre mal ». Globalement, le moindre mal se concentre sur la réduction des effets néfastes associés à des conduites nuisibles.

La notion de « moindre mal » dans le contexte électoral est quelque chose de complètement différent de ce que ça signifie pour ceux qui s’organisent pour faire face aux problèmes de drogue. Le slogan est que « étant donné que ce système politique ne va pas disparaitre, nous allons soutenir les politiciens et les lois qui pourraient faire le moins de dégâts. »

L’idée qu’une élection soit capable de réduire les risques dans un système enraciné dans la domination et l’exploitation coloniales, la suprématie blanche, l’hétéro-patriarcat et le capitalisme est une extraordinaire exagération. Il n’y a personne dont la vie ne soit affectée tous les jours par ces systèmes d’oppression, mais au lieu du réformisme codifié et des campagnes coercitives vers une forme « plus sécurisée » de colonialisme de peuplement, nous demandons « quel est le mal et le danger réel et tragique associé à la continuation du pouvoir colonial et que peut-on faire pour y mettre un terme ? »

Le vote, tel qu’il est pratiqué sous la « démocratie » Américaine, est le processus par lequel les gens (à l’exclusion des moins de 18 ans, des criminels condamnés, de ceux que l’Etat considère comme « mentalement incompétents, » et les immigrés sans papiers, y compris les résidents permanents), sont forcés de choisir des règles et des décideurs étroitement sélectionnés. Le collectif anarchiste Crimethinc observe : « Voter consolide le pouvoir de toute une société dans les mains de quelques politiciens. » Lorsque le processus se déroule sous une autorité coloniale, la seule option est la mort politique pour les Autochtones. En d’autres termes, voter ne peut jamais être une stratégie de survie sous la loi coloniale. C’est une stratégie de défaite et de victimisation qui prolonge la souffrance et le malheur historiques impliqués par le colonialisme de peuplement. Et alors que le sentiment de moindre mal peut être sincère, même les réformes marginales durement gagnées par le soutien populaire peuvent être facilement renversées par le trait de plume d’un politicien. Si voter est la participation démocratique à notre propre oppression, voter comme moindre mal est une politique qui nous maintient à la merci de nos oppresseurs.

Si beaucoup de gens de gauche – y compris des Autochtones radicaux – s’inquiètent de voir le pouvoir tomber dans des mains fascistes, ils ne se rendent pas compte que le pouvoir colonial est déjà solidement établi. Il n’y a rien d’intersectionnel dans la participation à et le maintien d’un système politique génocidaire. Il n’y a pas de solidarité significative à trouver dans une politique qui nous incite à rencontrer nos oppresseurs là où ils en sont. Voter comme moindre mal impose une fausse solidarité à ceux qui sont les plus vulnérables aux politiques et actions destructrices. En pratique, il s’agit d’une politique d’identité paternaliste, les progressistes s’efforçant d’identifier les candidats les moins dangereux et de se rallier à leurs campagnes. La logique du vote comme moindre mal soutient que quiconque fait face aux plus grands risques gagnera la protection du dénominateur le moins dangereux dans un système violemment autoritaire. Cette naïveté de colon met en danger plus de gens, de non-humains et de terres que le contraire. Généralement, ces mêmes activistes de gauche qui proclament que voter c’est le moindre mal, sont les mêmes qui dénoncent et essaient d’empêcher les actions directes et de sabotage qui « ne font que nuire à notre mouvement. » « Voter comme moindre mal » est le langage pacificateur de ceux qui font la police des mouvements.

Voter comme moindre mal est la couverture fournie par le gouvernement du parti démocrate dans laquelle nous allons dormir ou mourir.

S’organiser à partir de l’idée que voter est un acte de limitation des dégâts brouille les lignes de ce que le colonialisme de peuplement et de ressources impose.

Sous occupation coloniale, tout le pouvoir agit par la violence. Il n’y a absolument rien de « moins nuisible » à participer et perpétuer le pouvoir politique des forces d’occupation. Voter ne défera pas le colonialisme de peuplement, la suprématie blanche, l’hétéro-patriarcat ni le capitalisme. Voter n’est pas une stratégie de décolonisation. Tout le processus qui a conduit au « Vote Autochtone » a été l’imposition aux Peuples Autochtones de l’identité politique des États-Unis, nourrie de suprématie blanche et facilitée par le capitalisme.

LE VOTE AUTOCHTONE : UNE STRATÉGIE DE DOMINATION COLONIALE

Avant l’invasion des colons, les Peuples Autochtones avaient des organisations culturelles diverses et complexes largement incompréhensibles pour les envahisseurs européens. Dès leur conception, les États-Unis ont reconnu que les Peuples Autochtones étaient composés de Nations souveraines distinctes. La projection du statut de Nation a été commise selon les termes des colonisateurs qui avaient besoin d’entités politiques avec lesquelles signer des traités (essentiellement pour les buts de guerre et d’économie). Par conséquent, les organisations sociales des Peuples Autochtones ont fait face à une manipulation politique extrême, dans laquelle les rôles matriarcaux et des gens à deux-esprits étaient soit complètement ignorés ou purement et simplement attaqués. L’impératif du projet colonial des États-Unis a toujours été de miner et détruire la souveraineté Autochtone, c’est l’insidieuse non-nature du colonialisme.

En 1493, la Bulle Papale « Inter Caetera » a été publiée par le Pape Alexandre VI. Le document établissait la « Doctrine de la Découverte » et a joué un rôle central dans la stratégie de Christianisation de l’Espagne, pour s’assurer le « droit exclusif » sur les Peuples Autochtones réduits en esclavage et les terres envahies par Colomb l’année précédente. Ce décret rendait aussi parfaitement claire la menace du Pape d’assimiler de force les Peuples Autochtones au Catholicisme afin de renforcer l’ « Empire Chrétien ». Cette doctrine conduit au schéma général de guerres génocidaires et écocides menées par les colons européens contre les vies, les terres, l’esprit Autochtones et tout le monde vivant de nos parents non-humains. En 1823, la « Doctrine de la Découverte » a été intégrée à la loi des États-Unis afin de nier les droits territoriaux des Peuples Autochtones, dans l’affaire de la Cour Suprême, Johnson v. McIntosh. Le Président de la Cour Suprême John Marshall écrivit que les nations Chrétiennes Européennes avait assumé le contrôle total sur les terres de l’ « Amérique » durant l’ « Époque de la Découverte ». Et en déclarant leur « indépendance » de la Couronne Britannique en 1776, notait-il, les États-Unis avaient dans les faits et donc la loi, hérité l’autorité sur ces terres de la Grande-Bretagne, « en dépit de l’occupation par les Autochtones, qui étaient des païens… » Selon cette décision, les Peuples Autochtones n’avaient aucun droit comme nations indépendantes, mais seulement comme locataires ou résidents des États-Unis sur leurs propres terres.

La généalogie du vote Autochtone est liée aux pensionnats, à l’endoctrinement chrétien, aux programmes de lotissements et aux guerres globales qui ont établi l’impérialisme des États-Unis. Les politiques d’assimilation des États-Unis n’étaient pas faites comme une forme bienveillante de moindre mal, elles étaient une extension d’une stratégie militaire qui n’a pas pu réaliser complètement ses programmes de génocide. La citoyenneté a été imposée de force aux Peuples Autochtones comme partie intégrante de la stratégie coloniale de « Tuer l’Indien pour sauver l’homme. »

Il fut un temps où les Peuples Autochtones ne voulaient rien avoir à voir avec la citoyenneté américaine et le vote.

Katherine Osborn, une ethno historienne de l’Université d’Etat d’Arizona, déclare,

Les organisations politiques [Autochtones] ont une relation de gouvernement à gouvernement avec les États-Unis. Donc, leur statut politique est unique, et cela veut dire qu’ils ne sont pas seulement un groupe minoritaire espérant être intégrés dans l’ordre politique US. Pour les communautés Autochtones, protéger leur souveraineté comme nations tribales est leur préoccupation politique primordiale. »

Quand la constitution des États-Unis a été créée au départ, chaque état pouvait déterminer qui pouvait être citoyen à sa discrétion. Certains états accordaient rarement la citoyenneté et par là, conféraient le statut à des Peuples Autochtones sélectionnés, mais seulement s’ils dissolvaient leurs relations tribales et devenaient « civilisés ». Ça signifiait clairement qu’ils renonçaient à leur affiliation tribale, payaient des impôts et s’assimilaient complètement à la société blanche. Alexandra Witkin écrit dans Faire Taire un Tambour : L’Imposition de la Citoyenneté des États-Unis à des Peuples Autochtones, « Les premières politiques de citoyenneté reposaient sur la présomption qu’on ne pouvait faire allégeance qu’à une seule nation ; donc, les peuples avec une allégeance à une nation Autochtone ne pouvaient pas devenir citoyens des États-Unis. » Cependant, la préférence n’allait pas au respect et au maintien de la souveraineté Autochtone, mais la condamnait comme « incivilisée » et la minait par des tactiques extrêmes d’assimilation forcée.

Quand le 14ème Amendement de la Constitution Américaine a été ratifié, en 1868, il accordait la citoyenneté seulement aux hommes nés ou naturalisés aux États-Unis, ce qui incluait les anciens esclaves, mais était interprété comme ne s’appliquant pas aux Peuples Autochtones, à l’exception de ceux qui étaient assimilés et payaient des impôts. Le 15ème Amendement a été adopté en 1870 pour assurer le droit de tous les citoyens des États-Unis de voter sans discrimination de « race, couleur ou condition de servitude passée » mais était toujours interprété pour exclure les Peuples Autochtones qui ne s’assimilaient pas. En un sens, c’était un acte de dépossession de droits politiques, mais plus clairement, c’était une condition imposée aux Peuples Autochtones qui faisaient face à des campagnes militaires de terre brûlée et à la menace de marches mortelles de masse vers des camps de concentration. Le message était clair, « s’assimiler ou périr. »

En 1887, le Congrès US a fait passer la Loi Générale d’Attribution de Lots [de terres], plus connue sous le nom de Loi Dawes, qui avait pour but d’accélérer l’invasion coloniale, de faciliter l’extraction de ressources et de continuer d’assimiler les Peuples Autochtones à l’ordre social colonial. La Loi Dawes a marqué un glissement de la stratégie militaire vers l’économie et la politique, dans lequel les réserves furent séparées en lots individuels, dont seuls les « chefs de famille » mâles recevaient 65 hectares et toutes les terres restantes étaient mises en vente pour les envahisseurs blancs qui se précipitaient pour hériter leur « Destinée Manifeste. » Les Peuples Autochtones qui acceptaient des lots pouvaient obtenir la nationalité américaine, et, bien que ce fût la première loi du Congrès à donner ce statut, cela s’est fait au prix du sacrifice des identités culturelles et politiques des Peuples Autochtones à bien des égards, en particulier en brisant l’intégrité des sociétés Autochtones matriarcales. Avec la Loi Dawes, les terres Autochtones ont été réduites de 53 millions à 21 millions d’hectares. En 1890, la population Autochtone totale a été réduite à environ 250 000 de dizaines de millions au début de l’invasion européenne. Au contraire, la population de colons aux États-Unis a augmenté jusqu’à 62 622 250 la même année.

La destruction légale des Nations Autochtones souveraines a été parachevée par des décisions de la Cour Suprême, par le juge John Marshall, qui écrivait en 1831 que la Nation Cherokee n’était pas une nation étrangère, mais plutôt qu’ « Ils pouvaient, plus correctement, peut-être, être nommés nations domestiques dépendantes… Leur relation aux États-Unis ressemble à celle d’une pupille à son tuteur. »

Les campagnes militaires de génocide des États-Unis, connues collectivement comme les « Guerres Indiennes » sont supposées avoir pris fin en 1924. Cette même année, le Congrès a adopté la Loi de Citoyenneté Indienne (ICA), qui accordait la citoyenneté aux Peuples Autochtones mais autorisait toujours les états à décider s’ils pouvaient voter. Résultat, certains états ont interdit aux Peuples Autochtones de voter jusqu’en 1957. Jusqu’à l’adoption de l’ICA, qui était une action législative approuvée sans consultations, les Peuples Autochtones étaient considérés comme des « Sujets Domestiques » du Gouvernement des États-Unis.

La Confédération Haudenosaunee rejeta complètement l’imposition de la citoyenneté américaine par l’ICA et la déclara acte de trahison.

Joseph Heath, Conseiller Général de la Nation Onondaga, écrit :

La Nation Onondaga et les Haudenosaunee n’ont jamais accepté l’autorité des États-Unis de faire des citoyens des Six Nations des citoyens des États-Unis, comme le proclame la Loi sur la Citoyenneté de 1924. Nous avons trois traités avec les États-Unis : le Traité de Fort Stanwix de 1784, le Traité de Fort Harmor de 1789 et le Traité de Canandaigua de 1794. Ces traités reconnaissent clairement les Haudenosaunee comme des Nations séparées et souveraines. Accepter la citoyenneté des États-Unis serait une trahison de leurs propres Nations, une violation des traités et une violation de la loi internationale…

Ils rejetèrent l’ICA et,

…résistèrent à son application immédiatement après son adoption, parce qu’ils comprenaient historiquement et culturellement que ce n’était que le dernier acte de politique fédérale visant à prendre leurs terres et à forcer leur assimilation.

Heath ajoute que

Depuis plus de quatre siècles les Haudenosaunee ont maintenu leur souveraineté, contre l’assaut du colonialisme et de l’assimilation, et ils ont continué à faire leurs devoir de gardiens du monde naturel. Ils ont résisté à la déportation et aux lotissements ; ils ont préservé leur langue et leur culture ; ils n’ont pas accepté les dictats des églises chrétiennes ; et ils ont rejeté la citoyenneté forcée.

Il est important de noter, paradoxalement, que les architectes colonialistes de la constitution des États-Unis étaient fortement influencés par la Confédération Haudenosaunee.

Zane Jane Gordon, de la Nation Wyandotte, critiquait l’ICA à l’époque où elle a été adoptée,

Aucun gouvernement organisé… ne peut incorporer dans sa citoyenneté quiconque ou quelque formation que ce soit, sans un consentement formel… Les Indiens sont organisés sous la forme de ‘nations’ et ont des traités avec [d’autres] nations en tant que telles. Le Congrès ne peut pas les incorporer à la citoyenneté de l’Union par une simple loi.

Dans Défier les Frontières Américaines: Les Autochtones et le « Cadeau » de la citoyenneté U.S., Kevin Bruyneel écrit que le Chef Tuscarora Clinton Rickard, qui s’opposait énergiquement à l’adoption de l’ICA, « avait également été encouragé par le fait ‘qu‘il n’y avait pas eu de grande ruée parmi mon peuple pour aller voter aux élections de l’homme blanc.’ », Rickard déclarait

Avec nos anciens traités, nous attendions la protection du gouvernement. L’homme blanc avait obtenu la plupart de nos terres et nous pensions qu’il était obligé de donner quelque chose en échange, c’est-à-dire la protection du territoire qui nous restait, mais nous ne voulions pas être absorbés et assimilés dans sa société. La citoyenneté des États-Unis était seulement une autre manière de nous absorber et de détruire nos coutumes et notre gouvernement… Nous craignions que la citoyenneté ne mette aussi en péril notre statut selon les traités et n’amène des impôts sur nos terres. Comment un citoyen peut-il avoir un traité avec son propre gouvernement… C’était une violation de notre souveraineté. Notre citoyenneté était dans nos propres nations.

Les Haudenosaunee exprimaient aussi leur opposition à la politique des États-Unis d’imposition de la citoyenneté, à cause de la séparation de leur Nation par la frontière canadienne. Les Peuples Autochtones dont les territoires sont coupés par les frontières canadienne et mexicaine font toujours face à ces problèmes. L’imposition de la citoyenneté a séparé leur peuple politiquement le long de frontières coloniales.

Peut-être l’une des illustrations les plus claires des stratégies assimilationnistes, en ce qui concerne la citoyenneté et le vote, vient de Henry S. Pancoast, un des fondateurs du groupe chrétien suprématiste blanc l’Association des Droits des Indiens (IRA). Pancoast déclarait « Rien [à par la Citoyenneté des États-Unis] ne tendrait tant à assimiler l’Indien et à briser son étroite allégeance tribale, que de lui faire sentir qu’il a un droit et une voix distincts dans la nation de l’homme blanc. »

Le premier objectif déclaré de l’IRA était de « susciter la civilisation complète des Indiens et leur admission à la citoyenneté. » Les membres de l’IRA se considéraient comme réformistes et ont fait pression avec succès sur le Congrès pour établir le système des pensionnats, faire adopter la Loi Dawes, réformer le Bureau des Affaires Indiennes et faire passer la Loi de Réorganisation Indienne de 1834.

La citoyenneté U.S. a été imposée pour détruire la souveraineté Autochtone et faciliter le vol de terre à grande échelle. Jusqu’à aujourd’hui, le « Vote Autochtone » est lié à des conditions assimilationnistes qui servent des intérêts coloniaux.

ASSIMILATION : AL STRATÉGIE DE l’ÉMANCIPATION

Des actes historiques de répression des électeurs semblent contredire la stratégie de l’assimilation ; après tout, si les politiciens colons blancs désiraient tant que les Peuples Autochtones deviennent des citoyens, pourquoi, alors, les priver de leurs droits en même temps ? C’est la contradiction profonde du colonialisme aux États-Unis qui a été exprimée comme le « Problème Indien », ou, plus brutalement, la question de l’annihilation ou l’assimilation.

Comme il a été dit plus haut, ce n’est pas avant 1957 que les Peuples Autochtones ont pu voter dans tous les états des États-Unis.

Selon Katherine Osborn,

Certains états ont emprunté le langage de l’Article 1, Section 2, de la Constitution des États-Unis, qui exclut ‘les Indiens qui ne paient pas d’impôts’ de la citoyenneté et l’ont utilisé pour leur refuser le droit de vote. Des législateurs dans l’Idaho, le Maine, le Mississippi, le Nouveau-Mexique et l’état de Washington, ont refusé le droit à leurs citoyens Autochtones parce que ceux qui vivaient dans des réserves ne payaient pas d’impôts fonciers. Au Nouveau-Mexique, en Utah et en Arizona, des officiels des états ont avancé que vivre dans une réserve voulait dire que les Indiens n’étaient pas vraiment des résidents de l’état, ce qui faisait obstacle à leur participation politique.

  1. Osborne ajoute

l’Article 7, Section 2, de la constitution de l’Arizona déclarait ‘Aucune personne sous tutelle, non sain d’esprit ou fou, n’aura le droit de voter dans une quelconque élection’. Les législateurs d’Arizona comprenaient cela comme interdisant aux Indiens de voter, parce qu’ils étaient supposés être sous tutelle fédérale dans leurs réserves.

L’ancienne politique de citoyenneté des États-Unis vis-à-vis des Peuples Autochtones était claire : la privation de droits durerait jusqu’à ce que nous soyons assimilés et abandonnions nos statuts tribaux. La privation de droits était et est une stratégie qui met des conditions pour l’assimilation. La privation de participation politique a historiquement été la façon dont le système se régule et se maintient. Les suprématistes blancs qui contrôlaient la politique de régions ayant des populations Autochtones nombreuses craignaient de devenir des sujets minoritaires dans leur propre système démocratique. Ils ont souvent renversé les droits par des moyens violents, mais cela n’a jamais vraiment constitué une menace, en raison de l’ancrage de la suprématie blanche dans l’ensemble du projet colonial des États-Unis.

Ce n’est pas que la société de colons ait capitulé devant les intérêts Autochtones, c’est que les Peuples Autochtones – par la force ou par l’usure – ont été incorporés à la politique des États-Unis.

Peut-être que l’acte le plus clair est dans l’établissement des Conseils Tribaux. Par exemple, en 1923, le Conseil Tribal Navajo a été créé pour légitimer l’extraction de ressources par le gouvernement des États-Unis. Selon un rapport de la Commission Américaine des Droits Civils, le conseil tribal a été « créé en partie pour que les compagnies pétrolières aient quelques représentants légitimes des Navajos, à travers lesquels elles pourraient obtenir des baux sur des terres de la réserve dans lesquelles du pétrole avait été découvert. Le site web de la Compagnie de la Nation Navajo pour le Pétrole et le Gaz écrit « En 1923, un gouvernement tribal Navajo a été établi par le Bureau des Affaires Indiennes essentiellement pour approuver des accords de bail avec les compagnies pétrolières américaines, qui étaient impatientes de pouvoir commencer les opérations pétrolières dans les terres Navajo. »

Afin de parachever et maintenir la domination et l’exploitation coloniales, les colonisateurs ont formé et contrôlé l’identité politique des Peuples Autochtones. Les capitalistes ont encouragé et se sont attaqués à la dissolution de l’autonomie Autochtone. Le coût de la citoyenneté a toujours été notre souveraineté, les conditions de citoyenneté ont toujours été au service de la suprématie blanche.

Que les Peuples Autochtones se soient vu accorder le droit de vote en 1923, cependant que nos pratiques religieuses ont été illégales jusqu’en 1979, est un des nombreux exemples de l’incompatibilité de l’identité politique Autochtone dans les soi-disant États-Unis.

Les mouvements pour le droit de vote aux États-Unis ont combattu pour une participation égalitaire dans le système politique, mais n’ont pas réussi à dénoncer et abolir les systèmes d’oppression qui étayent la société coloniale. Après des décennies d’organisations, les femmes blanches ont célébré, en 1920, le suffrage qui leur avait été accordé en partie comme récompense pour leurs services dans la Première Guerre Mondiale. L’hétéro-patriarcat n’a pas été démantelé et les Noirs ont été volontairement ignorés dans leur campagne.

Lucy Parsons, une anarchiste Afro-Autochtone était parmi ceux qui critiquaient le suffrage à l’époque. Elle écrivait en 1905

Pouvez-vous blâmer une Anarchiste qui déclare que les lois faites par l’homme ne sont pas sacrées ? …Le fait est que c’est l’argent, pas les suffrages, qui règne sur les gens. Et les capitalistes ne prennent plus la peine d’acheter les électeurs, ils achètent simplement les ‘serviteurs’ après qu’ils aient été élus pour ‘servir’. L’idée que le vote du pauvre apporte quoique ce soit est l’illusion suprême. L’urne n’est que le voile de papier qui cache les trucages.

Les Afro-Américains ont souffert pendant des décennies des « Lois Jim Crow », suprématistes blanches, qui imposaient la ségrégation raciale et étaient conçues pour leur retirer leur pouvoir politique. Ces lois racistes sont restées en place, jusqu’aux puissantes mobilisations du mouvement des droits civiques des années 1960. Le gouvernement des États-Unis a appliqué, dans les années 1950 et 1960, une législation qui comprenait la loi sur les droits de vote de 1965, qui fut critiquée par des Nationalistes Noirs révolutionnaires comme Malcom X :

Le bulletin de vote ou la balle ; si vous avez peur d’utiliser une expression comme celle-là, vous devriez quitter le pays ; vous devriez retourner dans les champs de coton ; vous devriez retourner dans la rue. Ils obtiennent tous les votes des Noirs, et une fois qu’ils les ont eus, le Noir n’a rien en retour.

Les mouvements radicaux ont soit été confrontés à la violence et la répression extrême de l’état, ou ont été systématiquement assimilés dans le milieu politique des États-Unis. Le complexe industriel des ONG a opéré comme allié occulte des agissements impérialistes des États-Unis pour réprimer et pacifier (voir La Révolution ne Sera Pas Financée par INCITE !). C’est peut-être la méthode de la machinerie politique des États-Unis pour réduire les dommages ou l’impact des vrais mouvements pour la justice sociale et environnementale. S’ils ne peuvent pas tuer ou emprisonner les organisateurs, ils peuvent toujours les fourrer dans la bureaucratie ou faire de leurs luttes des business. En fin de compte, tout le monde ne peut pas devenir suprémaciste blanc, mais tout le monde peut être capitaliste.

Tant que le système politique et social reste intact, le droit de vote, bien que des suprémacistes notoires y résistent, est toujours le bienvenu, tant que rien ne change fondamentalement dans la structure politique générale. L’égalité politique de façade peut se produire sous une occupation violente, mais la libération ne peut pas venir des urnes de l’occupant. Dans le contexte du colonialisme de peuplement, voter est le « devoir civique » de maintenir notre propre oppression. C’est intrinsèquement lié à une stratégie d’extinction de nos identités culturelles et de notre autonomie.

L’existence continue des Peuples Autochtones est la plus grande menace pour le projet de colonialisme de peuplement des États-Unis, car nous pourrions un jour nous rebeller et affirmer notre position souveraine sur nos terres, réfutant la Doctrine de la Découverte.

Dans ‘Custer Est Mort pour vos Péchés’, Vine Deloria Jr. idéalisait « les Autochtones, non comme sujets passifs recevant les droits civiques et l’incorporation dans l’État-nation, mais comme peuples colonisés exigeant activement la décolonisation. »

ON NE PEUT PAS DÉCOLONISER LES URNES

Comme l’idée de la « démocratie » américaine repose sur la loi de la majorité, sans une poussée démographique extrême, les électeurs Autochtones seront toujours à la merci d’alliés politiques « bien intentionnés ». Former un bloc électoral Autochtone qui s’aligne à un quelconque parti, un politicien ou une loi des colons qui semble faire moins de mal, n’est pas une stratégie pour exercer un pouvoir politique, c’est un syndrome de Stockholm.

Le vote Autochtone tente aussi de produire des politiciens Autochtones. Et quel meilleur moyen d’assimiler la loi que lui donner un visage familier ? La stratégie de voter pour mettre des Peuples Autochtones dans une structure de pouvoir colonial n’est pas un acte de décolonisation, c’est sa réalisation. Nous avons une histoire de gens de nos peuples utilisés contre nous par les forces coloniales, particulièrement les Peuples Autochtones assimilés jouant le rôle de « Scouts » pour aider l’armée de l’ennemi. Dans un seul cas répertorié, des Scouts Ndee (Apaches Cibicue) se sont mutinés contre les États-Unis quand on leur a demandé de combattre leur propre peuple. Trois scouts Ndee ont été exécutés pour cela.

Peu importe ce que vous avez été amenés à croire d’un politicien qui cherche une position, en fin de compte ils doivent jurer de respecter un serment au système même qui a été conçu pour nous détruire, nous et nos modes de vie. Le serment des membres du Congrès dit :

Je jure (ou affirme) solennellement que je soutiendrai et défendrai la Constitution des États-Unis contre tous les ennemis, étrangers ou nationaux ; que je lui porterai une foi et une allégeance véritables, que je prends cette obligation librement, sans réserve mentale ni intention de me soustraire, et que je remplirai bien et fidèlement les devoirs de la fonction que je suis sur le point d’exercer : Que Dieu me vienne en aide.

Même si on suppose que leurs valeurs culturelles et leurs intentions s’alignent sur celles du peuple, il est rare que des politiciens ne soient pas liés à des donateurs. Dès qu’ils sont élus, ils sont aussi confrontés sans relâche à des lobbys d’intérêts spéciaux soutenus par des millions et des millions de dollars, et, même s’ils ont déclaré les meilleures intentions, ils sont inévitablement mis en minorité par leurs pairs.

Aujourd’hui, nous avons des candidats qui ont été élus avec des promesses de mettre fin aux enlèvements et assassinats en masse de femmes, filles et deux-esprits Autochtones, et que proposent-ils ? Ils n’accusent pas les colonisateurs de ressources qui détruisent nos terres, et dont l’industrie même précipite cette crise de trafic humain et de violence de genre extrême. Ils ne proposent pas d’en finir avec le capitalisme et le colonialisme de ressources. Ils proposent des lois et plus de flics, avec plus de pouvoir, pour faire appliquer ces lois à nos communautés. Alors, bien que nous traversions une épidémie de violences policières et de meurtres de nos peuples, les politiciens Autochtones s’opposent à cette crise en en créant une autre pire encore pour notre peuple. C’est la réalisation du génocide assimilationniste culturel de « tuer l’Indien pour sauver l’homme. » Avec le vote, la participation et l’approbation de la violence de ce système, vous tuez l’Indien et devenez « l’homme. »

Les politiques tribales, locales et régionales se situent dans le même model colonial qui profite à la classe dirigeante : les politiciens s’occupent des règles et de réglementer, la police et l’armée les appliquent, les juges emprisonnent. Peu importe qui et à quelle échelle, aucun politicien ne pourra jamais représenter les modes de vie Autochtones dans le cadre d’un système politique établi par le colonialisme.

Une forme de colonialisme moins nuisible, c’est de la fantaisie. Le processus de déconstruction coloniale ne se produira pas par le vote. On ne peut pas décoloniser les urnes.

REJETER L’AUTORITÉ COLONIALE, C’EST À DIRE NE PAS VOTER

Voter aux élections du colonisateur maintient les Peuples Autochtones dans l’impuissance.

Notre pouvoir, généralement parlant, ne provient pas d’une règle de majorité non-consensuelle imposant de haut en bas des lois faites par des hommes, mais découle de la relation, et en proportion, avec tous les êtres vivants. C’est un pouvoir corporel et spirituel qui a été en vigueur depuis des temps immémoriaux et c’est ce qui a permis aux Peuples Autochtones de rester en vie durant plus de 500 ans de violence coloniale extrême.

Le regretté Ben Carnes, puissant avocat des Choctaw, est cité dans un article de Mark Maxey sur le vote Autochtone, disant

Ma position est que je ne suis pas citoyen d’un gouvernement qui perpétue ce mensonge que nous sommes. L’esclavage était légal, tout comme Jim Crow, mais le fait que c’est la loi ne la rend pas bonne. Nous ne l’avons pas demandé, la loi sur la citoyenneté nous a été imposée comme un pas de plus dans le conditionnement social et mental des Autochtones pour confisquer leur identité. C’était aussi une méthode législative de circonvenir la clause « pas d’impôts pour les Indiens » de la Constitution, justifiant ainsi l’imposition de taxes. Le système électoral des États-Unis est une méthode très malsaine par laquelle les candidats peuvent être achetés par les meilleures offres (contributions) des grandes entreprises. La mentalité qui consiste à voter pour le moindre de deux maux est un faux standard pour justifier l’existence d’un système à seulement deux partis. Il n’y a pas de contrôles ni de contrepoids pour assurer que les fonctionnaires se conforment à la volonté du peuple. La chose doit être complètement supprimée, tout comme le gouvernement lui-même.

Voter ne réduira jamais les « dégâts » tant que l’occupation coloniale et l’impérialisme des États-Unis règneront. Pour guérir, nous devons empêcher le mal de se produire, pas l’atténuer. Ça ne signifie pas simplement s’abstenir ou ignorer les problèmes jusqu’à ce qu’ils passent, ça signifie développer et mettre en œuvre des stratégies et des manœuvres qui permettent l’autonomie des Peuples Autochtones.

Comme nous ne pouvons pas nous attendre à ce que ceux qui ont été sélectionnés pour diriger ce système prennent des décisions qui profitent à nos terres et nos peuples, nous devons le faire nous-mêmes. L’action directe, ou expression non-médiatisée du désir individuel ou collectif, a toujours été le moyen le plus efficace pour changer les conditions de nos communautés.

Que pouvons-nous obtenir du vote que nous ne puissions pas obtenir directement pour nous-mêmes et nos peuples ? De quelles manières pouvons-nous nous organiser et prendre des décisions en harmonie avec nos divers modes de vie ? De quelles manières les immenses ressources matérielles et l’énergie mises en jeu pour persuader les gens de voter peuvent-elles être redirigées vers les services et le soutien dont nous avons réellement besoin ? De quelles manières pouvons-nous diriger notre énergie, individuellement et collectivement, dans des actions qui auraient un effet immédiat sur nos vies et la vie de ceux qui nous entourent ?

Il ne s’agit pas seulement d’une position morale, mais d’une position pratique et ainsi, nous assumons nos contradictions. Nous ne nous rallions pas à une prescription parfaite pour la « décolonisation », ni pour une multitude de Nationalismes Autochtones, mais pour une grande déconstruction du projet colonial de peuplement qui englobe les États-Unis d’Amérique, afin de pouvoir restaurer des relations saines et justes avec Notre Mère la Terre et tous ses êtres. Nous tendons vers des luttes anticoloniales autonomes qui interviennent et attaquent l’infrastructure essentielle sur laquelle reposent les États-Unis et ses institutions. Notablement, ce sont ces régions de nos pays les plus menacées par le colonialisme de ressources. C’est là que le système est le plus susceptible de rupture, c’est la fragilité du pouvoir colonial. Nos ennemis ne sont qu’aussi puissants que l’infrastructure qui les soutient. Le résultat brut de l’assimilation forcée est que nous connaissons nos ennemis mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes.

Quelles stratégies et actions pouvons-nous concevoir pour rendre impossible pour ce système de gouverner dans un pays volé ?

Nous ne défendons pas de solution étatique, une politique européenne lavée plus rouge, ni quelle qu’autre fantaisie coloniale d’« utopie ». Dans notre rejet de l’abstraction du colonialisme de peuplement, nous ne projetons pas de saisir le pouvoir d’état colonial mais de l’abolir.

Nous ne cherchons rien d’autre que la libération totale.

photo autorisée par Carletta Tilousi, Havasupai

À la fin de la marche de prière, à Red Butte, Carletta Tilousi, Havasupai, déclara « Des moines Japonais ont prié pour la paix et les sites sacrés. Les marcheurs venaient de diverses origines, des Oglala de Pine Ridge, des membres de l’AIM de Californie, des Navajos, des Aztèques Chichimèques, des Hawaïens, des Havasupai, des Pomo de Californie et des Akwesasne de New York. » Elle a ajouté que la marche avait pu se faire grâce à un travail d’équipe, a remercié pour le soutien, et dit que cet article était pour ceux qui n’avaient pas pu se joindre à la marche.

EN MÉMOIRE DE KLEE BENALLY – QUI A COMBATTU LES MINES D’URANIUM PENDANT DES DÉCENNIES


8 OCTOBRE 2024, DES MARCHEURS PACIFISTES SONT ARRIVÉS À RED BUTTE POUR UN MONDE SANS NUCLÉAIRE

Par Brenda Norrell
Censored News
3 octobre 2024
Traduction Christine Prat
2 premières photos, Berta Benally

FLAGSTAFF, Arizona – Jones et Clayson Benally, Diné, se sont joints aux marcheurs qui avaient commencé leur voyage de Flagstaff à Red Butte, site sacré Havasupai, le mercredi 2 octobre, en une Marche de Prière pour un Monde Sans Nucléaire.

Jun San Yasuda et d’autres moines bouddhistes ont marché sur plus de 10 km en solidarité avec la lutte pour fermer la mine d’uranium de Pinyon Plain.

« Jun San, marcheur pour la paix, a parcouru des milliers de kilomètres à pied à travers l’Île de la Tortue, au cours des 46 années passées. Tout le monde est invité à cette marche de méditation pour un monde sans nucléaire » dirent les marcheurs.

En août dernier, à Santa Fe, Carletta Tilousi, Havasupai, avait demandé du soutien pour leur eau sacrée et pour Red Butte, contre la mine d’uranium de Pinyon Plain. Racontant comment elle avait grandi dans son pays, au fond du Grand Canyon du Colorado, elle dit qu’elle avait combattu depuis l’âge de 14 ans.

« Havasu Creek est une des plus vieilles nappes aquifères du Sud-ouest » dit-elle, ajoutant qu’elle coulait dans son village et créait des chutes d’eau ».

« C’est l’eau que nous essayons de protéger » dit-elle en soulignant qu’il s’agit d’une petite tribu de 597 membres.

« Nous ne savons pas quand la pollution nous atteindra, ce n’est qu’une question de temps. »

Bien que 600 baux pour l’extraction d’uranium aient été annulés, la mine d’uranium de Pinyon Plain garde son bail et extrait du minerai d’uranium.

« Cette mine est juste à côté de notre montagne sacrée, Red Butte, où commencent nos Histoires de la Création. C’est en train d’être profané » dit-elle, soulignant qu’on ne sait pas ce que l’extraction d’uranium envoie dans l’air, ni comment les plantes médicinales, le cèdre et la sauge, sont affectées.

« Notre voix s’exprime dans notre art, notre voix s’exprime dans nos chants. »

C. Tilousi appela à l’unité, à ce que tous les gens soient ensemble pour protéger les eaux.

Un corridor mortel

Une nouvelle carte du Grand Canyon Trust montre les lieux de risques d’accidents graves sur le trajet des camions radioactifs allant de la mine de Pinyon Plain à l’usine de traitement de White Mesa – mettant en danger les Havasupai, les Paiutes, les Diné, les Hopis et les Utes, au nord de l’Arizona et au sud-est de l’Utah.

La mine de Pinyon Plain et l’usine mortelle de White Mesa sont la propriété d’Energy Fuels, une compagnie canadienne, qui met des vies en danger tout le long de cette route.

L’usine de traitement d’uranium d’Energy Fuels, sur un territoire ancestral Ute, empoisonne la terre, l’eau et l’air, et importe maintenant des déchets radioactifs d’autres pays. Les déchets radioactifs qui étaient trop dangereux pour être laissés sur le Site de Tests Nucléaires du Nevada, ont été largués là-bas, empoisonnant les Utes.

Amber Reimondo, Directrice de l’Énergie pour le Grand Canyon Trust, dit « Une analyse récente des accidents mortels sur le trajet que parcourent les camions d’uranium entre la Mine du Canyon (rebaptisée Mine Pinyon Plain), près du Grand Canyon, et l’usine de traitement de l’uranium à White Mesa, montre un risque majeur sur de longues portions du trajet de près de 500 km, particulièrement dans la Nation Navajo. »

« Les portions les plus dangereuses sont entre 240% et 700% plus dangereuses qu’une portion de route moyenne aux États-Unis, en termes d’accidents mortels par mile (1,6 km) parcouru. »

« Cela signifie que tous les véhicules parcourant ces portions de route, courent un risque élevé d’accidents mortels. Energy Fuels a dit avoir l’intention d’envoyer de six à huit gros camions chargés de minerai d’uranium par jour, de la mine à son usine en Utah. » dit A. Reimondo.

L’extraction d’uranium et de lithium menace et détruit des Sites Sacrés Autochtones

Tandis que les Havasupai combattent la mine d’uranium du Grand Canyon, la Nation Hualapai juste à côté, lutte pour fermer une mine de lithium à leur Source Cérémonielle.

Les Hualapai ont déposé une plainte auprès de la Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland. La juge fédérale Diane Humetewa, Hopi, de Phoenix, a accordé un ordre restrictif temporaire pour empêcher la firme australienne Hawkstone Energy, autrement dit Arizona Lithium, de forer pour du lithium sur le Site Cérémoniel Hualapai. Le PDG de la Compagnie d’Énergie Transitionnelle Navajo a signé un accord pour opérer la destruction pour la compagnie australienne. L’entreprise tribale Navajo se trouve à Farmington, au Nouveau-Mexique.

Dans le nord du Nevada, Lithium Americas, une compagnie canadienne, creuse Peehee Mu’huh, le site d’un massacre de Paiutes, pour extraire du lithium, en violation de toutes les lois fédérales qui protègent les sites historiques et religieux Autochtones et l’environnement. Un juge fédéral a décidé en faveur de la destruction du Site du Massacre de Paiutes. La Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland a déclaré à Associated Press qu’elle soutenait la mine de lithium.

Klee Benally, Diné, était parmi les fondateurs du mouvement Haul No! qui combattait l’ouverture de la mine du Grand Canyon et le trajet mortel. Avant de passer dans le Monde de l’Esprit en décembre dernier, Klee avait partagé l’histoire de sa vie et de son travail dans son livre « Pas de Capitulation Spirituelle : Une Anarchie Autochtone en Défense du Sacré. »

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[Parution] Pas de capitulation spirituelle. Anarchie autochtone en défense du sacré. (Klee Benally)


446 p. // 14 euros (-30% pour les librairies)
Éditions Tumult // été 2024

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Nederland

De Verdieping (bij Kaboem)
Anna Spenglerstraat 83
Amsterdam

“Il y a une raison qui a fait que les colonisateurs devinrent si furieusement effrayés par les chants et la Dance du Fantôme des peuples autochtones. Que leur médicine fut une telle menace. Bien que les champs aient été brûlés et les bisons massacrés, les envahisseurs savaient qu’ils ne pourraient jamais se battre contre la force de la nature. Que les peuples autochtones ne seraient pas complètement vaincus à moins que nos esprits soient coupés du sol sacré. Ainsi, les profanations ont précédé les massacres. Les esprits inébranlables de la terre et de nos ancêtres sont toujours vivants, ainsi que notre spiritualité, et des sites sacrés sont toujours attaqués à ce jour par des nouvelles mines, centrales photovoltaïques, oléoducs, lignes à haute tension, usines. Le génocide culturel et physique, la profanation de la Terre continuent sous le signe fatal d’une transition énergétique entamée par une civilisation au bord du précipice. C’est seulement à Nahasdzáán, Notre Mère la Terre, que nous devons rendre des comptes et pour laquelle nous prenons nos responsabilités. Notre affinité est avec les montagnes, le vent, les fleuves, les arbres et autres êtres, nous ne serons jamais les patriotes d’un quelconque ordre social politique. En tant que force ingouvernable de la Nature, nous défendons, protégeons et prenons l’initiative de frapper.”

Sommaire

TʼAALAʼI – ENRAGER EN BEAUTE
Enrager en beauté
L’illettrisme du colonialisme de peuplement

NAAKI – DEFENDRE LE SACRE
Défendre le sacré
Dook’o’oosłííd et les politiques de génocide culturel
Sous Standing Rock
Une existence profanée
La politique du pain frit

TAA’ – ATTENDEZ-VOUS A LA RESISTANCE
Action directe autochtone
Une solidarité décoloniale
Táala Hoghan
Pas d’allégeance
Voter n’est pas choisir le moindre mal
Déraciner le colonialisme

DÍÍʼ – ANARCHIE AUTOCHTONE
Covid-19, colonialisme de ressources et résistance autochtone
Inconnaissable : contre une théorie anarchiste autochtone
L’autonomie sacrée
Vers le néant colonial : la destruction du colon est une cérémonie

Extrait de l’introduction

Yáát’ééh shik’éi dóó shidine’é, Shi éi Klee Benally yinishyé, Todichiini bashishchiin, Nakai Diné’ dashinalí, shí ma éí bilagaana ado bilagaana dashicheii. Ákót’éego diné nishłį́. Dził Yijiin déé’naashá ndi Kinłani kééhasht’į́. Ce livre est le fruit d’une tension entre l’expérience vécue et les enseignements culturels. L’écrire a été un tourment et une joie fanatique. Ce processus a été un conflit entre les défis et les bénédictions de mon éducation par le biais de la cérémonie, et les antagonismes pernicieux de l’enseignement académique et des politiques gauchistes qui m’ont conduit à ce que j’ai adopté, avec des réserves, comme antipolitique anticoloniale. En écrivant et repensant mon travail précédent et mon évolution (ou désintégration), je me suis rendu compte combien – très probablement grâce à une leçon transmise par certains de mes aînés – j’avais résisté à l’attraction vers un point fixe. Vous me trouverez intentionnellement belliqueux et évasif ici et là. Je ne m’excuse ni pour l’un ni pour l’autre. Ce que j’ai appris de la vie, je l’ai appris par la cérémonie. Ce que j’ai appris de la politique, je l’ai appris de beaucoup de violences politiques et en m’organisant pour intervenir par des moyens aussi bien réactifs que proactifs. J’ai tendance à dériver loin des textes de Terre brûlée du terrain universitaire. Si mes conclusions de cette expérience vous frustrent (ce dont j’avais anticipé que ce serait le cas pour beaucoup), je suggère que vous accumuliez tout ce que vous pourrez recueillir en consultant vos aînés, en participant à des cérémonies, et en examinant d’un œil critique les échecs de l’activisme progressiste, ce qui serait tout aussi utile – si ce n’est plus. Certains s’empresseront de qualifier ce livre d’ « ethnocentrique » mais ce n’est que de la paresse. Vous ne trouverez ici aucune proposition ou hypothèse de supériorité ethnique. Je suis métis, élevé par Tádídíín K’eh Atiin et j’ai beaucoup d’expériences pratiques dans les luttes en première ligne sur des terres sacrées, en nommant ce qui est merdique dans ce monde de mon point de vue amer (je suis né pour le clan Tódích’íí’nii, l’Eau Amère, après tout). Ce livre est devenu un peu plus autobiographique que je ne le voulais au départ, ce qui est étrange car j’ai généralement un léger dédain pour ce genre d’histoires. En écrivant ceci, je n’arrêtais pas de réfléchir à certaines expériences qu’il me semblait judicieux de faire connaitre, qu’elles soient bonnes, mauvaises ou entre les deux. En relisant des textes qui m’avaient inspiré à un moment de ma vie, en parcourant des vieilles brochures, et les nouvelles polémiques en ligne ou pas, et en analysant mon évolution en tant qu’antagoniste et écrivain, il m’est difficile de ne pas remarquer à quel point les contradictions de ces textes ressortent encore plus. J’essaie d’aller à ce qui compte, d’accepter les imperfections – et probablement, je ne prends pas certaines choses aussi au sérieux que vous pourriez en les lisant. Vous trouverez des répétitions et des incohérences dans le texte, surtout dans les passages écrits au cours de différentes périodes de ma vie, et de l’évolution qui s’en est suivie. J’ai amélioré certains passages déjà écrits, laissé d’autres intacts et ajouté quelques notes. Il y a aussi des passages où je passe du je au nous – pour la plupart à cause du contexte, mais je n’ai jamais beaucoup aimé le « je ». « Nous » m’a toujours semblé plus approprié pour inviter, et certains passages ont été écrits collectivement. Je vous invite aussi à lire cet ouvrage de façon non linéaire (dans l’ordre et dans le désordre). Je parle du sacré, mais je suis mesuré dans ce que je partage, ainsi vous ne trouverez pas d’ « exploration du savoir spirituel Diné ». J’ai été élevé avec le sentiment que ce savoir sacré ne devrait pas être livré à des pages, des mots, des enregistrements, et ne devrait pas être traduit. Cela peut sembler contradictoire dans un livre sur la défense du sacré, et c’est le cas. Le désir de « faire partie du sacré » est un désir foireux du New Age anthropologique colonial. Les autopsies fétichistes de la profanation du sacré autochtone remplissent des étagères, des musées, des salles de vente aux enchères, des magasins de souvenirs – et des comptes en banque. Si vous comptez trouver ici une telle validation, je suis heureux de vous décevoir. Si vous avez lu ce livre et trouvé des moyens d’améliorer votre activisme, vous l’avez mal lu. Quand je parle de libération, ce n’est pas pour fomenter un énième projet de justice sociale, c’est une agitation inclusive et fervente contre la domination et l’exploitation de l’existant, car la libération de notre Mère la Terre, c’est la libération de tout ce qui existe. Plus que toute autre chose, ce livre est pour toi, cher voyageur, à contre-courant du temps des colons, qui écoute les murmures des voix ancestrales et qui est déchiré dans l’espace entre le cauchemar et le rêve qui constitue cette existence maltraitée. En désirant quelque chose de plus, ou peut-être par inquiétude, curiosité, ennui ou quelle que soit l’impulsion qui vous a mené à lire ces mots, nous y voilà. Si vous êtes venu chercher des réponses, vous pourriez trouver un peu de taquinerie mêlée d’angoisse. J’ai écrit surtout dans cet espace profane et étroit entre l’invocation et la provocation, cet espace qui désoriente et où le processus de guérison vit aussi. Il s’agit d’une histoire dans et hors du temps, le long d’un chemin sur lequel je suis aussi un voyageur. Asseyez-vous un moment, prenez du thé. Il faut que je m’occupe de tout un fatras – de mots maintenant cristallisés qui ont été un jour autant d’éclats de verre.

 

CAMERON, Nation Navajo: Hommage au guerrier Klee Benally pour ses actions contre l’uranium et le nucléaire, entre autres avec ‘Haul NO!’

Les Navajos, les Havasupai, et des organisations pour l’environnement comme le Grand Canyon Trust, luttent depuis des décennies contre l’exploitation d’une mine d’uranium située à proximité du Grand Canyon du Colorado. Klee Benally a lutté jusqu’à la fin de sa vie contre cette mine et contre le nucléaire. Le premier article qu’il m’a donné à traduire, lors d’une tournée en Europe, concernait la mine. Il venait de recevoir un mail prévenant de la menace d’ouverture. C’est ainsi que mon blog a commencé. Depuis cette époque, nous nous sommes rendus ensemble sur de nombreux sites de mines d’uranium et rencontré des gens qui souffraient des effets de la radioactivité. (Récemment, la mine appelée ‘Canyon Mine’ a été rebaptisé ‘Pinyon Plain Mine’, probablement pour que les gens qui ne sont pas sur place croient qu’il s’agissait d’un autre site). Encore plus de gens sont concernés par le projet de transport de minerai d’uranium de cette mine à l’usine de traitement de Ute Mountain, passant par des villes et traversant la Nation Navajo.


En décembre 2016, Klee a participé à la création du groupe Haul No! (Non au transport). Depuis, la commune de Flagstaff a interdit le transport d’uranium dans la ville, puis les dirigeants Navajos ont interdit le transport à travers la Réserve.

Cependant, fin novembre 2023, la compagnie minière a entamé la préparation de l’exploitation de la mine. Puis, début 2024, l’extraction a commencé. Récemment, la route de transport du minerai vers White Mesa a été révélée. La route ne passe pas dans la ville de Flagstaff, mais par l’autoroute qui la traverse, mais qui ne relève pas de son autorité. Elle traverse toujours la Nation Navajo malgré l’interdiction. Le 30 juillet, le Président Navajo a condamné, lors d’une déclaration officielle, le transport illégal de minerai à travers la Réserve. Le même jour, il a envoyé la police Navajo bloquer les camions de transport. (Cependant, les mérites qui lui sont attribués dans l’article ci-dessous sont assez surprenants : s’il est allé à la manifestation du 2 août à Cameron, c’est surtout pour défendre son – peu d’ – autorité. Après tout ce qu’il a fait pour les autorités des États-Unis…).
En 2012, le Secrétaire à l’Intérieur du gouvernement Obama, avait prononcé un moratoire de 20 ans sur l’extraction d’uranium de la région (le cours de l’uranium avait baissé). Les grandes compagnies ont attaqué le moratoire en justice. Bien sûr, Trump s’est assis dessus.

Christine Prat

CAMERON, 2 JUILLET 2024: DES NAVAJOS PROTESTENT CONTRE DES CAMIONS DE TRANSPORT DE MINERAI D’URANIUM

Par Brenda Norrell
Censored News
2 août 2024
Traduction Christine Prat

CAMERON, Nation Navajo – Des Diné se sont exprimés sur la longue histoire d’extraction d’uranium, des cancers et de la mort, et ont rendu hommage à Klee Benally pour avoir consacré sa vie à l’action [contre l’uranium, la destruction de l’environnement, et toutes les injustices]. Ensuite, ils ont défilé sur 800 mètres de la route principale, jusqu’au Bureau du Chapitre de Cameron, pour s’opposer à ce que des camions de la mine d’uranium traversent la Nation Navajo.

La Commissaire Navajo aux Droits Humains, Cora Maxx-Phillips dit aux Diné « Nous sommes dans une Zone de Sacrifice, mes chers frères et sœurs, et c’est pourquoi nous sommes ici aujourd’hui ! »

« On ne nous réduira pas au silence ! »

« Nous avons tous autant de valeur. Cessez de nous utiliser, nous les Peuples Autochtones, pour être dans vos zones sacrifiées. Décrivant 80 ans de cancers, de corruption, d’avidité toxique, elle dit « C’est du racisme environnemental. »

« Combien de gens de plus doivent mourir ! »

« Vous ne nous tromperez pas » dit-elle, ajoutant que toute l’infrastructure est faite pour aider les grandes compagnies. « Tant qu’il s’agira de pousser et creuser, les grandes compagnies obtiendront ce qu’elles veulent. »

« Le caractère sacré de la vie n’est plus respecté. »

Le Président Navajo fait une Déclaration
Des manifestants envahissent les routes nationales 89 et 64 pour dire : « Fermez les mines d’uranium maintenant ! »

CAMERON, Arizona [Nation Navajo] – Le Président de la Nation Navajo, Buu Nygren, et la Première Dame Jasmine Blackwater-Nygren, ont défilé avec les manifestants, aujourd’hui, pour s’opposer au transport illégal d’uranium à travers le pays Navajo.
Le 2 août, la Première Dame avait organisé un rassemblement de dizaines de membres de la communauté Diné pour qu’ils expriment leurs inquiétudes et leur opposition aux dangers de l’exposition à l’uranium.
« Respectez notre souveraineté, respectez nos lois » dit Madame Blackwater-Nygren. « Et nous disons ‘non’ ».
Avant de commencer la marche, le Délégué du Conseil de la Nation Navajo, Casey Allen Johnson, a loué le Président Nygren pour sa collaboration avec le Conseil, pour demander au Président Biden de mettre fin au transport d’uranium à travers le pays Navajo.
Il dit que les Navajos ne voulaient pas que de l’uranium soit transporté à travers le pays Navajo.
Energy Fuels Resource, Inc., commença à transporter du minerai d’uranium de la Mine Pinyon Plain, au sud du Grand Canyon, mardi 30 juillet. Les deux trajets pour transporter l’uranium de la mine passent à travers de communautés tribales pour se rendre à l’usine White Mesa de Blanding, en Utah. Ces communautés sont les Navajos, les Hopis, les Havasupai et les Utes de Ute Mountain.
[…]
Quand le Président et la Première Dame arrivèrent au Bureau du Chapitre, le Président Nygren répondit aux inquiétudes de la communauté, sur les menaces de l’uranium, et donna tout le mérite à la Première Dame.
« La compagnie dit avoir suivi toutes les règles et règlements. Mais qu’en est-il de nos règles et règlements ? » demanda-t-il. « Qu’en est-il de nous, de notre santé, de nos communautés ? Ce n’est pas seulement à nous qu’ils font du mal, ils en font aussi à d’autres communautés tribales. Ont-ils suivi leurs règles et règlements ? C’est absolument inacceptable. »

Le Président Navajo avait publié un décret pour arrêter les camions d’uranium

[…]

Mais…
Le permis pour la compagnie Canadienne Energy Fuels avait été accordé par le Service des Forêts, et c’est une des compagnies minières qui met maintenant en danger les communautés Autochtones dans tout le Sud-ouest.
Le gouvernement des États-Unis a accordé des permis pour extraire du lithium à la compagnie Canadienne Lithium Americas, qui détruit actuellement le site d’un massacre de Païutes dans le Nevada. Le Bureau de Gestion du Territoire, du Secrétariat à l’Intérieur, a accordé un permis pour une mine de lithium en train d’être creusée près d’une source sacrée pour les Hualapai, près du Grand Canyon.
ET…
Sous le prétexte d’ « énergie verte », le PDG de l’entreprise tribale Navajo, Navajo Energy Transition Company, dirige la profanation du site cérémoniel Hualapai pour le compte de Hawthorne Energy, une compagnie Australienne. La compagnie de la Nation Navajo soi-disant d’ « énergie transitionnelle » possède aussi des mines de charbon dans le Wyoming et le Montana.

Par Shannonlynn Chester
Censored News
13 juin 2024
Traduction Christine Prat

En Février dernier, un journal local a publié un article sur Klee, disant « ENRAGER. En Beauté ». Mais quelque fois, le monde ne le voyait pas (ni lui ni aucun d’entre nous associés avec lui) de cette manière. Sa façon d’ « enrager en beauté » ne convenait pas du tout à ce que la société voyait comme normal ou pacifique, mais je me suis souvenue aujourd’hui que Klee voyait de la beauté dans toute chose. Si elle n’existait pas dans une chose, il s’en occupait, il en disait la vérité. C’était quelqu’un qui vivait, respirait la beauté, l’amour, la parenté, le respect… il incarnait hózhó – nous devrions tous être comme cela.

Je suis l’une des trois personnes qui sont encore ici, à l’Infoshop Taala Hooghan. Je l’entretiens toujours, j’ai été là régulièrement depuis janvier. Il y a des moments où il faut que je fasse une pause d’une ou deux semaines, car c’est un « travail » épuisant …pas seulement physiquement, mais émotionnellement et mentalement aussi.

La plupart du temps, je suis ici en pilote automatique – je nettoie, j’organise et j’emballe, mais certains jours sont différents… parce que je tombe sur des choses qui me rappellent tout ce que nous avons fait ici, au nom de l’aide mutuelle. J’ai passé 4 ans ici, je connais chaque fissure du plancher, chaque trou dans le mur. Depuis que Klee a rejoint les ancêtres, ça n’a pas été facile d’être ici, mais la plupart du temps ça guérit et c’est devenu une partie intégrante de mon processus de deuil, je crois.

Certains jours, des parents sans abri viennent et je dois leur dire que nous fermons. Et souvent, quelqu’un vient demander Klee, quelques fois juste en le décrivant – disant qu’il les aidés il y a des années et qu’ils veulent le remercier. Il faut encore que j’annonce la nouvelle à d’autres ici et là. Beaucoup de larmes ont été versées sur le parking… ça nous donne de la force et de la résilience et des affirmations de mieux faire. Et d’aller mieux.

J’arrive enfin aux dernières provisions que nous distribuions en tant qu’Aide Mutuelle de Kinłani et Soutien des Guérisseurs Diné (faisant partie d’un collectif et d’un réseau plus étendu que nous avions d’abord appelé Aide Mutuelle Autochtone). Avec l’aide de quelques personnes, je me suis assurée que tout retournait à la communauté, d’une manière ou d’une autre, parce que tout ici a toujours été pour les gens de notre peuple.

Merci Shannonlynn de partager tes souvenirs, et le bon travail que tu faisais avec Klee, et continues à faire – Brenda, Censored News

Livraisons de l’Aide Mutuelle de Kinłani à Black Mesa, Photos Klee Benally en mai 2020

 

Klee Benally
20 novembre 2023
Traduction Christine Prat

C’est ce à quoi ressemble la profanation/dévastation.

Hier, comme je lançais mon nouveau livre sur la défense du sacré et l’anarchisme Autochtone, j’ai reçu un appel d’un activiste local disant qu’il y avait une alerte à la mine d’uranium Pinyon Plain, qui se prépare à commencer à extraire du minerai (probablement dans quelques semaines). Une violation possible devait être vérifiée et signalée. Alors, j’ai répondu à l’appel à l’action… bien que nous n’ayons pas trouvé de preuve concernant l’alerte, c’est clair que la mine toxique est plus près que jamais d’opérer (voir www.HaulNo.com pour plus d’informations) …

Alors, pourquoi suis-je en train de regarder d’abord des images de Dook’o’oosłííd (Pics San Francisco, Arizona Snowbowl) ?

Eh bien, ils ont ouvert vendredi sans neige naturelle. 100% de neige artificielle faite d’eaux usées traitées qu’ils achètent sous contrat à la ville de Flagstaff #cityofflagstaff

Ils sont autorisés par les Service des Forêts à pomper Près de 700 millions de litres d’eau d’égouts pour faire de la neige sur la montagne.

Mon livre réfléchit sur les leçons et (surtout) les échecs dont j’ai appris beaucoup depuis 30 ans que ce combat dure. Le livre aurait pu porter seulement sur ce problème, mais j’avais déjà réalisé un documentaire et il y a d’autres sources… Ce qui est important, c’est que cela soit possible sur une montagne considérée comme sacrée par 13 Nations Autochtones.

Ce qui est important, c’est qu’il soit même possible d’extraire de l’uranium de Red Butte sacrée, à seulement quelques kilomètres du Grand Canyon du Colorado et de le transporter à travers des communautés déjà irréparablement empoisonnées.

Ces deux catastrophes capitalistes coloniales de ressources sont le paysage sacré conflictuel de notre existence et de notre survie en tant que Peuples Autochtones, ici.

Les progressistes ont les mains vides quand ils supplient les politiciens d’admettre leur douleur et de lâcher quelques poignées de reconnaissance.

Autoriserons-nous que l’uranium soit extrait à Red Butte sacrée et transportée à travers nos communautés déjà empoisonnées par des centaines de mines d’uranium abandonnées ?

Est-ce que Snowbowl, la Ville de Flagstaff et le Service des Forêts pourront continuer à violer nos sites les plus sacrés sans protestation ?

Il est temps de passer à l’action, encore…

Où êtes-vous, chers guerriers ?
#defendthesacred #nospiritualsurrender

Klee Benally ‘Carry On’

Par Brenda Norrell
Censored News
9 avril 2024
Traduction Christine Prat

À propos de l’extraction de ressources, et comment le Conseil Tribal Navajo a été créé pour signer des baux pour du pétrole et du gaz, Klee cite l’aimable fermier de Shiprock Larry Emerson [2e à gauche sur la photo], qui a reçu son diplôme de doctorat juste avant de quitter ce monde.

« Ça ne sert à rien d’essayer de décoloniser le gouvernement Navajo – il n’était pas bon pour nous, dès le départ. Sa structure et son fonctionnement sont une réplique du système américain, et le système américain parait être au bord de gouffre et de l’échec, comme le grand Empire Romain ».

Au sujet des monstres que sont l’extraction de pétrole et de gaz et les mines de charbon, Klee cite Louise Benally, de Big Mountain, sa tante, dont les membres de la famille ont passé leur vie à résister à l’extraction de charbon, à la relocalisation forcée et à la machine du gouvernement tribal.

Louise dit « Les lois naturelles et les Peuples Autochtones étaient déjà là, en bonne intelligence, avant l’arrivée de la société coloniale qui trace des lois et des frontières. Cependant, nous, les Peuples Autochtones, auront toujours des liens avec ces terres, nous continueront à vivre de la même manière avec la nature et nous la perpétuerons ».

Klee rapporte les paroles de sa grand-mère, Roberta Blackgoat, qui n’a jamais renoncé au combat. « Le charbon qu’ils minent par explosion est le foie de la Terre. »

Bien que tant aient disparu et que trop soient décédés les cœurs brisés, il y a ceux qui vivent, qui continuent.

Klee écrit « Ceux qui restent de la résistance à la relocalisation forcée ont survécu au monstre qui consumait nos terres, volait notre eau et polluait nos poumons ».

Avant de nous quitter, Klee avait décrit les monstres, la rage contre la machine et les façons de restaurer l’équilibre et l’harmonie.

À propos du livre de Klee Benally, « No Spiritual Surrender : Indigenous Anarchy in the Defense of the Sacred », Detritus Books, automne 2023

Par Haul No!
15 janvier 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Nous appelons Buu Nygren à prendre des mesures concrètes pour FERMER la mine d’uranium PINYON PLAIN, près du Grand Canyon, et juste à côté du site sacré de Red Butte.

Haul No! a été fondé fin 2016, comme initiative conduite par des Diné, dans le but d’arrêter la Mine du Canyon (maintenant rebaptisée Pinyon Plain) et l’usine de traitement de White Mesa, et le projet de transport à travers Diné Bikeyah, notre terre traditionnelle.

Les cofondateurs Leona Morgan, Sarana Riggs, et Klee Benally, récemment passé dans l’autre monde, ont conduit une tournée de prise de conscience et d’action en 2017, informant et entrainant les communautés le long du trajet de transport, partant de l’usine de traitement d’uranium en territoire Ute à son point d’origine : la mine en territoire Havasupai.

Vidéo du 14 mars sous-titrée en français:

Dans une interview de Democracy Now! du 14 mars 2014, portant sur Pinyon Plain/Canyon Mine et le problème général de l’extraction d’uranium, Klee s’est référé aux 15000 à 20000 mines d’uranium abandonnées à travers les soi-disant États-Unis, comme « héritage toxique qui nous touche jusqu’à aujourd’hui. C’est en vérité un génocide lent des gens, pas seulement les Peuples Autochtones de cette région. »

Haul No! avait été fondé spécialement pour faire ce travail, en tant que bénévoles, pour prévenir toute nouvelle contamination de nos terres, notre eau, notre air et des générations futures, par la compagnie Energy Fuels, aux deux extrémités du trajet de transport, de Pinyon Plain/Canyon Mine à l’usine de White Mesa.

En ce qui concerne l’eau et l’environnement, Klee disait « Il n’y a pas de gagnants quand on détruit Notre Mère la Terre, quand on détruit l’eau dont nous avons besoin pour boire, [quand] on détruit l’air dont nous avons besoin pour respirer, et la terre dont nous avons besoin pour nous nourrir. » Haul No! Travaille pour protéger, pas pour détruire, notre Mère la Terre. Klee disait aussi « Où que ce soit où il y a une crise environnementale, il y a une crise culturelle, parce que nous sommes des gens de la Terre. »

Haul No! est cohérent dans l’appel à FERMER LA MINE et ARRÊTER L’USINE. Après le départ de notre frère, notre collègue, notre camarade, notre mentor et notre ami, nous continuons le combat pour la protection de nos Peuples, la défense du sacré, et pour mettre fin au colonialisme nucléaire.

Nous en avons assez d’être une colonie de ressources ! Nous en avons assez de laisser nos Peuples souffrir et mourir, uniquement pour fournir le monde extérieur en pouvoir et en carburant. Nous en avons assez de l’insuffisance ou de l’ABSENCE DE NETTOYAGE de toutes les industries extractivistes, y compris la nouvelle vague imminente d’énergie soi-disant propre qui ne fait que violer notre Mère la Terre.

Le 14 janvier 2024, le Président de la Nation Navajo, Nygren, a publié une déclaration via les médias sociaux, datée du 11 janvier 2024, à propos de la mine d’uranium Pinyon Plain. En réponse à cette déclaration, Haul No! Exige que le Président Nygren S’ENGAGE FERMEMENT AVEC DES MESURES CONCRÈTES POUR NOTRE PEUPLE ! Nous avons besoin d’action après les mots.

Nous exigeons que Buu Nygren se serve de son autorité en tant que Président de la plus grande Nation Autochtone (en km²) pour travailler avec le Gouverneur d’Arizona Hobbs pour EXIGER LA FERMETURE en limitant le permis d’Energy Fuels aux activités de fermeture et d’après fermeture, avec un nettoyage de la mine et des forêts publiques autour, de la plus haute qualité.

Nous exigeons que le Président de la Nation Navajo s’engage à se servir de son autorité pour travailler avec le Président Biden pour corriger le cercle vicieux, le racisme environnemental et l’assaut culturel contre le nouveau monument national qui autorise Pinyon Plain et d’autres possédant « des droits existants valables » à profaner nos terres ancestrales sacrées.

Au-delà du monde de la légalité occidentale et de la quasi-souveraineté limitée de notre gouvernement colonial de la Nation Navajo, nous exigeons que Buu Nygren s’aligne sur les obligations de nos enseignements Diné de protéger nos sites sacrés, nos terres et nos eaux, et nos générations futures.

Nous invitons Buu Nygren et tous les dirigeants Diné à nous rejoindre sur le front, pour arrêter cette mine et arrêter le transport si on en arrive là. Nous en avons assez des déclarations toutes préparées et des gestes vides. NOUS EXIGEONS DE L’ACTION MAINTENANT !

Article publié sur le site d’Indigenous Action, diffusé par notre amie Leona Morgan, membre de Haul No! Il s’agit de continuer le combat de Klee Benally et des Autochtones de la région. Le premier article qu’il m’a donné à traduire concernait cette mine d’uranium, contre laquelle les Autochtones luttent depuis des décennies. Récemment, les propriétaires ont rebaptisé la mine « Pinyon Plain ». Ils l’ont longtemps appelée Mine du Canyon, mais les opposants ont trop fait savoir qu’il s’agissait d’une mine proche du Grand Canyon du Colorado, qu’elle se trouvait tout près de l’endroit où les visiteurs entrent, et surtout qu’elle menaçait les sources d’eau qui coulent des parois du Canyon et qui sont la seule source d’eau potable pour les Autochtones qui vivent au fond du Canyon. La petite ville appelée Pinyon est à quelques centaines de kilomètres de là…

Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Haul No!
9 janvier 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

MISE À JOUR URGENTE :

Nihi K’é dóó nihi Diné – Parents, amis, soutiens partout dans le monde, maintenant que nous avons observé le protocole culturel pour notre tant aimé Klee Benally, nous sommes prêts à continuer notre travail – continuer le travail de Klee – FERMER LA MINE PINYON PLAIN/CANYON MINE !!

Nous honorons sa détermination de protéger Notre Mère la Terre. Nous honorons son cri de guerre et son appel à l’action.

Nous n’arrêtons pas. Nous mettons au point la stratégie, l’organisation, la résistance. Nous devenons seulement de plus en plus forts!

Haul No! appelle Buu Van Nygren et la Nation Navajo à EXIGER LA FERMETURE DE LA MINE D’URANIUM PINYON PLAIN MAINTENANT !!!

Le 21 décembre 2023, Energy Fuels a publié un communiqué de presse déclarant que la production avait commencé à la Mine de Pinyon Plain. La Mine d’Energy Fuels est juste au sud de Grand Canyon et tout près du site Sacré de Red Butte – lieu d’émergence des Havasupai, enregistré comme Propriété Culturelle Traditionnelle des 11 Tribus Associées du Grand Canyon. Energy Fuels projette de transporter l’uranium à travers l’ouest des réserves Navajo et Hopi, jusqu’à l’usine de traitement de White Mesa, en pays Ute, près de Blanding, dans l’Utah.

Mardi 9 janvier 2024, Haul No! confirmait qu’Energy Fuels avait commencé à extraire et stocker du minerai d’uranium. Ils se sont préparés pour le transport par route, mais n’ont pas encore commencé à le faire.

Si le transport commence, Energy Fuels a l’intention de faire partir 12 camions par jour, chacun transportant 30 tonnes de minerai d’uranium, de la mine à l’usine. Energy Fuels n’est pas obligé légalement d’indiquer sur les camions ce qu’ils transportent. Le minerai sera seulement couvert de toile cirée. Aucune entité n’a été identifiée pour intervenir en cas d’urgence, appliquer la loi ni pour décontaminer.

Ça viole la loi de la Nation Navajo qui interdit le transport de nouvel uranium dans les terres Diné.

L’usine de White Mesa est la propriété d’Energy Fuels, qui assure son fonctionnement, et la seule usine des soi-disant Etats-Unis à avoir une licence pour traiter le minerai d’uranium.

C’est un moment crucial pour agir!

Il y a des développements internationaux et nationaux qui accroissent le risque d’une nouvelle vague d’extraction d’uranium :

Le prix de l’uranium est le plus haut depuis 2006-2007 ; et les Etats-Unis ont approuvé la Loi sur la Sécurité du Carburant Nucléaire (plus de production d’uranium) ; et à la COP28 à Dubaï, les états/industries du nucléaire ont appelé à tripler l’énergie nucléaire au niveau mondial d’ici 2050.

NOUS NE VOULONS PAS D’UN NOUVEAU BOOM DE L’URANIUM!

Nous faisons appel à vous tous pour AIDER À FAIRE COMPRENDRE, DIFFUSER LA PRISE DE CONSCIENCE, SURVEILLER LES MINES+LES ROUTES pour la protection de Nihímá Nahásdzáán, du SOL et de l’EAU, nos communautés et les générations futures.

Rejoignez-nous pour EXIGER que nos gouvernements coloniaux FERMENT PINYON PLAIN MAINTENANT !

EXIGEZ DU PRÉSIDENT BUU ET DE LA NATION NAVAJO D’AGIR MAINTENANT!!
EXIGEZ du Gouverneur Hobbs d’Arizona D’AGIR MAINTENANT!!
EXIGEZ de la Secrétaire à l’Intérieur Haaland D’AGIR MAINTENANT!!
EXIGEZ du Président Biden D’AGIR MAINTENANT!!

Ahéhéé Nitsáágo pour votre soutien !

Suivez les mises à jour sur haulno.com et nos médias sociaux!

#SHUTDOWNPINYONPLAN!
#HAULNO! uranium dans nos communautés!
#endnuclearcolonialism! #nonaucolonialismenucleaire!

#waterislife! #leaucestlavie!

Ce n’est pas la première fois – et, hélas, probablement pas la dernière – que des gens qui clament leur affection ou leur estime pour Klee Benally tentent de camoufler le fait qu’il était Anarchiste, révolutionnaire. Les gens ont le droit d’aimer Klee sans partager toutes ses convictions, mais ils n’ont pas le droit de les nier pour rendre leurs proclamations politiquement correctes. Toutes les tentatives seront dénoncées.
Klee ne reconnaissait pas la légitimité du ‘gouvernement’ Navajo, imposé par le colonisateur. Que ces gens-là osent utiliser le malheur qui nous frappe tous, est une insulte à sa mémoire.

Christine Prat

Par Indigenous Action
4 janvier 2024
Traduction Christine Prat

Réaction d’Indigenous Action au geste vide du président Navajo déclarant un ‘Jour de Klee Benally’

Alors que nous étions submergés par le chagrin suite à la perte de notre ami et parent Klee Benally, il y a eu une tentative de nier et d’arracher les griffes de son discours anarchiste critique sans compromis. Le président de la Nation Navajo, Buu Nygren, déclare, par l’intermédiaire d’une autorité injuste, le 5 janvier 2024 Jour du Souvenir. Cette proclamation est une gifle pour son travail incessant pour combattre pour Níhíma Asdzaan [Notre Mère la Terre].

Des Agents Indiens nommés par l’Armée US, aux ‘Code Talkers’ et, finalement au show télévisé de merde qu’est la police tribale Navajo, toute autorité, même les politiques tribales souveraines, reposant sur l’infrastructure meurtrière de l’état du colonisateur, est un acte illégitime de destruction contre Nahasdzáán, que Klee combattait sans relâche.

L’héritage du gouvernement de la Nation Navajo ne diffère pas de celui des Jeux Indiens [casinos]. Une industrie d’exploitation rendue plus accessible par les qualifications obtenues dans les usines du savoir; que vous nettoyiez la pisse et la merde des toilettes d’un casino, ou que vous utilisiez les bureaux du gouvernement tribal pour gérer la bureaucratie du nettoyage de pisse et de merde de colon.

Si le gouvernement de la Nation Navajo avait une quelconque autorité légitime permise par le colonialisme de peuplement, il honorerait Klee en arrêtant l’extractivisme en cours sous prétexte de progrès.

Soutenez Haul No! dans le combat pour empêcher l’uranium d’être transporté à travers les communautés Autochtones.