Par Indigenous Action Media
15 juin 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
L’ICWA a été adoptée en 1978, à cause de la pratique génocidaire rampante, poussée légalement par des chrétiens blancs, de retirer des enfants Autochtones de chez eux et de les placer dans des familles blanches chrétiennes. La loi a été créée pour résoudre un problème que le colonialisme avait créé. L’état colonial de peuplement ne voyait pas l’intérêt de « garder les enfants Autochtones dans leurs Tribus » jusqu’à ce qu’il soit certain que ces enfants seraient assimilés passivement à l’ordre « civilisé ».
Que des familles blanches qui volent des enfants Autochtones, devrait être un non-problème. Qu’une discussion justifie le fait de laisser les enfants Autochtones avec les gens de leur peuple ait lieu, fait partie du problème plus large de la suprématie blanche, de l’hétéronormativité et du génocide des Autochtones.
Avant que l’ICWA ne soit adoptée en 1978 :
- 25 à 30% de tous les enfants Autochtones étaient enlevés à leurs foyers ;
- Parmi eux, 85% étaient placés hors de leurs familles et de leurs communautés – même lorsque des membres de la famille étaient capables et désireux [de s’en charger].
- Aujourd’hui, les familles Autochtones ont 4 fois plus de chance qu’on leur retire leurs enfants pour les placer dans des foyers ou familles d’accueil que des Blancs dans la même situation.
(Infos du site https://nicwa.org/about-icwa )
Avant 1492, les enfants Autochtones n’étaient pas volés par des prédateurs coloniaux.
Alors que l’ICWA est célébrée comme affirmation de la souveraineté Autochtone, en réalité elle affirme le pouvoir du Congrès de réguler les échanges (La Clause du Commerce) avec les Peuples Autochtones et les pleins pouvoirs sur les « affaires Indiennes ». Les pleins pouvoirs ou une autorité plénière sont un pouvoir absolu d’engager une action sur un problème particulier, sans aucune limitation.
La bataille légale autour de ICWA efface les enfants Autochtones qui ne sont pas de tribus reconnues au niveau fédéral, de communautés de la frontière, et des migrants, et ne concerne pas les problèmes de désenrôlement. Particulièrement dans la mesure où l’ICWA pose spécifiquement « des exigences qui s’appliquent à un enfant pupille de l’état, s’agissant d’un enfant Indien qui est membre ou susceptible de le devenir, d’une tribu reconnue au niveau fédéral. » L’ICWA remet en vigueur une politique de citoyenneté « Indienne » que certains gouvernements Tribaux utilisaient pour exclure les descendants métis. À part l’ICWA, le vol d’enfants se produit toujours dans le système de foyers d’accueil, où les jeunes Autochtones finiront très probablement.
Le discours autour de l’ICWA est aussi intrinsèquement cis-hétéronormatif, étant donné qu’il laisse tomber les familles queer & deux-esprits. L’ICWA définit l’enfant Indien comme « une personne non-mariée, âgée de moins de dix-huit ans et est soit (a) membre d’une tribu Indienne, soit (b) satisfait aux règles d’appartenance à une tribu Indienne et est l’enfant biologique d’un membre d’une tribu Indienne… »
Quelle justice pouvons-nous attendre d’un système colonial qui applique aussi des lois anti-Autochtones, qui sanctionnent la profanation de terres sacrées et attaquent l’autonomie corporelle ?
Nos cultures et nos communautés sont-elles si désespérées et brisées que nous en arrivons à célébrer le fait que des colonisateurs décident si nos enfants doivent être avec nous ? La « nécessité » apparente de l’ICWA démontre la fausseté des lois coloniales et la violence prédatrice de la suprématie blanche qui rode en permanence autour de nos foyers.
Que des lois coloniales soient nécessaires pour empêcher des blancs de voler purement et simplement des bébés Autochtones, est le résultat d’un problème systémique beaucoup plus profond que ce que des lois comme l’ICWA peuvent traiter.
Beaucoup de nos familles et de nos foyers sont brisés à cause de la colonisation, encore plus de lois coloniales ne vont pas les réparer.
Quelles sont les solutions enracinées culturellement et non-fondées par l’état, pour garder les enfants Autochtones dans nos familles ?
Ox Sam Camp
Publié par Indigenous Action Media
Le 8 juin 2023
Voir aussi article de Censored News
Traduction Christine Prat
THACKER PASS, Nevada – Mercredi matin, le service du Sheriff du Comté de Humboldt, pour le compte de Lithium Nevada Corporation, a attaqué le Ox Sam Newe Momokonee Nokutun (Camp Ox Sam des Femmes Autochtones), détruisant les deux tipis de cérémonie, malmenant et confisquant des instruments et des objets, et éteignant le feu sacré allumé depuis le 11 mai, jour où l’action de prière conduite par des Grands-mères Paiutes et Shoshones a commencé.
Mercredi, une arrestation a eu lieu, sous la direction de la sécurité de Lithium Nevada. Une jeune protectrice de l’eau Diné [Navajo] a été menottée sans avertissement et chargée dans une boite noire, sans fenêtre, à l’arrière d’un pickup. « J’ai vraiment eu peur pour ma vie » dit la jeune femme. « Je ne savais pas où j’étais ni où j’allais, et je sais que MMIW [Femmes Autochtones Assassinées ou Disparues] est une réalité et je ne voulais pas être la prochaine. » Elle a été transportée à la Prison du Comté de Humboldt, où elle a été mise en accusation d’effraction criminelle et de résistance à l’arrestation, puis libérée sous caution.
Seulement quelques heures avant l’attaque, on pouvait voir les protecteurs de l’eau de Ox Sam résistant courageusement pour la deuxième fois, barrant la route à une lourde excavatrice et fermant la construction au pied du Rocher Sentinel.
Pour beaucoup de Paiutes et de Shoshones, le Rocher Sentinel est un « centre de l’univers », qui fait partie intégralement du mode de vie et des cérémonies de nombreuses Tribus du Nevada, et est aussi un site de plantes médicinales traditionnelles, d’outils et de nourriture depuis des milliers d’années. Thacker Pass est aussi le site de deux massacres de Paiutes et de Shoshones. Les dépouilles des ancêtres massacrés sont restées non-identifiées et non-enterrées depuis 1865, et sont maintenant écrasées par les bulldozers de Lithium Nevada pour un minéral connu comme « le nouvel or blanc. »
Depuis le 11 mai, malgré les nombreuses demandes des ouvriers de Lithium Nevada, le Service du Sheriff du Comté de Humboldt avait été réticent et même peu disposé à arrêter des membres du camp de prière, même après leur avoir envoyé trois avertissements pour bloquer l’accès de la Route de Pole Creek aux ouvriers de Lithium Nevada et contractants, tout en laissant passer le public.
« Nous respectons absolument votre droit de protester pacifiquement, » expliquait le Sheriff du Comté de Humboldt Sean Wilkin le 12 mai. « Nous n’avons aucun problème avec [le tipi] … Nous respectons votre droit d’être ici. »
Le 19 mai, le Sheriff est venu une seconde fois, délivrant des Ordres de Protection Temporaire de 14 jours contre plusieurs individus du camp. Les ordres avaient été accordés par le Tribunal du Comté de Humboldt pour le compte de Lithium Nevada, sur la base de déclarations sous serment pleines de déformations, d’affirmations fausses, et, selon ceux qui étaient visés, d’accusations franchement fausses des employés. Pourtant, Ox Sam Camp a continué pendant une semaine. Les tipis, le feu sacré et les prières sont restés en tout pendant vingt-sept jours de cérémonie et de résistance.
Ce qui se passait à Thacker Pass cette semaine ressemblait à Standing Rock, la Ligne 3 ou Oak Flat, comme les ouvriers de Lithium Nevada et leur équipement lourd essayaient de passer au bulldozer et de creuser leur route à travers les terres cérémonielles autour du tipi au Rocher Sentinel, et que les protecteurs de l’eau mettaient leurs corps en travers du trajet de destruction, forçant le travail à cesser en deux occasions.
Des observateurs ont déclaré que le chef de la sécurité de Lithium Nevada dirigeait les adjoints du Sheriff, indiquant où aller et quoi faire pendant l’attaque.
La propriété et le contrôle de Thacker Pass de Lithium Nevada n’existent qu`à cause d’un permis irrégulier et des approbations administratives contestables délivrés par le Bureau de Gestion du Territoire (BLM). Les officiels du BLM ont refusé de reconnaitre que Peehee Mu’huh est un site sacré pour les Nations Tribales de la région, et ont continué à minimiser et mettre en doute l’importance du double massacre en deux ans de batailles en justice.
Trois Tribus – la Colonie Indienne de Reno-Sparks, la Tribu Paiute de Summit Lake et la Tribu Paiute de Burns – sont toujours en litige en justice avec le Gouvernement Fédéral pour avoir permis la mine. Les tribus ont déposé leur réaction la plus récente à la Motion de Rejet du BLM lundi. Le BLM relève de l’Intérieur, qui est dirigé par Deb Haaland (Pueblo Laguna).
Mercredi, au moins cinq véhicules du bureau du Sheriff, plusieurs véhicules d’ouvriers de Lithium Nevada et deux camions de la sécurité sont arrivés sur le site du premier tipi, où se trouvait le feu cérémoniel, juste à côté de la Route de Pole Creek. Un campeur a été arrêté sans avertissement, et d’autres ont reçu des avertissements pour effraction et ont été autorisés à quitter la zone.
Il y a une façon correcte de démonter un tipi et un camp cérémoniel, et puis il y a la façon dont ont procédé les Sheriffs du Comté de Humboldt, pour le compte de Lithium Nevada. Les tipis ont été abattus, les mâts ont été cassés et ils ont farfouillé dans des objets et instruments cérémoniels, les ont abimés et confisqués. Des tentes vides ont été saisies dans le style d’un raid classique du SWAT [Special Weapons and Tactics, police militarisée]. Une voiture a été embarquée.
Comme ça arrive souvent quand des profits perdus conduisent à des assauts du gouvernement contre des protecteurs de l’eau pacifiques, Lithium Nevada Corporation et les Sheriffs du Comté de Humboldt ont commencé par prétendre que l’attaque avait été faite pour la sécurité des membres du camp et la santé publique.
Josephine Dick (Paiute-Shoshone de Fort McDermitt, à gauche sur la photo), une descendante de Ox Sam et une des matriarches de Ox Sam Newe Momokonee Nokutun, a fait la déclaration suivante en réaction à l’attaque :
« En tant que Vice-Présidente de l’Eglise Indienne Autochtone [Native American Indian Church – non-chrétienne] de l’Etat du Nevada, et Ancienne et membre de la Nation Tribale Paiute-Shoshone, je demande l’accès immédiat à – et la restitution de mes objets cérémoniels, entre autres mes Plumes d’Aigle et le bâton qui ont servi aux prières de mes ancêtres et au camp Ox Sam depuis le début. Il y avait aussi un tambourin cérémoniel et des herbes médicinales, comme du cèdre et du tabac, qui sont protégés par la Loi sur la Liberté Religieuse des Indiens Américains.
« De plus, je crois comprendre que les Sheriffs du Comté de Humboldt et la sécurité de Lithium Nevada ont profané deux tipis cérémoniels, toile, mâts et cordes. Le Ox Sam Newe Momokonee Nokutun a dirigé des prières et la cérémonie dans ces tipis, qui sont aussi protégés par la Loi sur la Liberté Religieuse des Indiens Américains. Quand nos propriétés cérémonielles sont rassemblées autour du feu sacré, c’est notre église. Notre église Autochtone est une cérémonie sacrée. J’exige l’accès immédiat à notre site de prière à Peehee Mu’huh et la restitution de nos objets cérémoniels confisqués.
« La profanation que les Sheriffs du Comté de Humboldt et Lithium Nevada ont dirigé en détruisant les tipis et en fourrageant dans nos objets sacrés, équivaut à saisir une bible, casser La Croix, démolir une cathédrale, manquer de respect au sacrement et refuser aux diacres et aux pasteurs l’accès à leurs lieux de culte, en violation directe de la Loi sur mes droits à la Liberté Religieuse des Indiens Américains. Cette violation de l’accès à notre église et au sol sur lequel elle se trouve est une violation de l’Ordre Exécutif 13007.
« Le lieu où le tipi a été retourné et détruit est au pied du Rocher Sentinel, un endroit où nos Paiutes-Shoshones prient depuis des temps immémoriaux. Après que nous ayons expliqué pendant deux ans que Peehee Mu’huh est sacré, le BLM de Winnemucca a finalement reconnu que Thacker Pass est un District Culturel Traditionnel, mais ils autorisent toujours sa destruction. »
Josephine et d’autres avaient l’intention de faire une déclaration en direct, devant le Bureau du Sheriff du Comté de Humboldt à Winnemucca, vendredi 9 juin après-midi, vers 13h.
Un autre guide spirituel sur les lignes de front, est Dean Barlese, de la Tribu Paiute de Pyramid Lake. Bien qu’il soit dans un fauteuil roulant, Barlese a conduit les prières sur le site le 25 avril, ce qui a conduit Lithium Nevada à arrêter la construction pendant une journée, et est revenu le 11 mai.
« Ceci n’est pas une manifestation, c’est une prière » dit Barlese. « Mais ils ont toujours peur de moi. Ils ont peur de nous, les Anciens, parce qu’ils savent que nous avons raison et qu’ils ont tort. »
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Contexte
Thacker Pass se trouve dans le Nord du Nevada, près de la frontière de l’Oregon, où Lithium Nevada Corporation est dans la première phase de construction d’une mine de lithium à ciel ouvert de 2 milliards de dollars, qui devrait être la plus grande d’Amérique du Nord.
Le lithium est essentiellement destiné à la Corporation General Motors, pour ses batteries de véhicules électriques, que la corporation a le ridicule de prétendre « verts ». Les opposants appellent cela laver plus vert et ont déclaré que « ce n’est pas vert de faire sauter une montagne. »
La Cour Suprême des Etats-Unis a donné à Lithium Nevada et toutes les autres grandes corporations privées, toute une variété de « droits » constitutionnels qui n’avaient jamais été prévus pour du business. Sans ces prétendus « droits » des entreprises, les propriétaires de la mine n’auraient jamais été autorisés à la construire.
Trois tribus Autochtones ont déposé une nouvelle plainte contre le Gouvernement Fédéral, au sujet du projet de mine de lithium à Thacker Pass de Lithium Nevada Corporation, le 16 février 2023. C’est la dernière tentative en justice des deux ans et demi de lutte contre l’extraction, le laver plus vert et les terres sacrées dans le Nord du Nevada.
Les Tribus ont notifié à la Cour d’Appel du 9ème Circuit le 19 mai, qu’ils comptaient faire appel pour leur Motion demandant une Injonction Préliminaire qui avait été rejetée par une Cour plus basse début mars. Quatre groupes écologistes qui ont perdu en justice en janvier, ont également fait appel devant la Cour d’Appel du 9ème Circuit et pensent être entendus en juin.
Ox Sam Camp
Publié par Censored News
Et Indigenous Action Media
7 juin 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
DERNIÈRES NOUVELLES : LES DEUX CAMPS ONT ÉTÉ PRIS PAS LES FLICS ET LE TIPI A ÉTÉ DÉMONTÉ PAR LE BUREAU DE GESTION DU TERRITOIRE
OROVADA, Nevada – Le 7 juin au matin, un groupe de défenseurs du territoire, Autochtones et alliés, ont bloqué de façon non-violente la construction controversée de la mine de Thacker Pass et ont fait faire demi-tour aux bulldozers.
Ça a tourné au drame quand des ouvriers ont essayé de creuser des tranchées près du Rocher Sentinel et ont été refoulés par des défenseurs du territoire qui se sont jetés entre les machines et le site.
Maintenant, ils sont arrêtés et le camp est attaqué.
Les Paiutes du Nord et les Shoshones de l’Ouest considèrent Thacker Pass comme sacré. Alors, quand ils ont appris que la zone devait devenir la plus grande mine de lithium à ciel ouvert d’Amérique du Nord, ils ont déposé des plaintes en justice, organisé des rassemblements, se sont exprimés au cours d’audiences publiques et ont organisé la communauté. Mais malgré tous leurs efforts des trois dernières années, la construction de la mine a commencé en mars.
C’est ce qui a conduit des Anciens Autochtones, leurs amis et leurs familles, des protecteurs de l’eau et leurs soutiens, à établir ce qu’ils appellent un « camp de prière et de feu cérémoniel » à Thacker Pass, le 11 mai 2023, lorsqu’ils ont monté un tipi à l’aube pour bloquer la construction d’un tuyau d’eau pour la mine. Un deuxième tipi a été érigé quelques jours plus tard, à 3,2 km à l’est, où la construction par Lithium Nevada défigure le Rocher Sentinel, un de leurs sites sacrés les plus importants.
Le Rocher Sentinel fait partie intégrale de la vision du monde et des cérémonies de nombreuses Tribus du Nevada. La zone a été le site de deux massacres de Paiutes et de Shoshones. Le premier a eu lieu au cours d’un conflit intertribal qui a donné au site son nom Paiute : Peehee Mu’huh, ou Lune Pourrie.
Le second massacre a été une attaque surprise de la Cavalerie des Etats-Unis, le 12 septembre 1865, au cours de laquelle l’Armée U.S. a tué des dizaines de personnes. L’un des rares survivants de l’attaque était un homme appelé Ox Sam.
Ce sont des descendantes de Ox Sam, des Grands-mères, qui ont formé le Ox Sam Newe Momokonee Nokotun (Camp des Femmes Autochtones), pour protéger cette terre sacrée, pour ceux qui ne sont pas encore nés, pour honorer et protéger les restes de leurs ancêtres, et conduire des cérémonies. Des protecteurs de l’eau ont été en prière sur le site pendant près d’un mois.
Le lundi, Lithium Nevada Corporation avait aussi essayé de faire une brèche dans l’espace occupé par les protecteurs de l’eau. Comme des ouvriers manœuvraient de l’équipement pour creuser des tranchées dans une vallée entre les deux tipis, des protecteurs de l’eau s’approchèrent et forcèrent pacifiquement les ouvriers et leurs excavatrices à quitter la zone.
Selon un défenseur anonyme, l’action de Lithium Nevada était « une tentative de démonstration de force, pour en finir avec notre tipi et notre camp de prière près du Rocher Sentinel. »
Des fermiers, des amateurs d’excursions et des membres du public ont été autorisés à passer sans incidents et les protecteurs de l’eau ont toujours des relations amicales avec les résidents locaux. L’opposition à la mine est très étendue dans la région, et malgré des avertissements du sheriff, il n’y avait pas eu d’arrestations.
Quatre personnes, parmi lesquelles il y avait Doreece Sam Antonio, de la réserve Paiute-Shoshone de Fort McDermitt (une descendante de Ox Sam) et Max Wilbert de Protect Thacker Pass, avaient reçu des ordres du tribunal leur interdisant les lieux. Ils attendent une convocation de la Cour de Justice du Comté de Humboldt.
« Lithium Nevada barricade les alentours du site sacré du Rocher Sentinel, pour perturber notre accès, et hier il y a eu une escalade pour justifier l’évacuation de nos camps de prière pacifiques, » dit un protecteur de l’eau anonyme du Camp Ox Sam.
« Lithium Nevada a l’intention de profaner et de passer au bulldozer les restes de nos ancêtres. Nous appelons tous les protecteurs de l’eau, tous les défenseurs du territoire, des avocats, des experts en droits humains et des représentants de Nations Tribales à venir nous soutenir. »
« Je suis menacée d’arrestation pour avoir protégé les tombes de mes ancêtres », dit Doreece Sam Antonio.
« Mon arrière-arrière-grand-père Ox Sam était l’un des survivants du massacre de Thacker Pass de 1865, qui a eu lieu ici. Les membres de sa famille ont été tués ici même, alors qu’ils s’enfuyaient devant l’Armée U.S. Ils n’ont jamais été enterrés. Ils sont toujours ici. Et maintenant ces bulldozers défoncent cet endroit. »
Un autre guide spirituel sur les lignes de front, est Dean Barlese, un dirigeant spirituel de la Tribu Paiute de Pyramid Lake. Bien qu’il soit dans un fauteuil roulant, Barlese a conduit les prières sur le site le 25 avril (ce qui a conduit Lithium Nevada à arrêter la construction pendant une journée) et est revenu le 11 mai.
« Je demande aux gens de venir à Peehee Mu’huh » dit Barlese. « Nous avons besoin de plus de gens qui prient. Je suis ici parce que j’ai des connexions avec ces lieux. Mes arrière-arrière-grands-pères se sont battus et ont versé leur sang pour ces terres. Nous défendons le sacré. L’eau est sacrée. Sans eau, il n’y a pas de vie. Et un jour, vous vous apercevrez que vous ne pouvez pas manger de l’argent. »
Le massacre de Thacker Pass de 1865 est bien connu, il y a beaucoup de sources historiques, de livres, de journaux et des histoires orales. Malgré l’évidence, mais pas surprenant, le Gouvernement Fédéral n’a pas protégé Thacker Pass, ni même ralenti la construction de la mine pour permettre de consulter les Tribus. Fin février, le Gouvernement Fédéral a reconnu les arguments selon lesquels Thacker Pass est un « District Culturel Traditionnel », éligible pour figurer dans le Registre National de Sites Historiques. Mais ça n’a pas empêché la construction de commencer.
« Ceci n’est pas une manifestation, c’est une prière » dit Barlese. « Mais ils ont toujours peur de moi. Ils ont peur de nous, les Anciens, parce qu’ils savent que nous avons raison et qu’ils ont tort. »
Ox Sam Camp – oxsamcamp sur Instagram :
Le 7 juin 2023, l’opérateur de l’équipement lourd de Lithium America nous a vus approcher, a accéléré et balancé le bras de l’excavatrice en direction des Protecteurs Autochtones qui défendaient le site sacré Paiute Shoshone connu comme le Rocher Sentinel, à Pee’hee Mu’huh (Lune Pourrie), Thacker Pass.
[…]
Cette seconde tentative de la Corporation de sauter plusieurs kilomètres pour accélérer la construction sert à justifier la suppression des camps de prière, en détruisant de grands volumes de propriétés culturelles et historiques, à la base du site sacré.
Le Camp Ox Sam représente notre droit, selon nos droits du 1er amendement, de nous rassembler sur la ligne d’approvisionnement en eau, pour empêcher que 6,5 milliards de litres d’eau ne soient volés aux tribus, aux animaux et aux fermiers locaux au cours des 40 années à venir.
Les membres de la Nation Tribale Paiute Shoshone et tous les autres protecteurs Amérindiens, ont le droit inaliénable, selon la Loi et l’Ordre Exécutif 13007 sur la Liberté de Religion des Amérindiens, de maintenir l’accès et de déterminer par nos droits d’assemblée, la prévention de toute profanation qui détruirait irrémédiablement nos sites sacrés de prière et de pratique religieuse, et d’y maintenir notre accès en empêchant sa destruction.
De plus, à part les droits humains du peuple Paiute Shoshone de déterminer ce qui doit et ne doit pas arriver sur leur territoire, le droit inaliénable de procéder à une cérémonie au pied du site sacré et dans tout Pee’hee Mu’huh, arrive à un moment où les esprits de ceux qui sont tombés au cours du massacre, et les esprits des animaux et des pouvoirs de la terre doivent être reconnus et soutenus par la prière.
Si ces droits des Autochtones d’Amérique sont violés ici, ils le sont partout ailleurs. Si ce site sacré tombe, victime d’un puits de mine à ciel ouvert, tous nos sites sacrés sont vulnérables. Si les ossements de Paiutes Shoshones sont profanés, tous les ancêtres d’Autochtones pourraient l’être.
Venez au Camp ! Amenez Deb Haaland ! Soutenez Ox Sam !
Des membres du Bastion Apache rendent visite aux Paiutes-Shoshones de Fort McDermitt
Des membres du Bastion Apache rendent visite à la tribu Lummi
Par Apache Stronghold [Bastion Apache]
Publié par Censored News
30 mai 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Le Gouvernement des Etats-Unis se lie avec Rio Tinto pour détruire un site sacré Autochtone
Une cour fédérale a décidé hier que Resolution Copper – un partenariat des deux plus grandes entreprises minières du monde, Rio Tinto et BHP – pouvait s’associer à une poursuite en justice avec le gouvernement des Etats-Unis, dans sa tentative acharnée de détruire Oak Flat, un site sacré Apache ancien, en Arizona. Le tribunal dit que le Bastion Apache, en cherchant à protéger Oak Flat, « défie une action gouvernementale qui pourrait principalement bénéficier à Resolution [Copper], » et que Resolution Copper doit avoir la permission de poursuivre son intérêt « privé, axé sur le profit » dans cette affaire.
La décision intervient exactement trois ans après que Rio Tinto ait déclenché l’indignation internationale en détruisant délibérément des abris Autochtones datant de 46000 ans, sur l’un des sites culturels les plus importants d’Australie. Dans un rapport accablant, le Parlement Australien a trouvé que « Rio Tinto connaissait la valeur de ce qu’ils détruisaient mais l’avait fait sauter quand même. »
Déclaration du Dr. Wendsler Nosie Sr. du Bastion Apache :
« Il est exigé des Etats-Unis d’être responsable et d’avoir une relation de confiance avec nous, les Autochtones de ce pays. Tout désaccord entre nous devrait être résolu entre les Etats-Unis et nous, les Apaches. Ce qui me déçoit, c’est qu’ils aient introduit deux compagnies minières étrangères pour nous combattre. Ce que cela me fait comprendre, c’est tout simplement qui est aux commandes.
« Nous sommes juridiquement en conflit avec les Etats-Unis au sujet de leurs responsabilités vis-à-vis des Amérindiens, des Autochtones, des responsabilités qu’ils n’assument pas. Resolution Copper ne se préoccupe pas de nous, ils ont détruit le monde, des gens ont souffert, les terres ont été exploitées en dépit de leur caractère sacré et maintenant, le Gouvernement des Etats-Unis prend parti pour eux, contre nous.
« C’est maintenant officiel que le Gouvernement des Etats-Unis a autorisé deux puissantes compagnies minières étrangères à combattre la plus vieille religion d’Amérique du Nord (Ile de la Tortue). Ça apparait clairement comme une invasion autorisée par les Etats-Unis ; utilisant des tactiques pour s’en laver les mains et laisser Rio Tinto et BHP se mettre au premier plan pour détruire la plus vieille religion. Ce qu’ils n’arrivent pas à comprendre, c’est que c’est une guerre contre le mal.
« Ce que cela me fait comprendre au sujet des Etats-Unis et du Congrès, qui sont responsables du contrôle des ressources de ce pays et de la menace de sur-capitalisme et de colonisation, c’est qu’ils veulent enrichir cette corporation étrangère qui vise les ressources de ce pays, et l’avidité non-contrôlée des entreprises privées. Nous appelons tous les Américains à se joindre à nous pour protéger la terre, l’eau et la religion, contre cette invasion étrangère. »
La plainte du Bastion Apache est actuellement examinée par onze juges en session plénière, à la Cour d’Appel du Neuvième Circuite des Etats-Unis, la décision étant attendue d’ici quelques mois.
Par Indigenous Action Media
25 mai 2023
Traduction Christine Prat
Raymond Mattia, de la Nation Tohono O’odham, a été exécuté par des agents de la patrouille des frontières US le 18 mai dernier, chez lui. Il a reçu 38 coups de feu.
Un rassemblement pacifique, pour soutenir toutes les victimes d’actions violentes non contrôlées de la Patrouille des Frontières et d’autres administrations, se tiendra à la Station de la Patrouille des Frontière de Why, Arizona, et à Tucson, ce samedi, 27 mai 2023, de 10h à midi.
Pour plus d’informations, voir la traduction de l’article de Censored News.
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Déclaration de la famille de Mattia Raymond :
Nous avons essayé de trouver la force d’écrire cette déclaration. Cette tragédie cause tant de chagrin à cause de la façon dont c’est arrivé. Les droits de Raymond ont été violés par les autorités auxquelles nous faisons confiance pour protéger notre Nation. Des membres de la famille, présents près de la scène de crime, ont été témoins d’actions inappropriées et non professionnelles de la part des services. Des proches sont restés dans l’angoisse, ne sachant pas dans quel état était Raymond jusqu’à ce qu’on leur dise, des heures plus tard, qu’il était décédé. Raymond est resté devant sa maison pendant sept heures avant qu’un légiste arrive de Tucson.
À nos yeux et dans nos cœurs, nous pensons que Raymond a été confronté à une force excessive et mortelle qui a pris sa vie. Il était père, frère, oncle, ami et engagé pour la communauté. Raymond luttait toujours pour ce qui était bien et il continuera de lutter, même après sa mort. Ce n’est pas un incident isolé, ça devrait faire prendre conscience de l’oppression sous laquelle notre peuple vit.
Nous tenons à remercier ceux d’entre vous, si nombreux, pour vos condoléances et votre soutien. Un ‘GoFundMe’ sera bientôt disponible pour financer les frais de justice.
Pour soutenir, contacter : justiceforraymattia@gmail.com
Ali Jegk ne figure sur aucune carte. Ça se trouve juste à côté de la frontière, à l’ouest de la Nation Tohono O’odham, près de Menagers Dam:
La Patrouille des Frontières des Etats-Unis massacre un Dirigeant de Cérémonies Traditionnel en tirant 38 fois dans l’entrée de sa maison
Mise à jour du 22 mai 2023, par Brenda Norrell
Au cours de mes visites à Ali Jegk, comme journaliste, il y a dix ans, j’ai interviewé Raymond Mattia, qui a été tué par la Patrouille des Frontières U.S., la nuit de jeudi dernier. Raymond m’avait dit qu’il avait des preuves que les agents de la Patrouille des Frontières dans la région travaillaient avec les cartels et étaient impliqués dans le trafic de drogue. Mattia avait des preuves sur une vidéo qui a disparu après qu’il l’ait rapporté officiellement. La maison de Mattia est tout près de la frontière.
Brenda Norrell, Censored News
La répression à la frontière ne touche pas seulement les migrants et les demandeurs d’asyle, mais aussi les Autochtones du côté US de la frontière, en particulier les Tohono O’odham.
Christine Prat
Par Brenda Norrell
Censored News
20 mai 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
ALI JEGK, Nation Tohono O’odham – Des agents de la Patrouille des Frontières ont tué Raymond Mattia, un dirigeant de cérémonies traditionnel Tohono O’odham en tirant 38 fois sur lui, alors qu’il se tenait à l’entrée de sa maison, jeudi soir.
Ofelia Rivas, amie de la famille depuis longtemps, dit « Raymond était un citoyen qui respectait la loi, il n’était pas agressif, il n’était pas violent. »
« C’était un artiste, un célébrateur de cérémonies, un chasseur traditionnel, un chanteur traditionnel. Il était si bon pour sa famille et en prenait soin de toutes les façons qu’il pouvait. »
Ofelia, comme les autres membres de la communauté, est en colère.
« J’ai été confrontée à l’agressivité de la Patrouille des Frontière et à sa conduite non contrôlée, ici sur la terre Tohono O’odham, sans aucun respect de la terre ni des gens » dit Ofelia à KVOA News.
Mattia était un père, un frère, un ami, un célébrateur de cérémonies et un membre élu du conseil de communauté de Ali Jegk, située près du Barrage Menagers, dans la partie ouest de la Nation Tohono O’odham, en Arizona.
La Nation Tohono O’odham a publié une déclaration aujourd’hui.
« Le Service de Police Tohono O’odham (TOPD) et le FBI enquêtent sur un agent impliqué dans la fusillade qui a eu lieu dans la communauté du Barrage Menagers, de la Nation Tohono O’odham, la nuit de jeudi 18 mai 2023. Raymond Mattia, membre de la Nation, a perdu la vie dans l’incident. Nos cœurs se tournent vers sa famille et tous ceux qui sont touchés dans ce moment difficile, » dit le Président Ned Norris.
« Durant l’enquête, la Nation espère toute la considération pour les faits rapportés de l’incident, et une réaction appropriée et rapide des services de sécurité publique concernés. L’enquête étant en cours, nous nous abstiendrons de faire plus de commentaires pour le moment. »
Nos condoléances à la famille et aux amis de Mattia, Brenda Norrell, Censored News, et Christine Prat, CSIA-Nitassinan.
Indigenous Action Media
8 mai 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Indigenous Action a récemment soutenu @abolition.yumacounty (sur Instagram), à la frontière « US-Mexique ». C’est une équipe de radicaux et queer qui fournissent de l’aide essentielle aux Autochtones et autres demandeurs d’asyle qui sont retenus sans rien d’autre que ce qu’ils ont emmené au cours de leur marche de milliers de kilomètres. Ils offrent aussi un soutien confidentiel aux problèmes de grossesse. S’il vous plait, $$$outenez-les. Venmo : @ycabolition, Cash App : @YumaCountyAbolition.
Alors que le ‘Titre 42’ expire le 11 mai, (c’est une politique xénophobe qui donnait au gouvernement le pouvoir d’expulser rapidement tout migrant, sans lui donner une chance de présenter son cas pour avoir passé la frontière illégalement, même comme demandeur d’asyle), Biden n’a même pas essayé d’entreprendre la réforme de l’immigration qu’il avait promise pendant sa campagne, « Je peux à peine imaginer ce que c’est de voir quelqu’un de votre famille expulsé. Pour moi, il s’agit surtout de la famille. Du début à la fin. Cela n’arrivera pas sous mon gouvernement. L’idée qu’on ne peut même pas demander l’asyle sur le sol Américain ! Quand cela s’est-il produit ? Trump. C’est mal. »
Cette politique relève tout à fait du pouvoir de Biden, et pourtant, IL NE L’A PAS FAIT. Il a eu 2 ans pour préparer l’expiration du ‘Titre 42’ et pour introduire une nouvelle politique dont il prétendait « qu’elle offrirait l’espoir et la sécurité aux réfugiés. »
Ce qu’on voit maintenant à la frontière, c’est la haine. Les refuges et centres de détention sont pleins ou presque. Des centaines de personnes sont refoulées tous les jours. Rien que le mois dernier, un incendie dans un centre de détention a tué 40 personnes.
En 2022, plus de 890 migrants sont morts en traversant la frontière, et ce sont seulement les décès qui ont été recensés. Pour un point de vue plus large, depuis 2021, 13480 cas de meurtre, torture, kidnapping, viol et autres attaques violentes contre des migrants ont été rapportés, et des demandeurs d’asyle bloqués ou expulsés vers le Mexique selon le ‘Titre 42’. C’est maintenant qu’il faut prendre position contre la xénophobie. Soyons libres de circuler et d’exprimer notre rage partout où nous voulons !