Christine Prat
20 novembre 2023
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Vu la façon dont les grands médias ‘rapportent’ ce qui se passe à Gaza, il est nécessaire de le replacer dans le contexte. Le public qui n’est ‘informé’ (rendu ‘informe’?) que par les médias dominants, croit que la violence a commencé le 7 octobre 2023, lorsqu’une attaque ‘terroriste’ a été lancée contre les Israéliens résidant près de la frontière avec Gaza. C’est absolument faux. Ceux qui ont d’autres sources d’information savent que des civils Palestiniens sont attaqués ou tués pratiquement tous les jours par des colons extrémistes, depuis des années.
Ce n’est pas une guerre de religions, c’est une guerre coloniale.

Tout a commencé après la Première Guerre Mondiale, quand les premiers Sionistes sont arrivés en Palestine, alors sous mandat Britannique, ça a continué après la Nakba de 1948, puis pendant et après l’occupation du reste de la Palestine, en juin 1967. Depuis, la colonisation provoquant la résistance, les Palestiniens se sont révoltés à de nombreuses reprises, tandis que les colons cherchaient à conquérir de plus en plus de terres. C’est l’histoire générale du colonialisme.
Cet article porte essentiellement sur les années récentes et la situation d’avant l’attaque du 7 octobre.


TERRITOIRES OCCUPÉS AVANT LE 7 OCTOBRE 2023

Les organisations des Droits Humains et les habitants des territoires ont rapporté des attaques de colons et des assassinats de civils Palestiniens quasiment tous les jours.

Human Rights Watch,28 août 2023

2017-2021 :
Les forces armées Israéliennes ont tué au moins 614 Palestiniens classés comme civils par les Nations Unies, dans la Bande de Gaza et la Cisjordanie durant cette période.
(Jérusalem) – Les militaires Israéliens et les forces de police de la frontière tuent des enfants Palestiniens dans un contexte où l’obligation de rendre des comptes est quasi-inexistante.
L’année 2022 a été l’année la plus meurtrière
pour les enfants palestiniens en Cisjordanie depuis 15 ans, et l’année 2023 est en passe d’atteindre ou de dépasser les niveaux de 2022. Au 22 août, les forces israéliennes avaient tué au moins 34 enfants palestiniens en Cisjordanie. Human Rights Watch a enquêté sur quatre cas de tirs mortels par les forces israéliennes, ayant entraîné la mort d’enfants palestiniens entre novembre 2022 et mars 2023.
« Les forces israéliennes abattent de plus en plus fréquemment des enfants palestiniens vivant sous l’occupation », a déclaré Bill Van Esveld, directeur adjoint de la division Droits des enfants à Human Rights Watch. « À moins que les alliés d’Israël, en particulier les États-Unis, ne fassent pression sur ce pays pour qu’il change de cap, des enfants palestiniens continueront d’être tués. »

Medical Aid for Palestinians, U.K., 3 juillet 2023
Le nombre de morts Palestiniens en Cisjordanie, en 2023, a atteint 153, selon le Ministère de la Santé Palestinien. Cette année a maintenant déjà dépassé 2022 comme année la plus mortelle pour les Palestiniens de Cisjordanie, depuis que les Nations Unies ont commencé à les enregistrer en 2005.

Calendrier Israël-Palestine
Au moins 239 Palestiniens (44 enfants) et 31 Israéliens (5 enfants) ont été tués par quelqu’un de l’autre camp en 2023 [y compris le 5 octobre].

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LE GOUVERNEMENT ISRAELIEN ACTUEL

Les médias semblent avoir oublié tout à coup qu’ils répétaient régulièrement que le gouvernement Israélien actuel est le plus ‘à droite’ de l’histoire. Plusieurs membres de ce gouvernement peuvent être taxis d’extrémisme et de fascisme. L’effet sur les extrémistes – colons et militaires – est le même que celui qu’a eu la présidence de Trump sur les ultras aux États-Unis, qui croyaient pouvoir faire n’importe quoi sans risquer de poursuites. Comme on peut le constater dans les citations ci-dessus, les attaques contre les Palestiniens ont augmenté, surtout dans les deux années passées.
Les membres les plus connus de ce gouvernement sont extrémistes depuis longtemps déjà. Ben Gvir et Smotrich ont été arrêtés dans le passé, Netanyahou s’efforce d’éviter une arrestation depuis son premier mandat, en 1996. Il y a toujours des juges en Israël qui veulent poursuivre Netanyahou. Maintenant, les trois risquent en plus d’être poursuivis, internationalement pour crimes de guerre, en Israël pour ne pas avoir empêché l’attaque du 7 octobre.
Les médias ont aussi oublié tout à coup que, juste avant le 7 octobre, des centaines de milliers d’Israéliens manifestaient contre un projet de loi visant à supprimer l’indépendance de la Justice et ces mêmes médias disaient que ce gouvernement était sur le point de tomber. Le premier appel du gouvernement, le 7 octobre, était pour ‘l’Unité Nationale’, mais maintenant il est tout de même impopulaire et son escalade de la violence ne semble pas pouvoir le sauver.

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GAZA A ÉTÉ BOMBARDÉ DEPUIS 2008

Al Jezira : Attaques Israéliennes contre Gaza depuis 2005
Décembre 2008
– Israël a lancé une offensive militaire de 22 jours contre Gaza, après que des rockets aient été tirées sur la ville de Sderot, au sud d’Israël. Environ 1400 Palestiniens et 13 Israéliens ont été tués avant qu’un cessez-le-feu ne soit accepté par les deux camps.
Novembre 2012 – Israël tue le chef militaire du Hamas, Ahmad Jabari, puis lance des raids aériens sur la Palestine pendant huit jours.
Mars 2018 – Des Palestiniens protestent devant la barrière qui ferme Gaza et des troupes Israéliennes tirent pour les repousser. Plus de 170 Palestiniens ont été tués au cours de plusieurs mois de protestations, ce qui déclencha des combats entre Hamas et les forces armées Israéliennes.
Mai 2021 – Après des semaines de tension durant le Ramadan, des centaines de Palestiniens ont été blessés par les forces armées Israéliennes sur le parvis de la Mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem. Hamas demanda qu’Israël retire ses forces de sécurité du complexe. Israël lança des raids aériens sur Gaza en réponse à ce qu’ils disaient être des tirs de rockets partis de Gaza. Au cours du combat qui dura 11 jours, au moins 260 personnes furent tuées à Gaza et 13 en Israël.
Août 2022 – Plus de 30 Palestiniens, y compris des femmes et des enfants, furent tués au cours de nouvelles attaques aériennes menées par des avions Israéliens. Le Jihad Islamique Palestinien, dont deux membres avaient été tués pendant les frappes aériennes, ont tiré des dizaines de rockets sur Israël en réaction.

Rapport de l’UNRWA juillet/août 2014

L’échelle des pertes humaines, des destructions, de la dévastation et du déplacement de population causée par le conflit de 2014 à Gaza – le troisième en sept ans – a été catastrophique, sans précédent à Gaza, au moins depuis le début de l’occupation Israélienne de 1967 et a encore affaibli ce qui restait de résilience aux gens de Gaza. Au cours des 50 jours d’hostilités, du 8 juillet au 26 août 2014, 2251 Palestiniens ont été tués ; 1462 d’entre eux semblent avoir été des civils, y compris 551 enfants et 299 femmes. 66 soldats Israéliens et cinq civils, dont un enfant, ont également été tués. Au total, 11231 Palestiniens ont été blessés au cours du conflit, parmi lesquels 3540 femmes et 3436 enfants. À peu près un tiers de ces enfants seront handicapés à vie suite à leurs blessures.

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 OCTOBRE 2023

Le Guardian
17 octobre 2023
Depuis 2007, Gaza a été soumis à un blocus terrestre et maritime sévère par Israël, qui empêche les civils et des produits tels que la nourriture et les médicaments de passer facilement la frontière. Israël dit que le blocus est nécessaire pour limiter l’accès aux armes par Hamas. L’Egypte a été accusée de soutenir le blocus en restreignant les mouvements à la frontière de Rafah.
Selon l’agence des Nations Unies pour les réfugiés Palestiniens, UNRWA, 63% de la population de Gaza dépend de l’aide internationale. L’UNRWA affirme que le blocus a dévasté l’économie de Gaza, et estime que plus de 80% de la population vit dans la pauvreté.
Depuis 2007, la plus grande partie de l’eau, de la nourriture et des médicaments qui entraient à Gaza, passaient d’abord par Israël. Cependant, après l’attaque surprise de Hamas, la semaine dernière, tout l’approvisionnement est bloqué et empêché d’entrer dans la région.
[…] Même avant que le dernier conflit n’éclate et qu’Israël ne coupe l’eau potable pour Gaza, 90% de l’eau était non potable, selon l’autorité Palestinienne de l’eau.

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L’EXPLOSION

La situation à Gaza était depuis longtemps insupportable pour la plupart de ses habitants. L’atmosphère était explosive depuis pas mal de temps. On ne sait pas au juste comment l’attaque du 7 octobre a été décidée. J’ai toujours eu l’impression que Hamas était un parti plutôt opportuniste. Avant janvier 1988, ses fondateurs étaient membres des Frères Musulmans. Ils avaient des contacts avec les autorités Israéliennes et étaient accusés de collaboration par les autres partis. Au milieu des années 1980, des jeunes parmi les Frères Musulmans ont commencé à protester contre l’inactivité de la confrérie. Certains ont fondé le Jihad Islamique, qui est toujours resté un petit parti.
En décembre 1987, un soulèvement – la ‘Première Intifada’ – s’est produit. En janvier 1988, une déclaration signée Hamas, datée de décembre 1987 et portant le numéro 2, a circulé. Personne n’a jamais vu la déclaration numéro 1. Alors, beaucoup de gens pensent que Hamas a été fondé dans la précipitation, en janvier 1988, pour tenter de prendre la tête d’une révolte qu’ils ne pouvaient pas contrôler autrement. Hamas n’a été ajouté aux listes d’organisations ‘terroristes’ par Israël et les États-Unis qu’au cours de l’été 1988 (tous les autres partis Palestiniens étaient considérés comme ‘terroristes’ depuis des décennies).
Il est donc possible que Hamas ait revendiqué ou déclenché l’attaque parce qu’ils savaient que les gens n’en pouvaient plus. De toutes façons, quelque chose serait arrivé tôt ou tard, les gens de Gaza étant à bout. (Déjà à la fin des années 1990, j’avais rencontré des médecins de Gaza qui essayaient tant bien que mal de soigner les gens. Ils m’ont dit, qu’outre le manque d’argent et de moyens, leur plus gros problème était une vague de dépression sans précédent, à laquelle ils ne savaient quoi faire, aucun d’entre eux n’étant psy. À l’époque, pour un jeune qui commettait un attentat suicide, il y en avait 15 qui se suicidaient de manière ‘traditionnelle’).
NON !! Je n’excuse pas les meurtres de civils, je pense même que ceux qui ont décidé l’attaque, ou l’ont laissé se produire, sont aussi responsables de ce qui arrive maintenant, vu qu’ils savaient bien comment le gouvernement Israélien réagirait. Mais ça n’excuse en rien ce que fait Israël, la responsabilité n’est pas quantitative, les torts d’un camp ne minimisent pas ceux de l’autre.

Depuis, Israël a largement dépassé les limites de la vengeance. Les colons extrémistes en profitent pour conquérir toujours plus de terres. Le génocide de Gaza a pour but de terroriser les Palestiniens. Les attaques en Cisjordanie ont également augmenté. À Gaza, ils ne sécurisent pas la frontière nord, ils exterminent les civils Palestiniens, dans les hôpitaux, les écoles des Nations Unies et sur les routes du Sud.

Bien sûr, il n’est pas difficile de convaincre l’opinion publique occidentale qu’ils sont tous ‘terroristes’, puisqu’ils ont mis Hamas au pouvoir. Mais je me souviens qu’à l’époque où Yasser Arafat était encore en vie et le Président indiscutable de l’Autorité Palestinienne, les gens de Gaza détestaient déjà Mahmud Abbas. Tous. Des civils ordinaires aux Marxistes, aux Islamistes, ils étaient d’accord sur un point, ils détestaient Mahmud Abbas. Mais quand il a fallu remplacer Yasser Arafat, les Israéliens ont imposé Mahmud Abbas.
Imposer Mahmud Abbas comme chef de l’Autorité Palestinienne en revenait à aider Hamas à prendre le pouvoir à Gaza. Toujours la même politique imbécile des Gouvernements Occidentaux (ceux qui se proclament ‘démocratiques’), de mettre au pouvoir des dictateurs corrompus et de les soutenir jusqu’au bout.

UNE GUERRE CONTRE LES CIVILS

À ce jour, les Israéliens ont tué au moins 12000 personnes, dont 5000 enfants. Vendredi 10 novembre, 101 employés de l’UNRWA avaient été tués. Le 14 novembre, le 50e journaliste a été tué, pas sur le champ de bataille, mais dans sa maison.
Netanyahou a déjà proclamé qu’ils allaient réoccuper Gaza. Vide de Palestiniens, cette fois-ci. Les massacres continuent.

ISRAEL NE PEUT PAS SURVIVRE À UN GÉNOCIDE

Il a toujours été évident pour les Israéliens lucides, qu’Israël ne pourrait pas survivre à un génocide. Les arguments pour tous les crimes commis par Israël ont toujours été qu’en tant que victimes d’un génocide, ils devaient assurer leur sécurité à tout prix. Jusqu’à maintenant, c’était facilement gobé par les Européens qui se sentaient toujours coupables de ne pas avoir été capables de sauver les Juifs Européens des Nazis. Ces arguments s’effondreront si Israël commet un génocide à son tour. Alors, les gens du monde entier se rendront compte qu’ils ne sont que des envahisseurs en terre volée.


À Gaza… Jamais su si mes amis vivaient toujours…

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